5. Aya

L'an 4031, Époque Harmonieuse, Mauvaise école.

Les minutes défilent et je ne donne toujours aucun signe de vie, à se demander si je suis paralysée.

Grand-père m'a accompagné jusqu'à mon école mais impossible pour moi d'y entrer. Je reste figée devant l'immense grille de fer sculptée de petits anges mais n'y passe pas le seuil. Mon corps ne veut pas, mon âme ne veut pas non plus, seul grand-père encore dernière moi m'incite à avancer mais je n'en fais rien. Il ne me bouscule pas — sinon je pense que je m'écroulerai de panique —, il préfère me chuchoter des phrases encourageantes mais rien ne peut guérir mon anxiété, surtout lorsqu'elle apparaît en public.

J'aimerais disparaître, me fondre sur le goudron du sol, me cacher dans un buisson et fermer les yeux jusqu'à ce que je retrouve mon calme. Ma respiration s'accélère et je me sens impuissante face à ça. Mon corps réagi instinctivement lorsque j'ai peur, il se tétanise et la seule solution que j'ai pu trouver est de m'enfermer dans ma chambre. Seule je guéris mieux, ce sont les autres qui me rendent comme ça alors je dois les fuir.

Mais grand-père me coupe dans mon élan alors que je tentais de pivoter pour rentrer chez moi. 

- Aya, calme-toi, tu n'es pas seule.

- Si je suis seule, murmure-je au bord des larmes.

Je veux rentrer chez moi, retrouver ma chambre, mes livres, mes dessins, mon lit, mère. Mais le regard autant bienveillant qu'insistant de grand-père m'oblige à l'écouter.

- Non tu n'es pas seule, tu as Lui, dit-il en point du doigt mon cœur.

Siskann.

Sa présence ne m'apaise pas, elle m'angoisse aussi, pire que l'école je crois. Il doit sûrement rire face à ma réaction ridicule. Quelle fille fait une comédie pareille en allant à l'école ? A part moi, personne.

C'est vrai que lui ne doit sans doute jamais avoir peur, même pas sûr qu'il ressente la moindre émotion. Son coeur ne bat plus depuis longtemps alors ça doit être l'homme le plus stoïque que je connaisse. Puis sans parler de sa cruauté sans merci, il ne doit même plus compter ses victimes. C'est un tyran arrogant qui ne pense qu'à sa réussite, c'est sûr. Alors qu'en a-t-il à faire de me voir autant souffrir face à une école ? Il doit se demander comment il pourra retrouver son corps avec une fille aussi misérable que moi, et il a raison.

En l'imaginant penser ainsi je me reprends. Jamais mère ne se serait laissée abattre par une école, jamais elle aurait laissé une personne comme Siskann prendre le dessus, alors je dois l'imiter. J'inspire profondément et me dirige vers l'école sans un coup d'œil à grand-père. Le voir s'éloigner pourrait me faire changer d'avis, mieux vaut éviter une autre crise de panique inutile.

Il était temps, j'ai cru que tu n'entrerais jamais.

Je grogne sans répondre, tout simplement car je ne peux plus lui répondre. Parler seule le mettrait directement à découvert, alors quoi qu'il dise je tiens ma langue, quitte à rager de l'intérieur.

Je dépasse le seuil du grillage et marche à pas régulier vers l'immense manoir qui se trouve être l'école de la magie divine, mon école, celle qui regroupe la plupart des élèves comme moi. Et quand je dis comme moi, ce sont des enfants différents qui ne contrôlent pas leur pouvoir et qui doivent suivre des cours particuliers pour pouvoir être remis sur le chemin du monde du travail.

C'est une manière de dire que nous sommes complètements paumés, oui. Et bizarre aussi.

Nous sommes quelques centaines, des pouvoirs tout aussi surprenants que puissants, des dons uniques et très souvent critiqués par le reste de la société car, malheureusement, ils peuvent facilement dériver du mauvais coté. L'objectif d'une telle école est d'accepter tout le monde à maîtriser son pouvoir et à nous montrer le chemin du bien tout en croyant à toutes sortes de dieux. On dit souvent que croire en quelqu'un de bien peut inciter n'importe qui à rester sur la bonne voie, et je n'y croyais pas trop avant de mettre le pied ici. Mais c'est parfois une solution lorsqu'on se rend compte que le chemin qu'on prend n'est pas le bon.

Enfin, il faudrait, en premier lieu, au moins s'en rendre compte. De mon point de vu, tout le monde prend le mauvais chemin sauf moi.

Encore heureux que cette école soit spécialisée pour aider ces cas là, les cas comme moi. Pour ma part, j'exploite et m'abreuve d'esprit et, parfois, sans m'en rendre compte. Je ne suis pas forcément dangereuse — enfin, c'est surtout ce que me dit mère pour me rassurer — mais je maitrise très mal mon pouvoir. Mon don peut tout autant causer le bien que le mal, on appelle ce type d'alters un balancier. C'est à moi de décider si je veux l'utiliser pour la bonne ou la mauvais cause.

En arrivant, les élèves ne me regardent pas, très étrange après mon absence soudaine. Je ne suis pas la plus célèbre des filles mais ma mort aurait dû arriver jusqu'à leurs oreilles. Pourtant, tout semble être comme avant, aucun regard, seul celui de mon groupe d'amis qui accoure dans ma direction et se jette sur moi par derrière. J'étais si concentrée sur mon comportement irréprochable et discret que je ne les ai pas entendu arriver. Ils me prennent dans leurs bras et me serrent de toutes leurs forces.

Quelle horreur !

Ils n'ont beau être que quatre j'ai du mal à me sortir de leur étreinte et grince des dents en voyant que les autres élèves se retournent vers nous, ma discrétion s'évaporant en même temps.

- Par pitié, lâchez-moi, murmure-je assez fort pour que ça semble un ordre.

Ils s'exécutent et me fixent d'un regard pétillant d'émerveillement, comme si je venais à l'école vêtue d'une robe d'or. - Par pitié, lâchez-moi, murmure-je assez fort pour que ça semble un ordre.

Ils s'exécutent et me fixent d'un regard pétillant d'émerveillement, comme si je venais à l'école vêtue d'une robe d'or. Je soupire bruyamment et croise les bras.

- Quoi ? lâche-je.

- Je te raconte pas la frayeur que tu nous a fais ! s'écrit Lilyn, mon amie la plus proche.

Je me tortille de gêne ne sachant pas quoi répondre et préfère les laisser s'exprimer.

- C'est clair, on pensait que t'étais morte, souffle Amar en levant les yeux au ciel.

Je fronce les sourcils. Si je ne suis pas morte, alors, que leur a-t-on dit ?

- Mais oui ! Le directeur à annoncé que t'avais eu un grave accident et que tu ne pourrais sûrement plus venir à l'école, on a pas eu les détails, alors explique, s'impatiente de nouveau Lilyn.

Ma mort n'a donc pas été annoncé à l'école, du moins, pas entièrement. Mère ou grand-père a dû corriger la nouvelle et affirmer que j'avais bien eu un accident mais qu'il s'était révélé moins dangereux qu'ils ne le pensaient. Un mensonge qui me sauve bien la vie, à vrai dire.

Je souffle alors de soulagement et croise le regard de Amar qui semble m'admirer. Il est ému de me revoir face à lui et plutôt en forme. Notre échange de regard me gêne légèrement mais impossible pour moi de bouger, je ne contrôle plus rien. Mon visage reste figé face à mon ami qui sourit, sûrement heureux que je lui accorde autant d'attention. Lui qui a toujours voulu tenter une relation avec moi, le voilà servi. Mais si seulement il savait... Siskann contrôle actuellement mon corps et je ne peux plus rien faire, je suis spectatrice de mon corps.

- Allo ? se vexe Lilyn, voyant que je préfère admirer Amar que répondre à sa question.

Elle me prend le bras pour me ramener à la réalité et, alors que je croyais que Siskann allait s'en prendre à elle, il se retire et me laisse à nouveau mon corps. Je détourne rapidement le regard, les joues rouges de gêne et tourne les talons avec Lilyn. Que s'est passé ? Pourquoi Siskann s'est autant intéressé à Amar ?

Nous nous dirigeons vers la double porte du manoir à quatre étages et montons les escaliers un à un.

- Désolée, Aya, lance-t-elle soudainement.

- De ?

- De t'avoir demandé des explications sur ton accident, je sais que s'est vraiment la pire des questions à te poser, se rabâche-t-elle comme si elle se punissait elle-même.

Je lui prends rapidement les épaules avant d'avoir une éloge interminable.

- Lilyn, les remerciements m'angoissent encore plus, dis-je en étouffant un rire.

Cette blague l'a fait ricaner quelques secondes, même si ce n'est pas tout à fait une blague. Ce n'est pas sa question sur mon accident qui m'a autant fait vriller, mais plutôt la prise de contrôle de Siskann. Je ne supporte pas ce qu'il fait, et encore moins après la soit-disante confiance que m'avait demandé grand-père son égard. À cause de lui, mon anxiété refait surface, la peur de ne plus être maîtresse de moi et de subir les volontés des autres. Je suis une manipulatrice, je ne peux pas me laisser manipuler aussi facilement, c'est une honte pour mon alter. 

J'ai bien saisi une chose sur mes réactions anxieuses, c'est que devoir faire face à autrui sans pouvoir y échapper, être sous les regards désireux de quelqu'un sans pouvoir le contrôler. C'est sûrement une conséquence à mon pouvoir, je déteste être sous la maitrise de quelqu'un, me retrouver dans un débat auquel je n'ai pas les arguments pour riposter, ou bien être la cible de quelqu'un alors que j'aurais du être le viseur.

Lorsque j'utilise mon don je suis tant apaisée, je ne peux pas avouer ce coté malsain de moi mais je pense que nous ressentons tous la même chose. Nous avons chacun notre coté malsain et obsessionnel au fond de nous, un rouage de notre alters que nous ne pouvons exploiter sans être à tord.

Nous arrivons au troisième étage, celui dédié aux dernières années, le quatrième n'est accessible que par les professeurs. Les couloirs sont immenses, larges et hauts, ils forment des arcs gothiques en bois laqué juste au-dessus de nous. Les fenêtres toutes aussi grandes et allongées éclairent le moindre mètre de l'espace, écrasant complètement le rôle des lustres cristallisés au plafond. Ce décor rustique m'avait manqué, ici tout est si original que rien ne peut plus nous surprendre, c'est ce qui rend cet endroit si majestueux à mes yeux.

Outre le fait que nous sommes dans l'obligations de croire en des dieux, je me sens chez moi, du moins presque, je ne suis jamais à l'abris d'une autre crise d'anxiété.

Nous slalomons entre chaque corps humain et atteignons rapidement notre salle de cours, la première de ma journée et sûrement la plus effrayante à mes yeux : Le cours inné.

Je m'assois au premier rang, près de Lilyn.

Assis-toi à coté de Amar.

Dans tes rêves, je ne suis pas à ton service.

Il soupire et exerce une pression dans mon coeur qui me fait grimacer. Je me tiens fermement la poitrine, sentant qu'elle pourrait exploser à tout moment. Lilyn s'en aperçoit et me tient par les épaules sous la panique.

- Aya ? Tu vas bien ?

Je ne réponds, la douleur est trop forte. C'est alors que Amar entre dans la classe et tout s'arrête. Siskann me libère et je me sens obligée de lui obéir. Tout ça va mal terminer, je le sais. Je fais donc signe à Amar de s'asseoir près de moi et remercie Lilyn de son aide, que c'était simplement une crampe d'estomac.

Amar est à ma gauche tandis que Lilyn est à ma droite. J'évite les regards de chacun, j'évite de donner une occasion à Siskann d'intervenir. Je me contente d'ouvrir mon sac à la recherche de mon écran tactile que je dépose sur la table. Lilyn allume également son écran et y fait apparaître deux hologrammes en forment de papier. 

- Voici les cours que tu as loupé, nous parlions des cinq sens avant que tu t'absences, m'informe-t-elle en glissant son doigt sur ses écritures virtuelles. Aujourd'hui, nous parlerons du visuel.

Un gloussement étrange sort de ma gorge, c'était non-contrôlé mais instinctif. Éviter le regard des autres étaient mon objectif premier, mais si le cours est dédié à ça je ne saurai pas comment y échapper.

- Quoi ? remarque Lilyn.

J'hausse les épaules innocemment et me contente de copier ses cours sur mon écran à moi, je les étudierai une fois rentrée.

Le professeur entre, nous nous levons telle une armée et le saluons en cœur. La résonance de la salle me fera toujours autant vibrer, nos voix s'élèvent comme un orchestre et ça fait toujours sourire nos professeurs.

Monsieur Triton, professeur de cours inné. Sa posture arrondi montre ses longues années d'études à comprendre les tréfonds du corps humain. Ce cours est l'un des plus difficiles, un mélange de science et de philosophie, nous apprenons l'anatomie du corps et ses fonctions, ce qui permet de mieux comprendre nos capacités humaines sans notre pouvoir. Un cours très intéressant pour ceux qui ne pourrait pas utiliser leur alter car trop dangereux.

D'un geste du doigt, il fait soulever l'une des craies dans les airs et lui fait écrire le numéro de page ainsi que le titre de notre chapitre. Il m'impressionnera toujours, il est si doué qu'il a su aboutir l'entièreté des capacités humaines possibles. Son alters est la guérison, donc rien à voir avec celui de faire voltiger les objets à travers la pièce. Pourtant, grâce à ses entraînements, et ça sans aucun alter, il a su apprendre la télékinésie et la télépathie, chose très compliqué à maîtriser. Évidement, il est bien loin d'avoir mon niveau, mais ça reste un grand progrès que beaucoup n'atteindront jamais.

Dont moi si ma concentration en cours ne s'améliore pas.

Je suis une bonne élève en théorie mais difficile de le mettre ensuite en place. Mon pouvoir construit beaucoup de barrières entre mes envies et ce que j'obtiens. J'ai souvent l'impression que je n'ai aucune limite et ça me terrifie, alors je préfère rester dans ce que je sais faire et ne m'aventure pas très loin. Mon don est trop dangereux et imprévisible pour faire des tests.

Et pour ce qui est de la pratique d'alter, c'est une toute autre histoire. Mon esprit a beau être puissant, mon corps est très faible. Trop réfléchir me prend tant d'énergies que mon corps suit mal le rythme parfois, surtout lorsque la pratique est le sport de combat. Je n'ai jamais été très sportive, ni très vive, j'aime prendre mon temps et agir dans l'ombre. Je n'aime encore moins le travail d'équipe, après tout, mon alters est solitaire aussi.

- Bien, commence le professeur. Aujourd'hui nous étudierons le décodage du langage non-verbal, un chapitre important car essentiel pour votre entrée dans le monde professionnel.

Lilyn semble gigoter de joie face à cette annonce, de mon coté, je grimace. Mon monde professionnel est loin de se réaliser avec cette histoire de fusion astrale, j'ai l'impression que je suis revenue à la vie pour et seulement pour aider Siskann.

- Pour mieux mettre en lumière la théorie, nous allons pratiquer, informe monsieur Triton. Je vous laisse à vos tables respectives, vous vous entraînerez à quatre.

Mon visage se décompose encore plus alors que ceux de mes camarades s'illuminent.

- En plus de savoir si les dires de votre cible sont véritables, poursuit-il, vous pourrez en savoir plus sur son attraction à votre égard mais aussi sur sa puissance. J'aimerais que vous développiez une synthèse sur les trois camarades à votre table, mettez tout en oeuvre pour percevoir leurs secrets et nous corrigerons ensemble ensuite.

Sur ses mots, j'use de mon don pour fermer la moindre liaison entre mon âme et mes yeux. C'est une technique propre à mère qui passe son temps à fixer des inconnus à son travail. Pour protéger son être-intérieur, elle a développé une astuce permettant de supprimer tout indice qui flotterait dans notre regard. Elle me l'a appris un jour et aujourd'hui je vais enfin pouvoir la mettre en place. Briser le lien qui m'unit à Siskann durant quelques minutes devrait suffire.

J'espère.

Siskann le remarque, je le sens s'agiter en moi alors qu'il était sûrement attentif au cours. Mais si je veux me préserver et préserver mes camarades, il ne faut qu'aucun d'eux ne puisse détecter sa présence à travers mes iris. Mère aurait pu réussir avec ou sans le sort de protection que j'ai activé, mais aucun de mes camarades ne possède un alter identique au mien, et c'est un point rassurant.

Même si Siskann souhaitait communiquer avec moi, il ne pourrait pas, j'ai brisé ce lien qui nous unissait, du moins, je l'ai plutôt scellé le temps que cet exercice se termine. Je suis redevenue moi mais pas pour longtemps. Ce sort use beaucoup de mon énergie, d'autant plus lorsque c'est un être puissant comme Siskann que je dois sceller.

- Aya ? On commence ? demande Amar à ma gauche alors que je comptais demander à Lilyn.

C'est l'un des garçons de notre groupe, peu sur la réserve et professionnel d'art martiaux, je n'ai jamais trop pu être à l'aise avec lui. Il aime se faire entendre et je déteste me faire remarquer, alors nous étions surement pas fait pour nous entendre. Mais Lilyn l'aime beaucoup, alors je suis bien obligée de fréquenter.

Dommage d'ailleurs, car sa silhouette large et athlétique m'avait attiré l'œil à notre première rencontre.

Toutefois, une fille comme moi ne peut pas fréquenter un hommes comme lui, c'est un fait. Son passe-temps se trouve dans les donjon de la forêt pour apprendre à manier toutes sortes de sabres, tandis que moi je dévore des étagères entières de livres pour maîtriser mon pouvoir avec le plus de précision. Lui passe son temps dehors et moi enfermée. 

En situation de guerre, nous pourrions être un bon binôme ; lui attaquant et moi sur ses arrières, lui qui tranche les têtes et moi qui les manipule. Mais en tant qu'étudiants peu de chance que ça nous tombe dessus.

Son regard vert pomme scintille et tente de capter le mien comme s'il envoyait des signaux. Si j'avais été une fille comme les autres, j'aurais sûrement été intimidé par la manière dont il me regarde, mais s'il y a bien une chose avec laquelle je suis à l'aise c'est bien les jeux de regards. Mon pouvoir entier consiste à plonger mes yeux dans ceux des autres, alors ceux de mon camarade ne font pas exceptions.

Je pivote donc sur ma chaise et me redresse pour rattraper sa grande taille. Il sourit, fière que j'ai accepté sa proposition et éloigne les mèches frisés de sa vue pour que je puisse mieux l'observer. 

-  Si tu trouves l'un de mes plus grands secrets, tu es véritablement la plus douée, me défi-t-il.

Il ne peut s'empêcher de jouer, être en concurrence avec autrui l'excite tellement qu'il agrandit son sourire en me voyant y réfléchir.

- Tu es conscient que tu joues sur mon terrain ? le taquine-je.

- Encore mieux.

Dévorer les esprits des autres c'est mon passe-temps, mon plaisir, alors il va devoir bien s'accrocher. Je ne raterai pas une seule perle de sa mémoire lorsque j'entrerai en lui comme dans un livre. 

Mon sourire narquois le fait chavirer, il se rapproche de moi et s'ouvre à moi. Je ne lâche pas son regard, je ne peux me défaire de ses douces pupilles parfaitement rondes qui m'appellent depuis quelques minutes. Si Amar n'a dû se contenter que d'observer la couleur de mes yeux, moi je peux aller bien plus loin avec mon alters, toucher ce que personne ne peut atteindre. Ses iris m'ouvrent leur porte si facilement que mon âme toute entière entre à leur rencontre.

Et ceci fut ma plus grosse erreur.

Je me suis laissée emporter par le désire de remporter son défi mais en utilisant mon plein pouvoir je n'avais plus assez d'énergie pour garder Siskann à distance.

Alors il est entré avec moi, dans l'esprit de Amar.

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