19. Siskann
L'an 3425, Époque Victorieuse, La Relique de mes 10 ans.
(606 ans plus-tôt)
Le médaillon autour du cou, je poursuis activement ma course à travers les couloirs du jardin blanc du palais.
La neige y est imprégnée depuis des semaines, nous plongeant dans un rude hivers que nous n'avions que rarement vu. Les arbres semblent givrer chaque jour un peu plus, se transformant en de terrifiantes statues de glace, tout comme les buissons que je frôle de mes mains pour caresser les flocons qui s'y accrochent.
La demeure royale de cristal est encore plus blanche, bien qu'une partie ne soit pas encore complètement finalisée, elle reste le plus grand palais que je n'ai jamais vu.
Sur un freinage d'urgence en arrivant à destination, je glisse sur le sol encore enneigé et tombe la tête la première au pied des marches du palais. Les Nobles qui s'y trouvent me dévisagent, ils soufflent avant de me contourner pour circuler.
Que je déteste ces Nobles. Ils pensent que la richesse les rend immunisés. J'aurais aimé leur montrer que même du haut de mes dix ans, je peux les faire sombrer bien bas. Notre famille s'est alliée aux Yurii mais ça ne veut pas dire que nous suivrons leurs pas indéfiniment. Disons que cette alliance sert surtout à dissuader l'ennemi de revenir sur nos terres. Deux familles aussi imposantes que nôtres, Saba et Yurii, ne sont pas à prendre à la légère.
Nous obtenons la paix par la peur et le respect.
Et aujourd'hui nous fêtons ce renouveau. Mon clan, la famille Saba devient officiellement le bras droit des Yurii. Nous vivrons dans leur territoire et les aideront à agrandir leur Royaume. Enfin, mon père surtout. Moi je préfère explorer la forêt d'à coté.
Je caresse le médaillon de mes doigts gelés et me relève pour entrer au palais rejoindre ma famille. Ils doivent être déjà prêts pour la cérémonie alors que moi, encore couvert de terre et de neige, je frôle les murs pour éviter de me faire trop remarquer. En courant un peu plus vite, je rejoins rapidement le couloir des chambres de Nobles et croise le regard de mon frère dans les jupes de notre mère. Ils se tiennent la main et sont déjà bien habillés.
Au moins c'est sûr ; je suis en retard.
- Rika ! m'écris-je à l'autre bout du couloir en accourant vers lui.
D'un pivot, il lâche la main de mère pour me rejoindre. Son sourire s'agrandit au fur et à mesure qu'il s'approche, m'illuminant le visage au passage. Ses cheveux d'un blanc glacé sont plaqués et décorés de légères paillettes qui le rendent aussi gracieux qu'un ange. Il tend ses bras vers moi et m'enlace.
- Où étais-tu passé encore ? me rabâche-t-il en me lâchant, glissant son regard sur ma tenue pitoyable. Mère est déjà assez stressée, et t'as disparition en a rajouté une couche.
Je lève les yeux au ciel, imaginant ma mère dans tous ses états à ma recherche. Je n'aime pas rester enfermé entre quatre murs, surtout pour ne rien y faire. Notre clan, le Saba, est une grande famille de combattants. Alors imaginer mère stresser est très ironique. Nous avons le sang de la guerre et de la férocité dans le corps, rien peut nous faire stresser.
- Regarde ce que j'ai trouvé, réplique-je en changeant complètement de sujet, désignant de mon doigt le médaillon autour de mon cou.
- Incroyable ! s'exclame-t-il, émerveillé par cet objet, en se penchant vers moi pour l'observer de plus près.
Il le touche, le tourne, le gratte même avec ses ongles pour tenter d'y lire les écritures. Au vu de sa réaction, il doit surement comprendre la valeur de cette trouvaille.
C'est un collier militaire de l'ancienne ère, un médaillon qui servait à identifier les soldats et honorer leur mort lorsque nous le trouvions sur le champs de bataille. Car dessus, en le nettoyant bien, on devrait pouvoir y lire les informations vitales du soldats à qui il appartenait.
Moi et ma famille avons toujours eu un faible pour les vestiges du passé, surtout lorsqu'ils concernent l'histoire militaire. Père sera tant ravi de voir ma trouvaille qu'il oubliera mon retard, c'est sûr.
- Siskann Saba ! Viens-ici, tout de suite ! s'écrit ma mère en approchant, s'horrifiant devant ma tenue. Et par pitié, changes-toi ! On ne joue pas à l'aventurier à dix ans !
Rika s'esclaffe de rire avant de me prendre la main pour m'embarquer dans ma chambre.
Nous sommes séparés les uns des autres avec chacun une immense chambre bien trop grande pour nous. Puis on a des horaires strictes à respecter et tout un code vestimentaire tout aussi barbant. Sans parler de notre futur emploi du temps et j'en suis déjà bien lassé, rien ne me correspond vraiment. Malgré l'enthousiasme de mes parents de servir un Royaume aussi puissant, je ne vois pas encore ce que tout ça m'apportera.
Rika est destiné à être un grand guerrier, et moi aussi normalement. Toutefois lui en est fière, et pas moi. Je veux seulement étudier, explorer, et faire « l'aventurier » comme me dit souvent mère.
En ouvrant la porte de ma chambre immense, je déglutis. C'est une maison, pas une chambre. J'ai même mon propre salon et ma propre salle de bain. En entrant dans la pièce qui me sert de chambre à coucher, Rika s'empresse de me jeter ma tenue de cérémonie et m'aide à l'enfiler.
- Tu sais, les Yurii n'aiment pas trop qu'on s'entreprenne tout seul, comme ça, m'avertit mon frère en refermant mes boutons de costume.
- C'est pas grave, rétorque-je d'un air détaché.
Rika s'arrête dans son mouvement pour me regarder dans les yeux. Un mélange de pitié et de frustration, il aimerait me comprendre mais son devoir de Noble l'en empêche.
- Si, c'est grave, Siskann. Tu ne peux pas, dès aujourd'hui, contredire leurs ordres.
- Je me baladais, c'est tout.
- Alors, arrêtes.
Nous nous regardons un instant, laissant la colère s'estomper pour éviter un conflit dans un territoire qui n'est pas le nôtre, étant entourés de soldats qui ne sont pas les nôtres non plus, d'ailleurs. Ici, nous ne sommes pas chez nous, du moins pas encore. Mieux vaut se faire un ennemi et de faux alliés que plusieurs ennemis, toujours. Rester objectif et efficace c'est la clé pour conquérir. Le désordre ne mène à rien.
- Ma chambre est trop grande, je ne l'aime pas, souffle-je en regardant mes cartons au sol pas encore rangés.
- Tu n'aimes rien, aussi...
- Au contraire, j'aime tout sauf ce qu'on m'impose.
Pour toute réponse, il me fusille du regard. Évidement, ce n'est pas très « royale » de critiquer le palais dans lequel nous allons vivre jusqu'à la fin de notre vie.
Mon frère détourne le regard le premier, il le lève vers mes cheveux blancs ébouriffés.
- Coiffes-toi, tu vas avoir la mort de mère sur la conscience sinon.
J'étouffe un rire et me dirige vers la salle de bain pour démêler mes mèches rebelles avec de l'eau. Simple et efficace, ce qui fait pousser un grand soupire à Rika.
Alors que nous nous apprêtons à sortir de la chambre, il se place devant moi pour avoir le dernier mot de cette conversation :
- Si tu voulais avoir les rênes de ta vie, il fallait devenir Empereur.
***
L'orchestre rythme nos pas, avançant lentement vers la salle de cérémonie. Les couloirs sont ornés de pierres précieuses et de soldats bien armés, tout a été préparé pour accueillir du monde. Sécurité et richesses, montrant la puissance de la famille Yurii qui a pris place sur le trône du monde. Avant nous étions des centaines à gouverner sur le continent Aka, aujourd'hui il ne reste qu'une seule famille. Et ce n'est pas nous.
Père et mère mènent la marche, moi et Rika les suivons et derrière nous se trouve le reste de nos frères et sœurs.
- Tu penses qu'il s'appelle comment ? murmure-je à Rika à propos du soldat à qui appartenait le médaillon.
Mon frère ne répond pas. Je continue de tripoter mon collier sous l'excitation de savoir quel héro de la guerre a bien pu le porter avant moi.
- Henri, c'était très répandu à cette époque. D'après les archives, du moins, poursuive-je. J'aime bien le préno-
- Siskann Saba ! tonne mon père en pivotant vers moi. Ne vois-tu pas que ton frère reste silencieux, prends exemple.
Rika, le frère exemplaire. Oui, je connais la chanson.
Le duel du prochain chef du clan Saba se jouera entre moi et Rika, les deux plus prometteurs des héritiers de nos parents. Je doute de pouvoir gagner, mon frère est bien plus rigoureux que moi, il a l'esprit serviable, honorable et surtout un esprit de gagnant. Il veut tout avoir, tout mériter, c'est un envieux, un stratège de la vie, il refuse de salir son nom. Pour lui, être un Saba est digne de gouverner le monde.
Je suis presque certain que l'idée de prendre le trône au Yurii lui est déjà montée à la tête.
Pour ma part, rien de tout ça ne m'intéresse. Je veux découvrir, rencontrer, m'amuser, profiter, tout ce que Rika n'a jamais pu s'octroyer.
Nos parents sont sévères, ils savent notre potentiel et ont tout fait pour l'exploiter à leur maximum. Nous en avons tellement suer, physiquement et mentalement. Jusqu'à presque vouloir mourir pour abréger nos souffrances. Mais aujourd'hui, nous sommes pratiquement certains de mériter notre place au sein des plus grands magiciens du monde.
Un honneur à ne pas salir, m'avertit souvent Rika.
- Trop belle ta nouvelle coiffure ! se moque ma sœur, derrière-moi, en approchant de mes mèches blanches qui dégoulinent d'eau imitation gèle.
Les filles, toujours obligées d'être désagréables. Comment peut-on vouloir se marier avec des filles ? C'est horrible, je ne les supporte déjà pas en tant que sœur alors en tant que fiancée... Beurk.
- On ne peut pas être beau et puissant ! rétorque-je sans même daigner la regarder. Je te laisse deviner pourquoi t'es faible.
- Faible et même pas belle en plus, renchérit Rika dans un sourire narquois.
Mes frères et sœurs explosent de rire qui se terminent en une imitation de toux forcées alors que père nous fusille du regard.
- La prochaine fois que je vous entends, je vous balance tous par la fenêtre, compris ? tonne-t-il en me fixant d'avantage que les autres.
Nous acquiesçons tous en cœur. Et moi je baisse les yeux, me sentant d'avantage visé que les autres.
L'immense porte en marbre aux fissures d'or s'ouvre devant nous, nous laissant entrer dans la salle de cérémonie. La haute lumière des lustres de cristaux nous éblouis quelques secondes, nous laissant croire que nous entrons au pays divin. La musique augmente d'un ton, tout comme le bruit ambiant des bavardages entre Nobles, ils sont tous présents pour honorer ce grand jour tant attendu.
Une grandiose pièce qui regroupe tous les plus grands magiciens du monde. La salle est assez grande pour contenir une piste de danse, un buffet, des tables de jeux et le fameux trône royal. Le premier trône de notre ère, et mes yeux s'émerveillent devant la beauté des huit chaises qui l'accompagnent. Les deux plus grandes appartiennent à l'Empereur et son Impératrice, les autres sont destinées à leurs enfants.
En parlant d'eux, voilà qu'ils approchent tous en groupe avec leurs parents en tête. La famille Yurii au grand complet. Les Nobles autours s'inclinent à leur passage, comme nous lorsqu'ils arrivent face à nous. Père et mère posent le genou au sol, comme un soldat le ferait devant son supérieur. Moi et le reste de la famille les imitons, nous n'avons pas trop le choix après tout.
- Profitez donc de cette soirée, chères amis, annonce l'Empereur Ian, nous la célébrons aussi en votre honneur ; celui de tenir la responsabilité de la sécurité de notre Royaume.
- L'honneur est trop grand, mais je vous promets d'en faire excellent usage, répond père sans relever la tête.
Nous avons tous le regard fixé sur le sol et, au moment de nous relever sous l'ordre de l'Empereur Ian, je m'aperçois que mon collier est sorti de mon costume. Il tombe sur mon torse, reflétant sur son métal la lumière des lustres du plafond. En y jetant un coup d'œil, je peux facilement y lire la date « 1909 » écrit sur le devant, ce qui me fait fièrement sourire. Un collier qui appartenait aux grands soldats des guerres mondiales, un épisode du passé qui a énormément marqué notre humanité, et mon père adorait nous y conter les histoires.
Absorbé par mon collier, je n'ai pas vu l'Empereur Ian s'approcher de moi sous le regard interrogatif de ma famille.
- Qu'est-ce que s'est ? demande-t-il en pointant du doigt le médaillon, le visage dégouté par l'objet.
Je sursaute et attrape le collier d'une main pour le cacher de ses yeux curieux.
- Je l'ai trouvé dehors, murmure-je.
Il ne répond rien, préférant lever les yeux au ciel pour dévier son attention sur mon père impassible. Lui aussi a dû remarquer la merveille que je porte autour du cou et, à son grand désespoir, il ne peut s'en préoccuper tout de suite. Près de moi, Rika me fait signe de cacher l'objet dans mon costume, ce que je fais immédiatement. Le silence tendu ne s'éternise pas, et heureusement car je commençais à suffoquer, L'Empereur et sa famille invitent la notre à profiter de cette soirée, chose que personne ne contredit.
Sauf moi.
Je suis le seul à rester au seuil de la porte, regardant ma famille s'éparpiller dans la salle le sourire aux lèvres. Rika a trouvé sa place parmi les tables de jeux tandis que le reste tournent autour du buffet. Moi je reste debout, la main posée sur mon collier.
- Il est rouillé ton collier, je peux t'en donner un autre si tu veux, propose une voix féminine à ma gauche.
Je pivote le visage vers elle, c'est Loana, l'une des enfants de mon âge des Yurii. Elle sourit, me laissant apercevoir ses jolies dents décorés de pierres précieuses. Tout comme sa longue et ample robe bleu ciel, aux voiles de dentelles qui voltigent autour d'elle. Elle porte des gants à ses mains, comme une jante dame. Pourtant à dix ans on est pas encore adulte. Pourquoi vouloir être ce qu'on n'est pas ?
- Tu veux-
- Je ne veux rien, merci, la coupe-je rapidement, enlevant ma main de mon collier.
Elle arque un sourcil.
- Pourquoi tu le gardes s'il est rouillé ?
- Parce que.
Cette fois, ce sont ses deux sourcils qui se dressent, l'air surpris. Même outré. Ses questions sont intrusives, je déteste ça. Je ne peux lui raconter tout l'engouement que je ressens à travers ce médaillon, toute l'admiration historique que seule ma famille comprend. Loana est une princesse artificielle, ne pas remarqué que ce collier est aussi précieux que les richesses de son palais. Le regard froncé, elle éclaircit sa gorge avant de reprendre :
- Je comprends mieux pourquoi tu portes ce collier, crache-t-elle. Un garçon étrange, un collier étrange aussi.
- Je n'ai pas besoin de porter de l'or pour me sentir puissant, Loana, contrairement à toi.
Son visage se fronce, son petit nez aussi et je trouve ça plutôt mignon pour la méchante fille qu'elle est. Elle tourne les talons rapidement et s'éloigne de moi à grand pas — et pas que ça me dérange, évidement. Je n'apprécie pas trop leurs enfants, leur modestie s'est envolée depuis leur acquisition du trône. Ils se pensent au-dessus du monde alors que je n'en ferais qu'une bouchée.
Et alors que je croyais enfin être tranquille, j'aperçois Loana qui revient accompagnée de son grand frère : Omar. Il redresse sa carrure, paressant d'autant plus large qu'habituellement et plus coriace.
Je m'apprêtais à lui expliquer le pourquoi sa soeur est fâchée mais il ne m'en laisse pas le temps. Sa main m'agrippe le col et me porte jusqu'à la sortie, dans le couloir, à l'écart des invités. Je me débats, essayant de rester sur un conflit humain, sans magie, mais rien n'y fait, sa main se resserre et je m'étouffe. Loana reste à l'arrière, gardant à l'œil la salle de cérémonie pour empêcher quiconque de venir à ma rescousse.
- À peine arrivé et déjà en train d'agresser les demoiselles, gamin ?
J'aspire le plus d'air possible et articule difficilement une réponse :
- Je... je n'agresse personne, je me défends.
- En plus d'être un agresseur, t'es un menteur, me lance-t-il, le regard sévère.
Il me plaque contre le mur et approche sa paume de main à mon visage. Une pression soudaine se trace dans mon corps, mon visage se crispe, mes doigts tremblent tout comme mes jambes que je n'arrive plus à contrôler. La force invisible de son pouvoir me submerge, elle ralentit mon cœur, m'empêche de respirer correctement, comme si le temps ralentissait. Comme si je subissais moi-même ce ralentissement.
La particularité des Yurii s'est qu'on ne peut jamais prédire leurs alters, ils changent complètement à chaque génération, si ce n'est pas à chaque naissance. Je crois même qu'ils en possèdent plusieurs à la fois. Et celui de Omar m'est totalement inconnu.
Mon regard se plisse, essayant de récupérer le peu de magie qu'il me reste à disposition. Mes mains s'entourent d'un file électrique violet que je presse contre le torse de mon adversaire. Il gémit de douleur en ressentant le choc électrique, puis recule en me lâchant enfin. Les soldats qui le laissaient faire se ruent vers nous et pointent leurs armes vers moi.
Vers moi ?
Les soldats n'ont pas daigné arrêter le prince quand il s'en est pris à moi, pourtant ils viennent à sa rescousse lorsqu'il succombe. Ma famille n'est pas la bienvenue ici, s'en est la preuve.
- Personne ne t'as appelé, toi, crache-je dans la direction de Loana qui s'approche trop près de son frère, ma main électrique tendue vers elle, prête à lancer mon plus bel éclair dans sa chevelure parfaitement dressée.
Elle se fige et grogne en jetant ses gants au sol, elle aussi a l'envie de m'affronter apparement.
D'un geste rapide, elle fait apparaître deux immenses lances de fer dans ses mains et se jettent sur moi. Les soldats reculent, laissant leur douce princesse prendre la relève. Après tout, ils sont là pour protéger les Yurii, pas moi.
J'attrape l'une des lances d'une main mais loupe l'autre qui me tranche une oreille. Le sang chaud s'écoule sur mon cou, mais ça ne lui suffi pas. Elle lâche son arme pour attraper mon collier et l'arracher violemment de ma gorge. Fière de son coup, elle recule et fait tourner le médaillon dans ses mains, le sourire aux lèvres.
- Rends-le moi ! m'écris-je en me jetant sur elle.
Mais un fracassant coup de pied dans mon estomac m'arrête dans mon élan et me fait tomber au sol, recroquevillé sur moi-même. La nausée me monte et je me retiens de vomir en essayant de calmer ma respiration.
Omar s'est relevé et n'a pas hésité à me frapper par surprise.
Il ne me laisse pas le temps de m'en remettre qu'il fait signe aux soldats de m'attraper les bras pour m'immobiliser avant de pouvoir me ruer pleinement de coups.
Je me retiens d'hurler de douleur, je me mords la langue assez fort pour sentir le gout du sang dans ma bouche et rester éveillé. Ma force diminue mais ma haine grandit. Ce n'est pas recevoir des coups qui m'anime, loin de là, c'est la fierté et le déshonneur qu'ils portent sur leur visage. Loana fait danser le collier sous mes yeux pour montrer que je ne l'aurais plus jamais tandis que son frère profite de ses soldats pour évacuer sa colère. Et le tout sur un enfant de dix ans sans aucune aide.
Pourquoi attendre de l'aide ? Nous ne sommes plus à la maison, ici personne ne viendra. Personne ne me protégera des Yurii.
Ils ont gagné la guerre sans même participer aux batailles.
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