11. Trônn

L'an 4031, Époque Harmonieuse, Misty la Chasseuse.

Le bourdonnement du vaisseau est si léger que je peux entendre la respiration saccadée de Perle à ma droite, ce brave soldat matriculer comme étant le Protecteur le plus jeune de la troupe. À tout juste dix-sept ans, il a été repéré par Marco pour sa maîtrise presque parfaite de l'invisibilité.

J'ai moi-même constitué la troupe. Enfin, avec aussi l'aide de Rika que j'ai promis de faire participer à la mission à distance. Le connaissant, il n'aurait pas su rester bien sagement au palais, malgré les ordres formels de l'Empereur. Alors je l'ai joint à notre réseau. Il peut communiquer avec nous, écouter nos conversations mais aussi nous voir grâce à nos capteurs de localisation. Je lui dois au moins ça, en tant que partenaire, mais surtout en tant que meilleur ami.

Le vaisseau qui nous transporte nous amène tout droit vers Ama, au centre même du continent. De là, nous pourrons chercher nos premiers indices et choisir les secteurs à passer au peigne fin. Difficile de se faire une idée sans le moindre repère, surtout lorsque notre ennemi est aussi fort que notre Général — ça, c'est vraiment ce qui m'inquiète.

Je lève les yeux vers mes camarades, assis autour de moi, aussi à l'aise que dans le canapé de leur salon. Certains ne portent même pas leur ceinture de sécurité et préfèrent jouer aux cartes avant la descente du vaisseau.

Nous partons en missions presque tous les jours, ils ont fini par ne plus prêter attention à la crainte de ne pas revenir vivant, pour eux c'est devenue une habitude.

Chacun est à ses occupations, sauf un.

Dans un soupire, je me tourne vers Perle dont la panique ne s'arrange pas. Son regard ne divague pas du sol, il tente d'apaiser son cœur battant la chamade mais ça ne fait qu'aggraver sa situation. Il halète presque, le visage rougi par la température de son corps trop élevée.

- Hé ! La mission n'a même pas commencé, qu'est-ce qu'il te prends ? lance-je subitement.

Ce n'est certainement pas la meilleure approche, surtout pour le chef d'équipe que je suis censé être, mais je n'avais rien d'autre en tête. C'est le rôle de Rika de se charger de ces trucs normalement, pas moi.

Ari, assis face à moi, les cartes de jeu en main, se marre sous les sourires moqueurs des autres. S'ils avaient mieux à dire, ils auraient pu le faire à ma place.

- Laisses-le stresser, s'exclame Ari en écartant ses cheveux bruns de ses yeux. Il verra que, ce qu'il y a en bas, c'est encore pire que ce siège en velours sur lequel il est assis.

- Ari ! je m'exclame pour éviter qu'il n'aggrave la situation. Stresser c'est... normal. Ou pas. J'en sais rien, ça m'est jamais arrivé. Mais ça doit être normal, non ?

- C'est pas normal, c'est la honte, souffle Ari en soupirant. Mais on verra si ça l'aide sur le terrain.

Les rires repartent et je ne peux m'empêcher de sourire. Évidement que c'est ridicule de sa part de stresser, mais nous sommes tous passés par là et ce serait mal de perdre un de nos camarades juste parce qu'il était à deux doigts de faire une crise d'angoisse en plein vol.

Tandis que tous repartent à leurs occupations, je les observe un à un, me remémorant leur rôle dans cette mission.

Ari = Alter de l'eau (neutraliser) 

Cassio = Alter téléportation (d'évacuation)

Sony et Fry = Alter illusion + Imitation de bruit (appâter et diversion)

Je ne pourrais pas former de meilleure équipe que celle-ci pour une mission de surveillance. Nous avons l'appât et la diversion pour mener l'ennemi à nous sans nous faire repérer, puis nous avons la neutralisation pour finaliser notre mission en emmagasinant les informations cruciales, et pour conclure l'évacuation. Il ne manque que moi, mon rôle dans cette affaire.

Moi et Rika sommes présents pour diriger, protéger mais aussi attaquer. Ce sont nos rôles, mais maintenant qu'il est absent, tout me revient.

« Atterrissage dans cinq minutes. » lance le haut-parleur au-dessus de nos têtes.

Tous mes camarades se redressent pour s'armer et vérifier leurs équipements une dernière fois. Je fais de même tout en cataloguant les sorts que j'ai à ma disposition dans la tête. Tant que ma mémoire ne me fait pas défaut, je devrais avoir une bonne trentaine d'armes utiles à la mission.

Profitant des cinq dernière minute avant le départ, je répète les sorts à une vitesse folle à voix basse et vérifie à n'écorcher aucune syllabe. La moindre faute de prononciation pourrait nous couter chère en plein combat. Parfois les secondes manquent et, associé au stresse, ça ne fait pas un très bon mélange pour avoir une voix clair et distinctive.

« Trois... » commence la voix du haut-parleur alors que je finis mes répétitions.

J'observe mes camarades, tous prêts. Chacun à eu ses directives avant de partir, je n'ai nul besoin de les répéter au vu de la tête déterminée de mes amis, ils brillent de vaillance et je ne peux m'empêcher de soupirer.

« Deux... »

J'ajuste mes gants de combat et mon masque couvrant que la partie inférieur de mon visage pour protéger ma bouche et donc ma voix qui, sans elle, me priverait de magie.

Je m'avance ensuite vers la porte arrière du vaisseau pour me préparer à descendre.

« Un... Atterrissage. Ouverture de la porte d'escorte. Déploiement des unités sur le terrain. »

La porte s'ouvre et je m'y engouffre, le vent fouettant mon visage à cause des courants-d'airs.

Mes camarades me suivent de près et nous mettons pied sur le sol en béton. Du moins, ce n'est pas vraiment le sol, nous sommes au sommet d'une tour d'atterrissage éclairée par des led étincelantes. Le soleil se couche et dans quelques minutes il laissera place à la nuit sombre.

De notre hauteur, nous pouvons apercevoir les centaines de tours pointant vers le ciel dépourvu d'étoiles, mais aussi les millions d'habitants qui parcourent les rues comme des insectes en plein ratissage.

Je ne peux que distinguer de minuscules points colorés de là où je me trouve mais je ne peux pas louper leur nombre gigantesque. Ama est très peuplée, et c'est ce qui nous fait tous grimacer.

Mes camarades sont aussi penchés par-dessus la rambarde de la tour et lèvent les sourcils face à cette ville ressemblant plus à un festival qu'autre chose.

- C'est le carnaval des idiots aujourd'hui ou quoi ? lance Ari qui a dégainé son arme pour zoomer sur les rues plus bas.

- Quelle angoisse, ajoute Perle en l'imitant, pour mieux voir les habitants. Ils sont des milliers.

Nous ne vivons pas au palais royal comme Rika mais dans le petit bâtiment à ses pieds, ce qui ne nous mélange également pas vraiment avec le reste du monde. Je crois même que l'ensemble des personnels et élèves du KMaster ne peuvent pas sortir en dehors de la capital pour leur propre protection.

Alors quand nous arrivons dans une ville comme celle-ci, même pour une simple mission, ça nous chiffonne de s'imaginer l'aisance des habitants parmi cette surpopulation. Quoi qu'ils sont sûrement habitués à force.

- Des vulgaires insectes à écraser, grommelle Ari à nouveau.

Les autres se marrent sous sa mauvaise humeur soudaine. Pourtant, Ari maîtrise l'eau, et l'élément de l'eau est connu pour être autant bienveillant que apaisant. Mais ça n'a pas joué en faveur de Ari apparement.

- Bois de l'eau, ça va de détendre, rit Sony en lui balançant une bouteille que Ari givre en un claquement de doigt.

- T'as pas trouvé mieux comme vanne ? grogne Ari.

Malgré cette ambiance chaleureuse que j'apprécie tant, il est nécessaire de se mettre en place pour la mission. Passer la nuit ici n'est pas ce que je préfère, entre les chasseurs de prime et les magiciens noirs, Ama se transforme en vrai terrain de chasse et nous en sommes les proies.

Les Protecteurs, comme Rika lui-même, sommes connus par nos richesses et notre grande puissance, beaucoup nous envies et beaucoup nous tueraient pour accéder à notre magie.

C'est le rôle des magiciens noirs de récupérer la magie des morts pour en créer des sorts uniques qu'ils s'approprient sous forme de potions ou d'armes. Des voleurs d'alters à proprement parler.

Voilà pourquoi nous brulons nos corps après notre mort, permettant à personne de récupérer notre âme et notre magie. C'est ce qui était censé arriver avec Siskann, mais Rika en a décidé autrement. En séparant son âme de son corps, il a permis à ce monstre de revenir d'entre les morts et d'autant plus dangereux que précédemment.

Heureusement pour Rika, je suis le seul à en connaître la véritable raison, la décision que son cœur à pris sans même penser aux conséquences.

Et aujourd'hui on se tape les conséquences. Merci, Général.

Je fais signe à l'équipe de s'approcher. Ils m'encerclent rapidement et tiennent un silence me permettant de commencer. Leur corps est droit et prêt à combattre, la détermination se lit dans leur regard plissé alors qu'ils tendent l'oreille pour ne pas louper le départ.

- Prêts ?

Ils hochent tous la tête et effectuent un salut militaire avec une coordination remarquable.

Tout le monde se dispersent et sautent de chaque coté de la tour pour se mettre en place. Seul Perle reste avec moi car lui, son rôle, c'est de m'escorter. Nous serons invisibles sur une bonne partie de la mission pour espionner sans risquer de se faire remarquer.

Nous ne pouvons pas fouiller la ville en espérant tomber par hasard sur cette fille, la jeune Aya, qui se fonderait parfaitement avec les habitants. Nous devons commencer par récolter des indices qui nous mèneront directement à elle. Rika nous a informé que les chances que Siskann viennent ici pour retrouver Tyko étaient fortement probables, alors faisons lui confiance. Mais pour trouver Siskann, il faut trouver Tyko.

Alors objectif : Trouver Tyko.

J'attrape Perle par le bras et l'emmène au bord de la tour, en direction du Cercle d'État, là où règne et gouverne le souverain et ses subordonnés. Chaque secteur possède le sien, et nous commencerons par le 4ème, c'est le plus proche. Je peux apercevoir d'ici le jet de lumière qui sort de l'immense tour pointant vers le ciel et empêche tout véhicule volant de s'approcher sans se faire pulvériser. Un excellent moyen d'avertir la présence du souverain mais aussi d'éloigner l'ennemi.

Je prépare mes réacteurs accrochés à mon dos et fais signe à Perle de faire de même. Rapprochant mes pieds près du bord, je lance un rapide regard au sol avant de lever la tête vers mon objectif. Mes moteurs s'enclenchent, mon armure se ressert, mes muscles se tendent, tout est prêt au décollage. Perle aussi, alors nous prenons de la hauteur. 

Comme des missiles en plein vol, nous pointons à toute vitesse vers la grande tour et devenons invisibles avant que nos pieds atterrissent sur le toit.

Mon camarade me tient le bras, me permettant à moi aussi d'être invisible et pouvoir commencer réellement la mission. Perle a pour rôle de ne pas me lâcher d'une semelle, gardant sa main enroulée à mon biceps et usant de sa magie pour nous faire disparaître le plus longtemps possible. Ça nous permettra d'entrer sans difficulté.

En refermant mes moteurs après avoir déposé les deux pieds sur le toit, je prends une grande inspiration et me dirige vers la porte du toit pour descendre les étages. 

Perle s'est assez bien entrainé pour mettre sous silence nos bruits de pas, ce qui nous facilite d'avantage la tâche. Nous circulons rapidement et efficacement entre le personnel de la tour, frôlant même à plusieurs reprises des soldats sans éveillé le moindre soupçon malgré la magie qui tourne autour d'eux.

Plus nous descendons, plus nous sentons les aura s'intensifier, c'est un signe que nous approchons de l'objectif. Les magiciens puissants sont toujours ceux dont on a besoin. Et surtout ceux dans nos viseurs. Même Rika doit s'en apercevoir car il prend la parole pour la première fois depuis notre départ.

« Quelqu'un arrive. » lance soudainement Rika à mon oreillette, prenant la parole pour la première fois depuis le départ de mission.

- Tu..., commence-je avant d'être interrompu par une tousse féminine derrière moi.

Une femme ?

Mon cœur manque un battement alors que j'imagine la soit-disante Aya m'avoir repéré. Mais ça ne peut pas être elle, elle ne devrait pas se trouver là.

Mon temps de réaction est lent, espérant par tous les moyens que notre invisibilité fonctionne toujours et que la femme derrière nous ne serait ici que par hasard. Perle, apeuré, pivote d'un trait et se retrouve face à elle avant d'étouffer un cri. Cette fois je ne peux plus rien espérer, nous sommes toujours invisibles mais cette jeune femme nous a repéré, sinon mon camarade n'aurait pas eu une telle réaction.

Je me tourne aussi et remarque, soulagé, que ce n'est pas Aya. C'est une autre jeune fille du même âge et qui semble encore plus dangereuse, ce qui ne fait pas redescendre les tensions.

Petite de taille et aussi menue qu'une enfant, elle sort un couteau de sa ceinture et fait mine de regarder son reflet dedans avant de reporter son attention sur nous, son air n'est ni menaçant ni bienveillant. Elle nous observes juste attentivement, détaillant nos traits du visage alors qu'elle n'est pas censée nous voir avec le pouvoir de Perle. Elle incline légèrement la tête en faisant basculer ses grandes couettes blondes sur le coté et nous regarde. J'en viens même à jeter un coup d'œil derrière-moi pour voir si autre chose que nous l'interpelle.

Mais non, c'est nous qu'elle observe. Ce qui devrait être impossible avec l'alter de Perle. À moins que mon camarade soit trop apeuré pour garder son sort actif. Peu importe, maintenant c'est certain la jeune fille nous voit — très bien même — au vu de ses couteaux prêts à fendre de l'air en notre direction.

- Je crois qu'elle nous voit... murmure Perle sans la quitter des yeux.

C'est un peu tard pour le dire, abruti.

- Votre sort ne fonctionne pas sur moi, déclare la jeune fille dans un sourire malicieux.

- Trônn, elle nous voit vraiment, tu crois ? répète Perle, complètement sous le choc.

- Vous m'écoutez ou quoi ?! J'vous vois ! s'exclame-t-elle, faisant sursauter Perle au passage.

Je plisse les yeux, stupéfait. C'est impossible qu'un sort ne fonctionne par sur un magicien, je n'ai jamais entendu ça. En regardant sa main qui porte son couteau, je m'attarde sur le tatouage inscrit à son poignet. Une série de chiffres qui entoure son poignet, je connais que trop bien sa signification malheureusement. C'est une chasseuse de prime.

Bordel... J'aurais préféré tomber sur Aya.

D'un mouvement instinctif, je recule d'un bond mais Perle est paralysé et ne me suit pas. Il reste figé sur place, lâchant mon bras au passage, le regard face à la chasseuse qui tourne son couteau autour de ses doigts d'un air amusé. Personne ne bouge. Moi par peur de déclencher un conflit au milieu d'une tour souveraine, et Perle par simple peur, peur de tout ce qui se passe autour de lui je crois.

La jeune fille pousse Perle d'une main pour me rejoindre et pointe son couteau sous le bout de mon nez.

- Alors, tu cherches quoi, Protecteur ?

J'hésite mais, voyant Perle perdre tous ses moyens, je ne pense pas que se battre reste la meilleure solution. Je ne dois pas chercher la confrontation alors que mon camarade semble s'enraciner de peur sur le sol, ça serait lui annoncer sa mort.

- L'une de nos cibles est ici, je réponds calmement.

Elle ne dévie pas son couteau de moi, ce qui m'agace de plus en plus.

Je ne dois pas être la cible de cette femme vu qu'elle ne m'a pas encore lancé son couteau. Soit elle cherche à me faire fuir, soit elle va vouloir s'amuser un peu avec ses horribles lames. Dans les deux cas, elle me fait perdre considérablement mon temps. Et en nous faisant trop remarquer rien ne dit que Tyko ne nous remarquera pas aussi.

- Pourquoi tu n'es pas rentré par la porte d'entrée ? demande-t-elle sans grande motivation, comme si son but était de tenir le plus longtemps cette conversation.

Quelle question idiote, encore plus que ses deux couettes enfantines que j'ai envie d'arracher.

- Ce n'est pas la première idée que j'ai en tête, en mission, grommelé-je.

Sa tenue n'est d'ailleurs pas plus mature. Elle porte une mini-jupe grise à carreau et un t-shirt effilé qui ne lui recouvre plus grand chose. Ses chaussures aux semelles rouges de sang longent son mollet telles des bottines et sont enroulées d'une chaîne en argent. Sans oublier les bijoux d'argents qu'elle porte autour de son cou, ils ressemblent à des barbelés. Une vraie chasseuse, oui. Ils m'étonneront toujours, des fous sortis d'asile dont la seule occupation est de couper des têtes pour se faire de l'argent de poche.

- Et pourquoi tu as les cheveux longs ? demande-t-elle en regardant avec minutie mon visage.

- Je t'en pose des questions ? siffle-je impatient.

- Non, justement. Faut bien que quelqu'un fasse l'interrogatoire vu que t'as perdu ta langue, rétorque-t-elle tout en levant les yeux.

Je vais la tuer. Elle rit devant l'assombrissement de mon visage et sûrement le regard meurtrier que je lui dédie. Rangeant enfin son couteau, elle décide de se tourner vers Perle qui n'a pas bougé d'un pouce, les mains tremblantes.

L'idée c'est d'éviter la confrontation, et aussi de savoir la mission de cette chasseuse. En fonction de son rôle, nous pourrons improviser car si nous nous interposons sur son chemin alors elle n'hésitera pas à nous sauter à la gorge. Aucun chasseur ne laisse en vie les obstacles qui lui empêche d'atteindre son objectif, ce sont des tueurs nés, et rien ne les changeras de ce chemin.

Elle attrape soudainement Perle pas ses épaules et le secoue comme pour le réveiller de sa panique.

- Et toi, pourquoi tu as peur ? lui demande-t-elle. T'es tout pâle. C'est ta couleur naturelle ? T'es vraiment super blanc.

- Trônn..., se plaint Perle tout en étant secoué.

Si cette scène n'était pas aussi tendu, j'aurais rit. Mon camarade semble au bord des larmes. Si je n'interviens pas, Perle risque de mourir de stresse dans les bras de cette jeune femme. Je m'avance et attrape mon camarade par le bras pour m'interposer entre lui et la chasseuse qui semble être triste de ne plus avoir de jouet avec qui rigoler.

- Tu veux quoi ? lance-je sous sa moue d'enfant qui cache sûrement une tueuse en série. On a pas le temps, donc abrèges.

Elle lève les bras comme pour capituler.

- Vous avez de la chance, vous n'êtes pas mes cibles, alors partez, avoue-t-elle en nous tournant le dos. Dommage d'ailleurs, j'aurait voulu m'amuser un peu.

Elle fait tournoyer un autre couteau dans ses doigts et me file un rapide clin d'œil avant de partir. Claquant ses talons à chaque pas comme un rythme cardiaque bien trop lent, je ne peux quitter mes yeux de cette femme qui pourrait en savoir plus que nous le pensions. Je m'apprête à m'en aller aussi mais ma curiosité prend le dessus, je trottine pour la rattraper, abandonnant Perle derrière moi.

En arrivant à sa hauteur elle sourit, comme fière d'avoir attirer mon attention.

- Je sais que c'est hors des règles d'un chasseur de prime de trop parler, mais tu pourrais peut-être nous aider, commence-je en fixant le couteau qu'elle a recommencé à tourner entre ses doigts fins.

Un jour, cette lame volera dans ma direction, c'est sûr.

Elle s'arrête net et, sans me regarder, elle répond :

- Règle n°4 du chasseur : Chaque mission se doit d'être tenue secrète, et ce, jusqu'à la mort de l'employeur ou de l'employé, récite-t-elle bêtement. Sans oublier la règle n°3 — ma préférée : Seule est autorisée l'élimination d'obstacles pour le bien fait de la mission.

- Et ?

Elle hausse les épaules comme si la réponse ne valait la peine d'être annoncée et poursuit sa route.

- Sérieusement, une énigme ? m'énerve-je sans qu'elle ne réagisse.

- Tu n'es simplement pas le cerveau le plus brillant des Protecteurs, rit-elle en poursuivant sa route. Demande à ton super beau Général. Si je n'aimais pas les femmes, je l'aurais déjà épousé.

Elle part en éclat de rire, s'éloignant de moi encore une fois. Alors que j'allais à nouveau la rattraper, la voix de Rika m'interpelle.

« Arrête, Trônn ! » s'exclame-t-il, me coupant dans mon élan.

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