EPILOGUE
EPILOGUE
PDV Jade
3 mois plus tard...
Je sens mon coeur battre à tout rompre, comme s'il voulait sortir de ma cage thoracique. Ma respiration est saccadée, se bloquant ou s'accélérant en fonction de mes pensées, qui, elles, vont du positif au négatif. Je ne sais où mettre mes mains, ni où poser mon regard.
Je crois que je vais m'évanouir.
" Bon, tu as finis ou pas ? " demande Annie d'un ton agacé.
Mon regard quitte finalement le miroir et se pose sur ma soeur, allongée de tout son long sur mon lit, et attendant que je la laisse finalement partir.
" Je suis assez présentable comme ça ? " je demande en montrant mes vêtements.
J'avais opté pour une jupe droite m'arrivant aux genoux et une blouse d'été bleu nuit, mes sandales et une sacoche. Mes cheveux sont relachés, tombant librement dans mon dos, et mon maquillage est le plus simple possible - au cas où je pleure, je n'ai pas mis de eyeliner ni de mascara.
Annie me regarde de haut en bas, plissant les yeux, tordant ses lèvres, avant de finalement me répondre :
" Je pense que c'est bon " elle hausse les épaules.
" J'ai l'air en forme ou fatiguée ? " je demande ensuite nerveusement.
" Plus en forme que ce matin en tout cas. Par contre, on voit trop que tu es stressée. "
" J'y peux rien " je souffle à moi-même, me retournant une fois de plus vers le miroir.
Ca y est, le jour du divorce est arrivé. Aujourd'hui, je serais vraiment libre et je pourrais reprendre ma vie d'avant - avec un peu de différence malgré tout.
Mais surtout, aujourd'hui est le jour où, après trois long mois, je vais revoir Samuel.
Et, à vrai dire, c'est pour cela que je suis autant nerveuse et que j'essaye de paraître le plus présentable possible.
Seulement quelques secondes plus tard mon père frappe à ma porte et m'informe qu'il est temps d'y aller. Je prends une énorme inspiration et le rejoint dans le hall d'entrée avant que nous quittons l'appartement.
Pendant le trajet, je ne peux m'empêcher de penser - repenser - à notre prochaine rencontre avec Samuel. Plusieurs hypothèses se sont dessinées dans mon esprit depuis des jours - depuis que je connais la date du divorce plus exactement.
Est-il revenu définitivement ? Est-il prêt à recommencer quelque chose avec moi ? Ou est-il simplement venus pour le divorce ?
Il y a trois mois, après la nuit que nous avions passés dans notre ancienne maison, je l'avais accompagné à l'aéroport. Il était partit pour l'Australie en me faisant une fois de plus la promesse qu'il deviendra l'homme que je mérite avant de revenir.
Même si j'avais accepté sa proposition, je n'avais pas pu m'empêcher de le supplier à l'aéroport. ' Restes ' je lui avais dit, ' On le fera ensemble '. Mais il a refusé.
' Je veux passer le reste de ma vie avec toi ' il m'avait répondu, ' et pour cela, je veux être capable d'oublier mon passé, et de le faire tout seul, sans te briser davantage. '
Je n'avais pas pu le faire changer d'avis. Et il était partit, laissant un bref dernier baiser sur mes lèvres.
Je n'ai eu aucune nouvelle de sa part depuis. Deux semaines plus tard j'avais succombé et appeler Léna pour avoir des nouvelles, et j'avais seulement appris qu'il était bien installé au chalet à Sydney.
' Je pense que tu devrais essayer de ne pas penser à lui pendant un moment, Jade ' m'avait-elle conseillée, ' tu dois autant te reprendre que lui. '
Suivant son conseil, je ne l'ai plus appelée à propos de Samuel. Nous nous sommes vu quelques fois - pour aller prendre un café ou faire les magasins - et j'avais réussi à me retenir pour ne pas parler de Samuel.
Trois mois. Trois long moi que je ne l'ai ni vu ni entendu. Et il me manque tellement...
" Nous sommes arrivés " annonce mon père, coupant court à mes rèves.
Je regarde autour de moi avant de le suivre à l'extérieur de la voiture, puis, nous allons rejoindre mon avocat à l'intérieur du palais de justice - Marc.
Et oui, nos destins nous a mis sur le même chemin une fois de plus. J'espère seulement que Samuel ne piquera pas une crise de jalousie en voyant Marc.
" Tu as l'air nerveuse " remarque ce dernier après m'avoir salué.
" Je suis à deux doigts de m'évanouir " je souffle.
" Attend d'être célibataire avant de le faire " il rit.
" Bref " je soupire en levant les yeux au ciel, " Tu l'as vu ? Il est arrivé ? "
" Non, pas encore " il répond, sachant déjà à qui je fais allusion.
Je hoche la tête, déçue, et nous continuons à attendre. Il m'explique comment les choses vont se dérouler une fois que nous serons à l'intérieur, mais, à vrai dire, je ne l'écoute qu'à moitié, mon regard allant au bout du couloir, cherchant une personne en particulier.
J'entends également mon père lui poser des questions, et c'est à ce moment que je me concentre complètement sur le bout du couloir. Au fond, je peux apercevoir deux silhouettes, s'approchant au fur et à mesure - un homme et une femme. J'essaye de voir derrière eux, cherchant deux hommes - l'un étant Samuel - mais, en vain.
Mon coeur commence à battre encore plus rapidement, mais pas pour la même raison. Je n'ai plus les papillons dans le ventre, mais une sensation étrange que j'avais commencé à oublier pendant ces trois mois. De l'angoisse.
" Il doit bien venir, n'est-ce pas ? " je demande à Marc en me retournant vers lui.
" Eh bien... " il hésite, humidifiant ses lèvres, " Il n'est pas obligé d'assister si son avocat est là . "
" Mais il va venir ? "
" Je ne sais pas, Jade " il répond avec une moue désolée.
Je redonne mon attention au bout du couloir et, à cet instant, tous mes rêves se détruisent. La personne que je vois devant moi n'est pas Samuel mais sa soeur - Léna.
Elle m'offre un léger sourire comme pour s'excuser, comme si elle pouvait lire toute la déception sur mon visage.
" C'est le moment " annonce Marc derrière moi.
Je regarde Léna dans les yeux alors qu'elle s'avance vers moi avec l'avocat de Samuel. Celui me contourne pour entrer dans la salle, et Léna s'arrête devant moi, pose ses mains sur mes épaules et murmure d'un ton rassurant : " Il n'était pas prêt. Ce n'est pas encore le moment. "
Ce n'est peut-être pas encore le moment, mais j'espère que ce ne sera pas trop tard après...
PDV SAMUEL
9 mois plus tard
Mai 2015
Je suis prêt pour ça. Je le sens. Tout va bien se passer. Je peux le faire. Je peux le faire.
" Samuel tu me stresses, arrêtes. " ordonne Léna en me jetant un coup d'oeil.
" Pourquoi tu stresses, toi ? " je demande en levant les yeux au ciel.
" Parce que depuis que nous nous sommes mis en route tu n'as pas arrêté de bouger, tu ne fais que de soupirer toutes les deux minutes et tu changes la station de radio toutes les cinq minutes. "
" Ce n'est pas de ma faute, je suis juste... nerveux " j'avoue finalement.
" Tu n'as pas besoin de stresser, tout va bien se passer " elle essaye de me rassurer plus calmement.
" Hmm... " je marmonne.
J'essaye de ne plus bouger sur mon siège pour éviter de la déconcentrer alors qu'elle conduit. Je laisse ma tête tomber en arrière, fermant les yeux et tentant de me calmer du mieux que je peux.
Un an. Un an que je ne l'ai pas vu.
Je ne pensais pas que j'aurai été capable de faire cela. Moi qui pensais que j'allais devenir fou sans la voir... En fin de compte tout s'est bien passé. Enfin, en prenant du recul, je peux bien affirmer cela.
Les premiers jours, voire les premières semaines, étaient un pure enfer. Je m'étais rendu compte à cet instant combien Jade avait pris une grande place dans ma vie. C'était comme si je n'arrivais pas à fonctionner sans elle, et ça me rendait fou d'avoir cette sensation.
Puis, avec le temps, j'ai commencé à m'habituer.
M'habituer, oui, mais je n'avais encore rien fait de concret pour reprendre ma vie en main. J'avais peut-être pris la décision de m'éloigner, mais intérieurement j'étais toujours le même - le gamin pathétique qui s'en veut et qui en veut au monde.
C'est un appel de Léna qui m'a donné le déclic pour me bouger. Quand j'ai su que Jade demandait de mes nouvelles, je me suis dit que c'était le moment de lui montrer qui j'étais réellement. De lui montrer que je n'avais pas abandonné.
Après plusieurs tentatives, j'ai finalement trouvé un bon psychologue à qui parler sans forcément avoir l'air de parler à un robot. Il était devenu mon ami. Il m'a aidé non pas à oublier mon passé, mais à passer par-dessus.
Puis, j'ai arrété les séances. J'ai réfléchis pendant des jours et des nuits sur ce que je devais faire. Et je me suis pardonné. J'ai accepté le fait que j'ai pu faire des erreurs, mais que j'avais tout de même droit au bonheur.
J'ai accepté que je ne suis pas comme mon père. Je ne serais jamais comme lui. J'aime Jade, et je l'aimerais le restant de ma vie, sans faire les mêmes erreurs que mon père.
J'ai finalement accepté que je ne suis pas un monstre, mais un humain qui fait des erreurs comme tout les autres.
Je n'ai pas encore pardonné mon père pour tout ce qu'il a fait, mais je ne le déteste plus autant. Je sais qu'il regrette maintenant, cependant, je dois voir dans quel état il est - un an après - pour pouvoir avancer encore un peu.
Ma stérilité... Je ne l'ai pas encore accepté non plus. Je le vois toujours comme un défaut, mais je ne pense plus que ce défaut soit un obstacle entre Jade et moi. Je peux toujours avoir une relation avec elle - une famille même - mais je ne pourrais pas lui donner d'enfant, tout simplement. J'essaye de ne pas trop y penser, parce que c'est ce qui me fait sombrer.
Je sens que j'ai changé - vraiment. Je me sens mieux. J'ai encore mes défauts peut-être, mais Jade m'a aimé avec, et je ne peux pas les changer de toute façon.
Je sais juste que je ne ferai rien pour l'éloigner de moi. Cette partie de ma vie est finit, restée bien loin derrière nous. Je ferai maintenant tout pour la garder près de moi.
La seule chose qu'il me reste à faire est de reconquérir Jade, maintenant que je peux être moi-même. Je sais de Léna combien elle était déçue de ne pas me voir le jour du divorce, mais je ne pouvais tout simplement pas venir. Je lui avais promis que, àmon retour, je me battrai pour elle - pour nous. Or, àce moment, je n'étais pas encore fier de moi-même et prêt à demander son pardon.
Maintenant est le moment idéal. Aujourd'hui. Je vais la voir, sans même être passé à la maison après l'aéroport. Je veux la voir, elle.
" Que vas-tu lui dire quand tu la verras ? " demande Léna quand elle se gare, comme si elle lisait dans mes pensées.
Je regarde l'immeuble devant moi. Faculté de Droit. Je n'arrive toujours pas à croire que Jade ait choisis ce parcours. Mais je suis content qu'elle ait trouvé quelque chose qu'elle aime.
" J'ai un discours dans ma tête, mais je pense que je vais improviser " je réponds en observant les alentours.
Il y a de cela deux mois, j'ai vu Jade aux infos télévisées. Ma Jade timide et nerveuse est passée à la télévision ! Et j'étais tellement mais tellement fier d'elle. Je n'ai même pas honte d'avouer que j'ai versé une larme face à son discours. Elle a défendu une cause qui comptait beaucoup pour elle, et pour moi aussi en fin de compte. Elle a redonné de l'espoir à beaucoup de femmes et d'hommes.
J'avais appris qu'elle faisait partie d'une association qui luttait contre les mariages de types forcés et arrangés. Le jour de son discours, elle détenait une des places des plus importantes dans cette association. Elle s'était battue pendant des mois contre ces mariages - comme le nôtre.
J'étais fier d'elle, mais aussi fier de ma décision. Divorcer était sûrement le meilleur choix que j'avais fait de toute ma vie - tant pour moi que pour elle.
Parce que, après tout, rien de bon ne pouvait sortir d'un mariage comme celui-ci.
" Prêt ? "
" Je crois que oui " je soupire.
Prenant une profonde inspiration, je quitte finalement la voiture de Léna. Je me râcle la gorge pour me préparer, et je commence à marcher, tout en m'imaginant notre première rencontre après tout ce temps.
Je pense à son sourire qui s'élargira quand elle me verra. Elle sera sûrement surprise et ne bougera pas. Puis elle sautera dans mes bras. Et on s'embrassera. On se dira ' je t'aime ' et ' tu m'as manqué '.
Elle sera heureuse de me voir. Et nous pourrons commencer notre vie à partir de là . Elle me pardonnera, et je ferais d'elle la femme la plus heureuse au monde - comme elle le mérite.
Pendant cette dernière année je n'ai fait que de rêver de ça. De notre première - nouvelle - rencontre. De ce que je pourrais ressentir en la voyant. De ce qu'on pourrait faire juste après. J'ai même imaginé que, des semaines plus tard, peut-être pourrions nous emménager ensemble - à nouveau. Vivre ensemble, se connaître de mieux en mieux.
Il y avait des nuits où je rêvais de la voir porter notre enfant ; je finissais par prendre un cachet pour m'endormir et ne plus y penser. Il ne fallait pas que j'y pense.
J'entre dans le bâtiment. Mes yeux vont d'un côté à l'autre du couloir. Par où commencer ? Je sais qu'elle avait cours cette heure-là , Léna s'est informée pour moi. J'espère qu'elle est dans ce bâtiment. Et j'espère qu'elle ne sortira pas par une autre sortie.
Je commence à devenir de plus en plus nerveux face à toutes ces possibilités.
Ou devrais-je simplement l'attendre à l'entrée ?
Oui, c'est une bonne idée. Je vais faire exactement cela. Je me recule de quelques pas pour ne pas encombrer le passage, et je me met à attendre en étudiant tous les visages qui passent.
Dix minutes plus tard je suis plus calme. Mes mains ont arrêtés de trembler et ma respiration est quasiment normale. Au fond, je suis tout autant nerveux.
Mais j'ai aussi ce stupide sourire au visage à chaque fois que je pense à l'instant où elle me verra.
Un quart d'heure plus tard, je commence à m'inquiéter. Peut-être est-elle déjà partit... Je ne l'espère pas, du moins.
Je sors mon portable pour écrire un message à Léna et lui demander d'appeler Jade, mais, juste à ce moment, je la vois.
Je la vois. Finalement. Après exactement onze mois, deux semaines, trois jours et une quinzaine d'heures - je la vois.
Elle descend les escaliers en face de moi. Son visage est rayonnant, son sourire éclatant. Ses cheveux sont plus courts, tombant juste sur ses épaules en carré. Sa robe lui arrive au niveau des genoux - comme avant. Son rire se fait alors entendre, et je finis par sourire.
Mon coeur recommence à battre à un rythme fou. Ma gorge devient sec. Je ne sais plus quoi faire de mes mains. Ma lèvre inférieure commence à me faire mal à force de la mordre. Mes inspirations et expirations ne sont plus régulières.
Je vis les symptômes d'un adolescent qui va demander à sortir avec la fille qu'il aime secrètement depuis des mois.
Puis, mon regard se pose sur l'homme à ses côtés, alors qu'ils finissent par s'arrêter au bout des marches. Un grand brun que je vois sûrement pour la première fois et qui ne m'a pas l'air d'être un professeur.
Et je l'observe rire avec cet homme.
Ma poitrine se reserre. Non, ça ne peut pas être ce que je pense. Elle ne me ferait pas cela. Elle m'avait promis de m'attendre, quelque soit le temps que je prenne pour lui revenir. Quelque soit le temps que je prenne pour me reconstruire.
' Je serais là ' m'avait-elle dit.
Je lui ai promis de ne pas l'abandonner mais... Est-elle passée à autre chose entre-temps ?
Non, ma Jade ne me ferait pas cela. Elle a toujours été patiente, elle m'a attendu, je le sais.
Non, je refuse d'abandonner si facilement. Qui que ce soit, cet homme ne pourra pas me barrer la route. J'ai promis à Jade que je me battrais pour nous à mon retour, et c'est exactement ce que je vais faire.
Prenant mon courage à deux mains, je me râcle une fois de plus la gorge et commence à m'avancer vers eux. A peine ais-je fait un pas que Jade tourne la tête. Nos regards se rencontrent.
Et rien ne se passe comme je l'avais imaginé.
Son sourire s'efface, elle ne court pas dans mes bras, elle ne m'embrasse pas, elle ne me dit pas ' je t'aime ' ni ' tu m'as manqué '.
La seule chose qu'elle fait c'est me regarder comme si elle avait vu un fantôme.
Elle est seulement surprise, j'essaye de me dire.
Je prends un pas de plus, puis deux, et, lentement, je m'approche d'elle. D'eux. Son visage pâlit de plus en plus et j'ai peur qu'elle s'évanouisse. Si cela arrive, je devrais être celui qui la retient, pas ce putain de connard.
Non, calme, je dois rester calme.
" Jade ? On dirait que tu as vu un fantôme, ça va ? " il lui demande.
Le fantôme va te défigurer dans quelques secondes, connard.
Putain. Peut-être qu'il est seulement un ami, voire même un simple camarade. Le pauvre, s'il savait toutes les insultes que je lui lance dans ma tête.
" Sam ? "
La voix de Jade ne sort pas. Je peux seulement lire mon nom sur ses lèvres, la voir déglutir avec difficulté alors qu'elle ne cesse de me regarder avec des yeux ronds.
Le regard du brun suit celui de Jade et se pose sur moi. Il hausse un sourcil, se demandant sûrement pourquoi j'ai un tel effet sur Jade, mais il ne comprendra jamais. Ou, peut-être que je pourrais lui faire comprendre.
Non, je ne prendrai pas ce risque. Je ne lui dirai pas que je suis l'ex mais aussi le futur mari de Jade, alors que cette dernière est là . Je sais qu'elle détestait que je la présente en tant que ma femme devant ses amis.
" Bonjour, Jade " je finis par dire, brisant le silence inconfortable entre nous.
Elle déglutis une fois de plus. Puis se tourne vers le brun. Merde, qu'est-ce qu'il se passe ?!
" Je... Je te verrai demain, d'accord ? " elle balbutie.
" Il n'y a pas de problème j'espère ? " celui-ci répond en me jetant un coup d'oeil.
" N...Non. Tout va bien... "
Il ne semble pas la croire. Mon poing dans sa gueule sera une bonne preuve peut-être. Bordel, faut que je me calme. La peur que je ressens en ce moment à l'idée d'avoir perdu la bataille sans même avoir pu la commencer me rend encore plus agressif que je l'étais.
" S'il te plaît " Jade reprend quand le brun reste immobile, " Tout va bien. On se voit demain. "
Elle baisse la tête, évitant mon regard. Pourquoi les choses ne se déroulent pas comme je l'avais prévu pour une fois ?
" Bien " il souffle, cédant.
Je serre fermement mes poings quand il se penche et embrasse Jade sur la joue. Putain de mordel de merde... Non, c'est juste un baiser amical. C'est juste un ami. Rien de plus. C'est moi qu'elle aime. C'est moi qu'elle a attendu.
Son regard se pose sur moi, sceptique. Puis, sans rien dire, il me contourne et s'éloigne, nous laissant enfin seuls.
" Jade ? " je murmure son nom en me retenant pour ne pas la prendre dans mes bras tout de suite.
Elle relève la tête, expirant bruyamment une fois, avant de me regarder dans les yeux.
" Tu es de retour. "
" Je le suis, oui. Définitivement. Comme je te l'avais promis. "
J'étais obligé d'amener le sujet de la promesse dans la conversation. J'étais obligé d'y faire allusion pour savoir si, elle, a tenu sa promesse. Mais elle ne fait qu'hocher la tête, sans un seul mot pour me rassurer.
" Tu ne dis rien ? Parles moi, Jade. Tu sais que je déteste le silence, surtout celui-ci. "
" Je... Je suis juste surprise. Enfin, plutôt sous le choque. Je ne m'attendais pas à te voir, tout simplement. "
" Tu as pensé que j'avais abandonné ? "
Ma voix sonne pathétique. Rien ne se passe comme je l'avais imaginé.
" Ca fait un an, Samuel " elle murmure pour toute réponse.
Donc elle a vraiment pensé que j'avais abandonné. Bordel, j'espère qu'elle n'a pas brisé sa promesse à cause de ça. Je serais détruit, tout simplement. Après tout ces mois à essayer de me reconstruire, je serais détruit à nouveau, et je ne pense pas que je pourrai m'en remettre. Tout ce qui m'a poussé à vouloir changer c'était Jade. De savoir que je pourrais vivre quelque chose avec elle.
Si elle a abandonné, je n'aurais plus rien à quoi me retenir.
" Je n'ai jamais abandonné. J'ai pris beaucoup de temps, j'en suis conscient, mais ce n'était pas facile, Jade. Mon passé reste mon passé. Je voulais seulement être sûr d'être prêt à vivre une meilleure vie, mais je n'ai pas abandonné. Je ne l'aurai jamais fait. Je te l'avais promis, souviens-toi. "
" Je ne l'ai pas oublié... Tu as du temps ? Nous pouvons peut-être parler quelque part d'autre que dans le couloir. "
" Je suis tout à toi "
Dans les deux sens du terme...
Elle ne sourit même pas suite à ma phrase. Elle n'a pas sourit une seule fois depuis qu'elle m'a vu, et c'est ce qui m'inquiète le plus. Moi qui pensais qu'elle allait pleurer de joie. La blague. Ca m'apprendra à rêver de tout et n'importe quoi.
Je la poursuit en dehors du bâtiment sans rien dire, acceptant par un simple hochement de tête sa proposition de nous installer sur la pelouse, à l'ombre.
Je m'adosse contre le tronc de l'arbre sous lequel nous sommes, alors que Jade s'asseoit à un mètre de moi, croisant ses jambes.
Nous restons un moment en silence. Je l'observe alors qu'elle se fait un petit chignon, ajustant ensuite sa robe. Ensuite, elle se redresse et me regarde droit dans les yeux.
Je souris. Elle n'a pas beaucoup changé. Son regard est toujours aussi doux qu'avant. J'aurai aimé revoir la légère teinte rouge sur ses joues - comme à chaque fois que je la regarde comme ça - mais il me semble que ça ne la fait plus rougir. Dommage.
" Alors, cette dernière année ? " elle marmonne, sûrement ne sachant pas quoi dire pour débuter la conversation.
Mais je ne veux pas parler de choses banales et inutiles qui ne vont pas nous faire avancer ou me rassurer. Je ne veux pas tourner autour du pot. Je suis là, pour elle, pour nous, et je veux tout simplement savoir si elle est partante ou si je dois la forcer.
Nous pourrons discuter de cette dernière année plus tard, si elle le veut. Enfin, moi aussi je voudrais savoir comment s'est passé son année en détails, mais pas à cet instant précis.
" Tu sais de quoi je veux parler en ce moment, ne perdons pas de plus de temps. "
" Bien " elle hoche la tête, " Je n'ai pas oublié ta promesse - ni la mienne. Je ne vais pas te cacher que j'ai douté un moment, j'ai pensé que tu n'allais pas revenir en fin de compte ; mais tu n'as pas le droit de m'en vouloir. Qui que ce soit à ma place aurait penser la même chose... "
" Je ne t'en veux pas " je la coupe, toujours souriant.
" Eh bien... Je t'en remercie, alors... "
" Mais maintenant je suis là. J'ai tenus ma promesse. "
" Je vois ça... "
" Et qu'en est-il de la tienne ? " je prends le risque de demander.
Elle ne détourne pas le regard, mais semble hésiter. Je peux toujours la comprendre en un seul regard - mais elle ne semble plus être le livre ouvert que j'avais pris l'habitude de lire. Alors que je déteste lire. Elle avait raison, le mot livre ne me va pas du tout.
" Je l'ai tenue. J'ai tenus ma promesse " elle finit par avouer.
Je lâche un profond soupir de soulagement, fermant les yeux. Quand je la regarde à nouveau, elle sourit. Nom de Dieu, ça m'avait manqué.
" Tu as joué avec moi depuis le début, n'est-ce pas ? " je demande d'un ton sérieux en haussant un sourcil.
" Non " elle pouffe de rire, " j'ai peut-être changé un peu, mais je ne suis toujours pas faîtes pour ce genre de jeux. "
" Je ne le suis pas non plus. Enfin, je ne le suis plus, crois-moi. Finit, plus de jeu. J'ai évolué, j'ai changé. "
" Tant mieux "
Elle sourit. Encore une fois. Est-ce que c'est un signe pour me dire que tout va rentrer en ordre ? Est-ce le signe pour me prouver que tous les efforts que j'ai fait cette dernière année vont porter fruit ?
Je l'espère de tout mon être.
" J'ai quelque chose à te montrer " j'annonce après un moment de silence où nous nous sommes seulement regardés.
Elle hausse un sourcil, curieuse, alors que je me redresse. Je soulève mon t-shirt et le passe par dessus ma tête.
" Qu'est-ce que tu fais ? Nous sommes à l'extérieur, Samuel "
" Ce n'est pas important. Il fait chaud, de tout façon. "
Elle secoue la tête, amusée. Je me déplace pour être face à elle, puis je tourne mon corps à moitié pour qu'elle puisse voir l'endroit où j'avais mon tatouage.
Son sourire s'efface.
" Pourquoi as-tu fait cela ? " elle murmure.
" C'est seulement la vérité. "
Elle approche sa main de mon corps, puis trace mon tatouage de ses doigts, délicatement. Comme si elle avait peur de me faire mal.
Ses lèvres bougent alors qu'elle lit silencieusement mon nouveau tatouage.
' I'll never be him ' était inscrit pour me rappeller le monstre qu'était mon père envers ma mère et moi. Maintenant il ne l'est plus, mais je n'ai pas effacé ce tatouage ; le voir va me rappeller quelles erreurs je ne dois jamais faire.
' Don't love. It's dangerous '. Celui-ci a été inscrit quand j'avais dix-sept ans. C'était le jour où j'avais supplié ma même pour qu'on s'en aille. Pour qu'on se sauve, tout simplement. Mais elle avait refusé, me disant qu'elle aime mon père et que quoiqu'il fasse, elle voulait rester avec elle.
J'avais detesté l'amour ce jour-ci. Je ne l'avais encore jamais ressenti, ce sentiment, mais ma mère m'avait montré à cet instant combien il pouvait être destructif. Elle restait avec mon père seulement à cause de l'amour - même si elle m'a avoué le contraire l'année dernière.
Mais ce jour je ne savais pas la vérité, et j'avais décidé que l'amour n'était pas fait pour moi. Je n'allais pas aimer, ni laisser une fille m'aimer à un point où elle accepterait de souffrir juste pour être avec moi. Non, je ne voulais pas cela.
Jade m'a fait brisé cette promesse, et, c'est pour cela que je l'ai faite effacé. Un nouveau tatouage a pris sa place, un qui me plaît et qui compte énormément pour moi maintenant :
'I need love. I need her. '
" Tu aimes ? "
" Tu n'aurais pas du... "
" Je le voulais. Je pensais que ça te ferai plaisir. "
" C'est magnifique mais... "
" Il n'y a pas de mais, Jade. C'est magnifique, comme toi. "
Elle perd tout son sérieux comme je l'avais espéré et pouffe de rire en levant les yeux au ciel.
" Remet ton t-shirt, les gens nous regardent. " elle ordonne ensuite.
" Dis juste que tu ne veux pas que les filles me voient comme ça " je la taquine.
" Au moins, je sais que tu n'as pas perdu ton humour "
" A çq, non ! Ca fait partit de moi, et je sais que ça te manquerais. "
" Bien sûr "
Elle se relève, prenant ses affaires et ajustant à nouveau sa robe. Je redeviens nerveux tout à coup. Qu'est-ce que ça veut dire ? Avons-nous tout réglés ? Sommes nous ensemble ? Allons-nous nous marier ?
Bordel, je m'égare.
" Donc... " je murmure en me relevant aussi.
A peine ais-je relevé la tête que je sens deux lèvres sur les miennes. Les mains de Jade sont sur mes joues, encerclant mon visage, ses lèvres se mouvant avec les miennes, sa langue rencontrant la mienne - et, tout ça, sans même que je n'ai à faire quelque chose.
Je n'ai perdu aucun temps à répondre à son baiser, mais mes mains sont toujours pendantes de chaque côté de mon corps. Me reprenant, je m'apprête à poser mes mains sur ses hanches, mais elle se détache juste à ce moment. Je la colle tout de même à moi. Je veux faire durer ce moment. Ca fait un bien fou bordel.
Son front se pose contre le mien, nos respirations se mélangent, et j'attends silencieusement qu'elle me laisse voir ses yeux.
" J'ai cru que tu n'allais jamais revenir " elle chuchote près de mes lévres.
" Mais je suis là "
" Tu l'es " elle marmonne avant de reposer ses lévres sur les miennes.
Je tente d'approfondir le baiser mais elle ne semble pas du même avis. Elle se détache complétement après ce bref baiser et lâche un soupir bruyant.
" Bien, maintenant, nous pouvons commencer du début " elle sourit.
" Quoi ? "
Elle me tend la main. Je fronce les sourcils, la regardant d'un regard curieux.
" Bonjour, je suis Jade. Ravie de vous rencontrer. "
" T'es sérieuse ? " je ris.
" C'est ça ou rien, joue le jeu " elle me réprimande en me frappant le bras.
" Je croyais que tu n'aimais pas les jeux ? "
" Bordel, fermes là et joue le jeu ! "
" D'accord, d'accord " je pouffe en levant les mains en l'air en signe de défense.
Je prends ensuite la main qu'elle me tend mais au lieu de seulement la secouer je l'amène à mes lèvres et y dépose un léger baiser.
" Je m'appelle Samuel, et je suis ravis de vous rencontrer, mademoiselle. Je vous promet de faire de vous la femme la plus heureuse au monde. "
" Nous venons seulement de nous rencontrer, ne pensez-vous pas que vous allez un peu vite ? Je ne vous connais pas, et, de plus, je ne me sens pas prête pour une relation en ce moment. "
" Pas de problème, vous allez me connaître. Et je vous assure que vous allez changer d'avis sur cette histoire de relation. "
" Vous allez l'air sûr de vous, monsieur. "
" Je le suis. Un jour, vous serez ma femme. "
" Nous allons voir ça "
Elle me lance un regard défieur, tentant comme moi de rester sérieuse. Je peux tout de même voir le petit sourire au coin de ses lèvres, et putain, juste pour ça, j'accepte de recommencer à zéro avec elle.
Je n'ai jamais utilisé mes talents de dragueur, il est peut-être temps de s'en servir.
Et quelque soit le temps qu'il me faudra - qu'il nous faudra - cette femme sera mienne, à nouveau, et pour toujours. J'ai juste besoin d'être patient, parce que je sens que Jade prendra un plaisir à me faire languire pendant un moment.
" Puis-je avoir l'honneur de vous déposer chez vous ? "
" Ce ne sera pas nécessaire, j'ai ma propre voiture. A bientôt, monsieur. "
" A très bientôt, oui. "
Je la regarde s'éloigner de moi, mordant ma lèvre pour ne pas sourire davantage. Rien ne s'est passé comme je l'avais prévus, mais, bordel, ce nouveau départ me donne tellement plus d'espoir.
Je suis convaincus que j'ai pris la bonne décision. Le divorce était la chose qu'il nous fallait.
Et le temps. Peu importe la durée, le temps nous a sauvé. Nous avions juste besoin de temps pour faire face à tous les obstacles que nous a présentés la vie. Nous avions besoin de temps, pour nous, pour notre amour, et pour notre futur.
Peut-être devrais-je me faire tatouer cela.
' We need time. '
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