Chapitre 77
PDV Jade
Je lui avait demandé d'aller lentement, de prendre notre temps pour se connaître parfaitement, pour construire notre relation.
Et pourtant, j'étais prête à me donner à lui deux jours plus tard.
Parce que je me suis dis que je l'aimais, et qu'il m'aimait ; c'est tout ce qui comptait à ce moment.
En me perdant dans ses yeux, en appréciant ses baisers, j'avais oublié le fait que Samuel était encore un mystère pour moi.
Cet homme avec des sautes d'humeur occasionnelles.
Cet homme pour qui faire souffrir ceux qu'il aime semble totalement logique. Ou qu'il dit aimer.
Je n'arrive pas à me convaincre qu'il ne m'aimait pas.
Mais je n'arrive pas à accepter non plus le fait qu'il me fasse autant souffrir. Quelque soit la raison.
Je n'ai rien fait. Je n'ai rien demandé.
Putain j'ai même accepté d'oublier notre passé pour construire notre futur ensemble !
Et qu'est-ce que j'ai en retour ?
Rien.
Oh si. Un coeur brisé. Mais ça, ce n'est pas une première.
Ma colère semble ne pas vouloir diminuer malgré les minutes qui passent. Je ne me suis jamais, ô grand jamais, senti comme cela. Mon regard, qui jusqu'à présent fixait les morceaux de la lampe au sol, se relève et reste dans le vide pendant un moment.
Je respire profondément pour essayer de me calmer.
Mais mains agrippent fermement les draps avec lesquelles j'ai tenté de me recouvrir, dans l'essai de paraître moins pathétique au départ de Samuel, et toujours en les tenant contre mon corps, je me lève et m'avance dans la chambre.
Une fois devant le miroir, j'examine d'abord mon visage, mes traits tirés par la colère, mes yeux semblants... vide.
Puis je laisse les draps glisser sur mon corps jusqu'au sol, formant un cercle à mes pieds. Je n'ose pas descendre mes yeux plus bas que mon visage, alors j'attend, le temps de prendre mon courage, et une fois que j'ose poser mon regard sur mon cou, des frissons me parcourent.
Les marques qu'il m'a laissée ne sont pas si différentes des précédentes, peut-être un peu plus larges, ou un peu plus colorés. Il y en a partout : sur mon cou, ma clavicule et près de ma poitrine.
Je peux encore sentir ses lèvres sur mon corps, déposant de petits baisers au niveau de ma clavicule. Je peux encore sentir son toucher fantomique, ses doigts glissant délicatement le long de mes bras, sur mes côtes, sur mon ventre, ou le long de mes cuisses.
J'apporte inconsciemment ma main au niveau de mon visage et touche ma lèvre inférieure avec mon index. J'ai l'impression que ses lèvres sont encore sur les miennes. Je sens sa langue glisser sur ma lèvre inférieure...
Ses mots résonnent dans mes oreilles, des petits chuchotement, des petits rires...
Je ne supporte plus cela, je ne veux plus me sentir comme ça. Je ne veux plus sentir son toucher ou ses baisers. Je ne veux plus voir les marques qu'il a laissé.
Je me sens presque sale...
D'un pas pressé, et le coeur battant, je me réfugie dans la salle de bain et enlève le dernier tissu que je porte avant d'allumer l'eau. Je n'attend même pas qu'il se réchauffe, je passe dessous et ferme les yeux quelques secondes.
Je prend ensuite le gant de toilette et le gel douche, puis commence à frotter tout mon corps avec, voulant effacer toutes traces de Samuel. Son toucher doit disparaître. Ses baisers doivent disparaître.
Je frotte, je frotte, et je frotte jusqu'à ne plus sentir ses petits chatouillements.
Mais je continue à frotter au niveau de mon cou et de ma clavicule ; ses marques doivent disparaître également.
Les muscles de mon bras me font mal tellement je les contractent pour appuyer avec toute ma force. Mon cou me brûle, les suçons me font mal à chaque fois que je les frottent et que l'eau maintenant brûlante glisse dessus.
J'étouffe. Mais je continue.
Je serre les dents et ferme les yeux, la douleur devenant insupportable. Cependant, rien ne semble pouvoir m'arrêter. Je veux effacer ces marques de mon corps, je ne veux pas les voir et me souvenir de ce qui vient de se passer.
Non, je ne veux pas me souvenir de son doux toucher et de la délicatesse de ses baisers.
" Aïe " je siffle entre les deux et laisse tomber le gant de toilette, tombant au sol avec. Mon dos légèrement canbré en avant, l'eau semble me frapper la peau, la brûlant.
Le haut de mon corps me brûle encore plus, mais je me l'ai fait moi-même, je suis la cause de cette douleur.
Bientôt, sentant ma respiration se couper sous cette chaleur étouffante, je me relève en me retenant au mur de la cabine de douche, et avec le peu de force qu'il me reste, j'arrive à en sortir.
Le miroir ne me laisse pas apercevoir mon reflet à cause de la buée ; en attendant, je m'essuie le visage. Je m'apprête à mettre mon peignoir, mais dès que le tissu touche ma peau, je l'éloigne. Je sens des picotements sur le corps entier et la sensation de brûlure au niveau de ma clavicule s'accentue quand je sors de la salle de bain et qu'un courant d'air me frappe littéralement la peau.
Pourtant je n'y fais pas attention pendant longtemps et me replace devant le miroir de ma chambre.
Mon souffle se coupe un instant quand mon regard se pose sur les rougeurs partout sur mon corps, mais surtout sur la partie entre mon visage et ma poitrine.
J'ai l'impression qu'en frottant j'ai déchirré les parties de peau qui été déjà endommagée par Samuel.
Et ce n'est pas qu'une impression. Je ne sais pas combien de temps j'ai passé à frotter cet endroit de mon corps, mais je suis certaine qu'après avoir nettoyer les tâches de sang, je vais me retrouver avec des bleus. Et ça ne ressemblera plus à des suçons.
J'inspire profondément et retourne dans la salle de bain, rassemblant le nécessaire pour nettoyer ce que je me suis fait.
A chaque toucher d'une partie délicate, légèrement saignante, je suis obligée de serrer les dents tellement la douleur est insoutenable. Mais je m'y fait.
Cela me prend beaucoup de temps, et quand je reviens dans la chambre, je tremble de froid, si bien que je m'empresse de m'habiller à nouveau.
Mes jambes ne me font plus mal, je peux rapidement me vêtir le bas. Pour le haut, ce n'est pas le même cas.
Même si cela me brûle et me fait tressaillir, je me vêtis d'un pull col roulé pour cacher mes blessures. J'ai chaud, mais autant je ne voulais plus voir les suçons de Samuel, autant je ne veux pas voir les marques que j'ai agrandis et aggravé moi-même.
Je finis par sécher mes cheveux et me prépare à ranger la chambre, mais je n'arrive pas à regarder le lit plus d'une seconde. C'est trop pour moi.
Je décide donc de dormir dans la chambre d'ami, même si je ne suis pas sûre de pouvoir dormir, et quitte la chambre.
Sans que je puisse faire mon chemin vers la pièce voulue, j'entend la sonnerie retentir et me fige.
Mais mon coeur bat de son rythme normal, peut-être même un peu plus lentement. Ma respiration est également normal. Mes mains ne tremblent pas.
Tout est normal.
A part la douleur de mes blessures, je ne ressens rien.
PDV Lucie.
Le portable d'Andrew sonne juste quand nous arrivons dans notre chambre. On se jette un regard questionneur avant qu'il aille répondre, pendant que je commence à me déshabiller pour me changer en mon pyjama.
" Ça c'est bizarre " Andrew remarque avant de porter son portable à son oreille. Je m'arrête et le regarde avec les sourcils froncés alors qu'il parle, me jetant des coups d'oeil de temps à autre.
Son expression passe de surprise à énerver puis inquiet.
" C'est Samuel " il m'informe après avoir raccroché, ce à quoi j'arque un sourcil.
" Qu'est-ce qu'il voulait à cette heure ? Encore un dossier qui manque ? "
" J'aurai préféré que ce soit ça " il soupire en passant une main dans ses cheveux. " Je ne sais pas exactement ce qu'il a fait, mais clairement, il a merdé et il demande à ce que tu ailles voir Jade "
" Quoi ? Ne me dit pas qu'il lui a fait quelque chose ?! "
" Je ne sais pas, tu le connais un peu, monsieur mystérieux " il roule les yeux. " Tout ce qu'il a dit c'est que Jade ne devrait pas rester seule. J'ai comme l'impression qu'il a fait une énorme bêtise, sa voix était étrange... Vaut mieux qu'on l'écoute. "
" Putain je te jure s'il lui a fait quelque chose je vais le séquestrer ! " je grogne tout en remettant mon jean. " Je vais aller la voir, c'est mieux qu'on soit entre filles, mais je t'appelle si c'est vraiment important " j'explique alors qu'il me suit dans le couloir.
" Hum ouais d'accord, appelles moi pour m'informer de son état puis... On verra bien comment les choses se déroulent. "
" D'accord " je murmure et l'embrasse rapidement avant de quitter l'appartement.
" Fais attention ! " je l'entend crier derrière moi, mais les portes de l'ascenseur se referme à cet instant. J'essaye de ne pas penser au pire alors que le silence m'enveloppe.
Mes pas sont pressés en marchant vers ma voiture et en moins de cinq minutes je suis déjà en route, tapant nerveusement mes doigts sur le volant.
Je ne sais pas ce que cet imbécile à pu faire à Jade cette fois, mais s'il nous a appelé pour nous prévenir, et surtout s'il a demandé à ce qu'on la tienne compagnie, je m'imagine le pire.
Je ne veux pas que Jade fasse une bêtise.
Je sais qu'elle a beaucoup souffert, et ce qu'elle a vécus n'est pas facile. La douleur devient parfois si insupportable que toute raison nous échappe. Je ne veux pas ça pour elle.
Même si elle ne veut pas l'accepter elle est une femme forte. Je l'ai compris dès que Andrew m'a parlé d'elle et de sa situation. Mais même les plus fortes personnes ont des moments de faiblesse, et quand ils tombent plusieurs fois de suite, elles deviennent fatiguées. Trop fatiguées.
J'essaye de garder mon calme tout le long du trajet et une fois arrivée devant la villa, je m'empresse de sortir de la voiture et prend une grande inspiration en m'arrêtant devant la porte d'entrée.
Puis je sonne et retiens mon souffle en attendant qu'elle m'ouvre.
Plus elle prend du temps, plus mon inquiétude s'accroît. Je sors mon portable, prête à appeler Andrew et le prévenir, mais je suis soulagée quand j'entend des bruits de l'autre côté de la porte.
Dès que la porte s'ouvre, j'examine le visage de Jade pour des traces de larmes ou autre, mais je suis plutôt accueillis par une expression surprise au départ, puis par un énorme sourire.
" Oh Lucie, quelle bonne surprise ! Entres ! " elle se déplace et ouvre plus largement la porte.
Quelque chose cloche.
Je ne dis rien et entre tout de même à l'intérieur. Elle me demande ensuite ma veste, que j'enlève et lui tend, la regardant l'accrocher au porte-manteau, tout sourire.
" Qu'est-ce qui t'ammènes ? " elle demande ensuite en se retournant vers moi, me faisant signe de la suivre.
" Eh bien... Je suis venus prendre de tes nouvelles " je marmonne alors qu'on arrive au salon.
Elle s'arrête d'un coup, immobile au centre de la pièce. Je suis son regard qui est fixé sur le téléviseur : un dessin-animé.
Elle le fixe avec une expression si ferme et froide, je ne la reconnaît plus. Je la regarde faire quand elle finit par bouger, s'agenouillant devant le meuble télé et sortant le DVD du lecteur. Mes yeux s'écarquillent quand je la vois casser le disque en deux avant de se relever.
" Voilà " elle sourit en se retournant vers moi. " Assieds-toi voyons ! Tu veux boire quelque chose ? "
" Hum... N...Non, ça va aller " je balbutie en m'installant sur un des fauteuils.
" Je vais me prendre un verre, met toi à l'aise " elle m'informe avant de quitter la pièce, les pièces du disque dans sa main.
Je profite qu'elle ne soit pas là pour envoyer un message à Andrew, lui expliquant que je suis arrivée et que je l'appelerai dès que j'ai plus d'informations sur ce qu'il se passe.
Jade revient avec deux verres et une bouteille de vin qu'elle pose sur la table basse avant de s'asseoir à son tour. Sans dire un mot, elle remplie les deux verres et m'en tend un.
" Je ne vais pas boire, merci " je décline et elle hausse les épaules.
Avant qu'elle puisse prendre une gorgée de son verre, elle s'arrête et cette fois-ci son regard se pose au sol. Je suis une fois de plus son regard alors qu'elle se penche et ramasse ce qui me semble être un t-shirt.
Son sourire disparaît une fois de plus alors qu'elle observe le t-shirt, puis le plie nettement et le pose sur le bras du canapé sur lequel elle est assise.
Puis elle reprend son verre, et d'une gorgée, elle en bois quasiment la moitié.
" Alors, comment vas-tu ? " elle demande en me souriant à nouveau.
" Bien... Et toi, tu es sûre que ça va ? "
" Ça va " elle hausse les épaules, détournant son regard qu'elle pose sur son verre. " C'est bien que tu sois venus, je me sentais un peu seule dans cette grande maison "
" J'imagine bien, ouais " je répond en regardant tout autour. C'est la première fois que je vois l'intérieur, et il faut avouer que c'est encore plus grand que ce qu'on peut penser en voyant l'extérieur de la villa.
Elle finit son verre et bois également le mien. Puis un autre verre, et un autre. Au bout d'une demie-heure, la bouteille est déjà terminée et je n'ai pas eu la force de l'arrêter.
Elle n'a pas beaucoup parler, mais là aussi, je ne l'ai pas forcer.
" J'ai la tête qui tourne " elle marmonne, sa tête penchée sur son épaule, son doigt entourant une mèche de cheveux qu'elle fait tourbillonner.
" Je vais t'emmener dans ta chambre, viens "
Je me lève et m'approche d'elle, mais elle me bloque et secoue la tête.
" Unh unh... " elle marmonne. " Pas de chambre... C'est pas bien la chambre... "
J'arque un sourcil mais je sais que dans son état ça va être dure de lui demander de s'expliquer.
" Allonges toi ici alors ? " je propose, tendant une fois de plus ma main vers elle pour l'aider mais elle me bloque à nouveau.
" Unh unh... Pas de toucher... J'ai mal... " elle susurre. Ses yeux sont à demi-ouverts à ce stade et son corps se balance d'un côté à l'autre.
" Tu as mal où Jade ? " je demande avec précaution, restant près d'elle au cas où elle tomberais.
Elle se couche sur le canapé, ses mains sous sa joue, ses jambes repliés.
" Je me suis fais des bobos... " elle marmonne et je sens qu'elle s'assoupit.
Je frotte mes mains sur on visage en attendant qu'elle s'endorme complétement. De quoi parle-t-elle ?
Je ne veux pas croire à ce que je pense...
J'hésite un moment, mais je finis par m'accroupir au sol devant elle. Je suis quasiment sûre qu'elle ne se réveillera pas vu tout l'alcool qu'elle a eu, donc je prend son bras dans ma main et remonte ses manches.
Rien. Je souffle de soulagement.
De quoi parle-t-elle dans ce cas ?
Son pull me retient l'attention. Il fait bien trop chaud pour un col roulé. Je me penche sur elle et déroule son col, comprenant immédiatement à quoi elle faisait référence en parlant de ' bobo '.
Sans plus attendre j'aggripe le bas de son pull et le soulève, le passant par dessus sa tête alors que de petits murmures s'échappent de ses lèvres.
Mon souffle se coupe en voyant les marques le long de son cou et sur sa clavicule. Je ferme les yeux un instant, puis la soulève juste assez pour lui remettre son pull.
Je quitte ensuite le salon tout en composant le numéro d'Andrew, qui me bombarde de questions dès qu'il décroche.
" Elle s'est endormie " je dis simplement, décidant au dernier moment de garder ce que j'ai vu pour moi.
" Est-ce qu'elle va bien ? Elle t'as expliquée ce qu'il s'est passé ? " il demande plus calmement.
" Non, on n'a pas beaucoup parlé. J'ai pensé qu'il serait mieux d'attendre demain pour ça... Je vais rester avec elle ce soir, d'accord ? "
" Ouais, d'accord... Appelles moi si il y a quoique ce soit, et fais attention. Je t'aime "
" Je t'aime " je marmonne avant de raccrocher.
Je passe mes mains dans mes cheveux et retourne au salon, m'accroupissant à nouveau devant Jade.
" J'espère que ça ira mieux ma belle... " je chuchote en la regardant dormir.
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