Chapitre 47

PDV Samuel

"Jade va dehors " j'ordonne sans me retourner, gardant mes yeux sur cet homme qui est censé être mon père.

Sentant sa présence toujours derrière moi, je me retourne d'un geste vif, " j'ai dit va dehors! " je pointe vers la sortie. Elle sursaute, ses yeux s'élargissent avant qu'elle hoche la tête et se retourne. Je la regarde partir, voulant moi-même la mettre dehors tellement elle est lente. Une fois qu'elle disparaît de mon champ de vision, j'attend le bruit de la porte se refermer, puis me retourne encore une fois vers cet homme.

Je m'approche d'un pas, pas le moindre du monde intimidé par sa posture. Il est celui qui devrait être intimidé. Je pointe mon doigt sur son torse et serre ma mâchoire pour ne pas crier. Je l'aurais sûrement fait si ma mère n'était pas là, mais je peux déjà entendre ses sanglots, je ne veux pas aggraver les choses.

" Plus jamais, plus jamais tu lèves ta main sur Jade " je dis entre les dents, " ni Jade, ni ma mère, ni une autre femme! Je te promet de te le faire regretter Edouart Huguet, je te le promet! "

Il ne parle plus maintenant, il ne répond rien. Ce n'est pas Jade qui est en face de lui, bien sûr qu'il va se taire. Cet homme est faible, personne ne le connaît mieux que moi.

Je lui lance un dernier regard avant de me retourner, emmenant au passage ma mère. Elle ne se débat pas, mais elle m'arrête dans le hall d'entrée, essuyant rapidement ses joues. Et comme d'habitude, elle me fait ce sourire. Elle ne sait pas que ce sourire me fait encore plus mal que ses larmes.

" Viens avec moi " je la supplie quasiment, sachant pertinemment qu'elle ne va pas le faire.

Elle secoue la tête, me prouvant que j'ai raison, avant d'amener sa main à ma joue pour la caresser délicatement, " va t'occuper de ta femme " elle sourit.

Je ferme mes yeux en soupirant, " pourquoi maman? Viens avec moi, s'il te plaît "

" Tu sais pourquoi Samuel. Aller, va rejoindre ta femme, elle a besoin de toi maintenant "
" Elle n'a pas besoin de moi, comme tu n'as pas besoin de cet homme " je rétorque presque instantanément.

" On en a déjà parlé Sam, je t'ai expliqué. Maintenant vas-y " elle sourit encore, m'accompagnant jusqu'à la porte.

Ma main sur la poignée de porte, je soupire et me retourne vers elle une dernière fois. " Tu m'appeles si... "

" Oui " elle hoche la tête.

Je réciproque le geste et ouvre finalement la porte. Jade se tient au pas de celui-ci, droite, la tête haute, regardant dans le vide. Son expression est neutre, et je suis même surpris de voir qu'elle ne pleure pas. Parce qu'il faut avouer qu'elle pleure très souvent.

Il y a des gens comme ça, tellement sentimental, pleurant à tous. Pas seulement à leur peine, mais à la souffrance des autres aussi. Il y a des gens comme ça, qui ne peuvent s'exprimer, et qui trouvent le remède dans les larmes.

PDV Jade.

Les phalanges de Samuel deviennent quasiment blanches alors qu'il sert fermement le volant. Je viens tout juste de lui raconter ce que son père a fait, et je ne l'avais pas vu si énerver que ça jusqu'à maintenant. Il fulmine, littéralement.

Je détourne mon regard de lui et pose ma tête contre la vitre. On est toujours dans le garage, il m'a demandé de lui expliquer pourquoi je suis arrivée comme ça à la villa, et n'a pas voulu démarrer jusqu'à que je lui dise. Je n'avais pas l'intention de lui cacher ça, je ne voulais simplement pas en parler maintenant. Mais têtue comme il est, il a réussi à me faire parler.

Un moment plus tard je l'entend souffler et je tourne la tête vers lui, le voyant passer ses mains sur son visage plusieurs fois, puis dans ses cheveux, les repoussant vers l'arrière. Soudain, il frappe le volant en grognant, me faisant sursauter. Puis il démarre la voiture et quitte rapidement le garage, ses joues rouge de colère et sa mâchoire - encore - crispée.

J'aimerai lui dire quelque chose pour le calmer, mais je suis tout autant bouleversé par cette nouvelle que lui - surtout après ce qui vient de se passer avec Edouart. Il est peut-être plus blessé que moi, sachant que c'est son propre père qui a fait ça, mais c'est nos vies qui ont été affectées. Le sien et le mien.

" Je t'emmène où? " il demande d'un ton froid après quelques minutes de route.

Je ne sais pas encore quoi faire avec mon père, maintenant que je sais que ce n'était - quasiment - pas de sa faute, du moins pas de sa propre volonté. Mais je ne suis pas prête à le pardonner je pense, j'ai besoin d'un peu de temps pour digérer tout ça et me reprendre. Peut-être que je peux aller chez mon frère, ça fait un bout de temps que je ne l'ai pas vu aussi.

" Chez mon frère? " je propose, arquant un sourcil même s'il ne regarde pas dans ma direction. Il hoche la tête, et le reste du trajet se fait dans un silence complet.

Les voix dans ma tête, les phrases répétées, compensent ce silence.

Une fois arrivés devant l'immeuble où habite mon frère et sa famille, on lâche tout les deux un soupir. Je détache lentement ma ceinture mais reste assise dans la voiture encore un peu. Je ne sais pas exactement ce que j'attend, un geste ou une parole de Samuel peut-être. Et quelques minutes plus tard, il sort finalement de la voiture.

Je le suis, fermant la portière derrière moi et avançant vers l'avant de la voiture. Sam s'avance vers moi, les mains enfoncés dans les poches de son jean, puis, en me regardant droit dans les yeux, il prend enfin la parole.

" Je m'excuse pour tout à l'heure, il n'avait pas à lever sa main comme ça " je hoche la tête, puis il continue, " saches que... même si je ne t'aime pas, même si je ne te considères pas comme ma femme... je ne le laisserais tout de même pas te faire du mal. Ni lui, ni quelqu'un d'autre d'ailleurs. D'accord? "

" Ouais... "

Il hoche la tête, je fais de même, et on reste en silence, l'un en face de l'autre. Et ce jusqu'à que la voix de mon frère nous fassent retourner vers lui.

Je l'aperçois un peu plus loin sur le parking, nous faisant un signe de main avant d'aller ouvrir la portière arrière de sa voiture. Du coin de l'oeil, je vois Samuel passer une main sur sa nuque, alors que Maria apparaît dans les bras de mon frère. Ce dernier vient vers nous avec un petit sourire, un peu méfiant dirais-je.

" Bonjour vous deux " il nous salut, s'abaissant pour déposer Maria au sol avant qu'elle court vers moi.

" Tata! " elle lâche un cri de joie en sautant dans mes bras, entourant rapidement les siennes autour de mon cou. Je ricane en perdant quasiment l'équilibre puis me reprend, l'enveloppant à mon tour de mes bras.

J'entend Sam et Matt discuter mais je n'y prête pas beaucoup d'attention alors que Maria commence à jouer avec mes cheveux. Comme d'habitude. Elle se penche ensuite vers mon oreille et la couvre de ses petites mains pour dissimuler encore plus son chuchotement.

" On a acheté le cadeau à maman " son chuchotement est suivit de son petit rire enfantin.

J'écarquille mes yeux, semblant émerveillée par la nouvelle que je viens d'apprendre. " Je pourrais savoir ce que s'est? "

Elle tourne la tête vers son père puis vers moi, hésitant. " Papa a dit que c'est un secret, tu sais garder les secrets? "

" Bien sûr que je sais! " je m'exclame, lui offrant mon plus grand sourire.

Elle refait le même geste que tout à l'heure et couvre mon oreille avant d'y chuchoter, " c'est un collier, et il y a le nom de papa et de moi dessus "

" Oh c'est vraiment mignon ça! " je m'exclame encore, avant qu'elle plaque sa petite main sur ma bouche.

Elle pose son index sur ses lèvres, " chut, c'est un secret "

" D'accord " je ricane, enlevant sa main.

Je me retourne ensuite vers les deux hommes qui ont arrêté de discuter. Une expression neutre, même ennuyé apparaît sur le visage de Samuel, alors que Matt nous regarde en souriant.

" Allons-y " il prend Maria de mes bras et la dépose au sol, lui prenant la main. Je suis surprise de voir que Samuel nous suit jusqu'à l'immeuble, j'avais pensé qu'il allait me déposer et partir. Ça ne me dérange pas qu'il vienne, au contraire, je ne voudrais pas qu'il aille confronter son père, surtout en étant encore énervé.

Mon frère nous invite à l'intérieur puis au salon, nous informant que Eloïse viendra un peu plus tard, étant à un entretien de travail. Je jette un regard interrogatif à mon frère mais il hausse les épaules, ne voulant sûrement pas en parler tout de suite.

Depuis la naissance de Maria, Eloïse était une femme au foyer. Elle avait insisté longtemps pour travailler, voulant aider mon frère, mais celui-ci avait refusé. Il disait qu'elle ferait mieux de s'occuper de sa fille, qu'il ne faisait pas confiance à une babysitter. Je suppose donc que Maria est arrivée à un âge où elle n'a plus besoin de babysitter.

Maria revient dans le salon en courant, s'installant sur mes genoux. Elle se penche à mon oreille, " j'ai caché le cadeau " elle chuchote avant de me faire son fameux sourire enfantin.

" C'est pour quoi au fait? " je demande finalement, prenant conscience que je ne l'ai pas demandé jusqu'à maintenant.

" Pour être la meilleure femme et maman au monde! " elle s'exclame comme si c'était évident.

" Hmm d'accord " je hoche la tête, notant dans ma tête que je vais devoir parler avec mon frère tôt ou tard.

Maria se penche sur moi une fois de plus, non sans jeter des petits coups d'oeil de l'autre côté, où sont assis son père et Samuel. Ils sont en train de discuter, mais je peux deviner par leurs expressions faciales que ce n'est pas très joyeux.

" C'est qui lui? " murmure Maria, me montrant Sam d'un signe de tête.

Je le regarde un moment, me perdant dans mes pensées, songeant à comment le présenter. Il y a juste une dizaine de minutes il m'a dit qu'il ne me voyait pas comme sa femme, et là, je me retrouve à dire le contraire. " C'est mon mari, il s'appelle Samuel. Tu vas te présenter? " je souris.

Ses yeux s'élargissent et elle sourit, " c'est lui? " elle demande comme si elle ne pouvait pas le croire, puis saute de mes genoux dès que je hoche la tête, lui confirmant que Sam est bien mon mari.

Sur papier. Pour un an.

" Bonjour " Maria sourit une fois placée devant Sam, coupant sa parole en même temps, " je m'appelle Maria "

" Maria, tu ne coupes pas la parole aux gens bébé, c'est impoli " mon frère la réprimande gentiment avant qu'elle hoche la tête, compréhensive.

Je fronce les sourcils en observant Samuel. Il semble pris au dépourvu par la présentation soudaine de Maria, toussant quelques fois et passant sa main sur sa nuque d'un geste - je devine - nerveux.

" Euhm... ouais, salut Maria " il dit finalement. Son ton n'est pas doux, il est ferme, presque froid. Maria me jette un coup d'oeil, s'attendant sûrement à une approche plus douce de la part de Samuel, comme le fait la plupart des gens avec qui elle interagit. Je lui fait signe de revenir vers moi, ce qu'elle fait rapidement, s'installant encore une fois sur mes genoux.

" Il ressemble à grincheux dans Blanche-Neige " elle déclare doucement, jouant avec mes cheveux, " et toi tu es Blanche-Neige! " elle s'exclame ensuite, un peu plus excitée.

" C'est ça " je souris, la laissant faire ce qu'elle veut avec mes cheveux alors que j'essaye de comprendre le comportement de Samuel.

Puis quelques minutes plus tard je cède. J'avais dit que je ne vais plus me forcer à le comprendre, donc je ne vais pas le faire. Et, de toute façon, après tout ce qui s'est passé aujourd'hui, je ne veux pas ajouter d'autre problème.

Son père allait me frapper. C'est tellement... Inimaginable. Qui est-il? Qui lui a donné ce droit? Pour qui me prend-t-il?

Oui, je peux être sensible, je peux être faible, je peux pleurer tous les jours, je peux être silencieuse, timide, réservée; mais je ne le laisserai jamais me faire ça. Ni lui, ni quelqu'un d'autre.

Mon père l'a fait beaucoup de fois cette dernière année, mais maintenant je ne le laisserai pas faire quelque chose comme ça aussi. Je ne laisserais personne me toucher de cette façon.

Du moins, si j'arrive à réagir. Parce qu'il faut avouer que si Samuel ne m'avait pas tiré en arrière pour se placer devant moi, je serais toujours sous le choque et j'aurai déjà reçus la claque.

Maria commence à me raconter quelques anecdotes, me faisant rire. Non pas parce que ce qu'elle dit est marrant, seulement parce que son rire est contagieux. Ce petit rire enfantin, ses petits yeux bleu qui se plissent et son nez qui se tord; ce sont les raisons pour quoi je ris pendant de longues minutes.

Je peux voir Sam me jeter des coups d'oeil, mais je n'y fait pas attention.

Un instant plus tard elle redescend de sur mes genoux et court vers son père, montant sur ses genoux cette fois-ci. Elle se penche vers son oreille et chuchote des choses alors que je les regarde. Et Sam les regarde.

Et alors que Matt et Maria parlent et rient pendant un moment, j'observe le comportement de Sam. L'homme qui, tout à l'heure, était froid face à une petite fille, maintenant la regarde avec... envie? Ses traits faciaux sont beaucoup plus amadoués, je peux même voir un petit sourire se former... Jusqu'à que Maria lâche un rire fort. Il ferme alors les yeux et les ré-ouvre seulement quand il est debout.

" Je... Je vais y aller " il soupire.

Je me lève aussi alors que Matt dépose Maria au sol pour se lever à son tour. " Je pensais que tu restais pour le dîner " il fronce les sourcils.

" Hum... Ouais... Je - Je viens de me rappeler que j'avais quelque chose à faire donc... Il faudrait mieux que j'y aille. " il explique. Mon frère a l'air de le croire, même si ses sourcils sont toujours froncés, mais moi je ne le crois pas. Samuel ne bégaie jamais. Il y a forcément quelque chose, et comme toujours, je ne sais rien.

Et sans m'adresser un mot ou un regard, il salut mon frère et quitte l'appartement.

* * *

" Qu'est-ce qu'il se passe avec Eloïse? " je demande en baissant la voix, m'assurant que seul mon frère puisse m'entendre. Il soupire lâchant l'éponge de ses mains et essuie ses mains avant de se retourner complétement vers moi. Je place l'assiette que j'avais dans mes mains dans le lave-vaisselle pour donner toute mon attention à lui.

" On s'est disputé " il murmure. Oh. Je comprend mieux. Et je peux même deviné que mon frère est allé trop loin, ce qui explique pourquoi il a acheté un collier, pourquoi il a préparé le dînner, pourquoi il a débarassé la table, et pourquoi, maintenant, je l'aide à ranger la vaisselle. " J'ai dit des choses tellement absurde, je ne sais même pas ce qui m'a prit. J'étais juste fatigué tu sais, puis elle a ouvert le sujet du travail encore une fois et j'ai pas réfléchit avant de parler "

" Tu l'as sous-estimée? " je suppose.

" On peut dire ça comme ça " il soupire, " mais elle m'a bien remis à ma place. J'espère juste qu'elle va me pardonner après cette soirée parce que franchement, le silence c'est la pire punition qu'elle puisse me donner "

Je ris légèrement en secouant la tête, avant de lui frotter l'avant-bras de haut en bas, " elle va te pardonner, j'en suis sûre " je souris.

Il me retourne le sourire et nous continuons notre travail pendant encore une dizaine de minutes. La cuisine rangée et propre, on retourne tout les deux au salon, où Eloïse semble concentrer sur quelque chose qu'elle lit sur son ordinateur qu'elle a posé sur ses genoux, et Maria dessine sur son cahier de dessin.

" Maria " mon frère l'appele et elle relève immédiatement la tête, " c'est le moment " il fait un clin d'oeil.

Elle saute sur ses pieds et sort du salon en courant alors qu'Eloïse nous jette un coup d'oeil avant de se concentrer à nouveau sur ce qu'elle lit.

Matt râcle sa gorge quelque fois quand Maria arrive et se tient à côté de lui. Je me décale un peu sur le côté et les observe en souriant.

" Ma femme c'est la plus belle " déclare Matt, tourné vers sa fille, les deux de profil à Eloïse.

" Ma maman c'est la plus forte " continue Maria.

" Ma femme c'est la plus intelligente "

" Ma maman c'est la plus marrante "

" Ma femme est la meilleure des épouses "

" Ma maman est la meilleure des mamans "

" Ma femme est - "

" Arrêtez " les coupe Eloïse en riant, fermant son ordinateur pour le déposer à côté d'elle. " C'est quoi ce cirque? " elle demande ensuite, un sourire sur les lèvres.

" Veux-tu me pardonner? " demande directement Matt, passant sa main sur sa nuque.

" As-tu compris ton erreur? " elle arque un sourcil et mon frère s'empresse de hocher la tête.

Puis tout le monde sourit , se serrant l'un dans les bras de l'autre. Je les regarde presque avec émerveillement alors que Maria montre les inscriptions sur le collier que Matt a passé autour du cou de sa femme. Je me sens un peu étrangère, comme si je n'étais pas à ma place, comme si je ne faisais pas partie de cette famille.

Dans un sens, oui, je ne fais pas partie de cette famille.

" Bon Maria, tu vas dodo maintenant " Matt la prend dans ses bras avant qu'elle ne commence à protester.

" Mais papa! C'est pas juste! " je l'entend dire alors qu'ils s'éloignent dans le couloir, me laissant seule avec Eloïse.

Elle montre la place à côté d'elle, m'invitant à m'y installer.

" Tout va bien? " elle demande dès que je suis près d'elle.

Je considère un moment ce que je vais dire, conclus dans ma tête que rien ne va bien, mais souris tout de même.

" Tout va bien " je hoche la tête.

Elle arque un sourcil, comme si elle ne me croyait pas, mais sans qu'elle puisse ajouter quelque chose d'autre Matt revient dans le salon.

" Samuel va venir te chercher ou tu veux que je te raccompagne? " il demande en s'installant de l'autre côté de sa femme, passant un bras sur ses épaules.

Prise au dépourvu, je bégaie et les informe que je vais appeler Samuel pour savoir. Je n'avais pas pensé à ça. Samuel est partit sans rien me dire, donc je ne sais pas quoi faire exactement.

Si je demande à mon frère de m'heberger pour cette nuit, il va demander la raison. Et je ne veux pas lui dire ce qui s'est passé à la villa, parce que je sais qu'il sera encore plus furieux que Samuel et que je ne pourrais empêcher ses prochaines actions. Je ne peux donc pas rester ici.

Je ne veux pas retourner à la villa, ni aller chez mon père.

La seule chose qu'il me reste à faire c'est appeler Sam et lui en parler.

" Allô? " une voix féminine répond à l'autre bout du fil.

Je fronce les sourcils, " hum, j'avais appelé Samuel, est-il là? "

" Ah, Samuel... Vous êtes? "

" Je... " sans que je puisse continuer la ligne se coupe. Puis quelques secondes plus tard Sam m'appelle et je porte à nouveau le portable à mon oreille.

" Jade? " il demande.

" Hum Sam je... " je perd mes mots, n'ayant pas encore digéré que ça soit une femme qui réponde à sa place, " je ne peux pas rester chez mon frère " je soupire finalement.

La ligne est silencieuse un instant, avant que je l'entende soupirer, puis une porte claquer. " J'arrive " il m'informe et raccroche sans attendre ma réponse.

J'aurais aimé ne pas l'avoir appelé, j'aurais aimé ne pas avoir entendu cette fille, j'aurais aimé ne pas savoir. Je me plains de ne rien savoir, mais j'aurais pu ne pas savoir ça aussi. J'aurais pu vivre sans le savoir aussi.

Pourquoi, à chaque fois qu'il n'est pas autour de moi, il est avec une autre femme?

C'est même plus blessant, ça devient frustrant au bout d'un moment.

" J'y vais, Sam vient me chercher " j'informe le couple et après les avoir saluer je sors de l'appartement. Je pense qu'ils voulaient passer leur soirée ensemble de toute façon. En amoureux.

C'est triste de dire que je ne vivrais jamais ça...

Après quelques minutes d'attente devant l'immeuble, j'aperçois enfin la voiture de Samuel se garer. Je m'installe à l'intérieur sans trop m'attarder, et attache ma ceinture sans un mot. Je ne le regarde pas, je ne lui parle pas, et il se remet en route en silence.

J'ai envie d'être fachée, de lui crier dessus, mais je ne peux pas. Parce qu'il ne m'aime pas, parce qu'il ne me voit pas comme sa femme. Et c'est pareil de mon côté. Alors je n'ai pas le droit de me fâcher.

Au bout d'un moment je ressors de mes pensées et regarde les alentours en fronçant les sourcils. Je ne lui ai pas demandé où on allait, mais vu la route qu'il a prit je ne vais pas pouvoir deviner. Peut-être qu'il m'emmène encore à la falaise. Ce serait bien en fait, j'ai besoin de me défouler un peu. J'ai besoin de crier.

" Tu étais avec une fille " je lâche, ne prenant pas la peine de réféchir une deuxième fois avant de parler.

" Mhh " il marmonne après un moment de silence.

Je laisse échapper un soupir mais ne dit rien d'autre. Il utilise déjà toutes les opportunités pour me dire qu'il ne m'aime pas, je ne vais pas lui donner une autre opportunité moi-même. Parce que je sais déjà que si je lui demande pourquoi il était avec cette fille, il va me répondre que ça ne me dérange pas, que de toute façon il ne m'aime pas et qu'il ne me voit pas comme sa femme. J'y suis habituée maintenant, ses mots peuvent blesser mais ne me surprennent plus.

" Voilà " il soupire, arrêtant la voiture. Sans que je puisse lui poser une question, il sort de la voiture et je le suis. Je n'arrive toujours pas à reconnaître les lieux vu qu'il fait nuit, mais je sais qu'on est pas à la falaise.

" Où on est? " je demande une fois près de lui.

" Je vais t'expliquer, viens " il répond sans me regarder, et commence à marcher.

Je le suis sans parler, regardant aux alentours. On marche sur un petit chemin donnant sur un jardin avant d'arriver en face d'une maison, ou plutôt d'une villa. Samuel ouvre la porte et les lumières à l'entrée avant de m'inviter. Les sourcils froncés, je rentre à l'intérieur.

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