Chapitre 4

Mon coeur battait de plus en plus vite. Je regrettais mon choix. Mais impossible de faire marche arrière. Jim avait déjà une certaine emprise sur moi.
- Athéna, je compte faire un groupe de rebelles au sein même du clan des Cyterio. Me rejoindrais-tu?

Je fis marche arrière et allai vers la porte. Mais celle-ci se referma brusquement.
- Tu n'as pas l'air de comprendre petite. Tu n'as pas vraiment le choix. Des rumeurs circulent à propos du manque d'autorité de notre clan chez les autres. Nous ne pouvons pas paraître faible. Il est temps de renverser la donne!

Je serrai les poings, me sentant trop faible pour gérer la situation. En même temps, avec mon mètre vingt, il m'était impossible de le contrer.
- Tu oublies que c'est mon père qui est à la tête de ce clan...
- Ton père? répéta-t-il en s'esclaffant. Tu ne viens pas d'ici gamine, comme la plupart d'entre nous. Nous avons été retirés de nos clans respectifs pour en former un plus puissant. Mais saches que je me servirais de ce lien d'adoption pour renverser la situation!

Je restai silencieuse. À quoi bon me battre contre lui? Il me suffisait juste de connaître ses intentions.

- Je compte faire de ce clan, le plus faible qui soit!
- Avec moi à la tête? Ce serait me sous-estimer!

Il se leva de sa place et fit des allers retours jusqu'à qu'il s'assied sur son bureau.
- Athéna, mon but est de faire revenir la justice! En rendant le clan des Cyterio faible, on donne une opportunité aux autres d'avoir leurs mots à dire.
- Oui, peut-être. Mais une chose me dit qu'il sera difficile pour nous de gérer cette situation! Il ne faut pas oublier que les autres ont fait des pactes avec les démons.
- C'est ce qu'on apprend aux gamins de ton âge pour qu'ils grandissent avec une haine qui leur est adressée. De cette façon, il est plus facile de tuer des innocents.
- Comment ça? demandai-je pour être sûre d'avoir compris le message.
- Par exemple, tout à l'heure. Il te semblait normal d'éliminer le clan des Zecrof: ils sont maléfiques à tes yeux. De plus, ils te paraissaient arrogants, ils étaient sales... Que des mauvaises pensées. Tu me suis?

J'hochai la tête, m'attendant au pire.

- De toutes les façons, poursuivit-il, les pensées que tu as eu à ce moment-là sont nées dans notre académie. Rien de plus simple. C'est ce que nous vous avons appris qui vous ont poussés à avoir de telles pensées, donc à agir comme vous l'avez fait, en massacrant tout dans votre passage.

Il croisa ses bras, tout en marquant une pause. Il savait que j'avais besoin de temps pour encaisser. Dès que j'hochai la tête pour lui faire signe de continuer, il poursuivit son explication.

- Maintenant, essaye de te remémorer les paroles du prêtre... Il parlait de maladies, de souffrances, de famines, du manque de médicaments, de pillages. Ce n'est que la stricte vérité.
- Vas droit au but, s'il te plait! m'impatientai-je, les larmes aux yeux.
- Tu ne comprends toujours pas? Dans toute cette histoire, nous sommes les criminels. Nous nous servons de notre puissance pour tout nous permettre : vol, meurtre, kidnapping, bizutage... Parce que nous avons le pouvoir, nous pouvons tout faire. Les autres n'ont aucun droit!

Je fondis en larmes. Nous ne pouvions pas être comme ça. C'était impossible... Nous ne faisions que remettre les choses en ordre pour que les règles soient respectées. Ainsi, nous pouvions vivre en harmonie.

- Steven me rejoindra! continua Jim, en me regardant de travers - c'est vrai, pleurer était un signe de faiblesse. Et toi... À toi de voir, si tu veux rester chez ces personnes injustes ou si tu veux te joindre à nous. Tu peux disposer.

Je courus vers la maison où je vivais, le coeur rempli de doutes. Je gardais espoir sur le fait qu'il ait tort. Mais au fond de moi, je savais qu'il y avait une part de vérité dans ses paroles.

Lorsque j'arrivai sur la terrasse, je vis par la fenêtre celui que j'appelais père, devant une table de nourriture qui lui était destiné. Je m'approchai de la vitre pour le voir de plus près. Il était devant de la bonne nourriture, en très grande quantité. Il mangea à peine une bouchée d'une assiette parmi les dix qui étaient présentes devant lui, et s'essuya la bouche, prétendant qu'il n'avait plus faim. Des esclaves du clan Zecrof vinrent ramasser les restes, mais elles furent de suite mises en gardes. Aucunes d'elles n'avaient le droit de manger sa nourriture sous peine d'être exécutées. Il se tourna vers la fenêtre et me vit. J'avais la main plaquée contre la vitre, les larmes aux yeux. Il s'approcha, le sourire aux lèvres. Je pensais qu'il déposerait sa main à l'emplacement de la mienne, mais son air devint grave. Il finit par tirer le rideau.

Ma dernière lueur d'espoir avait disparu brusquement. Père n'avait pas le droit de me la faire perdre comme ça. Je ne devais pas le détester subitement pour avoir réagi de la sorte. Je ne pouvais qu'espérer que ce soit un mauvais cauchemar...

Le lendemain, le groupe de rebelles comptaient neuf personnes, et bientôt dix avec moi. Nous étions tous issus d'autres clans. La majorité était adulte. Seuls Steven et moi n'avions pas encore dix ans. Et ils me respectaient tous malgré mon jeune âge. Après tout, j'étais l'enfant du livre.

Nous ne faisions rien d'imprudents. Il fallait rester discret. Alors que tout se passait bien, Hector arriva en criant:
- Le livre! Il a disparu!!!
- Comment? s'étonna le chef des Cyterio.
- Nebris n'est plus à son emplacement! expliqua-t-il.

À ces mots, tout le monde courut vers le temple qui se situait à côté de l'académie. C'était là où siégeait le trône de père, aussi. Nous nous tenions tous à l'intérieur sous le choc. Le livre Nebris avait bel et bien disparu.

- C'est notre chance! s'écria Jim dans le repère des rebelles.
Les autres n'avaient pas vraiment l'air de comprendre.
- Le chef n'est pas assez fou pour avouer qu'il a en sa possession la fille du livre. Par contre, il est craint parce qu'il détient Nebris. Du moins, il le détenait!

Je compris alors qu'il était temps pour nous d'agir.

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