Chapitre 3

Je restai pensive un long moment. Cette personne était le fruit de mon imagination ou bien elle existait vraiment?

Je rejoignis le reste du groupe en trainant les pieds. Je n'avais pas fait attention à ces corps inertes qui se trouvaient autour de moi. Je me retournai encore une fois et remarquai qu'une variété de fruits était au sol - certains ne ressemblaient plus à rien. L'endroit était plus morbide qu'à notre arrivée. Nous avions ajouté à leur pauvreté un bon nombre de morts. Le sang était étalé partout dans ce petit village.

Une main osseuse attrapa ma cheville, et je me retins de pousser un cri. Son visage comportait des traces de boue et de terre. Je grimaçai à l'idée de savoir qu'un être hideux se permettait de me toucher.
- Aidez moi, par pitié! Sauvez moi!
J'étais dans l'incapacité de dire si cet individu était un homme ou une femme. Je m'accroupis pour le voir de plus près, mais rien à faire. Je ramassai alors un bâton qui était à proximité pour dégager sa main. Son visage qui s'était illuminé peu de temps auparavant perdait toute sa lueur. Je ne l'aidais pas, je le repoussais. Cette réalité le mit dans une colère noire. Il attrapa ma gorge... Ah non, ses mains étaient en face de moi, alors... C'était une ombre!
- Athéna! hurla Jim.
La personne que je n'avais pas secouru se releva en souriant. Elle paraissait moins faible que je ne le pensais. Et il semblerait que c'était un homme.
- Combien de temps vas-tu tenir? demanda-t-il amusé.
Il souleva lentement son bras gauche, la paume vers le ciel; mon corps se décollait du sol à la même vitesse. Il resserra alors son poing en prenant tout son temps; l'ombre resserra son étreint à la même vitesse. Je balançais mes pieds comme si cela allait m'aider à me libérer, et je tentais d'attraper cette ombre mais rien à faire.
- Et si on jouait à un jeu? On va voir qui va tenir le plus longtemps!
Il attrapa la plus jeune d'entre nous - Mia qui était seulement âgée de quatre ans - en employant sa technique des ombres. Elle tremblait comme une petite feuille avant même qu'elle se fasse attraper. Mais je ne comprenait pas pourquoi personne ne réagissait.
- Battez-vous! cria Hector.
Je compris qu'il ne pouvait plus bouger, ainsi que tous les autres membres du groupe. On se faisait battre pitoyablement, nous qui étions supposés régner sur les autres.

La petite Mia était au bout de ses forces. Ses bras retombèrent le long de son corps. Même si nous ne nous étions jamais vraiment parlé, j'éprouvais une haine envers l'homme qui la faisait du mal. Une haine profonde et incontrôlée. Il allait mourir. J'essayais d'inspirer mais il était impossible pour moi de respirer.
Peu importait, il fallait que je le batte. Je laissai mes bras retomber tout en tournant les paumes de mes mains vers l'arrière, pour établir des signes sans qu'il ne s'en rende compte. Avec ma main droite, je fis apparaitre de l'eau qui me recouvra entièrement et de ma main gauche, je fis apparaître mon clone juste derrière lui.
- Tu t'es fait avoir comme un débutant! T'en prendre à mon clone comme ça! s'exclaffa celui-ci de manière provocatrice.
Il se retourna sous le choc et annula sa technique des ombres en se retournant. Je retombais en douceur et fis léviter la petite à l'aide du vent. J'en profitais pour récupérer mon souffle en étant le plus discrète possible et envoya Mia vers les autres. Pendant que l'homme était occupé à essayer de battre mon clone, je chargeais d'électricité les armes métalliques récoltées chez les Nefercla. Alors que mon autre moi disparut, l'homme m'avait vu venir et me propulsa avec sa technique des ombres. Je me rattrapai à l'aide du vent qui me servit de ressort et envoyai les armes chargées ainsi que des copies de ses armes que j'avais créées en reproduisant les mêmes signes que précédemment de ma main droite. L'homme évita toutes les fausses mais pas les vraies. Il se prit alors des décharges dans le coeur et dans le cerveau et tomba raide mort.
Tout le monde me regarda stupéfait. Comment une élève moyenne avait réussi à mettre à bout un homme plus ou moins puissant à elle toute seule?
Jim ne paraissait pas si étonné que ça. Il semblait même embêté par la situation. Il souleva Mia qui récupéra peu à peu ses esprits. Lorsqu'elle se rendit compte qu'elle était dans les bras de Jim, elle se mit à trembler. Elle se tourna vers Hector et comprit qu'il n'allait pas la laisser passer tranquillement.
Ses yeux étaient remplis de larmes. Elle se retenait pour ne pas pleurer, car cela était un signe de faiblesse. Jim le remarqua. Il plaça sa tête contre son torse pour que personne d'autre la voit dans cette situation embarrassante. Il caressa l'arrière de sa tête en la réconfortant. En voyant cette scène, je ne savais pas quoi penser de cet homme. Il apparaissait tantôt monstrueux, et tantôt en humain ayant un coeur. Lorsque son regard croisa le mien, je rougis et regardai autre part. Je me rendis compte que je l'observais avec insistance, ce qui me mit encore plus mal à l'aise.
- Viens me voir dans mon bureau quand on arrivera! Et immédiatement! Si Hector veut te parler, évite-le jusqu'à ce qu'on ait parlé, d'accord!? m'ordonna soudainement Jim en me foudroyant du regard.
Je hochai la tête positivement et rejoignis mes camarades qui me laissèrent une place à leur côté.
- Tu es très forte! commença timidement Cléa.
- Ah, euh... merci, répondis-je timidement.
- Tu t'attendais à quoi venant de l'enfant cité dans le livre? intervint Maxime, un jeune garçon de sept ans, blond aux yeux bleus.
- Max, tais-toi un peu! soupira Zoé, la meilleure amie de Cléa. Pourquoi tu n'as pas montré tes capacités en cours?
Je baissai les yeux, réfléchissant à une réponse adéquate.
- Je ne voulais pas être le centre d'attention, comme maintenant, avouai-je.
C'était une demi-vérité car je savais qu'en montrant mes pouvoirs, j'aurais été utilisée à mauvais escient.
- Bien sûr! dit Zoé avec ironie. Tu étais déjà le centre d'attention en étant l'enfant du livre.
- Peut-être, mais ça n'empêchait pas le fait qu'il y avait des doutes sur mes origines. Et si on parlait d'autres choses? proposai-je avec un sourire forcé.
- Mouais, acquiesça Maxime l'air pas très enjoué. Vous avez trouvé quelque chose d'intéressant lors de l'inspection?
- Je sais pas, avoua Cléa. Mais j'ai trouvé amusant le moment où Stev' a perdu sa maman et a commencé à pleurer en s'agenouillant.
Sous la colère, celui-ci se métamorphosa en cette bête sauvage qui avait décimé les enfants du clan maudit des ombres. Il n'eut même pas le temps de réagir que Cléa avait déjà reçu sa punition. Je l'avais giflée. Tout le monde s'était tournée vers nous.
- Je...
- Comment peux-tu dire ça sans gêne? m'écriai-je énervée. D'où tu prends ces airs supérieurs en plus? Tu n'as pas de coeur!!!
À chaque remarque que je lui faisais, je la poussais en arrière, jusqu'à ce qu'elle soit piégée à cause d'un arbre. Steven reprit sa forme humaine et resta silencieux. Il continua sa route comme si rien ne s'était passé et je fis de même.

***

Je croisai mes bras sans perdre mon sang-froid. Je devais lui tenir tête encore plus longtemps. Je lui avais promis de garder le silence.
- Tu ne me réponds pas? s'écria Hector agacé. Cette technique! Où tu l'as apprise?

Ce n'était pas la première fois qu'il me la posait celle-là. Et je peux avouer que ça m'énervait. Finalement, je décidai de ne plus garder le silence.

- Pourquoi me criez-vous dessus? Ce n'est pas cette technique qui vous a sauvés? demandai-je en arquant un sourcil. Si je ne l'aurais pas utilisé, je doute que vous vous tiendrez là avec cet air arrogant.
- Pardon!?
- Donc si vous le permettez!
Je m'en allai en soupirant de soulagement. J'espérais vraiment avoir fait le bon choix en lui manquant de respect.

Jim avait tout prévu: Hector m'avait mise dans son collimateur depuis l'incident et il cherchait à me protéger de cet homme. Il avait demandé à me voir pour qu'il m'apprenne plus sur le système des Cyterio. J'arrivai dans son bureau peu de temps après et me rendit compte que Jim portait son turban à carreaux noirs et blancs sur la tête. Il était tranquillement posé sur sa chaise, les pieds sur sa table. Il avait les yeux - ils étaient d'une couleur magnifique : un mélange de bleu et de gris - rivés vers le plafond. Dès qu'il me vit, il se redressa et me sourit tout en disant : "Athéna, tu as fait le bon choix!"

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