Chapitre 97

« Et puis enfin, je respire », Auteur inconnu

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Hier, Gabin a passé tout le reste de la journée avec moi et nous sommes restés enfermés dans ma chambre. Après qu'AR soit partie, lorsque mes larmes ont cessés de couler, je n'ai plus pleuré. Pas que l'envie m'en manquait, mais mon état physique m'en empêchait : j'avais très mal aux yeux, et aux environs de 16 heures, Gabin m'avait apporté sur un plateau des cachets « pour ma jambe » il a dit. Mais trente minutes plus tard je me suis endormie et ce n'est qu'aux alentours de 3 heures du matin que je me suis réveillée. J'en conclus donc qu'il n'y avait pas que des antidouleurs parmi les comprimés.

Je lui en suis néanmoins reconnaissante car si il n'avait pas fais ça, je ne crois pas que j'aurais pu fermer l'œil de la nuit. Puisque, lorsque je me réveille au petit matin, il est impossible de me rendormir. Tout semble s'écrouler.

Lau est morte.

Je presse fortement les paupières de douleur, de colère. Mais Beaucoup plus de colère que de peine. Je suis en colère contre AR pour avoir formulé la phrase dont je n'osais même pas imaginé le début, car ça aurait rendu concret tout ce qui se passait pour moi. Etrangement ce flou dans lequel je semblais nagée à mon réveil semble n'avoir jamais existé.

Ma tête me fait tellement mal que j'ai l'impression qu'elle va exploser. Bien entendu, ce n'est pas le moins du monde étonnant, vu le nombre d'heures que j'ai passé à pleurer. Et je sais que ce n'est pas terminé. La preuve se trouve dans le fait que j'en ai envie, mais je n'y arrive pas. N'importe où mon regard se pose, l'écho de la voix de Lau ou alors l'effluve de son parfum me parviennent. Ça m'électrisent, me foudroient et au final, ils viennent creuser plus profondément l'abîme qui semble avoir élu domicile dans ma poitrine. Partout dans cette chambre, Lau est venue, nous avons souvent discutés, nous nous sommes disputés, rigolés, joués...

C'est la première fois de ma vie que je perds quelqu'un. Cette sensibilité, cette douleur, cette colère, cette peine, c'est nouveau et effrayant parce que j'ai l'impression que je ne fais que tomber. Et la pente m'a tout à fait l'air encore longue. C'est étrange de se dire qu'on ne reverra plus jamais une personne de notre vie, et que la tristesse que l'on ressent se transforme en douleur qui nous empêche de respirer, de parler, et qui nous laisse aller à un torrent de larmes qui semble ne jamais s'arrêter, si ce n'est que par intermittence.

***

- Bonjour, dis-je aux filles attablées dans la salle à manger lorsque je fais mon entrée. Le silence qui régnait bien auparavant avant mon arrivée se mue en un calme religieux. Elles me regardent toutes d'un air étonné, comme si me voir là était la dernière chose à laquelle elles s'attendaient.

Je ne me formalise même pas du fait qu'elles ne me répondent et prends place entre AR et Stéphanie.

Un nœud se forme dans ma poitrine à la vue de la chaise vide en face de moi c'est la place de Lau.

C'était.

- Tu veux des crêpes ? , me demande Joyce rompant le silence ainsi que ma contemplation de la place vide.

Je lui sourie, ou du moins essaie, et hoche la tête. Elle m'en sert tandis que je prépare mon thé. AR à ma droite se racle ma gorge et je comprends par là qu'elle va prendre la parole :

- Comment va ta jambe ?

J'hausse les épaules.

- J'ai connu mieux, mais ça va

Elle ne réplique pas et je commence à manger. Même Stéphanie et Danielle d'habitude très bavardes ne disent rien.

- Au fait Gillian, tu es convoquée au bureau d'Elona, fait Gaia.

Instantanément le peu d'appétit que j'ai s'envole.

Raide comme un piqué je me lève et quitte la table sans autre préambule. En boitant j'arrive devant à son bureau , au bout de ce qui me semble être une éternité. Je n'ai pas le temps de toquer deux fois à la porte que cette dernière s'ouvre. C'est Rochelle qui m'ouvre et derrière le bureau se trouvent Elona , assise , Mau et Elana de part et d'autre d'elle et tandis que je vais prendre place à la chaise en face d'elles d'un pas hésitant, Rochelle va se placer derrière Elona.

Un frisson très désagréable me traverse le corps à la vue de ces 4 là en face de moi. Je fixe un moment Elana , et me rends compte que je n'ai même pas remarqué son absence tout à l'heure.

- Compte tenu des derniers évènements, nous n'étions pas sûrs que tu sois apte à venir aujourd'hui pour que nous discutions, commence Elona et je ne réponds pas. Elle continue alors :

- Toutes mes condoléances

Mes sourcils se froncent et mon cœur rate un battement. Suis-je affligée par l'indifférence qui émane d'elle ?

Non.

Est-ce la façon avec laquelle elle l'a dit ?

Peut être.

Est-ce ce qu'elle a dit ?

Oui. Totalement. Je le prends comme une injure qui vient incendier mon être entier. Je suis incapable cependant de dire quoi que ce soit. Ma gorge est extrêmement nouée et l'abîme de ma poitrine s'élargit un peu plus.

- C'est une épreuve difficile ce que tu vis là Gillian, comme nous tous d'ailleurs, ose dire Mau et je ne prends même pas la peine de la regarder. Je laisse mon regard plongé dans celui d'Elona.

- Les choses n'auraient pas dû se passer comme ça , dit Rochelle.

- Nous n'aurions rien pu faire pour empêcher ça, rétorque Elana et ça fait un tilt dans mon cerveau.

Je repense à la période de dépression de Lau, et toutes ces choses étranges qu'elle me disait, de nos discussions qui commençaient à me faire peur : « - Je sais que tu sais

- Que je sais quoi Lau ?

- Que c'est la fin.

- Mai quelle fin ?

Mais de la nôtre ! »

« Il n'y a aucune solution, aucun échappatoire possible, pas de retour en arrière. Personne ne pourra nous aider. »

Et puis comme les pièces d'un puzzle, tout ce qu'elle m'a dit ces trois derniers mois me reviennent en mémoire et ça s'impose comme une évidence.

Je dévie le regard et fixe la table :

- Le jeu de Lau était de voir l'avenir des autres en le regardant droit dans les yeux. Elle savait ce qui allait arriver, elle l'a toujours sû..., murmuré-je

- Qu'est ce que tu viens de dire Gillian ? , fait d'une voix interdite Rochelle.

- C'est ce qu'elle essayait de me faire comprendre car elle ne pouvait pas le dire, continué-je plus fort.

« Je te parle de ce que tu ne peux pas voir. J'essaie de te prévenir de te guider. Personne ne nous sauvera ! Personne ! »

Un frisson d'horreur me traverse l'échine et je me redresse.

- Lau savait que nous étions en danger, qu'elle allait mourir, déclaré-je et lorsque mon regard rencontre celui d'Elona , la vérité m'ébranle entièrement.

- Et vous le saviez aussi.

Le pire n'est pas le fait qu'elle ne nie pas, mais plutôt le sourire léger et très bref qui vient orner ses lèvres.

Quelque chose gronde au fond de moi, doucement mais sûrement je sens ma fureur monter.

Je recule ma chaise et répète plus clairement :

- Vous le saviez

Elona se redresse également.

- Il y a une légende que ma mère me racontait très souvent, mais que peu de Domiens relatent à cause de son invraisemblance. Tu veux l'entendre Gillian ?

Je dois me mordre fortement la joue pour ne pas lui hurler dessus.

Elle savait ce qui allait arriver dans la forêt, elle en connaissait la finalité, mais elle nous a quand même laissé y aller.

Laisser Lau mourir...

- Il y a beaucoup de version quant à la mise à mort de Vanina, outre l'officielle. Celle que je vais te raconter est celle que ma mère me racontait souvent : Vanina n'aurait jamais eu de rapport avec Dats. La vérité c'est qu'elle aurait découvert des choses qu'elle n'était pas censée savoir. Elle l'aurait dit à Dats qui lui aurait transmis le message aux créateurs. Ces derniers auraient envoyé des guerriers, qui aujourd'hui dans l'historie de Dom figure être les premiers gardes de Dom. Ils auraient pris en chasse Vanina dans la forêt, avant de la faire brûler sur le grand chêne. La légende dit que Vanina a tellement souffert sur ce chêne, qu'il en a pleuré et c'est de là que viendrait l'eau dans lequel il était immergé. L'âme de Vanina aurait tellement été en peine, si forte et assoiffée de vengeance, qu'elle ne serait pas allée dans le monde des morts. Elle serait restée entre le nôtre et ce dernier, attendant de réunir assez d'énergie pour revenir à la vie. Ainsi, il paraîtrait qu'elle se nourrissait des âmes mortes de Dom, et seulement celles des joueuses, attendant de trouver la joueuse intermédiaire qui supporterait d'être à son contact pour en faire son sacrifice. La légende dit également qu'au moment venu, elle appellerait l'élue qui s'offrira en échange de son retour parmi nous, pour qu'elle règne.

Lorsqu'Elona s'arrête, je reprends ma respiration. Tout s'emmêle d'abord dans mon cerveau, avant que les idées ne me viennent une par une, claires et nettes :

- Lau et moi étions les joueuses intermédiaires, depuis le début.

Elona acquiesce.

- En une pierre deux coups. Pendant des siècles, elle a dû essayer de rentrer en contact avec des joueuses qui ne l'ont pas supportés et qui en sont mortes. Et voilà avec vous deux...

La nausée me vient face au ton émerveillé qu'elle prend. C'est encore pire quand elle continue :

- Je n'ai jamais crû à toutes ces légendes farfelues, jusqu'à vous. Votre année m'a fait douté, et supposé. J'en ai parlé seulement à la princesse, qui grâce à sa proximité avec vous me rapportait vos changements d'attitude. J'ai vraiment douté et puis finalement décidé d'attendre sans m'en mêler, et c'est arrivé.

N'en pouvant plus, je me lève brusquement. Je vacille et Rochelle fait mine de venir m'aider mais mon regard la retient. Je me redresse tant bien que mal.

- Vous êtes complètement malade

Mau et Rochelle écarquillent les yeux à mes propos, mais Elona et Elana ne réagissent pas et ça me rend encore plus furieuse.

Plus je les regarde et plus je repense à ce que Ella m'a dit à maintes reprise : de me méfier, de faire attention.

- Ça aurait pu être moi dans cette marre, dis-je larmoyante d'un coup avant de continuer fermement, « mais ça été Lau. Vous saviez que l'une de nous allait y rester, mais vous n'avez rien fais pour empêcher ça. Pourquoi ?! »

- Mais pour que Vanina revienne Gillian . Est-ce que tu imagines ce que son retour va créer ? Vos caméras ont filmé sa résurrection et dès ce soir nous en diffuserons les images partout dans Dom ! , déclare Elana comme une démente et à cet instant où je la regarde, je me dis que je n'ai jamais autant détesté quelqu'un de ma vie.

Je serre les poings :

- Tu es vraiment une grosse salope

Elana sourit.

- J'aimais bien Lau, vraiment.

- Tu devrais y aller Gillian, dit Mau doucement et ça m'énerve encore plus. Le visage d'Alana s'impose alors dans mon esprit.

- Qu'est ce que vous avez fait de la première année de joueuses ?

- Une des filles a disparut, elle s'appelait Angel. Nous savions juste qu'elle allait régulièrement dans la forêt et nous pensons que Vanina a essayé de prendre contact avec elle, mais elle n'a pas dû le supporter, déclare Elona et je suis au bord de l'évanouissement face à tant d'indifférence.

On dirait qu'elle parle d'une poupée en porcelaine qu'on aurait fait tomber par mégarde.

- Son corps doit être quelque part du côté interdit. Dame Elona avait chargé Adam de le retrouver mais il n'en a jamais été capable, ajoute alors Elana.

Je serre les dents, très fort et je compte mentalement jusqu' à dix. J'ai envie de lui sauter dessus et la frapper jusqu'à c e qu'elle ne se relève plus, mais avec ma jambe, impossible de bouger.

Je rencontre son regard, et je vois, elle n'attend que ça. Je ne lui ferais pas ce plaisir là.

Sans un mot, je sors en claquant la porte aussi fort que je le peux.

***

Lorsque j'atterris dans le salon, j'y trouve Joyce et Gaia assises. Je suis tellement furieuse que j'en tremble. Mon esprit est en ébullition.

- Où sont les autres ? , demandé-je nerveusement. Joyce et Gaia m'observent comme éberluées, puis Joyce se lève pour venir à mon encontre pour se mettre à ma droite et passe mon bras atour de ses épaules. Elle me fait avancer jusqu'au fauteuil tandis que Gaia demande :

- Mais qu'est ce que tu as toi ? On dirait une tarée, genre sérieux tu devrais te voir, t'as l'air complètement défoncée. Elles t'ont fait quoi là dedans ?

Joyce me lâche, je tombe dans le fauteuil et elle va s'assoir à côté de Gaia, face à moi.

- Où sont les autres ?

Joyce fronce les sourcils :

- Elles sont allées prendre l'air dehors. Mais toi, qu'est ce que tu as nom d'un chien ?!

- J'ai appris la vérité

C'est au tour de Gaia de froncer les sourcils :

- Comment ça ?

A cet instant, je leur révèle tout. Je fais ce que je rêve de faire depuis des mois : c'est-à-dire, tout raconter au sujet de la voix, Ina, ou plutôt devrais-je dire Vanina. Au fil de mon récit, leur visage se peint de plus en plus de confusion, mais plus j'en dis, plus de choses s'éclaircissent. Pour Joyce, je parle de notre découverte à Gaia et à moi par rapport à Alana et aux joueuses qui étaient là auparavant, puis de l'implication de notre corps enseignant dans la mort tragique de Lau.

J'attends une réaction des filles lorsque je termine mon récit le souffle court, mais cette dernière ne vient pas tout de suite. Surtout de Joyce, car c'est elle qui en savait le moins. Cependant, c'est Gaia qui est la première à parler :

- C'est dingue, totalement. Tu veux me dire que depuis le début, elle te parlait ? Du genre, elle était en contact avec toi ?

J'acquiesce.

- Avec Lau aussi. Je l'ai toujours soupçonné, mais ...

- Elle vous empêchait de parler, termine Joyce d'un ton sombre et je hoche la tête.

- Pourquoi est ce qu'elle ne voulait pas que vous en parliez ? Elle avait peur qu'on l'en empêche ? , fait Gaia.

- Pas de Elona en tout cas., dis-je.

- Peut être de l'empereur.

- Moi je comprends en tout cas maintenant mieux tous les trucs bizarres qui ont pu arriver. Vanina voulait que l'on enterre Angel qui s'est présentée sous le nom de Bethany à Lau peut être pour protéger Elona parce que cette vieille connasse la laissait mener son plan comme elle le voulait. Elle t'a forcé, et Lau aussi je pense. Moi je voulais protéger Adam parce que je croyais que s'étaient eux qui avaient fait ça alors qu'en fait c'est son corps qu'ils cherchaient, réplique Joyce

- Elona et Elana ont perdu la tête. Elana, s'était comme si elle s'en fichait alors que Lau était son amie, avancé-je et Gaia a un rire nerveux.

- Et cette affaire avec l'année précédente de joueuses, c'est complètement dingue qu'elles aient fait garder le silence à toute une école sur un sujet pareil. Adam ne m'en a jamais parlé, avance Joyce et j'acquiesce :

- Gabin non plus.

- Et puis qu'est ce qu'elles espèrent ? Que leur Vanina de 500 ans va reprendre le trône ? Elle ne peut pas puisque l'empereur doit être choisi parmi les membres du conseil des sages, interroge Gaia et je hausse les épaules.

- Ma question c'est qu'est ce qu'on va faire de toutes ces infos ? Pour ma part, j'ai envie de buter Elana , dit Joyce et je soupire :

- Je la déteste tellement

- Moi je pense qu'on ne devrait rien dire aux autres, rétorque Gaia et Joyce se tourne vers elle :

- Attends quoi ? Mais pourquoi ? Il faut qu'elles sachent, il faut les prévenir

- Non pas besoin puisqu'elles le sauront ce soir. De ce que nous a rapporté Gillian tout à l'heure ils vont diffuser les images de la « résurrection » de Vanina et expliqueront ce qui a permis de se produire. Ne faisons rien, laissons les choses aller comme elles devraient être parce que une année de joueuses qui était là avant nous, a disparut comme par magie, aucune trace d'elles ou presque, et personne pour s'en plaindre ou s'en soucier. Voilà ce qu'elles peuvent faire, et si elles ont réussi à les faire disparaître sans que personne ne viennent réclamer quoi que ce soit après, je ne vois pas pourquoi elles ne recommenceraient pas une deuxième fois. Avec ce qui est arrivé à Lau, je crois qu'elles nous ont suffisamment montré qu'elles n'avaient pas froid aux yeux

Ni Joyce, ni moi ne répliquons face aux arguments de Gaia car tout vient d'être dit.

***

« Je vois mon père et ma mère, ils sont tous les deux assis dans notre salon. Ma mère a les traits du visage tirés comme lorsqu'elle est confrontée à un problème.

- Alicia, l'appelle mon père. Ma mère lève la tête et le fixe. Il poursuit, il le faut.

- Pourquoi tu les as contactés ? , demande alors ma mère d'un ton suppliant.

- Il le fallait. On a déjà eu cette conversation, soupire mon père.

- Mais c'est de Gillian dont on parle ! , s'exclame-t-elle et je sursaute. J'ai envie de parler ou alors la prendre dans mes bras quand elle porte sa main à son nez pour renifler, cependant elle se reprend, tu n'a aucune preuves

- C'est mon travail.

- Tu fais des recherches !

- Mais ils les concrétisent.

Un lourd silence s'installe et moi je déglutis avec peine.

- Gillian, m'appelle Vanina , Gillian écoute »

Mes parents deux semaines avant la «première » rencontre avec Rochelle. Je n'étais pas là quand ils en discutaient. Il y a plus de 9 mois.

Deux silhouettes se tiennent dans l'ombre et il n'y a aucun paysage, comme s'ils étaient dans le néant. Elles se tiennent l'une devant l'autre, seulement l'une d'entre elles est assise.

- Ina fais attention, fait une voix d'homme que je ne connais pas.

- Pourquoi ?, répond la seconde silhouette.

- Mêle-toi de tes affaires.

- Mais je le fais !

- Ce sont les leurs ! , rugit l'homme. La silhouette de Ina , bouge et elle se met à marcher puis à gesticuler.

- Et les nôtres aussi !

- Ce que tu fais est très dangereux.

Ina secoue la tête.

- Nous ne sommes pas les premiers, nous ne sommes pas seuls.

Ces deux silhouettes sont en réalité Dats et Vanina, quand ce dernier lui a conseillé d'arrêter de se mêler de ce qui ne la regardait pas. Peu de temps avant sa mort , c'était il y a 500 ans

Je suis dans ma chambre, elle est vide et tout est silencieux. Je tourne sur moi-même et je vais à ma fenêtre, cependant il fait noir. Je sors alors de la pièce et descend les escaliers, le salon est tout aussi vide. Toutefois la porte d'entrée est entre-ouverte, la lumière est allumée dans le jardin. J'entends des bribes de voix et je m'en approche. Je sors à l'extérieur et je vois mon père qui est de dos, cependant le plus troublant est la personne en face de lui : Rochelle.

Ils parlent à voix basse et de là où je suis, je ne peux les entendre, malheureusement mes jambes refusent de bouger et restent clouées au sol. Je ne peux pas avancer. Je fronce les sourcils et soupire longuement, trop familière à ce genre de situation.

Quelqu'un ou quelque chose ne veut pas que j'entende.

J'examine alors la tenue de mon paternel : il est en costume, noir. Un costume qui d'ailleurs me dit vaguement quelque chose.

Tout d'un coup, la sonnerie d'un portable résonne derrière moi. Le temps que je me retourne, elle s'arrête, c'est le téléphone de mon père. Je jette un coup d'œil vers Rochelle et lui, ils ont tellement l'air encré dans leur conversation qu'il n'a pas eu l'air de l'entendre.

Je m'approche de l'appareil et regarde son fond d'écran qui est une photo de ma mère et moi le Noël dernier.

Ce n'est pas seulement la vue de la photo qui créé une boule dans ma gorge, non. C'est la date qui figure sur l'écran de veille qui me bouleverse : le 26 Septembre.

Le jour de l'anniversaire de mon parrain. Mes parents sont sortis ce soir là.

Le problème c'est que c'était une semaine avant que Rochelle et Shay ne viennent faire leur test au lycée, soit une semaine avant que je ne rencontre Rochelle et que eux aussi soient supposés la rencontrer.

Mon père rencontre Rochelle pour la première fois, c'était il y a plus de 9 mois.

- Te voilà toi !

Je me retranche sur le côté pour laisser passer le garçon qui déboule comme une furie.

Il va se planter devant Jane qui prend un air inquiet.

Je reconnais ce gars : il s'appelle José, il est dans notre classe et fait parti de l'équipe de basket du lycée. Type hispanique, musclé comme il faut avec les fossettes qui ressortent quand il sourit.

Le gars populaire hyper sympa avec tout le monde en somme.

Mais à le voir là maintenant, dominant Jane de toute sa hauteur , il n'a plus rien à voir avec ce gars là.

Je me rappelle qu'en début d'année il y avait des rumeurs comme quoi il avait des vues sur Jane, mais je suis partie trop tôt pour voir quoi que ce soit se concrétiser.

- Qu'est ce qui t'a pris tout à l'heure ? Hein Jane ? on est censé être ensemble si t'es pas au courant ! , vocifère le garçon à la peau mat.

- S'il te plait José pas maintenant, fait cette dernière d'une petite voix en reculant, mais il lui saisit vivement le poignet pour la rapprocher de lui.

- T'as beau être une surdouée, je doute que tu sois vraiment futée. Tu penses m'humilier comme ça devant mes amis et t'en sortir comme ça ?

- José arrête tu me fais mal, reprend Jane d'une voix las et je reste spectatrice de ce spectacle alors que je voudrais intervenir.

Seulement aucun de mes muscles ne veut me répondre.

- Sérieusement Jane ? , ricane méchamment l'autre et je vois Jane grimacer.

- Qu'est ce que tu voulais que je fasse ? ça fait des semaines que tu fais courir des rumeurs comme quoi on aurait baisé ? j'en ais eu marre, c'était totalement ridicule. J'ai même pas 15 ans ! , vocifère cette dernière et je frémis.

Le ton de sa voix... c'est le même qu'elle a utilisé pour me parler le jour de mon départ pour Dom.

Je sens que quelque chose de vraiment mauvais va arriver.

D'autant plus que je sens une certaine fureur émané de José.

- Tu veux savoir ce qui est ridicule. c'est toi. Tu es tellement débile

Avec force il l'a pousse sur le lit et je peux sentir le souffle de Jane se couper tout comme le mienne quand José pose sa main sur a ceinture et s'approche d'elle.

- José arrête ...

- T'es là à faire ta sainte nitouche, mais tu m'expliques pourquoi tu viens m'allumer en t'habillant comme ça ?

- José arr...

- Ta gueule !

Un frisson d'horreur me traverse quand je le vois s'approcher d'elle et l'allonger de force sur le matelas. Il est au dessus d'elle, et défait la boucle de sa ceinture ignorant les plaintes de Jane.

Et je ne peux toujours pas bouger.

Oh mon dieu est ce que je rêve ? Réveillez moi de ce cauchemar.

- Tu fermes ta putain de gueule et d'ailleurs tu m'enlèves ces lunettes de merde que tu te trimballes depuis des mois là

Joignant le geste à la parole il les lui arrache et les jette à travers la pièce.

Jane se débat les paupières fermées et je tremble. Quand il lui soulève sa jupe , elle ouvre les yeux et José s'immobilise.

Tout comme la première fois où j'ai vu ses pupilles rouge-sang j'en reste tout aussi interdite que maintenant.

- La vache, tes yeux ils ont..

Sa phrase reste en suspens tandis qu'il se dégage de Jane et s'assoie près d'elle. Cette dernière se recule et va se coller au mur. Ils se fixent longuement, puis tout d'un coup Jane saute du lit, mais José lui agrippe la cheville.

Elle hurle.

Un hurlement d'agonie raisonne et je sens tout ce qu'il y a autour vibrer. Le sol, les murs.

Je sens mon estomac, se nouer, se retourner.

Quand elle referme la bouche. Tout est silencieux. Même la musique qu'il y avait en bruit de fond, a cessé.

Les lèvres tremblantes mon regard passe de Jane à José qui est immobile. Elle regarde rapidement autour d'elle comme si elle avait peur que quelqu'un ait pu l'entendre. Doucement elle retire sa cheville de l'emprise de José et très lentement, le corps de ce dernier tombe avant de s'échouer au sol dans un bruit sourd.

Mes yeux s'écarquillent et Jane porte sa main à sa bouche.

Hésitante, elle s'approche de lui avant de se pencher sur ce dernier.

- José ? José ? José ? José répond. José ce n'est pas drôle. José ?

Seul un silence de mort lui répond et comme si il avait été ordonné à mo corps de se réanimer un haut le cœur me prend et je vomis.

Lorsque je relève la tête , nos regards se rencontrent et ne se quittent plus . Comme si ...

- Gillian ? , fait elle la voix tremblante.

Ma gorge se serre.

- Jane ...

Ma voix meure dans ma poitrine et un martèlement à mon crâne se fait ressentir.

Je vois les lèvres de Jane bouger alors qu'elle se lève pour venir vers moi. Un vertige me prend

Jane à une fête il y a environ 3 mois.

Ma respiration est haletante et pour une raison qui m'échappe totalement, je suis en pleine course dans un bois. Il fait sombre et mes jambes sont en fau. J'ignore la raison d'une telle course poursuite, mais j'ai le cœur qui bat la chamade et j'ai la sensation d'être suivie.

Je n'ose pas me retourner et je dissimule mal les obstacles autour de moi. Je m'écorche de part et d'autres et j'évite de justesse certains troncs d'arbres. C'est alors que je sens un brusque courant d'air, en plus de celui qui me fouette le visage, puis une brulure à la joue gauche.

Choquée mais encore plus effrayée, je ralentis la cadence et porte mes doigts tremblant à ma joue. Je constate avec horreur que c'est du sang. C'est alors que je sens ma cheville être tirée d'un coup sec en arrière. Je perds l'équilibre en cri sourd retenu dans un souffle et je m'écroule à plat ventre.

Le corps entier tremblant, je sens une poigne agrippée mes cheveux pour me retourner brusquement. Des larmes de peur et de douleur se forment au coin de mes yeux, lorsque je me retrouve nez à nez avec une espèce de géants à combinaison grise, dont le faciès est démuni de visage.

J'ouvre la bouche pour hurler mais mon cri reste coincé dans ma gorge que mon agresseur vient de saisir fortement. Il serre de plus en plus tandis que je me débat en gesticulant. Inspirer et expliquer devient doucement impossible et je sens mes veines palpiter contre ma tempe.

J'ai la nausée, mais ne pleure plus, doucement je lâche prise.

Moi revivant la course poursuite de Vanina quelques instants avant sa mort qui a lieu il a 5 siècles.

Je ne sais pas où je suis exactement, mais je ne cesse de marcher. Mes jambes semblent être détachées de mon corps et faire ce qu'elles veulent. Tout me semble noir, puis dans tout coup ç semble clair et net. Je suis dans une ruelle éclairée par des lampadaires et plus je regarde les maisons autour de moi, plus l'endroit m'ait familier.

Puis ça me vient, je suis déjà venue ici. C'est le quartier de Jane La Rose.

Je cesse de marcher et fronce les sourcils. Je me rends compte que je suis devant la maison de celle-ci , et je fronce les sourcils. Pourquoi est ce que tout revient à chaque fois à elle ?

Je n'ai pas le temps de me poser plus de questions, que je remarque une ombre sous son porche faiblement éclairée. L'individu semble sonné à répétition à la porte et quelques instants après cette dernière s'ouvre brusquement laissant apparaître Jane en pyjama et toujours avec ses lunettes de soleil. La personne qui sonnait la tire par le bras avec force et la traine dans la ruelle. Jane ne proteste pas et j'imagine que c'est pour ne pas réveiller ses parents.

J'arrive dorénavant à identifier l'ombre : c'est Carlos le petit frère de José. Il est en 3ème , je crois. Qu'est qu'il fait là.

Aucun des deux ne semblent noter ma présence, et j'ai comme un mauvais pressentiment étant de l'autre côté de la rue.

Jane essai de se détacher de l'emprise de Carlos mais ce dernier ne la lâche pas.

- Carlos, il se fait tard. Qu'est ce que tu veux ? , geint cette dernière

- Tu fermes ta gueule !, tonne celui-ci. J'entends Jane hoqueter et moi je tressaille.

- Carlos..., reprend Jane d'un ton pleurant et je me demande où sont ses parents. J'essaie de bouger mais mes jambes restent fixer sur le béton.

- Mais tu vas te taire ?! , s'exclame-t-il en la secouant comme une poupée de chiffon avant de la repousser avec violence en arrière, et elle tombe.

Il s'avance vers elle , tandis qu'elle reste au sol et se recule.

- Y'a vraiment un truc de pas normal avec toi. Je m'en fiche de ce que la police raconte et même si tout le monde semble croire à un évènement incroyable, je suis sur que c'est de ta faute, dit il d'un ton menaçant.

Mon cœur rate un battement lorsque Jane essai de se relever, et qu'il il la chute violemment, elle se roule par terre en geignant de douleur.

Il se penche vers elle , et lui saisit les cheveux avant de la soulever.

- Tu vas fermer ta gueule de chienne et me dire ce que t'a fait à mon frère et à tous les autres qui étaient à cette fête.

- Je n'ai rien fais Car ...

Elle n'a pas le temps de répondre qu'il lui assène une gifle retentissante alors qu'elle s'aggripe à son bras qui lui tient les cheveux comme pour ne pas tomber.

A ce moment là , je sens une puissante vibration traverser mon corps et je cris :

- Jane !

Et seule cette dernière a l'air de m'entendre puisqu'elle essai de regarder en ma direction mais carlos la gifle à nouveau et j'arrive cette fois ci à bouger.

Je cours dans leur direction et alors que je ne suis qu'à quelques mètres d'eux , je me sens projeter violement en arrière .

- Mais tu vas me répondre connasse ! , continue Carlos en la secouant, et Jane pleure.

Quant à moi, je suis totalement éberluée par ce qui vient d'arriver.

Le mur.

Qu'est ce qu'il fait là ? je le sens respirer.

- Carlos arrête je t'en supplie, sinon ils vont venir, gémi à nouveau jane, mais le garçon ne semble pas s'en soucier.

- Qu'est ce que tu racontes espèce de camé ? , hurle-t-il en lui arrachant ses verres et d'un geste brusque il la lâche.

Il tangue légèrement alors que Jane reste allonger par terre et ne bouge plus.

Je me redresse totalement paniquée et me colle au mur comme si ça allait me permettre d'aller de l'autre côté. Contrairement à ce qui est arrivé quand je l'ai fais dans le transit, le mur ne vibre pas, et il n'y a pas de faille.

- Jane !, Jane !, Jane !, appelé-je mais cette dernière ne bouge pas.

Les battements de mon cœur sont effrénés alors que Carlos continue de tanguer puis il s'immobiliser.

Il semble fixer quelque chose derrière le lampadaire et pour une raison obscure, je me mets aussi à fixer l'ombre derrière le lampadaire qui a l'air de flotter dans l'air.

Mes lèvres tremblent, et j'ai l'impression que l'ombre s'avance. Terrifiée, je me recule au fur et à mesure que je la sens s'approcher.

Elle apparaît alors sous la lumière du lampadaire , et ma respiration s'arrête. Les larmes affluent dans mon champ de vision, tout devient flou.

Carlos n'a toujours pas bougé. La chose passe au dessus de Jane et en un clignement traverse Carlos. Le corps de ce dernier tombe lourdement au sol.

J'étouffe mon sanglot en mettant ma main sur ma bouche, et des larmes coulent le long de mes joues.

Jane reprend connaissance et se lève doucement. Elle regarde d'abord Carlos , puis l'ombre. Elle ne semble pas le moins du monde surprise, bien au contraire elle ne bouge pas. Elle reste à même le sol et se pend la tête entre les mains.

L'ombre s'avance vers le corps inerte de carlos , avant de se compacter et devenir encore plus sombre, puis elle se compacte, pour former un bloc. Le bloc se met à se déformer et , comme si l'on cassait de os, l'ombre prend une forme humaine . Tout à coup, une lumière fluorescente le traverse et je vois Carlos.

La nausée me vient lorsque le corps du vrai Carlos par terre s'assombrit pour lui-même devenir une ombre et s'évanouir.

Ce « rêve » c'était il y a quelques semaines.

Mon crâne me semble complètement vide, et moi beaucoup trop légère compte tenu des derniers évènements. Mais actuellement dans mon lit, je fixe mon toit d'un œil torve, alors qu'à l'intérieur de moi, c'est le feu d'artifice au niveau des émotions.

J'ai la nausée et ça s'impose à moi. En moi. Quelque chose se solidifie. Je le sens s'implanter dans mes neurones : le mur. Ça pique, me brûle.

Je connais mon jeu. A cet instant, je viens de le découvrir 

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