Chapitre 94
" Il n'est jamais trop tard pour fuir", auteur inconnu
**
Si notre soirée d'hier avait plus ou moins bien commencé, elle s'est terminée sur une note glacée parce qu'entre Gabin et moi s'était tendue. Le retour a été un calvaire car nous rentrions avec le même transporteur lui et moi. Une fois au QG, AR n'a pas posé de questions mais m'a lancé quelques regards interrogateurs.
Ce matin à mon réveil, je suis seule dans nos dortoirs. Je devine que les autres sont parties pour leurs épreuves, de ce fait après avoir déjeuné, je fais le ménage et range tout de fond en comble.
Aux alentours de 10 heures-11 heures alors que je me trouve dans ma chambre j'entends du bruit à l'extérieur. Intriguée, je sors en fronçant les sourcils pour aller au salon. A ma grande surprise je tombe nez à nez avec Lau. Cette dernière me scrute d'un regard ennuyé, mais je remarque que ses yeux sont rougis.
- Est-ce que ça va ?
- Juste bouge de mon chemin Gillian, me dit-elle avant de me contourner pour s'engouffrer dans le couloir. Comme une idiote je tourne sur moi-même et la regarde s'éloigner la bouche ouverte.
Cinq secondes s'écoulent à peine que la porte du QG s'ouvre à nouveau laissant apparaitre cette fois ci Rochelle.
- Lau est là ?
Je cligne plusieurs fois des yeux avant de comprendre le sens de sa question.
- Heu oui... Elle vient tout juste de rentrer
Mon professeur semble soulagée à l'entente de ma réponse et moi je suis de plus en plus déroutée.
- Est-ce qu'il y a un problème ? Je croyais que vous finissiez vers 12H-13h ?
- On va dire que son test s'est passé plus vite que prévu
- Ah
- Là je dois retourner pour assister Mau, mais je tenais à vérifier que Lau s'était bien rendue ici. En plus je voulais te confier une tâche : j'aimerais que tu ailles à la réserve. Nous avons commandé des tenues spéciales pour votre épreuve de groupe, mais comme nous n'étions pas sûre de les avoir à temps Dame Elona a décidé que l'on ne vous dise rien.
J'ai à peine le temps de formuler une quelconque réponse qu'elle a déjà tourné les talons :
- Merci Gil !
****
Comme me l'a demandé Rochelle, je vais à la réserve du côté de la salle de transit, et on me remet une énorme valise que je trimballe jusqu'au QG. A mon retour, je ne suis même pas surprise de prendre note que Lau n'a rien fait pour le déjeuner.
Je dépose la valise au salon, et me mets aux fourneaux. Deux heures après le repas est prêt, et les filles font également leur apparition. Elles pénètrent dans le QG dans une espèce de brouhaha assourdissant ce qui est assez étonnant vu leur nombre.
- N'est ce pas du bon gratin que je sens là ? , s'écrie Joyce rentrant dans la cuisine avec à sa suite les autres.
- Je te rassure que oui, dis-je en les regardant s'installer alors que la table n'est pas encore mise. J'imagine donc que c'est à moi de le faire.
- Personne pour m'aider ?, lancé-je en plaçant les couverts. AR sourit :
- Tu t'en sors très bien je te rassure.
- Mais dites moi, vous semblez de super humeur. J'en conclus que tout s'est bien passé
- Il va s'en dire que c'était une question de formalités, déclare alors Elana. Surprise je la regarde et je ne peux m'empêcher de rétorquer tout en prenant place :
- Mais qu'est ce qui s'est passé avec Lau ? Elle est rentrée, y'a genre 3 heures ?
La bonne humeur qui régnait dans la pièce semble tout d'un coup s'être envolée.
- Je pense qu'elle a pété les plombs pendant son test et Elona l'a renvoyé ici, me répond Joyce tout en commençant à se servir.
Troublée j'échange un regard avec AR, qui plisse des lèvres.
- D'ailleurs même, je me demande si elle participera à l'épreuve de cet aprème ? , demande Stéphanie.
- Pourquoi pas ? , rétorque Elana sur la défensive.
- Peut être parce qu'elle est instable et un tantinet hystérique ? , fait Gaia d'un ton sarcastique et je lui fais les gros yeux .
- Sérieux Gaia, on gère pas toutes la pression de la même manière. Je pense que Lau est submergée par un tas de trucs dont elle ne peut pas parler, la défends Joyce
- Je vais la chercher pour qu'elle vienne manger, déclare Elana en se levant. Nous la suivons toutes du regard jusqu'à ce qu'elle soit hors de notre champ de vision.
Il me semble que la pression retombe brusquement. Nous nous scrutons un moment avant de nous servir.
- Tout ce que je peux dire, c'est merci Gil pour le déjeuner et dieu merci c'est la fin de l'année, parce que là les choses commencent à partir dans tous les sens, dit Danielle.
- Je te jure, acquiesce Stéphanie.
- N'empêche que l'épreuve de groupe, je ne voudrais pas qu'on la foire. Individuellement ça eut l'air de marcher pour tout le monde. Que la réserve d'eau de vie soit dilapidée est une chose, qu'elle gâche notre test, là je ne me tairais plus, déclare AR et au même moment, Elana refait son entrée dans la salle à manger et cette fois ci, suivie de Lau.
Les filles changent automatiquement de sujets.
Je jette un coup d'œil rapide à Lau : elle semble sereine malgré son teint blafard.
***
Lorsque nous terminons de déjeuner, nous allons au salon. Joyce est celle qui prend l'initiative d'aller ouvrir la valise après que je leur ai dis ne pas savoir ce qu'il y avait dedans et que je n'avais fais que suivre les instructions de Rochelle.
Quand Joyce éventre cette dernière, nous découvrons tout un tas de tissus, ou devrais-je dire des tenues, emballées dans du papier plastique.
A peine ais-je le temps de cligner des yeux, qu'elles se sont toutes emparées d'un paquet. Un léger sourire aux lèvres, je les observe du coin de l'œil déballer leurs trucs alors que je prends à mon tour le paquet restant au fond de la valise.
A première vue, mon hypothèse de tout à l'heure semble juste : c'est une tenue. De couleur rouge vive pour ne pas changer, je la déballe soigneusement.
Une fois déroulée, je peux voir que c'est une combinaison à manches longues avec à l'avant une fermeture éclaire qui commence au niveau du nombril et qui prend fin au ras du coup. Lorsque j'examine le bas, je remarque qu'il se poursuit sous forme de pantalon pour se terminer en chaussettes.
- C'est quoi ces trucs ? On dirait des pyjamas sans déconner !, s'exclame Stéphanie et je cesse de contempler mon ensemble pour me concentrer sur les filles autour de moi. AR fait la moue en disant :
- Mouai... Et la couleur laisse à désirer. Et puis c'est fait en quoi ? C'est super rugueux !
Effectivement, lorsque j'y porte plus d'attention, sous mon doigt le tissus est dur et me paraît peu élastique si je peux le dire.
- On dirait du cuir. On va mourir de chaud là dedans ! , s'exclame alors Joyce
- La matière est parfaite. Comme ça vous ne vous plaindrez pas après qu'une bête vous a piqué ou mordu, ou alors qu'avez froid dans la nuit, rétorque Elana avant d'ajouter :
- D'ailleurs même, nous devrions allez nous changer. L'heure avance et il faut que nous soyons devant l'entrée de la forêt à 14 heures.
Nous ne cherchons pas à argumenter là-dessus et nous nous dirigeons toutes dans nos chambres respectives.
*
Au moment où je ferme la fermeture de ma combinaison, la porte de ma chambre s'ouvre sur Joyce.
- Wow , on est trop canon là dedans ! , s'exclame cette dernière en s'avançant vers moi. Plus amusée que flattée je souris :
- Et contrairement à ce que je pensais, on est hyper à l'aise dedans, dis- je en me déplaçant dans la pièce pour lui montrer et elle acquiesce.
- Je pense que c'est surtout fait en cas d'attaques extérieures et contre le froid, avance-t-elle avant d'ajouter, « on devrait y aller les autres nous attendent »
Je hoche la tête et vais ma salle de bain pour vérifier une dernière fois ma queue de cheval.
- Tu sais j'étais avec Lau avant de venir te chercher, déclare Joyce alors que j'éteins la lumière de la douche pour revenir dans la chambre.
Je prends appuis sur mon bureau et croise les bras sur ma poitrine.
- Elle a parlé ?
Joyce hausse les épaules.
- Pas vraiment. Tu sais comment elle est ces derniers temps, un peu sur les nerfs, mais la voir aussi agressive pendant le test m'a vraiment choqué et inquiété.
- Mais qu'est ce qui c'est passé au juste ? Tout à l'heure vous avez dit qu'elle avait péter les plombs sans rentrer dans les détails.
Encore une fois Joyce hausse les épaules avant de croiser les bras sur sa poitrine à son tour et de faire la moue :
- On ne sait pas vraiment tu sais, parce que pendant qu'il y en une avait qui passait sur l'estrade avec les profs, nous on était dans les gradins à se préparer. Au début elles parlaient entre elles, puis pour je ne sais quelle raison Lau s'est mis à hurler et elle a renversé le bureau d'Elona .
Mes yeux s'écarquillent.
- Quoi ? Elle a fait ça ? Vraiment ? Et comment a réagit Elona ?
Joyce tape dans ses mains :
- Bah le plus dingue c'est elle. Elle n'a pas réagit ! Genre, elle est restée super calme et tout. Elle s'est juste contentée de dire à Rochelle qu'il fallait ramener Lau au QG.
Je commence à être de plus en plus perplexe, et à entendre ce que me raconte Joyce, j'ai de plus en plus envie de lui dire tout à propos d'Anala.
- Et qu'est ce que Lau criait ?
- Elle demandait pourquoi.
Nous tombons dans l'un de ces silences sans-nom qui laissent place à la supposition. Dans son regard, Joyce me pose toutes ces questions auxquelles je ne peux me résoudre à répondre. Ma raison et ma conscience me crient cependant de le faire.
Mais je repense à Gaïa.
Après les épreuves, c'est mieux. Sinon ça la perturberait trop.
- Je m'en veux beaucoup pour l'état de Lau tu sais, m'informe ma camarade et je fronce les sourcils.
- Qu'est ce que tu veux dire par là ?
- Peut être que si on avait gérer les choses autrement, on n'en serait pas là.
- Tu parles de cette nuit dans la forêt ?
Son expression s'aggrave et ma poitrine s'alourdit.
- Parfois j'oublie...
- Comment est ce que tu peux ? , fait –elle d'une voix presque plaintive. Sur le ton de quelqu'un à la recherche d'une recette magique contre ses maux.
Je hausse les épaules et elle poursuit le regard triste.
- Moi, j'y pense quasiment tout le temps. La nuit, quand je dors, et alors je pense pouvoir échappé à mes pensées macabres, ça me revient en plein fouet. Le visage de cette fille, elle me demande sans arrêt , pourquoi est ce qu'on lui a fait ça ? Et le pire, c'est que je n'ai pas de réponse à lui donner. Je comprends alors la volonté que tu avais de découvrir l'identité de cette fille et de comprendre ce qui c'était passé . je m'en veux alors de n'avoir rien fait pour t'aider, parce que maintenant, ça me ronge.
- Je ne sais pas quoi te dire...
- Et Lau ? , poursuit elle comme si elle ne m'avait pas entendue. Elle s'approche de moi et me prends les mains.
- Elle n'a jamais voulu rien dire là-dessus. Elle garde le silence et je pense que c'est l'une des raisons de son état. Gaia et toi vous aviez raison depuis le début, pas que j'en doutais mais ça me passait un peu au dessus de la tête. Lau connaissait cette fille et elle sait ce qu'il lui est arrivé. A voir son état, il est facile de dire qu'elle fait une dépression, mais je pense surtout qu'elle est traumatisée. Elle n'en a jamais parlé, et si moi qui ne savait rien de Bethany je continue à faire des cauchemars sur elle, je n'ose pas imaginer ce qu'elle vit elle. Surtout que je commence à vraiment me dire qu'il se pourrait qu'elle ait assisté au meurtre de son amie.
Attentivement je regarde Joyce et je me dis qu'elle a vraiment pensé à tout ça, et que ça la préoccupe réellement.
Si seulement...
- Ecoutes, je comprends tout ce que tu es entrain de me dire, mais je pense qu'il serait plus judicieux de s'en préoccuper après notre épreuve. Demain nous parlerons calmement à Lau et on se rattrapera.
- Tu crois ?
- Ça va aller, je t'assure. Tout va s'arranger
***
Suite à ma discussion avec Joyce nous avons rejoins le reste du groupe au salon et nous avons pris le large.
Au moment où nous passons par la salle commune, à notre plus grand étonnement, cette dernière est totalement vide. Le terrain de sport également.
Mau et Rochelle nous attendent à l'entrée de la forêt lorsque nous l'atteignons. Les deux nous accueillent avec des sourires qui se veulent bienveillants, mais tout ce qui retient mon attention est la grosse valise à leurs pieds.
Encore une valise...
- Mes demoiselles, nous voilà réunies pour votre dernière épreuve. Comme vous le savez déjà, cette dernière consistera à évaluer votre esprit de groupe, et à déterminer votre capacité à vous adaptez au milieu naturel de Dom sans aide extérieure. Vous allez passer votre après midi ainsi que la nuit ici, déclare Rochelle pendant que Mau se baisse pour ouvrir la valise.
- Et la valise c'est pourquoi ?, demande Danielle.
- C'est l'autre partie du matériel qui avait été commandé, répond Mau en se relevant après avoir éventré la valise. Je jette un coup d'œil à l'intérieur et y distingue plusieurs coffrets.
- Mais qu'est ce que c'est ? , refait Joyce et Rochelle fait un juste vague de la main nous indiquant de les prendre.
Tour à tour nous prenons chacune une boîte avant de l'ouvrir. Je découvre dans la mienne une caméra frontale et une oreillette. Sceptique je relève la tête pour voir le contenu des autres et note qu'il en est de même pour elles.
- Et ... heu, on est censé les utiliser ?, demande Stéphanie et Mau hoche la tête.
- Oui portez les, commence-t-elle et tandis que nous nous exécutons, Rochelle poursuit :
- Les caméras et les oreillettes sont connectées à un ordinateur dans la salle de transit qui va faire office de tour de contrôle. Dame Elona s'y trouve déjà, mais nous la rejoindrons lus tard. Ainsi grâce à cela, nous pourrons voir et entendre ce qui se passera durant votre test.
- De plus nous avons fait en sorte que les images soient diffusées dans tout l'institut en même temps .
Je fronce les sourcils.
- Ça leur apporte quoi aux autres de voir ça ?, demandé-je.
Rochelle hausse les épaules.
- Dame Elona a pensé que ce serait un bon moyen de vous encouragez et surtout une bonne occasion de testez le matériel.
Nous échangeons des regards circonspects à l'entente de cette réponse.
Ça n'a pas de sens.
Quoi qu'il en soit, nos deux ogies ne semblent pas se formaliser de notre scepticisme. Mau sort une télécommande de sa poche et appuis sur l'un des boutons et j'entends un grisollement dans mon oreille.
- Tout est activé. Nous vous souhaitons bonne chance les filles et à demain matin.
****
Après que Rochelle et Mau nous aient signalé qu'il était temps de partir , nous nous sommes engouffrées dans la forêt.
A la queue le-le , nous avons marché jusqu'à la clairière où s'était déroulé notre premier évènement et nous nous y sommes arrêtées. N'ayant pas de bagages, nous n'avions rien à installer.
Un certain malaise plane entre nous tout le reste de l'après midi, et plus particulièrement il me semble, par ce que nous sommes filmées et savons que tout le monde nous regarde. Nous n'avons rien fait donc de bien exaltant si ce n'est, glander et discuter.
Les choses se déroulaient pour le moins normalement, jusqu'à ce qu'à la tombée de la nuit. Comme à leur habitude, les mainsmains, sont apparus nous éclairant et nous enveloppant d'une douce mélodie.
Néanmoins, il faisait très froid, malgré nos combinaisons.
- Il faut qu'on fasse un feu, décrète AR et Joyce ajoute :
- Il faut aussi qu'on dîne
Même si elle ne me voit pas, je plisse des yeux à son intention, avant de rétorquer :
- Plus sérieusement la priorité c'est de faire du feu, sinon on va crever de froid
- Gillian a raison, me soutient Stéphanie
- J'ai suivi une formation de scout quand j'étais enfant. Il faut juste qu'on trouve du bois mort et des feuilles et je vous allume un feu, dit Danielle et nous la regardons toutes avec surprise.
- Quoi ? , fait cette dernière et je secoue la tête comme pour dire rien
- T'es sûre que tu sais faire ça toi ? , commente AR et Danielle soupire
- Juste allez chercher ce que je vous demande
- Et après on va s'occuper du dîne r ? , s'inquiète Joyce, mais aucune de nous ne lui réponds et nous nous dispersons.
Je suis Gaia et Joyce pour la recherche. Nous trouvons quelques morceaux de bois que nous nous empressons de ramener à la clairière. Quoi qu'on ne s'en doutait pas, mais dans l'obscurité ; nos caméras frontales font office de lampes également, ce qui nous aide énormément.
Au bout d'un quart d'heure, nous en avons fini avec le ramassage et nous nous retrouvons avec un tas assez important.
Sous notre regard ébahi, Danielle nous allume un feu comme promis et nous sautons de joie quand la flamme s'embrase.
Nous nous asseyons autour du feu crépitant, et un silence religieux s'installe teintée de la mélodie des mains-mains.
Joyce revient cependant à la charge.
- Bon les filles sérieusement, j'ai grave la dalle moi. Comment on fait ?
Un soupir retentit, mais il est difficile de dire de qui il s'agit.
- Sauf que Joyce, nous sommes en plein milieu d'une forêt. Où est ce que tu veux que l'on te trouve à bouffer ? , rétorque AR et Joyce les épaules.
- Je ne sais pas, mais il nous faut bien trouver. Parce figures-toi que nous sommes censées être en communion avec la nature, fait Joyce.
- C'est quoi le rapport ? , demandé-je alors.
- Eh bien si nous devions passer plusieurs jours ici, il nous aurait fallut tôt ou tard trouver de quoi manger il me semble non ? Notre instinct devrait nous pousser à sentir où se trouve la nourriture, avance Joyce et je fronce les sourcils sceptique.
- Non je ne crois pas, nous ne sommes pas des animaux, dit Gaia.
- Peu importe, juste que j'ai faim
- Mais ce soir tu pourras te maitriser et te passer de dîner ?
- Sauf que nous sommes une équipe et devons restées unies. Vous devez m'aidez, argumente Joyce et je commence à me demander sérieusement si Elona ne l'a pas soudoyé pour qu'elle nous fasse chier.
- Ok, nous allons te chercher de quoi manger, déclare Elana d'un ton sec en se levant puis elle poursuit de façon autoritaire, « juste tais-toi s'il te paît »
Je regarde Joyce et je vois qu'elle sourit grandement. Je lève les yeux au ciel et me lève à mon tour en même temps que les autres.
- On commence par où ?, questionne la métisse d'un ton excité
- D'abord je me demande où est ce que peut se cacher la bouffe , puisqu'il n'y a même pas d'animaux ici, ou du moins je n 'en ai jamais vu, à part les mains-mains , lance Danielle et je ne peux qu'acquiescer à ses dires :
- C'est vrai
- Non ce n'est pas vrai, il y a des animaux ici autres que les mains mains et je les sens, avance alors Stéphanie.
- J'oublie parfois que tu peux parler aux animaux, soupire AR
- Demande leur donc, quémande Joyce .
Dans un autre contexte à une certaine époque, j'aurais trouvé certainement tout ça plus qu'étrange voir ridicule. Mais aujourd'hui, ça me parait tout à fait normal.
**
Stéphanie a donc demandé aux animaux de la forêt que nous ne voyons pas mais qu'elle elle sent si nous pouvions trouver de la nourriture. Une trentaine de minutes plus tard nous avions accompli notre mission de nourrir Joyce et nous nous sommes à nouveau assises autour du feu.
- J'ai tellement hâte de finir cette épreuve et de pouvoir rentrer chez moi à la fin de cette semaine, s'exclame Joyce.
- J'imagine, d'autant plus que vous n'êtes pas rentrées pour le nouvel an et tout, rétorque Stéphanie.
- On a passé une bonne année quand même, dit Danielle.
- Malgré des débuts difficiles, complète AR et nous partons toutes dans un rire.
- Surtout entre Joyce et toi, fait Gaia et les deux concernés échangent un sourire.
- Ca va mieux maintenant, n'est ce pas ? Même si je sais qu'elle en pince un peu pour moi en vrai, plaisante AR et nous rions à nouveau.
- Tu m'as démasqué, ricane Joyce.
- Comme d'autres avant toi
En disant cela, AR nous regarde tour à tour rapidement. Pour ma part je sais qu'elle n'a jamais pu savoir quoi que ce soit sur moi que je ne veuille pas puisqu'elle ne peut pas rentrer dans mon esprit.
- On devrait vraiment remercier les profs à notre retour pour ces combis, parce que là je n'ai pas du tout froid c'est incroyable, fais-je remarqué et les filles rigolent.
- Ce sera une des rares choses qu'elles font de bien , fait Gaia.
- Restons dans une certaine limite dans nos propos je vous prie, nous réprimande Elana.
- Déstresse cinq secondes , on fait rien de mal. C'est le rôle des élèves de se foutre des profs, intervient AR.
Elana ne réagit pas vraiment.
- Bref , je sais que ca va vous paraitre gneugneu et tout, mais je tenais à dire que même si tous les jours ce n'était pas facile, j'ai vraiment passé une bonne année et il faut se l'avouer je suis votre plus belle rencontre.
Rire général suite à la déclaration de Joyce.
Nous discutons ainsi tout le reste de la soirée jusqu'à nous endormir. Et j'ai le souvenir que même si Lau ne participe pas elle arbore un air serein qui rassure quelque peu.
***
Le lendemain, c'est Gaia qui me réveille. Je vois que les autres sont déjà debout et je comprends que c'est l'heure de lever le camp. Alors je me masse le visage afin de me réveiller correctement, Danielle lance :
- Sinon, je suis la seule à m'inquiéter par rapport au test ? On a rien fait d'autre que passer toute la soirée à papoter et nous avons dormi jusqu'à ce matin
- Peut être que le but n'était de voir comment notre comportement en groupe avait évolué depuis le début de l'année. De voir si nous étions capable de passer une soirée agréable sans nous disputer, de nous entraider et d'agir comme si nous étions une famille, dit Elana dans un sourire et la voir sourire comme ça, d'autant plus que c'est rare ces derniers temps, ça nous donne à toutes la banane .
- Bon on y va ? , lance AR et nous acquiesçons toutes. Nous ne nous mettons pas en marche que Lau me stoppe et dit aux autres :
- Allez y, on vous rejoins tout de suite
Les autres nous lancent des regards interrogateurs avant de commencer à marcher.
- Qu'est ce qu'il y a ?
- Je voulais te parler, dit-elle et j'arque un sourcil pour l'inciter à continuer, « je voulais m'excuser de mon comportement envers toi et tout le monde à vrai dire, mais surtout avec toi. J'ai conscience que ces derniers moi, j'ai dû te faire peur surtout avec tout ce que je te disais »
- Pourquoi tu me disais tous ces trucs étranges Lau ?, demandé-je très sérieusement et elle hausse les épaules.
- C'est le résultat d'une mauvaise interprétation de tout un tas de trucs je crois et c'est tout.
Je hoche la tête pas complètement satisfaite mais j'imagine qu'elle n'en dit pas plus c'est parce nous sommes filmées.
- Je sais, mais tu sais qu'il faut nous parlions d'elle n'est ce pas ?
Par « elle » je veux bien évidemment parler de Bethany/Angel.
- J'essaierais, souffle-t-elle et je souris. Pour mon plus grand plaisir elle me rend mon geste.
- Ca fait du bien de te voir sourire
- Ca fait du bien de sourire, rit-elle et ce son dans mes oreilles semble avoir un drôle d'échos qui me donne le vertige.
Je fronce les sourcils tandis que je me sens s'alourdir et ne plus rien entendre tout d'un coup. Mes oreilles bourdonnent et je me détourne de Lau pour regarder la continuité de la forêt , soit le côté interdit. J'ai comme l'impression que les battements de mon cœur ralentissent et mon esprit se vide totalement à l'entente de ça :
- Gillian , vient à moi
Comme à chaque fois qu'Ina m'ordonne quelque chose, je ne suis plus maître moi-même. Sans réfléchir je me mets à marcher alors qu'elle répète :
- Gillian vient à moi
Il me semble entendre de façon très lointaine, mon prénom être appelé et je me mets à courir.
Dans ma tête, c'est comme ci la voix de Ina avait pris mon cerveau en otage et m'avait relégué dans un coin. Je regarde spectatrice mon corps faire des actions, que je ressens bien physiquement.
Lorsque mes jambes cessent de courir, je suis traversée d'une sorte de pulsion et quand je pense à me tâter le crâne, je le fais.
La respiration saccadée, je sais que je suis de nouveau au contrôle. J'entends un autre respiration hachée derrière moi et lorsque je me retourne, je vois Lau arrivée vers moi en courant . Lorsqu'elle arrive à ma hauteur, environ 30 secondes s'écoulent avant qu'elle ne paraisse me voir réellement et ses yeux s'écarquillent.
- Non, murmure-t-elle mais je suis vite distraite quand je vois les autres venir aussi en courant.
Alors qu'elles ne sont qu'à 20mètres de nous, Elana s'arrête brusquement et crie un :
- Stop !
Les autres s'arrêtent l'air perplexe.
- Qu'est ce qu'il y a ? , demande Joyce avant de s'avancer vers nous l'air en colère, « mais qu'est ce qui vous a pris vous deux ? C'est quoi votre problème ? Venez pour qu'on rentre ! »
J'ouvre la bouche mais aucun son ne sort tant la force que je sens me trouble .
- Joyce ne va pas plus loin, lui intime Elana . Ma camarde s'arrête les sourcils froncés, puis elle semble comprendre.
- Putain c'est une blague ? La barrière n'est pas censée être là à cette heure ci , nous sommes le matin
- Tu es sérieuse ?!, la réprimande furieusement Gaia et je comprends que c'est parce que les caméras sont toujours en marche et que nous sommes censées ne rien savoir sur cette barrière.
Sans un mot Elana se baisse pour prendre une pierre et la lance sur la barrière. Il y une grosse vibration alors qu'une espèce d'éclair jaillit du bas pour faire une ascension rapide vers le haut.
- C'était quoi ça ? , demande d'un air horrifié Stéphanie et Elana plisse des lèvres.
- C'est la barrière du côté interdit
- Attends tu veux me dire qu'elles sont de l'autre côté ?!, s'exclame d'un air paniqué Danielle. et Elana hoche la tête.
- La barrière n'est pas censée être là à cette heure ci de la journée
- Comment tu sais ça ? , demande d'un air suspicieux Joyce à Elana et cette dernière lève les yeux au ciel :
- Je suis la princesse de Dom, rétorque cette dernière comme ci s'était la chose la plus évidente du monde, « Mais toi comment le savais tu ? Ce n'est pas une information vulgarisée »
- Mais qu'est ce qu'on fait pour les aider ? , intervient AR les interrompant.
- Là il faut que l'on retourne à l'intérieur pour voir ça avec dame Elona, sinon là comme vous le voyez, nous ne pouvons rien faire du tout
- Mais comment est ce qu'elles ont fait pour se retrouver là bas ? , demande Danielle et elles nous fixent toutes à l'attente d'une réponse qu'elles n'obtiennent pas.
Elana soupire et se détourne la première. Elle est rapidement suivie par les autres.
Quand elles disparaissent de notre champ de vision je me tourne vers Lau qui et partie s'adosser au pied d'un arbre non loin.
Un long frisson me traverse lorsque je remarque qu'il fait extrêmement froid et que je le ressens même à travers ma combinaison. Et quoi que nous soyons le matin il fait relativement sombre aussi.
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