Chapitre 9
« Personne ne mourra un jour par manque d'émerveillement », Auteur inconnu
*~
Mes yeux sont grand ouverts lorsque je passe de l'autre côté. Puis, en une fraction de seconde, mon corps s'alourdit brusquement et, comme si j'avais pris cinquante kilos d'un coup, je me laisse tomber lourdement au sol.
Malgré ma pesanteur soudaine, je regarde autour de moi un peu perdue. J'ai l'impression de n'avoir passé aucune porte au niveau du paysage. C'est comme si j'étais dans la même pièce qu'il y a 2 minutes. La lumière tamisée est verte et je vois les cinq autres portails. Où sont donc Gaïa et Rochelle ?
Je sens ma tête basculer lentement vers le sol, ce n'est pas de ma faute. J'ai la gorge nouée.
J'ai juste le temps d'entendre mon prénom être appelé par l'une des deux, ma vision devient floue, puis c'est le noir complet.
*~*~*~*~*~*~*~*~*
Mes paupières sont très lourdes lorsque je les ouvre. Dès l'instant où j'émerge de mon inconscience, je prends acte de l'endroit où je suis.
Sur un lit, la pièce est de taille moyenne. Les murs sont beiges et je suis étonnée de voir ma valise posée là. Je me redresse doucement et lorsque je suis certaine de ne pas être atteinte de vertiges, je me lève. Je me demande un moment s'il faut que je range d'abord mes affaires ou alors sortir pour découvrir un peu les lieux.
Je choisis la seconde option et vais à l'extérieur. Je tombe sur un couloir. A ma gauche, ce dernier continu et il a l'air très long. Puis à ma droite, à moins de trente pas il y a une porte. Plus rassuréepar cette voie là , je vais dans la direction opposée au couloir interminable.
La porte est en aluminium et à double battants. Je l'ouvre et débouche sur un salon où se trouve un groupe de filles. Parmi cette multitude de visages inconnus, je reconnais celui de Gaïa. Elle me sourit et je me sens un peu mieux.
C'est sûr que notre première rencontre n'a pas été des plus gais, mais c'est soulageant de me rendre compte que je ne suis pas toute seule ici. Une des filles se lève du canapé et vient se mettre en face de moi, un sourire large aux lèvres
- Salut, je suis Amber-Rose.
- Gillian.
Cette fille semble avoir à peu près mon âge.
- Tu te sens mieux ?
- Quoi ?
- Rochelle nous a dit que tu étais tombée dans les pommes, alors je me répète : est ce que tu te sens mieux ? , redit-elle en prononçant très lentement. Je fronce les sourcils.
Mais c'est qui cette fille ? Je n'apprécie pas particulièrement le ton qu'elle emploie à mon égard d'autant plus qu'on ne se connait pas.
- Oui je vais bien, merci de t'en inquiéter, répliqué-je sèchement, un brin sarcastique. Elle ne se départit pas de son sourire.
- Ah vous êtes toutes là ! , fait la voix de Rochelle ce qui leur fait toutes tourner la tête dans sa direction. Elle est entrée par une autre porte, qui se trouve en face de celle que je viens de passer, mais à l'autre bout de la pièce.
Amber -Rose me lance un second regard et va reprendre place. Moi aussi je vais m'assoir, à une place vide qu'il reste à côté d'une fille à la peau mate.
Rochelle, elle, vient se mettre en face de nous. Elle me regarde puis sourit.
- Contente que tu sois réveillée Gillian
Je ne réponds car c'est un peu stupide de me répéter une fois de plus. Certes elle n'a sûrement pas entendue l'entrée en matière d'Amber -Rose mais bon...
- Je ne vais pas vous emmerder, vous devez sûrement aller ranger vos affaires donc je vais faire assez vite : je suis folle de joie de voir que vous êtes ici et j'espère que nous allons passer une super année ensemble, sans encombres, débite-t-elle en me lançant un regard, puis à ma voisine, « si l'envie vous en prend, vous pourrez très bien sortir pour visiter l'IPJDD, mais je vous conseille d'y aller à plusieurs »
- Pourquoi ? , demande une fille brune. Elle est assise à côté de Gaïa, je ne la perçois que de profil.
Rochelle soupire.
- Parce que vous n'êtes pas seules dans cette école et on va dire qu'on n'est pas l'espèce la plus appréciée ici.
Je fronce les sourcils : est ce qu'elle vient vraiment de dire 'espèce' pour nous qualifier ?
Et quels sont ces 'autres' qui ne semblent pas nous aimés ?
- Bon à demain alors !
Sur ce elle ressort par une seconde sortie qui donne un petit aperçu d'un plus grand large couloir que celui que j'ai emprunté.
A peine après sa sortie, Amber-Rose saute sur ses deux jambes.
- Bon, je vous fais une petite visite ?
- Pourquoi pas, dit l'une des filles. Petite de taille, elle a les cheveux aussi sombres que Rochelle. Une seconde se lève, elle est blonde.
Le trio se tourne vers nous.
- Bon vous venez ou pas ?, demande Amber-Rose, avec un air presque agacé.
- Non ça ira , répond la fille près de moi.
Elle nous regarde de haut en bas, puis hausse les épaules. Elles s'en vont, mais pas dans la même direction que Rochelle.
- Alors ici c'est la cuisine et la salle àmanger, résonne la voix d'Amber-Rose.
- Bon moi je vais défaire mes valises, dit la fille qui avait posé la question à Rochelle. Elle se lève et se met en face de nous :
- Si ça vous dit, on pourrait aller visiter toutes ensembles l'extérieur plus tard ?
Sa voix est posée et chaleureuse. Sa proposition me donne plus envie que celle d'Amber-Rose en tout cas.
Je hoche la tête pour acquiescer.
- Oui ce serrait cool, répète ma voisine. Vu comment elle a remballé Amber-Rose tout à l'heure, je suis un peu choquée. Je me tourne vers elle, un petit sourire au visage.
- Désolée, mais je n'aime pas quand on me force la main.
Nous convenons de nous retrouver ici même l'heure d'après, le temps de faire tout ce qu'on veut. Chacune rejoint sa chambre.
Avant d'aller rejoindre les autres, j'ai le temps de ranger tous mes vêtements dans la penderie puis je prends une douche rapide. En regardant ma montre, j'ai remarqué qu'elle avait cessé de marcher. Je me demande comment je vais faire pour me situer dans le temps du coup.
Lorsque j'arrive dans le salon j'y trouve déjà les autres. Pendant un instant je me demande si elles aussi leurs montres ou téléphones même ne marchent plus, mais je me ravise.
- Bon on peut y aller, annonce la fille qui avait proposé la visite. A peine nous atteignons la sortie que cette dernière se tourne d'un coup vers nous.
- Au fait moi c'est Lau.
- Joyce, répond celle avec qui j'étais assise.
- Gaia.
- Gillian.
Nous nous sourions, puis Lau pousse la porte et nous nous engageons dans le couloir géant. Il est tellement vaste que nous pouvons toutes marcher sur la même ligne sans aucun problème.
Tout en haut des murs, sont encastrées de très larges fenêtres qui laissent filtrer la lumière.
- Vous ne trouvez pas ça dingue vous ?, dit d'un coup Joyce.
- Quoi ?, demande Gaïa.
- Qu'on soit ici, répondé-je et Joyce me regarde les yeux pétillants.
- Exactement ! Hier à cette heure-ci, j'étais rentrée du lycée, continue-t-elle songeuse.
- C'est pas une mauvaise chose, commence Lau, « perso j'espère ne pas avoir fait un mauvais choix. Je veux dire, on a toutes laissé des trucs en plan pour venir jusqu'ici et ça me ferait vraiment rager si au bout du compte ça ne m'apporte rien »
- Ouai, lui sourit Joyce et je suis d'accord.
Ce n'est que maintenant que je me rends compte que je vais sûrement perde une année ici. Plus de lycée, rien. Est-ce que mes parents ont réfléchis à ça ?
Est ce que moi-même je l'ai fais ?
Nous discutons le long du chemin et je découvre que Joyce vient de Sydney et Lau de Lyon. Je suis étonnée de voir à quel point elle parle bien notre langue, elle a avoué être bilingue.
Nous finissons enfin par aboutir sur la fin du couloir et il y a une grande porte en métal. Exactement la même qu'il y avait à l'IJPS sauf que celle-ci a déjà une poignée.
- Vous êtes sures qu'on a le droit d'aller par là ? , demande Gaia. Lau hausse les épaules.
- Je pense, oui. Sinon Rochelle nous l'aurait dit.
- Ou Rose-Amber, pouffe Joyce.
- C'est Amber-Rose, rectifié-j'en souriant. Elle roule des yeux.
- Qui s'en fout ?, rétorque-t-elle et nous rions.
Lau ouvre la porte, et nous la suivons.
La pièce dans laquelle nous nous retrouvons est gigantesque. Je remarque la présence de quatre autres : deux sur le mur d'à gauche, une sur celui de droite et une autre en face de nous.
- Vous pensez qu'on est où là ? , souffle Lau. La salle est vraiment spacieuse, on dirait ces pièces de bal qu'on voit dans les films. Au centre, il y a un distributeur de boissons, un écran plasma et des fauteuils qui ont tout l'air d'être en cuir.
- C'est vachement grand, commente Joyce regardant les alentours comme nous.
- Où nous amènent les autres portes ?, demandé-je intriguée. Gaia me regarde et hausse les épaules.
- A mon avis, c'est une salle de détente, dit-elle.
- Pas que pour nous en tout cas, dit Lau.
- Ça c'est sûr, rigole Joyce, « On continue ? », propose-t-elle et nous acquiesçons.
Nous passons par la porte qui est face à celle par laquelle nous somme rentrées. Nous débouchons de nouveau sur un couloir.
- Vous ne trouvez pas ça un peu bizarre qu'il n'y ait personne ?, demande Gaïa. Lau hausse les épaules.
- C'est notre aile du bâtiment. C'est ce que Rochelle m'a expliqué et je crois que la salle qu'on vient de dépasser est celle de détente réservée à tout le monde.
- Justement, c'est qui tout le monde ?, demandé-je. Lau hausse de nouveau les épaules.
- Franchement ? Je ne sais pas.
Ce couloir là est beaucoup moins long que le précédent. Nous nous retrouvons à une intersection et il y a deux chemins possibles à prendre. Il y a deux portes.
-On prend laquelle ?, demandé-je et Lau indique du menton celle de droite.
Joyce pousse la porte en métal, et nous nous retrouvons enfin à l'extérieur.
Je reste bouche bée devant ce que je vois.
Certes la cour est très vaste. Le deuxième bâtiment, séparé du notre par l'espace, est très impressionnant, totalement fait de briques rouge et grises. Il y'en deux autres encore de la même envergure. Ce qui les différencie, ce sont leurs couleurs : l'un est fait de briques vertes et jaunes, et l'autre de briques bleus et blanches.
Mais ce n'est pas ça qui me grise, c'est le ciel.
- Putain, marmonne Joyce.
Ça, on peut le dire ! Le ciel n'a pas de couleur, il est translucide. Ni bleu, ni blanc, il est translucide. Il n'a pas de couleur. Et le soleil y nage. C'est incroyable et bizarre à la fois.
Maintenant, je ne pourrais plus dire que je ne me sens pas partie. Ca c'est sûr.
Il nous faut à peu près une heure pour tout visiter. On a découvert le terrain de sport derrière le bâtiment où nous sommes et juste à côtés des bois. Pour y accéder , il faut prendre la porte de gauche au niveau de l'intersection du couloir de notre aile après l'espace détente.
Cet institut a plus l'air d'être un campus universitaire qu'autre chose. Le plus étrange, c'est que nous n'avons rencontré personne. C'était limite flippant.
Nous retournons à l'intérieur. Nos discussions vont bon train.
- Ça vous dit de venir courir avec moi demain matin ? Ou même ce soir ?
- Ce soir ? T'es malade. Quelqu'un pourrait nous égorger que personne ne s'en rendrait compte, réplique Joyce.
Nous éclatons de rire. Lorsque nous arrivons à notre salon privé, Amber-Rose et les deux autres filles y sont aussi. Elle nous regarde avec un drôle d'air.
- Vous êtes finalement allées visiter ?, demande la blonde dont je ne connais pas le nom.
- Oui c'était cool, répond Lau.
Joyce et Gaia s'installent sur les fauteuils, alors que Lau disparait dans la cuisine.
- On discutait du dîner de ce soir, commence Amber-Rose, « Rochelle m'a prévenue qu'il y avait tout dans le frigo, on n'aura qu'à préparer ce qu'on veut. Donc ça vous va une petite salade avec du poulet ?
Une salade ?
Lau revient un verre d'eau à la main.
- J'ai cru mal entendre quelqu'un a dit salade ?, demande-t-elle.
- Oui c'est moi, répond Amber-Rose la voix animée. Lau fait une grimace dégoutée.
- Beurk non, ma mère me forçait à en manger. Pas question.
- Pareil, rajoute Joyce, Gaïa et moi acquiesçons.
- C'est comme vous voulez, répond Amber-Rose d'un ton critique, les filles et moi allons en tout cas en manger. Chacune s'occupe de ce qu'elle veut ...
- Ouai c'est ça, marmonne Joyce, puis elle s'adresse à nous, « une quiche ça vous va ? Je les réussis bien ».
Nous acquiesçons et allons toutes dans la cuisine.
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