Chapitre 87

NDA : Bonsoir ! Je voulais informer qu'étant en 1re ES, je passe cette semaine mon bac de français et de sciences. La semaine prochaine mon oral de français. Le chapitre 88 mettra donc plus de temps, mais j'espère que celui-ci ( très long soit dit en passant) vous satisfera J Bisous, merci de me lire encore.

Ce soir a lieu l'évènement des garous qui se déroule dans la forêt. Quand j'ai annoncé aux filles que je serais l'invité d'Ella, elles ont toutes été surprises, surtout Elana. Finalement, je me suis arrangée avec Gabin et ce dernier a dit qu'il inviterait un racine à la place et que ce n'était pas grave. Mais nous avons continué à discuter et il a tenu à ce que nos tenues soient assorties. Ça m'a fait bien rire, et surtout penser que même pour les bals au lycée, je n'avais jamais été invitée par un garçon. Nous y allions toujours en groupe d'amies.

J'aime la relation que j'ai avec Gabin, surtout depuis que nous avons mis les choses au clair en ce qui concerne Adam et Joyce. Contrairement, à ce qu'il redoutait, cette histoire d'âmes sœurs ne m'a pas révulsé ou quoi que ce soit. Bien au contraire, le fait d'être aussi informée me plaît. J'aime savoir où est ce qu'on en est.

Avec Joyce, tout est redevenu normal. Genre, réellement. Comme les premiers mois de notre arrivée. Plus aucune tension et la savoir aussi proche de Gabin ne me dérange plus autant qu'avant. Il va s'en dire que c'est un réel soulagement pour tout le monde que l'on s'entende aussi bien, et pas juste nous. Tout le groupe même.

Il y a comme une espèce d'harmonie entre nous et c'est vraiment exaltant comme sensation. Pour ma part, ça l'est encore plus, car tous ces moments de détente avec elles m'empêchent de penser à tous les conflits intérieurs aux quels mon esprit se livre. J'ai l'impression d'avoir trop de choses à gérer et à comprendre.

Des choses aux quelles je ne veux pas forcément faire face.

***

- Le cours d'ajourd'hui risque d'être assez particulier.

Ce matin, pour je ne sais quelle raison, au lieu de commencer par le cours de Rochelle comme d'habitude, c'est Mau qui pénètre dans l'amphi tandis que nous nous installons.

- Donc on n'aura pas cours avec Rochelle aujourd'hui ? , fait alors Danielle sur un ton d'espoir qui reflète tout autant le nôtre.

- Bien sûr que oui. C'est juste que je ne peux faire déplacer du matériel du labo à ici qu'à cette heure ci. C'est pour ça.

Les autres poussent un soupir de soulagement, mais moi, ça fait tilt dans ma tête.

- Comment ça ? Pourquoi est ce que tu veux déplacer le matériel du labo jusqu'ici ?, m'exclamé-je alors attirant l'attention de toutes.

Je ne sais pas pourquoi, mais les battements de mon cœur se sont accélérés. Faire les tests de Mau avec mon Ogie seulement et à la limite avec d'autres professeurs est une chose. Mais là ; le faire devant les filles, je ne me sens pas du tout à l'aise et je suis en panique totale. Ce n'est pas possible.

- Ne t'inquiète pas Gillian, cette séance ne sera pas bien différente de celles qu'on fait d'habitude. Seulement, nous allons essayer de nouvelles choses avec les filles.

Comment ça avec les filles ?

Je suis cependant incapable de parler car une grosse boule vient de se former dans ma gorge. Les autres filles ne semblent pas vraiment s'intéresser à ce que vient de dire notre professeur et encore moins à moi puisqu'elles se mettent à discuter tandis, que la porte de l'amphi relier à l'autre amphi commun s'ouvre et deux hommes en combinaisons blanches font leur apparition. Ils poussent une baignoire et ce fait attire à nouveau l'attention des filles qui se taisent. Il y a des roulettes sous la baignoire, ainsi ils la déplacent sans aucune difficulté jusqu'à l'estrade. Sceptique, je regarde mon Ogie s'approcher d'eux et leur parler à voix basse de telle sorte que nous n'entendions pas. Au bout de ce qui semble une minute, l'un des deux hommes sort de la salle tandis que le deuxième reste et continue sa conversation avec Mau. Lorsque celui qui était partit revient, il tient une espèce de valise qu'il remet à notre professeur et sans plus de protocoles les deux s'en vont.

Il n'y donc plus que Mau, nous, la baignoire et un silence de morts. Les autres semblent aussi perplexes que moi à présent.

Nous observons Mau poser la valise sur le bureau, mais nous faisant dos, elle obstrue notre angle de vision sur l'intérieur de l'objet. Du coup, nous pouvons juste deviner qu'elle en sort plusieurs choses. Lorsqu'elle termine, elle referme la valise, la pose au pied du bureau avant de se tourner vers nous.

- Rapprochez vous s'il vous plait, nous invite-t-elle et nous nous exécutons. En file indienne nous montons sur l'estrade pour nous réunir autour de notre Ogie. Ainsi, j'ai tout le loisir de voire ce qu'elle déballait tout à l'heure : il y a un ordinateur portable sur le quel est branché une multitude de fils aux bouts des quels se trouvent des ventouses.

Ok...

- A vrai dire , je veux que vous descendiez toutes de l'estrade, Gillian toi seule tu restes.

Les filles s'exécutent et je sens de moins en moins bien cette séance. Voire même pas du tout.

- Comme vous le savez déjà, seule Gillian ne connait pas son jeu et le but de cette année scolaire pour elle et plus particulièrement dans mon cours, c'est de le découvrir et apprendre à l'exploiter. Dès le début, nous avons beaucoup abordés de façon théorique la notion du jeu mais aussi quel lien nous pouvions faire entre son manque de sommeil dans l'autre monde et sa situation actuelle. Nous avons aussi fait des hypothèses pour savoir quel chemin emprunter. A présent que nous avons des pistes il nous faut faire des expériences.

Mon cœur fait un bout dans ma poitrine.

Des expériences ?

Je pensais que c'étaient des tests.

Quand j'entends le mot « expérience » comme ça me fait penser à toutes sortes de choses, mais rien d'humain.

- Est-ce que vous avez le droit de faire ça ? Parce que si je me rappelle bien, il n'était stipulé nulle part que vous avez un quelconque droit de nous faire passer des expériences, intervient AR et j'y vois une sorte d'échappatoire. Pour vu qu'elle est raison.

- J'ai l'autorisation de Dame Elona pour ça Amber Rose, fait alors Mau.

- Je ne demande pas si Dame Elona est au courant ou encore moins même si elle est d'accord. Je dis que le contrat que vous nous avez fait signer ne stipule en aucun cas cette histoire d'expériences. Vous n'avez pas le droit de faire ce que vous êtes entrain de faire.

- Les parents de Gillian ont signé un contrat différent du vôtre. Dans le sien, il y a une clause qui autorise l'institut à mettre tous les moyens en œuvre pour assurer son bien être et la découverte de son jeu en fait partie.

Bouche bée, je me tourne pour jauger la réaction de AR et elle semble tout aussi éberluée que moi.

- Maintenant que Amber Rose a finit je peux continuer ? , réplique à nouveau d'un ton sarcastique Mau et aucune de nous ne répond.

- Bien comme je le disais avant d'être interrompu, maintenant que nous en avons finit avec l'aspect théorique nous pouvons passer à l'aspect pratique. Avant d'avoir l'autorisation de te faire passer l'expérience que tu vas faire tout à l'heure Gillian, il fallait que je te fasse passer des tests pour jauger ton activité cérébrale, mais également ton subconscient.

Elle s'adresse alors aux filles :

- Grâce aux résultats des tests ; nous avons découvert que l'esprit de Gillian était très... Comment dire ... très fort ? Comme réfractaire à toute intrusion.

- Comme si il y avait une barrière en fait, intervient alors Joyce et je la regarde surprise. Mais mon regard dévie rapidement sur AR et nous nous fixons quelques secondes. Cette conversation je l'ai déjà eu avec elle. Le jour où elle m'a expliqué pourquoi elle pensait que j'étais l'imposteur, c'était parce qu'elle ne parvenait pas à pénétrer dans mon esprit.

- Exactement, acquiesce alors Mau avant de poursuivre cette fois ci en se tournant vers moi, après le premier test je me suis renseignée auprès de filles pour savoir si elles arrivaient à faire fonctionner leur jeu sur toi.

Je me rappelle alors vaguement de ce jour où j'avais demandé d'après Lau à Gaia, je crois, et cette dernière m'avait dit que cette dernière s'entretenait avec Mau. Puis ça avait été Joyce.

- Aucune d'elle ne le peut si tu veux savoir. Ce qui m'a un peu rendu perplexe, puisque lors de notre premier jour, Joyce nous avait fait la démonstration de son jeu sur toi.

- Mais le jeu de Joyce n'est pas un jeu de l'esprit, intervient à nouveau AR et Mau la foudroie du regard.

- En grande partie si, répond alors Elana, c'est comme si elle ne faisait qu'un avec l'esprit du sujet qu'elle veut manipuler pour que ce dernier fasse, ressente tout ce qu'elle veut.

- Mais dans ce cas si on ne peut pas pénétrer dans l'esprit de Gillian, comment est ce que Joyce a réussit à lui faire ressentir sa gifle ?

- Peut être que la barrière n'était pas encore là tout simplement, déclare alors Gaia.

- C'est une explication. Ca voudrait dire, qu'il n'y avait pas de blocage à ce moment là. La question serait qu'est ce qui l'a fait apparaître ?

A cet instant tous les regards convergent vers moi comme si j'allais leur donner la réponse.

Si moi-même je pouvais savoir...

- Donc en quoi consiste l'expérience d'aujourd'hui ? , demande Steph.

- Le but de cette expérience est de voir comment va réagir l'esprit de Gillian à une intrusion extérieure. Il aurait été intéressant de le faire comme ça, c'est-à-dire pendant qu'elle est éveillée et avec quelqu'un qui a un jeu comme Joyce ou encore AR, malheureusement je n'ai pas encore eu le matériel pour le faire. Pour notre séance, je vais te mettre en transe naturel et comme Gaia est pratiquement la seule à maitriser plus ou moins bien son jeu, elle va essayer de rentrer dans ton esprit, ou du moins ton subconscient pour voir tes rêves réels. Quand elle n'y arrivera pas, cela voudra dire qu'il y a la barrière, c'est-à-dire ton blocage. Tout va être retranscris sur l'ordinateur.

J'acquiesce, mais je suis très anxieuse quant à certains détails.

- Mais pourquoi la baignoire ? Et qu'est ce que tu veux dire par transe naturel ?

Tout à coup, Mau semble nerveuse.

- C'est là que ça se complique un peu. Te mettre en transe pour stimuler ton subconscient est une chose, mais l'ouvrir pour qu'un autre personne puisse y avoir accès en est une autre. Lors de ton évanouissement la dernière fois, nous avons constaté que tu étais vraiment « transe ».

- Tu m'as dit que j'étais comme morte. Tu veux me replonger dans cet état ?, fais-je effarée. Je sens les autres retenir leur souffle et Mau semble encore plus embarrassée

- J'ai conscience que c'est dangereux, mais si l'autre fois tu as réussi à te plonger dans cette situation et en plus en ayant un nouveau rêve réel et pas qu'un souvenir, ça veut dire beaucoup et qu'on est encore beaucoup plus proche de notre objectif.

Mon estomac se noue.

- Qu'est ce que tu vas me faire avec la baignoire ?

- Te mettre en hypothermie.

- Tu es au courant que si elle meurt il n'y aura plus aucun intérêt qu'elle découvre ou pas son jeu ? , s'ingurge AR.

- Amber Rose si tu continue je vais être obligée de t'expulser de ce cours !, s'emporte alors Mau

- Je ne te demande pas ton avis, mais je suis entrain de vous renseigner des conditions dans lesquels on va travailler.

Mon regard rencontre celui d'AR qui est furieux.

- J'ai le choix ?

- Pas vraiment. Maintenant nous allons commencer.

Mau se détourne et va vers son bureau et allume l'ordinateur portable.

- Tu peux enlever ton gilet mais je te conseille de garder tes vêtements.

Il y a un silence de plomb qui s'installe, et ce dernier me rappelle fortement celui qui nous accablait, Joyce, lau , Gaia et moi, le soir où nous avons enterré Bethany. Tandis que je m'exécute et je me déchausse au passage, mon cœur bat à 100 à l'heure.

- Gaia monte sur l'estrade, Gillian vient vers moi.

La gorge nouée je m'exécute. Mau se tourne vers moi pour me faire face. Elle m'intime d'aller vers la baignoire. Raide comme un pique, lorsque je suis au dessus de celle-ci, je remarque avec une certaine surprise qu'elle est vide.

- Installe-toi dedans

Je lance un regard circonspect aux autres filles qui nous fixent éberluées et enjambe l'objet pour m'assoir à l'intérieur. Je note qu'elle est très grande et je pourrais m'allonger à l'intérieur sans aucun problème.

Mau se déplace avec l'ordinateur et vient vers moi. Elle me tend les ventouses et je comprends que je dois les mettre sur ma tête.

Une fois que c'est fait, mon Ogie s'éloigne assez pour que les fils qui relient les ventouses à l'ordinateur se tendent. Elle pose alors l'ordinateur par terre avant de se relever.

Elle revient à nouveau vers moi.

- Je sais que tu as peur mais ne t'inquiète pas. Quand je te le dirais, tu vas t'allonger et une paroi va fermer la baignoire. Il y a un bouton juste sur le côté que je vais appuyer et la température va chuter très brutalement et celle de ton corps sera en dessous de 36 degrés. En terme clinique on dira que tu es morte. Tu vas sentir le froid jusque dans tes os mais ne t'inquiète pas, tes capacités de joueuses te mettront en fait transe. Ton rythme cardiaque va être très ralenti presque arrêté, mais ton activité cérébral marchera toujours et une profondeur va s'ouvrir : ton subconscient. L'ordinateur va me prévenir et c'est là que Gaia va intervenir. Il va falloir faire vite, parce que ton corps ne le supportera pas longtemps et risquerait de lâcher au bout de cinq minutes, si ce n'est moins.

Ma gorge se noue et je hoche la tête.

- Gaia, l'interpelle Mau et la concernée vient se planter aux côtés de notre professeur qui poursuit : assied toi près de l'ordinateur et prend deux ventouses pour les mettre sur tes tempes. Ça facilitera la connexion entre vos deux esprits.

Gaia s'exécute sans un mot. Lorsque c'est fait, Mau revient à nouveau vers moi.

- On va commencer, allonge toi.

Le cœur battant je me laisse glisser lentement dans la baignoire. Mon regard rencontre celui de Mau et elle me sourit :

- Ne t'inquiète pas. Au moindre problème la capsule s'ouvrira d'elle-même.

Je n'ai même pas le temps d'acquiescer que cette dernière se penche. Des contours se dessinent tout le diamètre de la baignoire pour former des creux. Creux du quel une paroi se met à sortir deux côté de mes pieds pour recouvrir l'objet.

Je me retrouve « enfermée » dans un silence pesant. La voix de Mau résonne mais je ne distingue pas ses paroles.

C'est alors que je sens ma poitrine se comprimer d'un coup, comme sous l'effet d'un coup de pied, mais c'est le froid. Mon cerveau n'a pas le temps d'assimiler cette information qu'un mal de tête lancinant me prend ainsi qu'une douleur aigue qui se diffuse dans tout mon corps.

Les muscles de mon visage semblent pétrifiés et je n'arrive pas à crier.

En moins de quelques secondes, je sombre dans l'inconscience.

***

L'instant d'après quand j'ouvre les yeux, je ne suis plus du tout au même endroit et je n'ai plus du tout mal. Bêtement je tâte mon crâne à la recherche d'une quelconque douleur mais rien ne vient. Soulagée, j'inspecte les lieux autour de moi et l'espace est vide. Il n'y a pas d'arbres, de fleurs ou quoi ce soit d'autres qui indiqueraient qu'il y a de la vie par ici. Le sol est grisé et je me rends compte que tout est gris.

C'est mon subconscient ?

Je fronce les sourcils et fait un tour sur moi-même avant de m'arrêter net.

Le mur, il est là. Juste en face de moi. Invisible, mais je le sens. Comme s'il respirait, comme si il vibrait.

Intriguée et à la fois fascinée par cette chose invisible, que Mau appelle mur car désormais que je luis fais face je ne suis plus sûre que ce soit un mûr, je m'en approche.

Une voix s'élève alors derrière moi et je feins la crise cardiaque :

- Gillian

Très lentement, mais sûrement, je me tourne le cœur battant et lorsque je fais face à une silhouette totalement noire, comme une ombre, je réprime un mouvement de recule.

- Ina ?

L'ombre s'avance et complètement paniquée je recule.

- N'ai pas peur de moi Gillian

Complètement effarée je m'exclame :

- Oh mon dieu, Ina c'est toi !

Je porte ma main à ma bouche.

- Gillian nous n'avons pas beaucoup de temps écoute moi

Hébétée j'acquiesce.

- Je vais rentrer en phase et donc nous n'aurons plus de contact avant longtemps.

Je ne sais pas quel genre d'émotions je devrais ressentir en ce moment, mais je suis totalement paniquée par cette information.

J'ai tellement de questions, et elle est là devant moi...

- Quoi ? Mais pourquoi ?

- Nous n'avons pas beaucoup de temps Gillian, écoutes moi juste. Ne leur fais pas confiance et ne les laisse pas découvrir qui tu es

Mais de quoi parle-t-elle ?

- Qu'est ce que tu veux dire ? Et pourquoi est ce que tu arrives à pénétrer mon esprit alors que les autres ne le peuvent pas ? C'est toi qui a mis cette chose là ? , fais-je en désignant le « mur » derrière moi.

- C'est toi

- Comment ça c'est moi ? C'est moi qui l'aie mis là ?

- C'est toi, répète simplement l'ombre et je rage intérieurement.

- Dis-moi ce que tu sais ! Je me sens tellement perdue !

- Je ne peux pas

- Pourquoi ? , crié-je excédée.

- Parce que je sais tout

Une boule se forme dans ma gorge.

- Et moi je ne sais rien.

L'ombre ne répond pas et ma colère redescend d'un coup. C'est peine perdue.

Dépitée je soupire, tandis qu'une chaleur m'enveloppe et je sens tout autour de moi tanguer.

- Qu'est ce qui se passe ? , m'inquiété-je alors que le vertige s'arrête.

L'ombre ou Ina, je ne saurais trop dire, recule.

- Le temps est écoulé. Je m'en vais. Fais attention, ne leur fais pas confiance et ne les laisse pas découvrir qui tu es

- Et je devrais te faire confiance ? Alors que tu m'as obligé à enterrer Bethany ?

L'ombre recule encore.

- Il le fallait

- Pourquoi ? Réponds-moi ! Qui était Bethany ? Qui es tu ?

L'ombre recule à nouveau tandis ma vison se trouble, je sens mes paupières devenir très lourdes, et j'ai du mal à respirer.

Mes jambes cèdent sous mon poids sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit.

Je m'étale au sol.

- Ne les laisse pas découvrir qui tu es. Ne les laisse pas me découvrir.

Dans un dernier effort, j'articule :

- Dis-moi

- Non !

Mon corps entier vibre au son de sa voix et je sens ma poitrine se comprimer ainsi qu'une sensation de chute libre m'assaillir.

**

Lorsque j'ouvre à nouveau les paupières, la première chose dont je prends note c'est le froid qui m'habite puis mon regard rencontre celui de Joyce qui est penchée sur moi les joues baignées de larmes.

- Elle est vivante ! Oh mon dieu elle est vivante j'y crois pas, elle est réveillée, crie et pleure en même temps mon amie en me prenant dans ses bras.

Complètement sonnée et les oreilles bourdonnantes je n'arrive pas à lui rendre son geste. Je regarde autour de moi , et me rend compte que je ne suis plus dans la baignoire et que je suis entourée par les filles , mais aucune trace de Mau et de AR.

- Où est Mau ? Et qu'est ce qui s'est passé ?

Aucune d'elles ne me répondent, seuls les pleurs de Joyce résonnent dans l'amphi. Totalement tremblante de froid, j'essaie de me relever, mes tous mes membres tremblent et je me retrouve très vite sur les fesses.

Cette agitation emble sortir les autres de leur léthargie puisqu'elles viennent à mon secours.

Steph me retire mon gilet et me somme de laisser Danielle et elle enlever tous mes vêtements.

Je n'ai pas vraiment la force pour les en empêcher et me laisse faire comme une enfant de 5 ans. Elana me donne son gilet, avec lequel les filles m'habillent. J'ai beaucoup moins froid, mais je tremble toujours.

- Alors vous aller m'expliquez ce qui s'est passé ou pas ?

Joyce s'est calmé entre temps et elle aussi se redresse. Je suis la seule à rester assise. Mn regard balaie l'estrade et je remarque alors tout un tas de débris de verre autour de la baignoire, l'ordi toujours par terre.

- On aurait dû soutenir AR quand elle a dit que c'était une mauvaise idée, comme Danielle et Stéphanie acquiesce.

Mon regard rencontre celui de Lau, et elle semble être à 1000 kilomètres d'ici.

C'est alors que la porte menant à l'amphi commun s'ouvre sur trois hommes en blancs chargés d'un brancard. A leur suite AR et Mau.

Les deux semblent choquées lorsqu'elles me voient assise.

Mau se précipite sur moi avant de s'agenouiller.

- C'est incroyable, murmure-t-elle.

Incroyable elle dit ?

- Est-ce que quelqu'un va m'expliquer ce qui s'est passé ?

- Tu as fais pété l'appareil, déclare alors Gaia comme si le fait que Mau soit là était la permission pour qu'elles se mettent à parler.

Mau se redresse et s'adresse aux hommes en blancs.

- Merci mais ce n'est plus la peine. Vous pourriez juste revenir récupérer la baignoire et nettoyer ?

L'un deux hochent la tête et ils s'en vont.

- Est-ce que tu peux marcher ? me demande Mau et incertaine, je réessaye à nouveau de me mettre debout et à ma grande surprise j'y parviens.

Voyant cela, Mau hoche la tête.

- Bien. Gaia et toi, vous allez me suivre et nous allons aller à l'infirmerie. Les autres, les cours de la journée sont annulés, vous êtes libres.

Lau et Elana sont les seules à sortir. Steph, dani , Joyce et AR restent.

- On vient avec vous, fait Joyce

- Pas question. Je vous dirais quand vous pourriez leur rendre visite.

- Tu devrais être suspendue pour ce qui est arrivé, maugré AR et je suis étonnée que Mau ne réponde pas.

- Sortez, ordonne-telle juste sèchement.

**

Une fois les filles sorties, Mau nous ,a comme dit, conduit à l'infirmerie. J'étais mortifiée, non seulement toujours de froid, mais aussi parce que sous le gilet d'Elana je n'étais qu'en sous vêtements.

Gaia et moi avons été admises dans la même chambre comportant deux lits et une robe m'a été donnée. Je l'ai enfilé sans commentaire et quelques minutes après, Mau a fait son apparition suivit d'un doti. Jusque là, Gaia ne m'a pas adressé la parole, non pas qu'elle m'ignore, mais elle semble souffrir le martyre puisqu'elle a constamment sa tête entre ses mains.

On ne m'avait donc toujours pas expliqué ce qui avait bien pu arrivé pendant ma transe, et je pense que maintenant que Mau est là devant moi, elle va enfin le faire.

Quant à moi, il m'est pratiquement impossible de ne pas songer à ce qui s'est passé avec Ina. Rien qu'à cela j'ai la nausée.

Le doti qui accompagne Mau, va d'abord vers Gaia qui a vraiment l'air mal en point.

- Bonjour Gaia, je m'appelle Raf. D'après ce que m'a dit ton professeur, tu as été victime d'un ... traumatisme crânien on va dire et vu le choc de l'impact, je dirais que c'est incroyable que tu tiennes toujours debout. Comment tu te sens ?

- J'ai très mal, gémis Gaia allongée sur son lit tandis que moi je suis assise sur le mien suivant leur échange.

- J'imagine, fait le doti en plongeant sa main dans sa blouse pour en sortir une seringue contenant un liquide incolore.

- C'est un anti douleur combiné un somnifère

Je vois Gaia acquiescer et sans aucune autre forme de procédure, il lui enfonce l'aiguille dans le coup.

Dans une grimace je détourne les yeux, et serre les dents lorsque dans le silence de la salle, on entend le bruit de l'aiguille ressortant de la chair.

La bille me monte à la gorge.

Lorsqu'il en a finit, « Raf » le doti range à nouveau la seringue dans sa poche. Je risque alors de nouveau un regard de leur côté et constate avec un certain soulagement que ce dernier s'est éloigné de Gai et que cette dernière a à présent les yeux fermés.

- Elle va s'en remettre, ne vous inquiétez pas, nous dit alors le doti , mais j'ai l'impression qu'il s'adresse plus à moi qu'à Mau.

Les deux se tournent à présent vers moi. « Raf » est le premier à parler :

- Tu es Gillian n'est ce pas ?

Je me contente de hocher la tête alors qu'il me sourit. C'est un homme mûr et je dirais qu'il est dans la cinquantaine.

- Ton professeur m'a un peu raconté ce qui s'est passé, mais je vais sortir et vous laissez discuter. Lorsque vous en aurez finit, je t'amènerais dans l'autre aile de l'infirmerie pour te faire passer une radio et t'ausculter pour vérifier si tout va bien comme tu le présentes en apparence.

Encore une fois je hoche la tête et il va au mur, place sa main. Le carré apparaît, il sélectionne la sortie et la porte apparaît.

Lorsque cette dernière se referme derrière lui, Mau pousse un profond soupir.

- Donc tu vas m'expliquer ? , me lancé-je et mon ogie acquiesce.

- Oui biensûr. Après que j'ai mi la machine en marche tout allait bien , au bout de quelques secondes, il y eut l'ouverture de ton esprit celle de ton subconscient à vrai dire et Gaia a pû y pénétrer. Ce qui était vraiment bien, c'est qu'elle nous disait tout ce qu'elle voyait.

- Et elle a vu le mur ? , m'inquiété-je la gorge nouée et Mau pince des lèvres.

- Oui elle l'a vu et c'est là que tout a dégénéré. Je ne suis pas sûre parce que tout était un peu fouillis quand elle parlait, mais de ce que j'ai compris, visuellement on ne voit pas le mur mais on en ressent la présence physique de celui ci.

- Comme s'il était vivant, laissé-je échappé et le visage de Mau s'éclaire.

- Gaia a dit la même chose. Je cite « ce truc est vivant », et elle disait te voir mais que tu étais de l'autre côté. C'est vrai ?

Et j'acquiesce.

- Je ne vais pas m'attarder là-dessus maintenant mais après nous en reparlerons, après que Raf ait vérifié que tout va bien parce que quand je vais te dire ce qui est arrivé après tu vas halluciner.

Tout d'un coup je me redresse.

- Quand Gaia a essayé de se rapprocher du mur, au moment net où elle nous l'a dit, la salle a tremblé.

- Quoi ?

Et je me rappelle :

- Dis moi ce que tu sais ! Je me sens tellement perdue !

- Je ne peux pas

- Pourquoi ? , crié-je excédée.

- Parce que je sais tout

Une boule se forme dans ma gorge.

- Et moi je ne sais rien.

L'ombre ne répond pas et ma colère redescend d'un coup. C'est peine perdue.

Dépitée je soupire, tandis qu'une chaleur m'enveloppe et je sens tout autour de moi tanguer.

C'est Ina qui a fait tout trembler. Mais comment leur expliquer ? Comment le dire ? Je ne peux pas. Je le sens comme si...

Et là j'ai un déclic. Ce souvenir d'Ina, la présence d'Ina, tout se trouve de l'autre côté du mur.

Ce mur qu'est-il ? Qui l'a mit là ? Ina a dit que c'était moi, mais je ne comprends pas.

La force qui m'empêche de parler de tout ce qui a un rapport avec Ina ou la forêt, c'est le mur.

Et le mur c'est moi qui l'ai fait ?

- Et quand la salle a tremblé Gillian , tout a péter. Il y eut comme un court circuit, l'écran de l'ordi s'est fissuré, et Gaia a reçu une espèce de décharge électrique et je t'avoue être étonnée de vous voir toutes les deux vivantes.

Mon cœur s'arrête de battre.

- L'ordinateur étant éteint, le voyageur aurait dû également l'être mais il a continué de marcher et nous n'avions plus aucune variation : ni de ton cœur , ni de ton activité cérébrale.

C'est une blague.

- J'ai donc essayé d'éteindre la machine manuellement, mais ça n'a pas marché.

Mau cesse de parler et plisse très fort les lèvres avant de continuer d'une voix chevrotante.

- Ça faisait déjà cinq minutes que nous essayions de te sortir de là et puis d'un coup, la paroi du voyageur a explosé. Nous t'en avons sortie. Tu ne respirais plus.

Oh mon dieu.

Plus elle parle, plus je sens la nausée monter et mes oreilles bourdonner.

- Ton cœur ne battait plus non plus.

- J'étais ...

Impossible pour moi de terminer ma phrase, mon horreur étant à son paroxysme. Mau hoche la tête.

- Pendant que j'essayais de te réanimer, Amber-Rose est sortie sans mon autorisation chercher de l'aide, je suis allée à sa poursuite. Nous en avons finalement trouvé et à notre retour tu étais... réveillée.

Je suis totalement dépassée parce qu'elle vient de me dire, quand je repense à son petit discours pour m'expliquer que rien de mal ne m'arriverai et qu'il n'y avait pas de quoi m'inquiéter. D'autant plus qu'elle ne m'a pas donné le choix.

Mau continue de parler et je crois qu'elle me demande lui expliquer ce qui s'est passé pendant ma transe :

- J'étais juste de l'autre côté du mur et je regardais le paysage, réponde-je vaguement.

- Rien de plus ?, fait elle sceptique et je plante mon regard dans le sien

- Rien de plus

Et ce qu'Ina a dit me revient en tête une seconde fois

- . Ne leur fais pas confiance et ne les laisse pas découvrir qui tu es

Plusieurs fois AR, Lau ou Gaia m'ont dit de ne pas faire confiance à telle ou telle personne et j'ai à chaque fois douté de leur sincérité.

Mais là maintenant qu'une voix, qui pourrait très bien n'être que le fruit de mon imagination, le dise, sans aucune appréhension je suis prête à suivre ses propos.

Ne pas leur faire confiance.

********

Je passe le reste de ma matinée dans ma chambre à l'infirmerie avec Gaia , car après mon entretien avec Mau , cette dernière m'a conduit au bureau de Raf. Ce dernier m'a ausculté, fait faire une radio pour conclure que je n'avais rien, mais qu'il préférait me garder aussi longtemps que Gaia c'est à dire jusqu'à une bonne partie de l'après midi.

On nous apporte à déjeuner, et je suis la seule à manger, Gaia est toujours dans un sommeil profond. Le doti Raf est à nouveau passé pour voir comment nous allions.

Aux alentours de 14 heures, lorsque la porte de la chambre d'infirmerie s'ouvre, je m'attends encore une fois à voir Raf ou bien Mau même , mais pour ma plus grande surprise , c'est Lau.

Cette dernière s'avance vers moi, les bras croisés sur la poitrine tandis que je reste assise. Lorsqu'elle se retrouve en face de moi , nous nous sourions.

- Assieds toi, l'intimé-je alors en tapotant le vide près de moi. Toujours silencieuse, elle s'exécute, et je me tourne vers elle pour la fixer.

- Gaia dort ? , demande-t-elle en osant un regard sur l'autre lit et j'acquiesce.

- Oui. On lui a injecté un somnifère

Lau acquiesce.

- Comment tu te sens ? , s'inquiète-elle alors .

- Plus ou moins bien. J'ai quelques vertiges et de la nausée. C'est en partie à cause de l'odeur ici, je n'aime pas. Mais le doti ne veut me laisser partir qu'au moment du réveil de Gaia, hors Dieu seul sait quand est ce qu'elle va en finir avec son sommeil.

Lau rit à ma remarque, mais son visage redevient très vite sérieux.

- D'ailleurs même, ce n'est pas encore l'heure des visites ? Si ?

Encore une fois Lau hoche la tête.

- Non ce n'est pas l'heure des visites. J'ai supplié Mau pour qu'elle me laisse venir te voir. Elle m'a accordé cinq minutes pas plus. Elle m'attend dehors.

Par réflexe je regarde le mur en face de nous, qui s'agit en fait d'une vitre, puis je me re-concentre à nouveau sur Lau. Je sens qu'elle veut me dire quelque chose.

- Qu'est ce qui ne va pas ? , m'inquiété-je alors et le visage de Lau se décompose, et elle se rapproche de moi pour murmurer.

- Rien. Rien ne va Gillian. Ne fais pas comme si tu ne le voyais pas. Tout est en train de s'écrouler atour de nous, je sais que tu le sens.

Fait- elle référence à Ina ?

De quoi parle-t-elle.

- Qu'est ce que tu veux dire ?

- J'ai un mauvais pressentiment

Et je comprends. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai le sentiment comme quoi de comprendre tout ce qu'elle est entrain de me dire, alors que rien ne parvient à mon cerveau.

Ina m'a dit qu'elle savait tout, et j'ai l'impression qu'elle a lien avec Bethany et Lau.

Je soupçonne fortement, que comme avec moi elle communique d'une manière ou l'autre avec Lau et qu'elle l'empêche également de divulguer quoi que ce soit. Cela expliquerait pourquoi, Lau ne veut rien dire sur Bethany, ou du moins ne peut pas.

- Quelque chose de mauvais se prépare, déclare-t-elle alors en une grimace.

Fait elle référence au fait qu'Ina n'interviendra plus dans nos esprits avant un bon moment ?

Mon estomac se noue et je suis incapable d'exprimer ma pensée.

- Tu as peur ? , arrivé-je seulement à dire et elle hoche vigoureusement de la tête.

- Surtout pour toi.

Moi aussi Lau , moi aussi j'ai très peur pour moi.

C'est la deuxième fois que je frôle la mort.

*****

Peu de temps après que Lau soit partie, Gaia s'est réveillée et on a daigné nous laisser partir. Pour quelqu'un qui a dormi trois heures d'affilée et semblait souffrir comme jamais, Gaia s'est révélée être très en forme puisqu'elle a piqué un sprint me laissant trainer derrière.

Le message était claire : elle ne souhaitait pas me parler.

Quoi qu'il en soit, je ne m'en suis pas plus formalisée que cela, ce ne serait pas la première à agir plus qu'étrangement avec moi pour une raison X ou Y. Quand elle ira mieux, j'imagine qu'elle viendra m'en parler.

Lorsque j'arrive au QG, après ce qui me semble être une opportunité, je me fais assaillir de part et d'autres.

Steph et Dani manquent de m'étrangler. Lorsqu'elles me lâchent, je remarque que Wanda et Gaia sont là , mais à l'écart. elles ne m'ont pas jeté un regard quand je suis rentrée. Joyce qui est assise avec eux vient à mon encontre. Je ne vois pas AR.

- Où est AR ?

- Elle a dit qu'elle allait faire un tour dehors, explique Steph et j'acquiesce. Même si les autres ne le savent pas, je devine tout de suite qu'elle est avec Neil en fait.

- Bon je vais aller prendre une douche avant que l'on ne s'asseye parler les filles.

Effectivement après ma douche, nous passons un après midi normal entre filles à la salle commune. Nous jouons au billard : Lau, Elana, Steph , Dani et Joyce.

Nous sommes rejointes plus tard par AR , qui est toute sourire soit dit en passant.

Les conversations vont de bon train et personne ne revient sur la séance catastrophique de Mau et je m'en sens plus que soulagée puisque en plus de devoir gérer mes questionnements intérieurs , il aurait fallu que je leur trouve des réponses que je n'avais moi-même pas.

Aux alentours de 18h30, nous rentrons au QG pour nous préparer et filer à l'évènement des garous.

Alors que je cherche dans mon dressing une tenue potable, Joyce rentre dans ma chambre.

Avant que je n'ai le temps de lui demander qu'est ce qu'il y a , elle déblate rapidement :

- Adam veut me parler.

Très surprise par ce qu'elle vient de me dire mais aussi par le fait qu'elle vienne m'en parler, j'hausse un sourcil. Certes, tout a été mis au clair concernant ce dernier, Gabin et tout le tralala, n'empêche que je ne me sens pas vraiment à l'aise de parler de ça avec elle.

Ni avec qui que ce soit d'ailleurs.

- Quand ? Il veut te parler quand ?

- Ce soir

J'acquiesce et cherche mes mots :

- Tout ce que je peux te conseiller c'est de faire attention pour ne pas te retrouver dans la même situation d'il y a un mois.

Joyce acquiesce et me sourit.

-  Je voulais juste t'en parler.

Je souris à mon tour.


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