Chapitre 84
« La confiance est la base de toute relation »
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Lorsque nous quittons le terrain et que nous passons par la salle commune, nous y rencontrons à nouveau Joyce et Wanda assises avec des amis change-peaux de cette dernière. Gaia me signale qu'elle va rester avec elles, et je la laisse pour continuer mon ascension jusqu'aux dortoirs.
A mon retour, j'y trouve Lau, Stéphanie, Danielle et Elana installées au salon. Je décide de me poser avec elles, et je comprends rapidement que c'est le cours d'histoire qu'Elona a donné dans la matinée qu'Elana est entrain de leur réexpliquez, ce qui m'arrange fortement puisque je n'ai pas pu y assister.
Elana finit de nous donner son « cours », aux alentours de 19h. Il faut avouer que sans notes nous avons tendances à nous en mêler les pinceaux surtout aux niveaux des guerres. Si quelques mois auparavant nous avons étudiés, les empereurs joueuses qu'a eu Dom (2 seulement) dont Fanga qui a été la première joueuse impératrice, seulement son amourette avec Anthel a été passé sous silence par Elona qui s'est attardée sur la violence de la guerre qui a suivit le sacre de cette dernière et au triste sort auquel Anthel a été victime . Quoi qu'en même temps le plus surprenant c'est que, d'après Elona et les livres que j'ai lu, le monde de Dom aurait 5 siècles. Donc 500 ans. Ce qui est affreusement jeune pour un monde si on la compare aux milliards d'années que la terre a, et pourtant en 500 siècles ils n'ont eut que de 2 impératrices Joueuses !
A présent, nous sommes sur les empereurs Racines de Dom et il y en eu 120, au cours des cinq derniers siècles. Nous étudions les 5 plus marquants. Le premier a été celui qui a succédé Fanga et qui a permis en grande partie la reconstruction de Dom en signant divers accords. Le cours d'aujourd'hui a consisté à parler de ce personnage. Mais comme d'habitude Elona l'a montré en image grâce à son jeu, mais ce n'est pas toujours clair car il n'y a pas les voix et en général c'est comme une diapo de photos de pages de livres d'histoire avec elle qui raconte rapidement en voix off.
C'est de ça nous a parlé tout le reste de l'après midi Elana. Si pour nous ce sont des « cours », à priori c'est la culture générale d'ici. C'est dans ces moments là que l'on sent vraiment l'handicap qu'est de ne pas être une domienne native.
Entre temps, Joyce, Gaia et AR sont rentrés. Notre blonde préférée nous a d'ailleurs évité puisque dés son arrivée elle s'est précipitée pour aller à la cuisine et se proposer pour faire le dîner alors que c'est normalement le tour de Danielle. Nous lui avons offert le plaisir, et elle nous a concocté des nuggets de poulet avec de la salade.
Comme toujours, depuis quelque temps, nous mangeons dans une bonne ambiance. J'évite de regarder simplement Joyce, car même si elle était à l'infirmerie avec Gabin et qu'apparemment elle s'est portée volontaire pour me porter jusqu'à la bas, quelque chose me dit qu'elle n'a toujours pas très envie de me reparler et j'avoue que de mon côté c'est un peu pareil.
Alors que le repas, touche à sa fin, Gaia me lance :
- Au fait Gillian, j'allais oublier mais on était avec Gabin et ses potes tout à l'heure et il a dit que quand tu finirais de manger il t'attendrait à votre endroit habituel
- Oulala , s'exclame Stéphanie et je lève les yeux au ciel.
- Merci Gaia
Je sens le regard des filles sur moi attendant certainement que j'en dise plus, surtout Dani et Steph , mais elles peuvent toujours rêvés.
Lorsque le dîner s'achève, je vais à ma chambre histoire de me changer avant d'aller retrouver Gabin.
Donc pendant que je suis devant ma penderie à la recherche d'une tenue convenable, des coups retentissent à ma porte. Lorsque je réponds « entrez », c'est Lau qui fait son apparition. Cette dernière a les lèvres plissés et les bras croisés sur la poitrine. Quand nos regards se rencontrent, elle se racle la gorge avant de parler comme si elle était mal à l'aise :
- Hum salut
Je souris à l'entente de son entrée en matière et accentue mon geste histoire de l'encourager à continuer.
- Je sais que là tu te prépares à sortir...Enfin ... ce que je veux dire c'est que ...
Son regard devient affolé et passe de moi à tous les recoins de la pièce comme si elle cherchait quelqu'un.
- Ça va Lau ? , fais je alors.
- Justement c'est pour ça que je suis là. Je voulais si tu allais bien, dit-elle gravement.
Je me pince les lèvres.
- Oui Lau je vais bien. Franchement, arrêtez de me le demander.
Ma camarade avance d'un pas.
- Tu sais je m'inquiète juste. il y a tous ces trucs bizarres qui arrivent dans cet endroit...
Un lourd silence s'installe entre nous et je sens mon estomac se tordre à sa phrase.
Des trucs bizarres comme elle dit. La mort de Bethany par exemple ou alors l'existence inexistante apparente de cette fille qu'elle semble connaître.
Des trucs bizarres, comme cette voix, Ina qui me parle et qui ne le fait plus.
Des trucs bizarres come cette hallucination que j'ai eu qui a faillit me faire me jeter du haut des escaliers de la bibliothèque abandonnée.
Des trucs bizarres comme mes rêves qui sont censés être réel mais qui en fait sont des situations auxquelles je n'ai jamais assisté.
Des trucs bizarres comme tout le mystère que se dresse autour d'Elona, d'Elana et d'Ella et ses frères.
- Gillian ? , m'interpelle Lau, et je plante mon regard dans le sien.
Des trucs bizarres comme mon rêve sur Jane pendant ma transe.
- Je m'inquiète aussi, déclaré-je d'une petite voix et Lau avance à nouveau vers moi.
- Est-ce que ton évanouissement en cours ce matin, est ce que c'est ci qui c'est passé pour ton poignet ?
Est-ce que tout comme pour mon poignet, je me suis trouvé dans une situation que je suis incapable d'expliquer et d'en donner la raison et d'y trouver une quelconque logique ?
- Oui
- Gillian j'ai peur
Quelque chose dans le ton qu'elle emploie me fait frémir.
- Moi aussi Lau
L'ambiance dans la chambre est étrange, comme si nous venions d'avouer quelque chose d'inavouable. Comme un pacte.
- Gil et ...
Ma porte s'ouvre à la volée sur AR qui interrompt sa phrase quand elle voit Lau.
- Toi ici, constate mon amie en considérant la brune en face de moi.
Lau se tourne vers moi, et je remarque que les traits de son visage se sont tout à coup tendus.
- Je crois que je vais y aller.
- Oh non mais reste ! Ne pars pas à cause de moi, intervient AR et je n'arrive pas à qualifier le ton qu'elle emploie.
- On avait de toute façon finit, se justifie Lau et AR esquisse un sourire en coin.
- J'espère bien. De quoi vous parliez ?
Je ne comprends pas bien ce qui leur prend. Depuis qu'AR et elle ont commencé à parler, une certaine tension plane dans l'air.
- Lau voulait savoir si j'allais bien, décide-je d'intervenir et AR hausse un sourcil.
- Ah oui ? Comme c'est attentionné de sa part
- On se voit plus tard Gillian, me lance Lau d'un ton pressé avant de sortir à grands pas dans ma chambre sous le regard de AR.
Une fois que Lau est hors de la pièce , AR vient se planter devant le dressing prés de moi.
- C'étai quoi ça tout à l'heure ?
- Rien , répond tout simplement la blonde en gardant le regard rivé sur mes vêtements accrochés . Moi je ne cesse de la fixer.
- Amber-Rose, fais-je et cette dernière souffle en levant les yeux au ciel avant de se tourner vers moi.
- Quoi ?
- Je croyais que Lau n'était plus un problème. Y'a quoi entre vous ?
- Rien du tout, fait-elle alors d'un ton sec avant de rajouter d'un ton ferme, même si je crois à ce qu'elle a dit, je ne lui fais pas confiance et tu devrais en faire autant.
Je n'aime pas le ton autoritaire et cassant qu'elle emploie pour me parler.
- Tu essaie de me dire constamment quoi faire, mais tu ne m'expliques jamais rien. Comment est ce que tu as sû pour l'imposteur ?
- Je te le dirais le jour où tu me diras pourquoi et où est ce que vous étiez la nuit où vous avez découchés.
Je plisse des yeux.
- Tu me fais du chantage ?
- Pas du tout, je te propose un compromis.
Je reste interdite quelques instants avant de refaire face à mes vêtements piquée. Tout d'un coup sa présence m'agace et je me demande si elle ne pourrait pas juste sortir de ma chambre.
La tension que j'avais tantôt décelée entre Lau et elle, s'installe à présent entre nous.
AR par contre ne semble s'en accommoder, puisque que comme si de rien était, elle tend le bras et saisit et deux de mes cintres et me les tend.
- Va enfiler ça. ça va super bien t'aller.
De mauvaise grâce, je prends les vêtements et sans un mot, je vais m'enfermer dans ma salle de bain.
Dés que j'enfile ma tenue et que je constate qu'elle n'est pas si mal que ça, mon irritation envers AR s'envole. Comme je l'ai dit tantôt, AR c'est AR.
Et elle peut me mettre dans tous mes états parfois.
Je sors de la salle de bain et la trouve assise sur mon lit.
- Tu vois que ce n'est pas si mal. je ne suis pas mannequin comme Steph mais je m'y connais un peu.
Elle sourit et je ne peux que lui rendre son geste.
- Merci
Je reconsidère ma jupe bouffante rose pâle et mon débardeur blanc qui est très moulant.
- Bon je vais y aller, dis-je en prenant ma montre sur le bureau pour l'enfiler
- Tu me raconteras tout à ton retour
Je fais la moue à cette proposition
- Te raconter tout alors que tu ne veux rien me dire sur ton mystérieux copain ?
AR ne répond pas et semble réfléchir.
- Tu sais on est toujours à cette pratique du « je te suis, tu me fuis ». je ne sais pas si c'est concret
- Mais dit moi au moins son nom
- Non
Surprise par ne réponse aussi catégorique, je fronce les sourcils.
- T'es sérieuse ? Je te raconte pratiquement tout ce qui se passe avec Gabin.
- Va sinon tu vas être en retard.
Là c'est clair qu'elle ne me dira rien.
D'un air renfrogné je quitte la pièce pour aller rejoindre Gabin.
**
Lorsque je passe le miroir pour pénétrer dans la bibliothèque abandonné, j'ai une drôle de sensation de vertige qui me fait sourire. Je lève la tête et regarde le plafond vitré. Ça faisait vraiment longtemps.
- Tu es un peu en retard non ? , me vient la voix de Gabin aux oreilles avant que je ne le vois apparaître pour s'accouder à la rambarde d'escalier.
- Ah bon ? , fais-je en traversant la bibliothèque pour aller au bas des marches. A peine en ais-je monté deux que ce dernier vient se planter face à moi. Je retiens ma respiration.
Cette rapidité qu'il a , et ses capacités physiques hors pairs, me déstabilisent à chaque fois, et je pense bien que je ne m'y ferais jamais complètement..
Je remarque alors qu'il tient dans l'une de ses mains une bouteille d'eau de vie, et dans l'autre deux verres.
Tout sourire, il s'assoie sur les marches et je l'imite.
- Etant donné que tu as déjà mangé, je nous ai ramené à boire, commente-t-il en débouchant la bouteille. Je saisis l'un des verres
- Trop gentil de ta part, rétorqué-je un brin sarcastique tandis qu'il me serre.
- Vas y doucement, le préviens-je ensuite lorsqu'il me remplit mon verre.
- Ah oui c'est vrai, ricane-t-il alors en se servant par la suite, j'oublie parfois à quel point vous prenez petit.
- Ça veut dire quoi ? , fais-je en goutant ma boisson du bout des lèvres.
- Il vous en faut peut pour être souls.
Je m'esclaffe.
- Tu déconnes j'espère ? Le taux d'alcoolémie de ce truc est à plus de 15% ! Tu donnes une bouteille comme ça à mon père c'est pour qu'il nous fasse un coma idyllique.
Gabin rigole.
- C'est ce que je dis. Il vous en faut peu pour vous la mettre à l'envers. Il me faudrait deux bouteilles comme ça, pour que je commence à avoir le tournis.
Je fais la moue avant de boire une gorgée.
- On n'a pas la même tolérance
- Faux. Notre organisme est différent du vôtre.
Je prends une seconde gorgée et médite quelques secondes sur ses paroles. J'ai bien peur qu'il me relance sur la question de si le garou est humain ou pas.
Quoi que...
- C'est ce que je dis, la tolérance est différente.
- L'organisme est la base de tout. Nous n'avons pas du tout le même. La preuve est que nous ne vieillissons pas à la même allure que vous.
Voilà qui est dit. J'avais déjà entendu parler de cette histoire de vieillissement qui ne va pas au même rythme que le nôtre. Seulement, je n'avais eut jusque là aucun garou pour me le certifier.
- Oui peut être ? Mais en tout autre chose vous êtes comme nous.
- Comme vous ? C'est-à-dire ? Humain ?
Nous y revoilà.
- Oui Gabin, humain. A te l'entendre dire, on dirait que c'est une mauvaise chose.
Gabin inspire comme pour prendre une grande inspiration et me dire quelque chose d'important :
- L'humain est une race bien en dessous Gillian et tu le sais.
- Pardon ?
Pardon ?
Je n'ose imaginer l'expression ahurie que je dois arborer en ce moment, mais je suis stupéfaite, choquée par ses paroles.
Gabin sourit et lève ses deux mains en l'air, dont l'une tenant son verre, en signe de paix.
- Ce n'est pas moi qui le dit.
- Et pourtant tu le répètes. Sur quoi tu te bases ? , m'insurgé-je donc.
- Sur tout ? Non mais plus sérieusement Gil c'est un fait
- Et en quoi je te prie ?
- Ce que tu connais généralement sous le terme d'humain est appelé sous espèce
- J'avais compris, merci. Sauf que vos sous espèces sont considérés comme des surdoués sur terre
- Et ici comme rien
Littéralement, je le prends comme une insulte et Gabin semble s'en rendre compte.
- Gillian , je t'en prie, ne le prend pas personnellement, mais c'est une façon de voir les choses depuis la nuit des temps. Je n'invente rien.
- C'est des conneries. Parce que moi je me sens humaine.
Je descends une longue gorgée d'eau de vie.
- Comme beaucoup d'autres joueuses de Dom. C'est une des raisons pour lesquelles il y a cette fracture entre nous. Vous essayer de promouvoir un modèle qui pour nous n'existe pas.
Je secoue la tête.
- Ça n'a pas de sens.
- Tout a sens Gil. Regarde les Racines , est ce que vous avez déjà abordés les raisons pour lesquelles ils soutiennent la cause , ainsi que l'intégration des joueuses ?
- Non, mais je pense que c'est au programme de l'année prochaine.
- Moi je vais t'expliquer. Tout vient de la question de où vont les morts après la mort. De façon générale tout le monde s'en fiche tu vois ? Parce qu'un mort reste un mort tu comprends ?
J'acquiesce. Gabin boit un coup et moi aussi.
- Bien. Pour les Racines, après la mort, l'esprit retourne dans la terre de Dom, plus précisément dans son centre, et c'est grâce à cette énergie que notre monde vit toujours car ils pensent que c'est une offrande aux créateurs.
- Quoi les morts ?
- Non les esprits et leur énergie. Le fait qu'ils retournent dans la terre et comme un retour à la source.
Je fronce les sourcils.
- La logique ne voudrait pas plutôt que les esprits retournent dans le ciel chez les créateurs ? ou du moins dans ...
- Dans les hautes sphères, m'aide ce dernier avant de poursuivre, oui il y a cette version là mais ça ceux sont les change-peaux et les garous qui la tiennent, et dans ce cas là , la seule offrande qui existe et bien ce sont les naissances.
- Plus on fait de bébé, plus on honore les créateurs ? , résumé-je et Gabin acquiesce en souriant tout en buvant.
- T'a tout compris. Bon pour en revenir aux Racines , selon eux si on chasse les joueuses de nos terres, il y aura moins de morts, donc moins d'énergie, donc moins d'offrande, et les créateurs auront de moins en moins envie de garder notre monde en équilibre.
- Ouai donc en gros, plus de joueuses, pour qu'il y ait plus de gens pour mourir
- C'est ça
- C'est trop mignon
Je grimace, et finit mon verre d'une traite.
- Mais bon tu sais, ce n'est pas la seule politique qui est menée pour que vous restiez
- Je sais. D'ailleurs j'ai hâte à l'an prochain pour qu'Elona nous parle. J'en ai marre de faire l'histoire de Dom et d'apprendre qui est le hitler d'ici.
- Le quoi ?
Je pouffe
- Laisse tomber, je te dirais qui c'est un jour.
- J'espère bien
Je souris et tends mon verre pour qu'il me resserve, ce qu'il fait sans se faire prier. Une fois mon verre, et le sien remplit, il se lève, la bouteille aussi à la main et me fait signe de le suivre alors qu'il entame son ascension.
Je le suis sans poser de questions, et lorsque nous sommes en haut, nous longeons le balcon jusqu'à nous retrouver devant les tableaux.
Celui des ancêtres et celui avec l'arbre géant immergé dans l'eau.
- C'est beau
Lorsque Gabin balance cette phrase, je sais exactement de quoi il parle.
De quel tableau.
C'est celui des ancêtres.
- Elles ont l'air heureuse, fais-je alors tellement doucement que l'on pourrait croire que je chuchote.
- Elles l'étaient, rétorque Gabin sur le même ton.
Je reste là à fixer leurs visages, leurs traits si bien dessinées, leurs sourires figés qui m'ont l'air presque réel et pendant un instant, j'ai l'impression de pouvoir sentir le courant d'air qui fait virevolter leur chevelure.
Je cesse d'admirer la toile et me tourne un peu vers Gabin pour me rendre compte que ce dernier m'observe déjà. Je me sens rougir, sourire, tandis qu'un frisson exquis me traverse la colonne vertébrale.
Son regard plongé dans le mien, il pose la bouteille par terre à nos pieds et garde son verre à la main.
Traversée par toutes sortes d'émotions, je me délecte d'une gorgée d'eau de vie avant de lancer le ventre noué :
- C'est Dats qui a peint ce tableau ?
- C'est ce qu'on dit
- Il y a beaucoup de « on dit ». il y a –t-il une chose dont tu es sûr qui ne vient pas de « on dit »
Gabin fronces les sourcils et semble vraiment réfléchir à ma question.
- L'histoire de Dom est fondée sur des « on dit » qui ont été prouvés. Mais l'histoire qu'on nous enseigne est totalement réelle.
- Je n'en doute pas , fais-je en détournant mon regard pour observer à nouveau le tableau des ancêtres.
- Elles m'intriguent et m'inspirent. J'aurais aimé mieux les connaitre, déclaré-je ensuite avant de siroter mon verre en attendant la réponse de Gabin.
- Ce n'est pas dans les livres que tu vas trouver ça. Seules des personnes vraiment spéciales et à la grande science peuvent te raconter réellement leur histoire.
Je fronce à mon tour les sourcils.
- Mais Elona nous a montré la création des ancêtres, la mise à mort du nôtre...
- Elle vous a enseigné ce que tout le monde sait et ait censé savoir. Prend ça comme l'emballage. Tout le monde peut voir l'emballage.
Je fais la moue.
- Et qui sont ceux qui connaissent le contenu de l'emballage ?
- On les appelle les gardiens. Les gardiens possèdent toutes les sciences et l'histoire de Dom. C'est chez eux que les créateurs envoient les messagers, puis ils conduisent les messagers jusqu'au palais.
- Et où sont ces gardiens ?
- Quelque part derrière le palais , dans les sphères interdites.
- Les sphères ?
- C'est tout un bloc de massif montagneux, difficile d'accès, mais surtout interdit
- C'est-à-dire interdit ?
- Il faut de longues démarches qui doivent passer par le palais avant de pouvoir s'y rendre. Les Gardiens s'y trouvent, mais c'est là bas également qu'ont lieu les jugements et que les prisonniers sont condamnés.
Ma gorge se noue mais en même temps je suis fascinée :
- Elona n'en a jamais parlé
- C'est pour ne pas se porter malheur, ricane Gabin avant de rajouter d'un ton grinçant, il ne manquerait plus qu'elle s'y retrouve.
Cette fois ci je suis perdue.
- Est-ce qu'il y aurait une raison pour qu'elle le soit ? , fais-je alors craintive et Gabin ricane encore une fois.
- Malheureusement non, déclare-t-il d'un ton dédaigneux avant de vider son verre d'un coup.
Je me sens mal et la bonne ambiance qu'il régnait tantôt semble nous quitter. Dans un calme tendu, il remplit à nouveau son verre et je plisse des lèvres.
Même si ça fait deux semaines que nous sommes ensembles, j'avais soigneusement évité le sujet de mon mentor puisqu'apparemment c'était un truc tabou. Mais maintenant qu'il en parle, je ne peux m'empêcher de me dire que c'est une perche qu'il me tend.
- Est-ce que tout va bien avec Elona ? , tenté-je prudemment en replantant mon regard dans le sien et il ne sille.
- J'imagine que oui ? Pourquoi ? Adam t'a dit quelque chose ?
Je ne peux m'empêcher de froncer les sourcils.
- Adam ? Pourquoi m'aurait-il dit quelque chose ?
- Parce que vous êtes potes !
Je sens la volonté de me piquer dans sa phrase et je n'aime pas du tout la tournure que la conversation est entrain de prendre.
- Non Gabin on n'est pas potes et tu le sais bien. Je te l'ai expliqué. La seule raison pour laquelle je parle à ton frère c'est parce que j'ai besoin de son aide pour mon jeu c'est tout, rétorqué-je fermement et Gabin pousse un soupir las comme s'il s'agaçait lui-même.
- Je sais... je sais tout ça , c'est juste que quand Adam veut quelque chose il est tellement...
Il ne termine pas sa phrase et je le sens s'énerver.
C'est à mon tour de soupirer.
Adam par ci , Adam par là , j'en ai vraiment marre d'entendre son nom partout.
Irritée, je retire le verre de Gabin , qui me regarde surpris, et dépose le sien et le mien par terre comme il l'a fait avec la bouteille.
Je m'humecte les lèvres et m'approche de lui , mais sans le toucher. Je déglutis lentement, histoire de rassembler mon courage pour pouvoir énoncer à haute voix mes idées
- Ce que Adam veut je m'en fous à un tel point tu ne peux pas comprendre. Pour que quelque chose se passe entre deux personnes, il faut que les deux soient consentantes, hors moi tu vois, tout ce que je veux c'est toi.
J'ai l'impression qu'il retient sa respiration et je pense que j'en fais de même.
- Si je passe du temps avec Adam, que je lui parle ou lui porte attention, c'est par pur intérêt , rien d'autre. C'est tellement platonique que je ne sais pas de quoi tu as peur.
- Tu ne comprends pas . Adam v...
- Non ! , l'interrompe-je en m'avançant vers lui.
- C'est toi qui ne comprends pas. Adam n'est pas une option, et aucun autre d'ailleurs. Je ne sais pas pourquoi tu doutes tellement, mais je ne te tromperais jamais.
Et dès que les mots franchissent la barrière de mes lèvres, je sais que je viens de faire un pas en avant et que je ne pourrais plus reculer.
Et le pire, ou peut être le meilleur, je ne sais pas, mais c'est que c'est vrai.
Je le sais au plus profond de mon être, comme une évidence.
Je ne tromperais jamais Gabin, et pourtant je peux dire que je ne suis pas amoureuse de lui.
Mais jamais je ne le tromperais.
- Je sais , souffle alors ce dernier avant de capturer mes lèvres.
Je soupire d'aise à ce contact, et me laisse aller.
Lorsque nous reprenons notre souffle, il se détache à peine de moi.
- J'ai confiance en toi Gillian, comme je n'ai jamais eu confiance en personne.
Mon cœur danse la salsa.
- C'est pareil, laissé-je tomber et il sourit.
- Mais c'est en Adam que je n'ai pas confiance
J'ouvre la bouche pour rétorquer mais il m'embrasse furtivement pour me faire taire.
- Je veux juste que tu réduises tes contacts avec lui et ne te retrouve pas seule avec lui.
- Si ça peut te rassurer, Gaia sera tout le temps là avec moi quand je lui parlerai.
Après ce qui me semble être une éternité, il acquiesce.
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