Chapitre 79
« Ne vas pas à l'amour, mais laisse l'amour venir à toi », De Amber Rose
**
Ce matin lorsque j'émerge de mon sommeil profond, la première chose qui me vient à l'esprit c'est que « je suis la copine de Gabin ». Quand je file sous la douche je repense aux évènements qui ont suivis l'annonce de ma décision et je me sens alors planée. Nous avons passés tout le reste de la soirée à nous embrasser, puis à parler. Gabin m'a raconté plusieurs contes de son enfance dont je me souviens très vaguement parce que je me suis endormie entre temps. Gabin m'a alors réveillé, il était comme 22 heures, et il m'a raccompagné jusqu'au QG. A mon entrée il n'y avait personne, elles dormaient toutes. Dieu merci.
J'ai donc échappé à l'interrogatoire. Mais maintenant que j'ai finis de m'habiller, et que je pénètre dans la salle à manger et que toutes les têtes se tournent vers moi, je redescends un tout petit peu de mon nuage. Surtout lorsque mon regard rencontre celui de Joyce. Ses yeux sont gonflés, elle est pâle et tout de suite la scène d'hier me revient en mémoire. Au contraire des autres, elle n'est pas assise à table mais plutôt penchée sur le levier et fait la vaisselle.
- Mais voilà notre cendrillon !, s'exclame Danielle alors que je vais prendre place entre AR et Steph. En face de nous se trouve Lau et Elana. A chaque bout de table, il y a Gaia et Danielle.
- Bonjour, salué-je tout le monde en me faisant du thé avant de demander, l'omelette au jambon est pour moi ?
- Oui vas y, me rassure Lau et je me serre.
- Raconte c'était comment ton rendez vous ? , revient à la charge Steph alors que je n'ai même pas finis ma première bouchée.
Par réflexe, je regarde Joyce qui garde la tête baissée sur sa vaisselle et bizarrement j'ai honte.
Ou du moins je suis mal à l'aise.
- C'était bien, dis-je et Steph s'indigne presque :
- Quoi c'est tout ?!
- Oh allez Gil, minaude ensuite Danielle.
Je regarde du coin de l'œil AR qui sourit et je me sens rougir.
Je suis sûre et certaine qu'elle se doute de la situation.
- Je... Bah... oui. On sort ensemble maintenant, marmonné-je et les deux filles poussent des sortes de glapissement.
- Oh mon dieu, oh mon dieu , oh mon dieu. Il faut trop que tu nous présentes ! , s'exclame alors Danielle.
- Et AR a dit qu'il était trop canon, surenchérit Steph.
- Si tu veux mettre un terme à cette relation tout de suite, je te conseille vivement de faire ce qu'elles viennent de te proposer, intervient alors Gaia à la grande surprise de toutes et surtout la mienne.
Néanmoins, je ne peux m'empêcher de sourire à sa remarque.
- Et vous vous êtes embrassés ? , s'extase à nouveau Dani et je m'abstiens de lui répondre.
Je me sens rougir tandis que je me hâte de finir mon omelette.
Pour s'être embrassé, on s'est embrassé...
- Oh mon dieu ils se sont embrassés ! , fait Danielle.
- C'est clair qu'ils n'ont pas compté les étoiles, ricane Lau et je la fusille du regard.
***
Pendant tout le reste du déjeuner, les filles n'ont pas arrêté de me charrier. Joyce quant à elle est restée en retrait jusqu'à ce qu'elle finisse sa vaisselle et qu'elle sorte de la salle. Aucune des filles ne semblent sans préoccuper, mais dès que je termine de manger et d'essuyer les taquineries des filles, je quitte moi aussi de la salle.
Je jette un coup d'œil à ma montre, il est 7h10, la cloche va bientôt sonner et il nous faudra aller en cours. Avant ça, je me dirige vers la chambre de Joyce, bien décidé à lui parler. Lorsque je toque à sa porte, je ne reçois aucune réponse. Toutefois je me permets d'entrer.
La pièce est vide, mais j'entends du bruit dans la salle de bain. Quelques secondes s'écoulent avant que Joyce ne sorte de celle-ci d'un air absent. Elle me fixe avec une certaine indifférence qui me trouble.
- Salut, soufflé-je alors que le malaise qui m'avait pris tout à l'heure à mon entrée dans la salle à manger revient me submerger.
Joyce ne me répond pas, et continue de me fixer.
- Est-ce que ça va ? , fais-je nerveusement. J'ai tout de suite envie de me taper la tête contre le sol pour avoir sortie une question aussi débile.
Les sourcils de mon interlocutrice se froncent, comme si elle se demandait ce que je pouvais bien faire là.
- Est-ce que j'ai l'air d'aller bien ?
Je m'humecte les lèvres et me garde bien de lui répondre. A vrai dire, maintenant que je suis en face d'elle, je suis à cours de mots.
Je ne sais pas quoi lui dire ou encore moins faire.
Dans le passé, Lys et Effie avaient bel et bien eut des ruptures qui les avaient chagrinés et j'avais été là pour les réconforter. Mais jamais, elles n'ont eut l'air d'autant souffrir que Joyce.
C'est la première fois, que je fais face à ça.
- Je sais que tu nous as entendue hier Adam et moi et...
- Je n'ai pas tout entendu, l'interrompes-je brutalement et elle plisse ses lèvres.
- Peu importe, fait-elle alors sèchement avant de poursuivre, je sais ce que tu essaie de faire et j'apprécie vraiment. Seulement, tu es vraiment la dernière personne à qui j'ai envie de parler.
C'est à mon tour de froncer les sourcils.
Coup de poing, coup de gifle ? Je ne sais pas ; cependant je peux dire que je me sens vraiment vexée par ses propos.
Joyce croise les bras sur sa poitrine.
- Donc si tu voudrais bien sortir, termine-t-elle en m'indiquant la porte de sa chambre.
Estomaquée, je ne me fais pas prier deux fois et je sors de la pièce.
**
Comme à chaque cours de Mau, depuis que nous avons reprit les cours, nous avons droit au moins à une lecture très expressive de Danielle pour qu'elle nous fasse apparaître un truc qu'on ne lui a pas demandé.
Je ne saurais dire ce que lui a réclamé de faire ressurgir Mau sur ce passage tant je suis déconcentrée. Je ne cesse de regarder incessamment Joyce, tandis que cette dernière garde les yeux braqués sur Danielle.
Je continue de bloquer sur ce qui s'est passé tantôt dans sa chambre. A sa froideur, au sentiment qu'elle me renvoyait. Comme si elle m'en voulait ?
Oui, m'en voulait !
Mais pourquoi ? Parce que j'ai assisté à leur rupture ?
J'imagine que c'est ça et c'est bien d'ailleurs pour ça que je voulais lui parler ce matin. Je voulais m'excuser car ce n'était pas intentionnel de ma part après tout. Je ne savais même pas qu'ils étaient là !
- Oh regardez ! , s'exclame Steph en montrant le ciel du doigt et m'interrompant dans mes pensées.
J'imite les autres et lève la tête. Une cinquantaine de ballons y flottent.
- Oh putain j'ai réussi ! Enfin j'ai réussi ! Je n'arrive pas y croire, j'ai réussi nom d'un chien !
Danielle saute partout en couinant et nous rions.
Je la regarde et je souris.
- Tu vois que ce n'était pas si dur, lui fais d'une voix douce Mau.
Les yeux de mon Ogie, se plante alors dans les miens et mon sourire s'efface.
Je détourne rapidement le regard, puis observe l'entrée de la forêt en face de nous.
Et moi, quand est ce que je pourrais me réjouir d'avoir réussi d'avoir ne serait ce que trouver mon jeu ?
- Allez les filles. L'exercice de Danielle est pour une fois terminé, nous retournons à l'amphi.
Nous nous exécutons tandis qu'un nœud se forme dans ma gorge.
- Gillian ? , m'appelle mon professeur depuis l'estrade.
La cloche vient de sonner annonçant la fin du cours de Mau. Les filles se mettent à bavarder alors que je me dirige vers mon Ogie.
Cette dernière va prendre une pile de feuilles sur son bureau avant de revenir vers moi.
- Oui ?
Elle me sourit, et je ne sens déjà pas ce qui va s'en suivre.
- Je voulais te parler de quelques trucs.
Mon cœur tressaute dans ma poitrine.
- C'est à propos des résultats de mon test ?
Mau fronce les sourcils.
- Oh non pas ça. Ou du moins pas encore.
C'est à mon tour de froncer les sourcils. Comment ça « pas encore » ?
- Je voulais te parler plutôt des tests de fin d'années.
Oh.
- Qu'est ce qu'il y a ?
- Comme Rochelle vous l'a dit à la reprise, pour pouvoir accéder au programme de l'année prochaine il vous faudra passer en classe supérieure et donc validez cette année. Pour cela vous passerez trois tests d'aptitudes dans chacune des matières. Je ne doute pas tu réussisses dans les autres disciplines par contre je crois que dans la mienne il risque d'avoir un petit problème.
Un nœud se forme dans ma gorge.
- J'en ai discuté avec Elona et au final il a été décidé, compte tenu de ta situation, de changer un peu le barème te concernant.
J'acquiesce à ses dires même si je sens ma tête s'alourdir.
- Pour validez le test de mon cours il faudra qu'à l'issu des tests que les autres passeront, tu ais découvert ton jeu et que tu sois capable de me faire une petite démonstration.
Je reste interdite face à ses propos qui me paraissent surréalistes mais qui en réalité viennent de résumé tout le ce du pourquoi je suis venue ici et me rappeler que j'en suis toujours au point mort.
Encore une fois, j'acquiesce, mais plus difficilement.
Je passe une main nerveuse dans mes cheveux et alors que je m'apprête à parler, c'est ce moment là que choisit Elona pour apparaître.
Ma mâchoire se crispe tandis que Mau me fait un sourire d'excuses.
- Ca va aller ? Si tu veux nous en reparlerons plus tard, me glisse-t-elle alors que notre mentor installe ses effets sur le bureau sans s'occuper de nous.
C'est entre mes dents que je lance un « ok », avant d'aller reprendre ma place avec les filles.
***
Le reste de la matinée se déroule calmement. Ce que m'a dit Mau pour mon test m'a en quelque sorte démoralisée. J'ai donc passé toute la journée à cogiter le dessus et je me suis mise en peu retrait.
Du coup après qu'on ait déjeuné, je me retire directement dans ma chambre. J'observe les quelques livres qui sont posés sur mon bureau : tous traitent des rêves, de l'inconscient mais aucun ne m'aide vraiment. J'ai une soudaine envie de tous les balancer contre le mur tandis que la colère monte.
Pourquoi ?
Pourquoi ça ne marche pas sur moi ?
Pourquoi je ne suis pas comme les autres et ne trouve pas mon jeu ?
Ais-je été modelé dans le mauvais moule ? Ou alors je me suis trompée de destination.
Je n'ai malheureusement pas l'opportunité d'aller plus loin dans ma réflexion que deux coups secs se font entendre contre ma porte avant que celle-ci ne s'ouvre sur AR.
C'est tout naturellement que cette dernière va prendre place sur ma chaise de bureau. Elle se laisse aller sur celle-ci en faisant une moue.
- Qu'est ce que t'as ? Tu m'as l'air ailleurs depuis ce matin, ça va ? Est ce que ça un rapport avec le comportement de Joyce ?
- Un peu oui
Et c'est totalement la vérité. Depuis ma conversation avec la métis ce matin, elle m'ignore ou m'évite, je ne sais pas, peut être qu'elle fait les deux. Ce midi elle n'a même pas déjeuné avec nous. Elana, Gaia et Lau non plus quand j'y pense.
Quoi qu'il en soit, l'attitude de Joyce m'affecte d'autant plus et je pense faire grandir le sentiment de solitude qui m'habite de puis quelque temps.
Je me sens si... seule ?
- Gillian ça va ? , me demande encore une fois AR mais cette fois ci d'un air plus inquiet.
Je n'ai pas vraiment envie de lui mentir, j'en ai encore moins l'énergie et d'un côté j'ai envie de me confier à quelqu'un.
Faire part de ce mal être qui me prend de plus en plus fréquemment. Seulement, j'ai l'intime conviction qu'elle ne me comprendrait pas.
- Pas vraiment. Je suis juste dans une mauvaise période.
AR fronce les sourcils et je me rends compte que la réponse que je viens de lui servir ne l'a aucunement rassurée.
- Tu sais que si tu vas mal tu peux m'en parler ?
Doucement je souris. Pas vraiment un sourire, juste un tout petit.
- Oui je sais
Elle cesse de froncer les sourcils ;
- De quoi tu venais me parler ? , fais-je tout de suite après et les sourcils de AR s'arquent comme si elle venait de se rappeler de quelque chose.
- Ah ça. C'était juste un truc par rapport à Lau.
Elle se tait et je sens qu'elle se retient. Ça m'agace puis ça m'amuse à la fin.
- Mais parles ! , l'incité-je et elle sourit.
- Si tu insistes, fait elle en roulant des yeux avant de poursuivre, on n'a plus à se méfier d'elle ou encore d'Elana.
Surprise, c'est à mon tour d'hausser les sourcils. Elle qui ne semblait pas du tout croire la version de Lau au début, voilà qu'elle retourne sa veste.
- Et pourquoi donc ? , cherché-je donc à savoir.
AR hausse les épaules.
- Non mais je les ai bien observés et étudiés, il n'y a rien à craindre.
Bien évidement, je n'en crois pas un traître mot. Si AR a changé d'avis c'est bien pour une raison. Laquelle ? Je ne sais pas et apparemment elle n'a pas envie de m'en dire plus.
Je me sens bien trop lessivée moralement pour engager un quelconque débat sur la confiance qu'elle est censée m'accorder et de ce fait me dire la vérité.
- Mais par contre, tu ne dis et parle à personne de ce que l'on pourrait trouver dans nos recherches de l'imposteur et surtout pas à elles.
- C'est ce qui était convenu, dis-je alors en toute évidence.
Comme satisfaite, AR me sourit en hochant la tête.
Elle se lève et se dirige vers la porte pour sortir.
- On va courir dans une heure ou deux avec Steph. Tu viens ?
- Ouai
Sur ce elle sort et moi je me laisse tomber sur mon lit.
***
- J'aimerais trop que tu me gères un gars, fait Steph en soufflant et AR rigole.
- Racine, change-peau ou racine ? , demande AR d'un ton taquin et Steph la lorgne.
- Je ne te parlais pas à toi mais à Gillian
Je n'ai le temps d'écarquiller les yeux de surprise et de lâcher un « ah bon ? » un peu à bout de souffle que AR a déjà donné une tape à l'arrière du crâne de Stéphanie.
Nous rions toutes les trois avant de ralentir notre course et de faire de petites foulées.
Comme toujours, nous courons sur la moitié du terrain tandis que l'autre moitié est occupée par Adam et sa classe.
Je prends le soin d'éviter de regarder de son côté. Avec ce que j'ai vu hier soir avec Joyce, je préfère garder mes distances.
- Pourquoi à Gillian hein dis-moi ? fait remarquer AR d'un ton faussement boudeur et je roule des yeux.
- C'est la seule maquée, s'exclame alors Steph
- Et que depuis hier, rajoute AR
- Ta gueule, intervené-je et encore une fois nous rigolons.
- Non mais plus sérieusement, reprend Steph , tu ne peux me présenter personnes ? Y'a pleins de canons ici mais impossible de les approcher, finit-elle d'une voix plaintive.
Immédiatement Gabin s'impose dans mon esprit, mais je le chasse tout de suite.
Chasse gardée.
- Vraiment Steph, je ne fréquente pas vraiment les autres espèces
Et encore moins les garçons.
- Mais comment t'as fait pour te trouver un mec alors.
- Telle est la question, me surpris-je à dire.
- Ne vas pas à l'amour, mais laisse l'amour venir à toi, récite AR telle une prière.
- C'est de quel auteur ?, demande Steph
- De moi-même, répond crâneuse ment la blonde et je m'esclaffe.
- T'es pas possible mon Dieu !
- Tu es jalouse
- Bien évidemment, dis-je en souriant.
Nous nous arrêtons pour reprendre notre souffle. En face donc nous regardons Adam et sa classe, qui dieu merci, nous font dos.
- Il est quand même canon le prof des garous, dit Steph et pour diable raison je regarde AR. La dernière fois, elle m'avait fait comprendre qu'elle savait pour la relation de Joyce et d'Adam, par contre je me demande si tout le monde est vraiment au courant.
- N'empêche il est plus vieux.
- Je ne dirais pas non pour quelques gâteries
Instantanément je grimace et haut le cœur me prend.
- C'est dégueu Steph, vraiment, se plaint AR. Quant à moi j'essaie de me contenir de ne pas vomir.
- Oh arrêtez quoi ! Si on ne peut même plus rigoler !
Ni AR et moi ne répondons.
Certainement pensons-nous à la même chose ou à la même personne : Joyce.
**
- Non pas celle là
Je range la robe que je viens de montrer aux filles dans mon armoire.
Hier soir avant de nous laisser, Gabin m'avait proposé de passer la soirée avec lui dans la salle commune pour qu'il puisse me présenter à ses amis. Sur le moment, encore euphorique de nos baisers, j'ai dis oui.
Mais maintenant que je suis là face à Steph, Danielle et AR qui sont censées m'aider à choisir une tenue et à m'encourager, elles me rendent plus nerveuse qu'autre chose.
- Bon tu sais quoi ? Viens t'assoir là, m'intime subitement Steph en se levant me cédant sa place. Je ne me fais pas prier et je vais m'assoir.
- Danielle et moi on va te chercher quelque chose de potable
Je fronce les sourcils à cette phrase tandis que les deux filles se tournant vers mon dressing. AR pendant ce temps quant à elle me briefe : rester naturelle, ne pas parler si je n'ai rien à dire ou à commenter, ne pas stresser et surtout ne pas montrer ma nervosité. Et pleins d'autres choses, mais j'arrête de l'écouter car je commence à en avoir marre.
Dieu merci, le supplice s'achève lorsque les deux investigatrices reviennent vers nous les bras chargés pour me présenter leur trouvaille.
Un jean noir, moulant, dont je ne connaissais pas l'existence jusque là est tenu par Danielle, et Steph brandit tel un trophée un chemisier rose pâle centré sur la taille, qui se je m'en souviens bien, est un cadeau de mon père.
Je souffle de soulagement. En même temps, elles n'auraient pas trouvé grand choses d'extravaguant dans mon armoire. Je me lève et saisis les vêtements avant d'aller m'enfermer dans la salle de bain pour m'habiller.
Lorsque je finis, je sors. Les filles cessent de parler et m'examinent. C'est Steph qui est la première à parler :
- Pas mal, pas mal. On a fait un bon choix.
Je roule des yeux, mais souris.
- Bon je vais y aller maintenant
C'est le signal de départ pour qu'elles s'en aillent, et Dieu merci elles comprennent puisqu'elles se lèvent. Je me dirige vers mon lit pour le refaire avant de m'en aller. Tout en fermant la porte, AR me glisse :
- N'oublie pas de suivre mes conseils à la lettre.
- Mais oui
Puis elle sort.
Je finis de faire mon lit, et m'apprête moi aussi à y aller. Seulement lorsque je traverse le couloir et que je passe devant la chambre de Joyce je m'arrête.
Même si il me semble que ce matin, elle m'a clairement dit qu'elle ne souhaitait pas me parler, je ne peux me résoudre à la laisser comme ça dans cet état.
Nerveusement alors je toque à la porte, et c'est sans surprise que je ne reçois aucune réponse. Je retiens ma respiration et rentre sans permission.
La pièce est plongée dans la pénombre et ce n'est que parce que le couloir est éclairée et que la porte est ouverte qu'un tapis de lumière se dresse devant moi et éclaire le lit de mon amie.
Un lit qu'elle occupe d'ailleurs.
Elle fait face au mur et donc me tient dos. Je sais bien qu'elle ne dort pas, il est bien trop tôt pour. J'avance dans la pièce et ferme la porte. Nous sommes dans le noir complet pendant quelques secondes, le temps que j'appuis sur l'interrupteur pour allumer la lumière. La pièce étant totalement éclairée maintenant, je m'avance vers son lit et m'assois sur celui-ci. Elle n'a toujours pas bougé.
Je ne sais pas ce qui me prend mais j'ôte mes chaussures et m'allonge à ses côtés. Je me mets sur le dos et observe le plafond. Je la sens alors bouger et du coin de l'œil je vois qu'elle s'est également mise sur le dos.
Durant les secondes qui suivent ce changement, je me demande ce que je fais ici, à rester allonger dans un silence aussi pesant, au lieu d'aller retrouver Gabin et ses amis.
Mais Joyce est aussi mon amie. Suite à cette constatation, je sors ce qui me vient à l'esprit :
- Tu n'as pas mangé ce soir.
- Je n'avais pas faim, me répond cette dernière d'une voix faible.
- Je ... , commencé-je mais les mots me viennent difficilement. Encore plus lorsque je sens son regard sur moi. Du coup, je me mets de profil et nous nous fixons. Ses yeux sont un peu rougis et elle un air abattu.
- Tu es fâchée contre moi ? , finis-je par demander et elle fronce les sourcils.
- Non, souffle-t-elle simplement cependant je la sens se renfrogner.
Une part de moi me souffle que je ne devrais pas, néanmoins je le fais quand même :
- Qu'est ce qui s'est passé avec Adam ?
Je retiens mon souffle en attendant sa réaction ainsi que sa réponse.
- Une accumulation de plein de choses je crois. Et tu ne le sais peut être pas, mais être le deuxième choix n'est jamais facile.
Je retiens ma respiration. Quoi ?
- Est-ce que c'est à cause de moi que vous avez rompu ? , soufflé-je horrifiée et sentant la nausée monter.
J'ai une soudaine envie de me lever du lit.
- En partie oui, mais c'est plus lui qu'autre chose.
Elle souffle bruyamment suite à sa phrase et se remet sur le dos. Elle passe ses mains sur son visage.
- Il n'est pas honnête et moi je n'ai pas confiance. Ça va te sembler débile mais j'ai besoin de savoir pourquoi est ce qu'il te parle si souvent, et il ne voulait rien me dire. Jusqu'à hier.
Elle ricane et se redresse. Je l'imite aussitôt.
Je sais pourquoi Adam ne lui a rien dit, tout simplement parce que je lui ai demandé de ne pas le faire. Je n'avais pas imaginé que cela puisse créer de telles tensions entre eux.
- C'est de ma faute, c'est moi qui lui ais fais promettre de ne rien dire à personne.
Joyce fronce les sourcils.
- Vraiment ?
Dans le ton de sa voix, je peux distinguer l'intérêt que je viens de susciter en elle
- C'est à propos de Bethany
- Qui ?
Et puis ça me percute. Si Gaia et moi savions pour le nom, je ne me suis jamais demandé si Joyce aussi était au courant.
- Celle qu'on a enterré, chuchoté-je et Joyce fait les gros yeux.
- Quoi ? Mais comment tu connais son prénom ?
Mal à l'aise je hausse les épaules.
- Lau
Joyce plisse les yeux
- Sympa de m'avoir prévenu
Je pince des lèvres. A la base je suis venue pour régler un problème et non en créer d'autres.
- Bon passons. A part son prénom, on ne sait de cette fille, à part Lau. Et pour la faire parler ce n'est pas une messe à faire. Du coup j'ai décidé de chercher moi-même et pour ça j'avais besoin d'aide
- Et c'est à Adam tu es allée demander ? , fait elle remarquer d'un ton accusateur avant d'ajouter un peu plus rageusement, et aux dernières nouvelles nous avions promis d'en parler à personne.
- Je sais, soufflé-je, mais quand il m'a dit qu'en remerciement pour ce qui s'est passé avec Ella il me devait une dette j'y ai vu une occasion en or pour avancer dans mes recherches. Etant prof il a accès à plein de trucs que nous non
Joyce semble méditer par rapport à ce que je viens de dire avant de me répondre :
- Je vois
J'attends la suite mais elle ne vient pas. Quelque chose me dit que la conversation est terminée.
Mes soupçons se confirment lorsque quand je me lève dans un soupir avant de me diriger vers la porte Joyce lance :
- Il reste à manger j'espère ?
Je souris et me tourne vers elle.
- Oui
Elle fait la moue et je sors.
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