Chapitre 65



« Brûler d'intensité », auteur inconnu.

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Je classe dans un tiroir de mon cerveau la conversation plus qu'étrange que je viens d'avoir avec Lau.

Ma perplexité est vite remplacée par une appréhension similaire à celle que je ressentais le matin de Noel en attendant le réveil de mes parents pour avoir le droit d'ouvrir mes cadeaux.

Actuellement, je suis pratiquement dans le même état. Limite si je ne me fais pas violence pour ne pas courir. Je me rends d'ailleurs compte que j'ai oublié d'apporter mon gilet lorsque j'arrive en face du miroir qui sert de passage.

Même si la dernière fois que j'ai été ici ca c'est finit de façon désastreuse, je ne peux m'empêcher d'être excitée. Je m'examine une dernière fois, avant de passer de l'autre côté.

Comme toujours, la pièce est éclairée par cette étrange lune dans le ciel que l'on voie grâce au plafond ouvert, ou du moins vitré.

Mon niveau d'anxiété augmente d'un ôta lorsque quand je lève la têt, je vois Gabin adossé à la balustrade me fixant.

- Salut toi, dis-je alors d'une voix mal assurée qui me donne envie de me taper la tête sur le plancher tant elle paraît niaise

- Salut. Tu montes ?

Gabin par contre est à point. Le grain de voix grave qu'il faut.

Je souris bêtement, avant de m'exécuter.

Lorsque j'arrive en haut une grande partie de mon angoisse s'envole à la vue d'une nappe au sol sur laquelle est disposée des couverts. Je me trouve en face de Gabin qui s'est déjà installé. Je ne tarde pas à l'imiter. J'avoue être légèrement mal à l'aise ne sachant pas trop quoi faire ou encore moins dire.

C'est d'autant plus intimidant car Gabin n'a pas du tout l'air stressé. La preuve est que lorsqu'il s'adresse à moi pour m'expliquer ce qu'il a préparé sa voix est calme et posé, dénuée de toute nervosité :

- Je nous ais fait du lomasage , commence-t-il en me faisant découvrir le dit plat. On dirait du gratin mais pas vraiment : il est constitué de ce qui me semble être de la viande haché, mélangé à du riz ( ou du moins ça s'en approche car c'est plus gros et les grains ont une couleur chocolaté) avec au dessus une crème. Certainement de la crème blanche.

Le tout à une odeur enivrante qui me donne l'eau à la bouche.

- Ça a l'air bon, commenté-je en approchant mon plat de moi prêt à attaquer.

- J'espère, sourit Gabin et je ne peux m'empêcher d'en faire de même, c'est un plat de chez nous.

- De votre contrée ?

- Oui

Je lui fais à nouveau un sourire, avant d'engouffrer une première bouchée.

Au départ lorsque je mâche il n'y a pas vraiment de goût, puis lorsque je reprends une seconde bouchée, c'est comme si il y avait un tilt au niveau de mes papilles gustatives, et un frisson de plaisir me noud l'estomac, tandis que je savoure.

- C'est trop bon, fais-je une fois ma seconde bouchée avalée.

- Merci, me fait mon interlocuteur en entamant son plat.

Je me sens tout d'un coup moins nerveuse.

- C'est toi qui l'as cuisiné ?

Gabin sourit à ma question

- On va dire ça comme ça.

Je hoche la tête suite à ses dires, et continue de manger. Je ne sais pas trop quoi dire, bizarrement je n'ose pas parler du problème d'Ella avec lui.

Ou du moins pas pour l'instant.

- Pour revenir à Adam, dit Gabin et je lève les yeux vers lui.

Adam et Joyce.

C'est étrange de le dire, mais j'en avais presque oublié ces deux là.

Je pense à mes récentes conversations avec Gaia et Lau.

- Je ne voulais pas en parler dans le couloir parce que les autres pouvaient nous entendre, m'explique-t-il

- Je m'en doutais, fais-je à mon tour

- Ça ne ferait pas bien si les autres venaient à s'en douter

Je reste perplexe suite à ce qu'il vient de me dire.

Ça ne ferait pas bien, hein ?

Pour ma part, je trouve ça complètement dégelasse. Certes Adam a sûrement maximum 10 ans de plus que nous , ça n'empêche pas qu'il est totalement pédophile.

- Je pensais vraiment que tu savais, continue Gabin, depuis le premier jour où tu as eu ta punition avec Ella.

- Ella m'a dit ou plutôt l'a sous entendu, mais ce n'était pas explicite. Du coup j'ai compris de travers. Je pensais que c'était avec toi qu'elle était, et il y avait déjà des rumeurs sur Adam et moi.

Je hausse les épaules nerveusement.

Je me sens bête d'un coup.

Vraiment très bête, surtout lorsque je repense à toute cette jalousie que j'ai ressenti envers Joyce ces derniers jours, à comment je l'ai évité, comment elle m'irritait.

- Joyce m'a dit que tu te comportais bizarrement depuis ta chute dans le couloir et après ta première journée de punition avec Ella. Tu nous évitais.

Je me mords l'intérieur de la joue. Je ne peux pas nier car c'es exactement ce qui s'est passé.

- Je ne sais pas... , dis-je alors pleinement consciente que mes propos n'avaient aucun sens. Mais Gabin y fait abstraction et poursuit :

- Pourquoi tu n'es pas venue m'en parler si tu avais des doutes sur Joyce et moi ?

Je me sens rougir et je baisse la tête.

Même si il m'a avoué tout à l'heure que je lui plaisais, je ne sais pas si j'aurais le cran d'en faire de même.

Cependant, je n'ai pas envie de lui mentir.

- Gillian ?

- J'avais peur, marmonné-je sans lever la tête. Je garde les yeux fixés sur mon plat presque finit.

- De quoi ? , me demande-t-il d'un ton surpris et je ne sais pas pourquoi, mais je souris.

- De la réponse

Je l'entends ricaner et cette fois ci je relève la tête.

- Tu avais peur que je ne ressente pas la même chose que toi ?

Mon cœur fait un looping et je suis incapable de répondre à cette question qui m'a tout bien l'air d'être rhétorique. Evidement, Gabin en connait déjà la réponse, et ça a l'air de l'amuser.

Ça m'énerve et je réponds alors :

- Oui

Il cesse instantanément de sourire et me fixe. Je déglutis avec difficulté continue à manger.

Je ne sais pas pourquoi je me sens aussi mal de lui parler de ça. J'ai l'impression de faire une bêtise, et tout m'a l'air d'être au ralenti.

Gabin ne relance pas la conversation et moi non plus. Nous tombons dans un silence à la fois calme et tendu. J'ai envie de lui parler, de plein de choses, mais je me retiens.

Je n'aime pas ces pulsions qui me prennent lorsque je suis avec lui, ni la curiosité qu'il éveille en moi.

Je finis de manger bien avant lui et me sens encore plus mal à l'aise.

Je commence à franchement regretté ma présence ici et je regarde partout sauf lui. Mon regard se fixe sur la toile des ancêtres à ma gauche, avec à côtés celle du chêne immerger. Celui-ci m'intrigue vraiment.

Alors que j'examine la peinture, j'observe néanmoins du coin de l'œil mon hôte débarrasser les plats dans lesquels nous avons mangé pour les mettre dans un panier sortant de je ne sais où.

Il pose à la place de mon assiette un verre qu'il rempli d'un liquide bleu.

Plus je regarde le chêne, plus j'ai l'impression de me perdre dans l'étendue d'eau transparente qui le noie. La pièce est très silencieuse, et j'ai l'impression d'être seule. Pour je ne sais quelle raison, je pense à Elona.

A cette histoire de renvoi puis à ce que tout ce que Gaia a dit. La proposition de mon mentor. Ma camarade qui, par je ne sais quel miracle est au courant, veut que j'accepte. Ce qui est totalement logique venant de sa part.

Puis Adam qui me supplie presque de ne pas le faire pour que sa sœur ne soit pas renvoyée. Mais seulement se rend-il compte que tout est de sa faute à elle ? Il suffirait juste qu'elle retire sa déposition concernant la « violation » de la règle de la forêt.

Tout d'un coup, tout disparaît puisque ma contemplation est perturbée par l'apparition de deux jambes dans mon champ de vision.

Perplexe je lève les yeux vers Gabin et il tient deux verres.

Sans un mot il me tend l'un. Je me décide de me lever pour le saisir. Je me retrouve alors en face de lui, dans une certaine proximité qui n'a pas l'air de le déranger puisqu'il ne bouge pas.

Le souffle court je m'adosse à la rambarde et goutte à la boisson qu'il m'a donnée. C'est un cocktail de je ne sais trop quoi qui est très exaltant.

- Tu as l'air contrarié, constate-t-il et je hausse les épaules.

C'est la vérité. Je ne sais pas pourquoi mais je le suis. Peut être est ce à cause de sa question de tout à l'heure ou par tout en général.

Je ne sais pas trop.

- Ça gâche un peu la soirée

Gabin fronce les sourcils et avance d'un pas. Mes yeux s'écarquillent tandis que son odeur m'enveloppe.

Je ne crois pas qu'il mette du parfum, mais il dégage une senteur agréable.

Tendue, mais également par curiosité, je remonte à son visage pour voir son expression. Seulement en cours de route, ses iris noirs capturent les miens, et j'ai l'impression de me retrouver projeté le soir de notre rencontre.

Notre échange visuel me semble intense et je déglutis avec difficulté.

Immobile comme jamais, je regarde Gabin déposer son verre à notre gauche par terre avant de saisir le mien et de faire pareil.

Pantoise, je laisse mes mains tombées le long de mon corps sans pouvoir détaché mes yeux de lui.

Une fois encore il avance d'un pas vers moi, et cette fois ci son souffle s'abat sur mon visage.

Je suis au bord de l'arrêt cardiaque lorsqu'il penche la tête vers moi. Nos nez se frôlent et étrangement je ne me sens pas gênée.

Bien au contraire, la puissance des battements de mon cœur menacent de le faire sortir de ma cage thoracique.

Je fixe les lèvres de Gabin et je ne sais pas s'il va m'embrasser. Je le sens hésitant et moi-même je le suis. Cependant ce n'est pas l'envie qui m'en manque et pourtant j'ai l'impression que ce n'est pas le moment.

D'une pulsion indécente d'écraser mes lèvres sur les siennes, je me retiens et de mes mains tremblantes je les dépose sur ses épaules. Encore une fois nos regards se croisent et celui de Gabin me fait vibrer.

Une décharge électrique me traverse lorsqu'il m'entoure les hanches et d'un geste brusque me rapproche de lui. Nos bassins claquent et nos poitrines sont collés.

Instinctivement je ferme les yeux, et je sens son souffle sur mes lèvres qu'ils frôlent avec les siennes. Mon emprise sur ses épaules se raffermie et il me rapproche encore plus de lui alors que je croyais ne pas être possible.

J'ai incroyablement chaud et je ne peux faire abstraction de la tension qui se forme au niveau de mon bas ventre.

Gabin continue de m'effleurer le visage de ses lèvres, pour finir avec mon oreille.

Il la caresse de son souffle ce qui crée des frissons dans toute la partie inférieure de mon corps, et il l'embrasse.

Vraiment.

Il embrasse mon oreille l'attrape entre ses dents et j'ai l'impression de perdre pieds.

Pendant un instant je me demande comment nous en sommes nous arrivés là, mais je me laisse de nouveau aller lorsqu'il me chuchote d'une voix rauque :

- La soirée est tout sauf gâchée.

Il se recule un peu afin de me regarder dans les yeux.

Toujours dans l'euphorie, je me mords la lèvre sans me contenir et j'ai une envie irrépressible de me frotter les cuisses.

- Et puis ça faisait longtemps que je cherchais à t'avoir pour moi tout seul

Le ton de sa phrase en dit long. Néanmoins je ne rétorque rien.

J'en suis incapable. J'ai la bouche trop sèche.

Doucement il se détache de moi et bientôt je relâche ses épaules.

La tension de mon corps s'envole d'un coup, et je me sens rougir.

La honte revient, et je me reprends. Gabin récupère nos verres et me redonne le mien.

- C'était vraiment bien, murmuré-je en buvant une gorgée de mon cocktail et a pour effet de me remettre de tout à l'heure. je me redresse et me colle encore plus à la rambarde histoire de m'éloigner.

Je n'ose pas trop regarder Gabin, j'ai honte.

Par contre lui a un air très sérieux, mais rien de plus.

Je me demande si il va parler de ce qui vient de se passer ou alors si il va faire comme si de rien était.

- On pourrait faire un truc demain

Je le regarde surprise mais pas bien longtemps.

- Quoi ?

- Je vais t'amener en ville

Malgré mon malaise je ne peu m'empêcher d'avancer vers lui. Mais je ne le touche pas

- Tu peux vraiment faire ça ?

Il me sourit

- Tu n'auras qu'à me retrouver au portail après le déjeuner.

J'ai vraiment envie de le prendre dans mes bras, mais je ne sais pas ce qui pourrait en suivre. Du coup je me contente de lui faire à mon tour un grand sourire.

Nous finissons nos verres puis j'aide Gabin à ranger même si il proteste en indiquant mon poignet. Alors qu'il s'active je le regarde faire. Nos discutons, il me demande comment va ce dernier. Je lui parle de ce que Neil m'a dit.

Lorsqu'il finit, je vérifie ma montre et je me rends compte qu'il est presque 21 heures. Je préviens Gabin que je dois partir.

Nous nous disons à demain et c'est légère que je rentre au QG.

NDA: Joyeux Noel à vous en avance ;) Merci, merci enco

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