Chapitre 6


«

La pensée est personnelle, rien qu'à soi et elle est surtout intime.

», De Gillian Ross

*~

Il y a un bourdonnement sourd qui rugit entre mes tempes et la partie de mon corps qui est en contact avec le sol me brûle littéralement.

Je sens de légers tapotements à mon bras.

- Gillian ? , m'appelle une voix incertaine. Le timbre m'a l'air familier et puis tout me revient. J'étouffe un grognement mais je n'essaie pas de me relever.

- Putain, marmonne-je.

- Tu es vivante, dit Rochelle et étonnamment son ton ironique me fait esquisser un sourire.

- Tu veux que je t'aide à te lever ?

Je hoche la tête et elle me retourne sur le dos. Jusque-là ça va.

- Donne-moi tes mains.

Je m'efforce de m'exécuter, même si lorsque je les tends, le côté droit de mon corps s'étire. Je grimace en peu.

D'un geste vif, elle me tire vers l'avant et c'est naturellement que mon corps suit le mouvement. Mon côté droit me brûle atrocement. Je tourne ma tête vers celui-ci et certaines parties de mes vêtements comme ma manche ou alors mon pantalon, au niveau de la cuisse, sont à présent en lambeaux. Je suis égratignée de partout.

Je soupire et regarde autour moi. Nous sommes dans un endroit désert et notre voiture est froissée. Cette constatation me fait froncer les sourcils car en effet notre véhicule à tout son avant plissé, comme s'il avait percuté quelque chose de très dur, comme un mur ou alors même un arbre.

Le truc c'est qu'il n'y a rien, le vide, le néant total. Je me tourne vers Rochelle qui, elle, observe le ciel ?

- Rochelle ?, elle me regarde à présent. J'ai bien envie de lui demander ce qu'elle peut bien faire à regarder le ciel, alors que nous sommes dans ce que j'appellerais la « merde ». Par contre le sérieux qui se lit sur son visage m'en dissuade.

- Est-ce que ça va ?

- Non, elle relève la tête vers le ciel de nouveau, « j'essaie de sentir si nous sommes seules ou pas »

Je la vois fermer les yeux et je laisse échapper un petit soupir. D'un pas hésitant, je m'approche de la voiture, tout en essayant d'ignorer les tiraillements de ma peau.

L'odeur de l'essence agresse mes narines et je fronce le nez. Je regarde bien comment le capot est amoché.

Méfiante, je me décale un peu et prends un petit caillou. Je me mets dans le même sens que la voiture lorsqu'elle arrivait. Je lance ma pierre, elle ricoche contre le « vide» et revient vers moi, à mes pieds. Je regarde mes Vans, et je me tourne en hâte vers Rochelle, qui a toujours la tête levée.

- Rochelle, l'interpelle-je, mais elle ne répond pas.

Je reprends une autre pierre, qui cette fois a à peu près la largeur de ma paume de main, et je reproduis le mouvement. Même résultat mais cette fois-ci avec une plus grande sonorité, la pierre tape le « mur invisible », et s'écrase contre celui-ci.

- Gillian, qu'est-ce que tu fais ?, rugit l'autre.

- Mais regarde, dis-je et en joignant le geste à la parole mais avec hésitation, je tends ma main et mes yeux s'écarquillent lorsque je le touche. C'est dur, et je balade mes doigts dessus, émerveillée.

- Oui c'est un mur, dit platement Rochelle cassant la magie du moment.

- Comme c'est aimable à toi de me le faire remarquer, fais-je alors sarcastiquement. Cette fois ci contrairement aux autres fois, elle arque un sourcil comme pour dire : t'es sérieuse là ? Je roule des yeux, et laisse tomber mon bras le long de mon corps.

Mon accompagnatrice s'éloigne de moi et va quelques pas plus loin sur ma gauche. Je la regarde faire. Elle arrive à un certain endroit et elle place sa main sur le « mur », comme je l'ai fait tout à l'heure et quelque chose d'impressionnant arrive lorsqu'elle se retire, l'endroit où elle avait mis sa main s'illumine, prenant une couleur bleutée. Un bruit de verrou retentit de « l'autre côté », par réflexe je recule, et là, au fil des secondes, les extrémités d'une porte se dessine, mon cœur bat à cent à l'heure tellement je suis troublée.

Une porte vient d'apparaître.

Putain.

Rochelle vient se planter devant celle-ci, elle enclenche la poignée. C'est comme si le bâtant pesait une tonne, car j'arrive à voir l'effort qu'elle fournit pour l'ouvrir, et c'est avec une lenteur extrême qu'il pivote. L'intérieur est noir. Elle plonge dans cette obscurité sans aucune hésitation.

-Tu viens ? , m'appelle-t-elle de là-bas. Je déglutis difficilement. Sans répondre, et essayant de faire abstraction de la douleur que le déchirement que ma peau provoque, je la rejoins.

Lorsque mes deux pieds touchent le sol de l'autre côté, un vent fulgurant frappe ma nuque et j'entends la porte se refermer dans un grand bruit, puis c'est le silence. Seules la respiration de Rochelle, et la mienne, qui est saccadée, retentissent dans cette obscurité. Je n'ose même pas bouger.

Puis tout d'un coup, sortant du sol, un amas de lumière s'active. J'écarquille les yeux, sous la surprise, et je découvre alors une espèce de tunnel. Blanc. Les murs qui nous entourent sont blancs.

Par réflexe je me tourne et je me rends compte que la porte a disparu, ou du moins la poignée.

- Suis-moi, dit-elle. Je me retourne vers Rochelle qui a déjà commencé à marcher. Je la suis tout en regardant les environs.

Des ampoules sont incurvées à même le sol, en deux longues bandes de chaque côté du couloir. Les murs blancs renvoient un effet de clairvoyance et en portant mon regard plus haut, je m'aperçois qu'au-dessus de nos têtes, il y a des miroirs. Des dizaines de miroirs. Ma bouche s'entre ouvre, et je regarde mon reflet avançant.

- Qui a fait tout ça ?, ma voix résonne entre les murs.

- Comment ça ?

Nous arrivons à un point où il y a plusieurs autres couloirs, allant dans différentes directions. Rochelle prend la première à gauche. Naturellement je la suis. Nous continuons d'avancer.

- Rochelle, tu n'as pas répondu à ma question, l'interpelle-je et elle ne prend même pas la peine de se tourner vers moi.

- C'était quoi la question ? , elle demande d'un ton blasé, comme si je l'ennuyais.

- Nous sommes à l'IPJS là ?

- Une partie.

Elle s'arrête devant une porte sans poignée. Tout comme tout à l'heure avant que nous entrions ici, elle se met bien en face de l'objet en métal. Environ cinq secondes s'écoulent puis elle se décale et un carré bleuté apparait. Une sorte de trappe s'ouvre et une poignée apparait. Rochelle l'enclenche et elle pousse sur ses jambes pour l'ouvrir. Stupéfaite, je la suis à l'intérieur.

La pièce dans laquelle nous entrons est noire. J'entends un clic, puis la lumière s'enclenche.

On dirait un appartement. C'est assez vaste et sobrement décoré : il y a deux fauteuils, et un écran plasma accroché au mur. De l'autre côté, il y une table à manger munie de quatre chaises. Entre le salon et la salle se situent deux portes.

- Je vais prendre une douche rapide, m'annonce Rochelle avant de disparaître derrière l'une des deux entrées.

- Ok, réponds-je.

J'entends l'eau de la douche couler. Je passe une main nerveuse sur mon visage avant d'aller m'installer sur le divan.

De là, quelque chose me traverse l'esprit naturellement : Rochelle savait que nous étions suivis. Par réflexe je regarde la porte de la douche, qui logiquement est toujours fermée.

Bon sang ! Je n'arrive pas à y croire, elle avait raison. L'image de la voiture ou plutôt l'avant de la voiture écrabouillé me revient à l'esprit. Un frisson me parcourt l'échine et je tressaille.

La vache, je me demande ce que diraient mes parents si je leur disais ça. Ou alors si je parlais de Jane, et du test.

Tout ça me fait froncer les sourcils. L'IPJS n'a rien de vraiment conventionnel : un emplacement dont personne n'est au courant, pratique de
tests étranges, qui soit dit en passant ont cramé les yeux de ma voisine de classe.

Et ce rire...

Rien qu'en n'y pensant n nouveau frisson me traverse car j'ai l'impression de l'entendre de nouveau dans ma tête. Et l'épisode de l'Ipod dans les bois.

Il y a trop de trucs bizarres en ce moment. Beaucoup trop. Ce n'est pas normal que toutes ces choses arrivent en même temps.

- J'ai terminé, annonce Rochelle et sa voix me fait légèrement sursauter. Je me tourne vers elle surprise qu'elle ait déjà finie. Elle s'est changée et porte une petite robe fleurie aux manches trois quarts. Ses bras sont chargés d'une pile de vêtements.

- Tu veux y aller ?, demande-t-elle et en même temps ses yeux se baladent jusqu'à mon côté blessé et je hoche la tête. Je me lève et prends ce qu'elle me tend. Un peu raide je vais à la salle de bain. Lorsque je passe la porte je suis agréablement surprise par l'odeur légère de vanille qui embaume l'air. Certains carreaux sont bleus, d'autres blancs.

Je pose la pile sur le lavabo, et j'enlève ceux que je porte. J'entre dans la douche et ouvre l'arrivée de l'eau. Bien qu'il soit tiède lorsque le liquide, est en contact avec ma partie endolorie, je serre les dents et je peux sentir mes yeux se remplir de larmes.

Une fois le calvaire terminé, je sors de la douche. Je regarde mon côté blessé, et je n'ai plus que des boursouflures. J'enfile les habits que m'a passé Rochelle : une chemise ample et un jean.

Tout en m'habillant je tends l'oreille, car contrairement à tout à l'heure j'entends des timbres de voix. Une fois prête je rassemble mes vêtements sales en une boule, et je sors avec.

Dans le salon, Rochelle parle avec une fille qui est de dos. Elle a des cheveux aubrun, légèrement ondulés. Plus petite que moi, de forme proportionnelle.

- Tiens là voilà, fait Rochelle en me voyant. La fille se retourne vers moi, et me fait un grand sourire lorsque nos regards se rencontrent. Elle a une expression angélique, et je ne peux que lui rendre son sourire.

- On parlait de toi, continue Rochelle.

- Ah bon ?, dis-je mal à l'aise car le regard de la jeune fille se pose sur mes vêtements sales.

- Oui, acquiesce Rochelle en hochant la tête pour souligner ses propos. Elle se tourne un peu vers la fille.

- Donc Gillian voici Gaia, et Gaia, Gillian.

- Bonjour, me salut Gaia et je remarque que sa voix est douce et posée. Son sourire est avenant, voire même chaleureux et elle a un air amical qui attire la sympathie.

- Bonjour, réponds-je un peu maladroite. Je n'ai pas l'habitude faire ça, parler à des gens que je ne connais pas. Je suis plus en général du style à écouter les autres. Ca me facilite bien de choses.

Rochelle nous indique du menton l'un des fauteuils. Nous nous y installons l'une à côté de l'autre. Moi, plus mal à l'aise que jamais, je me sens ridicule avec mon linge sale.

- Donc si je t'ai fais venir jusqu'ici Gillian c'est surtout pour que vous puissiez discuter Gaia et toi.

Ce qu'elle me dit là me fait froncer les sourcils et je suis un peu déçue. J'aurais voulu plutôt visiter l'institut lui-même.

- Gaïa a 16 ans elle aussi, elle a réussi le test de Dom et contrairement à ton cas ce sont ses parents qui s'opposent au projet.

Je regarde du coin de l'œil ma voisine qui a les yeux baissés sur ses mains jointes sur ses genoux, puis je me reconcentre sur Rochelle. Je n'aime pas particulièrement le fait qu'elle me prenne pour un « cas », d'autant plus que ce n'est pas moi qui suis allée la chercher.

- Tu sais Gaïa était comme toi, elle ne connaissait pas son jeu avant que l'on ne se rencontre. C'est incroyable mais elle s'en ait rendu compte que dans son sommeil. Ou du moins comme toi elle souffrait d'insomnie.

J'esquisse un semblant de sourire. Qu'est-ce qu'elle essaie de me dire là ?

- Et alors ?, demande-je abruptement. Elle soupire profondément et je sens le regard de Gaïa sur moi. Exaspérée je me tourne vers elle et nos regards s'accrochent. Elle a des yeux caramel tendres.

Rochelle s'en va, elle passe la porte qui est à côté de la salle de bain. Nous sommes seules.

- Donc heu..., commence-t-elle en détournant le regard, puis prend une inspiration, « Rochelle m'a parlé de toi hier au téléphone et aussi de ton scepticisme »

Je plisse des yeux à la fin de sa phrase. Rochelle n'avait pas menti, mais elle ne sait pas tout non plus. Non seulement je suis sceptique, mais je suis incapable de leur faire confiance ou quoi que ce soit. Et je ne comprends pas non plus, la soudaine distance que mes parents ont mis entre nous.

- Tu les crois toi ?, je demande. Elle hausse les épaules.

- Ce n'est pas une question de croire ou non. Je ne crois pas en ce qu'ils disent. Je crois en ce que je vois, et surtout aux faits réels. Et le fait est que je connais mon jeu.

Ses yeux brillent comme si elle parlait de quelque chose de merveilleux.

- C'était magique, fait elle et sa voix vibre d'émotion. Elle replante son regard dans le mien et je suis tout à son écoute, « en général la nuit je ne dors pas, tu sais, Rochelle m'a dit que toi non plus. On ne dort peut être pas mais il y a quelque chose, c'est comme si le temps se suspendait : c'est paisible. Calme. Presque comme le sommeil ».

Elle e sourit d'un air triste avant de poursuivre :

- Je ne l'ai jamais dit à mes parents, le fait que je ne dorme pas car ils n'auraient pas compris et d'ailleurs ne comprennent rien.

Je perçois alors le reproche dans ses mots. Je ne la connais pas, mais je me sens un peu liée à elle. Ne serait-ce que par notre « manque », comme l'a dit Rochelle hier soir.

- Et comment tu as découvert ton jeu ?, demande-je en rompant le silence. Elle me fixe apparemment stupéfaite par ma curiosité soudaine, mais un large sourire vient prendre possession de son visage.

- Je les ai entendus, me répond-elle sur le ton de la confidence. C'est à mon tour de froncer les sourcils.

- Entendu quoi ?

- Leurs pensées

.

Je pince les lèves, je ne sais pas quoi penser de ce qu'elle me dit là.

- Les pensées de qui ?

- De mes parents.

Je ne sais pas quoi dire alors je ne réponds pas. Qu'est ce je pourrais faire d'autre ? Lui rétorquer que les gens n'entendent pas les pensées des autres ? Ou alors que je n'arrive pas à accorder un seul crédit ou alors de bon sens à ce qu'elle me dit ?

Elle n'a pas l'air fou ou alors dérangée, donc je ne comprends pas.

Vraiment pas.

- Tu sais, ça ne marche qu'avec les personnes avec qui j'ai déjà eu un contact corporel.

J'ouvre la bouche pour répondre mais je la referme aussitôt. C'est ce moment que choisit Rochelle pour revenir, un pot de glace à la main. Elle vient se planter à nouveau face à nous.

- Elle ne me croit pas, commence Gaïa. Rochelle ne réagit pas vraiment et se contente d'avaler une bouchée et de hausser les épaules.

- Je te l'avais dit.

Gaia pousse un soupir.

- Gillian, je sais que c'est difficile à croire mais je te jure que c'est vrai. Si tu veux je pourrais...

- Non, la coupe-je sèchement. Elle est malade ?

Ok admettons cinq secondes qu'elle a raison, je n'ai aucune envie qu'elle « entende » ce que je pense.

La pensée est personnelle, rien qu'à soi et elle est surtout intime.

- C'est tout ce qu'il y a de plus naturel, reprend Gaia et je la regarde incrédule, « Tu ne le sais pas mais il est là, avec toi, en toi, et quand tu le découvriras ce sera aussi naturel que de te dire : oh je respire ! »

- Et alors qu'est-ce que ça va m'apporter de plus ? Je suis bien en ce moment sans jeu, ni rien.

- Sans connaissance de ton jeu, tu n'es rien.

Ce qu'elle me dit me pique au vif.

- C'est faux. Même sans connaissance de ce jeu, je suis quelqu'un.

- Et quoi ? Tu n'es que Gillian ! Une fille de 16 ans, rousse, qui s'appelle Gillian, qui a deux parents qui pratiquent une profession ! Un humain parmi tant d'autres, rien du tout !

D'un bond je me lève. Je ne sais pas pourquoi, mais je me sens humiliée. Cette fille à part son prénom et son âge, je ne connais rien d'elle et vice-versa. Pourtant les propos qu'elle me jette à la figure, là tout de suite, s'impriment en rouge dans mon cerveau.

Son ton est hargneux, coléreux. Son visage un peu rougit est levé vers moi.

- Les filles calmez-vous.

J'ignore Rochelle.

- Tu ne me connais pas, je crache.

- Tu ne te connais pas toi-même ! , elle rétorque d'un ton lassant.

Je me mords fort la lèvre inférieure, rabaissée comme jamais. Cette fille je ne la connais pas, mais je la déteste déjà.

Les secondes passent et nous continuons à nous défier du regard. Furieuse contre moi-même pour n'avoir pas répondu à la dernière pique je vais m'assoir sur l'autre siège.

Je peux sentir le corps de Rochelle se détendre à la vue demon acte qui a met fin à l'altercation.

J'observe Gaïa qui croise les bras sur sa poitrine, puis les décroise, soupire et se lève.

- Je crois que je vais y aller, déclare Gaïa. Elle se lève et se place près de Rochelle ,qui elle était resté tout ce temps debout, toujours son pot de glace à la main. Rochelle hoche la tête et l'escorte jusqu'à la grande porte métallique, qui à mon avis fait 100 kilos environ. Rochelle refait le même procédé qu'elle a fait pour qu'on rentre. La lumière bleutée, puis le grincement et ensuite l'apparition de la poignée. En dernière minute, Gaïa se tourne vers moi, une expression désolé au visage.

- Tu sais je ne voulais pas te vexer. Juste te montrer à quel point tu as de la chance, et aussi te montrer l'importance du jeu.

Je ne réponds pas. Elle soupire et se détourne. Je roule des yeux. Si ça se trouve, cette fille ils l'ont payé pour venir me raconter tout un baratin et me faire une leçon de morale sur ma personne. Lorsque je relève les yeux vers elles, Gaïa n'est plus là. Rochelle va s'assoir où l'autre était tout à l'heure. Son regard sombre accroche le mien, un petit sourire se forme au bout de ses lèvres.

- Au départ, elle était censée te faire changer d'avis. Te donner l'envie de connaître ton jeu, et découvrir Dom, autant qu'elle le veut.

Je ne trouve rien à redire, mes vêtements toujours dans mes bras, j'en ai presque oublié les brûlures émanant de mes égratignures.

- Je veux rentrer, dis-je doucement.

- Ok, dit Rochelle et se lève. Le cœur léger je l'imite.

- Mais avant, je vais te montrer un truc.

A contre cœur je la suis. Elle refait le procédé d'ouverture, et pendant un moment je me demande si c'est comme ça partout.

Et ensuite qu'est-ce qu'elle veut encore me montrer ? La dernière fois qu'elle m'a dit ça, nous nous sommes retrouvées pourchassées par une voiture invisible.

Lorsque nous sortons de la pièce, le couloir est comme tout à l'heure, noir. Ce n'est que lorsque la porte se referme en un grand bruit que les lumières jaillissent du sol. Rochelle avance rapidement, tellement qu'en moins de quelques secondes nous arrivons à l'intersection. Rochelle prend le couloir se situant près de celui que nous venons de quitter.

Dès lors où nous faisons un pas, de nouveau le couloir s'illumine. Je remarque alors qu'il n'est pas long du tout, car de là où nous sommes je peux voir la porte en métal.

- Où est-ce qu'on va ?

- Dans la salle de voyage.

Je fronce les sourcils à la réponse, tandis que nous arrivons à la porte. Alors que Rochelle refait encore une fois ses procédés d'ouverture, je me tourne pour regarder derrière nous. Cet endroit ressemble plus à une prison qu'un institut. Sincèrement dit, pourquoi mettre toutes ces portes et ces espèces de codes ?

- Tu viens ? , la question de Rochelle est suivie du grand bruit de la porte métallique qui s'ouvre. Comme toutes les pièces d'ici, celle-ci est noire et lorsque la porte se referme, l'éclairage s'enclenche.

La pièce est vaste, les murs blancs et elle est presque vide. Même à travers le pull je peux sentir le froid qui règne dans la pièce. Démunie de meubles, il n'y au milieu que cinq cadres de portes, en métal je dirais, mais ils ont plus l'air d'être des détecteurs d'objets, comme ceux que l'on trouve dans les aéroportsavant d'embarquer. Ils ne sont pas posés à même le sol, non. Ils sont soutenus par des plaques géantes, similaires à celles qui ont été utilisé pour les tests d'hier à l'école.

- C'est quoi ça ? , mon souffle est court et mes membres raides.

- Ce sont des portails.

Seigneur.

- Des portails, répète-je doucement.

- C'est eux qui relient notre monde au leur.

Notre monde au leur, notre monde au leur.

Je fronce les sourcils

- Notre monde ?

- Dom, répond elle comme si c'était une évidence.

Ma gorge s'assèche et je laisse mon regard se fixer sur ces « portails », mon ventre se noue.

Notre monde, notre.

C'est tout ce que Rochelle ne cesse pas de me dire depuis notre rencontre. Le dit-elle aussi à mes parents ? Pensent-ils pareil ? Est ce qu'ils la croient. C'est fou de le dire mais moi non.

Et c'est d'ailleurs ce qui me fait peur.

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