Chapitre 57


« L'égalité est une chose relative », auteur inconnu

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Après être sorties de la chambre de Gaia, nous retrouvons Lau au salon. Tout comme nous, cette dernière est en jean et en t-shirt.

Sans plus attendre, nous partons vers la dîtes foire.

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A peine avons-nous fait un pas dans la clairière où a lieu la foire que nous nous faisons accostées par une Racine. Elle est très grande et blonde avec de grands yeux bleus qui ont l'air de lui manger le visage.

Elle nous souhaite la bienvenue, et nous fait « entrer » sur les lieux de l'évènement. Comme me l'avait dit Reza il y a effectivement plusieurs stands dont la plus part offrent de la nourriture. L'odeur des mets a envahit l'air et je suis surprise par le monde qu'il y a. Je remarque que la majorité se trouve être des garous.

A croire que toutes leurs années sont présentes. Dieu merci, même si je pense qu'ils sont tous là, je ne vois ni Gabin, ni Ella ou encore moins Adam.

- A votre santé, dit notre hôtesse racine dont je ne connais d'ailleurs pas le nom. Une coupe de je ne sais quoi m'ait tendu.

- C'est quoi ?, demandé-j en examinant le liquide verdâtre et mousseux.

- C'est du néssê. C'est la boisson locale dans notre contrée. Goûtez c'est hyper bon !, m'encourage la fille, et lorsque je me rends compte que les autres sont aussi septiques que moi. Nous échangeons comme un regard entendu avant de porter nos verres à nos lèvres.

Je goûte du bout des celles-ci , et toute ma perplexité s'envole quand le liquide, quoi qu'un peu acidulé, fait danser mes papilles gustatives. C'est frais et il a un arrière goût de fruit de la passion, de menthe et de vanille, le tout mélanger avec du whisky.

- C'est trop bon ! C'est à quel stand ? , s'exclame Lau

- Juste là bas, nous montre la fille Racine, et nous la suivons jusqu'au dit stand.

Il y a beaucoup de monde qui s'y tient, ou je dirais plutôt une longue file.

- Bon moi je vais aller voir ce qu'il y a d'autres en attendant, annonce Joyce en donnant son verre à Lau, tu m'en prends pendant que je fais un petit tour ?

A peine que Lau acquiesce, Joyce disparait dans la foule.

Prise d'une bougeotte soudaine, je remets à mon tour ma coupe à Gaia et lui demande de m'en prendre aussi.

Je me dépêche de prendre le même chemin que Joyce, mais rien n'y fait. Je me retrouve au beau milieu de la clairière, les autres riant et discutant autour de moi.

Je ne sais pas pourquoi je reste plantée là, mais tout ce qui m'obsède en ce moment c'est l'endroit où se trouve Joyce et encore plus, avec qui elle est.

Je sens un nœud dans ma gorge.

- Gillian ?

Je me retourne suite à l'interpellation de mon prénom. Lau se tient devant moi, deux verres à la main.

- Tu n'aurais pas vu Joyce ? , me demande-t-elle

- Non, désolé

Cette dernière me sourit, et bois une gorgée de sa boisson.

Son regard dévie sur quelque chose derrière moi et par curiosité je me retourne. je me sens un peu étrange lorsque je devine que c'est la direction à suivre pour se retrouver du côté interdit qu'elle fixe. Et lorsque je me tourne de nouveau vers Lau, je me sens d'autant plus mal lorsque je me rappelle de ce que j'ai fais.

Ce que j'ai dis à Gaia.

Que Bethany était le prénom de la fille qu'on a enterré.

- Il faut que je te dise quelque chose.

Mon amie fronce les sourcils suite à ma déclaration.

- Tu veux le verre de Joyce ? T'es toute crispée là, plaisante Lau cependant je n'arrive pas à esquisser un sourire.

- Non. Ce que j'ai à dire est important. Je me sens hyper mal

- C'est grave ?

- Pour toi peut être

Lau fait la moue.

- Tu me fais peur là Gillian

J'inspire avant de débiter ma bêtise :

- J'ai dis à Gaia le prénom de la fille qu'on a enterré

Mon amie fronce les sourcils

- Comment ça ?

- Je ne sais pas pourquoi mais on était toutes les deux, et puis c'est sorti tout seul

- Tu te rends compte que tu m'as fais toute une scène quand je t'ai dis que j'avais informé Joyce de ton entretien avec Elona , et que là c'est pire ?

Honteusement j'acquiesce.

- Je ne sais pas ce qui m'a pris, avoué-je honnêtement.

Lau ne répond pas, cependant elle cesse de froncer les sourcils et en hausse un. Elle sirote son verre , et d'un air pensif me demande :

- Et qu'est ce qu'elle a dit ?

- Elle avait l'air étonné

- Etonné ?, répète Lau elle-même d'un ton surpris.

- Oui. Elle a même sous-entendue que tu mentais

Mon interlocutrice pouffe de rire, et je commence à être perplexe face à ses réactions.

- Pourquoi tu ris ?, demandé-je

- Parce que c'est tellement...

Elle ne termine pas sa phrase et se contente de hausser les épaules. Elle reprend une gorgée de sa boisson et déclare :

- Je sais que c'est moi qui ai amené l'idée des commandements à suivre et aussi initiée le fait que les choses s'arrangent avec Gaia, mais je sais aussi que tu n'es pas bête. Je suis sûre que tu t'es déjà rendue compte de la tension qu'il y a entre elle et moi.

J'acquiesce suite à ses dires et elle continue :

- Je ne pense pas que la situation puisse changer entre elle et moi. Par contre, le terrain est vierge pour vous. Il faut vous rapprochez d'elle.

« Il faut » ?

- Est-ce que c'est juste pour une question de cohésion ?

- Biensûr que non. Je continue de dire qu'elle n'est pas net. La preuve même est dans ce que tu viens de me dire.

- C'est-à-dire ?

- Elle le savait

- Savait quoi ?

- Le prénom

J'ai l'impression de me prendre une gifle en pleine face.

- Tu veux me dire qu'elle savait pour Bethany ?

- Oui

Je suis sans voix

- Mais comment ça se fait ? C'est toi qui lui a dit ?

Lau fronce les sourcils.

- Bien sûr que non

- Mais comment elle l'a su ?

Mon amie esquisse un sourire narquois.

- Son jeu

Son jeu ?

J'ai beau réfléchir mais je n'arrive pas à me rappeler en quoi consiste le jeu de Gaia.

- Elle peut entendre les rêves, finit par déclarer Lau face à mon inaction.

- Et elle aurait entendue les tiens ?

- C'est ce qu'elle a laissé entendre

- Tu n'as pas l'air sûr, fais-je remarquer.

- Parce que je ne le suis pas. Elle m'a parlé de Bethany le réveillon de noël. Tu sais, quand on a toutes les deux quittées la table ?

J'acquiesce.

- Elle m'a menacé et a dit de ne plus me mettre sur son chemin. Je lui ai rappelé encore l'épisode de la forêt, le fait qu'elle y retourne et qu'elle cache quelque chose. C'est là, qu'elle m'a parlé de Bethany et elle a supposer des trucs qu'elle ne devait pas savoir.

- Quel genre de trucs ? , demandé-je curieuse et le visage de Lau se ferme.

- Des trucs personnels.

Je comprends qu'elle ne va pas m'en dire plus, donc je me contente d'hocher la tête.

J'avoue être très perturbée à présent parce qu'elle me dit et un peu inquiète.

Si Gaia « entend » réellement les rêves, se pourrait-il qu'elle ait entendue les miens ?

Et plus probablement, ceux avec Ina ?

- Je ne lui fais pas confiance, c'est pour ça que je veux que l'une de vous devienne son amie pour avoir la main sur elle.

- Et tu veux que tout sur elle te soit rapporté ?

- Oui

Une envie de rire me prend

- Mais tu es au courant que Gaia n'est pas la personne la plus ouverte du monde ?

Voir pas du tout même.

- Sois plus maligne qu'elle.

Je n'ai même pas le temps de lui exprimer ma pensée qu'elle me contourne avant de s'en aller. Instinctivement, je suis le mouvement et la regarde se perdre dans la foule et en un clignement des yeux , je vois Gaia s'avancer vers moi , deux verres à la main.

toute sourire, elle m'en tend un.

- Tiens, me dit-elle en me tendant mon verre, La queue était interminable, me fait-elle et je souris à mon tour avant d'en savourer une gorgée.

Gaia regarde un peu autour de nous, puis m'imite.

- C'est vraiment trop bon, meilleur que l'eau de vie.

- Ce n'est même pas comparable, me contraint-elle et je souris.

Quoi que je n'arrive pas à m'ôter tout ce qu'à pu me dire Lau à l'instant.

Le fait qu'elle puisse « écouter » nos rêves m'inquiètent un peu. D'ailleurs, la logique voudrait que je lui pose dès à présent la question, cependant cette dernière reste coincée dans ma gorge. Je sens les battements de mon cœur ne s'accélérer rien qu'à l'idée de lui en parler. Je suis terrifiée par la réponse qu'elle pourrait me donner.

- Tu m'étonnes qu'ils ne fassent pratiquement pas d'évènements et qu'ils n'invitent pas tout le monde à chaque fois. Ce sont des radins , rigole Gaia à gorge déployée et je me demande quelle est la teneur en alcool de néssê.

- Si nous étions radins, jamais nous n'allions partagés notre terre mère avec des non originels, fait alors une voix grave derrière moi. En un claquement de doigts, Reza apparait à mes côtés.

L'éclat de rire de Gaia se casse , et elle fait la moue.

- Ah , parce que vous la partagez peut être ?

J'attends du coin de l'œil la réaction de ce dernier et elle ne se fait pas attendre. Il esquisse un sourire en coin avant de répondre :

- En voici la preuve, fait il alors en nous indiquant du menton

- De ce qu'on nous a raconté pour nous faire venir ici , on a autant le droit que vous d'être ici

- Le simple fait que vous ne soyez pas des originels creuse un fossé entre nous

Est-ce qu'il vient de vraiment dire çà ?

Gaia arque les sourcils, quant à moi je suis estomaquée. Quoi que je me dis que ce qu'il vient de nous dire est tout ce que les autres espèces pensent réellement.

- Tu n'es pas sérieux ?, demande Gaia et il répond :

- On ne peut plus. C'est une réalité

- Tu penses vraiment que c'est une réalité de vous positionner au dessus de nous tout simplement parce que vous êtes nés et avez grandit ici ?

- Nous le méritons, rétorque Reza. Et je ne peux que froncer les sourcils avant de dire

- Vous le méritez et pas nous ?

- Nous mais attends Gillian , ce n'est même pas ça, dit Gaia en agitant ses mains dans ma direction puis dans celle de Reza, en quoi vous la méritez votre terre mère ? Parce que vous étiez là avant et avez pu créer votre communauté ainsi que vos règles ? C'est pour cela ?

- Oui et aussi parce que nous l'avons entretenu et soigné. Nous avons honorés nos créateurs

- C'est de la foutaise. Aussi logique que si les dinosaures à leur époque avaient pu parler et auraient dit qu'ils honoraient Dieu en vivant comme ils le faisaient avant leur extinction. Ce sont vos dits créateurs qui vont conduiront à votre perte pour laisser place à une race, plus supérieure et qui elle l'est vraiment, déclare Gaia et je suis scotchée par ses propos.

Je regarde Reza et remarque qu'il a un air dur au visage, et il est tout rouge.

- Tu blasphèmes là, fait-il alors.

- Et en quoi ? , s'étonne mon amie avant de poursuivre d'un ton grinçant, je ne fais que dire la vérité. Vous n'êtes pas seuls dans la galaxie : la preuve c'est que nous sommes là. Vous nous traitez mal sous prétexte qu'il faudrait que nous méritions notre place dans votre monde d'abord. Ce qui est totalement faux. Nous faisons parties de ce monde rien que par notre nature de joueuses, le vrai fait est que vous croyez nous faire une faveur. Hors ce n'est pas une faveur, nous faisons parties de ce monde au même titre que vous, parce que nous en avons les caractéristiques. Par contre de votre communauté, non. Voilà le vrai problème. C'est un programme d'échanges ici, et c'est ahurissant que tu puisses tenir des propos aussi cons compte tenu de l'esprit de cet institut. Tu crois que ta communauté est supérieure à celle que j'ai quittée avant de venir ici ? Détrompes toi. Votre politique est complètement rétrograde mon pauvre. Vous élisez votre dirigeant à coup de hasard. Vous êtes divisez et vos vous distinguez entre vous en fonction de votre race. Dans l'échelle des « domiens » les joueuses sont juste avant les sous-espèces et si je ne m'abuse, l'idéologie des partis politiques du conseil des sages actuel est notre renvoi ?

Je regarde Gaia abasourdie. C'est la première que je l'entends parler aussi longtemps. Malheureusement, elle est tellement éprise dans sa plaidoirie, que son ton monte au fur et à mesure, et ça conduit évidement les autres à nous porter de l'attention. A présent , un peu tous ceux autour de nous et même quelques gens au stand nous regarde. C'est devenu assez calme et silencieux. Cependant Gaia et Reza n'ont pas vraiment l'air de s'en soucier.

Ou du moins surtout Gaia .

- Tu mélanges tout, répond simplement le Racine et mon amie fronce les sourcils.

- Mais je n'ai rien mélangé mon pote. Je suis même allée trop loin puisqu'apparemment, t'es même pas capable d'assimiler ce que je dis, crache Gaia en avançant d'un pas face au garçon.

Oh oh. Je sens la tension monter d'un cran et je me demande si je ne dois pas intervenir maintenant.

- Tu devrais faire attention, dit alors Reza d'un ton menaçant qui ne me rassure pas du tout.

- Sinon quoi ? Vous n'allez plus nous inviter à vos petites parties de grillades ? , rétorque sarcastiquement la brune

La mâchoire de Reza se crispe et c'est mon déclic pour que je m'interpose en tirant sans ménagement Gaia vers l'arrière. Cette dernière n'oppose pas de résistance et suis le mouvement.

- On va rentrer , déclarés-je simplement en fixant Reza dont les traits ne sont plus crispés. Il hoche juste la tête alors que tenant toujours Gaia , qui elle lui lance un long regard hargneux, je fais demi tour.

Les gens nous regarde toujours alors que nous nous dirigeons vers la sortie. Je n'aperçois pas Lau , cependant ce que je ne rate c'est bien Joyce et Gabin. L'un à côté de l'autre nous regardant aussi.

Je n'arrive malheureusement pas à ignorer le louper que fait mon cœur et au sentiment d'affliction qui m'abat.


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