Chapitre 55
"Tout tend au mensonge dans le monde et tout dans la nature ramène à la vérité", auteur inconnu
En rejoignant Ella , je n'ai pas revu les deux garçons racines d'hier. A vrai dire je n'ai rencontré personne jusqu'à ce que je rejoigne la garou. Lorsque je suis arrivée, elle s'était déjà mise au travail, et elle m'a royalement ignoré. Je me suis alors bien gardée de lui adresser la parole ou quoi que ce soit, même si au fond ...
Ça me dérange. A vrai, dire ça me démange. Cette espèce de résolution que j'ai prise me parait absurde tout d'un coup, parce qu'elle impossible ou du moins très compliquée à appliquer. Car, même si j'essaie, je n'y arrive pas.
Je n'arrive pas à me mettre à l'écart de toutes ces interférences qui subsistent dans mon quotidien. Comme par exemple : Joyce et Gabin. Je ne peux juste pas ignorer cette information, puisque Gabin me plait, et quoi que j'y fasse ça me touche.
Cependant, est ce que cette histoire d'imposteur dans laquelle AR m'a embarqué en vaut elle vraiment la peine ? Je ne sais pas, mais je reste tout de même curieuse.
Ma solution serait alors de fixer mes priorités, c'est-à-dire :
- Enquêter sur les voix, parce qu'il faut le dire, elles sont un réel problème pour moi.
- Chercher à connaitre mon jeu, car c'est quand même l'objet de ma venue ici.
- Innocenter Ella, même si le terme employé ici n'est pas vraiment approprié. Cette fille est tout sauf innocente, puisque hier seulement elle me menaçait à mort si je ne le faisais pas. Et je crois aussi qu'elle compte me blesser physiquement très prochainement, si je ne mets pas fin à ma « dîtes » relation avec Adam. Seulement, je ne vois pas comment est ce que je pourrais mettre fin à quelque chose qui n'existe pas.
Heureusement, en y réfléchissant bien et avec le temps surement, je me suis rendue compte que j'avais des solutions quant à ces priorités là, ou du moins pour certaines.
Pour les voix, la seule aide concrète que je peux avoir peut être celle de Mau , mais aussi pour mon jeu car je me suis rendue compte que tout était lié. Mau m'a dit que mon jeu pouvait avoir un rapport avec l'esprit et comme lorsque je suis arrivée ici, je me suis remise à dormir et à rêver, il se pourrait qu'il y ait quelque chose avec les rêves que je fais. Il se pourrait que ça ne soit pas juste des rêves que je fais, et j'avoue alors avoir peur car j'ai déjà fais un cauchemar dans lequel je me faisais enterrer vivante avec en prime la bête qui a tenté de nous dévorez cette nuit là.
*****
Mon après-midi punition avec Ella s'est déroulée dans une ambiance électrique. Lorsque ça s'est terminé c'est à peine si je n'ai pas couru jusqu'au QG. Du coup il est facile de deviner que je n'ai pas osé poser la moindre question à Ella concernant Gabin et Joyce, même si ce n'est pas l'envie qui m'en manquait.
Quand je passe par la salle commune pour me rendre au QG, je remarque que chez les Garous c'est plein et je sens plusieurs d'entre eux me scruter. Je n'ose pas tourner la tête vers eux, mais du coin de l'œil je repère immédiatement Gabin et mon estomac se tord. J'accélère le pas, et dépassant des Racines qui sont assis dans l'espace commun , je me fais interpeller. Surprise, je m'arrête à leur niveau et le garçon qui m'a aidé hier à me relever,( Reza), s'approche.
- Salut
- Bonjour
- Ton poignet il va mieux ? , demande-t-il en indiquant mon membre d'un mouvement de la tête. Je suis vraiment perplexe par ce subit élan de civilité, mais je me surprend à être d'autant plus anxieuse à lui parler tout en sachant que Gabin est dans la même pièce et peut entendre tout ce que je dis de là où il est.
- Oui merci
Il me sourit, dévoilant ainsi une dentition parfaite et j'hallucine en voyant des fossettes se dessiner de part et d'autres de ses joues.
Je ne sais pas pourquoi, mais je n'ai aucun souvenir depuis mon arrivée ici d'avoir rencontré quelqu'un de moche. Surtout chez les garçons, ils ont pour ainsi dire tous « une belle gueule ».
- Nous organisons une foire après demain dans la clairière où vous aviez campés dans la forêt. Vous êtes invitées.
Je suis si abasourdie, que ma seule réaction est un :
- Hein ?
- Une foire , tu sais, il y aura des stands tenus par nous avec des articles, et des activités, m'explique-t-il. Mais en fait ce qu'il n'a pas comprit c'est que je ne cherchais pas à avoir plus de détails .
Non.
Je voulais en quelque sorte, une affirmation que ce que je viens d'entendre est réel.
Les Racines nous conviant à un de leurs évènements ?
C'est la total, parce que depuis notre désastreuse prestation au premier dîner qu'ils ont donné en début d'année avaient comme détruit toutes nos chances d'être acceptées par eux.
Ce qui a d'ailleurs été le cas, ou du moins l'avait été jusqu'à aujourd'hui.
- Ok...
- Super ! Affaire conclut, dit il faisant mine de s'en aller, mais je ne peux m'empêcher de lui lancer :
- Mais je pensais que vous nous détestiez ?
Il se tourne vers moi en fronçant les sourcils, puis esquisse un sourire en coin .
- Non, on ne vous déteste pas. C'est juste qu'on ne vous respecte pas.
- Oh
En effet , « oh ». C'est clair qu'après, je ne pourrai pas dire qu'ils ne sont pas honnête. Ou du moins Reza en tout cas.
- Mais c'est une seconde chance pour prouver que vous méritez d'être respectées. Donc saisissez là. Si vous réussissez, les choses s'amélioreront et ...
Il laisse sa phrase en suspens, et me sourit en seconde fois avant de cette fois ci retourné vers ses amis.
Plongée dans mes pensées, je continue aussi mon chemin me demandant si par « les choses s'amélioreront », il voulait dire une meilleure intégration.
***
- Non ! Tu déconnes ? , s'extase Joyce lorsque je raconte ma discussion avec Reza.
Nous sommes toutes les trois assises au salon, Joyce , Lau et moi, dégustant les restes de la bûche d'hier. Mes deux amies semblent être passées au dessus de leur différent concernant la cafétéria, et je sens une relâchement dans l'atmosphère qui jusque là avait été très lourde. Cependant lorsque je regarde chacune d'elles, je ne peux m'empêcher de penser aux choses que j'ai récemment appris sur elles. Bethany pour Lau et Gabin pour Joyce. Je me dis alors que je trouve un moyen d'ici là pour leur en parler très sérieusement.
Seulement je me dis, qu'avec Lau ce sera plus compliqué, car jusque là elle n'avait répondu à aucune question, et elle m'a révélé le prénom de son plein gré. Donc ce n'est sûrement pas en la questionnant que j'obtiendrais quoi que ce soit.
Concernant Joyce, déjà faudrait-il que j'en trouve le courage.
- Mais c'est quand même bizarre non ? , fait alors remarquer Lau me tirant de mes pensées, jusque là ils faisaient leurs trucs sans rien nous dire, et ne prenaient même pas la peine de venir à ce qu'on organisait.
- Et alors ? Ils le font maintenant, c'est ça qui compte, dit alors Joyce
- Mais ça m'a l'air un peu hypocrite, surtout lorsqu'il dit qu'on sera mieux accepté. Qu'est ce qu'ils veulent qu'on fasse à leur espèce de foire pour prouver qu'on mérite d'être là ?
Je regarde Lau, et je ne peux m'empêcher d'adhérer à ce qu'elle dit. C'est la vérité.
Il y a cette impression que nous avons, qu'il faut que nous prouvions quelque chose.
Etait-ce parce que nous étions une minorité ? Ou alors parce que nous n'étions pas nées ici ?
Ou alors, cette espèce de question de « mériter le respect », n'est que leurre derrière lequel se cache une xénophobie doublée d'un sexisme et d'un complexe de supériorité, qui existent depuis la nuit des temps à Dom .
Rien que le fait de me remémorer l'article que j'ai lu sur Anthel , me le prouve. Et enclavées comme nous le sommes ici, comment savoir si la politique qui régnait datant de l'époque de cet homme n'est pas d'actualité ?
Les joueuses sont elles synonymes de sous-espèces ? Ou bien alors particulièrement nous, parce que nous venons de Terre ?
- Comportons nous juste correctement, propose Joyce.
- C'est ce qu'on a toujours fait, mais ça n'a pas l'air d'être assez bien pour eux
- Mais est ce qu'on en vraiment besoin ? De leur respect je veux dire
Les filles me regardent, puis Lau fronce les sourcils. Mais Joyce est la première à parler :
- Je suppose que oui, puisqu'apparemment ça rime avec de l'acceptation.
- Et on a vraiment besoin de cette acceptation ?
Je ne sais pas pourquoi je me pose soudainement la question alors que jusque là, ça m'avait paru logique de l'être puisque nous étions chez eux. Seulement, n'est ce pas chez nous, si je pars du fait que nous sommes considérées dits comme ça en Domienne non-natives ? Nous ne sommes pas des originels, mais nous avons les mêmes capacités que des joueuses ayant vécues ici ont.
J'avoue utiliser ce que Rochelle a pu nous raconter pour nous faire venir ici, comme quoi Dom serait chez nous. Seulement, la situation est telle que, ça m'arrange.
Mais d'une autre part je suis mitigée, parce que je me demande si ici, je suis vraiment chez moi. Je me sens perdue, et je n'ai pas le sentiment d'appartenir plus à un monde qu'à l'autre.
Sur Terre, je n'étais qu'une simple ado, censée vivre comme telle. Et ici, je suis supposée être une joueuse, mais comment puis-je y croire si je n'arrive même pas à développer mes capacités ?
- Sûrement de que nous en avons besoin Gillian. Tu oublies que nous ne sommes que minoritaire ici ? , conteste Joyce
- Mais pourquoi ne pas se servir de ce statut pour s'élever ?, fait Lau.
- Comment ça ? , demandé-je alors dubitative quand à cette idée.
- C'est vrai que nous sommes peu nombreuse et que des filles en plus , mais pourquoi ce ne serait pas un avantage hein ? Je veux dire, il serait tellement plus facile si nous nous entendions toutes, que nous nous comprenions et que nous nous soutenions. Qu'on arrête nos petites disputes insignifiantes à la Gossip Girl et qu'on renvoie une image de nous comme celle d'un exemple à suivre ?
- Comme le petit groupe fermé, mais trop bien et hyper sélect que personne ne peut approcher ?, sous-entend Joyce et Lau acquiesce :
- Exactement.
Je fronce les sourcils , puis interviens :
- Je ne crois pas que ça soit vraiment une solution. Ce que je veux dire, c'est que nous devrions trouver une place sans pour autant se tuer dans l'effort de plaire.
- Justement ce que je dis est encore mieux. Nous n'allons pas trouver de place pour qu'après ils puissent la reprendre et prétendre qu'elle leur appartient. Nous allons créer la nôtre. La travailler et la faire briller , pour qu'ils comprennent qu'avant de vouloir leur soit disant « respect », nous cherchons le nôtre avant.
J'acquiesce, et d'un coup je me rends compte à quel point Lau est posée et réfléchie. Mais aussi ambitieuse. Elle parle d'élever notre espèce, spécialement notre catégorie de « non-originels », à un échelon que les autres ne peuvent pas éteindre.
Seulement je me demande :
- Et comment on va faire ça ?
- On va commencer par resserrer nos liens et leur montrer quelque chose à quoi ils ne s'attendent pas.
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