Chapitre 53
« Les secrets que l'ont partagent permettent de resserrer les liens » , de Gillian Ross
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Un sourire que je qualifierais de mauvais se dessine sur les lèvres de Gaia suite aux propos de Lau. Cette dernière est toujours debout, les bras croisés sur sa poitrine.
Il est clair qu'elle est furieuse, et même si , comme elle l'a si bien dit, nous n'avons jamais vraiment discutés de ce qui c'était passé , j'ai une tonne de questions à lui poser, comme : qu'est ce qu'elle faisait là bas alors que nous la cherchions partout ? Par contre je ne pense pas que ce soit le bon moment pour parler de ça.
- Lau tu ne veux pas juste laisser tomber et finir de manger pour que nous passions au dessert et passer un bon réveillon ?, essaie de la dissuader Joyce, mais tout ce qu'elle récolte, c'est un regard noir de celle-ci.
- Puisque madame veut parler parlons. Moi j'ai beaucoup de choses à te dire en tout cas, ou du moins à te demander, dit Gaia et Lau répond immédiatement.
- Moi aussi.
- Je commence, annonce ma voisine d'un ton enjoué qui n'a rien à faire ici compte tenu de la situation.
- Pourquoi est ce que tu me suis ?
- Parce que tu es louche !
- Moi je suis louche ? , ricane Gaia
- Oui toi ! Tu peux m'expliquer ce que tu vas chercher quasiment chaque après midi du côté interdit de la forêt ?
Gaia rigole et se redresse sur sa chaise.
- Mais j'explore ce monde voyons . Ca ne se voit pas ?
Surprise par cette réponse, je me tourne vers Gaia avant de me concentrer à nouveau sur Lau. A vrai dire, je pensais qu'elle aurait tout nier en bloc.
- Tu veux explorer quoi ? tu n'en a pas assez déjà vue la dernière fois peut être ? , explose alors Lau.
- Je ne fais rien de mal il me semble. A ma connaissance, d'autres y vont.
- Accompagnés, rajoute d'un ton sec Joyce et je me demande si elles font référence à Adam et à ses classes.
A ce que je sache, l'accès de cette partie de la forêt est formellement interdit à quiconque. Accompagné ou non.
- Et sinon qui t'a parlé de l'entretien de Gillian avec Elona ? , demande Lau
- Quelqu'un
- Ce n'est pas une réponse, intervient Joyce et Gaia rétorque immédiatement
- Oh que si.
Je décide moi aussi d'y prendre part.
- Et qui est ce quelqu'un ?
- Personne que tu connais
Je ne sais pas pourquoi, mais ses réponses m'ont l'air toutes faites et ça a le don de me taper sur les nerfs soudainement. Cependant, je ne rajoute rien.
Je me sens tout d'un coup épuisée d'être là, au milieu de cette discussion bateau qui ne va nous mener à rien d'autres qu'une dispute.
D'ailleurs je me demande pourquoi Lau nous a embarqué dans ça. De quoi veut –elle discuté ? De cette nuit que nous avons passés ensemble du côté interdit ?
J'y ai tellement moi-même songé que j'ai l'impression en ce moment de m'apprêter à réécouter un vieux disque.
Et je n'en ai aucune envie.
Pourquoi les choses sont elles aussi compliquées ? Avant tout allait bien. Au début de l'année nous nous entendions très bien toutes les quatre, et à présent nous ne sommes même plus capables de rester ensemble dans une même pièce plus d'une heure.
- Moi j'en ai une autre pour toi Lau. Raconte réellement ce qui s'est passé ce soir là pour que tu te retrouves du côté interdit
L'ambiance que je trouvais déjà plus lourde que jamais, le devient encore plus, suite à cette question.
- Nous y voilà n'est ce pas ?, fait alors l'intéressée d'un air entendu.
- Ce n'est pas ce que tu voulais ? , lâché-je et Lau me foudroie du regard.
- Non, ce que je voulais c'est que vous me disiez ce que vous avez sur le cœur une bonne fois pour toute au lieu de me le balancer par à coup à chaque occasion.
- Tu n'as pas répondu à ma question, intervient Gaia , mais Lau l'ignore et garde les yeux rivés sur moi.
- On ne te reproche rien Lau. On a toute notre part de responsabilités là dedans
- Pas du tout ! Moi j'ai été forcée !, s'insurge Gaia en se levant à son tour
- Tu avais le choix ! , réplique d'un ton virulent Lau.
- J'avais le choix ? , Moi j'avais la choix ?,se répète alors Gaia d'une voix aigue avant de poursuivre comme si elle s'étranglait, tu te fous de moi ? Votre ultimatum c'était de la merde ok ? Parce que dans les deux cas j'étais complice sans possibilité de dire quoi que ce soit !
- Bon Gaia qu'est ce que tu voulais qu'on fasse ? On aurait finit punies de toutes les façons, s'interpose Joyce.
- Mais tu es trop conne ma parole ! Est-ce que tu as une idée de ce qui va nous tomber dessus si il arrive que qui ce soit est au courant de ça ?
- Personne ne le saura ! Nous n'avons rien dit. Moi pour ma part en tout cas
- On tourne en rond là. On a déjà parler de tout ça, à quoi ça sert ? , fais- je alors excédée et les filles me regardent surprise.
- Tiens tu parles maintenant toi ? T'aurais peut être dû te l'ouvrir quand nous y étions ce soir là, me provoque alors Gaia et je lève les yeux au ciel
- Pourquoi tu es comme ça avec nous ?, lui reproche alors Joyce
- Qu'est ce qui a changé pour qu'on se divise comme ça ? , fais-je à mon tour ;
- Est-ce que tu es sérieuse ? A part avoir enterré un corps c'est clair, que rien a changé, me rétorque alors sarcastiquement Gaia
Et je ne sais pas pourquoi ça fait un tilt dans ma tête.
Je suppose que ce qui va suivre va paraître horrible : mais est ce que c'est vraiment juste pour ça ?
Est-ce qu'il n'y a pas quelque chose d'autre ?
Les secrets que l'ont partagent permettent de resserrer les liens, mais nous ça nous divisent.
C'est exactement ce que m'a dit AR le soir du dîner pour leur départ, et maintenant que j'y pense, je trouve que ça a beaucoup de sens et à quel point c'est vrai.
Gai aurait donc une autre raison de nous en vouloir.
- Tu ne nous parles pas, dit alors Lau après le petit silence qui a suivit la phrase de Gaia.
- Tu as l'air d'avoir tellement de rancunes, rajoute Joyce avec une expression de tristesse et je remarque également que Lau n'a plus l'air furieuse.
Je regarde Gaia attendant une réaction de sa part , mais il n'en ait rien. Son visage est fermé.
- Tout ce que j'ai à vous dire c'est de ne plus vous mêler de mes affaires
Et elle sort de la pièce. Eberluée je regarde les deux autres, et il n'en faut pas plus pour que Lau sorte à son tour. J'entends des portes se claquer à la suite, des éclats de voix puis plus rien.
J'ai un nœud à l'estomac mais je n'ose pas aller voir. La dernière fois que je m'y suis risquée, j'ai faillis me prendre un coup.
- Bon bas on peut dire que c'était un échange intéressant
Surprise, je regarde Joyce. Elle a un petit sourire et a le regard rivé sur la table. Je me rends compte que nous avons à peine mangé ce qu'elle a préparé. Elle se met à débarrasser, et c'est automatiquement que je me lève pour l'aider.
**
Hier soir après avoir aidé Joyce à ranger la table, nous sommes restées un petit moment à manger la bûche dans le plus grand des silences, et j'en avais même oublié ma douleur au poignet ainsi que ma jalousie envers celle-ci .
Après ça je suis rentrée me coucher et à mon plus grand étonnement, je me suis tout de suite endormie.
C'est donc d'un sommeil profond que j'émerge ce matin.
Une fois ma toilette terminée ainsi que l'application de ma pommade sur mon poignet, lorsque je sors de ma chambre, je sens tout de suite la tension dans l'air.
En effet, lorsque je me rends à la salle à manger je trouve Joyce et Gaia attablées.
- Bonjour
- Salut, me répond Joyce. Gaia ne lève même pas la tête.
Sans rien ajouter de plus, je prends à mon tour place afin de prendre mon petit déjeuner.
Tout en nappant mes crêpes de confiture , je regarde avec surprise Gaia se lever de table et sortir de la pièce. Et je suis d'autant plus perplexe lorsque j'entends la porte d'entrée du QG se fermer.
- Est-ce qu'elle vient de sortir ?
- Je crois bien, me répond Joyce et je fronce les sourcils.
- On est censé se déplacer en binôme dans l'institut maintenant non ?
- Oui et apparemment elle s'en fiche, me rétorque à nouveau mon interlocutrice et je soupire.
- Qu'est ce qu'il y a ? Tu avais prévu de sortir ?
- Pas vraiment.
- Cool, on pourrait traîner pour le déjeuner avec Wanda et les autres si tu veux
Je regarde Joyce surprise par sa proposition. Cependant je ne suis pas sûre de vraiment vouloir traîner avec Wanda et sa bande. Le fait qu'ils puissent jouer sur les humeurs des autres ne me rassure pas vraiment.
Et puis je ne sais pas pourquoi, mais je trouve à présent gênant tout d'un coup de traîner avec elle tout en sachant qu'elle sort avec le garçon pour qui j'ai un faible et apparemment elle le sait puisque pendant un temps elle me prenait la tête pour ça, cependant elle ne me l'a jamais dit mots pour mots
- Oui pourquoi pas , réponde-je finalement et Joyce me fait un grand sourire.
- Super !
J'acquiesce et nus finissons en silence notre petit déjeuner.
Le reste de la matinée se passe sans encombre. Joyce et moi faisons le me ménage. Cette dernière m'informe que Lau n'est pas sortie de lit depuis hier soir. Je ne l'imaginais si bouleversée par la conversation d'hier.
Même quand l'heure du déjeuner arrive, il n'y aucune traces des autres filles. Joyce prépare des lasagnes, et encore une fois nous mangeons en tête à tête.
Je décide alors de faire un plateau repas pour Lau qui n'est toujours pas sortie de sa chambre, cette fois ci bien décidée à ce qu'elle accepte sincèrement mes excuses.
Joyce me prévient qu'elle va à la cafétéria et je luis promets de la rejoindre, lorsque j'en aurais finie avec Lau.
Lorsque je suis assurée que Joyce est partie, je m'empare du dit plateau et je vais toquer à la porte de mon amie. Et même si je n'obtiens aucune réponse, je me permets de pénétrer dans sa chambre.
Celle-ci est plongée dans la pénombre à cause de volets fermés ainsi que des rideaux tirés. Lau est allongée à plat ventre sur son lit et elle ne relève même pas la tête à mon entrée. Prudemment, je me dirige vers elle et prends place à ses cotées. Lau ne bouge toujours pas même quand je m'asseye. Je pose le plateau repas prés d'elle.
Le silence qui règne est lourd, mais avant tout, très gênant pour moi parce que je me rends compte, qu'elle est clairement entrain de m'ignorer. Néanmoins, je ne m'en décourage pas pour autant, même si je suis mal à l'aise. Au contraire je me lance :
- Je t'ai apporté ton déjeuner. Joyce a fait des lasagnes et tu as une part de la bûche d'hier comme dessert. Je t'ai aussi pris un verre du jus à la passion que tu adores là.
Toujours aucune réponse. Je déglutis difficilement pour encaisser ce premier vent.
- Et il fait très beau aujourd'hui. On pourrait aller courir dans l'aprèm avant que je n'aille à ma punition
Deuxième vent. Quoi que je me sens d'autant plus mal. J'avais oublié Ella et après ce qu'elle m'a fais hier, je ne saute pas vraiment de joie de la revoir aujourd'hui.
- J'adore l'odeur de ta chambre, elle a ton parfum.
Troisième vent, et je me rends compte que ce que je dis est stupide. Seulement, je ne suis pas du tout à l'aise et je ne sais surtout pas comment commencer ou alors présenter mes excuses. Et le fait qu'elle m'ignore en feignant le sommeil, ne m'aide pas vraiment.
- Je sais que tu ne dores pas, soupiré-je dans l'espoir d'une réponse et à ma plus grande surprise elle ne se fait pas attendre
- Je n'ai jamais prétendu le faire.
Heureuse qu'elle me réponde enfin, je me tourne vers elle. Elle est toujours allongée sur le ventre, mais il y a comme un changement dans sa position. Elle a l'air présent maintenant.
- Tu adores la cuisine de Joyce
- Ouai, acquiesce-t-elle en se tournant sur le flanc. Elle se met face au mur, et j'ai son profil sous les yeux. A cause du faible éclairage je peine à identifier son expression.
Un silence s'en suit, le temps que je rassemble mes mots pour lui parler.
Ce froid entre nous me gêne vraiment, et je n'aime pas ça. Je n'ai pas l'habitude d'être comme ça avec Lau, et je ne veux pas que ça commence maintenant.
- Ecoutes Lau, je sais que tu m'en veux.
Silence.
Je déglutis avec difficulté.
Je me suis vraiment mal, rien de vraiment intelligent ne me vient à l'esprit pour lui parler comme il se doit, et ça m'énerve.
- Je n'aime pas cette distance entre nous tu sais ?
Nouveau silence, avec formation d'un nœud à mon estomac et dans ma gorge.
- Lau je ne sais pas comment te le dire pour que tu me croies, mais je suis vraiment désolé. Si hier, je ne t'ai pas paru sincère c'est parce que j'ai paniqué en voyant que tu m'ignorais et que tu étais vraiment en colère. Je voulais que tout s'arrange sur place, et à l'heure qu'il est maintenant, je sais que la situation n'a fait qu'empirer.
Encore un silence, néanmoins je poursuis.
- Tu avais raison sur toute la ligne : l'eau de vie, mes nerfs que je passais sur vous...
Sur toi. C'était vraiment injuste et bas de ma part de te mettre sur le dos toute la responsabilité. On a jamais vraiment reparlé de cette nuit là dans les bois et je sais que hier soir tu voulais vraiment qu'on le fasse.
- Ce que je voulais savoir, c'était pourquoi, vous m'en voulez tant, déclare Lau me surprenant.
- Parce que c'est plus facile, dis-je et Lau se redresse d'un coup manquant de faire tomber le plateau par terre. Elle plante son regard dans le mien ;
- Plus facile ? , répète-t-elle sur un ton peiné comme si elle ne comprenait pas avant de continuer, en quoi ça été plus facile ? Est-ce que une seconde tu t'es demander ce que moi je pouvais ressentir.
- Lau je sais que tu es blessée et ...
- Non !, m'interrompt-elle, non ! Je suis plus que blessée ! Tu te rends compte que pendant un moment, j'ai eu l'impression que vous me tourniez toutes le dos ? Même si Gaia ne le cache pas, je le vois dans vos yeux. Ce mépris...
Je secoue la tête. Du mépris ?
Moi ? Pour elle ?
Jamais ça ne m'a traversé l'esprit.
- Lau, je e te méprise pas. Joyce encore moins.
Elle ne répond pas et je continue.
- Je sais que tu es blessée et que tu te sens trahie par mon comportement, mais je te jure qu'on ne te méprise pas. Même si au départ c'était facile d'être en colère contre toi et de se dire que s'était de ta faute, c'est vite passé par ce qu'on s'et rendu compte que nous le voulions également.
- Enterrer un corps ? , dit elle alors sarcastique.
- Non. Mais t'aider oui.
Lau ne répond pas et j'entends en reniflement. Est-ce qu'elle pleure ?
- Lau ..., essayé-je mais elle me coupe d'une voix chevrotante.
- Je sais que je vous dois des réponses tu sais, mais c'est dur. Pas juste parce je ne veux pas en parler, c'est parce que je ne peux pas en parler. Et je pense que c'est ça le pire, le fait de ne pas pouvoir en parler.
Que veut-elle dire par « le fait de ne pas pouvoir en parler » ?
Est-ce la même chose qu'avec moi et la voix qui m'empêche de dire la vérité sur elle ?
Se pourrait il que Lau ait elle aussi une voix insipide qui lui empêche de nous révéler ce qui l'a amené ce jour là du côté interdit de la forêt et ce qui a pu arriver à cette fille ?
Mes pensées sont interrompues lorsque cette dernière se redresse, et s'empare du plateau repas. Je me lève alors , et je vais tirer sur les rideaux, puis j'ouvre les volets de la fenêtre.
La lumière s'infiltre dans la pièce , dévoilant Lau appuyée sur le dossier de sa chaise son plateau sur les genoux. Elle est toujours en pyjama et ses cheveux sont tressés en une natte sur le côté.
Elle se met à manger, et moi je viens reprendre ma place.
Un petit moment s'écoule sans que nous ne disions rien, avant que Lau ne brise la glace.
- J'adore les lasagnes de Joyce
Agréablement surprise, face à ce ton doux et calme , je me tourne vers elle en souriant.
Elle me rend mon sourire et continue sa dégustation tandis que mon cœur à moi s'allège.
Je regarde, les cadres à ses murs attendant patiemment qu'elle termine.
Lau finit son plateau, et je m'en empare
- Laisse je vais débarrasser, dis-je, toi tu ferais mieux d'aller prendre une douche.
- Dis en même temps que je pus hein, plaisante-t-elle en se levant en même temps que moi. Je souris de toutes mes dents, alors qu'elle va à sa salle de bain.
Avant de sortir de la pièce j'ai la présence d'esprit de lui dire :
- Joyeux Noel Lau
Elle ne répond pas , et j'imagine qu'elle est touchée , j'enchaine alors rapidement :
- Fais vite, comme ça on va rejoindre Joyce tout à l'heure à la cafétéria. Elle m'attend
- Ok, me dit elle de l'autre côté et alors que je sors de la chambre Lau m'interpelle. Je m'arrête alors dans le couloir, l'attendant. Elle m'y rejoint, une serviette nouée autour du corps . Elle a les lèvres tremblantes ainsi qu'une expression troublée au visage. Puis d'une voix éraillée elle parle :
- La fille qu'on a enterré s'appelait Bethany
Et avant que je ne puisse ajouter quoi que ce soit, elle retourne dans sa chambre
IL2]
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