Chapitre 51
« Les liens du sang sont plus forts que tout », Auteur inconnu
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Après le départ de Gabin, j'ai essayé tant bien que mal de me concentrer de nouveau sur le bouquin que je lisais , mais sans grand succès.
Je n'ai malheureusement pas pu m'empêcher de repenser à notre conversation et j'ai finis par laisser mon esprit divaguer tout le reste de la matinée. Cependant Gaia m'a vite ramené à la réalité en venant m'annoncer qu'il était temps de partir.
Nous sommes donc retournées au QG toujours dans le plus grand des silences. Gaia avait toujours l'air plongé dans ses pensées et quant à moi, je jonglais entre divers sujets dans mon esprit.
Progressivement, j'ai cessé de penser à Gabin pour finir par me focaliser sur mon problème du jour : Ella. Dit comme ça , ça a l'air étrange, mais c'est le cas. Parce qu'au travers de son chantage, Elona m'a très bien fait comprendre que ma punition était toujours d'actualité. Malgré le fait que je sois blessée et que je ne puisse rien faire, mon mentor me jette dans la gueule du loup qu'elle cherche à renvoyer de l'institut.
Tout est parfaitement normal.
***
- Demain c'est Noel ! , s'écrit Joyce dans le couloir. J'entends la porte de celle-ci s'abattre et je plisse des yeux.
Nous venons tout juste de finir de déjeuner. Je suis donc allongée sur mon lit dans le but de digérer mon repas mais également à cause de l'appréhension qui me serre l'estomac.
Avec tout ce que j'accumule comme stress, je suis étonnée de ne pas encore avoir développé de l'hypertension.
A chaque jour son soucis.
Je crois bien en faire ma devise.
Je suis anxieuse et nerveuse à la fois. Je ne vais pas mentir : j'ai peur de me retrouver avec Ella dans les bois surtout si comme l'a dit Elona, des rumeurs circulent déjà comme quoi c'est elle qui m'aurait blessé, il est clair qu'elle est au courant.
Et à mon avis elle ne doit pas être très contente.
Je ne peux pas dire qu'elle n'osera pas me faire du mal, si elle le veut, parce qu'elle m'a déjà prouvé que si elle en a envie elle le fera. Toujours dans mes réflexions, je sens une légère douleur à mon crâne. Je décide d'écourter cette dernière et d'entamer une petite sieste à la place.
****
Lorsque je sors de ma somnolence et que jette un coup d'œil à ma montre je remarque qu'il est 15H 30. A contre cœur, je sors du lit pour me rafraîchir le visage.
Hier, Elona n'a pas spécifié d'heure quant au moment où je suis censée aller rejoindre Ella. Quoi qu'il en soit, je pense qu'il est temps. Je ne veux surtout pas me retrouver la nuit tombée là-bas avec elle et ces racines.
Une fois ma toilette terminée, je prends soin de remettre mon gilet de joueuse, puis je sors de la chambre. Lorsque j'arrive au salon, Joyce et Lau sortent au même moment de la cuisine.
- Tu vas où comme ça ? , me demande Joyce.
- A ma punition.
- Ah oui c'est vrai ! , s'exclame alors Lau avant de continuer, tu ne m'avais même pas dit ce que c'était.
Je fais la moue. En même temps ce n'est pas comme si j'en avais eu le temps. J'avais d'abord été fâchée contre elle parce qu'elle avait dit à Joyce que j'avais rendez-vous dans le bureau d'Elona. D'ailleurs en pensant à ça, il faut que je me rappelle de demander à cette dernière pourquoi elle était allée le raconter à Gaia si elles ne s'entendaient tellement pas, comme elle le prétend.
- Je dois passer tous mes après-midi avec Ella jusqu'à ce qu'Elona en décide autrement.
- Tu déconnes ?, s'étrangle Joyce avant d'échanger un regard avec Lau.
- Qu'est-ce qu'il y a ?, leur demandé-je.
- Mais attends dans ce cas tu ne lui a pas dit ?, me fait Lau et je fronce les sourcils.
- Lui dire quoi ? Ella ne m'a rien fait, Lau
- Tu sais Gillian, parfois la peur de voir les choses se retourner contre nous peut nous amener à ne pas faire ce qui est bien, me dit alors Joyce et cette fois ci je croise les bras sur ma poitrine et m'avance vers elles d'un pas.
- Je ne sais pas en quelle langue il faut que je vous le dise mais : Ella ne m'a absolument rien fais. Je ne vais tout de même pas mentir non plus. Vous savez que si je reconnais que c'est elle qui m'a fait ça, elle pourrait être renvoyée de l'institut ?
- Justement !, s'exclame Joyce.
- Vous voulez que je fasse une fausse déclaration ?, dis-je totalement abasourdie.
- Ça n'a pas l'air si mauvais que ça , si en fin de compte ça arrange tout le monde, rétorque alors Lau d'un ton calme qui me mets hors de moi.
Hier quand Elona a essayé de m'embobiner, je crois que j'étais trop sous le choc de ce qu'elle essayait de faire pour réellement m'en rendre compte.
Mais là maintenant qu'elles soient là toutes les deux essayant à leur tour, ça me percute. Et tout ce stress que je ressentais tout à l'heure revient en force pour se transformer en une colère noire mêlée à une exaspération profonde.
J'ai l'impression de me retrouver de nouveau cette nuit-là, pelle et lampe torche aux mains écoutant encore une fois Gaia et Joyce me dire quoi faire sans pouvoir rien faire. Sans pouvoir les contredire.
Et c'est exactement la même situation qui se répète ici. Elles veulent que j'accuse Ella afin de se débarrasser d'elle et moi je suis là incapable de leur dire que quelque chose de grave m'est arrivé pour que j'en sois là sans pouvoir leur dire la vérité.
- Arrange tout le monde ?, répété-je la gorge asséchée par tout ce déferlement de sentiments venu de je ne sais où.
Joyce ayant sûrement senti le changement de ton dans ma voix essaie d'intervenir mais je ne le lui laisse pas le temps.
- Arrange qui ? Vous ou moi ?
- Gillian, me préviens Joyce d'une voix douce face à mon ton sec.
- Non !, m'exclamé-je avant de les pointer du doigt et de continuer, je ne vais pas me laisser faire une seconde fois !
Je m'adresse alors à Lau.
- En quoi ça t'arrangerais que je mente sur elle hein ? Autant que ça t'a fait du bien qu'on enterre cette fille cette nuit-là ?!, éclaté-je et un éclat de fureur s'allume dans le regard de cette dernière. Joyce vient se mettre entre nous malgré le fait qu'aucune de nous n'ai bougé.
- Gillian ça suffit, me dit Joyce alors et je l'ignore.
- Les petits secrets c'est fini pour moi, fais-je alors la voix soudainement nouée lorsque je fixe le regard embuée de Lau.
Je sais qu'elle est blessée, mais moi-même je n'arrive pas à comprendre pourquoi Je passe d'un état d'âme à l'autre si rapidement.
- Cette situation ne devrait même pas exister. On est le 24 Décembre bon sang, dis-je la voix cassée avec un haut le cœur me prenant.
Je place ma main sur ma poitrine.
Lau me regarde toujours les yeux remplis de larmes et Joyce me fixe d'un air éploré.
- Et vous le savez ..., murmuré-je.
Je lève mon bras bandé et le leur dresse au visage.
- Regardez-moi bien. Je ne veux plus mentir, parce que vos vous voyez ça, dis-je en agitant mon bras malgré la douleur, c'est le résultat d'un de mes nombreux mensonges.
Elles ne disent rien et moi je ne retiens pas les tremblements de mes lèvres.
- Je ne veux plus de ça. Donc ne me parlez plus jamais de mon bras, parce que si je le pouvais je vous le dirais.
Ma gorge se resserre et je sens les larmes monter.
Je me sens tellement mal, et j'ai tant de rage en moi.
- Si je pouvais, je vous le dirais !
Tellement de colère.
- Mais je ne peux plus maintenant.
Toute cette colère contre moi.
- Parce que quand je le pouvais je ne l'ai pas fait.
Je m'en veux tellement, que j'en ai la poitrine comprimée comme si on m'avait donné un coup de poing.
- Mais maintenant c'est trop tard et vous savez pourquoi ?
J'ai l'impression de sentir une larme couler sur ma joue mais quand je touche cette dernière elle est juste brûlante sous mes doigts.
- Parce que j'ai choisis de mentir en pensant que ça arrangerait tout le monde. Mais ça s'est retourné contre moi.
Je passe une main dans mes cheveux avant de me détourner et de sortir du QG.
Je ne sais pas pourquoi mais une partie de moi espérait que leur dire ce que je pensais me ferait sentir mieux et allait me donner du courage pour affronter Ella. Mais c'est tout le contraire.
Je me sens mal comme jamais.
********
Lorsque j'arrive sur le terrain celui-ci est vide. Je regarde donc d'un œil septique l'entrée de la forêt avant de m'engager vers celle-ci. Mes pas sont silencieux, et je sens que l'atmosphère qui m'entoure est tendue.
Je ne suis même pas encore avec Ella que je me sens malade.
Seulement, je pense que mon mal être est uniquement lié à mes paroles de tout à l'heure. Sur le coup, comme toujours sous l'effet de la colère, je n'ai pas mesuré la portée de mes dires envers Lau. Mais après coup, et à me remémorer l'expression blessée de mon amie, je m'en suis rendue compte.
Et j'ai honte.
J'ai vraiment honte de moi parce que je ne peux m'en prendre qu'à moi-même, et c'est peut être ça le problème ?
Je me rends compte que je suis constamment frustrée et seule. Personne à qui parler ou à qui me confier.
Soit parce que des voix insipides dans ma tête me l'interdisent, soit ça vient de moi-même. Je suis renfermée, et j'ai souvent peur de m'exprimer sur certaines choses. Et parfois à force de garder toutes ces choses pour moi, il y a un moment où j'explose : comme tout à l'heure.
Lorsque j'ai accepté d'aider AR, j'espérais au fond trouver alors une alliée à qui me confier. Une amie, comme Joyce l'avait été pour moi et qu'elle le serait bien plus pour que je lui en parle. Mais ce n'est pas arrivé.
Nous nous sommes juste rapprochées, bien entendues et c'est tout.
Je ne lui fais pas confiance.
Ou du moins pas assez.
D'autant que je ne fais pas assez confiance à Lau ou Joyce pour réellement leur dire ce qui me pèse. Ce qui est d'ailleurs en totale contradiction avec ce que je pense être bien pour moi : je garde les choses pour moi, et quand je suis à mon summum, j'accuse les autres tout simplement parce qu'il est plus facile de leur en vouloir lorsque j'ai finis de m'en vouloir à moi-même.
Mais est-ce que c'est ce que je suis vraiment devenue ?
Quelqu'un qui rejette la faute sur les autres et n'arrive pas à accorder sa confiance facilement ?
Je n'ai pas le souvenir d'une Gillian qui était ainsi auparavant. J'avais deux meilleures amies à qui je disais tout, jusqu'à ce que cette voix ne résonne dans ma tête au moment où j'ai posé les yeux sur la plaque du test que Rochelle tenait ce jour-là.
J'ai l'impression que tout a changé à partir de là. Je me suis mise à mentir et à dissimuler tous ces trucs bizarres qui m'arrivaient.
Etait-ce normal ?
Pourquoi est-ce que je n'ai pas ressenti le besoin de le dire ?
Est-ce que c'est ça ma vrai nature ?
C'est ça être joueuse ?
J'ai la tête bourdonnante à force de réfléchir, et j'accélère le pas pour arriver à l'entrée de la forêt. Plus j'avance vers celle-ci, plus le nœud à mon estomac se resserre et plus je me sens anxieuse.
Ou du moins c'est quelque chose qui se situe entre la terreur et l'anxiété.
Machinalement, j'agrippe les pans de mon gilet et croise mes bras dessus lorsque je pénètre dans les bois. Comme toujours, il y a cette ambiance lugubre qui ne me rassure pas du tout, et ce vent glacial qui m'accueille laissant place à une température que je devine basse.
Je n'ai jamais compris pourquoi il fait froid ici, et que ça l'est encore plus lorsqu'on s'enfonce dans cette forêt.
Je m'humecte les lèvres lorsqu'au bout de quelques pas, j'entends des voix se mélangeant au grésillement des feuilles d'arbres qui craquent à chacun de mes pas.
A peine trente secondes plus tard, je tombe sur deux garçons tenant chacun des piques et de grands sacs.
A la vue de leur gilet, mais également en me rappelant de ce qu'Elona m'avait dit, je devine que ce sont les deux racines avec qui je suis censée faire équipe en plus d'Ella.
Quitte à me répéter, je tiens à re-dire, que les racines sont restés très froids avec nous depuis le dîner qu'ils ont organisés en début d'année lors duquel nous nous étions comporté n'importe comment.
Elona nous avait expliqué quelques jours après l'incident, que s'ils étaient restés froids avec nous c'était tout simplement parce qu'ils ne nous respectaient plus. Comme quoi, l'éducation qu'il recevait était très stricte et ils prenaient très à cœur les valeurs de Dom et que quand ils nous avaient conviés à leur dîner, c'était un signe pour dire qu'ils nous acceptaient et nous respectaient, mais que nous, en ne nous comportant pas bien, nous leur avions manqué de respect et ça a été comme un « rejet » de leur amitié.
Un raclement de gorge se fait entendre, et je me sens rougir lorsque je me rends compte qu'il parvient de l'un des garçons racines, qui d'ailleurs se sont tous les deux arrêtés, m'observant.
Je les fixe également plus gênée que jamais. Ils sont tous les deux blonds, mais l'un des deux a un blond plus foncé. Grands, épaules larges.
Mâchoire proéminente, sur une échelle de 1 à 10 comparé à Gabin je leur mettrais 7.
Puis soudain je réalise, qu'en plus de rester silencieuse, je viens de les comparer à Gabin.
Est-ce que je viens vraiment de le faire ?
- Hum, salut, dis-je alors essayant de me décrisper et de sortir de ma gênée.
Les deux me regardent sérieusement et je pense un moment à tracer rapidement mon chemin face à leur silence.
- Ella est en peu plus loin, déclare l'un des deux. Celui au blond foncé et sur ce, ils continuent de piquer les feuilles mortes au sol comme si je n'étais pas là.
Je me sens gênée et humiliée.
Je les regarde une dernière fois, avant de soupirer et de continuer mon chemin pour me donner contenance.
Malheureusement, comme ils me l'ont si gentiment dit, je retrouve Ella un plus loin. Je me fige rien qu'à la vue de sa silhouette.
Elle me fait dos, et je la regarde piquer avec vivacité et dextérité le sol pour le nettoyer de ses feuilles mortes.
Je ne sais pas combien de temps je reste là à l'observer faire, mais quand sa voix retentit, je ne peux m'empêcher d'avoir un léger sursaut.
- Tu sais tu peux t'approcher. Ce n'est pas comme si j'allais te manger.
Ma gorge s'assèche alors qu'elle continue son activité et pendant un instant je me demande si je ne viens pas de rêver, seulement, le timbre calme enrobé d'un sarcasme qui me semble exister reste gravé dans mon esprit.
Avec difficulté je déglutis, et je m'engage vers elle, avant de la contourner pour me retrouver face à elle.
Elle stoppe ses gestes et relève la tête pour me fixer. Elle scanne d'abord mon corps de la tête aux pieds puis s'arrête au niveau de mon buste où sont toujours croisé mes bras et je sais que c'est mon bras bandé qu'elle regarde.
Je sens mes tempes palpiter contre mon front lorsque je me décide à parler pour qu'elle regarde mon visage et plus mon bras.
- Bonjour Ella...
Comme voulu, elle ancre son regard au mien et je suis étonnée de leur trouver la même couleur que ceux de Gabin.
Comme si elle avait pu entendre mes pensées, ses lèvres esquissent un sourire lubrique qui me donne la chair de poule.
- Bonjour Gillian.
Je me raidis lorsqu'elle prononce mon prénom.
- Adam m'avais prévenu de ton état.
Comme tout l'institut j'imagine. Je me demande si elle est au courant des soupçons à son égard.
Je suis d'autant plus perplexe lorsqu'elle penche légèrement la tête sur le côté. Son sourire s'étant transformé en un rictus étrange.
- J'étais très surprise.
Je ne dis rien. Par contre je me demande où est ce qu'elle veut en venir.
- J'espère que ce n'est pas grave, fait-elle légèrement d'un ton moqueur qui me pique légèrement.
Je fronce les sourcils, mais garde mon calme.
- Non il est juste foulé.
Elle sourit, cette fois-ci franchement, et se remet à travailler.
Moi je reste planté là, ne sachant pas quoi faire.
- Puisqu'on est amenées à se retrouver ici jusqu'à nouvel ordre, ce serait mieux que tu trouves un endroit où t'assoir puisque tu ne peux pas m'aider, rétorque-t-elle sèchement.
Et quand elle relève la tête pour me toiser froidement, je me détourne vivement, et je vais m'adosser à un arbre, l'observant, tandis qu'elle continue.
Le premier contact se serait mieux passé que je l'aurais prévu.
Néanmoins, j'ai toujours ce pressentiment et ce nœud à l'estomac.
Un bon bout de temps passe, et au fil à mesure qu'elle nettoie, elle nous fait avancer dans les bois.
Lorsque je regarde à ma montre, je me rends compte qu'une bonne trentaine de minutes est passée et je me demande bien à quel moment est ce qu'on pourra arrêter.
Pas que je sois impatiente de retourner au QG, en tout cas pas après la discussion que j'ai eue avec les filles. Cependant, rester avec Ella n'est pas une partie de plaisir non plus.
Outre l'atmosphère régnant, je suis extrêmement mal à l'aise. Je suppose que ce sentiment est dû au fait que je ne l'aime pas et qu'à présent je me retrouve à proximité d'elle dans une situation autre qu'une confrontation. C'est d'autant pire parce que je suis comme un boulet, à la suivre là sans rien faire. Si l'on compte également le fait qu'elle m'ignore totalement, je pourrais presque croire qu'elle a oublié ma présence si je ne la regardais pas piquer de gestes brutaux les feuilles au sol.
Elle m'a tout bien l'air énervée, et cette constatation me pousse encore plus à garder la bouche fermée.
Néanmoins, avec le silence régnant, j'entends facilement des voix se rapprocher. Ella a l'air de l'avoir aussi remarqué puisqu'elle ralentit la cadence.
Quelques secondes s'écoulent avant qu'un groupe de garous en tenue de sport n'apparaisse.
Ils ne font pas attention à nous et continuent leur avancée, tandis qu'Ella se met en retrait à quelques mètres de moi, un sourire narquois aux lèvres.
Quand à moi, je regarde les étudiants passer et je suis perplexe quant à leur destination parce que je sais que s'ils vont un peu plus loin ils vont se retrouver dans l'espèce de clairière où nous avions campés et après c'est le côté interdit.
Je regarde Ella par la suite en me mordant la langue pour ne pas lui demander, parce que je sais qu'elle connaît la réponse. Puisqu'évidemment, je l'ai bien remarqué, à la fin de ses « échauffements », Adam fait rentrer toutes ses classes dans les bois. Cependant je ne sais pas ce qu'ils y fabriquent.
En parlant du garou, c'est lui qui clôture son espèce de convoi et lorsqu'il passe devant nous, il nous adresse un hochement de tête en souriant :
- Mesdemoiselles...
Je m'abstiens de tout commentaire alors qu'Ella lui adresse un doigt d'honneur qu'il a le temps de voir avant de se détourner pour continuer son chemin.
Une fois que ceux-ci disparaissent de notre champ de vision, je m'attends à ce que ma « coéquipière » se remette au travail, mais cette dernière a l'air d'être d'un tout autre avis, puisqu'à la place, en un clignement d'œil elle se retrouve en face de moi, le visage fermé.
Moi je déglutis difficilement.
- C'est vraiment vexant tu sais ?, dit-elle et je fronce les sourcils.
Je m'apprête à lui demander ce qui est vexant lorsqu'elle me coupe, les yeux rivés sur mon bras gauche.
- Qu'ils croient tous que je t'ai fais ça.
J'ai une envie pressante de vomir et de pleurer.
Je regarde avec horreur Ella tendre le bras et effleurer du bout des doigts mon cou. Je n'arrive même pas à reculer tant je suis stupéfaite et apeurée.
- Parce que si je m'en étais vraiment prise à toi, j'aurais certainement bien pris la peine de te briser le cou, histoire que les gens aient une véritable raison de me faire chier.
Mes yeux s'écarquillent, et ma respiration s'accélère. Cependant je ne bouge toujours pas, mais je sens mes doigts trembler.
Est-ce qu'elle me menace ?
Elle retire ses doigts de mon cou et des frissons me parcourent l'échine pour venir former un nœud à mon estomac.
Je prie Dieu qu'elle bouge là maintenant, et retourne vaquer à ses occupations mais elle n'en fait rien.
J'ai d'ailleurs l'impression que me faire peur et me dire ce genre de choses l'émoustillent, puisqu'elle me sourit d'un air que je ne saurais décrire.
- Tu sais le plus drôle ?
Je ne réponds pas, et son sourire s'accentue.
- C'est qu'ils ne me croient pas. Non mais tu t'en rends compte ? Mes deux imbéciles de frères ne me croient pas quand je leur dit que je n'ai rien fait.
Puis elle cesse d'un coup de sourire. Son regard se durcit et j'ai presque l'impression que la couleur de ses yeux s'obscurcit.
- Gillian, gronde la voix d'Ina et je sens mes muscles se relâcher. Je recule rapidement d'Ella.
Même si je suis totalement terrifiée, je ne m'enfuis pas. Mon regard est toujours plongé dans celui de la brune, cherchant quelque chose, parce que dans tout ce qu'elle vient de me dire, une seule information a tilté dans ma tête.
Qui sont ses deux frères ?
NDA: en média, Ella alias Danielle Campbell
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