Chapitre 45

" Par la seule force de sa volonté, elle parvenait à rendre ses hallucinations plus puissantes que la réalité", De  Denis Lehane.

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Après avoir quitté la chambre de Lau, je suis allée dans la mienne afin de me préparer. Une fois apprêtée, je me regarde dans le miroir de ma salle de bain. Je n'y vois que mon visage, cependant celui-ci me semble convenable.

L'estomac noué, je sors de ma chambre, traverse le couloir menant au salon, puis je sors du QG. Je m'engage dans le couloir de notre aile et comme toujours, son apparence lugubre me donne la chair de poule. Je presse alors le pas pour vite arriver à destination, cependant lorsque j'en suis proche, je ralentis, ma boule d'appréhension revenant au galop.

Enfin j'arrive devant le miroir qui mène de l'autre côté. Je reste plantée devant celui-ci comme une statue incapable de franchir un pas en avant. Je regarde mon reflet, je suis étonnée de voir que les vêtements de Lau me vont plus ou moins bien parce que lorsque j'ai mis le croque top, il m'a plus moulé que je ne l'aurais crû.

Quoi qu'il en soit, même si je trouve le résultat final pas mal, je suis plus que nerveuse. En règle générale je déteste les confrontations et encore moins quand elles sont préméditées de la sorte. Inspirant un grand coup, j'essaie de ravaler mon anxiété et trouve le courage de passer de l'autre côté.

A peine ais-je fais un pas que je sens sa présence.

Gabin est là. Automatiquement, je lève la tête vers les rambardes, mais ne distingue pas sa silhouette. Néanmoins, je sais qu'il est là. C'est comme un sixième sens.

Cependant toujours aussi peu éclairé, le ciel noir translucide voilé de ses drôles d'étoiles, donne à cet endroit une ambiance presque intimiste. Je me sens d'ailleurs rougir à cette pensée, car même si ce n'est pas la première fois que je m'aventure ici la nuit tombée, je n'avais jamais songé de cette façon et du coup ça me gêne énormément.

Je me sens brusquement mal à l'aise et je me retrouve à tirer sur le haut de Lau qui me semble tout à coup très inconfortable et très collant. Je continue à regarder fixement les rambardes attendant que Gabin sorte de l'ombre parce que je suis persuadée qu'il y est tapi.

Soudain, en une fraction de seconde, je le vois apparaître, avant qu'il n'enjambe les rambardes et ne saute d'en haut pour atterrir juste à quelques pas de moi.

Il ne bouge pas et moi non plus. A peine si j'ose respirer. Revoir Gabin dans la cour de l'institut, la salle commune ou alors la cafétéria est une chose. Me retrouver ici en tête à tête avec lui en est une autre.

- Gillian

Je fronce les sourcils et en un clignement des yeux Gabin disparait. Cependant ce n'est pas cette soudaine disparition qui m'intrigue et me surprend, mais plutôt la voix qui vient de m'interpeller.

Ce n'est pas celle qui vient me parler d'habitude. Celle-ci est totalement différente, mais je ne saurais dire si c'est une voix d'homme ou de femme. Cependant elle est tout aussi envoutante que l'autre.

La preuve c'est que, sans réellement le vouloir, je me mets à marcher en direction des escaliers lorsqu'elle m'interpelle une seconde fois.

Comme une litanie elle ne fait que répéter mon nom. Tout ce qui est autour de moi a l'air de ne plus exister. Il ne reste plus que la voix et moi.

Lorsqu'elle arrête de scander mon nom, je cesse automatiquement de marcher. J'ai l'impression de « revenir » à moi, et je me rends compte que je suis à présent à l'étage, en face du tableau des ancêtres.

Je ne sens plus du tout la présence de Gabin, comme si elle n'avait jamais existé. Et j'ai froid tout d'un coup. Très froid.

A vrai dire je suis gelée par le vent glacial, qui venant de je ne sais où, me fouette. Automatiquement, j'enroule mes bras autour de moi, et je ne peux que fixer la peinture en face de moi.

Pas celle des ancêtres.

Non.

Celle qui est juste à côté. La peinture sur laquelle est représenté un grand chêne immergé dans une espèce de marre.

Plus je fixe l'étendue d'eau, plus je me sens bizarre, comme si j'étais étrangère à la situation ou quelque chose comme çà.

Tout d'un coup, ma vision devient floue. Totalement interdite par cette situation, je fronce les sourcils, tandis qu'un vent de panique s'immisce dans ma poitrine. Je me frotte les yeux afin d'essayer de dissiper ce désagrément mais ça ne marche pas. Néanmoins je continue tout en fixant le tableau, mais je sens mon anxiété accroitre et me paralyser complètement lorsque ma vision redevient subitement claire et que je vois l'eau de la marre du tableau s'échapper de celle-ci pour atterrir sur le plancher.

Je ne sens plus mon cœur battre et je ne respire plus. Effarée, je me recule au fur et à mesure que la quantité d'eau au sol augmente.

Je finis par être arrêtée par les rambardes, alors que le liquide au sol ne fait que se rapprocher dangereusement de mes pieds. Je suis au bord des larmes et ma respiration est saccadée. Je ne suis même pas capable de crier.

Instinctivement, lorsque l'eau n'est qu'à quelques centimètres de mes pieds, je me hisse sur les balustrades.

Je suis le liquide des yeux s'écouler, et bêtement je me penche légèrement vers l'arrière pour l'écouter s'écraser en bas, mais rien ne vient.

Curieuse je me redresse, et c'est avec surprise que je vois que l'étage n'est plus mouillé. Il n'y a plus rien par terre.

Un nœud se forme alors dans mon estomac lorsque j'essaie de descendre de la balustrade et qu'aucun de mes membres ne me répond.

Je suis complètement figée.

Je ne peux plus bougée.

Les battements de mon cœur s'accélèrent et je me rends compte que je suis terrifiée. Les larmes me montent aux yeux.

Sans que je ne puisse y résister alors, mes bras lâchent les barres de fer de la rambarde, et mon corps se laisse aller tout seul vers l'arrière.

- Non !

Tout se passe alors très vite.

Par je ne sais quel miracle alors que je chutais pour m'écraser au sol, « la force », qui m'avait paralysée s'envole, et d'un geste relevant de l'instinct de survie j'arrive à me rattraper à la rambarde d'une main.

Seulement je sens le « crac » de mon poignet et je ferme les yeux. La douleur se fait sentir instantanément, elle est aigue et insoutenable et par réflexe je lâche, seulement au même moment une autre poigne agrippe mon bras. J'ouvre les yeux, et relève la tête avant de rencontrer le regard ténébreux de Gabin.

Sans un mot il me hisse d'un seul mouvement, et je me retrouve sur pied.

Automatiquement les larmes retenues s'échappent et je tiens mon poignet meurtri contre moi. Gabin ne bouge pas et ne fait que me regarder. Moi j'observe le tableau avec le grand chêne estomaquée puis Gabin.

Aucune pensée cohérente ne me vient. Seule la peur et la douleur m'assaillent. Ce qui fait que lorsque Gabin essaie de s'approcher, je recule vivement. Les mots sortent seuls de ma bouche

- Non !

- Gillian...

- Arrête , le coupé-je. Je suis tellement chamboulée, que je n'arrive pas à réfléchir correctement et j'enchaîne tout simplement, qu'est ce que tu fais l ? Pourquoi tu m'a demander de venir ici ? Tu veux me tuer c'est ça ? !

Le visage de Gabin n'est que fureur, et je sens ma peur monter d'un cran. Je recule de nouveau.

- Tu es folle ? C'est toi qui voulait te jeter d'ici et ...

- Tais toi ! Tu m'a poussé !, hurlé-je hors de moi sachant pertinemment que ce n'était pas lui. Mais quelqu'un ou quelque chose m'a pousser de là pour que je tombe. Je serais morte et ce serait passer pour un accident.

Je vois Gabin essayer de s'approcher de nouveau , et je ne perds pas une seconde avant de me jeter sur les escaliers et de dévaler celles-ci.

Lorsque je me retrouve en bas, je suis plus que soulagée de remarquer qu'il ne m'a pas suivit.

La douleur à mon poignet est insoutenable. Sans trop réfléchir, je me dirige vers le miroir et retourne dans le couloir sans un regard en arrière.

De l'autre côté, je me sens encore plus mal. Je suis secouée alors de sanglots. Piteusement je vais m'adosser près du miroir et je me laisse choir jusqu'au sol.

Puis je me laisse allée. Je sanglote et marmonne, tout en me tenant le poignet endolori incapable de me relever. Je cris par moment, tout le temps où je reste au sol. D'ailleurs au bout d'un moment, la porte menant à la salle commune s'ouvre sur une Joyce qui me parait souriante malgré ma vision brouillée par les larmes.

Lorsqu'elle remarque ma présence, son sourire disparaît, je l'entends crier mon prénom et courir vers moi, puis plus rien.

****

Il fait chaud.

Si chaud , que le vent qui vient fouetter mon visage me brûle les joues. Cependant, il fait nuit et lorsque je regarde autour de moi, je remarque que je suis entourée d'arbres.

- Ina

Je me tourne brusquement vers la voix et me retrouver en face de deux silhouettes noires. Elles se tiennent l'une devant l'autre un feu de bois crépitant entre les deux.

- Arrête, répond la voix. Celle qui me parle d'habitude.

- Tu joues avec le feu.

- Mais quel feu ?!, s'emporte Ina.

La première ombre gronde et je me surprends à être effrayée par ce bruit. Cependant la dîtes Ina ne fait que ricaner.

- Oh arrête. Tu sais très bien que ça ne marche pas avec moi

- Inna je suis sérieux . Tout ça est nouveau pour eux, ils ne saisissent pas encore bien.

- Ils nous testent pour le moment ?

- Oui. Mais de nouveaux éléments peuvent venir changer la donne.

- Mais ils savent qu'ils existent.

- Et d'autres aussi existent ailleurs, et ils essaient de s'infiltrer dans le système.

Imposteur.

C'est la seule chose qui me vient à l'esprit lorsque j'ouvre les yeux. J'identifie rapidement l'endroit où je me trouve : je suis allongée sur mon lit dans ma chambre. Je me sens mal, et j'ai un goût pâteux dans la bouche.

Mon regard se fixe à mon poignet droit, qui lui est bandé. Je n'ose pas le bouger, cependant les battements de mon cœur s'accélèrent considérablement lorsque je repense à l'origine de cette blessure.

Quelque chose a voulut m'éliminer.


NDA: en média Gabin, alias Ian Nelson

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