Chapitre 37



« Ouvrir les yeux est la chose parfois la plus douloureuse mais aussi la plus nécessaire », auteur inconnu

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Quoi qu'un peu chamboulée par ma discussion avec Gabin, j'essaie de reprendre contenance lorsque je pénètre dans la salle de détente. Il n'y a pas beaucoup de monde, étant donné que c'est l'après-midi. Je jette un coup d'œil au coin des garous et je suis soulagée de ne pas y apercevoir Ella. Je continue ma route jusqu'à la sortie et je prends le couloir qui mène au bâtiment où nous sont dispensés nos cours.

Quand je rentre dans la bibliothèque cette dernière est vide comme à son habitude. Je salue rapidement la bibliothécaire. Puis je vais au fond de la pièce où se trouve un guide.

Le guide est une espèce de grand boitier tout en verre, dont le dessus est recouvert de la même sorte de plaque qui se trouve à l'entrée du couloir pour arriver ici. Pour l'activer, je place ma main dessus et cette dernière s'illumine d'une couleur rouge ce qui signifie qu'elle m'a identifié. La plaque devient alors toute blanche avant que mon nom n'apparaisse ainsi que ma photo juste à côté à droite : Gillian Ross la joueuse.

Je pose un doigt sur la plaque, cette page d'accueil disparaît pour laisser place à une barre de recherche. A ce moment-là, j'avoue être bloquée car je ne sais pas vraiment quoi mettre pour ne pas me faire « démasquer » car il se trouve que ce guide est lié à l'ordinateur de la bibliothécaire et elle peut voir chaque recherche que nous effectuons. Elle fait alors un rapport qu'elle envoie à chacun de nos mentors.

Donc si je mets : arbre qui parle du côté de la forêt interdite, il me semble qu'Elona risque de trouver ça plus que suspect cependant si je met Anthel , même si nous avons abordé le sujet en cours , c'était il y a environ un mois Elona trouvera ça bizarre mais beaucoup moi que ma première idée.

Je décide donc de taper 'Anthel'. « L'écran » se drape d'un voile blanc pendant environ trente seconde avant que les résultats n'apparaissent. Tout comme lorsque j'étais venue faire mes recherches sur les ancêtres un message apparait : Aucun ouvrage dans la bibliothèque ne correspond à votre recherche.

Mais lorsque je continue ma lecture je remarque un dossier un peu plus en bas de la page. Quand je clique dessus, une icône apparait et ça a tout bien l'air d'être un article.

Le titre est : Anthel, par Anala.

Je clique dessus et commence ma lecture.

« Personne ne lira certainement jamais cet article parce qu'il n'y a jamais personne dans ce monde qui cherche à regarder derrière lui, les actes passés pour essayer de comprendre pourquoi la situation dans laquelle nous vivons est telle qu'elle est maintenant.

Il y a, et il y aura toujours des questions que l'on se pose et que l'on se posera, mais jamais tu n'auras qui que ce soit pour te répondre. Nous sommes éduqués dans l'optique de trois valeurs ici à Dom : l'obéissance, l'honnêteté et la tolérance.

Une seule de ces valeurs se voit réellement appliqué et c'est l'obéissance.

Que ferait donc nos très chers créateurs si personne n'obéissait dîtes moi ?

Eh bien je vais vous dire ce qui arriverait, il y aurait des gens comme moi qui viendront ici pour écrire et pirater le système pour partager ce qu'ils ont à dire, pour que d'autres sachent qu'on a le droit de s'exprimer et de dire ce que l'on pense réellement. Parler du passé.

Je n'écris pas et ne prend pas le risque de le faire maintenant pour tout simplement vous dire à quel point je doute de notre système que ce soit par l'élection de l'empereur ou encore plus de nos conditions.

Je vais ici faire ce que tout éducateur domien déteste par-dessus tout : évoquer le passé et pas celui de n'importe qui : Anthel.

Tout le monde ici à Dom connait la légende d'Anthel : grand, beau et ambitieux garou qui a entraîné une guerre civile qui a duré très longtemps pour s'être opposé au règne d'une joueuse en tant qu'impératrice. La légende dit qu'à la fin, il a été victime du jeu de cette joueuse qui l'aurait réduit en rien de plus qu'un arbre dans la forêt interdite, non loin de l'arbre où a été brûlé Vanina.

Mais moi je vais vous raconter la vraie histoire de cet homme. Commençons par le début.

Deux siècles s'étaient écoulés depuis l'apparition, de nos premiers ancêtres. Le royaume de Dom a alors eut le temps de prospérer comme il se le devait. Il avait su tirer une richesse de ses terres et de son économie. Il avait réussi à éduquer une population comme il le souhaitait et qui avait intégré la première et la principale règle : l'obéissance. Suivre les règles sans rechigner, sans jamais se plaindre et sans jamais poser de questions.

A l'aube de cette nouvelle ère, prenait fin le règne de l'empereur Enok racine. Comme le voulait et le veut toujours notre politique, il était entouré d'un groupe de personnes importantes et posées qu'on appelait : le conseil des sages. C'est parmi ces derniers qu'était et est toujours désigné le prochain gouverneur.

A l'époque, le conseil des sages était composé de Callum change-peau, d'Ethal racine qui était le suppléant de l'empereur Enok, Fanga la joueuse et pour finir Anthel garou. Tout le monde attendait d'ailleurs avec impatience la 1ère lune du 3ème siècle de Dom où les créateurs enverraient leur messager pour inscrire le nom du prochain gouverneur sur la pierre sacrée. Cette méthode « d'élection » était cependant de plus en plus contesté par les membres des gouvernements précédents. Mais il l'était d'autant plus par les partis politiques que chaque représentant des espèces, mais aussi membres du conseil des sages avait créé.

Les plus en vogue étaient les partis de Fanga et d'Anthel.

Les idées qu'ils défendaient étaient diamétralement opposées. En effet, pour incarner le représentant parfait des garous et notamment le président de son parti, Anthel Garou s'était forgé une « image ».

En plus de son charisme, tant physique qu'intellectuel, Anthel s'est attelé à la tâche de se faire aimer par tous et surtout par les siens. Pour cela , il a eut l'ingéniosité de reprendre l'un des piliers des conflits Domiens pour en faire un combat de « justice » : la place des joueuses et des sous espèces.

Avant tout comme aujourd'hui je suppose, la question des sous-espèces à Dom est toujours d'actualité. Dans le siècle qui avait précédé celui dans lequel vivait Anthel, un groupe de personnes composé de Garou et de change-peau, s'était formé pour rentrer en « contact » avec les créateurs pour leur annoncer une soit disant « théologie ». Il était connu par tous, que dans notre société, naissait de certaines unions des individus « à part ». A part dans le sens qu'ils n'étaient ni change-peau, ni Racine, ni garou et encore moins joueuse. Ils furent qualifier alors de sous-espèces et ont été très vite mis à l'écart.

L'empereur de l'époque Magos garou, a alors prétendu avoir reçu un « ordre » des créateurs qui lui a été délivré par un messager. Dans le discours qu'il a prononcé pour l'annoncer, il a parlé de nouvelles relations avec un peuple inconnu dans un autre monde. Et que pour leur prouver notre « sincérité » et « sceller » l'amitié de nos deux univers il leur octroyait la responsabilité des sous-espèces actuelle et à venir de Dom.

Le peuple si docile et discipliné que nous fûmes et que nous sommes toujours avait applaudi. Dix lunes après cette déclaration, il ne restait plus aucune sous-espèce dans le royaume de Dom.

Pour en revenir à la théologie de notre ligue anti-sous-espèces, leur soit « disant » découverte portait sur les joueuses. En effet selon eux, les joueuses étaient également une sous-espèce et se devaient d'être déportée dans l'autre monde. « Cette espèce, comme s'amuse à le dire certains n'en est pas réellement une, ou du moins n'appartient pas à notre monde. Outrage à notre mode de vie, elles ne sont que des femmes, vivent en réclusion entre elles et elles encombrent.

Même en cas de copulation avec d'autres, elles engendrent la plus part du temps que leur semblable. Qu'adviendra-t-on, si les trois quarts de notre population ne se résume qu'en un seul sexe, qui plus est le plus faible ? », avait déclaré avec rage le chef de file, Liot Garou à l'empereur Magos pour que ce dernier ait l'obligeance de faire une offrande sur la pierre sacrée pour que le soir suivant, il puisse « s'entretenir » avec les créateurs.

Autant vous dire que ce beau discours avait eut lieu lors d'une des réunions du conseil des sages dont, Liot lui-même faisait partie et c'est évidement sans vous dire, que dans ce même conseil se trouvait une joueuse, dont personne ne retint le nom tout simplement parce qu'elle ne dit rien à propos de cela.

« Ça leur passera », aurait-elle dit à ce qu'il paraîtrait.

Quoi qu'il en soit une majorité fut pour l'idée, et le soir même Magos, fit l'offrande. Le lendemain, Liot passa toute la nuit dans la pièce de la pierre sacrée à livrer toute sa ribambelle d'idées à nos très chers créateurs.

Il n'eut jamais de retour, mais n'en désespéra pas pour autant. La preuve, c'est que le siècle qui suivit, son projet continua son évolution et finit entre les mains d'Anthel.

Voilà donc à quoi, s'adonnait le parti d'Anthel : éliminer les joueuses. Cependant il avait une adversaire de taille : Fanga.

Fanga et lui ayant dans la vingtaine, étaient les deux membres les plus jeunes du conseil. Cette jeune-femme était l'incarnation même de tout ce qu'Anthel « détestait », et plus encore : grande et élancée avec une taille fine, elle avait une chute de rein à en faire tourner plus d'une tête. Le teint halé, elle avait des yeux gris perçants et des boucles brunes, courtes, mais sauvages.

Elle avait un lexique et un art oratoire parfait, elle était intelligente, audacieuse, ambitieuse, elle était appréciée par l'empereur du moment, c'était une joueuse et le comble c'était qu'elle lui plaisait.

Car voilà, la triste réalité à laquelle était opposé notre très cher Anthel : une si belle tentation charnelle, mais un dégoût pour sa nature : joueuse.

Pendant de longues nuits, il s'était torturé l'esprit à ne pas la vouloir comme il la voulait, mais c'était trop tard, c'était finit. Et il l'en détesta encore plus.

Ses interventions pour leur extradition étaient de plus en plus virulentes.

De son côté Fanga savait. Elle savait tout, et son but avant tout était de donner la liberté à sa communauté. Pour qu'elles s'épanouissent.

Elle ne niait pas la beauté qui émanait d'Anthel et qui l'envoutait également, mais elle ne le lui montra jamais ou du moins pas ouvertement.

Lors des réunions du conseil pour les bilans, ce dernier n'hésitait pas à la casser à chaque fois que c'était son tour de faire le point sur sa contrée. Et évidement il ne se privait pas d'utiliser ses informations pour « montrer » à tout le monde, qu'en plus de prendre de la place et de se reproduire, elles ne faisaient que se chicaner pour un rien.

Néanmoins, jamais ô grand jamais, Fanga fit de même. Elle se contentait de tempérer l'ardeur et la colère de ses sœurs face aux injustices auxquelles elles étaient victimes. Leur promettait un avenir meilleur et une vie plus reposante.

Avec le temps, les piques se transformèrent en débat. Que ce soit devant des gens ou seuls, Anthel et Fanga s'affrontaient constamment et ça ne faisait qu'accroître leur attirance mutuelle. Puis un jour ce qui devait arriver arriva. A la fin d'une énième querelle, alors que Fanga s'apprêtait à se retirer, il l'avait embrassé. Elle s'était laissé allé et de fil en aiguille ils finirent nus, allongés à même le sol près de la pierre sacrée se recouvrant de caresses.

Bien d'autres nuits ont alors suivit celle-ci. Idéologiquement c'était toujours la guerre, mais ils s'étaient trouvés physiquement, ainsi que sentimentalement et ils finirent par s'aimer.

Bien évidement, ce changement ne passa pas inaperçu, cependant personne n'y prit acte. Néanmoins, ce dont les autres ne se doutaient pas, mais que Fanga savait elle, c'est qu'ils étaient liés et qu'elle était son âme sœur. Anthel n'osait simplement rien dire attendant la désignation du nouvel empereur et tout ce qu'il souhaitait le plus au monde, c'est qu'elle ne soit pas choisie.

Même si au fond, Fanga était certaine que ce serait l'élection qui les séparerait, se fut un autre évènement qui s'en chargea.

Alors qu'il n'était qu'à une dizaine de lunes de la désignation du nouveau empereur, une affaire ébranla le royaume : l'électrocution d'un jeune garou par une joueuse alors qu'il essayait de l'humilier devant ses amis.

En effet il était très courant que des joueuses, s'aventurent sur les autres territoires, car certains membres de leur famille s'y trouvait : un père, un frère ou une sœur. Cette jeune fille qui était en sortie avec sa sœur, s'était faite encerclée et d'après les témoins , le jeune homme dans sa blague douteuse lui a déchiré son haut , ainsi que le bas et de la ruée de coups. « Ses copains et lui m'ont attrapés, je ne pouvais pas l'aider. A un moment il s'est arrêté et a commencé à descendre son pantalon. Il voulait lui enlever sa culotte, et Mag l'a électrocuté. Il est mort sur le coup », avait témoigné la sœur de l'accusée. Une version des faits qui a été confirmée par les complices.

Dans les lois de Dom, l'une d'elle préconise un jugement pour ce genre d'affaire. La jeune fille a été reconnue coupable, et comme c'était dans un cas de « défense », elle n'a pas été condamnée à mort. Comme son jeu de la délivrance de l'électricité ne se faisait que par les yeux, le verdict fut de les lui percer. La sentence s'appliquait, cinq lunes après le procès et le soir même de l'exécution avait lieu la désignation.

Fanga, s'était battue pour cette jeune fille lors de ces cinq derniers jours pendant les réunions du conseil. Elle était même partie en délégation dans la famille du garçon pour leur demander leur soutien, qu'ils lui avaient bien évidemment refusé. Elle s'était alors tournée vers les autres membres, pour alléger la peine mais elle n'eut aucun retour.

Durant ces cinq jours pas une seule fois Anthel ne la toucha, c'était comme si rien ne s'était jamais passé.

Le jour de l'exécution arriva, et celle-ci se déroulait sur la place publique.

Un grand nombre de personne était venu y assister. Sur l'estrade géante qui avait été placée, traînait un grand fauteuil, près duquel se trouvait un tableau un marteau et une pique bien en vue.

Lorsqu'on amena la fille sur l'estrade pour la punition, au premier rang se trouvait le conseil. Fanga était livide, sans couleur. L'accusée dont les mains étaient attachées tremblait sur le fauteuil et il y avait un silence de plomb. Le bourreau, dont le visage était masqué s'empara du marteau ainsi que de la pique, les pointant judicieusement sur le visage de la jeune fille, qui avait commencé à sangloter. Le bourreau attendait le discours que l'empereur se devait de dire avant la pénitence :

« Pour honorer nos créateurs, toi en pécheresse que tu es, reçois ta punition et subit en de plus horribles souffrances que celles que tu as causé à cette famille qui a perdu un fils »

Le hurlement strident de la fille avait résonné suite à cette phrase. Sans plus attendre, le tortionnaire perça le second œil et un cri étouffé s'en suivit. De la jeune fille, on ne percevait que le palpitement de tous ses membres tandis qu'on la faisait descendre. On ne distinguait de son visage que des larmes de sang.

La foule était silencieuse, attendant le second discours qui devait être dit par Fanga, car comme l'exigeait les lois de Dom, le représentant de la communauté fautive devait faire un discours pour compléter la pénitence et se faire pardonner des créateurs.

Cette dernière s'était avancée sur l'estrade, pataugeant dans le sang de Mag, elle examina la foule avant d'entamer :

« Si je m'adresse aujourd'hui à vous peuple Domien, c'est pour demander pardon car l'une de mes semblables a commis un acte horrible : celui de tuer.

Aucune vie n'est remplaçable, même la plus infâme. Jamais je ne pourrais effacer la douleur causée à cette famille par cette perte, mais jamais non plus vous n'effacerez tout ce que vous nous avez fait à nous joueuse.

Il y a cinq jours, je suis allée sur le territoire garou, pour implorer la pitié de cette mère et de ce père éploré à alléger la peine de Mag. La porte m'a été claquée au nez, et je me suis fait insulter de tous les noms qui puissent exister. Dans la loi de Dom, ce genre de comportement mérite une lourde sanction : le nombre de coups de fouets que je souhaite.

Mais es- ce que suis-je en train d'en faire un procès pour les condamner ? Non ! Et pourquoi ?

Tout simplement parce que je n'y ai pas raison.

Mais eux l'ont fait quand leur fils est mort ! Vous clamez à toute la bonté qu'il était et qu'il a fait ! Alors il était où quand il a agressé cette fille ? Quand il l'a frappée ? Et pour finir abuser d'elle ?

Il était une âme généreuse parmi tant d'autre ici à Dom, n'est ce pas ?! »

Fanga s'était arrêtée, et observait la foule d'un regard furibond. Depuis ses premiers pas sur la scène politique de Dom, c'était la première fois qu'elle « attaquait » ouvertement les autres, sans détour. Anthel qui était aux premières loges, la regardait avec une admiration teinté de dégoût. Elle-même le fixait également

« Ca fait à présent deux siècles que nous nous battons pour survivre ici : viols, vols, meurtres, nous passons tout sous silence. Vos campagnes sont insultantes et méprisantes. Vous nous relayer au rang de sous-espèces et vous nous traitez comme tels. Mais nous ne le sommes pas !

Moi aujourd'hui je n'ai pas peur de dire haut et fort que j'ai autant de droit qu'une femme garou. Si je m'en attache à un, ce sera parce que nous nous aimons. Je ne laisserai pas courir le doute que c'est parce qu'il est empereur ou un membre du conseil. Ou il n'y aura rien.

Mais un seul garou ou change-peau peut-il faire ça ? Si les femmes de leur propre espèce ne sont même pas traitées comme leurs égales, le feront-ils pour ces femmes qui sont d'une sous-espèce ? Ces mêmes femmes qu'ils prennent plaisir à baiser la nuit.

Le ferez-vous ?

Votre réponse sera la même si l'on me demandait si je regrette la mort subite de ce pauvre garçon. »

Il n'y avait pas eut de tonnerres d'applaudissement, mais il n'avait pas eu de brimades en retour, juste un long silence. Tout le long de son discours, c'est Anthel qu'elle avait regardé, et il avait compris que c'était à lui qu'elle s'adressait. Il avait également compris que tout était finit maintenant.

Le lendemain matin, le royaume était en effervescence. L'empereur devait faire une déclaration sur la place publique pour se retirer de ses fonctions et annoncer le nom du nouveau dirigeant.

Sur la même estrade où avait eut lieu l'exécution, se tenait Enok devant une partie de sa cour, et derrière lui son conseil.

« Par la bénédiction de nos créateurs, j'ai régné 620 lunes sur notre royaume. Malgré les épreuves, je suis parvenu à maintenir la paix et le bon-vivre pour tous. Et à présent comme l'ont fait beaucoup d'autres avant moi, aujourd'hui je cède ma place à une autre personne pour qu'elle ait la chance de tenir entre les mains l'avenir de son peuple et d'en faire quelque chose de bon.

Le nom qui a été inscrit sur la pierre sacré par le messager est : Fanga La joueuse ! »

Un long silence s'en suivit tandis qu'Enok se tournait vers l'intéressée pour lui serrer la main. Puis les applaudissements vinrent petit à petit, d'abord minimalistes, ils se firent assourdissants. Enok parlait à la jeune femme, mais cette dernière ne l'écoutait même pas. Elle était focalisée sur Anthel à ses côtés qui était resté immobile et dont la rage était évidente. Alors que c'était l'heure pour que les autres membres de venir la féliciter après Enok devant le public en lui serrant la main , lorsque se fut le tour d'Anthel, ce dernier ne fit rien et se contenta de la regarder avec rage. Quand elle lui tendit la main, il l'effleura à peine et elle sut que le pire était à venir.

En effet au cours de la journée, le nom du nouvel empereur avait fait le tour des contrées, et les protestations commencèrent. La source même venait des garous.

Voilà pourquoi le soir même, au lieu d'assister au banquet qui avait été organisé à son honneur, Fanga était allée se réfugier dans la salle de la pierre sacrée. Elle regardait son nom qui y avait été gravé par on ne sait qui.

Lorsque la porte s'ouvrit, par la familiarité du geste, elle savait déjà de qui il s'agissait.

- Je savais que tu viendrais, avait elle dit à l'apparition d'Anthel dans la pièce. Il s'était approché d'elle, tout en restant à une distance raisonnable.

Ils se fixaient en chien de faïence sans rien dire. Fanga percevait le brasier qui émanait de son ancien amant.

Elle finit par lui adresser un petit sourire :

- Je le savais que toi et moi ça finirait mal et de cette façon, avait elle déclaré. Elle s'était rapprochée de lui d'un pas et il n'avait pas réagit pas. Elle avait alors continué :

- Je pensais que tu m'aimais. Je savais que je t'aimais. Mais j'étais persuadée qu'à part mon enveloppe de chair tu ne voyais rien d'autre. N'est ce pas ?

Il ne répondit pas et elle en sourit d'avantage.

- Abandonne, avait il dit soudainement.

Instantanément une larme coula de la joue de Fanga, et il paraîtrait que ce serait l'une des rares fois où on l'a vu pleurer. Anthel ne réagit pas.

- Pourquoi ? Parce que je suis une joueuse ? Parce que je ne mérite pas de gouverner ? D'être là ? De vivre ici ? D'être aimée par toi ?

Anthel ne dit rien comme toujours, et lui adressa un regard condescendant avant de sortir de la pièce.

Telle fut leur dernière conversation.

Lecteur je m'arrête là avec toi, parce que la suite tu la connais. Le lendemain matin la guerre avait été déclarée.

J'ai dis au début que c'était l'histoire de Anthel, mais j'ai oublié de dire que c'était aussi celle de Fanga. Elle a été la première joueuse à gouverner Dom. Elle s'est battue pour nous, son honneur et contre son amour.

Je m'appelle Anala, j'ai 16 ans et je suis une joueuse. Si tu lis cette note dis toi que c'est la première et la dernière fois que tu le feras, parce que tout ce qu'ils détestent le plus, ce sont bien les fouineurs et les rebelles.

NDA: certaines d'entre vous se demandent qui joue Gillian par hasard ? Ou alors avez vous déjà une idée bien en tête de qui le fait ?  :)

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