Chapitre 34
« Le regret de ne pas avoir fait quelque chose est plus long que le regret d'avoir fait quelque chose de stupide » , Auteur inconnu.
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Tout est noir autour de moi, et je me sens oppressée. Je ne sais pas si j'ai les yeux ouverts ou non, cependant j'ai très chaud. J'essaie de bouger, mais je sens un poids sur mon corps qui m'empêche de bouger. J'inspire profondément et je sens alors quelque chose de lourd s'insérer dans mes narines. Je me sens paniquer et j'ai de plus en plus de mal à respirer.
Mes voies nasales sont bouchées et c'est avec horreur que je me rends compte que c'est de la terre qui s'est infiltré dans mon nez. Plus le temps passe, plus je respire difficilement.
Soudainement, un craquement d'os se fait entendre. Terrifiée, je vois deux lueurs bleues à deux centimètres de mon visage. Un souffle chaud, s'abat sur mon visage et une haleine putride m'enivre. Un liquide visqueux découle le long de ma joue et le même rugissement strident résonne.
C'est une douleur lancinante au crâne qui me sort de mon cauchemar. Des rêves, j'en fais beaucoup ces derniers temps, cependant c'est la première fois que j'en fais d'aussi terrifiant. J'ai le cœur qui bat à cent à l'heure, mes mains sont moites et ma respiration est hachée. A vrai dire je ne sais pas trop quoi en penser et je préfère ranger ces histoires dans un coin de ma tête.
Cette dernière a l'air de vouloir exploser tant elle me fait mal. Je risque un coup d'œil à ma montre : il me reste environ 45 minutes avant d'aller en cours.
Je soupire et me redresse portant ma main à mon front. J'y sens la bosse engendrée par l'accès de colère d'Ella. Ça me semble faire une éternité alors que c'était il y seulement maintenant deux jours.
Avec peine je me redresse et vais jusqu'à ma salle de bain. Je suis courbaturée de partout et ma langue est pâteuse. Je suppose que cela est dû à tous les verres d'eau de vie que j'ai bu hier , toutefois ils m'ont aidés à m'endormir directement lorsque je suis revenue dans ma chambre. Ça m'a permis de ne pas broyer du noir et de trop réfléchir sur des questions qui demeurent sans réponses pour moi.
****************
Quand je pénètre dans la salle à manger pour le petit déjeuner, je constate que je suis la dernière debout. Et malgré le calme apparent, je perçois immédiatement la tension présente.
Après avoir lancé un petit « bonjour », auquel elles me répondent, je m'installe entre Lau et Gaia et je me retrouve en face de AR . A ma plus grande surprise, cette dernière me sourit gentiment. J'hésite quelques secondes avant de lui rendre son geste.
Je commence à me servir et les discussions reprennent. J'entends Stéphanie et Danielle parler du réveillon de Noel et à quel point elles sont excitées. Je me mets alors à réfléchir et les visages souriants de mes deux parents devant notre arbre de noël fraichement décoré me vient à l'esprit. Une certaine bonne humeur s'empare de moi.
Plus que quelques semaines et nous rentrerons chez nous.
Je soupire de soulagement et avale une cuillérée de céréales. AR s'en mêle et leur propose de venir chez elle. Alors qu'elles s'émoustillent, notre coté de la table est vraiment calme, tout en comptant Elana, qui elle est assise entre AR et Gaia. Lau et Joyce qui sont assise l'une à côté de l'autre, discutent à voix basse.
- Alors vous étiez passées où hier ?, demande subitement AR coupant court à sa conversation avec ses deux amies. Lau et Joyce cessent de chuchoter entre elles, tandis que Gaia et moi nous nous tendons.
Les autres filles nous regardent curieusement, attendant une réponse et Dieu merci Joyce répond.
- Dehors. On était dehors, répond-elle sur un ton léger presque taquin. AR la regarde mauvaise, puis nous toutes.
Personnellement lorsque je pense à où nous étions vraiment et à ce qui s'est vraiment passé, je suis incapable d'en rire. Pas même un tout petit peu.
- C'est drôle, fait alors Steph regardant à tour de rôle Lau puis Gaia, vous avez toutes les deux des marques au visage comme si ...
Mais elle ne termine pas sa phrase et hausse les épaules. Elle croque dans sa pomme et j'ai l'impression que ça la rend mal à l'aise.
Le visage d'AR quant à lui s'illumine.
- Comme si vous vous étiez battues !, s'esclaffe-t-elle attendant sûrement que l'une de nous le nie, mais notre silence veut tout dire, ses yeux s'écarquillent.
- Alors là, commente Danielle d'un ton ébahie.
AR éclate de rire, et je fronce les sourcils.
Il n'y rien de drôle.
Une fois calmée elle nous fixe, une moue dédaigneuse au visage.
- Je savais que certaines d'entre vous copulaient avec les sauvages, mais de là à se comporter comme eux ce n'est pas croyable
- Pardon ?, demande Lau d'un ton hargneux, tandis que moi mon ventre se tord et ma gorge s'assèche.
Je suis plus que choquée par ses propos.
- Oh excuse-moi !, s'excuse alors Amber d'un ton sarcastique, une main au cœur. Elle lève les yeux au ciel avant de poursuivre, j'avais oublié que ce n'était pas ton truc ! Toi tu préfères quand c'est plus calme, et doux.
Lau ne répond rien, elle pince des lèvres mais l'expression sur son visage me rappelle celui qu'elle avait hier avant de sauter sur Gaia.
Dieu merci, la cloche sonne et met fin à l'échange. Je range rapidement mon bol dans le lave vaisselle et je sors à tout allure de la pièce.
Outre le fait que ma tête va comme exploser et que j'attends avec impatience que les effets de l'antidouleur agissent, toutes sortes de pensées m'assaillent. Comme par exemple : quelle sera notre punition ?
Parce que si je me rappelle bien, hier quand Elona nous a convoqués, elle nous a bien prévenus : si elle découvre que nous mentons, notre punition sera dix fois pire que les autres. Et malheureusement pour nous, il est clair qu'elle n'a pas crû un traite de mot de ce que les filles lui ont dit.
Voilà une pensée qui titille mon appréhension. Qu'est ce qui pourrait être pire que ce que nous avons fait jusque là ? Et sans oublier que moi j'aurais un double châtiment, à cause de mon altercation avec Ella.
De la supposée punition mon esprit dérive rapidement vers mes rêves. Ça ne devrait certainement pas m'inquiéter autant. Faire des rêves est tout ce qu'il y a de plus normal, mais le problème c'est qu'avant de venir ici, je ne dormais pas. J'étais comme dans une « transe », et quand je suis arrivée ici, je m'endormais comme par miracle, mais je ne faisais aucun rêve.
Je ne devrais pas être aussi perturbée mais je n'arrive pas à m'y résoudre. Le cauchemar que j'ai fait cette nuit était aussi effrayant que réaliste.
Rien que d'y penser j'en ai des frissons. Contrairement aux autres rêves que j'ai fait, je ne veux même pas chercher à savoir ce que celui-ci peut vouloir dire.
J'ai été enterrée vivante !
Je suis censé le prendre comment, compte tenu du fait que j'en ai fait de même ?
Soit, la fille était morte, mais je me sens aussi sale que si c'était moi qui l'avais décapitée.
Rien qu'en y songeant, j'ai la nausée qui me vient.
Je sens qu'il y a de gros problèmes en dessous tous ces mystères, et quelque chose me dit que je ne m'en sortirais pas indemne.
Quand j'arrive devant la porte de l'amphi, je suis incapable de rentrer à l'intérieur parce que je suis toute seule. Je ne me sens pas d'attaque d'affronter toute seule Elona.
Heureusement je suis rejointe quelques minutes plus tard par Lau. Cette dernière a les joues rouges, et le souffle irrégulier. Comme si elle avait couru ou était énervée. Cependant je ne me risque à poser la question et je me contente de lui sourire. Avant que je ne sorte de la salle à manger, AR et elle avaient l'air de commencer une dispute et au fond je ne suis pas sûre de vouloir savoir ce qui s'est passé.
- Ben tu ne rentres pas ?, me demande-t-elle après m'avoir rendu mon sourire. Je hausse nerveusement les épaules.
- J'étais toute seule...
- Oh, minaude-t-elle m'adressant une moue attendrissante. Elle passe un bras autour de mes épaules et son parfum m'enivre immédiatement. C'est doux et à la fois exotique. Très envoutant, et je l'hume longuement. Lau rigole.
- T'es en train de me renifler là ?
- Non, me défendis-je et elle rigole.
- Allez viens. Rentrons.
L'ambiance détendue qui flottait s'évanouit d'un coup. Réticente, j'acquiesce et la laisse entrer avant moi. Lorsque je pénètre dans l'amphi, ce que je vois me cloue sur place.
Adam et Elona sont arrêtés l'un en face de l'autre sur l'estrade, et ils discutent à voix basse. Ils tournent la tête vers nous dès notre entrée et Lau soupire. Moi ma gorge se serre.
Ils se désintéressent très vite de nous et continuent de parler.
Nous prenons nos places habituelles et restons debout, attendant les autres et l'ordre qu'Elona doit nous donner pour que l'on s'asseye.
Lau se tourne vers moi, les traits du visage crispés.
- Mais qu'est ce qu'il fait là ?, me demande-t-elle les dents les serrés. Je jette un coup d'œil à l'estrade puis me re-concentre.
- Je ne sais pas mais ce n'est sûrement pas pour l'inviter à prendre le thé.
- Tu penses qu'il lui dit qu'il nous vu ?, dit-Lau et les deux mentors se tournent vers nous comme s'ils avaient entendus.
Je fronce les sourcils et déglutis difficilement.
- Je ne vois pas pourquoi il ne le ferait pas, déclaré-je au moment même où son regard rencontre le mien.
Mais qu'est ce que tu fais là ?
Comme si il m'avait entendu, il m'adresse un sourire qui est, à mon avis ,carnassier.
- Je déteste ce mec, fait- Lau. Elle soupire et regarde ses pieds, il va tout gâcher, murmure-t-elle.
- On était déjà foutues, dis-je.
Lau redresse la tête. L'expression de son visage me fend immédiatement le cœur. La fausse attitude du « je vais bien », qu'elle avait adopté a disparu. Ses épaules sont affaissées, je remarque les cernes sous ses yeux. J'ai comme l'impression que l'éclat de ses derniers s'est terni.
Ses lèvres tremblent et elle se retourne vivement fixant droit devant elle.
- Ca va ? , lui demandé-je inquiète et elle hoche vivement la tête.
Je n'ai pas le temps de dire quoi que ce soit, que nous sommes interrompues par l'entrée des filles qui rient aux éclats.
Le trio d'AR se calme lorsqu'elles remarquent les mentors sur l'estrade. Elles prennent rapidement place, et elles sont suivies de Gaia, Joyce et Elana.
- Depuis quand il est là ? , me demande Joyce lorsqu'elle prend place près de moi.
- Je ne sais pas. Quand nous sommes rentrées il était déjà là.
Elle acquiesce à mes propos. Gaia qui est à ma droite souffle fortement.
- Déjà qu'elle avait du mal à nous croire hier, il va foutre en l'air tout le peu de crédibilité qui nous restait, annonce cette dernière.
- Si ça trouve ce n'est pas de nous qu'ils parlent, déclare alors Joyce d'un ton septique et elle fronce les sourcils avant de se tourner vers moi, et de toute façon pourquoi il dirait qu'ils nous a vu là bas ? Est ce qu'il y aurait une raison pour qu'il nous en veuille ?
- Tu t'adresses à qui particulièrement là ?, ne puis-je m'empêcher de demander.
Comment suis-je censée prendre ce genre de propos ? Surtout venant d'elle, je pensais qu'après les excuses qu'elle m'avait présentées dans la forêt, il n'y aurait plus ce genre d'insinuation entre nous. Particulièrement concernant Adam. Elle devrait le savoir : je ne le supporte pas et je n'ai aucun rapport avec lui.
Autant dire que je suis plutôt agacée.
- Je ne sais pas, peut-être à toi. Tu aimes tellement qu'on te remarque, rétorque-t-elle d'un ton narquois, légèrement venimeux.
J'ai l'impression qu'elle vient de me gifler. Je m'étouffe avec ma propre salive. Je suis plus que vexée.
- Wow, je ne savais que toi et moi on était à ce stade là de vacheries, débité-je la gorge sèche.
Je déteste les confrontations. Ça me met toujours dans tous mes états.
Joyce ne répond pas et plisse les yeux à mon égard. Je n'ajoute rien de plus et je me détourne fixant l'estrade. Néanmoins je sens le regard de Gaia sur moi, mais je n'en fais rien.
J'ai l'impression qu'à chaque fois que les choses ont l'air d'aller bien, il y a un évènement qui se passe à mon insu et chamboule tout. Parce-que, pas plus tard qu'hier, j'aurais parié que mes relations avec Joyce étaient revenues à la « normale ».
Enfin Adam s'en va et c'est comme si je pouvais respirer normalement. Je mes sens immédiatement soulagée. Elona se tourne vers nous et nous observe toutes, l'air impassible.
- Asseyez vous, ordonne-t-elle et nous nous exécutons.
Elle esquisse un mini sourire avant de commencer son cours
*******
De toute la journée, je n'ai pas réussi à suivre correctement les cours. Mon esprit jonglait entre Joyce, Adam, Elana, la fille dans la forêt et l'arbre qui parlait.
« Anthel », comme il avait dit s'appeler, ou du moins comme Joyce l'avait désigné. Je ne sais pas si j'ai compris ou pas, mais il est apparemment un « esprit ».
Un esprit, pas comme un fantôme, mais il a été victime d'une malédiction. Ce que je m'apprête à dire, va sûrement sembler être méchant mais je trouve que c'est une très bonne punition.
Cette histoire confirme ma pensée concernant les relations garous-joueuses. Cette espèce de « haine » qu'ils cultivent ne date pas d'aujourd'hui. Anthel détestait les joueuses.
Même s'il ne l'a pas dit, j'ai une intuition qui me dit qu'il voulait faire disparaître « la race ».
Quoi qu'il en soit, penser à Anthel m'a permis de remarquer l'absence d'Ella, au déjeuner. Je ne sais pas si elle en a été interdite ou quelque chose comme ça après ce qui s'est passé il y a deux jours. Ce qui est sûr c'est que ça m'a fait le plus grand bien du monde de ne pas la voir.
J'ai vraiment hâte d'être dans deux semaines. Je rentrerais chez moi pour les vacances de Noel.
- Gillian c'est l'heure, m'interpelle la voix de Lau derrière ma porte.
Si Elona n'a fait aucune référence à notre « sentence », c'est Rochelle qui nous a informés à la fin de son cours que cette dernière souhaitait nous voir en début d'après-midi, après notre service au réfectoire.
C'est avec une boule d'appréhension que je sors de ma chambre. Gaia, Lau et Joyce m'attendent dans le couloir.
- Il faut qu'on se mette d'accord avant d'y aller, chuchote Lau et je remarque que nous sommes devant le porte de Elana.
- Quelle que soit la punition que nous allons avoir, on ne dit rien, murmure à son tour Joyce.
Je retiens alors un rire ironique. Si on n'a pas été capable de dire la vérité quand elle nous l'a « ordonné », ce n'est certainement pas maintenant que nous allons le faire.
- Ça doit rester entre nous. Notre petit secret, déclare Joyce et je déglutis avec difficulté.
« notre petit secret » ?
- Tu rigoles j'espère. On a enterré quelqu'un nom d'un chien ! Pas une poupée ! , réplique vivement Gaia et je suis tout aussi outrée qu'elle.
- Tu veux que je te donne un haut parleur peut être, siffle Joyce à son encontre et plissant des yeux, tandis que Lau la lorgne d'un mauvais œil.
Je ne peux qu'intervenir.
- Mais Gaia a raison. Vous en parlez comme si ce n'était rien.
Joyce ne réplique pas et soupire profondément alors que Lau rougit violemment jusqu'à la racine de ses cheveux.
Elle m'a tout bonnement l'air furieuse, cependant ce qui est dit est dit.
Ça me démangeait trop.
- Mais quoi qu'il arrive on la ferme toutes, déclare alors fermement Gaia et je la regarde surprise par ce revirement de situation.
Néanmoins nous acquiesçons toutes.
- Allos y, soupire Lau et nous sortons du couloir.
Pendant notre chemin jusqu'au bureau de notre mentor la tension est palpable entre nous. J'ai la gorge sèche, le ventre noué et je me sens très mal.
Je suis cependant d'une part, très intriguée par le changement de camp de Gaia. Qu'est ce qui s'est passé entre hier et aujourd'hui, à part son affrontement avec Lau ?
Ça lui aurait fait aussi peur que ça ?
Quoi qu'il en soit je suis obligée de mettre tout ça dans un côté de ma tête parce que nous sommes arrivées devant le bureau de Elona.
Nous nous fixons toutes, comme la première fois où nous avons été convoquées ici. D'une main légèrement tremblante c'est Joyce qui toque, en soupirant légèrement.
Le « entrez » qui résonne de l'autre côté ne me dit rien de bon. Froid et impersonnel.
Le nœud dans mon estomac se resserre alors que Joyce ouvre la porte et que nous la suivons.
Comme si je revoyais un mauvais film ou que je me repassais une mauvaise scène dans la tête, c'est avec désagrément que je remarque tout de suite Adam presque vautré sur sa chaise.
- Restez debout ce ne sera pas long, me ramène la voix d'Elona à l'instant présent. Je me focalise sur elle, même si je me demande vraiment ce que fait Adam ici.
Elona croise les bras sur son bureau et se penche vers nous.
- Hier, à la même heure je vous ai fait venir ici et la seule chose que j'ai demandé de votre part c'était de me dire la vérité, commence-t-elle avec une moue faussement attristé.
Elle se redresse sur sa chaise et la moue se transforme en sourire en coin.
- Mais il se trouve que vous avez jugé bon de ne pas le faire et sachez mesdemoiselles que vous allez être sévèrement punies.
Cette fois ci elle sourit franchement.
- Comme je l'ai déjà dit à Amber-Rose, j'ai pour ambition d'avoir l'honneur d'être élue comme reine par les créateurs, déclare Elona et un toussotement résonne.
Eberluée je regarde Adam, car c'est de lui que ça venait, cependant notre mentor passe outre et ne daigne même pas lui accorder un regard. Elle poursuit :
- Et pour cela il me faut un parcours irréprochable. La seule chose dont je n'ai pas besoin se sont des indisciplinées de surcroît des menteuses. Autant vous dire jeunes filles que le mensonge et la désobéissance sont des faits très mal vus dans notre société. Lorsque l'on ment c'est que l'on dissimule une vérité bien vilaine. Qu'avez-vous fait de si grave pour ne pas me le dire ?
Aucune de nous ne répond.
Dans un soupir notre mentor se penche en dessous de son bureau et pose un gros sac noir. Elle se lève et en sort nos gilets sales, recouverts de cendres et de poussières.
Les battements de mon cœur s'accélèrent.
Elle nous fixe alors sévèrement, et malgré mes 1m75, son regard hautain me fait sentir minuscule.
Je regarde rapidement les filles me demandant où ce qu'elle a pu les avoir.
- Je ne sais pas ce que vous avez fait cette nuit et où vous étiez , mais vous allez en subir les conséquences.
A cet instant malgré le fait qu'elle dise ne rien savoir, lorsque mon regard rencontre celui d'Elona, j'ai l'impression qu'elle sait tout.
- Prend les, m'ordonne-t-elle et toute molle je m'exécute.
- Comme vous le savez dans deux semaines vous rentrerez chez vous pour les fêtes de fin d'année comme l'appelle l'autre peuple, commence-t-elle en se rasseyant et je coupe ma respiration tant la voix qu'elle prend ne me rassure pas. Elle poursuit, vous les passerez ici.
Je n'arrive pas à assimiler tout de suite ce qu'elle dit. Au moins trente secondes s'écoulent avant que l'information ne percute mon cerveau.
- Vous êtes entrain de dire qu'on va rester là ? , demande d'une voix chevrotante Joyce et j'ai les larmes qui me montent instantanément aux yeux.
- J'en ai bien peur.
- Et nos parents, ils viendront ?, demande Lau d'une petite voix et ma gorge se noue.
- Non.
Ce mot m'achève aussitôt. Des images de ma mère bouleversante, à mon départ et de mon père triste et fatigué me recommandant :
« Fais attention, prend soin de toi, suis les règles qui te seront dictées Gillian. »
Suis les règles qui te seront dictées Gillian
Suis les règles qui te seront dictées Gillian
- Non s'il vous plait pas ça, implore l'un de nous. Ça pourrait être moi, Lau, Joyce ou Gaia, je ne saurais le dire.
- Je vous avais prévenus. Mais il n'est pas trop tard. Si d'ici là vous me dîtes réellement ce qu'il en est la sanction sera levez.
Suis les règles qui te seront dictées Gillian
Il me brûle des lèvres de tout dire, tout raconter tant l'image larmoyante de ma mère danse dans mon esprit. Cependant tout comme dans la forêt, l'oppression revient et je me sens écrasée dans mon propre corps.
Non Gillian, il le faut
Va t'en .
- Et qu'est ce que vous allez dire à nos parents ? , je demande des tramelots dans la voix sans oser regarder Elona.
- La vérité. Que vous n'avez pas respectées les règles et voilà où vous en êtes.
- Vous n'avez pas le droit de nous empêcher de voir nos familles, dit Gaia d'un ton las qui me dérange. Comme si elle se sentait obligée d'intervenir. Il n'y a pas une once de peine dans sa voix.
- Non bien sûr que non. Mais ces vacances ne sont pas à titre officielles dans notre programme, donc vous pouvez le voir comme un loisir. Hors j'ai le droit de vous interdire ces loisirs.
J'en reste estomaquée et lorsqu'elle nous donne congé je suis les autres totalement abasourdie.
TUJb-
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