Chapitre 27
« Faites attention aux gens à qui vous vous confier. La plus part sont juste curieux », Auteur inconnu
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Je me hâte de rentrer au QG après cette étrange « altercation » avec AR. Alors que je file sous la douche, je ne peux m'empêcher de songer à notre discussion mais surtout à l'attitude de cette dernière. Une voix dans ma tête me dit que je ne devrai pas penser ça, mais seul le visage de ma camarade peint d'un air supérieur et victorieux de je ne sais quoi, me vient à l'esprit.
C'est sûrement ridicule de m'attarder sur ce genre de détails, mais c'est plus fort que moi.
Quand elle m'a demandé si je venais de la forêt, je lui ai répondu non. Elle a comme alors tilter et n'a pas répondu. Maintenant, avec le recul, je me demande si elle m'a vraiment crû.
De mon côté, je suis bien curieuse de savoir ce qu'elle est allée faire là-bas et de surcroît avec un livre.
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Ce matin, à mon réveil, lorsque je vais à la cuisine, j'y trouve Lau qui a déjà tout mis en place. Cette dernière sur la table, la tête entre les bras a l'air de dormir.
- Lau, dis-je doucement en m'approchant d'elle. Mon amie renifle avant de se redresser. Ses yeux sont aussi rouges que son gilet et les traits de son visage sont grossièrement ressortis.
- Qu'est ce qu'il y a ?, lui demandé-je avant de m'assoir à ses côtés. Ne sachant pas trop quoi faire, je passe ma main sur son dos en un geste réconfortant, mais Lau se tend avant de se dégager de mon toucher. Je dois avoir l'air surprise car cette dernière se mord la lèvre avant de baisser les yeux.
- Désolé c'est juste que..., commence-t-elle d'une voix enrouée mais ne termine pas sa phrase. Elle inspire profondément avant de passer une main sur son visage.
- Je suis dans une mauvaise passe, finit-elle par dire. Je fais une petite moue ne saisissant pas vraiment le terme « mauvaise passe ». Toutefois je me garde bien de le lui dire.
- Ma famille me manque, souffle-t-elle avant de se redresser. Elle sort de la pièce sans rien me dire de plus.
Je ne sais pas trop comment réagir et en même temps , je ne peux m'empêcher de me sentir un tantinet honteuse. J'ai l'impression que ça fait une éternité que je n'ai pas pensé à mes parents, à chez moi. Il y a comme un retour à la réalité dans mon esprit : c'est bientôt Noël, nous allons rentrez chez nous et fêter avec nos familles.
Je me sens tout à coup surexcitée et plus troublée par le comportement de Lau. C'est normal qu'elle « craque », mais pas maintenant. Dans quelques jours ce sera finit.
Ecoute.
- Bonjour, dit Joyce faisant irruption dans la pièce accompagnée de Gaia. Je les remercie silencieusement de couper court à mes pensées, ainsi qu'à la voix.
Parfois j'ai comme la certitude, que cette voix intervient lorsque je suis en pleine réflexion sur un problème ou un sujet. Chercherait-elle à me dire quelque chose ? Me donner son avis ? M'aider ?
Et le plus frustrant dans tout ça, c'est que pour le moment je ne peux pas en savoir plus sur elle, car il m'est impossible d'en parler. La dernière fois que je l'ai fais c'était avec Gabin et c'est partit un peu en live. De ce que j'ai pu lire là-dessus j'ai pu en conclure que cette voix qui me parle est très probablement un esprit et cet esprit est l'âme d'une personne morte.
Mais ce n'est pas mon jeu, j'en suis sûre et certaine.
Il y a autre chose derrière. Quoi ? Je ne sais pas, cependant je le sens.
- Bonjour, leur réponde-je.
- Wow, tu transpires la joie dis donc !
- Merci
Joyce hausse un sourcil à ma réponse et Gaia fait un grand sourire. Alors qu'elles s'installent, nous sommes vite rejointes par le trio. Cependant ni Elana et ni Lau ne font apparition.
Nous mangeons tranquillement et personne n'évoque la soirée de la veille, pourtant nous savons que le bilan de celle-ci avec Elona nous attend.
Rien qu'en y songeant j'en ai l'estomac qui se tord d'appréhension.
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C'est un silence lourd et une tension palpable qui nous accueillent lorsque nous franchissons le seuil de l'amphi. En effet nos trois éducateurs sont sur l'estrade, se tenant droites, des expressions impassible aux visages. A cela vient s'ajouter le stress qui n'a fait que monter en moi tandis que l'on venait. Nous ne nous sommes pas adressé la parole une seule fois durant le trajet et chaque claquement du talon d'AR au sol m'a fait grincer des dents.
Nous nous dirigeons vers nos places, attendant qu'Elona nous permettent de nous assoir.
Elle nous fixe sans sourciller. Sur son visage, toute trace de douceur a disparu. Ses cheveux noirs coupés courts, son tailleur gris qui définit sa silhouette ainsi que son rouge à lèvres vif me renvoient un frisson dans le corps.
Elle a quelque chose de sombre qui me saute aux yeux, comme si c'était la première fois que je la voyais .
- Vous êtes vraiment des terriennes, commence notre mentor. Elle fait un pas en avant et je crois que s'il n'y avait pas de sièges derrière moi je reculerais. Elle sourit faiblement et secoue lentement la tête de haut en bas avant de continuer , je ne vais pas vous dire pourquoi nous sommes là. Le règlement voudrait que ce bilan soit objectif et que je puisse vous parler de vos capacités à vous intégrer dans la sphère sociale de Dom. Mais le problème c'est que vous n'en avez aucune, même pas la moyenne ! C'est nul !
Mon souffle se coupe dans ma gorge quand elle me regarde précisément puis derrière moi et je sais que c'est AR qu'elle fixe. Elle reste d'ailleurs concentrée sur celle-ci et je respire.
- Commençons par le début. Amber-Rose ma chérie, entame-t-elle d'un ton des plus sarcastiques, peux tu me rappeler je te prie les valeurs des joueuses ?
- L'honnêteté, répond cette dernière sur un ton cassant.
- Il n'y a pas que ça, rétorque Elona avec la même intonation.
Il y a un soupir qui retentit et je me demande sérieusement si c'est AR qui a osé le faire.
- C'est tout ce qui me vient à l'esprit.
Elona ne dit rien et lui adresse un sourire carnassier qui n'a rien d'enjôleur, avant de regarder notre groupe puis précisément moi.
Oh seigneur !
- Et toi Gillian ? Après 3 mois de cours sur le social et l'histoire de Dom, est ce que je peux compter sur toi pour me rappeler nos valeurs en tant que joueuses ?
- Le respect envers autrui quelque soit son espèce, dis-je machinalement et elle acquiesce.
Elle ne sourit plus.
- Mais encore ?
Mon cerveau cogite dans mon crâne et j'ai une grande envie de fixer mes chaussures. Je me sens très bête d'un coup.
- Hum, la maîtrise de soi ?
- Merci Gillian
Elle fixe de nouveau AR en plissant les yeux.
- Là, tu vois déjà ça ne va pas. Ce que nous essayons de faire ne peut pas marcher si toi-même tu ne connais pas les bases.
- L'honnêteté est une valeur Domienne.
- Les valeurs de ton espèce passent avant tout !
Le regard de notre mentor change alors du tout au tout et devient un brin haineux.
J'ai du mal à déglutir.
- Tu as commis une énorme erreur en répondant aux menaces d'Ella Garou. Mais si je me rappelle bien, je suis quasiment sûre que lors de son premier cours Mau vous avait mises en garde à propos de ça.
Elle se tait puis élève tout d'un coup la voix, et nous sursautons :
- Je me trompe ? Non, bien sûr que non !
Elle pointe furieusement AR du doigt et déclare froidement.
- Pourquoi tu l'as fait alors ?
- Elle nous a insultés
- Et alors ?
- Je nous ai défendues.
- Tu n'a rien fais d'autre que nous vulnérabiliser et nous ridiculiser. Dois-je te rappeler qui je suis ? Je fais partie du conseil des sages. Tu as peut être devant toi la future reine de Dom et je n'y arriverai pas si à cause d'indisciplinées de ton genre je n'arrive pas à faire mon devoir.
Je ne sais pas quel est le ressenti d'AR en ce moment, mais moi je suis très mal à l'aise. D'un bilan que nous étions censées faire nous sommes passées à son jugement, et qui à mon avis est injuste.
- Tu t'es d'abord disputée avec Ella Garou, puis avec la princesse. Tu as failli en venir aux mains. Ton comportement est très grave. Et le plus accablant c'est qu'aucune de vous n'est intervenue !
Je ne sais que répondre face à tout ça. C'est ... lamentable.
- Il est inutile de vous dire que vous êtes toutes punies.
Nous soupirons toutes en même temps. Moi, plus par lassitude que par dépit. C'est toujours pareil. L'une de nous fait une bêtise et nous sommes toutes punies, sans pouvoir même nous justifier.
- A la fin de la semaine votre corvée de nettoyage du terrain de sport allait se terminer, mais elle est remplacée dès ce soir au réfectoire commun. C'est vous qui allez assurer le service jusqu'à nouvel ordre.
Oh mon dieu...
- Et quant à toi AR, tu es retirée du groupe de pratique de Mau. Puisque Gillian et toi avez l'air de bien vous entendre, tu vas retourner au premier stade et réapprendre nos règles de vie. Un peu de lecture ne te fera pas de mal. Et cette décision s'applique dès demain.
Elona se détourne de nous et va vers son bureau. Rochelle qui jusque-là n'avait pas pipé mot déclare :
- Vous êtes libérées pour la journée.
Je soupire de soulagement et nous nous apprêtons à sortir lorsqu'AR parle.
- Alors c'est ça ? Vous allez nous punir comme ça sans chercher à savoir ce qui c'est passé ?!
Nous nous retournons toutes, effarées, vers elle. Les traits de son visage son crispés et à mon avis elle est rouge de fureur.
- Nous savons ce qui c'est passé Amber-Rose, lui répond Mau tandis qu'Elona nous ignore totalement et sort par la porte qui conduit à l'amphi général.
Adam et Rochelle nous ont racontés, continue celle-ci .
- Et pourquoi pas moi ? Pourquoi vous ne voulez pas m'entendre ? Pourquoi ils ne seront punis alors que nous si ?!
- Eux ce sont des garous, ce n'est pas pareil, rétorque Rochelle.
AR plisse des yeux.
- Et alors ? Je m'en fous ! Vous n'arrêtez pas de crier à l'égalité, à la tolérance et à la justice de ce monde ! Mais vous faîtes tout le contraire. Depuis notre arrivée on est victimes de discrimination, d'injures, on est mises à part ! Et vous voulez qu'on encaisse sans rien dire ?
Elle secoue la tête.
- Je suis désolée mais non, poursuit AR. On n'est pas des robots à qui vous donnez des ordres sans explications et que vous punissez au moindre dysfonctionnement et ensuite que vous jetez à la nature.
- Pourquoi tu t'enflammes comme ça ?, demande Joyce à la grande surprise de tout le monde.
Je suis d'autant plus étonnée par son ton : il n'est ni agressif et encore moins ironique.
- Mais parce qu'ils mentent tous ! il n'y a personne d'honnête dans cette pièce putain ! Et les plus grandes menteuses sont elles, (elle désigne Mau et Rochelle), et elles ! , finit elle en désignant Elana et moi avec.
Quoi ?
Les autres nous observent, intriguées, cependant moi je suis perdue.
Pourquoi AR m'accuse-t-elle de mentir ?
Ecoute.
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