Chapitre 15: Des souvenirs étouffants

Je suis sortie de la salle de musique après avoir travaillé avec Shérine et Charline. J'ai rejoint Ambre dans la cour. Elle au moins était heureuse de me voir revenir d'Italie.

—Garance ! Hurla-t-elle à l'autre bout de la cour, provocant l'hilarité des plus jeunes, et les regards en coin des surveillants. 

Il faut avouer que l'on en a fait des gentilles bêtises dans ce collège Nantais. Des couloirs où Mathias et Simon faisaient des saltos en passant par la cour où l'on montait sur les bancs pour saluer les passant de la rue d'en fasse jusqu'à la cantine où l'on jouait à « tu ries, tu perds » ou plutôt « tu ries, on te mouille ». Je me souviens avoir explosé de rire à la pire blague d'Ambre. Elle m'a jeté le fond de son verre sur la tête et j'ai fait la même chose. 

—Mauvaise joueuse ! M'avait-elle dit en me montrant le pichet du regard. 

Comment avait fini cette histoire ? Les pointes de mes cheveux étaient trempées et le pichet avait perdu la moitié de l'eau qu'il contenait mais au fond peu importe. Ce sont ces moments qui restent dans nos mémoires. Les garçons au bout de la cantine qui nous jugeaient dépités et la table de 6ème d'à côté qui nous regardait sous le choc. Quand les années passeront, ce sont ces bêtises qui reviendront en mémoires lorsque l'on reverra les photos de classe. 

Revoir Elza qui dansait au fond de la salle d'espagnol, Mathias qui se croyait dans un cirque, Hugo qui pensait qu'en coupant l'encre de ses fournitures, allait les réparer, Nicolas qui gardait toujours son sac sur ses genoux, Camille qui motivait la classe en sport, Zoé qui était toujours en train de manger en cours de langue et enfin Simon qui hurlait à qui veut l'entendre qu'il était le meilleur en Français. 

Peut-être qu'ils disaient tous que notre classe était un vrai capharnaüm et que ce n'était pas avec de tel comportement que l'on allait réussir dans le monde du travail mais au fond nous étions que des ados qui ne connaissaient pas les enjeux du monde adultes et aujourd'hui, tout le monde est reparti de son côté. Verra bien qui réussira ou non dans le monde de demain mais en attendant une chose est sure, les murs d'Aragon se souviendront toujours de ces 2007 qui pensaient tout savoir même si chacun a tracé sa propre route en gardant ces souvenirs qui ont pu se montrer toxique pour notre scolarité. Peu importe ce qu'ils pourront dire, le collège doit être bien vide maintenant que l'on est tous parties. 

Ambre m'a sauté dans les bras. Nous avons passé la recréation à discuter de tout et de rien. Je suis ensuite allée en classe et la journée à suivie son cours. 

Le lendemain matin, ma mère m'a déposé à dix heures devant le collège. Sous l'arrêt de bus aménagé étaient assises Noémie et Syenna. Je suis passée devant à côté d'elles pour rejoindre Ambre et quand j'y repense, j'ai bien fait de ne pas leur dire bonjour.

Nous sommes tous entrés et la récréation venait à peine de commencer. Ambre et moi nous sommes assises mais elle est rapidement partie pour faire signer un mot d'absence à la vie scolaire. Je ne suis pas resté seule longtemps parce que Shérine est arrivée. 

—Salut Garance !
—Salut Shérine ! Comment tu vas ? 
—Très bien et toi ? 

J'ai acquiescé de la tête. Son visage a rapidement viré au blanc. 

—J'ai quelque chose sur le visage ? M'a-t-elle demandé. 
—Non. 
—Alors je suis mal habillée peut-être ? 
—Non pourquoi ? Au contraire. 

Shérine portait un pantalon noir en cuir assortie à une veste de la même matière ainsi qu'un top violet pale. Personnellement j'aimais beaucoup son style. 

—Alors pourquoi nous regardent-elles en rigolant ? 

Elle m'a montré d'un mouvement de tête Capucine, Noémie et Syenna en train de nous regarder en rigolant. Vu la façon dont elles étaient penchées pour nous regarder elles étaient à deux doigts de tomber. 

Ça m'étonnerait qu'elles rigolent de Shérine mais ce seraient-elles réellement abaissées à rigoler de moi ? Malheureusement encore une fois, la réponse est oui. 

Quand je suis rentrée chez moi le soir même, ma mère m'a directement interpellé. 

—Garance, tout va bien avec Noémie ? 

Ma mère et celle de Noémie se connaissaient depuis très longtemps puisqu'elles venaient du même quartier, tout comme nos grands-mères maternelles qui se connaissaient également. On peut dire que le monde est petit.

—Pourquoi ? 

Je ne voulais pas mentir en disant que tout allait bien alors qu'au fond de moi, je savais que les choses n'allaient pas. Que je faisais semblant que tout allait bien, parce que je ne savais pas ce qui n'allait pas. 

Combien de temps allais-je faire comme si tout ce qui avait lieu me passait au-dessus, que ça ne m'atteignait pas ? 

Tout était divulgué aux élèves du collège sans que je ne sache moi-même ce qui était dit sur moi et pire encore, ce qui était dit à des personnes qui ne me connaissaient potentiellement pas et qui ne pouvait même pas s'en faire leurs propres avis. 

—Quand je t'ai déposé devant le collège ce matin, c'était bien Noémie qui était assise à l'arrêt de bus ? 
—Elle était avec son amie Syenna. Ai-je acquiescé de la tête.
—Quand tu es passée elles-t-ont regardé en pouffant de rire et quand tu es arrivée à côté de ton amie Ambre, elles étaient debout sur le banc de l'arrêt et essayaient de te regarder à travers les buissons, puis elles se regardaient entre elles et rigolaient ensemble. 
—Hum... 

Mon regard a voyagé à des années-lumière de notre cuisine. D'abord Shérine et maintenant ma mère. Pourquoi il n'y a que moi qui n'arrive pas à accepter le fait qu'elle ne m'aime pas ? Pourquoi je n'arrive pas à enlever se voile noir de devant mes yeux ? Il tombera bien plus vite que je ne le pensais mais avant, il fallait des explications à ma mère. 

Une fois l'histoire raconté, elle semble sous le choc... La gentille Noémie cache en fait un visage sombre. De mon côté, j'étais soulagée. Comme si un poids venait de s'enlever de mes épaules, même s'il était très léger.

—Tu devrais peut-être en parler à ta professeure principale. M'a-t-elle dit. Ils ont une méthode spéciale pour le harcèlement scolaire.
— Harcèlement ?!

J'étais sans voix. Ce mot parait si fort que ça n'a jamais traversé mon esprit et quand on nous dit que l'on est en train de le vivre, ça peut nous étouffer. Pour être honnête, est-ce que je n'étais pas déjà étouffée sans le savoir ? 

—Une moquerie, un jugement ou une insulte répétée quotidiennement pour dévaloriser un camarade est désignée de harcèlement scolaire. Tu devrais essayer d'en parler avec ta professeure. 

Remettre cette histoire entre les mains des adultes, était-ce mieux ? Ou au contraire je m'en mordrais les doigts ? verra bien...

coeur sur vous <3

Rose 🥀

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