~~ Chapitre Trente-Six~~
Coucou ! Me revoici ! ;) Je dédicace ce chapitre à une sympathique lectrice qui s'est manifestée récemment par mp ;) <3
Refermant la porte de sa chambre et la plongeant une nouvelle fois dans une quasi obscurité, le jeune homme s'y adossa. Le calme qui régnait dans la maison était déjà étrange, sans les émissions télévisées de Carlos et le bruit de casseroles de Rosalie mais celui qui régnait dans sa tête lui était effrayant. C'était le calme d'après tempête. Celui qui vous annonçait le décompte et la réalisation de l'ampleur des dégâts. Et depuis hier, il y en avait eu. Julianne avait tout fait volé en éclats. Brisant toute la quiétude et les efforts du moment. Et lui, il avait tout détruit comme à chaque fois. Ne contrôlant pas ses mots, voulant sauver son cœur et sa fierté.
Mais qu'est-ce qu'une fierté, lorsqu'on n'était même plus capable de se regarder dans un miroir ? Qu'est-ce que le regard des autres sur nous lorsque nous nous donnions nous-mêmes envie de vomir ?
Parce que c'était bien ce que Célia lui avait donné envie de faire. Et comme chaque claque reçu dans sa vie, celle-ci aussi il n'était pas prêt de l'oublier de sitôt. Ou peut-être ne l'oublierait-il jamais ...
Six heures plus tôt.
Le jeune homme débarqua en trombe devant la demeure de Célia et découvrit avec une joie perverse non dissimulée la Jeep de Jordan garée à l'entrée.
Il allait sonner lorsque son ancien coéquipier en sortit ou plutôt en ressortit vu que la portière de la voiture était ouverte. Malgré la surprise de voir un Isaac après si longtemps et surtout de le voir devant chez lui, il lui offrit tout de même un sourire amical qui illumina ses traits. Il paraissait sincèrement heureux de le voir.
« - Isaac ! Alors là pour le coup c'est une belle surprise,de si bon matin ! S'exclama-t-il en lui tendant la main
- C'est vrai. Désolé de débarquer comme ça, Jordan, mais je dois parler à Célia, c'est urgent
- Urgent ? Questionna-t-il, l'air de réfléchir. Urgent comme Julianne Davis ? Tu sais que c'est en partie pour elle que nous sommes remontés de Nice
- Je ne le savais pas.
- Célia a refusé de m'expliquer ce qu'elle a fait, me promettant qu'elle le le ferait plus tard, après avoir parlé à sa meilleure amie. Entre, je vais l'appeler. »
Il avait décliné son offre d'un sourire, lui assurant que ça ne le dérangeait pas de l'attendre à l'extérieur. La concernée sortit rapidement et prit bien soin de refermer la porte derrière elle. Et au regard qu'elle relança à la porte tout en avançant vers le brun, il en déduisit qu'elle avait prié son fiancé de la laisser seul avec lui.
En effaçant l'espace entre eux, elle prit soin de calculer son expression, ne voulant absolument pas lui laisser comprendre qu'elle avait une quelconque peur face à lui.
Courage vain.
« - En quel honneur ? Lâcha-t-elle. »
Elle n'allait pas faire long feu, face à lui.
« - En l'honneur de la découverte de tes sales manigances ! »
Ses yeux s'écarquillèrent de stupeur et sa bouche s'entrouvrit. Julianne était au moins plus maligne que cette blonde écervelée.
Quand est-ce que tu l'as appris ? Demanda-t-elle, le choc marquant toujours ses traits.
Hier soir, fit-il pour l'aider à comprendre. »
Et les rouages se mirent en place d'eux-mêmes, comme il l'avait souhaité. Il put lire tout le cheminement de ses pensées et voir toutes les connexions qui se reliaient entre elles pour qu'elle puisse arriver à la bonne conclusion. Ses yeux agrandirent d'effroi et le choc s'accentua.
« - Julianne ne répond pas depuis hier ... murmura-t-elle pour elle, ses yeux valsant de gauche à droite.
- Bien vu, blondie. C'est moi qui ai décroché ton appel hier à 23h00. »
Et assister à ce spectacle valut tout l'or du monde. Il avait toujours su que cette fille n'était pas faite pour traîner avec Julianne, l'entraînant dans des délires pas possible. Elle avait livré sa propre meilleure amie au méchant loup qu'il était. Alors pour bien l'enfoncer dans la boue dans laquelle elle était déjà prise au piège, il décida de lui révéler seulement une partie des faits d'hier soir.
« - C'est toi qui m'a appris toute l'histoire. Mon hackeur nem'avait pas encore contacté que tu t'empressais déjà de le faire,me dévoilant toute vôtre bêtise d'une traite. »
Cette annonce eut l'effet d'une gifle. Il le vit clairement sur son visage, en plus de voir ses yeux briller. Elle savait qu'elle avait livré sa propre meilleur amie.
« -Dis-moi plutôt ce que tu faisais avec le téléphone de Juli sur toi, sale monstre ! Cracha-t-elle, devenant tout à coup hargneuse.
- Tu auras tout le temps de lui demander ce qu'elle faisait chez moi. Je suis venu ici pour avoir des réponses, par pour répondre à tes putains de questions. »
Elle se mit à rire, à moitié abrutie par son geste et par le comportement de son interlocuteur, aussi abruti qu'elle.
« - Des réponses ?! Tu es venu ici pour des réponses ?Non mais tu t'entends ?!
- Et toi est-ce que tu te trouves intéressante, maligne ? A quelques mois de ton mariage avec Jordan, tu as trouvé ça intelligent de plonger Julianne dans tes jeux de gamine ?! J'ai toujours su que tu étais une mauvaise fréquentation pour elle, j'espère qu'elle s'en rendra rapidement compte et ton gars avec.
-Laisse Jordan en dehors de ça, fulmina-t-elle, touchée.
- Pour le moment, mais je suis sûr qu'il attend impatiemment de savoir la raison qui vous a obligés de revenir aussi rapidement à Paris. Il sera ravi de savoir que tu parles à ses potes pour comploter avec eux, sans qu'il n'en ait jamais eu vent. Tu auras l'air archi mâture, cela va sans dire, Célia. »
Elle serra les poings, il pouvait sentir la colère qui émanait d'elle. Et elle aurait pu se jeter sur lui et se déchaîner comme une furie mais elle n'en fit rien et garda ses distances, préparant son venin à cracher.
«- Cette partie ne concerne que Jordan et moi, tu n'as pas à fourrer tes sales pattes dedans ! »
Un sourire mauvais étira ses lèvres. Elle était décidément très bien placée pour dire ce genre de choses, elle. La bonne blague !
« - Evidemment, je vous laisserai régler ça entre vous, petit couple communicatif que vous êtes, lança-t-il narquois. Et peut-être même qu'il est déjà au courant vu notre débit d'échanges.
Si c'était le cas, il t'aurait déjà épinglé pour m'avoir traité de « blondie », enfoiré ! »
Elle n'eut droit qu'à un rictus. Comme s'il craignait Jordan. A part Rosalie, aucune personne sur Terre ne pouvait lui faire peur.
« - Ca m'étonne que tu cherches des réponses, alors qu'elles devant tes yeux depuis longtemps, Isaac. Et tu te plains de ce qu'on t'a fait, nous traitant de tous les noms, alors que comparé à tout ce que tu as fait dans le passé et ce que tu continues à faire encore comme le sale abruti que tu es, notre petite vengeance était ridicule et tu méritais bien pire. »
Un culot de lionne. Il croyait entendre Julianne parler...
« - Je me suis peut-être comporté comme un connard mais je n'ai pas joué avec votre réputation. J'ai toujours gardé cette histoire entre nous quatre. Personne d'autre ne l'a jamais soupçonné.
Et tu crois que ça nous a plu ? Tu crois que ça enchantait Juli ?! Elle aurait voulu vivre cette histoire au grand jour plutôt que d'être ton secret lourd à porter, fit-elle avec dégoût. Alors, je me suis dit que si elle avait dû la vivre en secret, toi, fit-elle en le désignant du doigt, tu méritais de vivre ça au grand jour.
- Tu me dégoûtes. »
Sa colère n'était plus portée sur Julianne depuis qu'elle avait quitté sa maison, il l'avait automatiquement dirigée vers la blonde. Et là, il comptait bien cracher son venin.
« - C'est réciproque, arqua-t-elle. Tu méritais qu'on rie de toi de la sorte, et surtout qu'on en rie devant toi. Julianne m'avait parlée de ton amour du contrôle et de la soumission des autres.C'était ce que tu es revenu chercher n'est-ce pas ? Tu te fichais royalement de la manière dont votre histoire s'était finie,du mal que tu lui as fait... Tu étais seulement obsédé par ton jouet. Et ça, ça m'a tellement dégoûtée que je me suis dit que Julianne devait prendre le dessus et t'atteindre là où tu t'y attendrais le moins mais où on t'énerverait le plus. »
Quand bien même ces mots le dérangeaient parce qu'en partie insultants de vérité, une autre vérité voyait le jour. Chacune des deux amies était prête à tout pour prendre sur elle afin de dédouaner l'autre. Se proclamer cerveau de l'équipe pour déresponsabiliser le complice. S'il n'avait été que le spectateur et non la victime, il aurait pu leur dire qu'elles faisaient preuve d'une loyauté admirable. Mais il n'était pas là pour ça, alors,il poussa l'humiliation plus loin.
«- Une vraie meilleure amie serait venue me voir, à l'époque du lycée. Une vraie meilleure amie aurait tentée d'empêcher sa copine de fréquenter un gars comme moi. Il ne me semble pas que tu l'aies fait. Une sœur serait venue me gifler. Elle m'aurait insulté,frappé jusqu'à ce que je vienne demander pardon à Julianne, à genoux s'il le fallait. Tu n'es pas venue. Tu sais que ton passé brille par ton absence et tu as voulu te rattraper par ton idée de génie en entraînant Julianne dans tes bêtises. »
Un silence épais suivit ses paroles d'enfoiré. Il savait qu'il était immonde. Elle fut sur le point de parler, ouvrit la bouche et la referma rapidement avant de se mordre la lèvre inférieure.
« - Tu es un tel connard, Isaac. J'espère qu'un jour, une fille te fera tellement de mal que tu ressentiras ce que Julianne a bien pu ressentir avec toi. »
Ces mots le firent trembler. Et malgré la colère qui l'animait,ils trouvèrent le chemin de son cœur pour s'y graver.
« - Et en même temps tu as tellement raison, fit-elle en baissant la tête, coupable. Je n'ai jamais eu l'occasion de te parler de ça, alors que j'aurais dû venir te voir, tout en soutenant Julianne. Mais tu es parti et je travaillais à Dublin moi aussi. Mais tu sais, j'ai toujours imaginé ce jour où je te dirais tes quatre vérités et je te cracherais ma haine au visage. Une haine encore plus forte que celle que Julianne te porte. Tu sais pourquoi elle l'est ? Parce que je la dirige contre toi etcontre moi.
Fallait venir plus tôt, on en aurait parlé autour d'un café, ironisa-t-il, gardant son masque d'enfoiré. »
Une grimace écoeurée lui déforma le visage.
« - Ca ne m'étonne même pas que tu ne sois pas touché. Je m'y attendais et tu vois, malgré ça, ton manque d'humanité et ton incapacité à regretter me déstabiliseront toujours. Tu es un tel monstre, Isaac.
-Donne-toi à cœur joie. »
Elle secoua la tête, un éclat de tristesse brillant soudainement dans ses yeux.
« - Je n'ai pas le droit de te dire ça, Julianne me tuera si elle l'apprend mais il faut que tu le saches. Que tu mesures l'ampleur des dégâts que tu as eu sur elle, même si aujourd'hui mameilleure amie a guéri parce qu'elle a pu aller jusqu'au bout.
- Vous vivez dans le passé et il vous bouffe.
- On ne peut pas balayer notre passé, Isaac. On vit avec parce qu'il fait partie de nous. Ce que Julianne et toi avez vécu, aucun de vous ne pourra l'effacer, vous avancerez, vous ferez votre vie, mais vous ne l'oublierez pas. Et il est temps que je te rafraîchisse la mémoire, pour te montrer à quel point notre jeu était justifié. »
Il était clair qu'il n'oublierait jamais ce qu'il avait vécu avec Julianne. Que ce soit leurs années lycée ou bien ce qu'ils vivaient en ce moment. Et il pouvait être certain que dès que Célia l'apprendrait, elle viendrait mettre son grain de sel pour détruire leur relation.
« - Tu étais déjà un abruti à l'époque, doublé d'être un connard lorsque tu lui as imposé une relation secrète et ce mutisme auquel elle m'a forcée les mois durant. Ca devait t'amuser, hein, de tous nous avoir sous ta coupe, moi, Julianne et Thomas. Tu faisais ce que bon te semblait, Julianne encaissait et aucun de nous ne pouvait intervenir. Surtout pas moi parce que Julianne ne m'en parlait que très rarement, souvent je n'étais même pas au courant que vous vous voyiez. Je le lisais sur son visage, je voyais la douleur dans ses yeux. Tu le sais aussi bien que moi, Isaac, Juli n'était pas comme ça avant de sortir avec toi. Mais tes manies, tes sautes d'humeur et toi dans ta globalité tu es parvenu à la séduire Et tu es entré dans sa vie et elle t'a accepté. Accepter de t'aimer, c'était accepter de vivre dans l'ombre et d'encaisser. Davantage que lorsqu'elle pouvait répondre et te remettre à ta place. Je l'ai vue changer. Ma Julianne si vivante, si pétillante et dynamique devenait de semaines en semaines, plus effacée, moins impliquée dans les cours et surtout elle n'avait plus cet éclat pour lequel on l'aimait. En plus de l'avoir rendu muette, tu as brisé son sourire. Et elle n'a plus jamais retrouvé celui d'avant. Vous étiez aux antipodes l'un de l'autre et pourtant elle t'aimait, faisant ce qu'elle n'avait jamais fait pour un garçon qui n'avait rien à faire d'elle. Toi au lieu de l'aimer, tu te nourrissais de sa vie. Et Juli, elle se nourrissait du mal que tu lui faisais, en t'aimant chaque jour davantage. »
L'oxygène avait quitté ses poumons, et comme un pantin désarticulé, il était inapte à bouger, à parler. Pouvant seulement entendre et encaisser, misérablement. Et reconnaître que Célia avait raison. Et entendre ce qu'il n'avait peut-être jamais entendu et réalisé.
«- Oui, elle t'aimait, enfoiré. C'est dingue que tu puisses être surpris, comme ça. Elle t'aimait tellement que c'était horrible,c'était effrayant d'être aussi attachée à quelqu'un qui se moque éperduement de vous et qui ne vous appelle que lorsqu'il a besoin de quelque chose. Puis je lisais l'attente dans les yeux de ma meilleure amie. L'attente d'un regard, d'une parole, d'une étreinte.Tu étais son cancer, Isaac et elle aimait la maladie que tu es. Elle l'aimait tellement qu'elle s'en est abreuvée jusqu'à ne plus pouvoir le supporter. Un an sans nouvelle, sans mail, sans appels,c'était trop. Et bien sûr, comme tu ne te sentais pas rassasié de cette affrontement, la gifle était la clôture idéale d'une relation désastreuse. Tu voyais qu'elle n'était que débris, maistoi il te fallait des cendres. Et tu les as eu. Tu les as vus. »
La bile lui monta à la gorge et il ne sut par quelle force il ne lui cria pas de se taire. Peut-être le fardeau de la honte, la croix du regret. Ou peut-être parce qu'aujourd'hui Célia avait aussi besoin de lui jeter sa haine au visage pour aller mieux. Elle venait clairement de le mettre à terre.
« - Si j'avais été en France à ce moment là, sois sûre que je te l'aurais rendu sur le moment même, en t'insultant de tous les noms. Tu n'avais aucun droit de la toucher de cette manière et pourtant Julianne a reculé. Elle a fait marche arrière et t'as tourné le dos pour s'en remettre. Et si tu avais eu un minimum de bon sens et d'humanité, tu serais resté loin d'elle, tu lui aurais permis d'aller mieux et de s'en remettre. De vivre sa vie plutôt que de vivre un cauchemar avec toi. Mais non, toi il te faut le contrôle sur la vie de Julianne, il te faut un pied dans son monde pour que tu te sentes puissant. Et alors tu es revenu, criant sur tous les toits que tu revenais parce qu'elle était ton jouet et que tu avais de rétablir ta domination. A partir de ce moment-là, tu as fait ta part du travail et maintenant, on a fait la nôtre. Et tu avais décidé d'avance que tu ne respecterais rien ni personne. Revenir c'était craché sur ses sentiments, piétiné tous les efforts qu'elle avait fait pour te sortir de la tête et revenir c'était légitimer ta gifle. Et ça, Isaac, je ne te le pardonne pas. Tu as prouvé que tu étais un connard et que tu l'assumais aujourd'hui, te faisant passer pour un beau salaud. Alors si tu pouvais à ce point dénigrer ma meilleure amie, nous aussi on n'était capable de riposter. Et même si tu nous as perçu à jour, on ne regrette rien.Je doute que tu sois humain mais si tu as un peu de respect pour toi-même, après la longue description négative que j'ai faite de toi, tu iras certainement très loin de nous. Et je pense que c'est la seule bonne décision que tu prendras de ta vie. Dégages de la vue de tous ceux auxquels tu fais du mal et ils s'en porteront que mieux. »
Et sur un dernier regard haineux, et brillant de colère, elle tourna les talons et rentra chez elle.
Cet énième rappel de son comportement le dégoûtait de lui-même,de cet abruti à deux sous qu'il avait été. Il avait craché sur un potentiel bonheur parce qu'il ne savait pas comment s'y prendre autrement que par l'indifférence et par une mesure dans ses mots et dans ses actes sous peur de céder à toutes les tentations, à tous les désirs puissants qu'elle faisait naître en lui. Elle avait untel pouvoir sur lui avec son regard empreint de tendresse et ses paumes douces et chaudes qu'il se rappelait de cette constante envie qu'il avait de la coller contre son cœur. Et c'était parce que c'était effrayant et qu'il la voyait elle aussi constamment dans la retenue qu'il ne pouvait se laisser aller à de la démonstration là où Julianne parvenait à se contenir. Si par moment elle s'était ouverte à lui, jamais il ne lui aurait rendu la pareille. Sa retenue avait bâti sa fierté.
Par ailleurs, elle ne lui avait jamais permis de soupçonner cet amour couvé pour lui. En aucun il n'aurait pu voir la profondeur de ses sentiments aussi bien que l'ampleur des dégâts causés. Par lui et par elle.
Prenant son deuxième cachet de la journée, qu'il avala avec un verre d'eau, il s'allongea sur le lit, tremblant de froid avec son 39 de fièvre.
Le rappel de Célia avait été brutal et acide. Une acidité qu'il ne pouvait pas supporter. Entendre tout ceci aujourd'hui lui avait fait comprendre tout ce qu'il avait causé et tout ce qu'il avait raté. Tout ce potentiel bonheur. Mais avec un esprit aussi tordu que le sien, il devait d'abord expérimenter pour ensuite comprendre et saisir le nœud du problème. Et il savait très bien que les mots de Julianne ou de Célia balancés à l'époque n'aurait eu aucun effet sur lui tant qu'il n'avait pas réalisé que la morsure qu'il ressentait au niveau du cœur n'était que celle de l'amour. Tant qu'il n'avait pas qualifié son obsession en sentiments amoureux, il n'aurait jamais compris . Aujourd'hui, les circonstances elles-mêmes lui prouvaient à quel point il était maudit et à quel point il était seulement apte à tout détruire plutôt qu'à construire.
Il avait blessé Julianne, faisant des miettes de son cœur des cendres par le passé. Et hier, il avait de nouveau renversé de l'acide sur une plaie qu'à moitié cicatrisée. Un acide qu'il avait lui-même créé et dont il connaissait la dangerosité. Et le pire était que sa tentative avait été ridiculement vaine. Blesser Julianne ne lui apportait plus rien, il n'était bon qu'à s'en vouloir. Et à l'heure actuelle, il avait l'impression de s'enfoncer,de mourir sous le regret qui lui étreignait la poitrine. La fièvre qui le rendait amorphe faisait tâche.
Il avait tout gâché, absolument tout. Les sentiments qu'elle avait ressenti au lycée, il les ressentait lui aujourd'hui, en quelque chose de beaucoup plus puissant qu'à l'époque vu la chaleur qui enflait dans son cœur dès qu'il la voyait. Et c'était cette exactement cette chaleur qu'il voulait faire naître en elle. Et il parvenait à l'atteindre, à la faire espérer, à lire dans son regard qu'elle espérait un regard, une parole, un retour quand bien même sa bouche débitait tout le contraire. Le corps de Julianne en sa présence ne pouvait pas mentir. Il le connaissait et avait cette envie de découvrir tous les secrets de ses courbes féminines et de ses points faibles. Il avait frôlé du bout des doigts un bonheur qu'il voyait déjà disparaître pour ne plus jamais revenir.
La douleur qui lui broya le cœur lui donna envie de se faire mal physiquement pour oublier celle-ci. Pour s'obliger à penser à autre chose que ce qui lui coupait le souffle. Parce que même cette sangsue de fièvre qui était apparue dans la nuit après qu'il soit tombé de fatigue vers trois heures du matin, après avoir tourné comme un lion en cage, n'était pas parvenue à le détourner de la douleur qui régnait en maître sur son cœur. Il l'avait carrément oubliée devant Julianne et il n'avait eu aucun mal à se lever et à se maintenir debout aussi longtemps pour quelqu'un qui ne cherchait que l'appui d'un matelas. Mais la discussion avec la brune avait été plus importante que tout. Après sa mise au point avec Célia, il avait eu un tel besoin douloureux de la voir, qu'elle s'était elle-même manifestée à lui. Et comme un cadeau du ciel terriblement estimé, une fois qu'elle s'était présentée sur son palier, il n'en avait pas cru ses yeux. Transposant la Julianne follement amoureuse sur celle qui devrait clairement le hair. Répondant aux désirs d'antan de sa Julianne, il l'avait enlacée.
L'initiative de la brune lui avait permis d'alléger son cœur et le poids qui écrasait ses épaules. Et il lui avait avoué ce qu'il aurait clairement dû lui dire, hier, après avoir réfléchi et s'être mis deux claques : qu'il ne lui en voulait pas. Qu'il se fichait de ce qu'elles avaient bien pu faire pour rire sur lui. Ils'en fichait royalement parce que ce qui importait dorénavant c'était ce qu'ils allaient construire ensemble, cette décision commune d'oublier pour repartir de là où leur soirée c'était arrêtée. Ils le pouvaient, parce qu'ils le voulaient tous les deux et aussi parce qu'ils en avaient la capacité. Si lui pouvait passer outre, elle pouvait aussi le faire, il le lui prouverait par tous les moyens.
Jetant un coup d'oeil à son sa chambre et à son téléphone éteint posé sur le bureau, il pivota difficilement sur le dos, tout son corps lourd le faisant souffrir et se laissa aller à son seul moyen d'éloignement. Le sommeil. Pas du tout réparateur car il le fatiguait davantage mais une période pendant laquelle il oubliait cette dague qui s'enfonçait dans son cœur et qui humidifiait lesyeux de sa Julianne. Se concentrant sur sa respiration sifflante etle soulèvement de sa poitrine, il s'endormit au bout de quelquesminutes.
Quelques heures plus tard, des doigts frais se faufilèrent dans ses cheveux et caressèrent sa tête avec une telle douceur, qu'il fut ému tout en étant encore endormi. Une paume se posa sur sa joue et le contact du froid avec le chaud lui apporta un bien considérable lui donnant envie de s'appuyer tout contre elle. Ce qu'il fit tout en s'éveillant lentement. Il connaissait cette main, il savait à qui elle appartenait et pourtant il espérait tellement qu'elle appartienne à une certaine personne que les mots se formèrent difficilement sur ses lèvres :
« -Julianne, appela-t-il. »
En plus des paumes, des lèvres se posèrent sur son crane et y déposèrent un baiser.
« - Non, mon chéri. C'est mamie. »
Il acquiesça avant de lentement ouvrir les yeux, prêt à donner des explications sur son état et sur ce nom.
Elle l'aida à se relever et à s'adosser aux oreillers, puis lui tendit un verre d'eau pour qu'il boive. Sa bouche était pâteuse comme du carton.
« - J'avais un mauvais pressentiment depuis hier soir, mais je ne voulais pas t'inquiéter. Quand j'ai vu que tu étais injoignable ce matin sur ton téléphone et le fixe de la maison, j'ai su que quelque chose clochait alors nous sommes rentrés avec ton papi.
- Et votre week-end ? S'inquiéta-t-il.
-On s'en fiche. C'est toi le plus important, Isaac. Et si tu vas mal, on doit être à tes côtés plutôt qu'à flaner à Deauville.
- Merci, mamie. Et je suis désolé pour ça, fit-il en un vague geste de la main. »
Elle secoua la tête en souriant et s'enquit de son état. Et plutôt que de lui donner la véritable raison qui le remuait de nouveau, il lui dit l'excuse banale et universelle : « je ne me suis pas assez couvert ». S'il nota qu'elle n'était pas totalement dupe,elle n'en demanda pas davantage, passant sous silence le mention du nom de la jeune fille. Et il lui en fut silencieusement reconnaissant.
Le week-end s'écoula lentement et il récupéra comme il le put. Les dossiers qui l'attendaient étaient bien trop gros pour qu'il puisse rater ne serait-ce que deux jours de travail. Il avait trouvé de gros clients, et l'un d'eux était une nouvelle ambassade. Une avec laquelle sa société n'avait encore jamais conclu de contrats.
Dimanche soir, au dîner, pendant qu'il mangeait le riz au poisson cuisiné par Rosalie, assis sur la grande table du salon, sa grand-mère prit la parole, toute enjouée.
« - Tu sais que tu as intérêt à guérir au plus vite n'est-ce pas, fit-elle en le regardant avec un sourire. »
Il releva la tête de son plat, à moitié terminé, et releva un sourcil lui quémandant d'autres informations quand bien même il savait où elle voulait en venir.
« - La fête annuelle des Alonzo-Evans se prépare, tu le sais bien !
- Ne me dites pas qu'on va faire une fête d'anniversaire pour mes 24 ans, mamie ?
- Comme je te l'ai dit, fête annuelle. Cette année n'y manquera pas. Et d'autant plus que j'ai prévu de vous concocter un repas spécial pour l'occasion, un que vous n'avez certainement jamais goûté. »
Il acquiesça. Mamie ne démordait jamais de toute manière. Elletenait chaque année à ce qu'il fête son anniversaire en famille etavec sa bande d'amis. Et malgré toute la déception et la rancoeurqu'il avait envers lui-même face à cette date, qui approchait àgrands pas, cinq jours pour être précis, il sut que cette années'y déroger serait impossible. Rosalie n'accepterait jamais depasser outre.
Il lui répondit avec un sourire et entreprit de terminer sonassiette, malgré l'estomac noué, sous l'oeil attentif de Carlos.
« - Tout va bien, fiston ? »
Il releva la tête et répondit au regard qui le couvait depuis ledébut du dîner. Et malgré la carapace efficace qu'était lasienne, il eut vraiment l'impression que Carlos avait compris quequelque chose clochait, depuis quelques jours.
Craignant qu'il n'arrive au cœur du problème et qu'il en soi tlui-même chagriné, Isaac réagit rapidement. S'efforçant de bien faire, son sourire atteignit ses yeux et il vit un éclat de soulagement briller dans ceux de son grand-père.
« - Tout va bien, rassurez-vous. »
Le dîner se termina en souvenirs des précédents anniversaires avec Rosalie qui s'était mise à raconter les bêtises qu'Isaac faisait étant petit. Et les fous rires permirent de quelque peu dénoué le nœud qu'il avait à l'estomac. S'il se souvenait de quasiment tous ces dires, il était également conscient aussi de la crainte qu'il avait habitée depuis ses treize ans. Cette crainte de découvrir une Rosalie se cachant de lui pour pleurer. Une Rosalie disant chaque année à son mari qu'une année de plus l'éloignait de son unique fille.
Et cette année, allait être la plus difficile parce qu'elle avait formulé le manque douloureux des deux époux. Et tandis qu'il apportait le dessert que Carlos avait concocté pour la guérison d'Isaac, un brownie aux amandes effilées, il sentit que cette fois-ci allait être la plus difficile.
La sonnerie retentit et se levant de table, il alla ouvrir,remarquant au passage qu'il était 21 heures. Seul Thomas pouvait sonner à cette heure-ci.
« - Salut, Isaac, fit le brun en posant une main sur son épaule.Rosalie et Carlos sont rentrés ?
-Ouai, ils sont à table.
-J'ai essayé de t'appeler avant de venir, mais ton téléphone est éteint depuis deux jours. »
Il acquiesça et l'informa qu'il ne l'avait plus rallumé depuis vendredi soir. Thomas comprit de lui-même. Ils allèrent s'installer dans la cuisine, après qu'il ait salué les grands-parents. Et après l'avoir servi d'une bière et que ce dernier se soit enquit de son état, il lui posa la question qui lui brûlait les lèvres.
« - Tu l'as vue, je suppose ?
- Je les ai vues, le corrigea-t-il. »
La surprise se manifesta franchement sur son visage.
« - Tu as vu, Célia ?
- Ouai. Quant tu m'as appelé, Juli était à la maison.
- Elle était chez toi à 22 heures ?!
Je l'avais invitée à dîner, lui apprit-il avant que Thomas ne soit choqué.
-Et elle a accepté, aussi facilement ? »
Un faible sourire colora ses lèvres.
« - Je ne lui ai pas laissé le choix, elle était obligée de venirsi elle ne voulait pas perdre la face. »
Il n'avait pas besoin de demander la suite, il la connaissait déjà.
Plus personne ne parla pendant un moment. Thomas laissait ses remords lui nouer les entrailles. Et lui, il laissait les souvenirs remonter en lui. Revoir Julianne cuisiner leur plat, vêtu d'un débardeur noir et d'un jean moulant sa chute de reins d'une manière délicieuse, déguster la sauce à même la spatule lui envoyant par là-même des décharges de désir, la voir manger assise en face de lui. L'érotisme les avait accompagné même si les mots avaient été tranchants.
Mon épée à double tranchant, toujours.
« - Je sais même pas quelles questions je dois te poser en premier lieu ..., fit le brun en secouant la tête, peiné. Qu'est-ce que tuas dit à Julianne ? Qu'est-ce qu'elle t'as dit ? Est-ce que vous avez enterré la hache de guerre ? Ou est-ce que vous avez enterré votre histoire ? J'ai l'impression que le glas a vraiment sonné, Isaac et que même en ne sachant rien de votre soirée, il y a comme un air de fin. »
Il le sentait aussi. Depuis sa confrontation avec Célia et la visite de Julianne qui n'avait fait que renforcer cette impression. Mais il n'abandonnerait pas, il se battrait pour deux, encore une fois.
« - Je me suis comporté comme un chien avec elle. Je l'ai humiliée.»
Si la première partie de la phrase n'avait pas du tout plût àThomas, la seconde écarquilla ses yeux. Il pressentit le pire. Et il avait raison.
«- Je lui ai dit qu'elle méritait la gifle. »
Et en le disant à haute voix, il ne sut ce qu'il retint de se mettre des claques jusqu'à ce que sa tête tourne et qu'il vienne à s'entailler les joues sous le coup de la force. Bon sang qu'il se haissait. L'ampleur du dégoût qu'il ressentit envers lui-même lui prouva encore une fois, qu'il ne lui en voulait plus.
Et face au spectacle qui parla de lui-même, Thomas ne fit aucun commentaire. Comprenant aisément qu'il s'était déjà assez puni de lui-même.
« - Et Célia alors ? »
Il lui raconta rapidement son entrevue avec la blonde qui était remontée de Nice pour s'enquérir du mutisme de son amie.
« - Elles s'aiment vraiment pour autant protéger l'autre. C'est beau, lâcha-t-il avec un petit rire pour dédramatiser la situation.
Ouai ça l'est, reconnut-il en lâchant un petit rire. Avec elle aussi je me suis comporté comme un moins que rien. Et même si je sais que dorénavant Célia sera un rempart entre nous, je suis heureux que Julianne l'ait à ses côtés, à tel point que je l'inviterai à prendre le thé à la maison, là, tout de suite. »
Ils se regardèrent un moment, et Isaac lui approuva ses paroles parla sincérité de son regard. Il le pensait tellement fort, que c'en était effrayant quelque part. Soit ses sentiments annihilaient toute sa colère, soit ils lui enlevaient tout son bon-sens.
« - Tu n'en veux vraiment pas à Julianne ? Voulut-il confirmer. »
Isaac secoua la tête, tristement.
« - Je n'en veux à personne. Je veux juste Julianne. »
Avoir prononcé avec une sincérité si évidente et à la fois si déroutante des mots si simples, le soulagea et et il se sentit enfin libéré des chaînes qu'il avait lui-même attaché à ses poignets et pieds. Un sourire fier sur des yeux tristes, voilà ce que son meilleur ami éprouvait à l'instant même devant lui. Une fierté parce qu'il avait proclamé ses sentiments et une tristesse parce quela situation avait très peu de chances d'aboutir à quelque chose dorénavant.
« - Je t'ai foutue dans cette putain de merde en t'appelant,j'aurais dû garder tout ça pour moi !, désespéra-t-il en agrippant ses cheveux entre ses doigts.
Tu devais le faire, c'était ton devoir vis-à-vis de moi. Cette révélation a peut-être tout détruit mais elle m'a ouvert les yeux pour que je comprenne ce qui est essentiel. S'il fallait que je tombe et me casse la gueule avant de tout comprendre alors c'était la voie à suivre. Et je ne regrette pas cette soirée, juste mes mots.
- C'est désespérant et c'est dingue. Vous êtes dingues ! Lâcha-t-il tandis qu'un sourire soulagé se dessinait. »
Thomas était perdu, complètement largué par le spectacle déplorable auquel il assistait depuis des années. Et Isaac souriait d'une façon qui le rendait niais. Mais il souriait. Parce qu'ils étaient dingues et c'était parce qu'ils l'étaient à un point de non-retour, qu'ils seraient de nouveau un couple.
« - Tu m'as rendu confiant et heureux tout en me rabaissant,révéla-t-il en souriant, un rire se formant dans sa poitrine. »
Ils se regardèrent quelques secondes et éclatèrent de rire en concert, action purement masculine. Un rire qui vint dédramatiser la situation et leur donner à tous les deux un nouveau souffle. Et il se sentit beaucoup plus léger depuis que son meilleur ami avait posé les pieds chez lui. Et tandis que ce dernier s'apprêtait à quitter la demeure des Alonzo, deux heures et après avoir eu sa part de brownie parce qu'il était un goinfre, Isaac lui dévoila le fond de sa pensée.
« - Elle reviendra, Thomas. Aujourd'hui ou demain, Julianne reviendra. »
Et voilà ! Tadam ! Comment finir son histoire sur une touche positive ! Mais oui qu'est-ce que vous croyiez, l'histoire va bien se finir. Ils finiront heureux, ensemble ou chacun de leur côté ahah. Qui vivra, verra ;) Alors je vous souhaite de vivre mes chères amies ;) ( non je n'ai pas bu ce soir. J'ai tellement eu une semaine de dingue que j'ai envie de penser à autre chose et vous lire m'aide beaucoup ;) <3 )
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