~~ Chapitre Trente-Quatre Partie 3 ~~

Bonsoir à tous ! Me voici pour la dernière partie du chapitre 34 ! Soyez prêtes, car la descente est rude ;) Bonne lecture :) 


La crainte et la stupéfaction du brun déteignirent aussitôt sur lui et tout en ayant envie de l'entendre, une part de lui se mit à craindre le moment de l'annonce.

Qui avait-il pu aller jusque là pour choquer son meilleur ami ?

Il fallait qu'il sache.

« - Dis-moi Thomas ! Je veux le savoir même s'il s'agit d'un des gars de notre bande. Ce petit con ne perd rien pour recevoir la leçon de sa vie.

- C'est pas un de nos potes, Isaac. C'est une fille. Qu'on connait tous les deux. »

La crainte devint une peur sourde qui se faufila en lui par tous les pores de sa peau. Il connaissait tous les deux pas mal de filles, il aurait pu s'agir de n'importe quelle de leurs amies communes mais il avait l'impression que l'heure était vraiment grave. Et que l'identité allait les bousculer autant que la découverte.

« - Accouche putain ! J'ai besoin de savoir ! S'impatienta-t-il.

- C'est Célia de la Clairière, lâcha-t-il. »

Un coup de massue sur la tête. Ni plus, ni moins. Et c'était déjà assez suffisant.

Célia de la Clairière, une blonde qu'il n'avait pas revue depuis le lycée alors qu'ils habitaient tous les deux dans la même ville. La fiancée d'un de ses anciens coéquipiers, Jordan. Comment avait-elle pu en arriver là, alors qu'elle était sur le point de se marier ?!

« - Son mec est dans le coup ?

- Je pense plutôt que Jordan n'est pas du tout au courant. »

Il le pensait aussi. Putain, il s'était fait manipulé par une fille. Une blonde qui plus était !

Bordel !

« - Louis a cuisiné son Thibault ? Pourquoi est-ce qu'il en est venu à faire ça aux potes de son frère ?

- J'en sais fichtrement rien ... Thibault connait seulement Jordan dans la bande et c'est à travers lui qu'elle est rentrée en contact avec lui. Et lui a accepté de lui rendre ce service par amitié.

- Par amitié ?! Tu rigoles, hein ! Cet enfoiré veut la mettre dans son lit, c'est tout !

- Calme-toi Isaac. Thibault est déjà casé avec une fille.

- Je m'en fous, Thomas ! Je dois savoir pourquoi est-ce que ces imbéciles nous ont fait ça ? Je ne lui ai jamais rien fait à celle-la. Que ce soit au lycée ou en prépa, elle a toujours été la copine/inconnue d'un gars de notre équipe !

- C'est la meilleure amie de Julianne. »

Deuxième coup de massue et il sentit le sol trembler sous ses pieds.

Evidence même qu'il n'avait même pas soulevé.

Julianne était sa meilleure amie, sa sœur. Et personnellement, elle n'avait rien à lui reprocher mais elle avait vécu la relation de Julianne comme si c'était la sienne ... Alors elle avait tout à lui reprocher.

Il ferma les yeux. Tout ceci allait mal finir. Il le sentait. Il sentait le bordel arriver depuis que Julianne avait commencé à se détacher de lui, depuis qu'elle avait commençé à le confronter de face, aussi hargneuse et maligne. Avoir appris qu'il était amoureux de sa meilleure ennemie n'égalait en rien l'annonce présente.

Une énième entaille se forma sur son cœur. Il voulait que sa brune reste en dehors de cette histoire que Célia soit la seule à avoir agi, à son insu. Qu'elle ait été l'unique cerveau de l'initiative, qu'elle ait été la seule complice de Johanna. Il en avait douloureusement besoin.

« - Je me rends chez elle, Thomas. J'ai besoin de mettre tout ça au clair. Tout de suite.

-  Elle passe le plus clair de son temps en Irlande d'après ce que j'ai pu voir sur le compte de son mec... »

Au même moment, un téléphone se mit à vibrer sur la table, propageant les vibrations dans toute la pièce. Il s'approcha de la table, intrigué et vit qu'il s'agissait de celui de Julianne qu'elle avait oublié sur la table. Et lorsqu'il vit la photo qui s'affichait accompagné du pseudo : ma chérie, il lâcha « un je te rappelle, Thomas » et raccrocha avant de décrocher celui de Célia.

Il n'allait pas répondre et il n'eut même pas besoin d'intervenir tant la blonde semble pressée et inquiète. Elle lui offrit d'emblée une diarrhée verbale qui lui apporta toutes les réponses à ses questions muettes.

« - Julianne, Thibault vient de m'appeler pour me dire que son frère avait mené de recherches au compte de Thomas Guerrin et qu'il lui avait avoué avoir agi au compte d'une amie pour pirater le compte de son pote. Je ne pense pas que Thibault ait donné mon nom à son frère, à moins que celui-ci l'ait menacé à la demande de Thomas. Mais dans tous les cas, ne sois pas inquiète. Même si c'était le cas, il remonterait seulement à moi et non à toi. Tu seras toujours hors d'atteinte, tu comprends ma chérie ? »

Le silence perdura trois secondes.

« - Tu comprends n'est-ce pas, Juli' ? ».

Il raccrocha sèchement. Ceci était plus qu'il ne pouvait en supporter. Les yeux fermés il posa le téléphone à l'endroit où il se trouvait avant qu'il n'intervienne.

Ma Julianne...

Il y eut un moment de flottement durant lequel il ne ressentit plus rien. Comme un vide se créant en lui, un énorme trou se creusant dans son estomac et aspirant tout ce qui se trouvait autour. Le choc vous stoppait dans votre élan, vous ôtant tous vos moyens.

Fermant les yeux, il inspira fortement plusieurs fois avant d'être assailli par le flot d'émotions négatives qui le prenaient d'assaut.

Cet appel venait de tomber au mauvais moment. Très mauvais moment. Il était en pleine tentative de recollage de morceaux avec Julianne ! Et malgré les solides difficultés et les barrages monstres qui se dressaient entre eux, il avait fini par voir cette foutue fin du tunnel, bon sang !

Il avait besoin de croire en elle, de croire en eux et surtout de croire en lui-même. De se persuader qu'il lui voulait du bien, qu'il pouvait lui en faire en la rendant amoureuse et en la rendant surtout heureuse.

Quel mauvais timing, c'était déplorable...

Encore hier, Thomas l'avait clairement averti qu'il doutait de sa réussite concernant la brune. Il l'avait mis en garde d'un échec cuisant, brillant et glorieux.

La claque était retentissante et malgré cela, il avait encore du mal à y croire. Il était borné, il le savait, mais il peinait à voir autant de mal en elles. Elles n'avaient pas pu aller jusque là... C'était impensable. Il avait toujours su que Célia avait une drôle d'influence sur sa brune mais il se rendait maintenant compte qu'elle n'était plus la seule à entraîner l'autre.

La trahison ne vient que de là où on s'y attend le moins, Evans.

Julianne était le cerveau de la bande, il en était certain. Il n'avait même pas à la cuisiner pour ça. Si elle était dans le coup, elle ne pouvait être que la cheffe.

Pour s'acharner autant, il fallait être désespéré ou bien très enjoué... Et dans le cas Julianne Davis, il l'imaginait bien toute amusée, toute excitée par les plans qu'elle avait mis en place : sextos, propositions de plans cul, une folle dingue accrochée à lui, des gays gourmands...

Elle était présente pendant l'intervention des gays !

Intense bouffée de colère remonta de ses entrailles et serra ses traits.

Elle avait assisté aux premières loges à cet épisode et avait même eu le culot d'intervenir en leur faveur. S'il avait d'abord été gêné, décontenancé par son choix, il réalisait maintenant que ce n'était que calculé pour l'enfoncer davantage et le voir se torturer.

Là où il l'avait toujours affrontée dans leur intimité, elle avait voulu l'atteindre en public, devant les siens. Et là était toute la différence et qu'il avait surtout du mal à digérer.

Il avait gardé leur histoire et tous leur problèmes entre eux, considérant que le monde entier n'avait pas à être au courant. Deux cœurs brisés étaient largement suffisants. Mais elle avait décidé de l'atteindre en bouleversant l'opinion que ses proches pouvaient avoir de lui.

Putain, manipulé par deux filles. Une blonde et une brune.

A bien y réfléchir, la bombe avait été lâchée au bon moment. Même s'il lui avait avoué pas mal de choses en s'ouvrant à elle, rien de grave ou d'irréparable n'avait été orchestré. Rien de concret n'avait été dévoilé, rien qui pourrait lui porter véritablement préjudice. Rien contre lequel elle pourrait se retourner et rire de lui toute sa vie. Cette retenue qu'il avait toujours eu face à elle venait clairement de le sauver.

De toute manière, Julianne a assez ri depuis le début.

Une épaisse couche de honte vint s'ajouter à celles de colère et de rancoeur qui s'endurcissaient plus les minutes défilaient, écrasant celle de l'affection qui lui soufflait de passer outre. De lui pardonner une fois pour toutes !

Hors de question !

Même si après les gays et sa visite chez Johanna, tout ce bordel avait cessé, les filles avaient dû continuer à se marrer de sa situation jusqu'à il ne savait quand. Notant que malgré le temps et leur passé commun, il n'avait jamais pu penser à elles et imaginé qu'elles en soient les auteures. Il s'était cantonné à la certitude Johanna, pensant dur comme fer qu'un garçon était derrière le coup.

Il avait été idiot ! La réponse était devant lui, se mouvant autour de lui, l'atteignant avec ses regards, ses paroles, ses touchers, se glissant dans ses songes et dans ses draps. Et dire qu'il avait toutes ces emmerdes ! De quoi aurait-il eu l'air ?

Julianne devait en rire tous les jours ! Elle l'avait manipulée comme une marionnette, faisant de lui ce qu'elle voulait. Peut-être s'était-elle moquée de lui avant de venir, réalisant qu'il ne parviendrait jamais à la vérité, Riant de ses efforts, de son évolution, de cet amour qu'elle devait soupçonner ... Elle avait dû s'en délecter à table, pendant que lui l'avait couvée du regard, caressant chaque courbe de son visage, le cœur gonflé d'affection.

Il ne fallait pas que les doutes de la brune se révèlent être une certitude. Pas après ce qu'il venait d'apprendre. Il ne lui en donnerait plus l'occasion quand bien même Julianne était aussi coincée entre la haine qu'elle lui vouait et le désir qu'elle ne pouvait s'empêchait de ressentir pour lui.

Ce dernier constat le poussait à agir, à lutter encore pour sauver les meubles, alors que tout paraissait mort. Mais ce n'était plus suffisant. Tout venait d'être renversé et leur prétendu amour réciproque n'y changeait rien. Il n'en avait pas la force.

Elle l'avait mis à genoux et lui avait enfoncé le poignard de la trahison. Elle avait agi dans l'ombre. Déloyauté.

Une grande preuve qu'elle est dangereuse, Isaac.

Le minuteur du four le rappela à l'ordre et le sortit de ses pensées noires. Eteignant le téléphone de Julianne, il fit de même avec le sien qu'il mit dans sa poche. La porte de la cuisine ouverte, l'odeur alléchante des cookies l'agressa tandis que la vue d'une Julianne en débardeur noir le laissa de marbre.

Qu'est-ce qui lui avait pris de lui demander de faire ce putain de dessert ?!

Avec celui-ci, ils avaient fait un bond dans le passé et leur règlement de compte, tout en étant ancré dans le présent, avait un douloureux écho à tout ce qu'ils avaient vécu.

Le temps passé ensemble était le pilier de leur relation, le ciment de son affection et la source de tous leurs maux.

Étouffant tous les sentiments qui bouillaient en lui, il dévoila une surface calme. Un océan lisse.

Sentant sa présence, elle se tourna vers lui, cassant un cookie en deux, certainement pour lui en tendre un.

« - Ils sont cuits, Isaac. Et vu l'odeur qu'ils ont, je pense qu'on a réussi. »

On a enfin réussi.

Après avoir soufflé sur son morceau et avoir croqué dedans, elle lui tendit l'autre morceau. Il le déclina en secouant la tête. Il n'était plus d'humeur à cuisiner et à manger sucré avec elle. Il n'était plus d'humeur à rien du tout.

« - Tu t'intéresses aux jeux-vidéos, Davis ? »

La question l'a prise de court et elle leva un regard curieux sur lui. Il se faisait tard et il avait besoin de réponses urgentes.

« - Non pas vraiment. J'ai la Wii chez moi mais je n'y joue pas.

-  Plutôt Japonaise ou Française ?

- Quoi ?

- Je te parle des compagnies que tu choisis.

- Je n'y connais pas grand-chose. J'imagine qu'elles sont toutes les deux très compétentes, surtout au regard de leurs chiffres d'affaires.

- Mais tu as tout de même une préférence pour les françaises, la devança-t-il, avec un sourire. »

Plongeant son regard dans le sien, elle tenta de le sonder, à la recherche de ce qui avait fait basculer leur soirée. L'eau qui dort est la plus dangereuse.

« - Ubisoft ça te dit quelque chose ?

- Vaguement, Isaac, fit-elle en s'essuyant les mains sur son tablier avant de commencer à le défaire le nœud derrière sa nuque.

- Et les garçons qui travaillent dans l'entreprise, renchérit-il en s'avançant vers le plan de travail pour l'encercler.

- De quels garçons est-ce que tu me parles ? Je n'aime pas les geeks !

- Alors peut-être que tes amies les aiment alors. Il est toujours plus facile de savoir par ses copines si un certain type de garçon est un bon coup ou pas, n'est-ce pas, ajouta-t-il avec un sourire froid. »

La remarque lui déplut totalement et elle recula vers le frigo, mettant de l'espace entre eux.

« - Qu'est-ce qu'il te prend ? C'est quoi cet interrogatoire avec tes questions tordues ?! Tu t'es fait piquer ou quoi ?

- Il s'avère que je m'intéresse à toi depuis que tu t'intéresses à moi avec tes copines. Le plan à trois avec Thibault était avec Célia ou Johanna ? »

Ses yeux s'écarquillèrent sous le choc mais les autres traits de son visage restèrent intact.

Foutu contrôle !

Il aurait souhaité la voir grimacer ou voir la crainte prendre possession d'elle. Rien du tout. Où avait-elle appris à s'imposer ce masque d'indifférence ?

Au lieu de quoi, elle sourit, son fameux masque de sorcière se formant sur son beau visage. Le rendant effrayant et vulgaire.

La seule femme qui sera de ta trempe, Evans.

« - Tu as finalement compris, fit-elle amusée. Il t'en a fallu du temps. »

L'humour, habile moyen de détourner son attention du trouble qui devait comprimer ses côtes. Car sa copine et elle n'étaient pas du tout préparées à être démasquées. Et Julianne n'avait pas toutes les cartes en mains pour saisir toute la boue dans laquelle elle venait de s'enfoncer en venant chez lui.

« - J'avais d'autres chats à fouetter. Mais ce soir j'ai tout mon temps et tu as le tien pour m'expliquer comment est-ce tu as pu tomber aussi bas, décréta-t-il en s'adossant au plan de travail tandis qu'elle faisant de même contre le frigidaire.

-  J'ai voulu te donner une bonne leçon et elle a porté ses fruits d'après Thomas. »

Un coup de poing dans le ventre. Voila l'effet que lui fit cette annonce.

« - Thomas n'est pas dans le coup, cracha-t-il, certain de lui.

- Evidemment qu'il ne l'est pas. Mais il m'a donnée l'information sur un plateau d'argent. Tu as été ébranlé, Isaac et c'est exactement ce qu'on voulait, ma Célia et moi. »

Il serra son poing pour contenir la fureur qui enflait en lui. A ce stade, il avait l'impression de ne plus rien ressentir pour elle et se demandait même s'il avait déjà ressenti une once d'affection pour la poupée de glace qui lui faisait face. Les yeux flamboyants et un sourire glacial ornant ses belles lèvres.

Les sentiments originels de leur relation clamèrent leur règne. Julianne elle-même avait bati leur royaume. Il devait la faire parler pour en connaître davantage sans paraître sérieusement ébranlé. Un seul sujet à sa connaissance : leur couple.

« - C'est parce qu'on a cassé que tu as réagi comme ça ? Presque deux ans plus tard ! Tu es une tarée, l'insulta-t-il. »

L'insulte glissa sur elle comme l'eau de pluie qui ruisselle sur vous, sans vous atteindre.

« - Non, Isaac. C'est beaucoup plus pervers. J'ai rompu avec toi sans t'ayant consulté, tu te souviens. Tu n'avais pas ton mot à dire, rappela-t-elle en souriant. »

Et putain qu'elle avait raison !

Ressaisis-toi.

« - C'est ton come-back des enfers qui m'a déplut. Et j'étais tellement remontée contre toi que je me suis dit qu'il fallait que je t'atteigne du mieux que je pouvais. J'imagine bien que depuis le temps que tu as dû comprendre tout ce qui se tramait derrière ton dos. Tu as creusé et tu es tombé sur les conclusions auxquelles je souhaitais que tu parviennes. »

Manipulé comme un abruti. Il en était certain : elle s'en était délectée du début jusque la fin.

«- Retirer le contrôle à celui qui voulait toujours l'avoir et destabiliser son entourage. Faire en sorte que les choses t'échappent et nous amuser de te voir perdre pied, Isaac. »

Un contrôle sur lequel il avait bâti toute sa jeunesse parce que dans sa famille il n'arrivait à rien.

«- Je suis le cerveau de l'alliance : Célia et Johanna n'ont agi que sur demande. »

Seule Julianne était capable d'une telle bêtise.

« - Et je suis à l'origine de tout : les sextos avec les filles, la mise en scène de ta rencontre avec Johanna, le piratage de ton compte facebook et les gays.

« - N'as-tu jamais eu honte d'avoir fait ça ? Si ce n'est pas pour moi, au moins pour eux..., lâcha-t-il.

- Non, fit-elle d'une sincérité déroutante. Je n'ai eu honte à aucun moment.

- Je savais que tu étais dérangée Julianne mais je n'aurais jamais pensé qu'une fille comme toi puisse traîner sur des sites de plan cul hétéro et homo.

- Le besoin de faire quelque chose de grand, de vil. Quelque chose qu'on n'aurait jamais soupçonné venant de moi. »

Effrayante et rusée. Une vraie adversaire.

« - T'ôter ce contrôle qui t'est si cher, te manipuler et t'humilier devant tes amis de toujours, tout ça n'avait pas de prix. Tu avais l'air si dérangé, si atteint, si humilié... c'était jouissif, Evans. »

Ces paroles venimeuses entraînèrent les souvenirs acides de ce Dimanche après-midi peu commun. Il avait été si enragé par les paroles des homos ! Peu d'hommes acceptaient ce type d'approches, gênés voire dégoûtés d'être accosté par un semblable, d'être le fruit de ses fantasmes. Il n'avait rien contre les penchants des gays, qu'ils fassent ce qu'ils veulent de leurs corps, mais refusait catégoriquement qu'on l'imagine accompagné d'un homme. Et Julianne le savait tout comme ses coéquipiers.

« - Je savais que tes amis n'y croiraient pas, mais je souhaitais juste lire ce questionnement dans leurs yeux. Qu'ils y pensent quelques secondes tant ça pouvait être vrai au regard de l'absence de filles à ton bras. Et pour ce coup-ci, j'ai été heureuse que notre histoire ait été un secret d'Etat. »

Sorcière.

Elle était mauvaise. Si certains l'avaient cru, ils aurait tout simplement arrêté de le côtoyer et il n'aurait même pas pu leur en vouloir.

« - J'aurais dû filmer ton expression, Evans. Tu étais rouge comme une belle tomate. Rouge de honte, de colère et d'incompréhension face à ce qu'il t'arrivait. Et toutes ces paroles que Dino et Fred débitaient face à toi, on aurait pu croire que c'était la vérité, Isaac. A tel point que moi-même j'en suis venue à oublier l'espace de quelques secondes qu'ils n'étaient là que par ma volonté. »

Continue de remuer le couteau dans la plaie, Julianne. Ton tour viendra, mon amour.

Et dire qu'il avait été prêt à cogner, à défoncer celui qui était derrière tous ces jeux. Et là il ne pouvait même pas agir physiquement. Son seul moyen de riposte n'étaient que les paroles qu'il pouvait lui réserver. Et il fallait qu'il choisisse quelque chose qui la destabiliserait elle, tant ça aurait pu être le cas au regard de la situation. Quelque chose qui coulerait de source après tout ce qu'elle venait de lui déballer.

Sois créatif et mauvais, Evans !

Elle ne s'en sortirait pas comme ça. Pas cette fois-ci.

« - Tu ne te trouves pas contradictoire, Davis ? Tu souhaites être vierge pour ta nuit de noces, tu te fais toute petite dès qu'on parle de sexe et tu traînes sur des sites de plan cul. Qui est-ce que tu veux tromper ? »

Elle se figea.

« - Je ne vois pas en quoi ça remet en cause ma virginité. On peut très bien être vierge et s'intéresser à la sexualité entre hommes et femmes.

-Entre deux hommes et deux femmes aussi, alors. Et j'imagine que toute cette expérience a dû éveiller bien des désirs chez toi. Qu'est-ce que ça fait de draguer une femme en se faisant passer pour un homme ? Tu t'es découverte bi ? Fit-il en se rapprochant d'elle pour bien marquer ses insinuations. »

Il sentit nettement la fureur émaner d'elle.

« - Ca a éveillé des fantasmes lesbiens ? Avoue-le, Davis, cette expérience a éveillé quelque chose de masculin en toi et tes vêtements ne font que le confirmer...

- La ferme Isaac ! Toucher une femme me dégoûte. »

Il était maintenant en face d'elle et pouvait clairement lire la colère qui émanait de ses traits.

« - Ce jeu n'avait aucun but personnel. L'unique était de t'humilier, toi, siffla-t-elle. »

Il vit clairement rouge et l'empoigna dangereusement par le bras.

« - Et dis-moi qu'est-ce que ça fait d'avoir pitié de son objet d'étude et de se retrouver dans son lit quelques jours plus tard ?! Est-ce qu'on a aussi pitié de soi ? Du fait qu'on soit indécis ? Est-ce que c'est humiliant d'être tiraillé entre colère et désir ? »

Sa bouche s'entrouvrit et il entendit son souffle se heurter.

«- Tu as voulu m'imposer ton aide Julianne pour faire du rangement dans ma tête mais au regard des derniers événements j'ai eu l'air de comprendre que c'était toi qui avais besoin d'aide. Besoin de l'aide d'un homme. »

Elle se détacha violemment de sa poigne mais il ne la laissa pas filer, serrant un peu plus, lui arrachant un gémissement de frustration et de douleur.

«- Alors quoi, Julianne ? On est perdue, on a envie de plus, de quelque chose de vrai avec un homme ? Vu comme tu étais excitée et chaude, j'imagine que ça doit beaucoup te gêner non. Tu t'offres peut-être du plaisir la nuit, persifla-t-il, une lueur démente dans les yeux.

-Je ne joue pas avec moi, asséna-t-elle.»

Elle aurait pu aussi ne pas lui répondre, mais en ce moment même, vu la tournure que prenait le règlement de compte, elle était obligée de clarifier la situation.

« - Tu crois que je vais avaler ce bobard ? Ton comportement parle pour toi de manière explicite. Tu imagines si je raconte à toute notre promotion que tu as un appétit sexuel inassouvissable au point de traîner sur des sites de tout genre pour ...

-Fais ce que tu veux, Isaac. Je m'en moque complètement au final de ce qu'ils pourront penser car mes proches savent qui je suis.

Alors que les tiens ont flanché...

Quand bien même, au fond, elle craignait qu'il agisse dans ce sens, elle ne lui montrerait rien de tel. Foutue force et persévérance. Et dire qu'il n'aurait jamais agi !

Se détachant d'elle et jetant un inutile coup d'œil circulaire à la cuisine, il se dit qu'au regard de l'état dans lequel elle était avec la trentaine de cookies préparés et les bouteilles de jus qui les attendaient dans le frigidaire la suite de la soirée aurait pu être tellement différente du règlement de compte qui avait lieu maintenant. Dressant une barrière infranchissable entre eux.

J'attendais tellement de toi, Juli.

Les germes de la haine plantés dans le passé avaient porté plus de fruit maintenant qu'à leur époque. Il avait tellement voulu corriger l'image qu'il lui avait imposé durant cinq ans en lui présentant le vrai Isaac qu'il était maintenant bousculé par la solidité des fondations de son ressentiment. Thomas avait raison lorsqu'il disait qu'ils auraient dû d'abord abordé leur passé ou lieu de s'amuser maintenant et de se projeter dans un futur proche.

Et pourtant malgré le mal qu'il avait à aborder leur passé commun, le couple qu'ils avaient été, il se força du mieux qu'il le put à ramener le sujet sur le tapis. Car il devait la déstabiliser un minimum avant de faire une croix sur l'Isaac Evans fier.

« - Est-ce qu'à tes yeux cette humiliation se justifie à cause de la gifle ? Lança-t-il tout lentement pour qu'elle imprime bien les mots en elle. »

Elle releva la tête et il lut la stupéfaction dans ses yeux. Bouleversée par tant de culot.

Je n'ai plus le choix, Juli.

«- Parce qu'au regard de celle que tu étais, tu ne la méritais pas du tout et j'en étais désolé chaque jour qui passait. »

Totalement absorbé par les émotions qu'il faisait naître avec un tel sujet sensible, épineux et dangereux, elle ne se rendit même plus compte qu'elle était devenue un livre ouvert, dévoilant tout ce qu'elle avait toujours tu. Il vit à quel point elle attendait des excuses tant elle semblait hypnotisée par lui.

Cette vue lui fit mal mais il fit taire toutes les pensées de culpabilité qui s'élevaient. Il avait assez protégé Julianne ces derniers temps, s'ouvrant comme jamais à chaque fois pour la garder auprès de lui. Mais maintenant qu'il avait découvert tout ce qu'elle avait orchestré et tout le mal qu'elle pouvait lui souhaiter, cette fois-ci il n'y arriva pas. A ses yeux, il n'était qu'un bel enfoiré sans vergogne. Et il le lui prouverait amplement.

« - Mais au regard de celle que tu m'as révélé être aujourd'hui, je me dis que tu la méritais. Véritablement. »

Dieu lui-même devait s'attrister de tant de bassesse chez ses enfants.

Julianne blêmit dangereusement, maintenant leur échange visuel. Lui montrant par là, à son insu, qu'il venait d'enraciner tout le mal qu'il lui avait fait.

Les yeux étaient le miroir de l'âme et il réalisa qu'il venait de caillasser la sienne. Un frisson le parcourut. Elle brisa leur lien, comme déconnectée de la réalité, déconnectée d'elle-même, seulement consciente du tremblement de terre qu'il venait de provoquer. Ses yeux se posèrent sur le mur qui lui faisait face et il vit clairement l'effort qu'elle faisait pour contenir le sanglot qui enflait dans sa poitrine.

Tu viens de l'abattre, enfoiré.

Sa lèvre inférieure trembla et elle vint la mordre pour s'empêcher de se disloquer et garder un minimum de contenance.

« Tu as mis tellement de passion à lui faire du mal, à la rabaisser à lui montrer toute ta part sombre que je doute du bien que tu pourrais lui apporter. »

Dorénavant, il ne pourrait plus rien lui apporter. Et la douleur qui naquit en lui transparut aussi dans ses yeux, les humidifiant légèrement.

Touché, Evans. Game Over.

Mais accaparée par son chagrin, elle ne s'intéressa plus à lui. Il vit ses beaux yeux mordorés s'embuer de larmes qu'elle essuya aussitôt d'un geste rageur.

«- Tu penses que j'allais te croire ... Un enfoiré comme toi ne regrettera jamais cette gifle, méritée ou non. C'est un acte qui te caractérise. Ta marque de fierté. »

« - Je serais tout ce que tu voudras, Julianne Davis. »

Elle le considérait comme un enfoiré et il lui en avait apporté la preuve vivante tout en confirmant sa bassesse.

Et face à la douleur qu'il lut dans ses iris, il eut envie de se gifler et de tout envoyer valser. Cette putain de soirée aurait dû être la leur et non ce désastre actuel.

Elle parut revenir à elle brusquement et sans un regard quitta la cuisine, le bousculant au passage.

Et il entendit une porte claquer. 


.... 

Je ne sais pas ce que vous en pensez mais moi j'imaginais une discussion bien fracassante qui viendrait balayer tous les efforts que les deux avaient bien pu faire ;) C'est tout drôle, non ? En ce moment je regarde une série de psychopathes et j'ai comme l'impression qu'ils ont déteint sur moi o.O 

Je ne saurais dire lequel des deux est le plus atteint, Juli ou son Isaac, Isaac ou  sa Julianne. Ce que je retiens c'est qu'ils ont besoin de se faire du mal autant qu'ils ont besoin de s'aimer. L'un ne va pas sans l'autre. Et dans leur cas, les deux vont de pair. 

Maintenant il faut que j'écrive le prochain chapitre et je ne sais pas du tout quel pdv adopter et quoi mettre dedans ... Chère lectrices, avez-vous des suggestions ? :) Je suis toute à vous, ou plutôt il sont tout à vous ;) 

Des bisous à toutes et de l'amour en quantité !

Fidèlement vôtre, 

Miss-Key. 

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