~~ Chapitre Trente-Neuf ~~


Chapitre Trente-Neuf.

Après avoir erré comme un zombie jusque tard dans la soirée, c'était aux alentours de vingt-deux heures trente qu'il se retrouva de nouveau sur le perron de la maison de ses grands-parents.

Ma maison.

C'était effrayant de voir à quel point les pensées et les agissements pouvaient basculer d'un extrême à un autre en l'espace de quelques heures. Cet endroit qu'il avait toujours considéré comme étant son havre de paix, son cocon entouré de ses grands-parents était aujourd'hui devenu un lieu qu'il voulait à tout prix éviter. Quoi qu'il lui en coûte. Alors, parce qu'il n'avait clairement pas envie de voir Rosalie et Carlos et surtout parce qu'il ne savait fichtrement pas comment s'adresser à eux en ce jour funeste, il avait pris sa voiture et était parti aussi loin qu'il le pouvait avec le peu de litres de gazoil qui lui restait au compteur et avec l'impossibilité d'en mettre vu qu'il avait laissé son portefeuille chez lui.

Il avait roulé jusque Versailles et s'était posé dans un parc sombre où il était persuadé de ne croiser aucune âme et surtout une qu'il connaissait. C'était bien la dernière des choses à souhaiter  !

Et pour ne pas sombrer davantage dans ce gouffre de désespoir, dans lequel il était déjà enfoncé jusqu'au cou, il s'était obligé à vider son esprit des dernières paroles de Julianne et de ses regards. Nul besoin de se taillader le cœur soi-même en continuant d'y penser. Il s'était libéré de tout cela, sachant pertinnement que dans quelques jours tout cet enfer lui retomberait en plein face, en répondant à l'effet de boomerang. Et qu'il y soit prêt à ce moment là ou non, l'importait peu. Il s'en remettrai, c'était certain.

L'instant présent était beaucoup plus important que toutes les souffrances futures et certaines qu'il allait subir. Car il savait qu'il allait avoir besoin de toute sa tête pour faire ce qu'il s'apprêtait à faire  !

Face à cette grande porte en bois, il se sentit minuscule et étranger. Etranger à cette maison qui l'avait vu grandir.

C'était effrayant et libérateur. Tout comme il avait rejeté Julianne, en rejetant cette demeure, il sentait un poids disparaître de sa conscience, de ce foutu cœur qui cherchait un nouveau pilier, les anciens ayant été détruits.

Et tandis qu'il posait sa main sur la poignée, sans toutefois l'actionner, il vit les derniers jours passés avec ses grands-parents défiler devant ses yeux. Revoir Rosalie et Carlos s'aimer et l'aimer lui ne lui procura aucun bien-être. Il ne retrouva pas ce sentiment d'être entouré et aimé. Il ne prit conscience que de ce vide béant qui entourait dorénavant son cœur. En une journée, il avait perdu tant.

Et de près ou de très loin, il rapprocha sa situation à celle que son père avait vécu au décès de sa mère. Il avait dû se sentir abandonné et seul au monde sans Katrina, quand bien même son fils lui était présenté et que sa belle-famille se trouvait à ses côtés.

Mettant fin à ce rapprochement non souhaitable, il tourna la poignée et pénétra dans le salon. Et avant même que ça ne se produise, il connaissait le cours des choses. Un corps chaud et tremblant rencontra le sien, l'enlaçant avec force.

- Dieu Merci, tu es rentré, sanglota Mamie contre sa veste. J'étais tellement inquiète, tu as disparu depuis ce matin et tu rentres seulement maintenant  ! Et ton portable que tu n'avais même pas sur toi...

Il se laissa enlacer et bercer par la douleur de Rosalie. En la déversant sur lui, elle s'en débarrassait sans s'en rendre compte.

- Désolé de l'heure tardive à laquelle je rentre. J'ai été retenu ailleurs.

Reculant d'un pas, il vit Rosalie figée. Les marques de la frayeur apparaissaient sur son visage. Sans en tenir compte, il essuya les larmes qui avaient coulé sur ses joues et l'embrassa légèrement sur le front. Il n'avait pas envie de s'épancher, lui faisant croire ainsi que tout allait bien dans leur vie.

Il se détourna d'elle et sans un mot pour son grand-père qui assistait à la scène sans intervenir, se dirigea vers les escaliers pour monter dans sa chambre et faire ce qui l'attendait.

- Où est-ce que tu étais, fiston  ? Lança Carlos quand il eut posé un pied sur la première marche.

- A Versailles.

Un silence se fit. Tous savaient qu'il n'avait rien à y faire surtout aujourd'hui.

- Ta mamie t'a préparé un vrai festin en plus d'un gâteau digne des grandes réceptions, rejoins nous vite, Isaac.

Un sourire effleura ses lèvres. Carlos avait tout compris et essayait de faire comme si de rien n'était pour le moment afin de ne pas affoler Rosalie. C'était honorable mais il n'avait plus le courage de n'agir que pour eux deux. Il fallait qu'il pense à lui, cette fois-ci. Qu'il tente de préserver les rares morceaux intactes qui subsistaient.

- Dînez sans moi, je n'ai pas faim.

Sur ces mots, il monta les marches sans se retourner, alors qu'il sentait clairement la douleur de Rosalie exploser.

- Isaac  ! Appela-t-elle.

Mais comme avec Julianne, il resta sourd à sa détresse.

Entrant dans sa chambre, il prit le grand sac de sport noir qui trônait au fond de son armoire et après l'avoir épousseté jeta dedans tout ce qui lui passait sous la main. T-shirt, pantalons, caleçons, chaussettes, chemise et tout ce dont il aurait besoin. Il agissait sur un gros coup de tête après que l'idée ait germé dans sa tête il y a déjà une semaine. Il s'enfuyait comme le roi des lâches à une heure aussi tardive après avoir torturé les deux seules personnes qui devaient l'aimer sur Terre. Mais il n'en pouvait plus. Et cette fuite de ce soir était la clé de la guérison. Ces grands-parents le remercieraient un jour, certainement.

Il mit son PC portable et le chargeur dans la pochette attribuée et prit celui de son téléphone. Trop important celui-là. Tous ses dossiers se trouvant à son bureau, il n'avait rien à prendre de ce côté-ci. Et tandis qu'il se dirigeait vers la porte, ses jambes se stoppèrent d'elles-mêmes. Il tâchait de ne pas y penser mais c'était bien plus fort que lui. Viendrait un moment où il aurait besoin de les retrouver et ces pièces étaient une belle manière de les avoir avec lui. Alors, faiblard, il revient sur ses pas et ouvrit sèchement le tiroir qui refermait ces trésors. Et la première photo sur laquelle il tomba était une de Julianne. Vêtue d'une légère robe de couleur rose saumon et de baskets blanches, un serre-tête en broderie retenant ses cheveux à l'arrière, elle était assise dans l'herbe et souriait à Thomas qui avait immortalisé cet instant. Et en s'attardant sur ce sourire éclatant, il ressentit cette même accélération cardiaque que produisait ce visage sur son être.

Posant sur le premier cliché sur le bureau, il s'intéressa au second, les représentant tous les trois, Rosalie, Carlos et lui, à ses 20 ans dans un hôtel de Deauville. Un semblant de bonheur les avait enveloppés, rendant véridiques leurs sourires.

Sans s'attarder davantage, voulant seulement s'ôter une envie soudaine de les retrouver, il les fourra dans le fond de son sac et referma la porte derrière lui. Et maintenant qu'il avait passé ce cap, il mesurait d'autant plus sa décision en quittant cette chambre qu'il occupait depuis tout petit. Et tandis qu'une autre couche de tristesse venait s'ajouter aux précédentes, il reprit sa marche vers les escaliers. Plus rien ne devait le retenir ici et surtout pas des meubles.

Le tout bouclé en une quinzaine de minutes, il se retrouva de nouveau devant ses grands-parents qui s'étaient entre temps assis sur le canapé. Carlos se releva et vint vers lui voyant son sac rempli, plein à craquer.

- Pourquoi ? Où avons-nous échoué, mon fils  ?

Pas de colère ou de sermons sur un acte incompréhensible à leurs yeux. Carlos n'était pas colérique et il le lui prouvait encore aujourd'hui. Alors, pour cette bonté d'âme inestimable, il allait lui présenter toutes les pensées sombres qu'il taisait depuis ses treize ans.

- Il ne s'agit pas de vous. J'ai échoué. Et je vous demande de me pardonner.

Il certifia ses propos par un regard clair dans son sérieux mêlé à cette douleur commune. Carlos comprit instantanément et baissa la tête, les yeux humides, vaincu.

Il le contourna et alla se poster du côté gauche de leur grand canapé. Rosalie y était assise, semblant perdue dans ses pensées. Mais il savait qu'elle avait tout suivi et qu'elle attendait qu'il vienne à elle pour lui expliquer tout ce qui se tramait dans sa tête. Son mal avait été balayé par la froideur dont il avait fait preuve. Et comme elle le souhaitait, et ce qu'il ferait bien sûr, il allait se présenter à elle. Se plaçant devant elle, il s'agenouilla jusqu'à arriver à la hauteur de ses yeux azuréens rougis et humides de larmes.

Elle ne croisa pas son regard, refusant de le faire tant qu'elle ne l'aurait pas jugé digne. Aujourd'hui il avait pris des libertés qu'il n'avait jamais demandé avant.

 - Mamie, je ne souhaite pas vous faire du mal, commença-t-il.

- Je ne te laisserais pas partir, Isaac. Le dîner est prêt, tu souffleras tes bougies comme tous les ans, je prendrais ma famille réunie en photo et ensuite, pour te rappeler que nous sommes une famille aimante et soudée, on regardera les films de ton enfance. Carlos a déjà tout prévu. Alors tu vas aller reposer ton sac dans ta chambre et descendre pour dîner. Je n'ai préparé que des plats que tu aimes aujourd'hui.

- Non, mamie. Je ne reste pas.

Il la vit trembler et son visage blêmir. Il prit sa main, lui insufflant du courage et la priant silencieusement de le sauver à son tour.

- Depuis quand est-ce que tu te permets de tout décider, seul, Isaac  ? Carlos et moi n'avons donc plus rien à dire  ? Tu ne me considères plus comme ta mamie, en une journée  ?

- Vous êtes ma seule famille, papi et vous. Et c'est parce que nous sommes que trois, que j'ai pris cette décision, mamie. C'est pour vous. Pour que vous guérissiez. Et vous n'atteindrez cette paix intérieure que lorsque vous ne me verrez plus. Papi et vous avez besoin de vous retrouver, seuls, pour vous aider à guérir, à aller de l'avant.

- Nous savons mieux que toi, ce dont nous avons besoin et ce dont tu as besoin  ! As-tu déjà manqué de quelque chose, Isaac  ?!

- Moi non. Mais vous deux, oui.

Les yeux rougis s'écarquillèrent et se remplirent de nouveau de larmes. Qu'il était dur de la faire pleurer et d'y assister, vaincu.

- Il vous manque votre fille.

Une larme coula. Et il ne sut si c'était parce que la plaie de la mort de Katrina se rouvrait ou bien si c'était une larme de soulagement parce qu'il en parlait enfin.

- Et je regrette, mamie et papi. Je regrette qu'elle soit morte en me donnant la vie. J'ai l'impression de la lui avoir arrachée et d'avoir fait pareil avec vous. Je sais qu'au fond, à certains moments, vous avez certainement dû me tenir responsable de cette tragédie. Et même si ça me fait mal que vous le reconnaissiez, c'est la simple vérité. Vérité que nul ne peut changer, mamie et Dieu sait que je voudrais vous aider. Mais elle est là comme un roc au milieu de nous depuis vingt-quatre ans. Enfouie au fond de nous depuis des années. Mais depuis quelques temps, je me suis vraiment rendu compte à quel point j'étais responsable de ce qui nous est arrivé et de la manière dont chacun a fait son deuil. J'ai pensé, bêtement, que le silence parviendrait à vous permettre d'aller mieux. Mais je me suis trompé et je n'ai fait que m'enfoncer dans ce chemin. Alors pour ce silence et cet échec, mamie, je n'ai qu'un seul mot à vous dire  : pardon. Pardon pour mes silences. Pardon pour vous avoir fait souffrir en ne parlant pas de votre fille. Pardon d'avoir pensé que j'agissais bien alors que c'était le contraire. A part ça, je n'ai rien à vous offrir. C'est tout ce que j'ai et je sais très bien que ce n'est pas suffisant et que ça n'effacera jamais les vingt-quatre années de souffrance où papi et vous avez fait semblant d'être heureux alors que chacun de mes souffles vous rappelle que votre fille ne respire plus. Et même si vous me direz que j'ai tort et que jamais vous n'avez pensé ainsi  : je sais au fond de moi, qu'il y a certainement des jours, où Mamie, vous m'avez imaginé mort et votre fille vivante. Un tout autre tableau familial avec un vrai bonheur et non un que nous feignons d'avoir. Et même si ça me tue de le penser, je sais que j'ai raison. Et je ne suis même pas en droit de vous en vouloir pour ça, fit-il en ravalant les sanglots qui montaient.

- Jamais je n'ai pensé une chose pareil, Isaac ! Je te le jure, mon enfant. Tu es le fils de Katrina, comment veux-tu que j'en vienne à t'en tenir pour responsable ? Tu es notre sang, mon amour. Tu es notre cadeau du Ciel le plus précieux.

Peu convaincu, il acquiesça tout de même et se releva pour leur tourner le dos. Cependant, le frisson glacial lui fit reconnaître qu'il s'attendait nullement à cette confrontation.

Son père lui faisait face et s'il en croyait ses traits, il avait assisté à leur scène.

Toute la douleur qu'il pouvait ressentir se mua en colère, en une haine aussi forte que celle qu'il pouvait porter à Julianne, par moment. Et elle était si ardente, qu'il en fut choqué. Toutes sortes de reproches lui montaient à la bouche mais il pouvait les outrepasser, surtout devant ses grands-parents qu'il ne voulait pas humilier en se laissant aller de la sorte. Par contre, le ton froid et cassant serait son allié pour renverser toute l'autorité qu'Erwan pouvait prétendre avoir sur lui.

Sentant qu'il allait s'exprimer, il le devança pour instaurer une domination qui n'avait jamais existé entre eux.

- Tu t'attends aussi à des excuses, Papa  ?

Il se figea tant l'affront était grand et bas. Et le voir dans cette posture lui insuffla un souffle de courage.

- La meilleure partie pour la fin, hein, pour que je te dise tout ce que tu veux entendre depuis des années. Que je suis désolé d'être là, de t'avoir enlevé la femme de ta vie, de t'avoir rendu veuf et malheureux à un si jeune âge.

- Tu te trompes, Isaac.

- Oui, c'est vrai. Je pense bien être le seul qui me trompe dans notre famille depuis au moins vingt ans. Vous aviez la solution à tout et c'est pour ça qu'on en est là aujourd'hui, fit-il avec un rire amer.

- Tu n'es responsable en rien de la mort de ta mère, tu n'avais rien demandé...

La colère gronda dans sa poitrine et les barrières du respect devinrent poussières.

- Il t'a fallu tout ce temps là pour arriver à cette conclusion  ?! Une que j'avais besoin d'entendre quand j'avais 10 ans, quinze ans, vingt ans  ! Tu as toujours pensé le contraire et à tes yeux, tu nous l'a bien fait comprendre, je suis le responsable de la mort de maman.

Rosalie étouffa un cri avant de pleurer silencieusement mais lui n'était intéressé que par la lueur qui venait de briller dans les yeux de son père et qui allait marquer le tournant de leur relation.

- Tu n'y es pas du tout, lâcha-t-il.

- Oh que si j'y suis. Et si aujourd'hui, j'ai le courage de parler, je vais m'en donner à cœur joie. Tu ne supportais même pas ma vue quand j'étais petit, sur tous les albums que mamie a créé, tu ne figures quasiment nulle part. Tu es inexistant de ma vie, Papa, tu es un vrai fantôme. Je me demande même pourquoi est-ce je t'appelle encore Papa. Peut-être que je devrais m'en tenir à Erwan  ? Ca confirmerait cette distance que tu as toujours voulu établir entre nous.

Les yeux humides, il secoua la tête donnant l'impression d'être impuissant face à tout ce qui se passait.

- Viendra un jour où je t'expliquerai tout, Isaac. Mais d'abord va reposer tes affaires et arrêtons tout ça. On en reparlera seulement tous les deux, mon fils.

- Non. Il n'y aura pas d'autres jours pour en reparler. Et tout ce que tu as pu taire pendant vingt-cinq ans ne m'intéresse plus aujourd'hui. J'ai eu le temps de me faire ma version qui sera dans tous les cas plus crédible que la tienne. Et je ne sais même pas si un jour j'en accepterais une autre. Mais vu qu'aujourd'hui c'est ma journée, je vais m'octroyer le droit de t'imposer la mienne et de taire la tienne. Parce que franchement, j'en ai clairement rien à foutre de ce que tu peux penser, maintenant.

La colère vint noircir son regard et il eut l'impression d'avoir une copie conforme de lui-même face à lui.

- Vu que tu attends des excuses, je vais te les donner avec plus de vingt-cinq ans de retard.

Un rictus mauvais aux lèvres et une haine incommensurable dans les yeux, il balança son speech.

- Pardon, Erwan. Pardon d'avoir pris la vie de ta femme et d'avoir fait de ta vie ce qu'elle est aujourd'hui. Une vie ratée. A part tes titres professionnels, tu n'as rien, pas de vie amoureuse, pas de vie familiale. Un peu comme moi, en fait. On est tout les deux nuls, deux vrais nazes. Je ne sais même pas qui est-ce qui maudit l'autre. Mais tu veux entendre le meilleur  ? Ca me dégoûte d'avoir ne serait-ce qu'un seul lien avec toi. D'avoir quelque chose qui t'unirait à ce fils indésiré, que tu tiens pour responsable de tous tes maux, un que tu aurais certainement voulu voir six pieds sous terre pour que ta femme sois à tes côtés. Et un enfant de mort c'est quoi dans une vie, hein  ? Tu aurais pu en avoir plein d'autres par la suite, maman vivante  ! Je n'aurais été qu'une mauvaise expérience. Et ça, ça me tue, Papa, de me dire que dans les deux cas, je ne suis que ça à tes yeux...

Les mains tremblantes, le débit alimenté par une haine, il n'y avait qu'un seul moyen pour le stopper. Et son père l'avait trouvé. La gifle fut retentissante, la marque sur sa peau rouge vif.

Et tandis qu'il remettait sa tête droite, regardant le sol, il eut l'impression qu'on lui avait ouvert les yeux tandis qu'un lointain souhait lui revenait en mémoire. A cette époque où il était encore en âge d'espérer. Ses battements s'accélèrent, il avait enfin sa réponse tandis que son père avait la sienne.

Son paternel se précipita sur lui et encadra son visage de ses mains tremblantes, le visage baigné de larmes et rongé par la culpabilité.

- Pardon, Isaac, souffla-t-il, désorienté. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris, pardonne-moi, mon fils...

Indifférent, il lui répondit  :

- A mes douze ans, je m'étais demandé quel acte inaugurerait notre rencontre. Est-ce que ça allait être une accolade paternelle ou bien une gifle pour me punir d'une bêtise  ? Je n'espérais même plus de réponses, Papa. Mais en bon père, tu as voulu m'en donner une pour marquer notre lien. Et maintenant nous l'avons.

Son corps rencontra pour la première fois le sien en une étreinte puissante. Une qui parvenait à faire revivre un mourant. Une qui redonnait de l'espoir et un souffle de vie. Mais la blessure était telle que tout avait dorénavant un goût de cendres froides.

- Pardonne-moi, Isaac, pardonne le plus ignoble des pères qui ne sait même pas comment montrer à son seul enfant à quel point il tient à lui.

- Merci Papa, souffla-t-il à son oreille.

Il se détacha d'un coup de lui pour se libérer de son emprise et son visage serein faisait face à celui dévasté de son père. Le coup de grâce allait tomber.

- Et toutes mes condoléances, lâcha-t-il. Pas pour ta femme, seulement pour nous. Tu as enterré maman il y a vingt-cinq ans et tu pensais que j'étais en vie depuis tout ce temps. Mais tu m'as délibérément enterré à ma naissance et aujourd'hui, tu enterres notre relation. Alors je me répète  : toutes mes condoléances.

Et tandis que le choc aspirait les dernières couleurs d'Erwan, le laissant blanc comme un linceul et que Rosalie sanglotait un « Pitié, mon enfant, ne me laisse pas ...» il referma la porte derrière lui, brisé. 


Oulààà qu'est-ce que j'aime ce chapitre même s'il pourrait être améliorer, j'en conviens ^^ 

J'aime beaucoup Erwan et j'aime Isaac, alors oui les hommes brisés venez à moi, je vous guérirai ;) 

A très bientôt ! 

Votre douce Célestine ;) 


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