~~ Chapitre Trente-Deux Partie 1 ~~
Bonsoir à toutes, me voici pour un nouveau segment d'Isaac et Julianne. Je reconnais que cela fait un bout de temps que je n'ai pas posté mais j'ai eu beaucoup de mal à écrire ce long chapitre et je m'empresse de vous poster une partie avant de partir en vacances. Comme d'habitude, n'hésitez pas à recharger la page avant de le lire. :) Bonne Lecture chères amies.
Planté face au miroir de son armoire, Isaac enfila un léger pull bordeaux surplombant un jean foncé. Jetant un dernier coup d'oeil à son reflet et s'étant dit que c'était assez présentable pour la réception qui s'annonçait, il prit son téléphone et porte-feuille et referma la porte de sa chambre derrière lui.
Assise sur le canapé beige, sa grand-mère l'attendait, vêtue d'un beau costume rose pâle. Ils se dirigèrent tous les deux vers la porte qu'il retint pour qu'elle sorte en première. Prenant la voiture, ils traversèrent tout Mantes pour se rendre au CGR de la ville racheté par un nouveau gérant, le couple Chevignon. Y avait lieu une cérémonie organisée pour l'ouverture et Carlos les rejoindrait plus tard dans la soirée.
Arrivés sur place, Isaac fut frappé d'emblée par le changement. L'intérieur avait été totalement réaménagé et pour couronner le tout, en cette première journée d'ouverture, une estrade avait été installée en hauteur. Les couleurs dominantes étaient bel et bien le rouge et le blanc. Des petites tables recouvertes de nappe blanche étaient dressées un peu partout et des ballons rouges en forme de coeur accrochés au plafond. Un grand bar avait été monté au fond de la salle suivi d'un long buffet sur lequel étaient disposées plusieurs corbeilles de fruits rouges, coupes de cocktail, champagne et d'innombrables pâtisseries de toutes les couleurs qui vous mettaient l'eau à la bouche. Des serveurs tous vêtus d'une chemise blanche et d'un pantalon noir se tenaient prêts à servir les clients.
Face à toute cette préparation, il fallait reconnaître que le couple Chevignon avait mis un point d'honneur à toute cette entrée en matière et accueil. Mais en s'intéressant davantage à la décoration, une autre idée germait dans son esprit. L'achat seul n'était pas fêté, il y avait autre chose. En regardant les cœurs accrochés au plafond, il se dit qu'étant donné que nous n'étions pas le quatorze février, cela ne pouvait qu'une autre chose ...
Au même moment, tandis que la salle terminait de se remplir et que les portes d'entrée s'étaient fermées, un homme vêtu d'un smoking impeccable apparût sur l'estrade tenant un micro. Après avoir parcouru la salle d'un air jovial, il parla d'une voix enjouée.
« - Mesdemoiselles, Mesdames et Messieurs, Bonsoir. Bienvenue à toutes et à tous à cette cérémonie organisée par Monsieur et Madame Chevignon, nouveaux propriétaires de notre cinéma. Je vous annonce d'emblée que cette soirée va s'avérer follement sympathique au regard de ce que nous avons prévu, prévint-il avec un grand sourire. Je vois certains d'entre vous lever la tête au plafond. Rassurez-vous, ce n'est pas une célébration de la Saint-Valentin avant l'heure, mais c'est tout comme. La décoration célèbre leur quarante ans de mariage et vous renvoie vous tous presqu'un demi siècle en arrière. C'était dans un univers similaire que Monsieur a rencontré Madame et ce fut un coup de foudre qui dure depuis. Nous vous en dirons davantage plus tard, afin de garder encore un peu le suspens, et pour le moment nous vous invitons à vous rapprocher du bar et des buffets installés pour vous rafraîchir en cette chaude soirée d'octobre. »
Se tournant vers Rosalie dont les lèvres étaient étirées en un petit sourire amusé, il lui demanda si elle souhaitait une coupe de champagne. Elle déclina et avoua être davantage tentée par une coupe de cocktail à la mangue noix de coco.
Au nom du breuvage, un sourire contrit colora ses lèvres tandis que des flashs de sa chasse à la femme apparaissaient devant ses yeux.
Une fois la commande passée, adossé au bar, il promena son regard sur les invités réunis et remarqua qu'il y avait autant de jeunes que de plus vieux. Les Chevignon avaient su attirer l'attention de la jeunesse mantaise.
Il allait sortir son portable de sa poche, lorsqu'un éclat de rire féminin attira son attention. Comme par automatisme, il releva la tête et tomba directement sur un groupe de quatre filles prisent d'un fou rire.Toutes vêtues de robes aux couleurs annonciatrices de la fin de l'été, elles avaient l'air de bien s'amuser en écoutant les aventures d'une grande rousse bien bavarde. Elle retint légèrement son attention sa silhouette lui semblant familière mais réalisa s'être trompé. La rousse en question n'avait rien à faire à cette cérémonie. Il revint à son téléphone et allait répondre au texto de Thomas lui demandant ce qu'il faisait d'intéressant lorsqu'un nouvel éclat de rire lui parvint et cette fois-ci, il tourna vivement la tête.
Ses iris troublés dévalèrent son corps et s'attardèrent sur ces boucles rousses qui avaient fait son charme et avait fait tourné la tête à un de ses amis avant que tout ne parte en vrille. Signifiant au serveur qui s'approchait de lui, qu'il repasserait plus tard, il s'avança vers le groupe de filles. Celle placée en face de lui remarqua son approche et le questionna du regard. Il l'ignora royalement tandis que tous les regards convergeaient vers lui. Se postant derrière cette connaissance, il l'apostropha :
« - Héléna. »
Au nom ou à la voix qu'elle avait sans doute reconnu, elle se retourna aussitôt. Un beau sourire aux lèvres, elle le dévisagea quelques secondes comme si elle espérait trouver un quelconque changement, un début de cheveux gris ou une ride au coin des yeux, et lorsqu'elle ne trouva rien, elle lui sauta au cou dans un éclat de rire.
Habituée à cette enthousiasme caractérielle d'Héléna, il ne lui en tint guère cure et accueillit l'ex de Thomas avec un sourire, tandis que toutes ses copines les regardaient étrangement, attendant d'être mises au courant.
Après s'être balancée de gauche à droite au moins trois fois, elle recula, le sourire persistant.
«- Ca fait un bail, Izz' ! Qu'est-ce que tu deviens ? Et surtout que fais-tu ici ? Tu es venue avec ta copine du moment ? Non, tu ne peux pas avoir de copine toi, tu n'aimes personne, balança-t-elle en riant. Laisse-moi deviner, tu es venue avec Rosalie et Carlos ? »
Etant donné qu'elle avait répondu à ses propres questions dans une même seule tirade, il ne put qu'acquiescer à sa proposition qui transpirait de vérité. Au passage, elle venait tout naturellement de le faire passer pour un abruti mais il ne releva pas.
« - Voici Isaac, les filles, un copain du lycée, fit-elle en se retournant vers ses comparses avant de pivoter vers lui. Où sont-ils ? Je voudrais les saluer, ça fait si longtemps que je ne les ai pas vus.
- Mamie sera heureuse de te revoir. Ca doit faire quatre ans c'est ça ?
- C'es bien ça, quatre ans que j'ai quitté Mantes pour habiter Rouen avec les parents. Et sois heureux d'apprendre que je viens d'avoir mon diplôme de journaliste, ça a pris du temps mais je l'ai finalement eu !
- Félicitations, Thomas m'en avait parlé.
- Il a certainement dû te dire que je l'avais harcelé de messages ces derniers mois. Il refuse de m'écouter. »
Ne souhaitant guère parler de leur relation tumultueuse datant du lycée, il lui posa une autre question.
« - Qu'est-ce qui t'amènes à Mantes et à cette cérémonie ?
- Des amies, Izz'. Je suis venue rendre visite à une cousine qui habite à Vernon et une copine m'a invitée à la petite fête des Chevignon. D'ailleurs tu seras surpris de la revoir si tout comme je l'imagine vous n'avez pas gardé contact. »
Et au clin d'oeil qu'elle lui fit, il comprit aisément qu'elle et son autre copine risquaient de lui faire passer une soirée mouvementée. Car Héléna ne risquait plus de le lâcher, de cela il en avait la certitude.
Tandis qu'elle se remettait à papoter avec ses connaissances de la soirée, un bras retenant celui d'Isaac, il dut lui demander l'autorisation pour aller retrouver Rosalie et la lui présenter. Il récupéra au passage les breuvages commandés, un cocktail pour sa grand-mère et un coca pour lui, et la rejoignit tandis qu'elle conversait avec une des membres de son club de lecture. Après l'avoir saluée, il glissa à l'attention de sa parente qu'il était près du bar aux côtés d'Héléna qui avait « très envie » de la revoir. Elle reçut l'information avec un grand sourire et promit de les rejoindre très vite.
L'ayant rejoint, il se vit retirer son verre par sa rousse qui se mit à le siroter sans aucune gêne. Il secoua la tête face à son comportement tandis qu'il voyait certaines personnes s'attrouper autour du présentateur de la soirée.
« - Tu sais ce qu'ils vont proposer pour le restant de la soirée, Héléna ? Demanda-t-il tandis qu'elle remettait de l'ordre ou plutôt du désordre dans ses boucles. »
Elle avait toujours aimé les avoir décoiffés et emplis de nœuds, ce qui lui donnait un air toujours un peu sauvage, allié à ses grands yeux verts et les petites tâches de rousseur parsemant son visage. Et en contemplant de nouveau ce faciès apprécié, il dut reconnaître qu'elle était toujours aussi belle que dans ses souvenirs. Et en l'observant lui sourire, il comprit ce qui avait fait chaviré son meilleur ami mais aussi ce qui avait causé leur rupture au grand dam d'Héléna. Son côté pile électrique jamais épuisée et la foi. Là où Héléna était vaguement croyante, Thomas était pieux. Bien plus qu'Isaac ne l'était, allant jusqu'à faire vœu de chasteté jusqu'au mariage.
« - Non, j'en sais pas plus que toi, mais je sais au moins avec qui on va bien s'amuser, mon coco ! »
La voyant regarder par-dessus son épaule gauche, il l'imita au moment où des notes de vanille l'enveloppèrent faisant palpiter son cœur. Comme un ressort, il pivota de nouveau vers Héléna et son regard se posa comme par magie sur sa poitrine. La robe dévoilait un morceau de chair à première vue appétissante, mais il remonta rapidement à son visage pour être frappé d'ébranlement !
Dieu d'Israël !
L'objet de ses rêves, le fruit défendu et pourtant si convoité, se matérialisait devant lui, dans toute sa splendeur. Dans tout son éclat qui rivalisait brillamment avec celui du Soleil. Tandis qu'il embrassait de ses pupilles fascinées ses traits comme un assoiffé, il sentit son cœur enfler de joie. Une chaleur familière qui se révéla ardente ce soir, le rendant fébrile, comme si la tête lui tournait. Il ne venait de s'écouler qu'une pincée de secondes et pourtant l'impression que le temps avait ralenti était forte depuis que Julianne les avait rejoints.
« - Léna, c'est bon je suis sauvée, j'avais ce qu'il faut dans mon sac ! Elles sont arrivées en avance cette fois-ci, du coup j'ai été prise de court, fit-elle en s'esclaffant. Et puis regarde ce que j'ai trouvé, s'exclama-t-elle en mettant en élevant sa main dans laquelle reposait une serviette mauve présentant trois petits cookies blancs. Au chocolat blanc ! »
Tandis que son amie se servait avec un grand sourire en lui tendant son verre de coca, ayant tout simplement oublié la présence du brun, Julianne sembla s'en apercevoir. Relevant la tête, ses perles ambrées croisèrent les siennes, troublées. Le choc marqua ses traits une seconde et elle se reprit aussitôt, voulant s'épargner des explications à Héléna qui chercherait à tout savoir. Alors, comme il l'avait compris et l'espérait secrètement, elle le salua rapidement.
« - Salut, dit-elle, la voix ayant baissé de plusieurs octaves, ressemblant maintenant à un chuchottement. »
A cela, il répondit simplement par un hochement de tête. Elle se tourna de nouveau vers sa copine et but une longue gorgée de la boisson rafraîchissante. Tandis que les lèvres imprimaient une marque sexy sur son verre, une voix lui souffla qu'il allait bien s'amuser avec celle qu'il cherchait à éviter et à désespérement revoir.
Ta vie est une grande contradiction !
Voyant les filles se mettre à discuter entre elles et être rejointes par leurs autres comparses, il allait retourner voir Rosalie lorsque son regard fut comme aimanté par des côtes découvertes par cette robe jaune tandis qu'elle relevait ces deux bras pour faire un chignon en un rapide et sensuel ballet de doigts, retenu par une pince chinoise. Elle dévoilait des deux côtés, un morceau de cette peau délicate du corps féminin.
C'est quoi ce bordel ?!
Plus les minutes s'écoulaient et plus la brune semblait dévêtue.
Comme dans tes rêves, pervers !
En plus de l'absence de collant qui recouvrirait la peau de ses jambes, cette robe moulait la finesse de sa taille, la largeur de ses hanches et sa chute de rein, qu'il avouait trouver merveilleuse depuis quelques temps.
Et pas juste parce qu'il lui a mordu le fessier !
Et si elle attirait indéniablement son regard de loup quémandeur d'une certaine chair, il découvrit qu'il n'était pas le seul. Deux hommes adossés au bar, un blond et un maghrébin, la reluquaient en mettant du cœur à l'ouvrage. Et leurs regards témoignaient du passage à l'acte imminent.
A cette simple vue, il ne put se résoudre à quitter le groupe des filles, que ce soit Julianne ou Héléna. Ces gars n'avaient pas l'air du tout bienveillants, ayant toutes les caractériques physiques du chasseur.
Et voilà qu'il était devenu le gardien de celle qui le maintenant éveillé et faisait de sa vie un tour de manège.
Thomas t'aurait applaudi !
Il ne fallait pas abuser non plus, il était certes le roi des abrutis, des sauvages, des connards et de tout ce que vous souhaitiez, mais il avait des principes d'homme.
Et cette gifle en fait partie, peut-être ?
A ce rappel, un tremblement le parcourut tandis qu'il ne put masquer la tristesse qui transparut dans ses yeux. Cet emportement le désemparait à chaque fois et lui laissait un goût de remord qu'il aurait voulu effacer. Mais il ne le pouvait pas. Agir signifiait en parler, parler signifiait présenter des excuses et il aurait pu le faire devant n'importe qui, mais devant Julianne, c'était impossible. Et il devait conserver cette impossibilité qui représentait l'ancien Isaac. Celui qui était atteint mais qui n'en laissait jamais rien paraître et surtout qui parvenait à réparer les fissures avant qu'elles se ne se creusent. Et à son grand dam, celui d'aujourd'hui, devenu une lavette, ne faisait que recevoir coup sur coup.
Une main se posa dans son dos et à cette pression familière et affectueuse, une couche de tristesse s'évapora. Rosalie venait de les rejoindre et il pria silencieusement qu'elle maintienne cette paume réconfortante contre lui. Cette prière venant du cœur fut immédiatement exaucée et tandis que sa grand-mère saluait le groupe de jeunes filles, embrassant les joues et étreignant Héléna d'un bras, elle ne s'éloigna pas.
« - Tout va bien, Isaac ? »
Il acquiesça. Après une caresse sur la joue, elle fut entraînée par Héléna vers les buffets de crudités et charcuteries. Et seule Julianne fut laissée en sa compagnie tandis qu'un silence épais les enveloppait.
Qu'il était dur de respecter les promesses faîtes à soi-même en présence de ce petit bout de femme. Pour ne pas aggraver la maladie terrible qui semblait s'être prise d'affection pour lui il était tenté de planter la brune ici et de rentrer chez lui illico presto. Mais ce n'était pas un comportement digne d'un homme. Les vrais hommes affrontaient la difficulté !
Julianne, une difficulté ?!
Et il avait l'habitude de l'affronter et non de la fuir.
Tapette !
Et tandis que cette même voix lui soufflait de s'éloigner d'elle avant qu'elle ne le dévore tout cru, l'autre, celle qui aimait et n'attendait que leurs confrontations, lui ordonnait de rester. Au regard de son rêve torride et de la tenue de Julianne et surtout de leurs retrouvailles, parce que bon sang, il était trop content de la retrouver alors qu'ils s'étaient quittés il y avait à peine trois jours, il était dangereusement tenté d'accéder à cette requête.
Ce silence n'avait pas lieu d'être, même au regard de leurs calins sur le matelas, et surtout il devait agir. Agir parce qu'il ne se donnerait pas les moyens d'entrer en contact avec elle par la suite n'ayant aucune raison légitime. Et agir parce qu'il brûlait de lui parler et de croiser son regard.
Comme le disait LS, tu es gaga...
Oui, il fallait qu'il bâtisse quelque chose de positif une fois dans sa vie avec Julianne, même s'il contredisait toutes ses volontés et espoirs d'il y avait à peine deux jours.
La faire sortir de son mutisme, créer une atmosphère complice comme ils parvenaient à les créer et lui arracher un sourire voire même un éclat de rire.
Se comporter comme des gens normaux, en somme.
Se tournant à moitié vers elle, ses yeux gourmands dévalèrent le profil de sa voisine et se posèrent par mégarde sur le grain de beauté qui reposait au dessus de sa lèvre supérieur. Il ne vous cacherait pas à quel point cette vue lui parut exquise.
Une chaleur familière se propageant dans son corps, il eut comme l'impression de cette soirée allait marquer un tournant. Il y avait dans l'atmosphère comme un air de trêve, une paix offerte à l'ennemi l'espace de quelques heures. Certes cela n'était dû qu'aux apparences qu'ils devaient tous les deux sauver, mais il percevait le changement qui allait s'annoncer.
« - Qu'est-ce qui t'amènes ici, Julianne ? »
Certainement surprise qu'il engage une conversation polie et au regard de celle qu'il avait entamé la fois dernière, un cocktail à la main, elle prit quelques secondes pour réfléchir à une réponse désintéréssée.
« - Carton d'invitation. »
Phrase brève faisant clairement comprendre qu'elle ne souhaitait guère poursuivre. Spécimen bien trop intéressant pour un curieux comme lui.
En ne lui jetant pas de coup d'oeil, elle perdurait son désintéressement de Dimanche en donnant encore l'impression qu'une page venait clairement de se tourner.
Aucune page ne sera tournée...
Pour la maintenir sous sa coupe, il devait l'obliger à faire la conversation, par tous les moyens.
« - Depuis quand est-ce que tu as repris contact avec l'ex de Thomas ?»
La question fut posée au moment où elle amorçait un pas en direction d'Héléna et de Rosalie. Et cette dernière la fit reposer pied à terre, notamment pour la forme.
Les femmes, je vous jure !
« - Pour toi, elle n'est rien d'autre que « l'ex de Thomas » ? »
Réaction attendue qui la fit se retourner.
Oui, regarde-moi, ennemie adorée.
« - Une femme n'est reconnue que par l'homme qui l'accompagne. »
Bon, là, il se faisait clairement passer pour un beau conservateur mais il y avait tout de même une grosse part de vérité dans cette idée.
« - Vous ne pouvez totalement nier ça.
- Je reconnais que tu as raison même si ma part féministe te prie d'aller paître. Toutefois, là, ils ne sont pas du tout ensemble, arqua-t-elle comme si elle le défiait tout à coup de dire le contraire. »
Et cela lui plut outre mesure.
Avec elle, tout te plaît outre mesure...
Ayant amené Julianne sur le terrain qu'il voulait, il pouvait maintenant en faire ce qu'il souhaitait.
« - Elle reviendra, lança-t-il, quelque part sûr de lui. »
Ancrant son regard au sien, elle lui laissa aisément entrevoir tout ce qu'elle pensait de lui et de sa théorie. Et pourtant lui y croyait avec ferveur.
« - Elle dit être intéressée par un journaliste de sa promo. Thomas a été jeté aux oubliettes. »
Etrange comme réaction, cela ne correspondait pas du tout aux dires de la belle rousse quelques minutes plus tôt. Il en convenait qu'elle n'avait donc pas mis la brune aux courant de ses souhaits.
Les copines n'étaient-elles pas censées tout se dire ? Intéressant.
Ainsi, tout le monde avait donc ses petits secrets. Si Julianne ne lui avait rien dit pour eux, le secret d'Héléna était aussi légitime.
Il eut soudainement envie de saupoudrer leur conversation de notes citronnées.
«- Elle pourrait t'apprendre beaucoup de choses si tu creusais davantage. Ta copine est mordue de mon meilleur ami. »
Elle mordit à l'hameçon, les iris allumés d'un mécontentement familier.
« - Tu prétends tout savoir, Isaac ? Tu penses que toi et tes amis êtes inoubliables ?
- Non, mais certaines rencontres marquent davantage que d'autres. Ainsi va la vie ! »
Comme si elle était touchée par cette affirmation, elle se détourna de lui et lança.
« - Quoi qu'il en soit, Léna est assez grande pour décider elle-même.
- Nous sommes d'accord. »
Ayant assisté aux paroles de la concernée, il se dit que pour leur bien à tous les deux, il pourrait cette fois-ci s'autoriser de briser la promesse que lui et Thomas s'étaient faite. Il interviendrait dans leur relation et conseillerait à son meilleur ami d'y réfléchir à deux fois, pouvant peut-être construire quelque chose de beau et de durable avec Héléna.
Comme encouragé par le Ciel, au moment où sa brune allait de nouveau s'éloigner, l'homme au micro apparut sur l'estrade.
« - En espérant que vous avez profité du buffet dressé pour vous, chers invités, je reviens vers vous pour vous faire part de la suite de la soirée. A la demande de Madame Chevignon, un jeu célébrant l'Amour sera organisé. Et il n'est pas anodin, c'est celui qui a uni Monsieur à Madame et ils tenaient à vous y faire participer dans la joie et la célébration de ce sentiment auquel chaque individu aspire.
Les règles sont très simples, chers amis, invitez votre épouse, votre fiancée, une amie ou tentez votre chance avec n'importe quelle femme ici présente. Et le but du jeu est de porter la femme choisie le plus longtemps possible dans vos bras ou sur votre dos, le choix vous revient. Nous vous laissons donc une bonne dizaine de minutes, puis nous prierons les participants d'avancer vers l'estrade après s'être inscrit auprès de mes collègues qui viendront à vous. Merci de votre attention. »
Après l'annonce de ce jeu pas du tout commun à sa connaissance, le brun vit quelques couples amusés par le jeu, se rapprocher des escaliers menant à l'estrade où se trouvait un homme au calepin blanc. Certains hommes s'avançaient avec leur compagne, fiers comme des coqs.
La compétitivité se trouve partout !
Se tournant vers Julianne, il remarqua qu'elle regardait les participants avec amusement et une lueur qu'il assimila à de l'envie. Chose qui lui fit froncer les sourcils. La brune avait-elle vraiment envie d'y prendre part ?! Il ne s'y attendait pas du tout et à bien y réfléchir il finit par se dire qu'étant sur ce plan pas très différente de Camy, sa réaction était normale.
Sentant son regard sur elle, elle revint à elle et entreprit de chercher son téléphone dans son sac à mains.
Ben voyons !
Il allait amorcer vers elle lorsqu'il fut rapidement devancé par une figure familière. Le fameux maghrébin s'avançait vers eux, dévorant Julianne du regard. Son air suffisant prouvait à qui voulait s'y intéresser, qu'il avait confiance en sa belle plastique et en sa tchache.
Agis avec ruse, Evans !
N'oubliant en rien sa promesse de protéger les filles de ce type pas net, il s'éloigna tout de même quelque peu de la brune. Parfois il était préférable de laisser faire plutôt que de plonger tout de suite.
Sortant à son tour son téléphone, il fit semblant de textoter tout en faisant attention à ce qu'il passait autour.
L'intéressé vint se placer devant elle et toussota légèrement pour attirer son attention. Aussitôt, la brune réagit et le regarda avec surprise, devenant quelques secondes plus tard la destinatrice d'un sourire colgate.
« - Vous désirez ? Demanda-t-elle en fronçant les sourcils, comprenant mal son attente.
· Vous inviter à ce jeu, Madame. Comme d'autres hommes, j'ai été amusé et intrigué par les Chevignon et je serai honoré d'être votre compagnon de soirée. »
Un sourire charmé colora ensuite ses lèvres tandis qu'elle baissait la tête.
Dîtes-moi que je rêve ?!
Face à ce sourire, le maghrébin s'autorisa à se rapprocher davantage, ce qui fit lever la tête de la brune.
« - Djibril, se présenta-t-il.
- C'est très gentil à vous, Djibril, mais je doute fort de votre sincérité. Le fait est que je t'ai vu avec ton pote lorgner les jambes et fessiers de mes copines. Alors c'est un non. »
Ca, c'est fait !
Beau retournement de situation ! Et quel soulagement de voir qu'elle n'était pas assez désespérée pour tomber dans les bras du premier venu, aussi beau soit-il. Mais même s'il était spéciale, Julianne, elle n'était pas n'importe qui.
Idiot tu es d'avoir douté d'elle...
«- Entre vous toutes, c'est bien toi qui a retenu mon attention et je suis sincère.
- Je te demanderais de passer ton chemin, accompagna-t-elle d'un signe de main.
- Tu me juge trop vite.
- Qu'est-ce qui se passe, chérie ? Intervint-il en posant sa main sur la hanche découverte. »
Il la sentit frissonner sous sa paume et son corps se raidir.
Bon signe, après l'épisode de Dimanche !
Les deux regards se dirigèrent vers lui tandis que le sien n'était braqué que sur le fauteur de troubles. Malgré l'hilarité de la situation, elle ne chercha pas à se défaire de cette main posée sur elle donnant plus d'écho à l'intervention d'Isaac et il lui en fut reconnaissant, tout autant qu'il s'en amusait intérieurement.
« - Vous souhaitez ? Demanda-t-il à l'attention du maghrébin.
- T'es qui toi ? Lança-t-il au brun.
- Son fiancé, lâcha-t-il calmement. »
L'information sembla les ahurir tous les deux. Julianne plus que Djibril. Après l'avoir dévisagé pendant bien longtemps, comme s'il lui faisait part de toute la jalousie qu'il ressentait et de la chance qu'il lui reconnaissait, le maghrébin recula d'un pas, signifiant ainsi son abandon.
T'avais bien intérêt mec !
Voilà, en quelques minutes de silence et en seulement deux répliques, il avait débarassé Julianne d'un pot de colle et l'avait rendue redevable à son intervention. Nul besoin de passer pour l'homme jaloux ou sur les nerfs parce qu'un autre s'était approché de sa captive. Avec la brune, il fallait être malin en toute circonstance.
Un petit sourire amusé papillona sur ses lèvres : Julianne était prise au piège.
« - Te voilà sauvée du forceur, fiancée Davis, annonça-t-il en lui caressant la hanche. »
Ta peau satinée.
« - Ton intervention était tout bonnement inutile, Evans. Et puis lâche-moi, ordonna-t-elle en s'éloignant. »
Ayant senti les remerciements poindre le bout de leur nez, il renforça sa prise et la colla contre son épaule pour éviter une autre tentative.
Contact physique, Evans ...
Pour toute réponse cordiale, elle le fusilla du regard et recouvrant sa main de la sienne, elle entreprit de délier les doigts masculins qui enserraient sa hanche.
« - Cesse de gigoter dans tous les sens, les gens vont finir par trouver ça suspect, Davis !
- C'est déjà suspect au cas où tu ne l'aurais pas compris ! Que vont penser Léna et toutes les autres ? Je suis venue ici sans compagnon, par pour en trouver un qui me tripoterait devant tout le monde. »
C'est vrai que sa lionne préférait les chambres...
« - Toutes tes copines sont à l'heure actuelle en train de se faire, Léna y compris, inviter à participer au jeu organisé. Il faut croire que tout le monde est conquis. »
Sur cette annonce, avec un sourire victorieux, il la fit pivoter vers le bar où les filles étaient réunies, chacune faisant face à un homme empli d'espoir. Et face à cette scène et l'engouement que ressentait tout un chacun, une idée étrange germa dans son esprit tordu. Si la jeunesse mantaise semblait prendre goût, lui pouvait aussi y prendre part. Soyons clairs, il n'était pas du genre à suivre les autres tel un mouton sans personnalité, mais parfois il valait mieux tenir compte de l'atmosphère avant de se lancer. Et dans le cas présent, cette dernière l'encourageait vivement à agir.
Et pourquoi pas avec Juli, hein ?
Oui, c'était un moyen de surprendre et de clouer le bec de Julianne en lui révélant une facette de lui qu'elle ne connaissait pas du tout !
Un moyen aussi pour l'avoir sous ta coupe, ouai !
C'était une excellente idée qui lui plut démesurément. Tellement qu'il avait envie de prendre Julianne par les épaules et les secouer pour lui annoncer cela. Et c'était bougrement effrayant pour quelqu'un de peu démonstratif comme lui.
Passant un bras autour de ses épaules et la retournant vers l'estrade, voyant un homme se promener entre les invités avec un calepin, il se dit que le temps était venu d'éclairer Miss Davis sur la suite de cette soirée.
« - Si je réfléchis bien, Julianne, on vient de se fourrer dans un beau pétrin, annonça-t-il en posant sa paume large sur son trapèze. On est bien obligée de participer à ce jeu.
- Je ne vois pas du tout pourquoi, contra-t-elle en lui écrasant le pied. »
Geste qui le fit rire sous cape.
« - Fais marcher ta cervelle de hibou : tu viens de recaler l'autre imbécile, te faire passer pour ma fiancée et toutes tes amies sont sur le point de participer.
- Cervelle de hibou ?! Non mais je crois rêver, regardez donc qui me parle, s'offusqua-t-elle en s'appliquant pour lui écraser les pieds.
- Tu ne voudrais tout de même pas ... aie ! »
La folle dingue venait de planter son talon sur son pied ! Il la relâcha aussitôt et frotta fortement le devant de sa chaussure contre son pantalon pour éviter à devoir l'enlever et masser son pied. Quelle plaie cette femme !
La voyant reculer d'un pas tout en le regardant avec dédain, il réagit aussi vite qu'elle. La prenant par le bras, il l'attira contre son torse, provoquant sa stupéfaction.
« - Refais ça Julianne et ce sera la fessée devant tout le monde, menaça-t-il en vrillant ses yeux aux siens. »
Tenant fermement son bras, sans pour autant le serrer, il la maintint contre lui pour avoir toute son attention et surtout se prendre tous les éclairs que les perles mordorées lui lançaient à tout va.
Regarde-moi, encore et toujours...
« - Comme je le disais, tu ne voudrais quand même pas que l'autre imbécile vienne faire d'esclandre par la suite ou même rester en retrait pendant que toutes tes comparses profiteraient de la soirée, n'est-ce pas ? Ce serait idiot de ta part... »
A la seconde même il vit l'homme au calepin blanc s'approcher d'eux et en lui faisant un signe de tête, ce dernier vint se poster devant eux. Au même moment, d'un mouvement furtif, il glissa sa main du bras de Julianne et déploya sa main en étoile de mer dans son dos.
« - Monsieur, Madame, je suppose ? Demanda-t-il en notant leur numéro de participant.
- Du t..., s'aventura la brune voyant les deux hommes se toiser.
- Oui, fiançés Evans : Isaac et Julianne, se présenta-t-il avec un air fier.
- Très bien. »
Les yeux écarquillés de stupeur, elle le vit s'éloigner et être abordé par un autre couple enthousiaste. Puis, la brune fulminante de rage se retourna vers lui et lui cracha son venin en se délestant sèchement de son emprise.
Cerveau lent, Davis !
« - Tu viens de nous inscrire à ce jeu sans mon autorisation ?! Mais quand est-ce que tu vas arrêter de me coller, Evans ?!
- Tu n'avais pas l'air en désaccord quand il était devant nous, Julianne.
- Tu m'as clairement coupé la parole quand j'allais exprimer mon putain de désaccord. Tu m'énerves depuis que tu t'es approché de moi alors pour l'amour du Ciel pourrais-tu dégager! Ne trouves-tu pas qu'on s'est assez côtoyé ce weekend ?! »
En réponse aux deux sens qui découlaient de cette question-affirmation, il eut envie de lui répondre par la négative. Avec elle, il n'était jamais rassasié.
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