~~ Chapitre Quarante-et-un ~~


Bonjour à toutes, me voici avec le chapitre du point de vue d'Isaac ^^ Bon je sais que hier j'ai posté celui de Julianne et que j'avais dit que je posterai celui-ci dans le courant de la semaine prochaine mais j'avais envie de retrouver Isaac et de vous permettre de le retrouver aussi mdrr. Voilà VOilà pour le racontage de vie et en vous souhaitant une bonne lecture, je vous retrouve en bas ;) 

Tout ce qui ne te tue pas, te rends plus fort !

Combien de fois n'avait-il pas entendu cette phrase, cet encouragement de la bouche de son coach pendant ses entraînements de foot américain au lycée ? Des centaines de fois tandis qu'ils s'entraînaient jusqu'à la fatigue extrême, jusqu'à qu'être carrément morts mais ultra entraînés pour la prochaine rencontre.

Avant, cette phrase prenait tout son sens. Il sentait la force bouillir dans ses veines, apportant l'adrénaline nécessaire et cette envie farouche de se relever et d'écraser l'équipe adverse.Aujourd'hui, il la percevait creuse.

Ces trois dernières semaines depuis qu'il avait quitté le domicile familial ne l'avaient pas tué. Mais il n'en avait pas été loin. Il n'avait pas eu cette envie de mettre fin à ses jours en s'ouvrant les veines ou en se jetant sur les rails d'un train, mais il n'en était pas loin tant il se sentait responsable et surtout sale. Son esprit pervers était sale, son âme était sale et pourtant la seule personne à qui il avait pu souhaiter du mal n'était que Julianne mais toutes ces pensées ne se dirigeaient que vers son père et sa grand-mère. Il se sentait immonde vis-à-vis d'eux.

Cette cassure avec les siens ne l'avaient pas tué, c'était certain.Dieu avait certainement dû le façonner d'une manière toute particulière, en choisissant la terre la plus rude pour qu'il puisse se relever quoi qu'il arrive.

Il n'y avait pas d'autres explications.

Mais avoir bravé cette tempête ne l'avait pas non plus rendu plus fort. De toute manière solide

il l'était déjà. Il avait toujours souhaité être un roc pour Rosalie. Et il s'était toujours entraîner à être apte à se relever de tout ce qui pourrait lui arriver. Apte à encaisser, encaisser et encaisser jusqu'à ce qu'il se brise définitivement.

Et ce départ de chez lui n'avait pas été ce définitivement.Alors oui, il avait bravé du noir comme tout être humain le ferait après qu'il voie sa famille se briser en éclats. Perdre sa meilleure-ennemie/copine attitrée, père et famille n'était pas donné à tout le monde et le tout dans une même journée. Il fallait être peu chanceux pour que tout vous tombe dessus en une même journée et il lui l'était indéniablement.

Les deux dernières semaines avaient été les pires de sa vie. Ils'était terré dans un petit hôtel d'une ville voisine et avait demandé un break d'une semaine à son patron pour qu'il puisses'enfoncer comme il fallait avant de refaire surface. Il était resté cloîtré dans la chambre pendant quatre jours à penser, remuer ciel et terre, rassasser ce qu'avait été sa vie, ce qu'elle aurait dû être lui mort ou vivant. Il avait pensé à tout et à n'importe quoi. Se détruisant comme s'il était lui-même son pire ennemi et se sauvant comme s'il était lui-même son seul allié.

Il avait pleuré jusqu'à en avoir mal aux yeux, bu comme un trou tout l'alcool acheté pour oublier cette douleur et cette vie ratée qu'était la sienne à 24 ans, et décuvé comme un chien mort. Puis après s'être détesté de s'être autant laissé aller, il avait eu une tête à effrayer un zombie et une odeur à faire fuir après les trois jours qu'il avait passé sans se laver, il avait décidé de se reprendre. S'il ne l'avait pas fait, il aurait clairement pourri surplace. Il avait perdu sa famille, ravagé son esprit mais il lui restait une chose. Son job. Et rien que pour celui-ci, il devait se reprendre avant de se retrouver licencié. Même si son patron n'avait aucune raison de le mettre à la porte, vu sa courbe irréprochable ces derniers temps. Il allait clairement devenir une pièce maîtresse de sa boîte d'ici quelques années.

En deux jours, il s'était remis sur pied, lavé pour enlever toute cette crasse corporelle et psychologique qu'il avait accumulé. De la douche et de cette chambre, en était ressorti un homme présentable,toujours aussi brisé mais qui ne s'autoriserait plus jamais à broyer du noir comme il l'avait fait, souhaitant sa mort plus que tout mais n'étant pas assez fort pour se la donner. Il avait juré de ne plus se laisser enfoncer de la sorte, quoi qu'il advienne de lui et de ses relations avec les autres.

Il devait vivre pour lui et eux pour eux.

Trois jours plus tard, après avoir logé dans un hôtel parisien, il avait emménagé dans le petit F2 déjà meublé de la tante de Thomas. Une annonce dont il était au courant depuis des semaines mais à laquelle il n'avait pensé qu'en retournant au bureau et envoyant les trois réponses reçues.

Et ce retour au bureau avait été bénéfique, lui ayant procuré le plus grand bien. Et cette rédemption ne lui avait été offerte ni par l'alcool, ni par les bras d'une fille mais par son boulot. Il était revenu dans ses locaux, le cœur émietté et l'esprit en éveil, prêt à bosser comme un dingue et à rattraper tout son retard. Et c'était ce qu'il avait fait en bossant d'arrache-pied,faisant même parfois le boulot de Raphael qui s'était occupé de certaines de ses tâches à faire.

Et aujourd'hui, au bout de trois semaines, il ne pouvait pas affirmer qu'il allait mieux mais il n'était plus une larve. Il était seulement un homme qui recherchait à se reconstruire et qui se donnerait le temps qui lui faudrait, sans se presser et tout faire foirer encore une fois. Le temps ne serait peut-être pas son allié mais il l'utiliserait à bon escient, de cela il en était certain.

Et cette phrase était devenu son mantra. Ce samedi matin, tandis qu'il courrait pour son footing matinal dans le grand parc qui faisait face à son immeuble, il se sentait bien. Un semblant de paix fébrile avait pris possession de lui et il s'entraînait l'esprit tranquille. Si au bureau, il vidait son esprit pour ne penser que travail qui l'attendait, une fois rentré chez lui, seul un silence l'accueillait. Un peuplé d'espoirs, de craintes et de doutes que chaque homme pouvait connaître à un tournant important de sa vie.Mais là, tandis que ses pieds foulaient la terre encore humide de rosée et qu'il était protégé par l'ombre et la fraîcheur des arbres, il se sentait protégé. Quand personne ne pouvait vous apporter le réconfort souhaité, en dernier recours ou en premier,question de priorité, la Nature le pouvait. Elle accueillait vos problèmes pour vous en débarrasser et vous insufflait de l'oxygène pour pouvoir repartir sur un bon pied.

Et c'était ce qu'il avait trouvé en arrivant à Paris. Un boulot pour s'occuper l'esprit et un havre de paix pour tout oublier.

Dieu merci !

Une fois rentré dans son appartement, douché et préparé pour la journée qui s'annonçait, l'horloge murale annonçant neuf heures et quart, il se dit qu'il était peut-être temps de reprendre contact avec son meilleur ami qu'il avait ignoré depuis belle lurette.

La première semaine de son départ, il avait ignoré les appels d'Erwan et de Carlos. Au bout de quinze chacun, ils avaient cessé,comprenant que c'était une peine perdue.

Rosalie ne s'était pas manifestée, elle avait compris dès qu'il lui avait tournée le dos qu'il ne reviendrait que lorsqu'il en aurait envie et pas parce qu'ils lui demanderaient de le faire.Carlos le savait aussi, mais il cherchait à comprendre tandis que sa grand-mère attendrait qu'il vienne à elle pour lui expliquer et lui demander pardon d'être parti.

Dès son retour à la surface, après avoir éteint son téléphone depuis une semaine, il s'était mis à envoyer un texto par jour seulement à Carlos pour lui dire qu'il allait bien et leur souhaiter une bonne journée. Tous les matins à huit heures pour leur dire qu'il pensait à eux et qu'il avait le même rythme de vie qu'avant.Parler à Carlos était plus facile que de tenter une approche avec Rosalie. Il n'avait jamais été le père autoritaire qui demande des comptes mais cette figure paternelle qui vous soutenait quoi qu'il arrive et tandis que Rosalie s'était murée dans un silence, et lui avait fait de même, Carlos avait réagi pour être ce fil réparateur pour eux tous. Et il en était reconnaissant.

Quant à Erwan, il ne comprenait pas son acharnement des premiers jours et ce silence déplorable maintenant. Comme s'il ne pouvait se donner qu'une semaine de lutte pour retrouver un fils perdu.

Quoi qu'il en était pour sa famille, il devait des explications à Thomas qui nageait dans une incompréhension totale face à un Isaac absent.

Il le chercha dans son répertoire et lança l'appel. Il décrocha à la première sonnerie.

- Bordel Isaac ! Tu étais mort ou quoi ?! Je cherche à te joindre depuis trois semaines et il a fallu que j'ai ton père au téléphone pour comprendre que tu as complètement quitté Mantes.

- Bonjour à toi aussi, Thomas. Il s'est passé certaines choses. Tu es dispo pour en parler, aujourd'hui ?

- Dis-moi où est-ce que tu te trouves, d'abord, exigea-t-il avec fermeté.

- Je suis dans l'appartement d'Agathe.

- Tatie Agathe ? Répéta-t-il comme surpris.

Il ne put s'empêcher de rire.

- Ouais, Tatie Agathe.

Un silence s'ensuivit tandis que son meilleur ami cherchait à comprendre les causes de son départ jusqu'à ce qu'il interprète qu'il avait finalement compris.

- Tu peux venir à la maison aujourd'hui ? On repartira ensemble, lundi matin.

- Okay.

Deux heures plus tard, il se présentait sur le seuil de sa maison,son sac de sport noir à la main. Retrouver Mantes lui faisait du bien. De toute manière il n'avait pas cherché à fuir cette ville qui l'avait vu grandir. Habiter à Paris était seulement un eopportunité qu'il avait saisi aujourd'hui, n'y ayant jamais pensé avant.

Avant qu'il ait pu sonner, la porte lui fut grande ouverte dévoilant un Thomas habillé d'un bas de sport noir et d'un polo gris.

- Si je n'étais pas heureux de te revoir en vie après ce silence radio, je te jure que tu te prendrais mon poing dans ta gueule !

Isaac s'avança et posa une main fraternelle sur sa nuque le rapprochant de lui.

- Je suis sûr de le mériter mais tu sais que j'aurais répondu et que tu aurais perdu comme une fillette.

- Enfoiré ! Allez entre !

Il l'invita à s'asseoir et lui lança une bière.

- J'ai commandé chinois, ça te va ?

- Ouais.

Il le regarda quelques secondes, sentant clairement le changement qui s'était opéré en lui. Isaac soutint son regard jusqu'à ce qu'il parte dans la cuisine chercher leur déjeuner. Il revint avec un grand plateau chargé et leurs boissons. Tandis qu'il le servait généreusement, il lui posa d'emblée la question la plus importante à ses yeux.

- Est-ce que la cassure concerne aussi Julianne ?

- J'ai enterré notre jeu tout comme j'ai enterré la relation avec mon père. Les deux le même jour, à quelques heures d'intervalle.

- Ne parle pas de malheur, Isaac. Ton père cherche à renouer avec toi.

- Je sais. Il attendait seulement une seule chose avant de venir vers moi.

Thomas fronça les sourcils, cherchant à comprendre. Ils avaient très peu souvent parlé de son père et à chaque fois, le brun n'avait pas tari d'éloges à son égard.

- Que je lui demande pardon pour l'avoir rendu veuf, que je lui avoue que j'étais responsable de sa situation et de l'état déplorable de notre famille. Moins ils me verront, mieux ils se porteront.

- Qu'est-ce que tu me sors, là ?! Se fâcha-t-il, ses yeux fonçant sous la colère et l'incompréhension.

Le brun ricana à défaut de pouvoir laisser sa colère et sa douleur exploser face à son quasi-frère. Il avait une telle haine envers Erwan qu'il se jurait de ne jamais aller à l'étaler devant lui, au risque de s'en prendre à son paternel.

- Il lui a fallu vingt-quatre ans pour s'en rendre compte qu'il avait besoin de ça pour entamer une relation avec moi. Et c'est à peu près le même nombre d'années qu'il m'a fallu avant de me rendre compte de tout ce manège. Je suis né avec ce putain de sceau, Thomas. Si j'avais pu mourir dans son ventre ou ne pas naître du tout, cette famille ne serait pas brisée comme elle l'est. Mais il fallait un survivant et il fallait que ça tombe sur moi. Tu imagines ?! Déjà tout petit j'annonçais le malheur et j'ai perpétré cette douleur en grandissant. Que ce soit à l'égard de mon père ou de mes grands-parents. J'ai été indigne du début jusqu'à la fin envers les seules personnes qui ont dû me supporter, lâcha-t-il avec un rire amer.

Il repoussa son assiette, à peine entamée, et baissa la tête sur le tapis d'un gris léger. Bon sang, il avait scandé à qui voulait l'entendre que le seule personne qu'il haissait sur Terre s'avérait être Julianne Davis, mais il s'était lourdement trompé. La haine qu'il éprouvait envers lui-même dépassait de bien loin celle qu'il avait pu ressentir pour elle et pourtant le Tout-Puissant savait que par moment il l'avait exécrée d'une manière terrible.

Mais là, c'était autre chose. Personne ne pouvait changer l'image qu'il avait de lui-même. Ni les paroles de son meilleur ami ni l'amour de Rosalie. Rien ni personne dorénavant. Il ne se ferait pas de mal physiquement, c'était bien trop facile pour se punir, mais s'il avait besoin de se hair encore plus fort et de se torturer l'esprit comme ça pour les aider, alors il le ferait. Si cette haine pouvait l'aider à donner le meilleur de lui-même pour les guérir,alors qu'il en soit ainsi.

Une main fraternelle se posa sur sa nuque tandis que deux yeux bleus croisaient les siens. Thomas venait de s'agenouiller devant lui et son regard témoignait pour lui. Il n'aimait pas du tout ce qu'il venait d'entendre. Mais le brun s'en moquait complètement, il n'allait pas le ménager ou se ménager pour lui.

- Je ne veux plus t'entendre parler comme ça, Isaac. Plus jamais, ordonna-t-il en plantant son regard sévère dans le sien.

Il ricana de nouveau en détournant la tête mais la prise sur sa nuque se fit plus dure. Son regard fonça, menaçant.

- Plus jamais, répéta-t-il durement. Les tiens t'aiment, Isaac, lui rappela-t-il d'une voix calme. Je n'ai jamais vu des grands-parents plus aimants que Rosalie et Carlos et putain j'en ai vu des familles....

- Et j'ai vu le revers de la médaille de cet amour, Thomas. Même en m'aimant comme ils le font, ils me tiendront toujours responsable quand les temps seront durs. Ils n'oseront jamais mettre des mots sur cette attaque mais je suis persuadé, putain j'en suis sûr qu'ils l'ont déjà pensé devant moi pendant que je me comportais comme le petit-fils parfait ou le plus grand des cons indifférents.

- Putain Isaac, mais d'où est-ce qu'elles sortent toutes ces conneries ?! Pourquoi tu penses comme ça ? Ca t'amuse de te faire du mal pour rien ? Balança-t-il, son regard devenu noir de colère.

- Tu ne comprends pas ! Comment est-ce que tu le pourrais, d'ailleurs, ton histoire de famille est toute lisse ! Ta naissance n'a pas été un combat pour la vie, ton enfance n'a pas été un combat pour la reconnaissance de ton père, tu n'avais pas à te demander pourquoi ta grand-mère pleurait cachée dans la cuisine et qu'elle t'offrait le plus beau des sourires dès que tu la trouvais alors que ses yeux brillaient encore de larmes. Tu n'as pas eu à faire face à tout ça alors tu ne peux pas saisir. Personne le peut tant que vous n'aurez pas ressenti ce que j'ai ressenti étant enfant avant de tout comprendre et de me condamner moi-même, en plus de toutes les autres qu'un jour ma famille me jettera à la figure. Et ça fait mal tu vois mais je ne peux même pas leur en vouloir. Leurs sentiments sont légitimes : je leur ai volé leur fille pour au final ne leur offrir aucune consolation.

Ayant atteint le summum de la honte, il baissa encore une fois la tête en repoussant la main sur sa nuque. Il savait que son frère n'éprouvait pas de la pitié pour lui. Thomas devait ressentir tout ce qu'il ressentait en ce moment même, une douleur mêlée à une profonde colère parce qu'ils étaient impuissants, tous les deux.Lui pour se sortir de là et le brun pour lui enlever ces idées de la tête.

- Putain elle avait raison, je suis qu'un cas désespéré, souffla-t-il tandis qu'il passait une main sur son visage, las.

Il entendit la respiration de son meilleur ami se bloquer quelques secondes avant de repartir mais il n'en tint pas compte et se leva du canapé pour marcher et penser à autre chose. Avoir parlé de cela avait rouvert les plaies.

- Julianne.

Ce n'était pas une question mais une affirmation. Il n'eut pas besoin de se retourner pour dédouaner la brune, Thomas avait compris. Et il se fichait complètement de l'entraîner avec lui.

- C'est Julianne qui t'a mis toutes ces conneries dans la tête, hein, Isaac, lâcha-t-il dégoûté. Je sais que tu te sentais responsable depuis bien longtemps mais tu n'avais jamais parlé de cette manière là. Comme un défaitiste. Alors que tu es un battant Isaac, tu es un guerrier.

Julianne. Une poupée de glace à la langue acérée qui avait su frapper là où les plaies seraient vives pour l'éternité. Elle avait terminé leur relation en beauté et viendrait un jour où il irait la remercier pour tout ce qu'elle avait fait. Il le fallait pour eux deux afin d'enterrer cette hache de guerre. En le laissant pour mort, elle lui avait donné les clés pour guérir. Paradoxal tout comme Julianne.

- Je ne sais même plus quoi penser de vous, putain. Vous me donnez envie de chialer autant que de vous défoncer tous les deux.

Isaac se mit à rire. Pour que Thomas tombe sur cette conclusion, il fallait qu'il soit bien secoué. Et pour le coup il l'était. Il avait toujours apprécié Julianne, tout en étant conscient de cette barrière qu'il n'avait pas à dépasser avec elle, au risque des'attirer la haine de son frère. Mais là, il en était certain quelque part, il en était venu à la hair. Pas ce sentiment corrosif qui s'installe en vous et qui vous change, non c'était un éclat de haine que tous les hommes pouvaient connaître comme quand ils balançaient un vase contre le mur et le regrettaient dans les minutes d'après.

Une main se posa sur son épaule et le retourna. Ses yeux azurs étaient humides. L'amour fraternel était là, bien ancré en eux.Et si l'un souffrait, l'autre le suivait.

- Ce ne sont que de la colère et de la rancune, Isaac. Elle ressent ce que tu ressens, dans les mêmes teintes et les mêmes degrés.

Ils se trompaient tous sur sa relation avec Julianne. Ils pensaient tous que tout ce qui sortait de leur bouche n'était que le fruit de la colère et de la rancune mais c'était faux. Même s'il avait toujours eu une horrible influence sur elle, l'ayant transformée en sorcière parce qu'il n'était lui-même qu'un connard sans vergogne,il savait parfaitement qu'elle mesurait tout ce qu'elle disait. Tout était calculé. Aucun mot sorti de sa bouche pulpeuse ne serait repris pour y laisser à la place des excuses méritées. Penser ainsi, c'était lourdement se tromper. Et lui, on ne l'y tromperait plus.

- Je la connais. Elle pensait chaque mot.

Et rien qu'avec ces mots, il se retrouva projeté trois semaines plus tôt. Il la revoyait avec ses grands yeux ambres devenus deux gouffres de noirceur, son expression à la fois dure et passionnée parce qu'elle s'apprêtait à faire. Bordel, il avait lu dans ses yeux qu'elle avait apprécié ce qu'elle avait fait et dit. Et cela le tuait. Cette idée le tuait autant que celle dont il était certain maintenant. Tout en lui exposant ses vérités honteuses,elle l'avait reboosté pour qu'il aille tout remettre en place dans sa famille. Il en était certain. Elle ne pouvait avoir insisté sur la condition de Rosalie et d'Erwan de la sorte, sans souhaiter ardemment qu'Isaac réagisse et le plus vite possible pour sauver les siens quitte à ce qu'il y laisse sa peau. Parce que si lui elle le détestait avec hargne, eux, elle les aimait. Et pour eux, elle n'aurait aucune pitié pour lui.

Il ricana de sa situation, s'il ne voulait plus en pleurer, il pouvait toujours en rire.

Tu es complètement ravagé...

Des bras fraternels se refermèrent autour de lui offrant une étreinte rassurante, lui promettant en silence, tandis que la douleur explosait en eux deux, que lui serait toujours là. Aux oubliettes la pudeur et cette certaine distance que les hommes respectaient tout le temps entre eux. Thomas savait que l'amour d'un frère ne pourrait pas le sauver, mais s'il pouvait l'empêcher de sombrer davantage, alors il ferait tout ce qui était en son pouvoir.

Ses lèvres restèrent cousues mais il était soulagé par son acte.Il ne le remercierait jamais et il n'avait pas non plus besoin de le faire. Ils se comprirent et à travers son silence il lui témoigna toute sa gratitude de lui offrir cette présence humaine après plus de dix jours en enfer.

- On a tous touché le fond, cette fois-ci. Je ne te laissera plus plonger, frère, promit-il une main contre sa nuque et le front collé au sien. Et Julianne regrettera de t'avoir mis toutes ces conneries dans la tête, je te le jure. Elle regrettera amèrement et elle te reviendra. Ca ne finira pas autrement, putain, souffrez l'un en face de l'autre si c'est tout ce que vous pouvez vous faire, mais pas chacun de vôtre côté.

Et tandis qu'ils se redirigeaient vers la table et qu'il poussait Thomas pour le faire tomber sur le fauteuil, le remerciant à sa manière de lui avoir permis d'aller mieux et qu'il lui répondait un bel « enfoiré », il corrigea les dires de son meilleur ami. Julianne ne viendrait pas à lui. Non, il irait à elle.


Mon pauvre petit Isaac ... tu t'en remettras don't worry. Fais moi confiance et vous aussi ;)  

A très bientôt pour un épisode qui risque de vous plaire ! ;)

Bien à vous, 

Célestine. 

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