~Chapitre Quarante-Deux partie 2~

Voici la suite, bonne lecture :) 

Imperméable, elle ne releva pas la blague au double-sens et garda son regard rivé sur Monsieur Vidal qui lui dévisageait son collègue, ahuri par tant d'irrespect.

-Isaac, qu'est-ce qui te prend, chuchota-t-il en mettant une main sur son bras.

- Qu'en pensez-vous, Monsieur Vidal  ? Notre proposition vous convient-elle  ? L'Ambassade de Corée du Sud a beaucoup de partenaires, comme toutes ambassades, vous n'êtes pas sans le savoir.

Et comme sa patronne n'assistait pas à la réunion, elle pouvait aussi sortir des sentiers et s'exprimer librement et appâter sa cible comme elle le voulait. Ce n'était pas non plus Isaac qui allait la balancer à qui que ce soit.

- Et j'imagine que pour de jeunes commerciaux comme vous, le nombre de contrats conclus ainsi que la fidélité que vous parvenez à instaurer ne peut que booster votre courbe de progression et vous aider à monter les échelons. De bons rapports ainsi qu'une satisfaction partagée, Monsieur Vidal, conclut-elle avec un sourire.

Du coin de l'oeil, elle vit le loup se redresser sur sa chaise, comme de nouveau intéressé par ce qu'il se passait dans cette pièce. Mais toute son attention ne se portait que sur Monsieur Vidal qui semblait mesurer le pour et le contre. Elle reconnaissait que vendre toutes leurs marchandises à un prix plus bas n'était pas la vente de l'année mais il repartirait avec cette certitude d'avoir un client fidèle dans la poche et d'autres qui suivraient au fur des mois.

- Vous n'êtes pas perdants et nous non plus, ajouta-t-elle en se calant contre le dossier de sa chaise.

Il se tourna vers l'homme qui ressemblait à une prison et lui chuchota deux mots auxquels son collègue acquiesça. Et à l'air détaché qu'Isaac arbora, elle sut qu'elle avait gagné. En soi la somme récupérée n'était pas énorme mais elle pourrait être administrée à autre chose que des machines imprimant des papiers.

- C'est accepté, Madame Davis. L'entreprise Dan Mason est ravie de conclure cette affaire avec votre Ambassade.

- Nous le sommes aussi, Monsieur Vidal.

Après qu'il eut signé les feuilles qui leur étaient réservées, elle apposa le tampon encreur de l'Ambassade.

- Votre commande vous sera livrée dans le courant de la semaine prochaine.

Chacun récupérant son exemplaire, ils se levèrent tous les trois en même temps. Soulagée et fière d'elle-même, elle les raccompagna à l'entrée. Elle serra chaleureusement la main du brun et lui dit à bientôt, le pensant véritablement. Puis, elle se tourna vers Isaac qui les ignorait superbement, occupé à regarder les lieux.

- Monsieur Evans, le salua-t-elle en hochant la tête.

Il posa son regard noir sur elle. 

Et elle comprit qu'il s'attendait à lire de l'amusement ou de la provocation dans le sien. Mais il n'en n'était rien. Elle était heureuse pour elle maintenant. Et il n'avait pas à partager sa situation. Après l'avoir sondée quelques instants de son regard pénétrant, il finit par lâcher un  :

- Madame Davis.

Sur ces mots, il tourna les talons et son collègue après un dernier aurevoir quitta aussi les lieux.

Soufflant un bon coup et coiffant ses cheveux en un chignon lâche, elle se dirigea vers la salle de détente après avoir mis au courant Adélaide qu'elle prenait une pause de dix minutes.

Une fois la porte fermée, elle se précipita sur le canapé pour retirer ces chaussures de malheur qu'elle ne pouvait plus supporter avec cette crainte de tomber à nouveau. Dès lors qu'elle les eut retirés, elle soupira de plaisir. Celui de retrouver le sol ferme. Celui d'avoir les pieds à plat et la conscience tranquille.

La matinée avait été éprouvante autant psychologiquement que physiquement. Son corps et son esprit avaient été sur la même longueur d'ondes et lorsque Isaac était dans les parages c'était rarement le cas.

Mis à part sa quasi chute et l'irrespect profond du brun, leur première altercation ne s'était pas si mal passée. Pas qu'elle en avait espéré une mais vu que celle-ci devait avoir lieu, elle était tout de même rassurée par son déroulement. Il n'y avait pas eu d'éclats ou de paroles vipérines comme ils en échangeaient habituellement. Certes leur comportement à tous les deux éveillaient des soupçons mais cela s'arrêtait là. Isaac saurait apporter les paroles adéquates à son collègue.

Et malgré le tourbillon de sentiments qu'elle avait pu ressentir en l'espace d'une heure, passant de honte à la crainte se mélangeant dangereusement à du désir à la vue de ce buste alléchant habillé d'une chemise immaculée, elle s'en était tout de même bien sortie. Ils étaient restés aussi professionnels qu'ils avaient pu l'être et personne n'avait crié sur personne, réglant leurs comptes lorsqu'il ne restait plus rien à mentionner. Donc, elle pouvait dire que cette première altercation s'était bien passée. Ceci étant fait, elle pouvait passer à autre chose.

Et tout d'abord elle devait vider son esprit et se reposer un moment. Quoi de mieux que de la musique. Elle sortit son ipod de son sac qu'elle avait emmené avec elle et choisit de lancer Gallery de Mario Vasquez. Une chanson assez ancienne qu'elle aimait écoute pour se relaxer. S'enfonçant dans le canapé, elle posa sa tête contre le dossier moelleux tout en posant ses pieds dessus afin de masser sa cheville malmenée. Elle se mit à frotter son talon avant de masser de haut en bas.

Et tandis que les premières notes se firent entendre, elle se détendit derechef. Cette musique avait cet effet de calmant sur elle, la détendant au fil de la chanson. Petit à petit, son attention se détacha de sa cheville. Elle cessa de la masser tout en gardant ses doigts dessus. Sur les bribes de souvenirs du clip qu'elle avait souvent regardé sur Trace TV, d'autres revinrent la hanter. Des souvenirs plus récents. Complètement détendue et emportée par la musique, elle les laissa l'envahir et enfin parler librement.

Elle se revit proche d'Isaac, son bras cadenassé entre ses doigts exigeants et ses yeux noirs vrillés sur elle, son corps quasiment collé au sien. Même quand la situation ne le permettait plus, il s'octroyait le droit de faire ce qu'il voulait de son corps. Cette dernière vision s'effaça pour laisser se former la suivante. Et elle se retrouva face à son agréable profil tandis qu'il lui présentait son dos dans toute sa splendeur virile. Elle revit cette nuque large purement masculine, ces épaules arrondis et ce dos. Cette vision était le chemin le plus rapide et le plus efficace pour éveiller les désirs d'une femme. Et il avait éveillé les siens.

Et à ce constat et ce rappel que son corps aimait toujours le sien et qu'il attendait un contact aussi minime soit-il à chaque rencontre, elle accepta. Il était vain de nier ces désirs. Si elle ne pouvait pas les exaucer, elle pouvait au moins les reconnaître. Et si revivre des scènes vécues, au regard de leur situation, pouvait être bizarre voire fou, si cela pouvait l'aider à se détendre lorsqu'elle en éprouvait le besoin, alors elle le ferait. Elle se servirait du souvenir de son corps et de leurs rapprochements pour panser leurs blessures.

Tu es clairement masochiste...

Quelque part, cela était bien vrai. Mais dans le cas présent, cela ne lui faisait pas de mal du tout. Au contraire cela ne lui faisait que du bien. Il n'était pas question de désirs refoulés. Son imagination n'irait jamais aussi loin que les limites de la décence et des scènes que tous deux avaient vécu. Jamais elle ne se laisserait aller à imaginer une scène coquine voire érotique entre eux. Ce n'était pas de cela dont elle avait besoin, puis de toute manière, elle n'avait jamais rien imaginé ni attendu quoi que ce soit d'Isaac sur le plan sexuel. Et elle n'attendait rien non plus aujourd'hui.

Elle venait de passer à Say it Right de Nelly Furtado lorsqu'elle sentit des doigts frais étrangers se poser sur sa cheville. Ses yeux s'ouvrirent derechef, lui laissant découvrir l'énormité de la situation tandis que son cœur s'arrêtait de battre.

Dieu d'Israël...

L'ambre de ses yeux plongea et se lia automatiquement au noir des siens, tandis que son corps se figeait sous le poids de la prise de conscience. Le corps imaginé et désiré venait d'apparaître comme par magie devant le sien. Les doigts frais caressaient la peau de son pied, lui apportant un toucher appréciable pour contrer la chaleur de sa jambe. Et sous les attentions prodiguées, comme tombées du Ciel, les lèvres déjà entrouvertes par la stupeur laissèrent échapper un soupir à mi-chemin entre le soulagement et le bien-être.

- Julianne, dit-il.

Elle n'entendit pas son nom mais put seulement le lire sur ses lèvres. Et ce fut comme un électrochoc qui relança son cerveau endormi. Elle sortit aussitôt de sa stupeur et récupéra son pied comme s'il allait le lui arracher.

Enlevant ses écouteurs, elle les posa à côté d'elle avant de se redresser, les pieds toujours sur le canapé.

- Qu'est-ce que tu fiches, ici  ? Lança-t-elle avec méfiance et une once d'agressivité en reculant vers la droite pour instaurer de la distance entre eux.

Il se fit plus rapide qu'elle et attrapa sa cheville libérée quelques instants plus tôt. Ses doigts s'enroulèrent autour comme un serpent enserrant sa proie.

Voilà pour aujourd'hui ;) pour celles qui se poseraient la question de savoir pourquoi est-ce que je les ai faits se rencontrer sur le lieu de travail de Julianne ( est-ce français ? ). Rappelez-vous, le chef d'Isaac lui avait donné un dossier sur une ambassade. Et il fallait qu'il tombe sur Julianne en ce terrain neutre ( plus trop neutre à vrai dire ) pour se revoir et parler d'autre chose que de leur relation. Je trouvais cette idée intéressante. Lui pouvait se douter de la croiser, pas forcément tomber sur elle pour l'entretien. Et elle, pas du tout. Il ne lui a pas dit qu'il bossait pour Dan Mason. 

J'ai voulu les décrire déterminés à ne pas changer de visage et de ressentis l'un face à l'autre. Mais le corps et le coeur ne vont pas toujours de pair avec la raison, vous le savez bien. N'hesitez pas a commenter, please. J'aime vous lire et connaitre votre ressenti. :)

Sur ces mots, je vous souhaite une excellente fin d'après-midi et sur ces lignes prometteuses vous dis à bientôt !

En attendant, que Dieu vous garde~

Célestine. 

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