~~ Chapitre Cinquante-et-un ~~

Bonjour à tous ! J'espère que tout le monde va bien et que vous avez passé un bel été et que vous passez tous une bonne rentrée ! :D

Pardon pour ce silence cet été et pour cette publication tardive ... mais reprendre l'écriture avec quelqu'un d'aussi compliqué qu'Isaac n'était pas facile ni évident. Alors je vous poste le seul chapitre d'écrit, en espérant que je vous ne ferais pas attendre trop longtemps pour le prochain, peut-être 2-3 semaines parce que je n'ai même pas d'idées pour le moment. J'espère que la lecture sera potable parce qu'écrire a été difficile. Vous en êtes les juges et je me remettrai à vos commentaires. :) 

La porte se referma après la visite de Dan Mason et il jeta de nouveau un regard au dossier qui figurait sur son bureau. Après la présentation de Raphael qui avait eu lieu lundi et qui s'était avérée excellente, surprenant le patron tant la nouvelle recrue s'était montrée convaincante, Dan Mason n'avait pas hésité plus de deux jours pour leur refiler un nouveau dossier encore plus compliqué que l'ancien.

Décidément, le boss avait le chic de leur donner tout ce qu'il avait de plus difficile à faire en ce moment. Mais soit, cela l'occuperait lui et formerait comme il faut Raphael qui devait comprendre la difficulté et les différentes situations auxquelles un commercial pouvait faire face durant sa carrière.

Cette fois-ci, à l'image du dossier de l'Ambassade de Corée du Sud, il allait falloir bien négocier pour qu'ils respectent les prix de l'entreprise et en même temps contenter les clients. Contrairement à Julianne, eux seraient des professionnels et l'entreprise ferait cette fois-ci une grosse affaire si le contrat était conclu. Le client souhaitait acheter des imprimantes pour la société-mère et ses succursales françaises et étrangères, suite au conseil d'une connaissance.

Dans le cas présent, le bouche à oreille avait bien fonctionné et c'était tant mieux pour la courbe de progression de cette fin d'année. Au regard de tous leurs précédents entraînements, il n'y avait aucune raison qu'ils échouent. Il lui envoya un texto et lui demanda de rappliquer aussitôt.

Pendant que ce dernier lisait le contenu du dossier et les notes laissées par leur confrère qui s'était occupé de la première signature, il jeta un coup d'oeil à son téléphone qui affichait deux textos. Il le déverrouilla et vit qu'il s'agissait de sa banque qui lui rappelait son prochain rendez-vous et un de Gabriel. Il tapa aussitôt une réponse et l'envoya. Il était invité à un dîner chez eux ce samedi et toute la bande s'y retrouvait. En revenant aux récentes discussions, son regard tomba sur celle avec Julianne et il nota que la bougresse n'avait toujours pas osé répondre.

Allez Julianne, cinq jours de silence suffisent non  ?

Il voulait bien qu'elle le fasse languir quelques temps mais là cela était bien trop long pour une éventuelle sortie ce Dimanche en sa compagnie. D'autant plus qu'il aurait bien voulu qu'elle se joigne à eux pour le dîner de samedi. Ca ferait toujours plaisir à Zach d'avoir une Julianne à admirer tant qu'à faire.

Il ouvrit sa discussion et ses sourcils se froncèrent lorsqu'il vit que son message n'avait pas été distribué. Etrange. Elle aurait du recevoir le message vu qu'elle avait certainement du rallumé son téléphone depuis tout ce temps.

Il le renvoya aussitôt. Quelques secondes s'écoulèrent et la réponse assombrit ses yeux. Le message ne fut pas distribué. Deux impossibilités en quelques jours et à cette heure-ci, précisément onze heures du matin, son téléphone ne pouvait guère être éteint. Cela ne pouvait signifier que deux choses, soit son téléphone avait un problème soit elle avait changé de numéro. Et par la plus grande des considérations avait oublié de l'en informer...

Le manque de considération, l'oubli, voire un soupçon d'indifférence plantèrent leurs crocs acérés dans son cœur et dans cette confiance qu'il bâtissait avec ardeur justement parce que cette dernière était toujours faible. Il ne savait plus quoi penser tandis que la vérité se dessinait devant lui. Si son téléphone avait eu un problème, elle aurait dans les heures qui auraient suivi pris un temporaire pour rester joignable. Etre injoignable pendant quatre jours n'était pas de l'ordre du caractère de Julianne. Restait la seconde et dernière option, elle avait changé de numéro et n'avait pas jugé nécessaire de le lui dire. Après tout, qui était-il  ? Il n'avait aucun statut officiel mis à part celui que lui-même n'avait cessé de rabâcher.

Ses pensées et son état d'esprit détinrent aussitôt sur ses traits et son collègue sembla comprendre. Foutues émotions et foutue faiblesse  ! Elle avait tellement d'emprise sur lui dorénavant, cœur, corps et esprit que dès lors qu'il s'agissait d'elle, il ne pouvait plus rien cacher.

La force de cet amour qui avait emprisonné un cœur déjà bien saignant se révélait maintenant et montrait bien dans quel dangereux gouffre il se trouvait depuis le lycée. Aimer Julianne c'était être à ses genoux. Se laisser envahir jusque l'âme, ne plus rien avoir pour soi. A chaque battement de cœur, il entendait son nom s'élever, sentait le feu de cette douce folie lui parcourir les veines et le faire se sentir vivant comme il ne l'avait jamais été en une période si trouble de sa vie. Et à la fois si dépendant et si faible face aux épreuves que connaîtrait sa conquête.

Il ouvrit la discussion avec Thomas, lui pourrait certainement l'éclairer. De toute manière depuis le lycée, la brune s'était toujours davantage mieux entendue avec son meilleur ami qu'avec lui. Il devait peut-être savoir ce qu'il s'était passé. La réponse ne se fit pas attendre.

[Thomas  : Moi je n'ai que son ancien numéro. ]

Comme lui donc. Cela ne l'avançait en rien.

[Isaac  : Son téléphone ne reçoit aucun de mes messages depuis une semaine. Je suis sûr qu'elle a changé de numéro. Je vais essayer de la contacter sur Messenger. ]

Il ouvrit l'application et tapa son nom dans la barre de recherche. Il apparut aussitôt mais le message ne fut pas non plus délivré. Ni maintenant ni dans les jours qui suivirent.

L'esprit toujours occupé par ce fait, il termina sa semaine comme il le pût. Bossant comme un acharné toute la journée, alternant entre coups de téléphone, rendez-vous, discussions avec son cobaye pour trouver les machines adéquates parmi toutes les gammes proposées. Les journées furent longues et épuisantes, les attentes du boss étant exigeantes pour cette période. Il soufflait le soir, acceptait de reste jusque tard avec ses collègues dans les bars avoisinants, la soirée s'achevant tout le temps par la commande d'un plateau de charcuterie.

En prenant le train pour Mantes, il se dit que toutes ses soirées avaient été de bons prétextes pour ne pas se retrouver seul et être confronté de face à l'indifférence grandissante et cuisante de la brune.

S'il avait été un autre homme, avec un peu plus de courage et moins de fierté, il aurait été chez elle, aurait sonné en croisant les doigts pour que ce ne soit pas son père qui vienne lui ouvrir. Mais c'était trop lui demander. Et en aucun cas, il voulait passer pour un désespéré certifié.

Il descendit à son arrêt et dix minutes plus tard, il se présenta chez les jumeaux, un Saint-Emilion 2011 bien fruité à la main.

- Ca fait plaisir, mon vieux  ! Lança Dan en lui faisant une accolade. Tout le monde est déjà là.

- Le meilleur pour la fin, Dan, tu le sais bien  !

Dan acquiesça en souriant et recula pour le laisser entrer. Cela faisait un moment qu'il n'avait pas mis les pieds chez les jumeaux et en s'avançant vers le salon redécoré avec goût par la mère qui était décoratrice d'intérieure, il se sentit bien entouré, comme lorsqu'il était collégien. Il avait toujours été accueilli comme un prince chez les jumeaux, reçu avec tendresse et amour purement maternel. Et malgré l'absence de leur mère, aujourd'hui, il ressentait sa présence dans cette maison comme si elle s'y trouvait.

Il entra dans le salon et y retrouva toute sa bande, Gabriel qui se leva pour lui serrer la main, Thomas qui le salua en levant à son adresse sa bière et enfin Zach qui vint lui donner une accolade. Voir ce beau monde lui fit le plus grand bien et il se promit d'organiser ce genre de retrouvailles plus souvent.

L'entrée déjà servie, ils s'attablèrent et la discussion entamée avant qu'il n'arrive reprit.

- Je ne sais pas ce que Jordan devient maintenant, annonça Gabriel. Il a accepté l'invitation de nous rejoindre mais entre nous je ne pense pas qu'il vienne.

- A croire qu'à part Célia, il ne voit plus rien d'autre maintenant, souffla Zach en attaquant son plat.

Surpris par l'attention de Gabriel, il se remémora leur ancienne rencontre. Il savait que Jordan n'était pas un homme à écouter aux portes mais étant donné qu'il s'agissait d'une histoire impliquant sa petite amie, ne savait-on jamais ce qu'il pouvait faire. Dans tous les cas, après cette matinée où il avait fraîchement débarqué chez eux à sept heures tapantes, il n'avait eu aucun message de sa part, lui faisant clairement comprendre qu'étant au courant ou non des manigances de Julianne et Célia, il ne tenait pas à prendre part au conflit. Et il lui en avait été reconnaissant, perpétuant ainsi la bonne entente du lycée. Alors apprendre qu'il était attendu aujourd'hui ne le dérangea pas. Au contraire, il pourrait prendre de ses nouvelles en bonne et due forme, sans qu'aucune Célia ou Julianne ne vienne obscurcir leur discussion.

- Pour le réveillon de Noël, on pourrait tous se retrouver ici pour le fêter une dernière fois en tant que célibataires  ?

Zach éclata de rire tandis que lui-même sourit à l'attaque à peine voilée. Dan prenait son statut de futur marié bien à cœur vis-à-vis des célibataires présents. Et quelque part, il pouvait le comprendre, même si chez lui rien ne pressait, son ami avait trouvé une femme merveilleuse qui lui correspondait sur tous les plans. Et il n'avait donc plus à hésiter.

- Je suis certain que les autres célibataires n'ont ni peur de vous ni de votre avancée. On ne sait jamais ce que l'avenir nous réserve, sans vous porter le mauvais œil bien évidement.

- Ils ont juste hâte d'être pendu avec cette corde si tenace, lâcha-t-il en levant son verre à l'adresse des fiancés. Avec tous nos vœux de bonheur, leur lança-t-il avec un sourire.

- Tu partageras ce qu'on vit en ce moment quand viendra ton tour, Isaac, n'aies crainte, l'attaqua aussitôt Gabriel. Il suffit juste du bon déclic pour se mettre sur les rails qui nous attendent tous.

Et il sentit l'invitation à se pencher sérieusement sur son cas et à envisager si les conditions étaient remplies une avancée. Il sourit à son adresse, le remerciant silencieusement pour son attention et lui fit comprendre qu'il prendrait le temps d'y penser même si le mariage ne faisait pas partie de ses projets. D'autres plus urgents et beaucoup moins joyeux figuraient en tête de liste.

Thomas, qu'il n'avait pas vu partir, revint avec Jordan qui s'excusait de son retard. Malgré un retard évident, il fut accueilli comme il se devait et la team d'antan fut au complet. Il se leva pour lui offrir une accolade et lui tira la chaise qui se trouvait à côté de la sienne. Et aux nouvelles que Jordan prit, il eut la confirmation qu'ils étaient sur la même longueur d'ondes. Ses affaires avec Julianne et Célia ne le concernaient pas du tout.

- Ca fait plaisir de tous vous voir  ! S'exclama-t-il. Et encore désolé pour le retard et le doute que j'ai pu laisser se créer mais j'ai dû accompagner ma voisine à l'hôpital.

- Ta bonté nous force à passer outre, superhéros. Qu'est-ce que tu racontes de beau depuis tout ce temps  ?! Ta disparition était inquiétante vieux...

Jordan éclata de rire.

- Je suis juste perdu entre Paris et Dublin depuis quelques années avec le job de Célia. Mais je suis pas à la traîne, pas une seconde lança-t-il à l'adresse de Dan.

Ce dernier fronça les sourcils comme chaque invité ici présent. Lui-même ne comprenait pas ce qu'il voulait dire. De quel objectif parlait-il  en laissant sous-entendre la course qu'il pouvait y avoir  ? Se pouvait-il qu'il parlait de ...

- Bah quoi, j'y ai le droit moi aussi. On va se fiancer en Juillet avec Célia et organiser une réception parce qu'elle y tient. Et vous êtes tous invités  !

- Ah bah alors ça, pour une nouvelle c'en est une, vieux, toutes mes félicitations pour ce projet à venir, lui lança Gabriel en se levant pour lui donner l'accolade.

Il l'imita et donna une tape amicale dans son dos tandis que Jordan recevait les vœux de chacun.

- C'est une grande nouvelle, Jordan et merci de nous y convier, le remercia-t-il.

- Merci, fit Jordan d'une voix vibrante d'émotion. Célia a ses petits défauts comme tout le monde mais à mes yeux c'est celle qui me complète.

Il acquiesça à ces dires qui lui étaient directement destinés et croisant son regard, il acquiesça. Lui donnant ainsi confirmation et sa bénédiction.

L'année à venir serait riches en grands événements et prouverait à tous que la team d'antan avait grandi et mûri. L'union de Jordan et Célia était prévisible, étant donné le nombre d'années qu'ils avaient au compteur mais celles de Gabriel et Dan étaient bien les plus surprenantes. Voir Dan se marier revenait à imaginer Zach père de famille. Inconcevable pour le moment  !

Voir tout ce beau monde manifester une telle joie fit ressortir la situation qu'était la sienne depuis plusieurs semaines. Une période amère que l'indifférence de Julianne avait rendu douloureuse. Tout le monde avançait et lui, au lieu d'avancer ou même de stagner, reculait. Reculer pour bâtir des fondations, reculer pour se reconstruire et reculer pour obtenir un pardon qu'il aurait dû demander depuis longtemps.

Que ce soit sur le plan familial ou sentimental, il se trouvait encore et toujours à la case départ. Même après autant de temps passé avec Julianne, tout était à dire, à déballer et à pardonner. Véritablement. Aller au-delà des mots, de ces excuses présentées il y a une semaine. Elle lui avait laissé un goût d'aurevoir sur les lèvres et il n'aimait pas ça.

- A bien y penser, on aurait dû inviter nos fiancés respectives, lança Dan. La mienne aurait été heureuse de faire la connaissance de notre ancienne équipe.

- Et qui dit Célia, dit Julianne, ajouta Zach. Notre ancienne team paraît fade sans Julianne et je ne dis pas ça parce que je suis mordu ou autre, prévint-il Dan du regard.

Ce dernier pouffa de rire et reporta son regard sur Isaac qui l'ignora, se laissant seulement étudier. Pas la peine de répandre qu'il était amoureux d'une fille qui l'oubliait dès qu'elle le pouvait. Ajouté à ça que Zach exploserait de rire devant le ridicule de la situation.

- Julianne n'aurait certainement pas été présente, annonça Jordan en terminant son assiette.

Se sentant directement visé, et ceci de manière légitime, il ne releva pas la tête de son téléphone qui faisait défiler les infos d'aujourd'hui. Et peut-être avait-il raison, la brune aurait pu ne pas accepter.

- Pourquoi  ? Demanda Gabriel.

Et il sentit très clairement le regard du jumeau sur lui, craignant une nouvelle dispute alors qu'il leur avait lui-même récemment avoué l'aimer.

- Parce qu'elle est partie à l'étranger.

Un poids retomba lourdement sur son estomac, lui coupant littéralement le souffle. Abruti par la douleur naissante, il était certain d'avoir mal entendu. Julianne ne pouvait pas être à l'étranger.

- A l'étranger  ? Répéta Zach. Dans quel pays  ?

- En Corée du Sud pour travailler sur un projet. Célia l'a déposé à l'aéroport Dimanche dernier.

Et ce fut comme une gifle retentissante. Une qui lui donna l'impression de perdre l'équilibre alors qu'il était toujours assis à la même place. Le misérable équilibre de son monde intérieur tangua dangereusement, lui offrant un bel aperçu de la noyade qui l'attendait calmement.

Ce n'est pas possible...

Du ciment coula dans ses veines, le transformant en statue qu'un seul mot ou geste pourrait casser. Les yeux exorbités, il fixa la table en n'y distinguant rien du tout, l'esprit ayant été renvoyé de force une semaine en arrière. Quand il avait ce fragile espoir qu'ils se retrouveraient quelques jours après, qu'ils pourraient se donner une chance, qu'il essayerait de la conquérir en prenant son temps et en forçant le sien.

Indifférent au trouble manifeste autour de la table et à l'incompréhension visible sur le visage de Jordan, il secoua la tête, complètement perdu, tandis que des images d'une Julianne souriante et câline se formaient dans son cerveau.

Mensonges...

Il releva la tête et son regard s'accrocha automatiquement à celui de Gabriel qui le regarda avec une peine évidente sur le visage. Il ne savait pas ce qui avait bien pu les séparer mais Isaac lut clairement dans ses yeux qu'il y faisait un rapprochement avec leur histoire au lycée. Il masqua son trouble du mieux qu'il le pût, étant bien conscient que tout avait été dévoilé durant ses secondes d'absence.

Il ignora le regard de Dan et celui de Zach, plus que surpris que tout le monde observe de la sorte Isaac et il posa le sien sur Thomas, mû par un instinct étrange. Depuis le début de la soirée, n'étant pas assis à ses côtés, il ne lui avait que peu parler et maintenant, il reconnaissait être étonné du silence de ce dernier. Et au premier coup d'oeil qu'il lui réserva, il comprit la raison de l'instinct qui l'avait poussé à le regarder lui en premier lieu. Il avait besoin d'un soutien mais ne s'attendait sûrement pas à trouver sur les traits de Thomas la confirmation involontaire de l'information balancée par Jordan.

Déjà ébranlé, il eut l'impression de recevoir un coup de poing dans l'abdomen. Un coup de traître.

- Tu savais, lâcha-t-il d'une voix mi-rude, mi-blessée à son égard.

Continuant de fixer la table, Thomas ne répondit pas et tout fut clair à ses yeux. De son silence découlait ce qu'il craignait et ce qui grandissait dans son esprit telle une plante vénéneuse. 

Julianne avait mis Thomas au courant et ils avaient tous les deux convenus de ne rien dire à Isaac. Il en était certain, que Thomas se taise ou décline de vive voix. La colère explosa en lui. Que Julianne ne lui dise rien de ses projets, il l'acceptait déjà difficilement mais que son frère de cœur lui cache une telle chose, qu'il savait pertinemment qu'Isaac ne supporterait, était un coup de couteau beaucoup plus tranchant.

Les poings serrés il se leva de table, les ébranlant tous pour des raisons plus ou moins similaires. Tout le monde semblait avoir compris que cette nouvelle était tombée au mauvais moment , en plus du fait qu'Isaac s'y attendait le moins. Dan et Gabriel ne lui posèrent aucune question et il leur en fut reconnaissant. L'humiliation subie pour aujourd'hui était suffisante, inutile de larmoyer devant son équipe d'antan ou de leur montrer combien il était atteint.

- Je sors prendre l'air.

Il tourna les talons, le cœur broyé par les nouveaux complices de cette journée. Si Julianne l'avait laissé tomber pour la Corée, Thomas aussi s'était détaché de lui pour Julianne. Et ça, malgré le fait qu'il savait que le brun tenait à elle, il ne comprenait pas un tel acte. Pas envers un frère.

- Attends Isaac, lança Thomas en le retenant par le bras tandis qu'il traversait le salon, l'ambiance conviviale s'étant définitivement envolée.

Et à son toucher, ce fut plus fort que lui, il repoussa sèchement sa main et se retourna pour lui faire face, la rage durcissant ses traits et renvoyant une haine que Thomas ne méritait certainement pas.

- Dégage.

Les mots étaient durs mais il n'avait plus l'esprit à autre chose. Il n'avait même pas envie de l'entendre ou de le comprendre. Il avait juste ce besoin d'extérioriser cette colère et cette haine qui bouillaient en lui. D'extérioriser cette douleur lancinante qui se perpétuait depuis des mois maintenant et nourrie par sa famille, par sa relation avec Julianne et maintenant la confiance de Thomas qu'il découvrait fragile et pas aussi solide qu'il avait espéré, qu'il avait cru.

Le besoin de crier son incompréhension, d'hurler sa rage, de briser comme lui l'était se fit plus fort, plus pressant et il se rapprocha de lui.

- Pourquoi tu as fait ça  ?! Pourquoi tu ne m'as rien dit quand elle partait pour l'aéroport  ?! Cracha-t-il en le poussant devant tous.

Thomas accueillit le coup sans broncher, comprenant son besoin de taper, et se laissa faire tandis que Dan accourut pour mettre fin à tout ce bordel.

- Arrêtez les gars, souffla-t-il en médiateur.

- C'était son souhait, fit Thomas en l'ignorant. Elle ne voulait pas que tu sois au courant.

Ahuri par la confidence, il eut l'impression de devenir cendres.

- On s'en fout de ce qu'elle souhaitait  ! Tu me l'aurais dit et je l'aurais arrêtée, putain. Je ne l'aurais jamais laissé prendre son satané vol  !

- Elle était déterminée à partir, Isaac, confia-t-il en s'avançant vers lui. Rien ne l'aurait retenu.

Il ferma les yeux, ravalant le flot de haine qui montait, montait et menaçait de le rendre dingue. De le rendre complètement taré.

Julianne et Thomas étaient certains qu'Isaac n'aurait jamais pu la retenir, lui mettant clairement sous les yeux qu'après tout il n'était rien à ses yeux.

Même ceux qu'il considérait comme étant les siens voulaient le voir sombrer, n'ayant plus aucune pitié.

- Ca te va bien de dire ça, enfoiré  ! accusa-t-il en lui attrapant le col de sa chemise.

- Isaac, le rappela à l'ordre Jordan en intervenant.

Mais il repoussa sa main d'un mouvement sec de l'épaule. Cette complicité était inacceptable, inconcevable dans cette période aussi fragile. Une où il tentait de retrouver un sens à sa vie. De lui en donner un après avoir été dans le flou depuis tout petit. Et ce frère qui savait tout cela, mieux que personne d'autre, venait de lui prouver qu'ils n'étaient pas sur la même longueur d'ondes. Laissant sous-entendre qu'ils n'avaient peut-être jamais pris le même chemin.

- Tu n'as jamais été clair sur ta position, Guerrin ... Pour qui est-ce que tu te prends depuis le début  ?! C'est Julianne avec Isaac ou Julianne toute seule qui t'intéresse  ..., siffla-t-il, vibrant de haine.

Thomas, clairement dégoûté, se défit de sa prise et le poussa à son tour avec force, le faisant vaciller.

- Quel abruti tu fais, Isaac ... J'ai toujours été de ton côté depuis le début alors qu'on savait tous les deux que tu faisais n'importe quoi au lycée et que tu continues encore ... Mais face à tout ça, je me rends compte que j'aurais dû la sauver de ta folie dès le lycée, balança-t-il avec une douleur manifeste dans les yeux.

Et l'attaque fut brûlante, comme un électrochoc. Comme une crainte jamais formulée. Comme celle que Julianne finirait par préférer un homme comme Thomas. Quelqu'un de moins torturé. Moins fou, tout simplement. Et la douleur et la vérité furent si criantes qu'il ne contrôla pas son geste ni ses paroles, la haine ayant été décuplée par la rage qui gronda en lui.

Le coup partit tout seul et son poing s'écrasa sur la mâchoire de Thomas. Première fois qu'il perdait son sang-froid. Ce contrôle si durement gagné. Première fois qu'il s'embrouillait avec ce frère, jusqu'à en venir aux mains. Le remord ne se manifesta aucunement alors que les jumeaux intervenaient pour s'interposer entre eux et l'aider à se remettre droit.

- Ne me montres plus ta face, lâcha-t-il, couvrant l'incompréhension générale.

Sur ces mots, trahi de toutes parts, il sortit de cette maison qu'il ne verrait plus jamais du même œil. 


.... Je sais pas si c'était juste ou si j'en ai fait trop pour ce départ que Thomas lui a caché. Mais à mes yeux il réagit justement parce qu'il tient à Thomas et qu'il l'a toujours imaginé le soutenant pour chaque pas censé qu'il faisait dans sa vie. Dîtes-moi ce que vous en pensez, j'aime connaître votre avis et votre ressenti. 

Merci pour tout <3

Fidèlement vôtre, 

Célestine. 

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