Chapitre 4.
Julianne revint à elle et essuya la larme qui coulait sur sa joue. Son cœur cognait fort dans sa poitrine. Paris était plongée dans la brume. Une grande couverture grise recouvrait et refroidissait la ville. Elle allait finir sa tasse de chocolat mais remarqua, avec une pointe de déception, que cette dernière était déjà vide. Un coup d'œil à la fine montre or enroulée autour de son poignet lui fit réaliser qu'il était déjà dix-neuf heures quarante-cinq.
Se rappeler de toutes ces années lui avait fait perdre trop de temps. Elle resserra son écharpe blanche autour de son cou, prit son sac à mains et se levait de sa chaise, lorsqu'un serveur, âgé d'une soixantaine d'années, se présenta à elle un sourire aux lèvres.
« - Et bien ma petite dame, que vous arrive-t-il ? Je vous observais et vous n'aviez pas l'air dans votre assiette, fit-il en prenant la tasse. Serait-ce ce temps grisâtre qui déteindrait sur vous ?
- Non, dit-elle en souriant. Ce n'est pas cette brume qui me rend triste.
- Un jeune homme alors ? Tenta-t-il avec un sourire.
- Il se pourrait, admit la jeune fille en haussant les épaules. »
Cet air triste mêlé était bien dû au souvenir d'un jeune hommemais aussi à de la colère qu'elle dirigeait contre elle-même.
« - Croyez-moi, si ce jeune homme tient à vous, il ne vous laissera pas tomber. Il sera toujours présent autour de vous, confia-t-il en posant une main sur le bras de la jeune fille.
- Merci, fit-elle en posant sa main sur la main du serveur, touchée par cette confidence.
- Combien vous dois-je, Monsieur ?
- Je vous l'offre. Cadeau de la maison. En espérant qu'il vous ait réchauffé le cœur. »
Elle fut émue face à tant de d'amabilité et de chaleur.
« - Oh, il y est parvenu, fit-elle en tendant un billet de cinq euros. Gardez la monnaie. Le plaisir était pour moi. Par ailleurs vous avez un très beau café, très chic.
- N'est-ce-pas ? Il est assez apprécié par les clients, confia-t-il avec un sourire fier aux lèvres.
- Il y a de quoi, croyez-moi. J'ai beaucoup apprécié. A Bientôt, Monsieur, salua-t-elle avec un signe de tête.
- Au plaisir, Mademoiselle ! "
****
«- Tae Kim ? ».
Le dénommé Tae Kim se retourna et fit face à Julianne Davis. Ilportait une chemise blanche et un pantalon droit noir. Ses yeuxbridés étincelants se plissèrent tandis que ses lèvress'ourlaient en un sourire charmeur. Il passa deux doigts sur sonfront avant de plonger sa main dans ses cheveux noirs, lisses.
« - Oui, Julianne ? Demanda-t-il avec son léger accent Coréen, ense rapprochant du bureau de la jeune fille qui tapait sur sonclavier.
- On déjeune ensemble, une fois que j'aurais terminé ces lettres d'invitations pour la prochaine exposition au Centre Culturel ? Proposa-t-elle, en gardant les yeux rivés sur son écran.
- Bien sûr. Elle se déroule quand ? »
Depuis qu'elle avait intégré l'Ambassade en même temps que TaeKim, déjeuner avec lui était devenu une habitude qu'elle seplaisait à perpétuer. S'étant très attachée à lui en Corée,elle délaissait parfois ces autres collègues féminines pourretrouver celui masculin qui était devenu, à l'instar de Célia, unquasi meilleur ami. Julianne ne s'attachait pas rapidement auxautres, prenant son temps de bien connaître l'autre avant des'ouvrir à lui, mais dans le cas de Tae Kim tout avait été sivite. Elle avait été charmée par ces yeux qui pétillaient toutela journée et par cette chaleur humaine qu'il dégageait.
« - Au mois de Septembre, du dix au quatorze. Plusieurs artistes coréens prometteurs seront présentés et l'Ambassade finance, en partie, cette exposition.
- Je ne m'occupe pas de ce projet, lui rappela-t-il en regardant le cadre posé sur le bureau de la brune près de son ordinateur portable. Vous ne vous ressemblez pas vraiment, Victoria et toi, à vrai dire. Elle a des cheveux auburn lisse, tandis que toi, tu les as noirs et ondulés. D'ailleurs, soit dit en passant, je préfère le noir, avoua-t-il.
- Vraiment ? Pourtant je pensais que, vous les Coréens, raffoliez des colorations ? Dit-elle avec un sourire. Elle savait pertinemment que le jeune homme n'aimait pas les colorations.
- Très drôle. Tu sais très bien que je n'aime pas ça moi. Restons naturels et apprivoisons le charme que nous a donné Mère-Nature. Donc comme je le disais, je préfère les cheveux noirs et ô comme c'est magnifique, tu les as ondulés ! S'exclama-t-il en levant les yeux au plafond.
- Arrête, dit-elle en tapant sa dernière phrase. Et voilà, elles sont prêtes pour être envoyées.»
La jeune fille releva la tête de l'écran de son ordinateur ets'étirant comme un chat devant le regard amusé de soninterlocuteur.
« - Déjà fatiguée ? Lança-t-il, surpris alors qu'il n'était quemidi quarante.
- J'ai un peu mal dormi aujourd'hui et j'avais pris du retard sur ceslettre alors je suis restée concentrée pendant plus de troisheures ! Tu me connais bien, Tae Kim, ça relève de l'exploit ! révélat-t-elle en en s'habillant de sa veste noir, accordée àses petites bottines. »
Ils sortirent de l'Ambassade, en passant par le hall richement décoréavec son lustre imposant et se dirigèrent vers la brasserie TheThirty. C'était un petit restaurant qui proposait des pizzascuites au feu de bois. Un serveur vint à leur rencontre et leurproposa une table centrale. La décoration très chic, aux couleurschaudes, rouges et marrons lui avaient dès la première venuefortement plu. Le plafond était d'un marron acajou vif et le solrecouvert d'un tapis vert foncé se rapprochant du noir sur lequelreposaient des rosaces indiennes. Tout ceci dégageait une atmosphèreconviviale et chaleureuse qui ne pouvait qu'encourager les clients àrevenir et c'était ce qu'avaient fait les deux amis. Ils passèrentcommande : une salade de tomates et carrotes râpées et une pizza ausaumon fumé pour Julianne et une assiette de Gnochi al Pollo pourTae Kim. Ayant pris note, le serveur s'en alla après avoir disposésur leur table des petits bols d'apéritifs.
« - Comme ça fait du bien, ronronna Julianne en s'installantconfortablement dans son siège.
- C'est vrai que c'est agréable, reconnut-il en l'imitant et encalant sa tête contre le dossier du fauteuil bordeaux.
- Tu te souviens de ce que nous parlions la dernière fois que nous sommes venus ici ? demanda la jeune fille en portant son verre de jus de clémentine aux lèvres.
- De Madame Eun-Jung Kim, je m'en souviens, sourit-il en attaquant son plat de Gnochi al Pollo que le serveur venait de lui apporter. »
Les lèvres de la jeune fille s'ourlèrent à ce nom. Sans vraimentconnaître Madame Kim, elle l'appréciait d'ores et déjà. Etantdonné qu'elle avait connu Tae Kim quatre semaines avant de quitterson stage, elle n'avait pu rencontrer la matriarche Kim. Cettedernière avait été en voyage en Chine avec une amie.
« - Et bien, Maman a fait des études de langues à l'UniversitéNationale de Busan, ville dont je suis originaire, je te l'avais déjàdit, fit-il en portant son verre d'eau à ses lèvres. La jeune fillehocha la tête en piquant sa fourchette dans une tomate cerise. C'estlà-bas qu'elle a perfectionné son anglais, appris le français etl'espagnol. »
Un asiatique parlant espagnol ! Depuis qu'elle avait écouté lachanson Daite Senorita de Yamapi, elle commençait à trouver celavraiment charmant.
« - L'espagnol ! S'exclama-t-elle en souriant. J'adore déjà ta mère !
- Les asiatiques aiment ces langues musicales et maman trouve que l'espagnol tire son charme de sa musicalité.
- C'est fort possible. Elle s'y est rendue ?
- Oui, à ses vingt ans. Elle a d'ailleurs eu un copain espagnol. Un certain Fernando, qui voulait l'épouser d'ailleurs, confia-t-il en riant.
- Pourquoi a-t-elle refusé ? Demanda vivement Julianne avant de porter une bouchée de carottes, délicieuses, à sa bouche.
- Mais pour que je naisse voyons ! »
La jeune fille haussa un sourcil, n'ayant pas compris sa remarque.
« - Si elle ne s'était pas mariée avec Papa, je n'aurais jamaisvu le jour, Miss Davis ! »
Julianne pouffa de rire face à sa remarque et le visage du jeunehomme s'éclaira d'un sourire.
« - Je suis contente que sois né, sinon je n'aurais pu avoir d'amis ressemblant à Choi Siwon des SuperJunior.
- Encore lui ! Je ne lui ressemble pas. Il est laid ...
- Tu plaisantes ? C'est le plus viril du groupe et de loin le plus beau, ajouta-t-elle avec un grand sourire.
- Tu insinues donc que je suis beau, Julianne ? Questionna-t-il avec une moue charmeuse.
- Je n'ai pas dit cela, corrigea-t-elle avec un clin d'oeil. »
Il secoua la tête face à ce manque de sincérité.
« - C'est dans les années 1980 que Maman est rentrée àl'Université et avec l'assassinat du Président Park Chung-Hee en1979, qui a rendu le pays instable politiquement, et le coup d'étatdu Général Chun Doo-Hwan, la vie n'était pas facile. Il y régnaitl'insécurité, la peur et l'inflation. C'est aussi pour cetteraison que mes parents ont décidé d'avoir des enfants assez tard.
- Je comprends, fit-elle en coupant une part de pizza et en la mettant dans l'assiette du coréen. Ça n'a pas du être une partie de plaisir. L'horreur règne encore, alors que nous sommes en 2014.
- Maman nous racontait que souvent des soulèvements politiques finissaient dans des bains de sang, conta-t-il avec une grimace
- Les répressions militaires sont souvent sanglantes. Mais maintenant la sécurité règne tout de même en Corée, malgré votre grand-frère Nord-Coréen qui prend un malin plaisir à vous effrayer.
- Oui, mais officiellement nous sommes toujours en guerre, remarqua-t-il en se massant la nuque. »
Il était désolant de constater que malgré les horreurs qu'avaientconnu la Terre en 1914 et 1939 certains individus étaient toujoursenclins à perpétuer le mal et l'horreur. Dans le cas asiatique, lesdeux Coréens s'étaient déchirées et cela ne semblait pas avoirsuffi pour qu'ils continuent encore aujourd'hui. C'était d'unetristesse affligeante.
- As-tu de la famille en Corée du Nord ? Questionna -t-elle d'une voix douce.
- Oui, fit-il la gorge sèche. Une tante et un oncle de ma mère.
-Elle ne les a jamais revus ?
- Si. Une seule fois il y a cinq mois, pour la première et la dernière fois. C'était la seule famille de ma grand-mère. Elle était venue en Corée du Sud avec son mari tandis que sa sœur et son frère étaient restés en Corée du Nord. La guerre avait éclaté à ce moment là et depuis, plus de contact. La réunion entre les familles sud-coréennes et nord-coréennes a été organisée sur proposition, très surprenante, de Pyongyang. »
Julianne avait entendu parler de cette rencontre organisée et trèssuveillée par l'armée nord-coréenne. Les articles et reportageseffectués l'avaient émue tant les retrouvailles étaientdéchirantes.
« Tu n'as pas souhaité y aller ? Demanda-t-elle avec douceur.
- Non. Je préfère vivre en ne les connaissant pas beaucoup, plutôt que d'être attaché à eux et désespérer de les revoir un jour. »
Elle pressa sa main, comprenant et partageant sa peine.
« - Maman a dit que la douleur était palpable dans la salle quileur était réservée. Mamie était tellement contente de retrouversa petite sœur, mais elle ne savait pas qu'en arrivant en Corée duNord, elle allait être brisée à tout jamais. Sa sœur a Alzheimer,annonça-t-il la gorge sèche. Elle était venue avec songrand-frère mais elle ne se souvenait de rien. Elle n'arrêtait pasde lui crier : « C'est moi ! Moi, ta grande-sœur !Rappelle-toi ! ». Mais c'était trop tard. Maman a dit qu'il y avaitun père de 93 ans qui était venu rencontrer son fils pour lapremière fois de sa vie. Il avait 64 ans... Il le voyait pour lapremière et dernière fois de sa vie. Alors, tu vois, pour ne passouffrir et nourrir de faux espoirs, je préfère ne pas lesconnaître, répéta-t-il avec un sourire triste, les yeux légèrementhumides.
* * * *
Après le déjeuner, la journée s'était rapidement terminée tantils avaient été occupés durant l'après-midi. Et c'était auxalentours de dix-neuf heures et quart qu'ils s'étaient rendus à lacélèbre Gare Saint Lazar. Ils se trouvaient dans le hall de la gareface au panneau d'affichage central.
« - Dis donc Julianne, ton train en direction de Mantes-la-Jolie estbien au quai 18, non ? Demanda Tae Kim en regardant le grandécran d'affichage qui surplombait les différents quais.
- C'est ça, à dix-neuf heures trente. »
Tae Kim avait pris l'habitude d'accompagner la jeune fille jusqu'àla gare et d'attendre son train avec elle. Il disait, souvent, pourse justifier dans les débuts, que sa mère lui avait inculqué debonnes manières et qu'elle lui avait appris à traiter les femmesavec douceur et galanterie.
« - Elle t'as aussi appris à charmer les femmes avec lesquelles tuparles ? Avait demandé Julianne en riant.
- Non, ça, je l'ai décidé tout seul. »
Suite à quoi, elle lui pinça gentiment la joue le faisant grimacer.Elle s'autorisait souvent à faire cela , sachant pertinemment qu'elle était la seule à pouvoir le faire. Il lui portait uneprofonde et tendre amitié qui était partagée. Il était devenu undes soleil de sa vie, en plus de Célia, qui était actuellement enIrlande avec son chéri, William. Elle se promit de lui révéler unjour l'importance qu'il avait dans sa vie.
« - Au fait Julianne, tu le connais, lui ? »
Tae Kim pressa le bras de la jeune fille et celle-ci sortit de sespensées. Elle suivit le regard du brun et écarquilla les yeuxd'horreur en découvrant de qui il s'agissait. Isaac Evans setrouvait pas loin d'eux et les toisait froidement. Tous les sens dela jeune fille se stoppèrent et elle se sentit enveloppée par lafroideur et la haine qui habitaient cet homme terrifiant. En lafixant ainsi, de ses yeux noirs; deux trous noirs qui vous aspiraient avant même que l'on se rendait compte de la situation; il luitransmettait tout la haine qu'il lui portait. Cela lui fit mal et unevive douleur vint ouvrir les anciennes cicatrices. Elle sonda sonregard et crut y lire du reproche ... Du reproche ? Quevoulait-il lui reprocher ? Que pouvait-il lui reprocher ?La réponse la foudroya : le reproche de lui avoir montrer sonvisage à la fin de la journée, qui devait avoir bien commencé.Elle venait de lui gâcher sa journée alors qu'elle lui avaitdemandé de ne pas gâcher la sienne il y a quelques semaines. Ellele croisait très peu dans sa ville et ne l'avait plus revu auxdernières séances de lecture qui se déroulaient chez lui. PourquoiDiable devait-elle donc le croiser à la gare ? Et pourquoidevait-elle se retrouver dans le même train que lui ... !
« - Julianne, tu écoutes ce que je te dis ? Demanda Tae Kim enla secouant un peu
- Oui ...enfin, non. Désolée, qu'est-ce-que tu as dit ? Questionna-t-elle en regardant de nouveau Tae Kim.
- Il vient vers toi. »
Elle regarda, de nouveau, dans la même direction et effectivement,Evans se dirigeait vers eux d'une démarche fière etélégante. Julianne tourna la tête, fatiguée.
« - Qu'est-ce-qu'il me veut, ce vieux fou ? Murmura-t-elle »
Elle inspira profondément en fermant les yeux tandis que Tae Kim lesregardait tour à tour, incrédule.
« - Julianne, tu le connais vr .. ?
-Davis, lâcha-t-il froidement. »
La jeune fille tourna la tête vers Evans qui la regardait avec unsourire en coin.
« - On se connaît ? Lança-t-elle sèchement avant de seretourner, de prendre son collègue par le bras et de s'en aller versle quai 18.
- Il me semble que ton cœur me connaît bien, lui ! ».
Elle s'arrêta, nette. Choquée. Puis, elle se retourna vivement pourle voir éclater de rire comme un gamin. Il se marrait comme un gamin.
« - T'es qu'une ordure Evans ! ».
* * * *
« -Tu es sûre de ne pas le connaître, Julianne ?
- Non. Je ne connais pas, dit-elle avec fermeté, alors que leur altercation prouvait qu'ils se connaissaient très bien.
- Pourtant, il a l'air de savoir qui tu es, ajouta le brun avec un sourire.
- Ce n'est qu'un abruti. Oublie le.
- Et que signifiait le « ton cœur me connaît bien, lui » ? Vous avez eu une histoire ? Questionna-t-il en la regardant droit dans les yeux.
- Une histoire d'amour ? Une histoire de haine, oui! ».
Il la vit rire nerveusement et l'enlaça tendrement pour la soulager.Il comprit de lui-même que la jeune fille connaissait très bien cetEvans, et qu'elle avait été blessée, profondément, par cedernier. Il avait vu son regard, il avait lu la peur et lasouffrance. Il la serra plus fortement lorsqu'il sentit qu'elleenroulait ses bras autour de lui.
A vingt heures dix tapante, le train en direction de Paris SaintLazare s'arrêtait à la gare de Mantes-la-Jolie. A vingt heuresquinze, Julianne Davis traversait le hall de la gare, en marchantd'un pas rapide, pour ne pas croiser cet idiot d'Evans qui étaitcensé prendre le même train qu'elle. Elle allait travers le kiosquelorsqu'elle fut interpellée par une voix ô combien désagréable.
« - Eh Davis. »
Elle continua de marcher, faisant mine de n'avoir pas entendu. Maisle jeune homme n'était pas dupe et le lui prouva en la retenant parl'épaule. Elle s'arrêta aussitôt. Isaac Evans avait cette manie deretenir les gens dans leur lancée ... Elle se retourna vers lui, seplaça du côté du mur; à côté d'une table où étaient disposésdes journaux locaux; et croisa ses bras sur sa poitrine.
« Oui ? Demanda-t-elle froidement.
- Pourquoi est-ce-que tu cours, Davis ? Déstresse. Je ne vais pas te manger, commença-t-il avec un sourire.
- Je ne courrais pas à cause de toi. Je veux rentrer chez moi, rapidement, c'est tout. Qu'est-ce-que tu me veux, Evans ? »
C'était le cas de le dire, elle n'avait pas accéléré à cause delui. Certainement pas.
« - Rien. Je voulais simplement te parler. »
Qu'on l'achève !
« - Me parler ? Répéta-t-elle, choquée. On n'a pas pour habitude de se parler, Evans... Mais bon, qu'est-ce-que tu me voulais ?
- Rien de particulier, avoua-t-il. Juste savoir ...
- Savoir pourquoi est-ce-que je pose encore les pieds chez toi, toutes les trois semaines, alors que tu me l'as interdit ? Lança-t-elle mauvaise. »
Elle avait bien vu au début de la reprise des séances de lecturechez Rosalie qu'Isaac avait mal digéré l'annonce. Mais la vue deson pire ennemi n'avait pas été un frein assez puissant pourstopper cette activité qu'elle aimait tout particulièrement.
« - Non, fit-il en secouant la tête. Je voulais ...
- Si, c'est ça. Je le sais très bien. Ca te ronge que je vienne chez toi. Mais tu sais, ma présence n'est dûe qu'au souhait de Rosalie qui tenait à ce que je continue de venir.
- Je le sais bien, fit-il en se rapprochant d'elle, les yeux lançant des éclairs. Et je m'en moque de tes venues chez moi....
- Vraiment ? Siffla-t-elle mauvaise. C'est pas ce que tu scandais la dernière fois, pourtant. »
Le dur contact visuel se maintint encore quelques secondes tandisqu'il cherchait quoi répondre à ces attaques justifiées.
« - Tu sais quoi Davis ? Je n'aime pas l'idée que tu poses tes sales pieds chez moi, lâcha-t-il avec un sourire effrayant. Mais je n'y peux rien si Mamie le souhaite
- Tu sais quoi Evans ? Que ça te plaise ou non, je continuerai cette activité seulement parce que ça te torture. Et j'adore ça, d'autant que je ne compte pas reculer. »
Face à cette promesse, elle nota le sourire diablement séduisantpour la gent féminine qui papillonna sur les lèvres pleines de soninterlocuteur. Regards liés, il entreprit de réduire la maigredistance qui subsistait entre leur deux corps.
« - Oh, vraiment ? Demanda-t-il d'une voix douce engloutissantles centimètres. Tu ne reculeras pas ?
- Pour rien au monde, assura-t-elle en soutenant le regard qui se faisait de plus en plus insistant.»
L'espace entre eux ayant été aspiré, il s'abaissa vers la brune.Instinctivement elle posa une main sur son épaule pour le stopper.Surprise par cette soudaine proximité qui ne lui plaisait guère,elle sonda le regard d'Evans et fut dégoûtée d'y déceler unelueur joueuse. Que lui prenait-il ?
« - Recule, exigea-t-elle. »
Contre toute attente, il continua la descente la forçant à secoller davantage au mur tandis qu'elle baissait la tête, le cœuraffolé par ce rapprochement inexpliqué.
« - Ouvre les yeux, Davis. Je prenais juste le journal de notrechère commune ».
Il lui décrocha un sourire charmeur et s'en alla laissant la jeunefille furibonde. Elle releva la tête et le vit s'éloigner de sadémarche souple qui le détachait du paysage grisâtre de la petitegare locale. Elle constata avec une moue de dégoût qu'il n'avait enrien perdu la classe qui le caractérisait tandis qu'elle bouillaitde colère face à la scène qui venait de se produire. Isaac Evansvenait de faire sonner les cloches de son retour et avait l'air enpleine forme pour relancer une nouvelle partie.
Et Voilà ! Isaac Evans est vraiment un abruti, vous le reconnaîtrez :P Mais il est tout de même adorable, avec sa méchanceté, sa froideur et ses beaux yeux noirs qui parviennent à nous faire frissonner.... Qu'en dites-vous ? :)
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