Bonsoir à toutes ! Me voici pour le chapitre 31 de cette histoire ... ça commence à faire beaucoup mdrr ! Sur ces mots je vous souhaite à toutes une bonne lecture même si je pense fortement que les avis seront similaires au précédent sur celui d'Isaac. Quoi qu'il en soit, je vous laisse faire votre propre avis de ce très long chapitre et mes excuses par avance mais je ne savais pas où le découper... :/ Mes personnages ont besoin de temps pour que l'histoire se fasse et j'ai ce besoin de décortiquer. Bonne lecture :)
Adossée au mur beige du couloir, Julianne attendait patiemment que l'énorme imprimante daigne lui vomir les quarante pages de son dossier à remettre à sa supérieure. C'était un tout nouveau projet qui venait de voir le jour : l'ambassade avait mis en place un concours de poèmes en partenariat avec quelques universités parisiennes proposant des cursus coréens. Et elle avait passé tout son Dimanche et son lundi matin à finaliser l'événement avant de le soumettre et de l'envoyer durant la semaine aux établissements concernés.
Tandis que la machine prenait bizarrement tout son temps à effectuer cette tâche ; encore un nouveau problème technique à signaler en plus des scanners qui émettaient leurs derniers soupirs ; elle se laissa aller à poser sa tête contre le mur et à fermer les yeux. Faisant le vide dans sa tête, elle inspira lentement et expira de même. Réitérant les exercices, sa respiration se fit plus profonde et elle sentit l'approche du sommeil. La fatigue de la semaine précédente cumulée à celle de week-end expliquait son état actuel : elle était éreintée. Et les douleurs dans ses trapèzes et son dos n'arrangeaient rien du tout. A celle physique, venait s'ajouter la mentale. La brune se sentait vacillante.
Jetant un coup d'oeil à l'imprimante sur laquelle clignotait le nombre 25 et voyant qu'il lui restait encore quelques minutes d'attente, elle les ferma de nouveau, posant une main sur son cou. Comme s'ils n'attendaient que cela, les derniers événements vinrent la narguer. Son incapacité cumulée à cet échec qu'elle trouvait humiliant lui revenait à chaque fois qu'elle s'octroyait une minute de répit depuis ce week-end émotionnellement mouvementé. Un soupir s'échappa de ses lèvres.
Elle y avait bêtement cru.
Venu pour tout bousculer, Isaac avait amplement réussi. Julianne cogitait à cent à l'heure, comme avant, éradiquant ainsi même toutes les certitudes qu'elle avait bâti à son égard. Parfois, même le temps, d'autres aventures ou bien même des sentiments négatifs étaient impuissants pour vous débarrasser d'un que vous aviez porté à l'égard de quelqu'un.
Pouvait-on l'en blâmer ?
Non, personne ne le pouvait. Elle avait essayé de se reconstruire comme elle le pouvait, du mieux qu'elle le pouvait. Et elle pensait y être parvenue. Mais lorsque le cœur passait par autant d'émotions toutes plus fortes les unes que les autres, il était bien difficile de les déraciner. Tout comme la colère, l'amour était toujours là, légitimant vainement sa place et son dû.
C'était un cercle dangereux, une spirale venimeuse qui ne vous laissait aucun échappattoire. D'un cœur serré de tristesse, avait jailli un premier amour d'adolescente apportant son lot d'espoirs et de rêves mort-nés. Et par l'indifférence de celui qu'il espérait, tout en le faisant mourir intérieurement, Isaac l'avait contraint à espérer, à croire à de jours meilleurs.
Tu es la seule fautive.
Elle le savait. Quand les filles se retrouvaient face à un enfoiré pareil, c'étaient elles les fautives. Elles se laissaient embobiner, impressionner par des paroles ensorceleuses et des sourires étudiés. Alors qu'elles se devaient d'êtres fortes.. La réputation des garçons était faîte depuis bien longtemps. Mais elles étaient toujours aussi nombreuses à tomber dans le panneau.
Voilà que tu fais des généralités pour te protéger...
Aussi méchante et si compréhensible soient cette pensée, elle ne voulait pas être la seule dans cet état. Se consolant comme elle pouvait en se disant qu'il y en avait eu avant et il y en aurait sans doute par la suite. C'était la même chanson qui se répétait à chaque fois.
Mais la concernant, cela n'avait été que dans un sens. Elle lui avait ouvert bêtement son cœur et lui, lui l'avait piétiné sans aucun remord. Quand ce n'était pas sa langue de vipère ou ses yeux de monstre, c'était avec son corps qu'il avait cherché à la marquer. Et voilà que je te plaque contre un arbre, et voici que je te plaque contre le grillage.
Et voici que je te gifle...
Ses yeux se rouvrirent aussitôt, rougis par les remous de son esprit. Isaac avait été monstrueux. Et même cette claque n'avait rien effacé alors qu'elle aurait dû. C'était le tremplin, le ticket gagnant pour tout effacer.
Mais comment cette claque pouvait-elle rivaliser avec tout cet espoir malsain qu'elle avait couvé pendant des années ? Le vœu qu'Isaac succombe lui avait été si cher et à la fois si inexplicable, qu'il révélait à lui tout seul la longévité de ses sentiments. L'ardeur du souhait avait provoqué l'ancrage du panel d'émotions qui caractérisait leur relation et à ceci s'ajoutait le comportement du brun.
Intentionnellement ou non, ce dernier avait agi sur tous les tableaux. Plus il s'était enfermé dans son mutisme, plus il l'avait encouragée à espérer. Et plus il s'était amusé à vérifier l'impact de ses mots, plus la douleur cuisante avait cimenté son affection. Avec lui, l'amour et la douleur allaient de pair. Au lieu de l'emporter sur l'autre, ils se renforçaient mutuellement.
C'est effrayant ...
Comme pour appuyer ce constat, l'imprimante annonça l'impression des quarante pages en se stoppant. Elle saisit le paquet de feuilles tout chaud et se dirigea vers son bureau, le cerveau s'échauffant.
Tout s'était répété, à la même allure. Plus ses paroles avaient été vipérines, plus elles l'avaient renvoyée dans le passé, la blessant plus qu'elle ne voulait l'admettre. Plus ses mains s'étaient faîtes baladeuses, plus elle s'était sentie perdre pied. Et la comparaison avec l'époque ancienne et son corps qui répondait positivement auraient dû la mettre sur la voie. Mais elle avait été si sûre d'elle, e se disant à chaque fois que ce n'était dû qu'à cette espèce d'attirance physique collante...
Aveuglée par sa colère, motivée pour rester intacte cette fois-ci, elle avait provoqué l'intervention de Thomas qui avait dû avoir pitié d'elle.
Tu fais pitié à voir, Julianne...
Et c'était le cas !
Sa main vint ouvrir le dernier tiroir de son bureau et en sortit une brique de jus d'orange puis des paquets de gâteaux au chocolat qu'elle se mit à engloutir.
Le brun s'était senti obligé de prendre part vu qu'ils reproduisaient les mêmes comportements.
Et tu as succombé cette fois-ci...
Bon sang ! Il avait su comment la rendre dingue et gourmande de son corps.
Enfoiré !
Avant, il n'avait jamais usé d'autant d'ardeur et de possessivité à son égard. Il la voulait sous sa coupe avant de sortir avec elle mais là, ce n'était plus de la possessivité psychologique. La manière dont il s'était collé à elle, dont il avait emprisonné ses poignets, le souffle saccadé et les iris brillant de désir ... Tout portait à croire qu'il voulait une mainmise sur son corps.
Et en un sens, il l'a eue...
Il avait été si persuasif avec ses paroles et ses baisers brûlants qu'il avait été méconnaissable. En perpétuel maniaque du contrôle, il ne s'était jamais autant dévoilé qu'en ce samedi. Voulant qu'elle luit tombe dans les bras et qu'elle réponde à son état.
« Tu m'as rendu fou ! »
Comment s'y était-elle prise ? A part les manigances avec Célia dont il n'était pas au courant, elle n'avait purement rien fait ! Elle avait été indifférente à sa présence tout au long de la soirée avant qu'il ne vienne chercher la petite bête.
Mais peut-être que c'était cela qui l'avait justement gêné, alors qu'auparavant l'indifférence était le mot d'ordre entre eux. Mais pour quelle raison ? Souhaitait-il qu'elle soit de nouveau sous son charme, amoureuse de lui ?! Il n'avait jamais rien respecté ! Elle tournait en rond et elle espérait vivement que lui aussi.
Son propre désir s'éveillant, elle avait clairement vu le sien. Son corps d'homme avait tremblé d'envie. Et cette vision l'avait chamboulée, la retournant entièrement. Jouer avec Julianne était compréhensible, l'exciter aussi car sa soumission avait toujours plu au brun, mais de là à ce que lui-même éprouve du désir physique... C'était un comble pour celui qui prétendait être dégoûté.
Sur quoi pouvait-elle le baser ? Sa robe blanche ? Elle n'était pas aussi sexy que celle de Camélia. A leurs petites joutes verbales ? Non, il n'y avait rien de pervers ou de salaces dedans. Alors comment pouvait-elle expliquer cette apparition soudaine qui leur avait fait perdre les pieds à tous les deux ? Peut-être qu'il n'y avait pas de réponses à cela, le cerveau détraqué d'Isaac avait fait son œuvre les surprenant tous les deux.
Et de loin la plus belle surprise de ta vie, Juli !
Ses yeux s'écarquillèrent tandis qu'elle entamait le deuxième paquet de gâteaux, à la fraise cette fois-ci. Si le cheminement jusqu'à l'étreinte lui avait serré le cœur, l'étreinte sur le matelas l'avait explosé. Aussi désespérément qu'elle l'avait espéré dans sa jeunesse, il lui avait rendu avec le même désespoir l'affection qu'elle avait souhaité. La demande avait persisté à son grand dam et la réponse n'avait été donnée que des années plus tard.
Ironie ou bien affliction ?
L'écho de peine qu'elle avait vu dans les yeux d'Isaac lui avait donné envie de l'effacer d'un baiser et d'une étreinte amoureuse. Tout ceci alors qu'il s'amusait de la sienne... Elle était irrécupérable face à Iui. Cette même envie de lui procurer de la chaleur ou de diminuer son mal-être s'était manifestée , la condamnant une nouvelle fois à son statut de soumise et l'opposant frontalement à la Julianne 2.0. Et cela, Thomas le lui avait bien rappelé tandis que son meilleur ami le scellait en l'embrassant.
Soumise, tu avais bien été heureuse, allongée sous lui ...
Les yeux ambres s'embuèrent de larmes et tandis qu'elle croquait dans un ourson, une roula le long de sa joue.
Isaac avait été bon, aussi affectueux qu'il était habituellement hargneux. A la manière dont il la caressait, l'étreignait et l'embrassait, il l'avait revigorée sur le champ, recouvrant d'un beau voile blanc la peine qu'il lui avait lui-même administré. Et la manière dont il s'était offert à elle avait suffi à lui insuffler un nouveau souffle de vie.
Il lui avait laissé entrevoir un pan de tout ce qu'il aurait pu lui faire, de toute cette douceur et attention dont il pouvait être capable lorsqu'il le voulait réellement. Et bon sang, quelle avait été emportée et quémandeuse de tout cela ! L'espace de quelques instants, face à ce regard empli de tendresse et ces mains salvatrices, il avait eu l'air de tenir à elle, d'être importé par son bien-être. Et cela lui avait plu outre mesure, expliquant son comportement qui avait suivi. Elle avait eu envie de l'avoir sous elle, être maîtresse de son désir et le faire fluctuer à sa guise.
Reposant le cinquième ourson entamé et repoussant les barquettes, elle posa ses coudes sur la table et vint cacher son visage de ses paumes. Elle était perdue, tiraillée entre diverses envies.
Même si elle savait parfaitement que face à tout ce bordel, l'explication la plus plausible restait la présence évidente du matelas sous eux, et que le brun aurait pu être aussi avenant avec n'importe quelle jolie fille qui lui aurait souri parce qu'il n'était qu'un pauvre homme guidé par sa partie sud, et que les hommes étaient gouvernés par cela et non leur cerveau ...
Qu'est-ce que tu racontes, Juli ?
... Et que par conséquent, cela n'avait strictement rien à avoir avec elle ou une future évolution de leur relation d'ennemis fougueux en sex friend torrides.
Tu dérailles, ma vieille.
Oui, elle déraillait. Oui, il la rendait folle. Et oui, elle avait envie de recommencer !
Voilà, c'est dit...
Recommencer parce qu'elle avait aimé ça. Recommencer parce qu'il lui avait montré qu'il pouvait être un bon amant, qu'il pouvait être aimant et qu'il savait comment la faire vibrer. Et aussi parce que c'était tout simplement Isaac... au lycée, elle avait désiré ce genre d'échanges. Quelle fille n'en désirait-elle pas avec un garçon ? Toutes, sans exception.
Et la volonté plus perverse était la plus forte, celle qui l'encourageait à agir. Elle avait aimé le voir et l'avoir à sa merci, le poussant silencieusement à dévaler son corps et l'embrasser là où il ne l'avait jamais fait. Et la partie la plus joueuse de Julianne voulait encore jouer avec Isaac, le frustrer et le contenter.
Si les femmes étaient des énigmes pour les hommes, ces derniers l'étaient aussi, en plus d'être fascinants. Et à vrai dire, Isaac l'avait toujours été à ses yeux, dans tous les domaines. Tant par sa manière d'attirer les regards et le respect des autres que par celle de s'imposer par la parole, la prestance ou la force. Il était doté de cette aura que Mère Nature ne réservait qu'à quelques-uns, celle de plaire par la parole ou le silence.
Et à force d'être assaillie par tant d'émotions aussi puissantes que contradictoires, Julianne ne savait même plus si elle était fascinée par le côté positif qu'il venait à peine de lui révéler il y a quelques jours, par le côté sombre qui l'avait toujours fait briller ou bien par un effrayant mélange des deux ?
La folie la guettait.
Des flash d'images lui revenaient en mémoire depuis Dimanche, rosissant ses pommettes et la rendant fébrile et frustrée. C'était une première fois, et même si Isaac était en face, et qu'elle le détestait autant qu'elle l'aimait, elle avait envie de le voir et de lui demander, quitte à le supplier, de l'étreindre de nouveau. C'était un désir qui émanait du plus profond d'elle lui faisant du bien autant que du mal. Il était à l'image d'Isaac : une épée à double tranchant.
Et rien que cette conclusion devait la faire reculer et l'empêcher de s'enfoncer dans le pétrin dans lequel elle s'était engoncée. Avec brio même !
Car oui, tout ceci était un beau et dangereux bordel duquel il fallait ressortir, car rien ne les attendait à la sortie. Ce manège d'affection n'avait été marqué que sous le sceau de la pulsion sexuelle et rien d'autre.
Il fallait absolument qu'elle se le sorte de la tête et qu'elle arrête d'y penser. Elle essuyait ses larmes du dos de sa main lorsque des coups se firent entendre à la porte, l'ouvrant l'instant d'après.
La main en suspend, les traits surpris, elle vit Tae Kim pénétrer dans la pièce, la veste sur le bras. Son air jovial laissa rapidement place à une mine inquiète lorsque ses yeux croisèrent ceux rougis de la brune.
Et il fut près d'elle en deux pas.
« - Que se passe-t-il, ma jolie ? »
Il était parti en mission depuis ce matin et elle ne s'attendait nullement à le voir dans les locaux aujourd'hui. Souhaitant cacher sa peine, elle se ressaisit du mieux qu'elle pût, s'arma d'un sourire qui lui conférait un air plus effrayant que rassurant.
« - Je vais bien, Tae Kim, le rassura-t-elle en posant sa main sur son avant-bras.
- Tu es sûre ? Tes yeux sont tout rouges, Juli ...
- C'est à cause de la fatigue et...
- Et ces paquets de gâteaux, comment tu les expliques ? La piégea-t-il en se relevant. »
Elle se figea. Tae Kim la connaissait trop bien pour tomber dans le panneau aussi facilement.
« - Tu mange des sucreries quant tu es heureuse, mais ça ne dépasse jamais un muffin ou donuts, ou quand tu es très triste, rappela-t-il en liant ses iris aux siens. Et là, je compte deux paquets de gâteaux et deux briques. Alors, j'attends que tu m'expliques ? »
Face à tant d'attention, elle ne pût s'empêcher de rire nerveusement. Rire qui ressembla étrangement à un sanglot. S'y emmêlaient la reconnaissance, la gratitude et de la tristesse. Tae Kim la connaissait si bien là où Isaac ne devait même pas se douter de tout cela. Pourquoi perdait-elle encore du temps avec un énergumène de son genre ?
Sans un mot, elle se leva de son siège et englouti l'espace qui les séparait. Naturellement ses bras se refermèrent sur elle en une bulle protectrice et elle se sentit mieux. Posant sa tête à l'endroit de son cœur, elle se laissa aller quelques secondes, s'octroyant cette chaleur que Thomas n'avait pu lui accorder.
Tae Kim était un roc sur lequel elle s'autorisait à s'appuyer mais elle ne pouvait lui dire la cause de son mal. Elle en avait honte. C'était une humiliation. Tout son Dimanche avait été une humiliation.
« - Qu'est-ce qui te préoccupes, ma Juli ? J'ai pensé au dossier que tu devais rendre mais il est déjà sur ton bureau, nota-t-il en lui caressant le dos. Des soucis à la maison ?
- Non, tout va bien.
- La cérémonie s'est mal déroulée ? »
Son dos se raidit, Tae Kim allait tout comprendre.
« - Rosalie et Carlos étaient très contents de la petite fête, lui raconta-t-elle en resserant son emprise. Et les invités aussi.
- Et toi, Julianne, étais-tu heureuse ? »
Elle aurait dû rentrer le sourire aux lèvres.
« - Est-ce que c'est lié à Isaac ? »
Ses mains se refermèrent sur la chemise immaculée et elle secoua la tête.
« - Je comprends que tu ne veuilles pas en parler, mais tu n'as pas à être inquiétée par cet idiot. »
Comment lui expliquer que c'était son propre état qui l'inquiétait? Ses sentiments, ses pensées, ses désirs la tiraillaient, se rejoignant parfois et se repoussant ensuite. Tout un travail de reconstruction était à refaire.
Son collègue recula quelque peu et leur regard se lièrent. Posant une main affectueuse sur sa joue, il lui confia :
« - De ce que j'ai appris et entendu à propos de ce gars, il agit toujours par calcul avec toi. Chaque action cache une pensée tordue, et je ne sais pas ce qu'il t'as dit ce week-end, mais ne le laisse pas t'atteindre et assombrir ton beau visage. »
Les paroles de Tae Kim n'étaient que pur vérité. Isaac lui avait prouvé qu'il avait agi avec une arrière pensée. Et peut-être que la scène du matelas était aussi calculée, après tout. Quel autre plus grand comédien et beau parleur qu'Isaac Evans ?
« - Il ne mérite rien du tout venant de toi, pas même un sourire alors comment peux-tu verser des larmes pour lui ? Avec Célia, vous avez réussi votre vengeance, alors maintenant, il est temps d'en finir avec lui. Raye-le de ta vie, Julianne et vis la pleinement. »
Son ami avait raison, l'essentiel avait été réalisé. La leçon à donner à Isaac était bien plus importante que les sentiments qu'elle pouvait lui porter. Et Tae Kim avait bien fait de le lui rappeler, Isaac ne méritait rien du tout. Aucune attention, aucune sympathie et surtout pas d'amour. Il était grand temps de cesser de larmoyer sur son état et les pensées farfelues qui lui traversaient l'esprit. Le moment était venu de définitivement mettre un terme à tout ceci.
Tandis qu'un léger sourire papillonnait sur ses lèvres, elle acquiesça et lui souffla un « merci » empli de gratitude.
Les amis étaient là pour remettre les pendules à l'heure...
Deux heures plus tard, tandis qu'elle posait un pied que les quais de Mantes, elle se dépêcha de prendre la petite ruelle qui menait directement au vieux quartier de sa ville. Il était très peu fréquenté par la jeunesse, ainsi il y avait de maigres chances de croiser une connaissance. Et c'était exactement le lieu qui lui fallait pour les retrouvailles qui allaient se faire dans une demi-heure.
Elle accéléra le pas tandis qu'elle recevait un second message de sa meilleure amie qui l'attendait, assise au fond d'une petite brasserie. Arrivée devant l'enseigne où deux chopes de bière pleines s'entrechoquaient, la brune entra avec un sourire en demandant Célia de la Clairière. La barmaid lui montra une table au fond.
Comme si elle avait senti son arrivée, Célia leva les yeux au même moment et la salua de la main. Remerciant la tenante des lieux, la brune la rejoignit avec un sourire.
Sa meilleure amie se leva et l'étreignit avec chaleur tout en lui embrassant les deux joues, ce qui lui procura un sentiment de grand bien-être. Qu'il était bon de retrouver les personnes que nous aimions. Cela n'avait pas de prix.
« - Oh comme je suis heureuse de te revoir, ma Julianne. J'ai tellement hâte que tu me racontes tout ce qu'il s'est passé en mon absence ! S'extasia-t-elle en lui tendant son cocktail multicolore. »
Elle acquiesça, un sourire aux lèvres, en se dévêtant. Tirant la chaise, elle s'assit tout en écoutant Célia raconter son retour de l'établissement Kruger. Elle venait d'emménager avec Jordan dans son tout nouvel appartement qu'elle avait choisi durant son précédent voyage et bientôt les allers-retours Paris-Dublin prendraient fin, espaçant ainsi leurs retrouvailles.
Ce qui était vraiment agréable avec les filles comme sa meilleure amie était leur débit de paroles et la bonne humeur qu'elles rependaient autour d'elles. Célia avait toujours quelque chose à raconter, comme ce moment précis où elle parlait de la belle église de sa ville qu'elle avait visité avec son fiancée.
Et ce paysage aidait grandement la brune à remettre de l'ordre dans sa tête. Célia et Tae Kim étaient ses priorités, rien ni personne d'autre n'importait. Ses foutus sentiments douloureux comme des aiguilles implantées dans le cœur ne l'embêteraient plus et elle ne montrerait rien du séisme qui l'avait secouée quelques jours plus tôt. Célia n'avait pas à être inquiétée par cela. La brune étoufferait ce satané amour par tous les moyens et personne ne soupçonnerait quoi que ce soit. Il en allait de sa fierté qui ne pouvait plus être bafouée une seconde fois. Et encore aimer Isaac était aussi honteux que la gifle qu'elle avait reçu. Cet homme était un poison qui empoisonnait tout sur son passage et elle avait dorénavant la certitude que c'était ce qu'il avait voulu faire de son Dimanche. La marquer de nouveau de la plus intime et de la plus sale des manières.
A cette pensée, un vif dégoût s'empara d'elle et elle remercia le Ciel de l'avoir empêchée de succomber. A cette seule idée, elle trouva son geste encore plus déplacé et dégradant que sa claque.
« - J'ai hâte de venir te rendre visite à Dublin, lui confia-t-elle en avançant le bol de cacahuètes. »
Avec ses manigances perverses, le brun la forçait à jouer la comédie devant les siens. Elle ne pouvait même plus présenter son vrai visage devant Tae Kim et sa Célia, se devant de mentir à tous ceux qui la connaissaient. Et en la maintenant liée à lui dans ce lien malsain et pervers, il l'éloignait des autres. La contraignait clairement à le faire. Et pour cela, elle le haïssait autant qu'elle-même.
Souriant à la remarque de sa belle blonde, elle sentit son cœur se serrer. Si un jour sa meilleure amie apprenait ce qu'elle était en ce moment en train de faire ou de vivre, elle ne lui pardonnerait que durement. Prenant son geste comme une trahison et un beau manque de confiance. Mais comment pouvait-on avouer l'inavouable ? Comment pouvait-on avouer nos hontes les plus dégradantes ?
Portant son cocktail à ses lèvres pour hydrater sa bouche sèche, elle réalisa que c'était ce que le tournant de sa vie l'obligeait à faire. Se mettre ses amis à dos si un jour ils apprenaient ses agissements et ses secrets.
Célia en premier lieu qui se sentirait trahie d'avoir été mise à l'écart de l'état psychologique de sa meilleure amie.
« - Nous irons ensemble au Bernard Show, ma douce ! Proposa la brune en entendant sa meilleure amie faire une liste des coins à visiter.»
Ensuite venait Thomas qui cesserait tout bonnement de la côtoyer la considérant comme une fille dérangée de s'être vengé de l'innocent Isaac. Enfin la dernière place était attribuée à la famille Alonzo et surtout Rosalie qui prendrait cette vengeance comme un affront personnel, pensant quoi qu'il arrive qu'Isaac ne méritait en rien ces humiliations aussi mauvais ait été son comportement. Consciente des prises de positions de son ami et de Rosalie envers Isaac, la brune ne pouvait en aucun cas les condamner, même au souvenir d'une Rosalie défendant Isaac jusqu'au bout, parce qu'elle tenait au couple qu'ils avaient formé. Et son amitié pour Rosalie avait été prouvée maintes fois aux yeux de tous et surtout à ceux de son petit-fils qui n'avait jamais tenu cure du respect qu'elle avait porté à la vieille dame. Et ce constat effaçait à ses yeux le respect qui aurait pu la retenir d'agir. Voilà, les retranchements dans lesquels ont l'avait amenée. Entendez en ce sens, qu'Isaac lui-même l'avait poussée à réagir de la plus drôle et humiliante des manières.
Reposant son verre sur la petite table ronde en bois sombre, elle prit quelques cacahuètes qu'elle commença à triturer entre ses doigts. Sa rencontre avec Tae Kim avait remis les pendules à l'heure et insufflé le courage d'affronter sa meilleure amie. Et maintenant, elle se sentait d'aplomb.
Menteuse et comédienne, tu es devenue le reflet d'Isaac...
C'était bien le cas. La part obscure du brun déteignait sur elle et aussi étrange que cela puisse paraître, elle avait parfois l'impression de s'y épanouir depuis que la rencontre avait eu lieu. Cette noirceur empoisonnait sa vie en même temps qu'elle l'aidait à avancer et à se renforcer puisant son entrain dans le futur culot qu'Isaac trouverait pour lui répondre. Comme dans chaque histoire lue, le mal attirait les individus par sa noirceur, par la force qu'il vous procurait et le détachement avec votre ancien vous ne vous convenant plus qui se faisait.
Étrange combinaison...
Posant les miettes de cacahuètes sur la table, elle en prit d'autres qu'elle mangea cette fois-ci. Tout en souriant à Célia, elle remarqua son téléphone clignoter tandis qu'une serveuse s'approchait de leur table.
Après avoir passé leur commande, Célia reprit la parole, un sourire amusé aux lèvres.
« - Comme nous nous étions dit que l'on se raconterait tout que lorsque nous nous retrouverions à la fin, je n'étais au courant de rien depuis que je t'avais envoyée les informations concernant Camélia et les photos volées à Isaac. Mais comme Zach qui était présent lors de l'intervention des gays a tout raconté à Jordan sur messenger, ce dernier a été « obligé » de me le rapporter tant il n'en revenait pas que son ancien capitaine puisse être gay.
· Tu as bien dû te marrer, nota-t-elle en piochant une tomate cerise dans les salades qui venaient d'être servies.
· C'est le cas ! Isaac gay, scoop du siècle ! Malgré les explications de Zach, Jordan a tout de même été dans le doute pendant quelques jours, se disant qu'il avait côtoyé un gars qui aurait pu le lorgner au lycée. C'est souvent dérangeant tu le sais bien, ajouta-t-elle avec une grimace, surtout pour les garçons. »
Au lycée, une de leur copine avait eu une histoire similaire. Une redoublante de première s'était liée d'amitié avec elle, avant qu'elle ne se rende compte que tout ceci n'était qu'une mascarade pour qu'elle devienne sa petite amie. Et face au premier refus, la lesbienne s'était révélée être une forceuse possessive, allant même jusqu'à la suivre à ses footing du Dimanche matin.
· Je sais bien que ça peut être dérangeant. En tout cas, je suis heureuse de voir que Jordan ait réagi de la sorte, tout en étant dans un autre pays. C'était tout l'effet escompté, semer le doute pour qu'Isaac soit davantage heurté. Aux yeux de tous, mis à part Thomas, Isaac n'est jamais sorti avec une fille au lycée et on ne l'a presque jamais vu flirter non plus, pourtant ce n'était pas les soirées qui manquaient en prépa, pratiquement une tous les mois. Et ce désert était le tremplin pour creuser de ce côté-ci.
· C'est bien trouvé ! Quand tu m'avais montrée les pages de sites de rencontres, j'avais surtout pensé que ce serait un site de plan cul, l'idée des homos ne m'aurait jamais traversée l'esprit. Mais face à ses coéquipiers de sport, c'est sans doute la meilleure idée pour l'ébranler. Comment a-t-il réagi ? Demanda-t-elle soudainement en croisant ses mains et en la fixant, les yeux grands ouverts. »
Julianne prit son temps pour marquer son détachement, mâchant ses concombres au vinaigre avant de répondre. Jusqu'ici tout allait très bien.
« - Il a été cassant puis a voulu en venir en mains quand Fred et Dino ont continué sur leur lancée. Il est devenu livide quand Zach a ri. Le pauvre, il n'a pas pu s'en empêcher mais il s'est vite repris surtout quand Gabriel l'a menacé du regard. »
Cette scène avait marqué la brune, n'ayant jamais imaginé qu'Isaac se ferait autant défendre par ses coéquipiers. Même si le doute avait été semé pendant quelques minutes, il s'était rapidement évaporé suite à l'intervention de Dan, Gabriel et Thomas. Une réelle amitié et un profond respect les liaient à Isaac, aussi cassant et bourru ce dernier pouvait-il parfois se montrer à leur égard. Elle pouvait comprendre cela le temps de leur équipe de Foot Us mais par la suite, cela relevait du fascinant.
Les hommes étaient intrigants et fascinants...
« - Puis mes petits copains ont demandé des explications à notre victime avant qu'elle n'en vienne aux poings. Comme je l'avais prévu, il s'est jeté sur celui qui avait le même gabarit que lui, et je lui en suis reconnaissante parce que Dino était vraiment tout frêle. Fred a voulu riposter mais je suis intervenue...
· Tu es intervenue entre deux gars ? Bien courageuse, ma Juli !
· Je craignais surtout qu'il y ait des bobos extérieurs en plus de ceux intérieurs. Ce n'était pas le but de cette belle rencontre. La demande de partir du stade a été acceptée et ils ont quitté les lieux tout en conseillant à Isaac d'accepter son attirance pour les hommes.
· Quel gentil conseil de leur part ! »
Se remémorant la scène, Julianne ne pût s'empêcher de rire, tant la scène avait été comique. Isaac avait été si perdu et énervé qu'elle avait dû se retenir de ne pas exploser de rire, maintenant son masque de surprise jusqu'au bout.
La brune jeta un coup d'oeil à la fine montre qui ornait son poignet, d'ici cinq minutes son invité surprise arriverait. Jusqu'ici tout se passait comme prévu, aucune perturbation n'était intervenue contrairement à celles qu'avait connu sa coéquipière.
«- Bientôt arrivée ? Questionna Célia en piochant du pain dans la petite corbeille.
· Ca ne saurait tarder, finis ta salade pendant ce temps là. Je lui filerais la mienne, elle doit sans doute avoir faim. »
Le cliquetis des portes du bar se fit entendre lorsqu'on vint leur servir leur plat chaud. Et Julianne sut que sa complice était là, elle allait enfin pouvoir tout dévoiler à Célia.
« - Ces tagliatelles à la carbonara sont délicieuses, Julianne, il faut absolument que tu les goûtes, commenta-t-elle avant d'enfourcher une fourchette dans sa bouche. On sent parfaitement le goût des œufs sur la langue, c'est troooop bon, tiens, lui proposa -t-elle en lui tendant le plat. »
Au même moment, Julianne sentit une présence derrière elle et un parfum chocolat envahir l'air. Tandis que Célia levait sa tête fascinée de son plat succulent, ses yeux s'écarquillèrent, sa bouche formant un joli « o ».
«- Dîtes-moi que je rêve, les filles ..., s'exclama-t-elle en reposant sa fourchette. Team de dingues !»
Elle se leva d'un bond et alla enlacer la belle blonde qui lui ouvrit aussitôt les bras pour accueillir leur ancienne camarade expatriée au Canada depuis plus de quinze ans. Johanna Dumas s'était un peu éloignée de Célia, mais était aussi proche de Julianne que durant leurs classes communes. Et elles communiquaient souvent, s'envoyant des lettres car rien n'équivalait le bonheur de recevoir une lettre pas même un appel téléphonique. Elles l'avaient bien compris !
«- Avec ton séjour de deux mois ici, Jo, j'aurais dû m'en douter, mais tu vois ça ne m'a même pas effleurée. Alors, rien que pour ça, bien joué, les filles !
- Je me devais d'intervenir, tu le sais bien, Célia.
- Il ne lui a même pas fallu quelques jours pour se décider, elle m'a répondue positivement dans la minute qui a suivi ! Précisa la brune en tendant sa pizza à leur complice.
- En plus de te venger, c'est le jeu qui m'a attirée. Et tu sais que j'aime jouer avec les garçons. Ils sont de beaux joujoux. Et Isaac est un très beau spécimen aussi bourru soit-il. »
Piochant une olive verte dans la salade qu'elle ne parvenait pas à finir, elle acquiesça avec un sourire contrit. Une confidence pas si récente essayait de remonter à la surface.
« Julianne t'as-t-elle tout raconté ? Demanda-t-elle en piquant une tomate dans le plat de salade. Je pourrais goûter tes tagliatelles, Céli, elles ont l'air appétissantes.
- Gourmande va ! Et non, Julianne se la joue mystérieuse depuis tout à l'heure, me faisant languir d'aventures. »
Affamée qu'elle était en plus de sa gourmandise caractéristique, Johanna prit tout son temps avant de répondre. Terminant la salade de Julianne avant de goûter aux tagliatelles que Célia finit par lui céder, s'emparant du plat de la brune.
« - Désolée de l'attente, Célia, j'avait trop faim. Et les trois cookies de cet après-midi ne me suffisaient pas. Alors, par où commencer ? fit-elle en reposant ses couverts et s'essuyant la bouche avec la serviette de Julianne, ce qui fit rire cette dernière.
- Par le commencement, peut-être ? Proposa Célia.
- Ce serait cool, effectivement. Alors, gonflée à bloc comme elle l'était, trois jours après qu'on se soit vue toutes les trois, notre Juli m'a appelée me disant qu'elle devait me raconter quelque chose de très grave. M'annonçant ainsi le come back d'Isaac. J'étais la première surprise, au vu de la fin de votre relation, ajouta-t-elle en se tournant vers Julianne puis se tournant de nouveau vers la blonde. Et le fait qu'il revienne comme si de rien n'était m'a énervée et c'est sur ce point là que j'ai décidé d'aider la brune la plus jolie que l'on connaisse. »
Johanna entoura les épaules de Julianne avant de plaquer un baiser bruyant sur ses cheveux.
« - Le but du jeu était de gagner sa sympathie pour avoir son numéro et en faire mon soi-disant sex friend. Ainsi, j'avais son attention pendant que vous faisiez vos magouilles et j'endossais le rôle de la « coupable » des malheurs d'Isaac avant de retourner au Canada. Je sais que ça paraissait risqué dit comme ça, mais je ne risquais rien, parole de Julianne. Même si on a eu une belle frayeur.
- Comment ça ? Questionna Célia en reposant son verre vide.
- Pendant les sextos envoyés par des internautes, tout s'est bien passé quand il est venu à la maison. Il avait rapidement ou tardivement compris que c'était de moi qu'il s'agissait et que je me vengeais de ces refus perpétuels quant à mes propositions de plans cul. Il n'a pas décampé de son premier choix et je t'avoue encore une fois, Julianne, que j'ai été presque admirative. Aujourd'hui, combien de gars refusent une amitié avec intérêts avec une fille ? Très peu et cet Isaac n'a jamais voulu, comme tu l'avais si bien prédit dans les débuts. »
Célia acquiesça de la tête comme si l'heure était grave.
« - Mais ça a dérapé le jour des gays. Il a débarqué trop vite, juste après avoir quitté le stade je suppose et ma mère devait rentrer des courses juste avant qu'on aille dîner chez ma tante. Et du coup, j'ai été par le temps. Maman serait rentrée plus tôt que nous aurions évité cette frayeur. »
Elles avaient connu une belle frousse. La possibilité qu'il la rejoigne n'était pas assez forte étant donné que Camélia lui avait dit qu'elle comptait rentrer tard ou bien dormir chez Isaac et rejoindre Paris le lendemain. Mais le cerveau tordu du brun avait fait le rapprochement à la vitesse de la lumière, comme s'il avait prédit de nouveaux agissements. Bon, l'on pouvait dire qu'il avait eu raison sur la ligne et que sur ce coup-ci la bande de copine n'avait pas été très maligne.
«- Ta ligne était occupée quand j'ai essayé de t'avertir, juste quelques minutes avant qu'il ne débarque. Camélia venait de me prévenir de son départ.
-J'étais en communication avec ma tante et tes appels s'enchaînaient quand il s'est annoncé. Il l'a remarqué et m'a demandée de l'éteindre, ce que j'ai rapidement fait avant qu'il ne voie ton blaze " Jul ", avoua-t-elle en riant et en collant ses mains, les annulaires et auriculaires repliés. Bon, d'accord c'est nul les filles mais avouez que ça vous a fait sourire au moins. »
Julianne secoua la tête tandis que Célia et la blonde joignèrent leur poing.
« - Julianne, il me semble que je t'ai pas racontée toute la scène qu'il m'a faite avant de donner de m'approcher : il a fait une espèce de tour du salon comme s'il voulait s'approprier les lieux avant de m'attaquer, parce que c'est bien ce que son regard me disait : Toi, Dumas, tu vas passer à la casserole ! Lança-t-elle avec une voix d'homme qui ne ressemblait en rien à celle d'Isaac. Il s'éloignait de moi, tout en me soufflant que j'avais une chance de m'échapper et j'y ai cru ! Puis quand il s'est rapproché, j'ai compris. Il m'avait eue, depuis le début. Sur le moment je n'y ai pas fait attention mais en y réfléchissant par la suite, ça m'a semblé étrange...»
Tandis qu'elle racontait la suite à Célia qui était horrifiée par les agissements agressifs et sexy selon Johanna, les yeux de Julianne s'écarquillèrent tandis qu'un parallèle se faisait dans son esprit. Isaac avait agi de la même manière dans les deux situations. Comme avec Johanna, il était entré dans « sa » chambre et s'était lentement dirigé vers la fenêtre, traversant la chambre, prenant connaissance et possession des lieux avant d'avoir pris possession de sa bouche et de son corps. Comme le disait son amie, il avait englouti l'espace, lui faisant croire qu'elle trouverait un échappatoire avant de lui faire comprendre qu'il n'y avait plus aucune issue et qu'elle devrait capituler... Pour qui se prenait-il ? Une espèce de comédien ou un lynx trop malin ?
« - Il était allusif et j'ai vraiment cru qu'il allait me prendre à même le canapé pour me punir, mais en même temps il me donnait l'impression d'un test, un que je devenais comme lui l'avait été. Aucun geste déplacé pour un homme qui allait me faire hurler pour exaucer mes souhaits. Il ne me menaçait que pour confirmer son doute. »
Il avait reproduit avec Johanna ce qu'elles-même lui avait fait. Retournant ces désirs contre celle qui souhaitait la réalisation.
« - La thèse du complice avait germé dans son esprit au stade. Je le voyais assis dans les gradins avec Camélia, mais je n'aurais jamais pensé que son cerveau aurait fait un rapprochement aussi rapidement. Il nous a surprises.
- Il devait déjà avoir des doutes...
- Mes photos, souffla Célia en répondant à un texto.
- Effectivement, et il voulait seulement voir mes réactions pour confirmer ses doutes. Il a été très malin, sachant que je n'aurais jamais avoué notre complicité, il m'a mise en position de faiblesse et a traduit mes craintes. »
Il a agi de la même manière avec toi, Julianne...
«- Même en période de honte, il a rapidement fait le lien entre les deux attaques et c'était ce que l'on attendait de lui, après tout. »
Le thème des deux provocations étant toujours la sexualité, il était souhaitable qu'Isaac fasse le lien avec Johanna. Et la thèse du complice devait aussi voir le jour étant donné que Johanna était dans l'incapacité totale de connaître les déplacements et programmes du Dimanche de sa victime et qu'elle n'était pas non plus en possession des photos.
« - Et je me rends compte que c'est moins ma personne que le complice dans l'ombre qui l'intéressait, mon mobile n'étant pas assez important pour aller jusque là. Et je suis persuadée qu'il a dû comprendre, comme je te le disais au téléphone, Juli, que j'étais seulement la complice et non à la tête de tout ceci. C'est aussi pour ça qu'il n'est plus revenu et ne reviendra sans doute pas étant donné que je m'en vais ce soir. »
La grosse valise de départ, avec ses deux petits chatons gris était posée à côté de leur table.
« - C'était le but. Lui donner des pistes pour qu'il cogite à cent à l'heure et qu'il en vienne là où on le voulait, déclara la brune en refaisant son chignon. »
Les deux autres acquiescèrent avant que Célia ne reprenne la parole.
« - Dans tous les cas, ne vous en faîtes pas. Il peut chercher autant qu'il veut du côté de ses amis ou connaissances, il ne sera jamais en mesure de nous relier à toi, Jo. Et quand bien même il ferait appel à un hacker, il ne trouverait que son blaze et rien d'autre pour parvenir jusqu'à lui, les rassura-t-elle avec un sourire.
- Et comment est-ce que tu l'as trouvé cet hacker ? Demanda Johanna en appelant la serveuse.
- J'ai fouillé dans le répertoire de mon chéri et je me suis souvenue d'un gentil geek appelé Thibault qui travaille actuellement pour Ubisoft. Par amitié envers Jordan, il a gentiment accepté ma demande sans poser trop de questions et comme il ne connaît personne de la bande d'Isaac vu qu'il a quatre ans de plus que nous, zéro soucis.
- Bravo ma blonde ! Et depuis quand est-ce que tu fouilles dans le téléphone de Jordan ?
- Depuis les débuts, plaisanta-t-elle. »
Tandis que Johanna racontait à Célia la réaction de sa mère suite à la venue d'Isaac, suite aux paroles de sa meilleure amie, la brune se sentit de nouveau confiante. C'était parce que Célia avait pris autant de précaution avec le hacker qu'elle avait pu inclure son autre amie de la sorte et surtout parce que cette dernière était en France que pour un mois et demi. Avec Johanna qui quittait le territoire français dans quelques heures et un hacker hors d'atteinte, les trois filles ne risquaient rien du tout suite à ces manigances rigolotes tandis qu'Isaac perdait la trace de son harceleuse et ne découvrirait jamais les auteurs de ces petits malheurs.
Voyant les glaces commandées par la franco-canadienne arriver, la brune se dit que pour clore cette aventure, cette dernière entrevue s'était passée comme elle le souhaitait.
Le courage insufflé par Tae Kim et le travail qu'elle avait fait sur elle depuis cet après-midi avaient porté leurs fruits et elle était parvenue à se créer une façade sereine.
Plantant sa petite cuillère dans son sorbet citron choisi par Johanna, Julianne se sentait soulagée de voir que sa Célia n'avait perçu aucun signe de faiblesse ou de tristesse qui aurait pu souligner la trahison qu'elle commettait en ce moment-même. L'envie de savoir tout ce qu'il s'était passé en son absence et fêter leur réussite ne lui avait pas laissé le temps de sonder le regard de sa meilleure amie qui aurait pu la mettre sur la voie... Relevant la tête, elle observa Célia qui souriait maintenant à leur amie tout en mangeant sa profiterole au chocolat. Johanna avait assuré sa mission et l'avait rassurée. Sentant son regard sur elle, elle lui sourit chaleureusement.
« - Je suis heureuse, les filles, tout a bien commencé et tout c'est bien terminé ! Au départ, je n'étais pas forcément la plus enjouée par cette vengeance ... »
Elle s'en souvenait parfaitement.
Et tu avais en partie raison, ma Célia...
« - J'avais peur qu'il te blesse autant qu'avant ou que tu retombes amoureuse après tout ce que vous avez traversé. Parce qu'en quatre ans de lycée, j'ai eu le temps de comprendre cet enfoiré. Et tu es comme une obsession pour lui, une Julianne qu'il doit avoir dans ses filets pour tout contrôler. Et son come back me faisait peur Julianne, peur de ses motivations, de ses manigances...
-Tu n'as pas à t'en faire.
- Mais tout s'est passé comme je l'espérais. Toute cette fougue dans cette vengeance et la participation de notre Jo me prouve que tu es à des années lumières de celle du lycée. Et j'en suis heureuse, ma Juli, s'exclama-t-elle en lui tendant une cuillère de glace à la mangue.
Le nœud de la crainte qui sommeillait en elle, se resserra, contractant tout son corps et elle accepta avec un sourire tirant vers le faux la glace offerte. La vengeance était certes terminée, mais la partie la plus difficile s'annonçait maintenant.
Alors voilà, un chapitre qui ressemble encore à celui d'Isaac mais avant que vous ne me demandiez de l'action ( qui je le promets arrivera dès le prochain chapitre ) et du pardon de l'amour et des bébés ( euhhh ça je sais pas trop xD ) sachez que comme Isaac, Julianne a aussi besoin de se poser et d'analyser tout ce qui se passe dans sa petite vie bien tourmentée par l'ouragan Isaac. C'est bête de sa part ( un tout petit peu hein ) mais têtue et déterminée comme elle l'est , elle n'aurait jamais pensé être la même que celle du lycée, attachée à Isaac de cette manière après tout ce qu'ils se sont dit et fait. Elle a vécu cette révélation comme une gifle ( une deuxième donc ) et étant donné qu'elle ne peut en aucun cas penser à un avenir positif les concernant ( aller vers Isaac ( elle ne soupçonne rien de positif venant de lui ), lui en parler ) elle ne peut que songer à étouffer ces sentiments et tous les désirs qui la tiraillent. Isaac est un gros connard à ses yeux et peut-être qu'elle l'est aussi à ses yeux XD Mais la suite nous réserve des surprises, ayez confiance ;)
Ensuite, je voudrais remercier toutes les gentilles lectrices qui me suivent depuis quelques jours, depuis quelques mois et depuis maintenant un année !! Mercii à vous toutes, sachez que même si l'histoire avance petit à petit et que l'action n'est pas toujours présente, je prends en compte chacun de vos commentaires et de vos MP. Alors, merci, un grand merci du fond du coeur. <3 <3
Maintenant premier coup de gueule sur Watty réservé à une catégorie particulière. Donc mes lectrices adorées fidèles depuis longtemps ou qui se sont manifestées par tous moyens ces derniers temps, cette note n'est pas pour vous :)
Ce message s'adresse à tous les lecteurs fantômes qui me suivent depuis quelques jours, mois ou année. Sachez que tant que vous restez anonymes, ça ne me dérange plus parce qu'avant je trouvais ça triste, oui très triste, mais maintenant continuez si ça vous plaît, si ça vous enchante d'être muet et invisible sur un site qui appelle à l'échange. Après tout c'est votre choix et votre liberté de vous manifester ou non. Même si je réitère la tristesse que nous auteurs ( du genre xD ) éprouvons en voyant les vues augmenter et les votes stagner. Vient maintenant le tour et je remarque ça depuis fort longtemps, aux personnes qui lisent en tout trente chapitres et qui ne se donnent la peine de voter qu'au tout dernier. A quoi ça sert franchement ? Je cours pas après les votes et je me dis que les auteurs ont raison de le rappeler en fin de chapitre ( parfois je me dis qu'il arrive aux lecteurs d'oublier et qu'un petit rappel ne fait pas de mal à personne ) mais face à l'inactivité de certains peut-être que je devrais aussi m'y mettre. Franchement soit vous oubliez réellement de voter ce que je peux comprendre même s'il y a une étoile tout en haut et une tout en bas, et qu'on peut difficilement la rater. Soit vous vous dîtes que voter au dernier chapitre c'est déjà pas si mal. Soit vous pensez tout simplement qu'on ne le mérite pas et que tout travail ne mérite pas salaire. Ce qui est méchant. Oui, méchant est le mot mais encore une fois vous avez le droit ... Parce qu'au final ça ne vous coûte rien du tout, à part un geste de la main pour glisser votre souris .... Mais bon, je vois que certains ne se donnent pas la peine et j'irais même jusqu'à dire que ceux qui ont voté au chapitre trente ces derniers temps peuvent tout aussi bien retirer leur unique vote parce que ça ne me fait ni chaud, ni froid.
Voilà, j'ai été un peu crue, directe, tout en étant affectueuse. Mais je considère qu'il y a des moments où faut pas abuser non plus et j'estime aussi qu'on a le droit de dire ce qu'on a sur le coeur.
Mais bon trêve de plaintes, et je remercie encore une fois toutes celles qui me suivent, lisent, votent et commentent avec joie ou frustration ! Vous êtes géniales et adorables ! <3
Bien à vous,
Miss-Key.
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