~~ Chapitre 30 Partie 2 ~~

Bonsoir à toutes ! Me voici pour la seconde partie du chapitre trente :) Je vous souhaite une bonne lecture ! ;) 


Déjà qu'avant ce rêve il était totalement largué, mais alors là ... Si certains rêves encourageants ou inquiétants n'étaient pas à prendre au pied de la lettre, celui-ci par son réalisme et l'intensité ne lui sortirait jamais de la tête, il en était certain. Quelque chose se détachait de tout ce qu'il avait connu et cherchait à être pris en compte.

« - Ne te marre surtout pas, LS, sinon c'est un uppercut assuré. Compris ? Lança-t-il en le regardant droit dans les yeux. »

Sérieux, Benjamin hocha la tête et l'invita à commencer. Il attendit quelques secondes, cherchant ses mots... Bon sang ! Si cela n'était pas inédit ! Isaac qui était sur le point de partager ses pensées les plus profondes et les plus honteuses concernant Julianne.

« - Il faut que je te parle de certaines choses avant : ce week-end, on donnait une réception en l'honneur de mes grands-parents et Julianne était invitée. On s'est énervé et on s'est retrouvé pour la première fois dans le pieu...»

Cette information était clairement suffisante. Nul besoin d'avertir l'écureuil qu'il avait orchestré tout un plan pour attirer Julianne dans ses filets...

« - Mais vous n'êtes pas allés jusqu'au bout, conclut-il en s'adossant à son dossier.

-  Non. Elle m'a repoussé d'un coup et elle est partie. Puis elle s'est comportée comme si de rien n'était. Je comprends sa réaction, je ne suis pas son ami, à vrai dire je crois ne rien être pour elle, à part un emmerdeur de première. »

LS se mit à sourire en secouant la tête. Les sourcils du brun se froncèrent, il n'avait définitivement pas envie de devenir l'objet de rire ou de moqueries, aussi hilarante soit devenue sa vie. Mais alors qu'il s'apprêtait à répliquer, ses traits se détendirent d'eux-mêmes. Ce n'était pas du tout un sourire moqueur que LS arborait, mais un d'où perçait de la tendresse et de la compréhension. Comme un ami, un frère qui en comprenait un autre. Et à cette vue, Isaac eut l'impression que le rouquin avait saisi d'emblée la relation qui le liait à Julianne. Et ceci l'encouragea à s'ouvrir pour de bon.

« - Ça fait des années qu'on se connait et qu'on se malmène du mieux qu'on le peut. Même si on a été un couple, je n'ai jamais ressenti de désir pour elle, comme j'ai pu en ressentir pour d'autres filles. Dès le début, le sexe a été occulté entre nous. »

Malgré les nombreux baisers échangés ou volés à Julianne, il n'avait jamais songé à aller plus loin avec elle. Cela avait été le cas avant qu'il ne s'envole pour les USA et même à son retour. Même lorsqu'il lui avait proposé une relation, le désir ne s'était jamais éveillé. A bien y réfléchir, comment aurait-il pu alors qu'ils ne se parlaient quasiment jamais et que les peu de fois où ils s'étaient retrouvés, il y avait toujours eu un problème non résolu. Maintenant qu'il se donnait la peine de s'y intéresser, c'était une situation assez étrange. N'avoir rien éprouvé pendant aussi longtemps alors que face à Camélia, le besoin avait jailli et il l'avait assouvi dès que sa belle brune lui avait donné le feu vert. Mais Julianne n'était pas Camélia. L'américaine n'était pas aussi compliquée que la française... Et avant de songer à se laisser aller avec elle il avait eu bien d'autres chats à fouetter... Toutefois, l'impression d'étrangeté persistait surtout lorsqu'il réalisait qu'en l'espace de six ans, il n'avait jamais rêvé d'elle. A croire que même son inconscient d'époque n'avait pas été tenté par celle qui le torturait aujourd'hui...

Les temps avaient changé, et maintenant c'était elle qu'il réclamait. Comme si toutes les phases de la folie se devaient d'être validées avant que l'on vienne lui délivrer le diplôme de bienvenue.

« - L'étreinte dans sa chambre était presqu'irréelle. Elle m'a dit des mots qui m'ont secoué et j'ai voulu lui faire du bien, lui montrer que j'étais capable d'autres choses... Puis Julianne est partie et là, ça m'a frustré mais je comprenais la situation. Ces deux corps collés, ce n'étaient pas nous. La fête s'est bien terminée et tout se passait bien jusqu'à ce que cette sorcière s'invite dans mes rêves, avoua-t-il en terminant son speech.

· Un rêve érotique, précisa le rouquin. »

L'ambiance détendue ne laissa aucune chance à la gêne de se manifester. Le brun se sentait en confiance avec Benjamin, encore plus qu'avec Thomas. La vie était parfois pleine de mystères, vous confrontant avec des personnes qui étaient à des années lumières de vous et qui pourtant vous comprenait au premier coup d'oeil.

« - Je n'ai encore une fois pas pu aller au bout, dit-il, une esquisse de sourire aux lèvres.

· Tu veux décrire ou bien c'est trop torride pour mes chastes oreilles ? Lança-t-il avec un clin d'oeil. »

Isaac laissa échapper un rire. Même en rêve, il ne s'était rien permis qui ne rentrait pas dans les normes des croyances de Julianne.

« - Rien de poussé, rassure-toi. Mais c'était torride pour les détraqués que nous sommes ... J'ai l'impression de devenir émotif comme les filles, bordel ! »

Il devenait susceptible et se laissait transporté par une image ou une parole... C'était pathétique ...

Sors de ma tête, Juli !

« - Elles déteignent sur nous. Alors, je t'écoute. »

Le repas avait clairement tourné en une séance improvisée chez le psychologue... Depuis le temps qu'on lui soufflait qu'il avait besoin de consulter...

« - C'est notre dispute qui a marqué le réalisme du rêve. L'un qui provoque et l'autre qui répond. Mais cette fois-ci, elle m'a poussé à bout et je me suis jeté sur elle comme une grosse brute.

· Ce qu'elle t'a dit, t'as vraiment déplu alors, nota-t-il.»

« Et toi, contrairement à d'autres hommes, tu n'as toujours su qu'attiser ma haine et dégoût, Isaac Evans. »

C'était le cas. Si avant il avait cherché à faire naître n'importe quel sentiment en elle, tant qu'il brisait l'indifférence des débuts, aujourd'hui, il ne voulait pas entendre parler de haine ou de dégoût. Il souhaitait des sentiments positifs qui témoigneraient d'un attachement.

Tout ça ... alors que tu te comportes comme un enfoiré ...

« - Je ne me souviens plus de tout le rêve, mais je n'avais qu'une intention : l'amener à me supplier de la prendre parce qu'elle disait être dégoûtée. »

Les yeux de LS s'agrandirent lentement, comme s'il était soudainement encore plus intéressé. Le pervers faisait son apparition.

Ouai, LS, dans les détraqués, on ne fait pas mieux qu'Isaac Evans !

« - Waouh. Je comprends pourquoi tu es perturbé comme ça, lâcha-t-il en riant. Vous pourriez être des personnages de romance érotique bien torride. Je vois déjà le succès que vous connaîtrez !lança-t-il, goguenard. Mesdames et Messieurs, voici le tout premier tome : Les Cinquante Nuances de Juliaac ! ( Ma Nina, mon LS te fait un clin d'oeil ;)  )

Je rêve où tu viens de nous trouver un blaze ?! S'exclama-t-il en souriant.

- C'est le cas ! Vous feriez un carton et je serai votre premier fan, assura-t-il avec un hochement de tête. »

Ce gars était dérangé ... Surfer sur la vague Fifty Shades d'E.L. James ... Très peu pour lui !

« - Pas intéressé, fit-il tout en ayant du mal à partager ce qu'il avait imaginé avec le monde entier. C'était encore une bataille, à croire que nous ne sommes bons que pour ça. Elle ne voulait pas abandonner alors qu'elle était pantelante. »

Il la revoyait parfaitement. Ces lèvres groseilles gonglées de désir, ces pommettes rougies par la chaleur qui émanait d'elle et ce regard, encore et toujours, méfiant et colérique. Tout en se laissant déshabiller, elle n'avait cessé d'opposer de la résistance. Voir le désir d'Isaac ne lui avait pas suffi. Le voir à genoux lui embrasser les chevilles ne signifiait pas être une défaite complète. A bien y réfléchir, elle avait eu besoin de faire jaillir la peine, assister à son éclat, pour se donner à lui. Une mort douloureuse avec la promesse sacrée d'une renaissance puissante.

« - Et aujourd'hui j'ai l'impression qu'on devait s'affronter pour pouvoir se donner l'un à l'autre.

- Du style : plus tu me détruits, plus je te donne. Vous êtes clairement masos ! »

C'était ce que Thomas lui avait toujours dit. Ils avaient compliqué leur relation au point de toujours flirter avec la douleur. S'ils étaient bons à ronger l'autre, ils l'étaient aussi à se ronger eux-mêmes. Et maintenant qu'il y réfléchissait, il avait clairement reproduit le nœud de leur relation dans son rêve. Quel était le but, mis à part les baisers torrides ? Son flair lui disait qu'il y avait quelque part, entre les lignes, une belle mise en garde contre Julianne. Mais il ne savait laquelle, pour le moment.

« - C'est bien le cas, confirma-t-il en acquiesçant. Plus elle m'enfonçait et plus j'appréciais l'étreinte qu'elle me donnait. »

Il s'octroya quelques secondes de silence et permit aux souvenirs de faire leurs œuvres. Même s'il ne se souvenait plus de toutes les étapes, les émotions elles, persistaient et venaient le bercer. Avec ces mots qui se formaient d'eux-mêmes sur sa langue, la puissance des souvenirs se manifestaient de nouveau. Et tout lui revenait aussi fortement qu'il l'avait vécu dans son rêve. Cette même béatitude qui l'avait embrassé lorsqu'elle avait crié aimer ce qu'il lui faisait. Et cette joie, bon Dieu, cette joie qu'il avait ressenti lorsqu'elle lui soufflé ces quelques mots :

« Prends-moi Isaac... »

Un ras-de-marée s'était déversé sur lui, éloignant chaque doute et épines incrustées en lui depuis si longtemps. Il s'était senti heureux, entier. Vivant. Et il voulait expérimenter cela, au moins une fois dans sa vie. Il fallait qu'une rencontre charnelle ait lieu.

La folie le guettait ...

Ce pervers et désespéré d'inconscient aurait pu lui faire vivre une partie de jambes en l'air bien torride avec Julianne avec une belle conclusion pour clôturer le rêve. Mais non, détraqué autant que l'était Isaac, il lui avait fait subir tout un affrontement et des montagnes russes pour finir par le réveiller très tôt le matin, frustré comme jamais.

« - Je crois que ce rêve te dérange autant qu'il te plaît, Isaac. Tu ne t'y attendais pas du tout et tu as aimé ça plus que de mesure. »

LS avait complètement raison. Ce rêve bousculait tout, faisant voler ses certitudes. Il venait de poser un genou à terre face au toucher de Julianne. Il désirait physiquement cette petite sorcière alors qu'elle s'évertuait à l'effacer de son existence.

Il était cuit !

Il était bon pour cohabiter avec colère et frustration, maintenant ! Tout ça le fatiguait.

« - Tout ça n'aurait jamais dû arriver, souffla-t-il en passant deux doigts sur son front.

- Je trouve au contraire que c'est une bonne chose. Vous avez été adversaires puis copain-copine et maintenant vous êtes de nouveau à la case départ. Il vous manque donc quelque chose... et c'est peut-être le sexe. »

Le sexe, vraiment ? Ils avaient passé autant d'années platoniques pour finalement comprendre que ceux qui leur manquait c'était de se retrouver dans un même lit ?! Le brun peinait fortement à y croire. Le sexe n'était pas leur problème, il ne l'avait jamais été. Et si un jour il le devenait, Isaac ne donnerait pas cher de sa peau. Le sexe pouvait les contenter pour une fois ou les rendre accros l'un à l'autre. Dans tous les cas, sa situation était déplorable. S'éloigner de Julianne ? Impensable. Devenir accro à des parties de jambes en l'air ? Dangereux et pitoyable.

Le nœud du problème était la naissance de ce désir persistant. Il y avait une autre raison qui expliquait cette absence, en plus du silence caractérielle de leur relation.

Tout simplement parce qu'avant Julianne était ton jouet.

Ayant réalisé son souhait, il l'avait eu sa coupe. Puis, elle s'était attachée à lui. Et c'était tout ce qu'il avait souhaité : qu'elle soit liée à lui. Qu'elle soit à lui. Triste, muette, elle devait être à lui.

Aujourd'hui, le jouet n'était plus. Le brun avait essayé de le garder, mais ce dernier s'était clairement détaché de lui. Et comme un voyageur ayant raté son train, Isaac était dorénavant sur le quai à voir Julianne s'éloigner de plus en plus de lui, sans jamais se retourner. C'était intolérable.

Il était revenu pour la retrouver. Parce qu'elle lui manquait. Cette distance et effacement de leur relation ne devaient pas avoir lieu. Il avait besoin d'elle, besoin d'un lien entre eux. Et comme au départ, seul le jeu et cette domination s'étaient ouverts à lui, comme une évidence. Il n'y avait que cela où ils excellaient tous les deux. Le brun avait donc clamé son retour dans la vie de Julianne et au lieu de gagner après maintes épreuves, il s'était retrouvé dépossédé de tout par la brune. Se noyant parfois dans l'océan tourmenté de leur relation et émergeant la fois d'après, elle avait dénoué tous les liens qu'il avait tissés avec passion et obsession. Et en agissant de la sorte, elle lui avait clairement fait comprendre que rien ne serait plus comme avant. Plus elle s'éloignait et plus elle prenait de l'ampleur. Elle s'élevait jusqu'à l'écraser complètement.

Tel est pris celui qui croyait prendre...

Julianne devenait forte pour l'ignorer et lui répondre de manière acerbe. Et lui devenait un faiblard, bon qu'à encaisser. Il n'était même pas capable de la retenir. Il ne l'avait jamais été. Tout n'avait toujours été que question de contrainte. Il l'avait contrainte à une relation haine/provocation tout comme il lui avait imposé ce couple. Quelques semaines auparavant, il avait de nouveau tenté d'établir sa domination. Et tout comme avant, il ne pouvait et surtout ne voulait pas se laisser aller à lui demander de rester, de revenir. Il en allait de sa fierté et de son statut. Julianne aussi agissait de la sorte. Elle restait en contrôle permanent que ce soit dans la colère ou dans les étincelles qu'il provoquait. Elle maintenait l'équilibre alors que lui se sentait constamment vaciller.

L'équilibre d'antan n'était plus ...

Mais un équilibre avait-il déjà existé ? S'il réfléchissait bien, leur relation avait toujours été bancale, tanguant depuis le début entre colère acide, tristesse inavouable et indifférence acclamée. Le semblant de stabilité n'était là que parce que Julianne avait été amoureuse et qu'elle avait, de ce fait, accepté ce rapprochement que lui-même avait souhaité. Elle était devenue sa petite amie. Et ce statut même acceptait et effaçait tout ce qu'il y avait eu auparavant dans l'espoir d'un futur souriant.

Et dire qu'il n'avait jamais connu de passé plus orageux qu'avec la brune ...

Le faux équilibre de domination sur lequel il avait bâti son histoire avec la jeune fille n'était qu'une chimère. Ils s'étaient raccrochés l'un à l'autre comme ils le pouvaient, mais il n'y avait jamais eu de balance et de sérénité. Parce qu'il y avait une belle absence de terrain d'entente liée à une inexistence de communication.

Avant, aussi bizarre que cela puisse paraître, il n'avait pas besoin d'échanges avec Julianne, la seule chose réclamée étant qu'elle soit sous sa coupe. Aujourd'hui, plus ardemment il avait désiré cette appartenance, puis facilement elle lui avait filé entre les doigts.

Julianne est devenue de la fumée insaisissable ...

Si les gens normaux échangeaient pour régler un problème, ce n'était définitivement pas leur cas. De un, ils ne voulaient pas se parler. De deux, ils ne savaient pas comment faire et n'avaient jamais essayé. Et de trois, bon sang, même s'il essayait, elle refuserait de l'écouter et elle l'obligerait à utiliser de subterfuges loufoques pour se faire entendre.

A l'époque, seuls son obsession et l'amour que Julianne lui avait porté avaient maintenu leur couple. Aujourd'hui, de son côté, l'obsession perdurait mais du côté de Julianne... Il doutait fortement qu'elle soit encore amoureuse d'un enfoiré de son genre. Il ne voyait plus de douceur et d' affection dans ses iris ambrés qui avant avaient tant espéré de lui. Celle d'aujourd'hui avait changé et c'était sans doute mieux pour elle...Mais elle avait l'air encore plus bornée et vipérine qu'avant. Il émanait d'elle tantôt un tel calme pertubateur et tantôt une telle confiance déroutante.

A qui la faute ?

A lui bien évidemment. Le brun le voyait sur son visage, le lisait dans ses yeux et le ressentait au plus profond de lui. Il méritait tout cela, il le savait bien, mais ça l'irritait. Parce qu'il la voulait encore sous sa coupe et attachée à lui. Il ne souhaitait plux d'une Julianne indifférente, celle-ci était dangereuse.

« - Tu sais, les préliminaires que vous avez failli dépasser expliquent beaucoup de choses. Vous n'êtes pas que des meilleurs ennemis, vous êtes autre chose. Quelque chose que personne n'a su définir, visiblement. »

Perdus dans ses pensées épineuses, il acquiesça tout de même.

« - Pense à la case chambre ; ça aide tellement de monde après tout, pourquoi pas vous ? Ta Julianne s'est quand même laissée caresser et embrasser. Tu pourrais l'amener jusqu'au bout et voir si ça vous débarrasse de toutes ces tensions, non ? »

Julianne avait toujours été attirée par lui. Certaines émotions et ressentis perduraient au-delà du temps. Lorsque l'organe vital s'attachait et une trace, même minime, restait à tout jamais. Dans le cas de la brune, l'attirance oui, mais les sentiments, clairement non. Il ne les avait jamais respectés pour qu'ils puissent perdurer. Ainsi, l'acceptation de Julianne ne venait simplement que de la proximité physique qu'il avait instauré entre eux et du désir qu'il avait cherché à éveiller en elle, en réponse au sien. Elle n'était pas venue à lui, il était parti vers elle ou plutôt l'avait clairement forcée.

La chair est faible...

Cela prenait clairement son sens dans leur cas. Son corps bouillant lui avait clairement fait perdre les pédales et seule Julianne avait été capable de mettre fin à tout ceci. Le ramenant brutalement à leur réalité. Celle dans laquelle ils étaient censés évoluer et non celle qu'ils s'étaient laissés aller à espérer dans les bras de l'autre. Encore une fois, c'était quelqu'un qui le réveillait. Et non lui qui se reprenait en main ...

Quelle misère...

Après avoir été fier des délicieux gémissements qu'il lui avait arraché, il en venait maintenant à les regretter...Il était dans un beau pétrin : frustré et énervé depuis deux jours avec des images de corps dénudés, transpirants et des sons alléchants ne quittant plus son esprit.

« - Pour être aussi noyé dans tes pensées, j'imagine qu'elle doit aussi t'en faire voir de toutes les couleurs. »

« - Tu ne crois pas si bien dire, avoua-t-il avec un sourire contrit. »

Saisissant son verre d'eau, il le vida d'une traite avant de remarquer que LS le toisait, l'air pensif. Il le questionna du regard lorsqu'il remarqua que ses yeux plissés sous la réflexion se détendaient de nouveau.

« - Qu'est-ce qu'il y a ? s'enquit-il en reposant son verre sur la table.

-  J'aurais sans doute l'air bête avec ma supposition, si toi-même ou tes proches ne l'ont soulevée avant, mais, Isaac, vous avez tenu ensemble des années, sans rien avoir, sans même coucher ensemble ... C'est énorme pour un homme ! Tu es sûr de ne pas être mordu d'elle au fond de toi ? »

Un sourire étira ses lèvres, il connaissait déjà la réponse à cette question.

« - Mordu comme amoureux ou comme être gaga d'une fille ? Éclaircit-il, tenant à établir une distinction.

- Pour un gars, c'est la même chose. Dès qu'une fille l'obsède, il est cuit. Ca peut être son corps tout comme sa personnalité. Mais dès qu'elle est toujours dans ses pensées, il est pris au piège. »

Julianne était effectivement beaucoup dans ses pensées depuis très longtemps. Avant pour les stratagèmes qu'il mettait en place avec Thomas. Et maintenant ... pour les soucis qu'elle lui causait.

Mais il était sûr d'une chose, il n'était définitivement pas amoureux de Julianne. Rosalie le lui avait soufflé à un moment et Thomas l'avait suggéré avant de se rendre compte qu'il ne l'était pas. Puis son meilleur ami lui avait clairement dit qu'il était seulement et dangereusement obsédé par elle. Ce qui l'avait fait bien rire à l'époque. Mais beaucoup moins aujourd'hui.

« - Je n'ai jamais été amoureux d'elle. Si ça avait été le cas, ma bande m'aurait perçé à jour. Et ce n'est jamais arrivé, LS.

- Si tu le dis, dit-il en haussant les épaules. Tu te connais après tout. »

Bien sûr qu'il se connaissait. Même sans l'avoir jamais été, il savait que deux êtres amoureux pensaient d'abord au bien-être de l'autre avant de songer au leur. Il avait bien vu Rosalie et Carlos à l'oeuvre. Dans le cas de Julianne et du sien, il avait clairement fait passer ses avantages avant ceux de la jeune fille. Faire de Julianne sa copine parce qu'il ne voulait pas de garçons autour d'elle, rôdant comme des vautours avant de se l'approprier, pour la garder sous sa coupe. La rattacher à lui parce qu'il avait besoin d'elle, il n'avait jamais pris en compte ses attentes. Encore aujourd'hui, il n'avait songé qu'à lui en revenant assombrir le beau ciel dégagé de la brune. Il ne se souciait pas d'elle ni de son bien-être, seul son état l'importait. Et cela avait toujours été le cas. Ainsi, il pouvait en déduire avec facilité qu'il n'était pas amoureux d'elle. Attaché à elle, oui. Mordu, non

« - Mais je n'arrive toujours pas à cerner votre relation. Ennemis, affrontements... tout ça c'est pas censé durer autant de temps. Vient un moment où ça s'arrête, parce qu'on finit par obtenir ce qu'on veut ou se détacher de la personne si elle ne nous apporte plus rien. »

Les yeux du rouquin étaient de nouveaux plissés et une ligne soucieuse barrait son front. Il s'était mis à parler avec ses mains.

« - Tu as l'air ému, LS, remarqua Isaac, touché et amusé.

- Mais je le suis, bon sang ! Vous êtes tous les deux d'une complexité ! Et je suis sûr que ça va durer encore longtemps, vous n'avez pas trouvé votre compte !

- Je survivrai, ne t'en fais pas, le rassura-t-il en faisant signe au serveur d'apporter l'addition.

- Je me demande bien comment... Votre relation a pris nouveau tournant, mon gars. »

La frustration s'en irait d'elle-même d'ici quelques temps. Et le tout était de ne pas y penser. Et coup de bol, comme le disait l'écureuil, il n'était pas prêt de revoir la brune de sitôt. Ils n'avaient plus d'activités communes, elle avait laissé tomber le club de lecture et leurs amis communs ne projetaient pas de faire une quelconque fête. Repensant à son départ, il avait l'amère impression qu'en quittant le club de lecture, elle quittait définitivement le monde des Erwan-Alonzo...

Ils regagnèrent la rue bondée, sous le soleil éclatant des quatorze heures. LS sortit une cigarette et l'alluma tandis qu'il jetait un coup d'oeil à son téléphone. Ils échangèrent leur numéro en vue d'un prochain déjeuner, car celui-ci avait bien plu à l'écureuil.

« - Vous m'avez intrigué tous les deux, j'ai envie de connaître la suite de vos aventures palpitantes. Et qui sait, dans dix ans, vous serez mariés avec trois enfants, ta femme en attendra un quatrième, vous aurez un labrador retriever et un beau pavillon, enchaîna-t-il enjoué.

- Rien que ça ?

- Rien que ça, répéta-t-il en lui serrant la main. Et c'est de Julianne que je parle, précisa-t-il avec un clin d'oeil. »

Le brun laissa échapper un rire. Décidément, cet écureuil était dingue.

« - Ris toujours, mais il arrive qu'on trouve notre moitié ; je parle vraiment comme une fille, faut que je consulte ; là où on s'y attend le moins.

- Ça risque pas de nous arriver. On est néfaste l'un pour l'autre, rappela-t-il.

- Mais vous savez aussi vous faire du bien, répliqua-t-il aussitôt. Penses-y, Isaac ! »

Sur un signe de tête, il tourna les talons et s'éloigna, ses cheveux flammes le détachant du paysage.

Il l'observa se fondre dans la foule parisienne, jusqu'à ce qu'il ne se fasse engloutir.

Un sacré personnage cet LS. Il était gaga s'il pensait vraiment qu'Isaac pourrait régler son problème «Julianne» avec une partie de jambes en l'air ! C'était la seule chose à ne pas faire, bon sang, par crainte d'y devenir accro. La seule qui était à faire était de s'obliger à ne plus y penser. Succomber à Julianne ne ferait que renforcer cette impression de défaite qui l'étreignait depuis un moment. Et Isaac n'aimait pas du tout perdre.

Et même si son rêve lui avait soufflé qu'ils devaient tous les deux perdre, capituler mentalement et physiquement, pour pouvoir gagner ensemble, il n'en tiendrait plus compte du tout. S'il était certain, depuis ce matin, que ce dernier resterait incrusté en lui à tout jamais, il devait maitenant s'activer pour l'effacer.

Tu tournes en rond, Isaac ...

Il se remit en marche pour rejoindre ses locaux. Ce n'était pas un inutile rêve érotique mettant Julianne en scène qui allait lui gâcher la vie, tout de même. Il était assez fort pour dépasser tout cela. Et vivement que cette beauté d'Irina Shayk vienne le visiter en rêves pour tout effacer.

Ah ah la bonne blague ! Isaac qui se mettait à craindre ses propres rêves...

Il allait rapidement s'en remettre.

Cette phrase à elle seule était pathétique ...

Ce n'était rien comparé à ce qu'il avait dû traverser avant pour parvenir là où il était maintenant. Tous ces entraînements acharnés pour remporter des tournois, tout ces efforts pour valider ces ECTS. Et puis tout le boulot qu'il lui restait à fournir pour le nouveau contrat qui pointait le bout de son nez. C'était reparti pour de nouvelles négociations et de nouveaux comptes-rendus.

Le cerveau en plein nettoyage, il s'arrêta aux feux, attendant patiemment qu'il daigne le laisser passer. Chose faite, il entama la traversée lorsqu'il fut bousculé par un homme visiblement pressé et au téléphone.

« - Vivement ce soir, Coralie, pour une baise torride, s'extasia ce dernier en se passant une main dans les cheveux. »

Avec un air effaré, le brun laissa le pressé passer devant lui. Décidément, les gens ne savaient plus se tenir ... Déplorant.

« Pitoyable, lâcha Isaac tout juste derrière le porcin. »

A sa grande surprise, l'homme se retourna vers lui, le smartphone greffé à l'oreille.

« - Un problème, le frustré ? »

Choqué, il ne put que le voir s'éloigner. Quelle était cette société de dingues ?!

Le comble, Isaac : Percé à jour, même par des inconnus !

Le cerveau vidé après un dur labeur s'activa aussitôt. Little Squirrel avait raison de s'inquiéter et de l'encourager à « piéger » Julianne avec ses désirs pour débloquer leur relation.

A cette pensée, tandis qu'il pénétrait dans son bureau, la partie la plus joueuse de son esprit détraqué lui renvoya des images de leurs deux corps bien collés contre le battant de l'armoire et leurs langues s'escrimant comme elles savaient si bien le faire. Plusieurs autres s'ensuivirent et celle qui fit monter une vague de chaleur était bien celle où, allongés, il plaquait leurs paumes jointes sur des draps qui ne demandaient qu'à être froissés.

Les coudes posés sur le bureau, il passa ses deux mains sur son visage avant que ces dernières ne viennent le recouvrir. Tous ces souvenirs de Dimanche le rendaient gaga et causeraient sa perte s'il n'arrivait pas à s'en débarasser. Des idées alléchantes se faufilaient déjà dans sa tête, ravivant tout son corps comme s'il avait compris qu'il pourrait bientôt se défouler sur/en celui qui le torturait.

Pense à la case chambre...

Les paroles de LS se firent entendre en fond sonore, rendant la vision quelque peu glauque mais appréciable tout de même. Des flash de vécu et d'imaginaire se superposaient promettant bon nombre de sensations exquises. Il la revoyait en robe fushia et bleu, en chemise blanche, cheveux attachés, détachés. Debout, assise, le caressant, l'embrassant, le mordillant...

C'est le sexe qui vous manque ...

Sentant ses paumes devenir moites et son corps répondre, il souffla bruyamment. Tout cela devait cesser et rapidement. Surtout que les locaux ne disposaient pas de douches pour le personnel...

En plus si cela continuait, il se voyait très mal provoquer une dispute avec Julianne tout simplement pour reproduire son rêve et coucher avec elle à même le pallier. Aussi délicieuse, alléchante et excitante soit cette idée, elle ne se réaliserait jamais et même si elle venait à voir le jour, il repartirait avec une belle claque avant même d'avoir dégrafé le soutien-gorge de la brune. Il en était certain. Et il se voyait aussi mal débarquer chez elle, comme dans les séries US, la plaquer contre le mur et lui lancer franchement, les yeux vissés aux siens :

« - Julianne, faut qu'on couche ensemble. J'en ai besoin depuis la cérémonie... Depuis que tu as posé tes putains de mains et ta bouche pulpeuse sur moi, tu entends ! J'ai envie de te faire l'amour à longueur de journée. J'y pense même la nuit, je rêve de toi, je rêve de te prendre, sur le canapé, dans ma chambre, dans le hamac, sous la douche et sur la table sur laquelle je mange depuis que je suis tout petit ... »

Voilà ce qui lui arrivait et il était clairement en train de dérailler... Et il fallait absolument régler cette situation et éviter une autre humiliation.

Il dévissa sa bouteille et la porta à ses lèvres. L'eau apaisa quelque peu la chaleur qui s'était emparée de lui et lui rappela froidement que si cette situation pouvait tout de même un jour se produire, toutefois en ayant de très maigres probabilités, il ne fallait pas oublier un point crucial dans toute cette histoire.

Il pouvait pousser la brune autant à bout qu'il le voulait mais il ne pouvait oublier qu'elle était croyante. Et que la foi de Julianne lui interdisait tout rapport avant d'être mariée. Et lui, c'était sa conscience qui lui interdisait de se marier avec elle.


Je ne sais pas trop quoi penser de ce chapitre, il a été assez difficile à écrire. Au départ, il m'a plu, mais là depuis quelques jours j'avais l'impression qu'il est creux et fade. Du coup ça me motive moins pour le pdv de Julianne qui sera de retour dans le prochain. J'ai l'impression qu'étant donné que l'on aborde un point important et difficile de l'histoire, la difficulté se fait ressentir dans l'écriture. Et ça me fait peur de mal faire. En même temps, je sais qu'il n'est pas bon, mais je n'avais pas non le coeur à tout effacer et à réécrire. J'ai du mal à effacer une scène et la réécrire, pour moi, une fois que c'est écrit, c'est gravé dans la roche mdr ( sauf pour la réécriture ) 

Voilà, je ne sais pas trop ce que vous en penserez, n'hésitez surtout pas à me faire part de vos ressentis en commentaires pour que je sache s'il est potable ou bon à être réécrit. ^^ Merci beaucoup.

Miss-Key. 


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