~~ Chapitre 24 ~~
Bonsoir à toutes ! Période d'examens, brevet blanc, bac blanc et partiel pour tous je suppose !! Courage Courage ! Dernière ligne droit et repos le 24 et 25 pour fêter Noel ( <3 <3 ). Me voici donc pour un nouveau chapitre qui vous plaira ou alors vous fera certainement rire ;) Pensez à recharger la page, comme d'habitude, pour évitez les mots-collés les girlzz ! :D
Bonne lecture !
Perturbée face à l'intensité de ce regard insistant et sentant un sang chaud affluer à son visage, elle se détacha de cette prison visuelle et jeta un coup d'œil aux alentours. Ils avaient atteint le fond du salon et elle trébucha légèrement. Elle baissa aussitôt la tête et vit que ce n'était que le socle de la baie vitrée. Elle l'enjamba rapidement et vint toiser de nouveau son traqueur qui la dévisageait avec amusement et elle crut repérer une once de fascination, mais elle ne saurait le confirmer.
Lorsqu'il interrompit la marche imposée, ils se trouvaient à présent sur la terrasse. Et elle constata avec surprise qu'ils étaient les seuls dehors, pourtant lorsqu'elle avait observé la cour il y avait quelques minutes, il semblait y avoir du monde. Néanmoins, elle chassa rapidement cette pensée.
Un léger vent chaud faisait doucement tanguer les branches des arbres et il vint s'enquérir de ses bras et jambes.
Qu'allait-il lui faire maintenant qu'ils étaient seuls à l'abri des regards ? Allait-il l'asperger de cocktail ? Allait-il la pousser dans la petite rivière au fond de la cour parce qu'elle avait refusé d'accéder à sa requête ?
« - Bois-le, dit-il fermement, toute trace d'agressivité l'ayant définitivement quitté. »
La peur tissa de nouveau sa toile et Julianne se retrouva au centre de celle-ci. Les volontés d'Isaac, ses paroles et regards lui ôtaient les mots, réduisaient à néant l'organe de l'idiome et embrumaient son cerveau qui peinait à analyser la situation. Elle avait la désagréable impression qu'il se jouait d'elle et des émotions qu'il parvenait à faire naître en elle en adoptant ce comportement pour le comparer à celui qu'il avait habituellement. Toutefois, une petite partie d'elle était à même de croire qu'il ne plaisantait pas. Les blagues et jeux d'Isaac n'étaient pas ainsi, elle en avait déjà fait les frais et pouvait donc les reconnaître. Cette fois-ci c'était différent, elle le sentait avec cette confidence qu'il lui avait faîte, avec ces regards bienveillants qu'il portait sur elle, avec cet air décontracté comme s'il ne parlait pas à Davis, mais à Juli. Une voix lui soufflait que quelque chose avait changé en lui, et elle percevait ce changement pourtant elle peinait à y croire. Elle avait l'impression qu'il effaçait tout ce qu'il y avait eu entre eux et entamait cette discussion comme s'il venait se présenter à elle comme une nouvelle première fois, sous un autre jour.
Tout se mélangeait dans sa boite crânienne et la migraine menaçait dorénavant de sa présence. Elle ne savait pas à quoi se tenir, à quoi se fier. Il revenait mettre le fouillis dans sa tête, l'horrible ouragan qu'il était. Elle avait déjà été trompée et ne désirait pas l'être une seconde fois.
« - Bois-le, Juli, répéta-t-il en prenant cette fois-ci la main de la brune pour refermer ses doigts autour du verre frais. »
Elle tressaillit au contact de ses phalanges comme lorsque leurs mains s'étaient touchées sur le perron de l'entrée et leurs yeux se connectèrent de nouveau. La même voix se manifesta en lui martelant qu'elle ne se ferait jamais au toucher d'Isaac et à la proximité de leur corps, quoi qu'elle fasse. Elle la fit aussitôt taire en secouant la tête. Ses doigts se crispèrent légèrement sur le verre tandis que le contact de la paume masculine se raffermissait avec douceur. Il maintenait son emprise tout en lui laissant le choix de se retirer quand elle le souhaitait. Elle aurait pu récupérer sa main, reculer et lui verser ce breuvage sur la tête pour se venger de ce qu'il lui faisait. Mais non, elle était perturbée de la tête aux pieds par le come-back de cette délicatesse, de ce choix qu'il lui laissait. Elle ne le reconnaissait pas et cela la dérangeait plus qu'autre chose. Elle voulait savoir à qui elle avait affaire mais ne parvenait définitivement pas à le cerner. Une boule se forma dans sa gorge, asséchant sa bouche.
En plus de l'envie d'Isaac qu'elle goûte à cette boisson, c'était maintenant son corps qui lui intimait de boire. Elle était tout bonnement perdue. Ses doigts se refermèrent sur la coupe et un sourire satisfait effleura les lèvres du jeune homme. Celui-ci n'échappa guère à la brune mais il était bien trop tard, elle avait rapproché le liquide de ses lèvres.
« - Tu n'as rien mis dedans, n'est-ce-pas ? »
Il secoua la tête, lentement, les yeux rivés aux siens.
« - Pas de sucre en grande quantité, pas de sel ? »
Il hocha la tête en signe de dénégation.
« - Pas de piment ? Risqua-t-elle en dernière supposition en souvenir d'une certaine altercation épicée. »
Un rire vint accompagner l'expérience et il lui murmura ces mots :
« - Il n'y a rien dans ton verre, mis à part de la mangue et de la noix de coco. C'est un breuvage délicieux et je souhaitais te le faire découvrir, lui confia-t-il. Fais-moi confiance, Julianne Davis, il ne t'arrivera rien. »
A la fin de cette explication, comme un automate, sans réfléchir, elle s'exécuta. Dès que la première goutte entra en contact avec sa langue, elle sut qu'elle allait être séduite. La première gorgée entraîna une explosion de saveur dans sa bouche, retrouvant la texture sucrée de la mangue et la douceur de la noix de coco. Elle était tellement conquise qu'elle enchaîna deux autres goulées, oubliant totalement qu'il assistait à ce spectacle.
Lorsqu'elle eut terminé sa coupe, elle la lui tendit sans réfléchir avant de se rendre compte que son acte était stupide, elle aurait très bien pu le garder avec elle et le reposer plus tard. Il ne releva pas son geste et accepta le récipient en souriant. Puis, il la contourna. Elle se retourna pour le suivre des yeux et vit qu'il posa les deux verres sur une table dressée contre le mur avant de revenir vers elle.
Sentant quelques traces de cocktail sur le haut de sa lèvre, elle passa rapidement sa langue dessus en espérant qu'il n'y en aurait plus. Cette petite scène n'échappa pas à son interlocuteur qui la considéra avec un intérêt non feint, les iris accrochés à la partie basse du visage de Julianne. Soutenant son regard appuyé, il s'approcha lentement d'elle tandis que son corps s'alourdissait à l'approche du félin. Que faisait-il ?! Et elle ? Pourquoi restait-elle là sans parler ni bouger ?
Sa respiration se coupa subitement lorsqu'il réduisit l'espace vital entre eux. Un vide se fit dans sa tête et elle se sentit lentement déposséder. Elle en vint à être surprise par son propre comportement et par ce nœud qui se formait dans son estomac.
Il se rapprocha encore et porta sa main au menton de Julianne. Elle aurait voulu qu'il se dépêche, n'en pouvant plus de cette attente. Mais de quoi était-elle pressée au juste ? Qu'il la touche ? Cette pensée la retourna toute entière sans qu'elle puisse peindre l'horreur sur ses traits. Qu'il fasse ce qu'il voulait pour rapidement lui rendre sa liberté et l'usage de son cerveau qui semblait s'être mis en mode veille ? Elle ne put continuer sa réflexion car il venait de prendre son menton en coupe entre deux doigts. Elle frissonna à son contact tandis que son corps se tendait à l'extrême. D'une tendresse qu'elle commençait à lui connaître, il caressa lentement sa lèvre inférieure. Son cœur cessa tout bonnement de battre tandis que tout disparaissait autour d'elle, la soirée, les invités. Même Isaac qui était pourtant devant lui s'effaça lentement. Elle n'était consciente que du vide qui s'était fait à la place de son organe vital et de la pression effectuée sur sa bouche. Cette dernière ne dura que quelques secondes puis le contact disparut. Tandis qu'il reculait, brisant ainsi cette bulle irréelle, elle ferma les yeux avec force pour revenir à la réalité.
Que venait-il de se passer exactement ? Elle se sentait flottante tandis qu'une légère brume perdurait dans son esprit. Elle ne pouvait y réfléchir, pas maintenant en tout cas. Cogiter devant lui c'était lui révéler qu'elle était troublée, donc atteinte par ses agissements. Elle ne devait pas lui faire ce plaisir, aucunement. Elle sortit donc du mieux qu'elle put de son mutisme et allait parler lorsqu'il la devança :
« - Tu réfléchis beaucoup trop, Julianne. J'ai voulu enlever la fine trace de cocktail qui était accrochée à ta lèvre. Seulement ça. »
Elle ne fit pas attention à sa deuxième phrase, s'arrêtant à la première. Oui elle réfléchissait trop, bon sang ! Mais avec lui elle était bien obligée, il débarquait sans prévenir et faisait d'elle ce qu'il voulait. Un coup gentil, un coup méchant ; un coup tendre, un coup froid ! Elle ne savait plus quoi en penser, il la faisait tourner en rond à la recherche d'une raison qui expliquerait le pourquoi de ses différentes humeurs. Et ce qu'elle comprenait encore moins c'était son propre comportement. Pourquoi se prenait-elle encore la tête pour lui ? Pourquoi se creusait-elle les méninges pour le comprendre ? A quoi bon ? Qu'est-ce que cela allait-il lui apporter ? Elle soupira silencieusement, la vérité s'imposant à elle.
Cela ne lui apporterait rien, Isaac resterait ce mystère qu'il avait toujours été, seulement elle était contrainte à analyser son comportement à chaque fois qu'il serait dans les parages, parce qu'elle l'avait toujours fait. Même en le souhaitant de tout cœur et en se donnant les moyens, elle ne pourrait empêcher son cerveau de disséquer chaque information reçu. La détermination ne venait pas à bout de tout, parfois les habitudes étaient tellement ancrées en nous qu'elles finissaient par devenir une partie de nous-mêmes. Cela l'attrista et elle eut envie de se sermonner mais se retint de le faire face au brun qui la toisait maintenant bizarrement.
« - Juli, je crois que tu as quelque chose sur ta robe. »
Elle crut mal entendre.
« - Hein ? émit-elle stupidement.
Je crois que c'est une araignée, fit-il calmement. »
Ses yeux s'écarquillèrent et son sang ne fit qu'un tour tandis qu'elle assimilait l'information. Même pas une seconde plus tard, elle se mettait à sautiller sur place avec l'espoir qu'elle finirait par faire tomber l'indésirée en secouant le bas de sa robe.
« - Oh mon Dieu, Isaac ! Lâcha-t-elle d'une voix stridente. J'ai une peur folle de ces bestioles ! »
Il s'approcha d'elle tandis qu'elle continuait de sautiller en secouant le devant et le derrière de sa robe pour que cet arachnide de malheur lui fiche la paix. Elle prolongeait sa manœuvre tout en refusant de passer la main sur le tissu de peur de la sentir, de peur de toucher leurs pattes velues. Rien qu'à cette idée elle eut envie de rendre son entrée. Les secondes défilaient mais elle ne distinguait rien au sol. La peur l'inonda toute entière et des larmes vinrent lui piquer les yeux.
« - Isaac, par pitié aide-moi à m'en débarrasser ! Supplia-t-elle la voix tremblotante.
- Il faut que tu te calmes, d'abord. Elle est sur ton épaule, Julianne. »
Sur son épaule ? Sur son épaule ! Le bougre ! Il le savait depuis tout à l'heure et l'avait laissée frotter le bas de sa robe alors que la bestiole se promenait sur le haut de son corps.
« - Calme-toi. Ne bouge plus, je vais l'enlever. »
Il se rapprocha d'elle, jusqu'à coller son corps au sien. L'araignée était sur son épaule, devant se promener sur sa chair nue, même si la brune ne sentait pas de corps étranger sur elle, comme elle avait déjà pu en sentir sur sa nuque ou sur sa main. Comme toutes ces fois, elle était tendue à l'extrême par peur que la bête ne la morde ou ne la pique. Elle ne savait même pas ce que les araignées étaient capables de faire aux hommes lorsqu'elles se sentaient attaquées. Elle décida donc d'obéir au brun et cessa tout mouvement. La nuque tournée vers la droite, les poings serrés et les yeux résolument fermés, elle priait pour qu'elle disparaisse rapidement. Elle se félicita d'avoir opté pour un chignon, sinon la bête se serait perdu dans ses cheveux et Isaac ne l'aurait jamais remarquée.
Quelques secondes s'écoulèrent et elle demanda d'une petite voix comme si elle craignait qu'à l'entente de la voix, l'araignée ne prenne la fuite.
« - Est-ce que tu l'as eu ? J'ai mal au cou, lui apprit-elle, les lèvres tremblantes.
C'est presque bon. »
Elle sentit ses doigts frôler l'extrémité de son épaule avant qu'ils ne glissent jusqu'à son omoplate gauche puis le contact disparut.
« - C'est terminé, chuchota-t-il dans son oreille. »
Aussitôt, ses épaules s'affaissèrent. Même si elle n'avait plus aucune raison d'avoir peur dorénavant, la tension habitait toujours son cou et ses épaules. Des nœuds s'étaient formés rendant le haut de son corps douloureux. Les muscles tendus de sa nuque lui faisaient mal et elle fut prise d'une envie de pleurnicher due à ce trop plein d'émotions.
Isaac parut se rendre compte de son état et prit son visage entre ses mains. Aussitôt ses yeux s'écarquillèrent et la brune plongea son regard humide dans le sien, choqué. Elle crut y déceler une pointe de culpabilité.
Pourquoi se sentait-il coupable ? Parce qu'il avait mis trop de temps à la débarrasser de l'araignée ? Parce qu'elle avait les yeux brillants ? Se sentait-il touché par ce qu'il voyait ? Si oui, pourquoi ?
Elle avait envie de lui poser cette question et toutes les autres qui lui brûlaient les lèvres depuis tellement de temps. Tout revenait par vague et ces dernières menaçaient de l'inonder, de la noyer lorsqu'il lui arrivait toutes ces choses qu'elle vivait depuis qu'elle avait posé les pieds dans cette demeure. Avoir accepté la proposition de Rosalie était-elle finalement une bonne idée ? Elle commençait à en douter...
Elle devait s'éloigner de lui, fuir ce corps qui faisait dérailler son cerveau. Mais avant tout, elle devait le remercier pour ce qu'il avait fait, car Isaac Evans tout en étant un abruti de première classe, méchant et violent de surcroît, venait tout de même de l'aider.
Elle esquissa un petit sourire et entreprit de reculer lorsque les bras du brun se refermèrent brusquement sur elle. Son cœur manqua un battement. Deux. Et le monde cessa tout simplement de tourner.
Les mots de remerciement moururent sur ses lèvres tandis que son organe vital se faisait encore une fois la malle. Elle était stupéfiée, estomaquée par l'initiative du brun. Qu'est-ce qu'il lui prenait ? Qu'est-ce qu'ils leur prenaient véritablement ? Avait-il enfreint la règle de mamie ? Avait-il finalement consommé de l'alcool et serait un peu éméché ? Mais aucune odeur mis à part la senteur de bois de gaiac n'émanait de lui. Si ce n'était pas de l'ivresse, alors de quoi s'agissait-il ?
L'étreinte était manifeste, mais la prise était encore une fois légère. Aucun signe de force ou de possessivité qui le caractérisait. Quelle était cette nouvelle procédure qu'il avait entamé ? Dans quel but ?
Le nez de la brune était collé contre la chemise immaculée tandis que ses bras pendaient mollement le long de son corps. Elle sentit les bras d'Isaac remuer et découvrit du mouvement au niveau de sa nuque. Ses doigts froids la frôlèrent, laissant des frissons sur leur sillage. Il lui semblait qu'il repoussait quelque mèches de cheveux qui s'étaient échappées de son chignon. Pour quoi exactement ?
« - Tu n'es pas obligée de te retenir ainsi. Si tu as envie de te laisser aller, tu le peux. Ça restera entre nous, Julianne. »
La bouche sèche, elle déglutit comme elle put pour avaler les mots qu'il venait de prononcer. Voici qu'il sous-entendait : Prends ton temps pour t'en remettre. Je ne te jugerai pas et personne ne le saura.
En plus de ce contact physique qui la choquait, ces phrases la perturbèrent au plus haut point. Isaac n'était pas ainsi. Isaac n'avait pas à être bon et bienveillant. Isaac n'avait pas à venir en aide à Julianne, aucunement. Pas après tout ce qu'il lui avait fait subir. Un étau semblait lui comprimer les côtes et le cœur, rendant sa respiration bancale.
Elle se força à vider son esprit, étouffant le tumulte d'interrogations qui tournoyaient dans sa boîte crânienne. Toute ceci serait pour bien plus tard. Il fallait d'abord qu'elle s'échappe de ce contact et qu'elle récupère le contrôle de tout son corps.
Inspirant profondément, le plus lentement et le plus silencieusement possible, pour éviter qu'il ne se questionne à son sujet, elle se donna la force de réagir. Elle souleva doucement ses bras pour venir poser ses mains sur les pans de la veste bleu marine. Lorsqu'elles entrèrent en contact avec le tissu, une image passa furtivement devant ses yeux : elle se vit passer les mains sous cette veste et encercler le dos du brun.
Ses paumes exercèrent une pression sur son torse, il parut le sentir et le comprendre. Il recula lentement, la délestant de son emprise. Elle l'imita tout en gardant les yeux baissés, elle ne voulait pas replonger ses yeux dans ces orbes noires qui la détaillaient. Il fallait qu'elle le remercie et qu'elle s'éloigne de lui, peut-être remonterait-elle directement dans sa chambre.
« - Merci pour ...., commença-t-elle dans un murmure.
- Isaac ! Juli ! Vous êtes donc ici ! S'exclama une voix familière. »
Ils se retournèrent au même moment pour découvrir une Camélia pétante qui les dévisageait avec soulagement. Julianne se figea automatiquement. L'Américaine avait-elle vu leur étreinte ? Les avait-elle vus aussi proche alors qu'ils se détestaient ? A en croire son visage rayonnant, Julianne en doutait et fut bien heureuse. Camélia se rapprocha d'eux et vint prendre son bras..
« - Avec Thomas, on vous cherche depuis cinq minutes ! Carlos a invité Rosalie à danser. Il faut que tu voies ça, Juli ! enchaîna-t-elle, surexcitée. »
Elle acquiesça rapidement tout en lançant un regard à Isaac qui n'avait cessé de l'observer depuis qu'il s'était détaché d'elle et se laissa entraîner par Camélia. Elle remercia silencieusement le Ciel de lui avoir envoyé Camélia pour lui offrir une issue de secours, elle en avait besoin pour remettre de l'ordre dans son monde intérieur.
Lorsqu'elles pénétrèrent dans le salon, l'émotion était à son comble. Une ronde s'était formée autour du couple de la soirée. Rosalie et Carlos dansaient au milieu, seulement éclairés par de faibles faisceaux de lumière tamisés. Les yeux azurs de l'épouse scintillaient comme deux étoiles tandis qu'un sourire débordant d'affection se peignait sur les lèvres de son compagnon. Ils bougeaient lentement au rythme des notes de Shades of Love qui provenaient de la chaîne hi-fi. Ils semblaient amoureux comme aux premiers jours de leur relation. Julianne fut transportée par ce qu'elle voyait et en oublia presque ce qu'elle venait de vivre avec Isaac. L'amour de Rosalie et Carlos n'était pas seulement visible, mais aussi palpable dans l'air. La brune aurait pu toucher ces ondes positives qui emplissaient les lieux, se laisser caresser par cette douce et puissante affection qui émanait du couple, laissant une empreinte marquée sur chaque individu ici présent. Ce n'était pas tous les jours que l'on assistait à de telles démonstrations et la jeune fille était certaine de s'en souvenir toute sa vie. Rosalie et Carlos étaient en soi inoubliables mais ce qu'elle vivait en ce moment l'était aussi.
Elle tourna légèrement la tête vers Camélia. Son visage était éclairé par la lumière provenant de la lune et Julianne pouvait lire l'émotion qui la traversait sur ses traits. Ses lèvres s'étiraient en un doux sourire tandis que ses iris brillaient légèrement, et elle suivait la danse, émerveillée.
« - J'aimerais être aimée ainsi. Fêter mes noces d'or avec un mari aussi aimant et bon que Carlos, lui confia-t-elle à voix basse. »
Rejoignant son souhait, Julianne hocha la tête. Quelle fille n'aurait-elle pas souhaité avoir un époux ressemblant à Carlos ? Qui n'aurait pas souhaité fêter des noces d'or en balade en calèche dans sa ville ? Qui n'aurait pas souhaité se faire traiter comme une princesse et voir l'homme qu'elle aime lui faire la cour pour la séduire de nouveau ? Toutes les filles désiraient cela.
D'autres couples se formèrent petit à petit sur la piste de danse et bientôt il ne restait plus que quelques personnes sur les côtés. Elle balaya la salle du regard et fut surprise de retrouver Camélia non loin de Rosalie et Carlos. Quand s'était-elle éloignée de Julianne ? Elle ne l'avait pas vue partir. Sa main manucurée était posée sur l'épaule d'un homme habillé d'un costume sombre Julianne fut contrainte de plisser les yeux afin de détailler son compagnon. Il était assez grand et avait de larges épaules. Ravie que son amie ait trouvé un cavalier, la brune allait se détourner d'elle quand, éclairée par un néon diffusant une lumière bleue, une chevelure familière retint son attention. Et lorsque l'homme fit tourner l'américaine sur elle-même avec un beau sourire sur les lèvres, sa respiration se stoppa. Isaac était le compagnon de Camélia.
Elle n'avait pas à être surprise, Camélia était l'amie d'Isaac, ils étaient venus ensemble à cette soirée. Tout se déroulait selon le plan élaboré, elle devait être au plus près du brun, sa présence devait marquer le jeune homme afin que l'absence se fasse ressentir. Certes l'aide que lui apportait Célia en la conseillant était importante, tout en cachant à l'Américaine le véritable but de son intervention qui était d'accaparer l'attention d'Isaac sur Camélia. Par ailleurs avec les récents événements, les agissements de Camélia auprès d'Isaac étaient plus que souhaitables. Après s'être rappelé à l'ordre de cette manière, elle n'avait aucune raison de les observer plus longtemps. Et pourtant ses yeux restèrent fixés sur ce couple quelques secondes de trop, s'attardant sur ces mains qui se caressaient lentement, sur ces iris, tendres et amusés.
Sentant du mouvement à sa droite, elle regarda dans cette direction et découvrit Erwan qui s'approchait d'elle. Elle l'accueillit avec un signe de tête.
« - Miss Davis, pourquoi une jeune femme aussi charmante que vous n'a-t-elle pas été invitée à danser ?
Voyez-vous, fit-elle en riant, je n'en sais pas plus que vous, Monsieur Evans. »
Il se plaça à ses côtés et entreprit de reprendre l'activité précédente de la jeune fille. Il disait qu'elle était charmante, mais pouvait-on parler de lui ? Erwan Evans était un cinquantenaire qu'elle trouvait fort plaisant, avec ses traits fins et bien dessinés ainsi que son port altier qui devait le rendre séduisant avec n'importe quel habit porté. Et c'était bel et bien le cas avec son simple pantalon noir, surmonté d'une chemise immaculée dont seul le col était visible, le reste étant recouvert par un pull beu nuit en cachemire.
Le temps avait laissé ses marques ajoutées à celle de son métier. Deux petites estafilades subsistaient sur son sourcil gauche ainsi que sur sa tempe droite.
Par moment, ses traits pouvaient se révéler durs lorsqu'il vous dévisageait longuement avec une intention en tête, et l'on reconnaissait là le paternel d'Isaac. Mais maintenant que son visage ne réflétait aucune émotion, ses traits tout en étant détendus renvoyaient une certaine tristesse. Julianne n'aurait su dire s'il s'agissait de ses yeux ou de l'ensemble de son visage harmonieux. Mais il dégageait une aura sombre que l'on pouvait ressentir en étant à ses côtés ou lorsque l'on se donnait la peine de lire en lui. Julianne avait perçu cette douleur qui enveloppait son être ou qui émanait tout simplement de son cœur. Elle avait eu l'impression qu'elle était de celle qui ne disparaissait jamais. Celle qui faisait son nid en vous et vous accompagnait à chaque souffle, à chaque pas. Elle s'ancrait en vous et finissait par faire devenir une partie de vous.
Elle avait été touchée, frappée de plein fouet par ce sentiment et le sentait encore tandis qu'elle le voyait fixer la foule. Depuis qu'il l'avait rejointe, c'était son fils qu'il avait regardé en premier comme si c'était lui qu'il recherchait avec inquiétude. Cette souffrance était-elle liée au décès de sa femme, même vingt-cinq après ? Ou alors la distance que son fils maintenait entre eux ainsi que sa froideur étaient-ils la cause de cette peine ? Isaac n'avait jamais mentionné son père devant elle pendant les quatres années scolaires qu'elle avait passé à ses côtés, et aujourd'hui, ce père en question semblait n'avoir de yeux que pour son unique enfant.
Ne se rendant pas compte, elle reporta son regard sur le jeune couple qui semblait s'amuser sur la piste.
Elle avait envie de s'exprimer pour briser ce silence qui s'était installé entre eux. Elle avait envie de lui dire des mots rassurants, des mots qui le feraient sourire, qui lui apporterait un baume qui le soulagerait quelques instants. Elle chercha longuement et finit par revenir aux sources. L'évidence qu'on mettait de côté.
« - Vous aimez beaucoup votre fils, souffla-t-elle en se détournant de lui. »
Une ombre de sourire naquit sur ses lèvres.
« - Certainement. »
Le silence imposa de nouveau son règne, accompagné par les notes de musique qui flottaient dans l'air louant l'amour.
« - Mais l'intensité n'est pas toujours perceptible par celui qu'elle vise. Elle ne guérit et ne pardonne pas non plus, ajouta-t-il. »
Suite à cet échange, elle réfléchit quelques secondes puis parut comprendre la situation. Elle espérait avoir saisi la relation d'Isaac et son paternel.
« - Il faut la rendre perceptible pour qu'elle agisse et efface le passé tortueux, le conseilla-t-elle.
- Certes, mais lorsque le temps a fait son œuvre il est souvent difficile de revenir dessus. Parfois, il n'est pas bon de remuer le passé alors il est souhaitable de ne s'occuper que du présent avec l'espoir que le lendemain sera meilleur. »
Elle ne s'attendait pas à ce que la discussion prenne cette tournure douloureuse, défaitiste mais de laquelle on percevait tout de même l'espoir d'un futur ensoleillé. Ces deux phrases se répétaient en boucle dans sa tête et elle était certaine de ne jamais les oublier. Elle y trouvait un certain écho avec sa vie, son vécu et ses vœux pour les années à venir. Cela la perturba grandement.
Cet homme était aussi déstabilisant que son fils, ou plutôt était-ce l'inverse, elle n'en savait rien. Elle venait seulement de rencontrer Erwan et cette rencontre le rendrait inoubliable au même titre que Rosalie et Carlos. Avec ces quelques minutes passées en sa compagnie, ces quelques paroles échangées, il était parvenu par marquer son passage d'une trace indélébile. Le savait-il ? S'en rendait-il compte ? Elle allait reprendre la parole avant qu'il ne la devance.
« - Cette Camélia est-elle votre amie ? Questionna-t-il en dévisageant la concernée tandis qu'elle embrassait Isaac sur la tempe.
- Je l'apprécie, mais je ne la connais pas assez pour la considérer comme une amie, répondit-elle, un brin surprise par la question.
- Vous l'appréciez ? Répéta-t-il, une moue rieuse se formant au coin de ses lèvres. Alors pourquoi la fixez-vous ainsi ?
- Je ne la fixe pas. Je m'assurais seulement qu'elle profite de la soirée, Monsieur Evans, révéla-t-elle. »
C'était suite à la question qu'elle se rendit compte qu'elle observait le couple sans le voir. Quand s'était-elle détournée de la contemplation du visage d'Erwan pour s'intéresser à ce que faisait son fils ? Elle n'en savait rien. Elle allait chercher Thomas du regard lorsque ses iris s'attardèrent d'eux-mêmes sur une scène qui remua quelque chose en elle.
Son souffle se heurta tandis que son corps se figeait. Baigné par une lumière légèrement orangée, Isaac avait encerclé le visage de sa cavalière et avait plongé ses yeux dans les siens, effaçant ainsi tout ce qui se trouvait autour d'eux. Ils donnaient l'impression de s'être isolé des autres, n'étant conscient que de la présence et du toucher de l'autre. Ils s'étudièrent longuement, s'attardant sur chaque trait comme s'il était une œuvre d'art à lui tout seul. Il semblait à Julianne qu'ils s'embrassaient du regard avant de passer à l'acte. Aussitôt pensé, aussitôt réalisé. Camélia mima un furtif baiser et Isaac s'esclaffa en levant la tête. Sa cavalière l'imitait lorsqu'il plaqua ses lèvres sur les siennes.
Le cœur de la jeune fille avait arrêté de battre depuis bien longtemps mais elle ne s'en apercevait que maintenant. Son organe vital se serrait lentement. Tout semblait disparaître autour d'elle, les images devenant floues, tandis que des liens invisibles, redoutables, venaient s'enrouler autour de ses poignets, de sa taille et la tiraient en arrière. Ils s'acharnaient à l'arracher à cette scène comme si elle n'avait pas à la voir, si elle lui était interdite. Alors, elle sentit ce corps qui ne lui répondait plus, partir en arrière, entraîné comme une vulgaire chose dans cette chute qui ne menait qu'au gouffre qui espérait l'aspirer, depuis bien longtemps. Malgré le mouvement entamé et le sol qui s'ouvrait sous ses pieds, ses pupilles ne voulaient pas se détacher du spectacle que lui offrait la bouche d'Isaac Evans collée à celle de Camélia Parkinson.
Voilà pour aujourd'hui ! Alors qu'en avez-vous pensé ? C'était bon ? Pas très bon ? A vos claviers les filles, j'attends avec impatience, comme d'habitude, vos avis et hypothèses :) Pour celles qui seraient perdues par rapport au comportement d'Isaac, souvenez-vous des précédents épisodes et vous comprendrez ;) Encore deux gros chapitres sur la cérémonie des voeux et l'histoire prendra un nouveau tournant :D Il me semble que je suis maintenant à une douzaine de chapitres de la fin de l'histoire puis nous dirons aurevoir à Isaac & Juli xD
Voilà, je n'en dis pas plus, je vous laisse avec ce chapitre et nous nous retrouverons pour un merveilleux 24 Décembre ~~
Merci à vous toutes ainsi qu'aux nouvelles lectrices,
A très vite !
Fidèlement vôtre,
Miss-Key.
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