~~Chapitre 23 ~~


Bonsoir à toutes ! Me voici pour le chapitre 23 :) Je tiens à vous dire que plusieurs chapitres porteront sur la cérémonie des voeux, parce qu'il risque de s'y passer pas mal de choses :) Bonne lecture et n'oubliez pas de rafraîchir la page pour éviter les mots-collés :) 


Après un dernier regard concluant vers le miroir, Julianne Davis osa enfin sortir de sa chambre. Heureusement que Thomas avait eu la gentillesse de l'aider pour débloquer la fermeture éclair qu'elle avait coincé en forçant dessus comme une forcenée. Elle lissa rapidement le bas de sa robe blanche, présent de Victoria, vêtue pour cette belle occasion qu'était le renouvellement des vœux de Rosalie et Carlos. Qu'elle avait été heureuse lorsque Rosalie lui avait chaleureusement proposé de répondre présente à la petite fête qui aurait lieu dans leur maison de campagne. Et quelle demeure! L'intérieur était aussi beau et soigné que la façade extérieure. Elle avait eu le temps d'admirer la prestance des lieux lorsqu'elle s'était avancée jusqu'au perron de la maison. Elle comprenait le coup de foudre du couple Alonzo vu qu'elle venait également de le vivre.

Elle descendit les marches de l'escalier qui menait à la pièce principale et fut heureuse de voir un salon grouillant de monde. Elle reconnut la plupart des visages et répondit aux sourires de certains. Apercevant Rosalie qui était accompagnée de son époux,elle se dirigea vers eux, d'une démarche souple. Cette dernière l'accueillit avec chaleur comme à son habitude avant de s'exclamer en regardant sa tenue :

« - Julianne, fit elle en secouant la tête, les mains jointes devant ses lèvres, vous êtes ravissante ! Tout bonnement magnifique ! C'est celle-ci n'est-ce pas ? »

Entendre Rosalie la complimenter sur cette robe et lui avouer qu'elle lui seyait la rassura sur le rendu. Elle avait eu peur de paraître trop fade pour un renouvellement de vœux avec cette robe assez simple qu'elle trouvait pourtant sobre et jolie. Elle ne savait nullement comment se déroulait ce type de cérémonie, y assistant la première fois, toutefois ces doutes s'envolèrent derechef face au sourire de Rosalie.

« - C'est effectivement le présent de Vicky. Je suis heureuse qu'elle vous plaise, mamie, avoua-t-elle puis se tournant vers l'époux, vous êtes très charmant Carlos. »

Il cueillit ce compliment d'un signe de tête accompagné d'une main sur le cœur. Un sourire effleura les lèvres de la jeune fille face à ces manières galantes.

« - Je vais rejoindre, Thomas, nous nous retrouverons plus tard. »

Elle avait brandi cette excuse pour ne pas les déranger plus longtemps. Ils avaient au moins une trentaine d'invités à gérer et une soirée à fêter. Elle se faufila entre les individus à la recherche d'un grand brun qui aurait certainement une coupe de champagne à la main et le repéra rapidement à côté d'une table d'apéritifs. Elle reconnaissant bien là son Thomas gourmand !Elle le rejoignit en quelques enjambées et tapota son épaule de sa main. Il se retourna aussitôt, des restes de feuille de brick au coin de la bouche.

« - Julianne ! Je t'attendais, dis ! S'exclama-t-il en souriant.

- Je n'en doute pas, mon cher ! Dit-elle en lui enlevant la miette des lèvres. »

Il laissa échapper un petit rire embarrassé puis passa son pouce à la commissure. Tandis qu'il lui tendait un petit samosa à la viande hachée et aux pommes de terre, elle entreprit d'observer sa nouvelle tenue. Il était vêtu d'une belle chemise immaculée accompagnée d'un nœud papillon qu'elle trouva fort craquant et d'un pantalon de costume noir. Le rendu était indubitablement charmant. Il la surprit en train de le dévisager et la toisa, goguenard.

« - Tu le penses, mais tu n'as pas envie de le dire, n'est-ce pas ?Lança-t-il

- Quoi donc ?

- Que je suis fort présentable, minauda-t-il à l'image d'une fille. »

Elle pouffa de rire face à la réponse qui était véridique.

« - Tu es comme Isaac. Toujours là à le penser fortement mais quand il s'agit de le dire, vous perdez votre langue, railla-t-il. »

A l'évocation du prénom et au souvenir de leur entrevue d'il y avait une heure, son rire disparut.

« - Je t'en prie, Thomas, ne me compare pas à cet imbécile.

- Pourtant vous vous ressemblez sur certains points, rajouta-t-il comme si cela ne suffisait pas.

- Oui et que Dieu me pardonne ! »

Il l'observa quelques instants à son tour, songeur puis pouffa de rire sans criez gare. Elle lui mit un coup de coude et il se ressaisit rapidement. Comment pouvait-elle ressembler à cet idiot d'Evans qui distribuait sa méchanceté à tout bout de champs et tout ceci gratuitement ? Bon, il fallait avouer que ces derniers temps, elle avait bien cherché Isaac notamment Dimanche dernier en intervenant en faveur des étrangers pour leur avouer qu'il n'était qu'une grosse brute dont il fallait se méfier. Comme elle l'avait prévu, il l'avait regardée, l'air effaré, comme s'il ne s'attendait pas à une intervention de sa part. Pensait-il qu'elle allait restée bien tranquille, les lèvres scellées ?Pensait-il que si elle interviendrait ce serait pour lui ? A cette idée loufoque, elle rit sous cape. Même pour tout l'or elle n'interviendrait jamais pour Isaac Evans. Il ne le méritait pas.Comme c'était à prévoir, il avait répondu à son intervention par sa bassesse caractérielle.

« Tu n'as jamais rien été pour moi, Davis, à part un jouet bien sûr. »

Il était tellement prévisible avec ses répliques à deux sous.S'attendant à ce qu'elle bondirait comme une lionne suite à ces mots creux, il avait dû être désemparé lorsqu'elle l'avait seulement regardé, lui empruntant pour quelques instants sa façade fermée telle une prison. Quelques temps plus tôt ces paroles l'aurait blessée parce qu'elles soulignaient encore une fois le manque de considération à son égard. Toutefois, cette époque était définitivement révolue depuis qu'il avait balayé ses petits regrets en avouant à qui voulait bien l'entendre qu'il exerçait une domination sans faille sur la petite Julianne Davis. Il ne pourrait dorénavant plus l'atteindre sur le couple qu'ils avaient formé et sur les sentiments qu'elle avait nourri pour lui. Sa remise en question qui avait eu lieu il y a peu près deux semaines, après sa réconciliation avec Tae Kim, l'avait aidée à remettre de l'ordre dans sa tête. Et depuis, elle se sentait mieux, plus légère, comme débarrassé d'un poids qu'elle trimbalait depuis assez longtemps.

Elle pouvait maintenant faire ce qu'elle voulait d'Isaac, le manipulant à sa guise tel un pantin désarticulé, car elle ne craignait plus aucun retour malheureux, ayant elle-même supprimé le caractère douloureux des souvenirs. A cette dernière expression,l'image d'un Isaac largué face à la tournure des événements d'il y avait une semaine se matérialisa dans son esprit. Elle le revit perdu, énervé, humilié face à tout ce qu'il entendait et voyait.Elle fut prise d'une forte envie de ricaner et de taper des mains tant la scène était hilarante. En un mot : dé-lec-ta-ble. Voir Isaac Evans perdre tous ses moyens, blêmir comme s'il avait vu un fantôme n'avait pas de prix ! L'idée des gays était merveilleuse ! Quoi de plus dérangeant pour un homme viril qui n'était presque jamais accompagné de figure féminine que de recevoir la visite de deux charmants messieurs devant tous ses coéquipiers.  

Thomas parut s'apercevoir de son sourire amusé qui devait certainement lui manger la moitié du visage lorsqu'il se posta face à elle, en mettant ses mains sur les épaules de Julianne.

« - Est-ce que je pourrais rire, moi aussi ? »

Elle émergea de ces petites moqueries et secoua la tête. Le brun serait bien la dernière personne à rire avec elle s'il apprenait ce que Célia et elle traficotaient dans l'ombre. Il entrerait certainement dans une colère aussi noire que celle d'Evans et lui demanderait des explications sur le champ comme si le comportement de son meilleur ami ne justifiait pas à lui seul tous les agissements de la jeune fille.

« - Non, je préfère garder ça pour moi, lui confia-t-elle avec un clin d'oeil.

- Il n'y a pas de mal à ça, je suppose.

- Effectivement, conclut-elle en étouffant le sourire qui tentait d'éclore sur ses lèvres. »

Elle se retourna vers les boissons proposées et prit une coupe de jus d'orange avant de s'adosser au bord de la table. Elle balaya la pièce du regard en buvant la première gorgée. Délicieux :sucré et acide comme il le fallait. Elle chercha Camélia du regard,ne l'ayant pas revue depuis qu'elle était revenue de sa promenade avec Thomas.

Ses yeux survolèrent tous les invités mais elle ne la trouva pas.Au lieu de quoi, elle tomba sur son pire ennemi. Il ne se trouvait pas très loin d'eux, vers le milieu de la salle, en compagnie de Carlos et Erwan Evans, qu'elle avait rencontré pour la première fois à l'Eglise, plus tôt dans l'après-midi. Isaac ne lui avait auparavant jamais parlé de son père et ne lui avait pas non plus montré de photographie pour le présenter. Il avait tenu ce sujet tabou tout comme il ne lui avait jamais parlé de cette maison.Rosalie l'avait un jour mentionnée et avait été surprise par l'ignorance de Julianne. En ce qui concernait Monsieur Evans, Julianne s'était retenue de ne pas questionner mamie, de peur de raviver les souvenirs douloureux de la mort de Katrina.

Elle entreprit de regarder la ressemblance père-fils. Isaac avait définitivement hérité du physique de son père, il était aussi grand et robuste que lui. Cette même chevelure sombre, ces mêmes yeux qui vous sondaient sans prévenir. Elle avait surpris le regard d'Erwan tandis qu'elle parlait à une amie de Rosalie sur le parvis de l'Eglise, elle avait été forcée de le regarder et à sourire timidement avant de rapidement détourner la tête face à l'intensité de ses orbes noires. Il n'y avait aucun doute, dans vingt ans, Isaac serait une copie de son père et elle dut reconnaître que même en vieillissant il serait indéniablement un bel homme, car Erwan Evans l'était.

Elle allait tourner la tête lorsqu'elle le vit sourire, un brin amusé par les mots qu'il échangeait avec son fils. Puis, il se mit à rire de concert avec Carlos face à un Isaac surpris par la tournure des choses. Ce dernier parut réfléchir quelques instants,comme en témoignait le froncement de sourcils avant de se laisser aller à son tour. Elle ne l'entendit pas, les conversations autour d'eux étant plus fortes mais elle le vit se détendre et rire de bon cœur en regardant son père. Plus elle le voyait ainsi, plus d'autres scènes similaires lui revenaient en mémoire. Ils se dévisagèrent quelques instants, le sourire aux lèvres, avant que le fils ne recouvre son masque de sérieux habituel et se détourne de son paternel.

Elle ne s'attendait pas à cette rupture soudaine et brutale. Elle pensait fortement qu'ils n'étaient pas en bons termes depuis plusieurs années, mais jamais elle n'aurait imaginé qu'ils ne se parlaient pas tout simplement. Isaac avait quitté son père comme si les minutes partagées tout juste avant n'avaient pas lieu d'être.Elle risqua un coup d'oeil vers Erwan qui regardait son fils lui tourner le dos. Elle crut lire de la tristesse dans ses yeux, ainsi qu'une pointe de regret, mais elle n'en était pas certaine.

« - Ils sont ainsi, Erwan et Isaac, confia Thomas sur le ton de la confidence qui avait lui aussi à priori suivit la scène. Mais ça ne les empêche pas de se soucier l'un de l'autre. »

Elle acquiesça tout en voyant Isaac regarder sa montre. Elle voulait afficher un intérêt moindre vis-à-vis de la situation des hommes Evans mais le fait était qu'elle avait été enrôlée dans leur intimité en étant spectatrice de cette scène pour le moins touchante. Isaac l'avait toujours énervée et mise hors de lui lorsqu'il agissait en grosse brute indifférente mais lorsqu'il dévoilait ainsi une part d'humanité et de soi-même, il parvenait à l'intéresser en lui donnant envie de creuser ce point.

Une femme lui obstrua la vue en passant devant elle, un choux entamé à la main. Face à cette scène, Julianne se souvint de ce qu'elle avait apporté pour Rosalie. Comment avait-elle pu oublier les petits hamburgers qu'elle avait passé tant de temps à confectionner ?!Par ailleurs, elle en avait également parlé à Thomas lorsqu'il était venu dans sa chambre, pourquoi ne le lui avait-il pas rappelé ? Elle se souvint aussi qu'elle avait demandé à une des employée de les mettre au four pour une dizaine de minutes aux alentours de dix-huit heures, elle espérait de tout cœur que cette dernière avait pu le faire.

« - Thomas, je reviens tout de suite avec ma préparation ! »

Sur ces mots, elle rejoignit la cuisine qui se trouvait à leur gauche et referma la porte derrière elle. Elle les trouva rapidement, ils étaient placés sur le plan de travail dans une grande assiette en verre aux motifs floraux. Au cheddar fondu elle en déduisit que l'employée s'était souvenu de sa demande.

D'autres hamburgers se trouvaient toujours dans le four et à l'odeur qui commença à se distiller dans l'air, elle considéra qu'ils étaient assez chauds. Elle entreprit de les sortir à l'aide d'une pince en silicone rouge et les disposa dans d'autres plats.Lorsqu'elle terminait de remplir la quatrième assiette, une employée entra dans la pièce par la porte qui donnait directement sur laterrasse. Elle remercia Julianne d'être intervenu et s'en alla avec trois assiettes, laissant la dernière à la brune. Elle entreprit de goûter de nouveau à cette création avant de laisser le jugement à Thomas. A la première bouchée, un soupir de satisfactions'échappa de ses lèvres et elle se dit qu'elle ne risquait rien face au brun, dorénavant.

Tandis que l'employée ressortait par la porte du jardin, Julianne sortit par laquelle elle était rentrée. Et c'était en l'ouvrant qu'elle découvrit que Thomas avait reçu de la visite en son absence et quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle découvrit l'identité de l'individu. Elle reporta rapidement son attention sur Thomas, ne voulant pas donner le privilège à Isaac de croiser leur regard.Elle avait senti sa volonté durant la prêche du prêtre. Il n'avait cessé de la dévisager pour l'agacer afin qu'elle le regarde et lui offre ce qu'il semblait souhaiter. Elle avait lutté et avait tenu bon. Elle en ferait de même ici. Dieu merci elle avait été rapide et s'était reprise avant même qu'il ne lève les yeux vers la porte et ne remarque sa présence. Il fallait qu'elle montre ici aussi que le fait qu'il soit ne la dérangeait pas le moins du monde. Le plateau dans ses mains était un bon moyen d'isoler le jeune homme.

« - Thomas, je les ai trouvés ! Chantonna-t-elle, heureuse de sa trouvaille. »

Elle continua d'avancer, les iris rivés sur le grand brun qui lui faisait face, un souvenir aux lèvres, tandis que son meilleur ami la fixait, les yeux ronds, sans gêne. Qu'avait-elle sur le visage pour qu'il la toise ainsi, avec cet air surpris, choqué ? Avait-elle du rouge à lèvres sur les dents ? Son eye-liner était-il trop épais lui conférant un air de clown ? Son chignon était-il défait ? Si l'une des trois propositions étaient vraies l'employée lui aurait sans doute fait part, elle en était certaine.Alors qu'est-ce qu'il cherchait en l'observant ainsi, comme si elle venait tout droit de la planète Namek ?!

Mal à l'aise face à ses yeux insistants, elle aurait voulu lui crier de tourner la tête ou lui mettre une claque pour le réveiller de cette stupeur dans laquelle il semblait plonger. Toutefois, elle n'en fit rien. Elle garda son calme du mieux qu'elle put et continua de sourire à l'adresse de Thomas en se postant face à lui et en lui tendant l'assiette afin qu'il se serve. Ce qu'il fit sans hésiter.

« - J'ai pas pu m'empêcher d'en manger un, ajouta-t-elle en souriant et ils sont aussi délicieux qu'ils le paraissent !Affirma-t-elle avec fierté. »

Elle le vit mâcher quelques secondes, le visage impénétrable. Elle fixait sa bouche, ses yeux à l'affût du moindre petit mouvement qui lui laisserait entendre qu'il appréciait ou non. Lorsque ses lèvres remuèrent pour former l'expression qui définirait ses hamburgers steak/cheddar, elle était tout bonnement pendue à ses yeux.Lorsqu'elles s'étirèrent en un sourire, une chaleur naquit dans son cœur et se répandit dans tout son corps. C'était la satisfaction du travail réussi. Quelle belle et terrible sensation, c'était ! Il fallait qu'elle se confie à Thomas.

« - Tu sais, c'est la première fois que j'essaye cette recette.J'étais un peu stressée... non, en réalité je l'étais vraiment.Remercions Victoria de m'avoir aidée sinon je n'aurais rien pu préparer pour Rosalie. Nous avons fait les steak avec de la viande hachée de bœuf et de veau ainsi que les petits pains. Tout est du fait maison, sauf le cheddar bien sûr. Et je suis contente, mais vraiment contente que ça te plaise ! Parce que si toi tu apprécies, Rosalie et les invités aimeront certainement ! »

Lorsqu'il ne resta plus qu'une bouchée, elle se souvint de la provocation de Thomas quant à ses talents de cuisinière. Et face au sourire niais qui colorait les lèvres du brun, elle se dit qu'elle pouvait lui balancer seulement quelques mots et il comprendrait tout seul :

« - Tu vois, Thomas ! »

Puis elle tourna les talons et s'éloigna de lui, ayant royalement mis de côté son meilleur ami. Elle rejoignit l'autre côté du salon et alla faire goûter sa création à Rosalie et Carlos qui apprécièrent tous les deux. Rosalie la gratifia d'un baiser sur la joue pour la remercier. Ensuite, Julianne entreprit de chercher Erwan à travers les personnes l'entourant, mais elle ne le trouva pas.Elle aurait voulu avoir son avis et pouvoir discuter avec lui afin de mieux le connaître. Elle ne s'intéressait pas à lui parce qu'il était le père d'un immonde individu mais seulement à lui en tant qu'homme. Elle se moquait d'Isaac comme de sa première chaussette.Elle se remit à chercher Camélia du regard mais elle restait introuvable depuis tout à l'heure. La quasi-totalité de son assiette fut emportée par des femmes avec lesquelles elle échangea quelques mots sur les ingrédients et le temps de cuisson. Puis, elle prit le dernier et se tourna vers la baie vitrée pour observer la terrasse et le grand terrain qui suivait. A la seconde bouchée, un morceau de pain se colla à son palet et elle se souvint de son cocktail qu'elle avait laissé à côté de Thomas. Elle jetait un coup d'oeil à la table dressée à côté d'elle, ne comportant que des verrines, lorsqu'elle sentit un souffle glacé caresser son oreille. Aussitôt un frisson parcourut son épine dorsale et lorsque la salutation suivante lui parvint, son cœur rata un battement.

« - Salut, Juli. »

Elle se figea aussitôt, sentant sa présence très près d'elle. La chaleur du corps d'Isaac venait par vague vers le sien.Perturbée par cette soudaine proximité, elle avança d'un pas pour établir une distance convenable entre eux avant de lui faire face.

Il se tenait bien droit, vêtu de ce costume bleu marine qui lui seyait à merveille comme s'il avait été cousu seulement pour qu'il le porte. Ajouté à cela, il avait opté pour une cravate de la même couleur qui se mariait avec splendeur à sa chemise immaculée. Une cravate ? Depuis quand Evans portait-il des cravates ? Cela l'avait toujours rebuté ...

Elle baissa les yeux sur ses mains et vit qu'il tenait deux cocktails d'une belle couleur jaune orangée. Aimait-il à ce point ce breuvage pour se promener avec deux verres au risque de passer pour un idiot démesurément gourmand ? Elle entreprit de regarder les broderies de ses manches, lui faisant ainsi comprendre qu'elle ne souhaitait converser avec lui et qu'il pouvait gentiment passer son chemin.Quelques secondes passèrent puis il lui fit aisément comprendre qu'il ne l'entendait pas de cette manière.

« - Comment vas-tu, Juli ? Comment trouves-tu cette soirée ?La questionna-t-il d'une voix concernée. »

Ses iris remontèrent lentement le corps du jeune homme, s'arrêtant quelques secondes sur cette cravate avant de s'accrocher à leur semblables. Lorsque le contact fut pleinement établi, avec un sourire faussement aimable, elle lança :

« - Pour ton inquiétude à deux sous, Evans, sache que je me porte très bien et que je suis, ma foi, heureuse d'être dans ces beaux lieux. Et cela m'enchante d'autant plus parce que je sais que cette idée te répugne ! Et tout ce qui te répugne, me plaît ! »

Face au ton mielleux adopté pour balancer ces quelques mots bien choisis, elle n'attendait qu'une chose : qu'il fronce les sourcils, qu'il serre les poings et qu'il déblatère Dieu sait quoi... Au lieu de quoi, ses lèvres se retroussèrent en un coin,lui conférant une moue joueuse de gamin de huit ans. Il secoua la tête et quelques mèches molles vinrent tomber sur ses yeux,renforçant l'éclat de malice qui faisait scintiller ses pupilles,amusées.

« - Par respect pour nous deux, Julianne, je ne vais m'intéresser qu'aux deux premières phrases. Le reste m'importe peu.

- Ben voyons, Evans, comme c'est véridique, ironisa-t-elle en grimaçant.

- C'est le cas. Libre à toi d'y croire ou non. »

Elle choisit de l'ignorer et entreprit de regarder le couple qui s'était formé et mis à danser tandis qu'une douce mélodie emplissait la pièce. Son regard se posa sur une femme  qui dansait avec son compagnon et elle fut touchée par la scène, par les émotions qu'ils transmettaient. 

« - Tu comptes m'ignorer encore longtemps ? S'exclama une voix familière.

- Aussi longtemps que je le souhaiterai, décréta-t-elle. »

Après un petit rire amusé, il se donna la permission de lui frôler la main pour qu'elle se tourne enfin vers lui. Elle n'en fit rien.

« - Qu'est-ce que tu me veux, Evans ? Pourquoi est-ce que tu viens m'imposer ta présence alors que tu sais parfaitement que je la fuis, enchaîna-t-elle en se rendant compte qu'elle venait de contredire les paroles précédentes.

- Tututu, pas de ça avec moi, Juli, répliqua-t-il.

- Trouves-tu ta propre soirée ennuyante pour que tu viennes faire mumuse avec mes nerfs ? »

C'était le cas de le dire et de se questionner pour le coup. L'emploi du « Juli » dans sa bouche sonnait comme faux et elle en venait à désirer qu'il l'appelle Davis pour rétablir ce qu'ils avaient toujours été.

Pourquoi diable venait-il engager la conversation avec elle ? Alors qu'il n'avait rien à partager sur aucun sujet qui soit. Parce que Julianne Davis et Isaac Evans ne conversaient pas. Parce qu'ils ne savaient pas le faire et surtout parce qu'ils n'avaient rien à se dire. C'était aussi simple que cela. Elle semblait l'avoir compris dès leur début alors que lui ne l'avait toujours pas saisi. Que cherchait-il ? Que lui voulait-il ? Elle n'avait pourtant rien fait qui pourrait l'embêter et l'agacer ? Elle ne s'était pas pavanée devant lui pour l'énerver et s'était tenue éloigner de lui pour qu'il en fasse de même avec elle. Si même le calme et la paix ne convenaient pas à cet énergumène, elle pouvait considérer qu'il était définitivement indécis et perdu. Mais dans ce dernier cas, pouvait-il se perdre tout seul et ne pas l'entraîner avec lui ? Etait-ce trop lui en demander?

« - Va retrouver Thomas et Camélia et offre-moi le bonheur de t'oublier pendant quelques heures, Isaac, proposa-t-elle avec l'espoir qu'il accepterait.

- Désolé, mais c'est bien la dernière des choses que je souhaite. »

Elle fut tentée de lui demander quelle était cette dernière chose qu'il souhaitait. Première ou seconde proposition ? Puis elle se dit que c'était forcément la seconde.

« - La soirée n'est en rien ennuyante et si je suis ici, c'est parce que je le souhaite. »

Elle choisit de ne pas répondre.

« - Ta compagnie ne m'a jamais déplu, lui apprit-il. »

Quel menteur !

« - Au contraire, elle m'a toujours plu, avoua-t-il sur le ton de l'aveu. »

Bon sang, mais quel menteur !

« - Mais j'ai toujours eu du mal à te l'avouer, Julianne. »

Elle tourna si vivement la tête vers lui qu'elle sentit une douleurdans son cou. Toute trace de malice et d'amusement avait désertéles traits du jeune homme et il l'observait avec un sérieuxdéroutant.

Un air posé qu'elle ne lui connaissait pas et qui était pour lemoins que l'on puisse dire, inquiétant. Avant de s'intéresser de nouveau au contenu de ses mots, peut-être était-il préférable des'enquérir de son état. Etait-il malade ? Fiévreux ? En plein délire ? Elle brisa la distance qui les séparait et posa le dos de  sa main sur son front en repoussant les quelques mèches qui s'y reposaient langoureusement. N'y décelant aucune chaleur anormale,elle toucha ensuite la naissance de son cou. Rien non plus. Suite à ces mesures, il recula avec un petit rire.

« - Cesse ton manège, veux-tu. Je suis maître des mots, donc pas d'inquiétude à avoir.

- Te méprends pas, Isaac. Je ne m'inquiétais pas pour toi, je cherchais seulement à savoir si je devrais rapidement m'éloigner ! »

Il ricana en balayant la salle du regard avant de le reporter surelle.

« - Primo, je ne vais pas mourir d'une petite fièvre. Secundo :j'ai beaucoup de choses à faire avant de partir, ma chère.  A commencer par t'offrir ce cocktail. »

Alors finalement ce deuxième verre n'était pas pour lui, mais pour elle ?

« - Pourquoi diable voudrais-tu m'offrir ce verre ?

- Pour que tu le boives, c'est aussi simple que cela, éluda-t-il. »

Elle haussa un sourcil à son encontre, suspicieuse, sentant venir le mauvais coup à plein nez.

« - Mais pourquoi ça, bon sang ! S'exclama-t-elle en fixant le breuvage à base de mangue.

- Pourquoi cherches-tu toujours des justifications à mes faits et gestes ? Pourquoi ne pourrais-tu pas l'accepter sans te poser toutes ces questions ? Enchaîna-t-il en lui tendant la boisson.

- Me permets-tu de rire, Isaac ? C'est de toi que l'on parle. Toi, siffla-t-elle. Alors ne viens pas me dire que c'est une bonté spontanée de ta part, aujourd'hui. Parce que tu ne fais rien dans la spontanéité et tu n'as rien de bon en toi ! Chaque parole, chaque acte est calculé dans l'unique but d'empoisonner mon air afin que j'étouffe ! Scanda-t-elle en pointant un index accusateur sur son torse. »

Elle ne se rendit compte qu'à la toute fin qu'elle peinait à retrouver une respiration normale. Peut-être avait-elle oublié de respirer lors de sa tirade... Quoi qu'il en était, ce comportement ne lui plaisait pas, parce qu'elle ne le comprenait guère ! Il y avait quelques semaines il l'avait contrainte à accepter de force des moelleux au chocolat parce que ... qu'avait-il dit déjà ? Ah oui.

« Je désire être à l'origine de ce plaisir. Je désire que tu souries grâce à moi. Et une fois que j'aurai bâti ce sourire,je veux moi-même le détruire. Je veux que ces lèvres qui s'étirent se figent et que le pétillement de tes yeux se fane pour toujours,Davis. »

Alors lorsqu'il s'agissait de ce genre d'explications qu'elle connaissait, elle pouvait l'accepter mais lorsqu'elle ne parvenait pas à comprendre ses agissement, elle préférait de loin se méfier de cet individu aux intentions perverses. Depuis qu'il l'avait approchée, son comportement était étrange. Il n'était pas l'habituel Isaac qu'elle avait eu le malheur de connaître. Son regard n'avait pas été dur, ses lèvres n'avaient pas esquissé de sourire narquois ou carnassier, sa voix n'avait pas été froide et son ton cinglant. Non, il avait été aimable, souriant et s'était permis des confidences qui elle était certaine étaient des mensonges revêtus de la cape de vérité. Enfin pour terminer, ils'était obstiné à lui offrir cette boisson qu'il souhaitait qu'elle boive. Même si elle était tentée par le breuvage dont la couleur orangée claire l'attirait irrémédiablement en plus de la délicieuse odeur qui s'en dégageait, elle refusait d'y toucher parce qu'il le lui proposait et il n'avait pas à le faire.

Elle releva la tête vers son interlocuteur et constata, peut-être avec une pointe de joie, que ses orbes noires avaient retrouvé leur teinte habituelle. Ses pupilles brillèrent de frustration et sans doute de colère tandis qu'une ride se dessinait sur son front. Voilà l'Isaac qu'elle connaissait ! C'était celui-là ! Celui qui s'énervait rapidement et qui fusillait du regard lorsque l'on n'agissait pas comme il le souhaitait. Elle aurait pu esquisser un sourire de soulagement face à ce retour !

Mais ces retrouvailles furent rapidement balayées. Il ferma les yeux et lorsqu'il les rouvrit, tenta de recréer le masque de l'ancien Isaac. Et à ce moment là, le sourire qui était en train de fleurir au coin de la bouche de la jeune fille se fana aussitôt. Qu'est-ce qui lui prenait ?

Ses iris étaient de nouveaux bienveillants et cela provoqua une embardée chez Julianne. Elle ne parvenait pas à le cerner et ceci lui fit peur. Comment était-elle supposée agir face à cet homme qu'elle ne reconnaissait pas ?

Il esquissa un pas en avant et aussitôt ses jambes imprimèrent un mouvement de recul, calqué sur le sien.

Il continua ce petit exercice encore trois fois et elle lui obéit silencieusement, incapable d'agir autrement. Elle ne parvenait pas à détacher son regard de ces pupilles gourmandes qui la détaillaient comme un met raffiné. Avait-il consommé de l'alcool ? Isaac n'avait pourtant pas pour habitude de boire. Tout ceci lui filait entre les doigts et surtout elle ne comprenait pas pourquoi ses battements s'accéléraient de la sorte. C'était idiot et puéril et elle était censée être plus forte que cela ! Où étaient passées sa détermination et sa répartie pour l'envoyer paître lui et ses satanés iris joueurs ?! Avaient-elles déserté aussi vite ?Julianne était-elle finalement incapable de lui tenir tête ? Elle refusait d'y croire...

 Ses yeux se firent plus scrutateurs, plus appréciateurs et elle se sentit mal à l'aise face à ses iris ayant entamé leur traque favorite. Elle eut la désagréable impression d'être une pauvre gazelle qui venait d'être prise dans le piège que le guépard rusé et affamé avait spécialement tendu pour elle.  


Alors, qu'en avez-vous pensé ? Comme certaines l'avaient deviné, Julianne était bien derrière le coup de la visite des gays ^^  Il faudra maintenant confronter la version d'Isaac et celle de Julianne pour en savoir davantage. On voit ici un Isaac en pleine action ! Vous vous doutiez sans doute, qu'il n'allait pas débarquer avec un ton mielleux et un regard de braise pour séduire Julianne. Vous le connaissez bien maintenant et vous savez qu'il peut parfois être tordu.... 

Je reconnais que ce chapitre était vraiment très court par rapport aux anciens. Mais le prochain devrait arriver dans le courant de la semaine prochaine :) Pardonnez les fautes en tout genre que vous trouverez :( 

Merci de votre lecture, un grand merci aux nouvelles lectrices !  N'hésitez pas à commenter, ça fait toujours très plaisir ~

Fidèlement vôtre, 

Miss-Key.





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