~~Chapitre 20 ~~

Bonsoir à tous ! Me voici pour le chapitre 20. Comme d'habitude je vous conseille de recharger la page afin que les mots collés disparaissent. :) Bonne lecture, j'espère de tout coeur qu'il vous plaira :)


Chapitre vingt.

En ce merveilleux jeudi soir, Isaac déambulait de long en large,sans but précis, dans sa cuisine en bois de chêne huilé. C'était en admirant au loin l'union du noble et sombre bleu de la nuit à la lumière mourante du Soleil, que le jeune homme mit fin à l'appel téléphonique du traiteur Bouchées-Délicieuses, un sourire de soulagement aux lèvres. Pour la cérémonie qui s'annonçait dans deux jours dans leur grande maison de campagne, la préparation des plats et cocktails préalablement choisis avait été confirmée.C'était un poids considérable qu'on venait de lui retirer des épaules. Le travail de longue haleine se terminait maintenant et il ne lui restait plus qu'à espérer que tout se déroule au mieux pour fêter comme il se devait ce moment mémorable. Sortant de la cuisine, il s'assit à côté de Thomas qui les avait rejoints et se laissa aller contre le dossier avant de croiser les bras derrière la tête.

« - Alors ? questionna Thomas en zappant les chaines de la télévision.

- Tout marche comme sur des roulettes, lui confirma-t-il. Le cocktail pour samedi après-midi après la bénédiction des alliances et le buffet pour la soirée à la maison.

- C'est Carlos qui va être content en apprenant que tu as fait du bon travail, Isaac

- Que nous avons fait, Thomas. Je me suis occupé du buffet et toi de la décoration de la maison, lui rappela-t-il. Papi nous remerciera tous les deux. »

Isaac et Thomas avaient décidé de prendre toutes les responsabilités pour cette cérémonie afin d' épargner à Rosalie et Carlos la charge et le stress liés à l'organisation. Ils allaient célébrer leur noces d'or en ce samedi 12 Septembre pour fêter leur cinquante années d'union.

Les deux jeunes hommes s'y étaient pris trois mois à l'avance pour toute l'organisation, qui comprenait la décoration intérieure et extérieure de la maison, le choix des mets et les invitations à envoyer. Rosalie avait opté pour une cérémonie en petit comité,comprenant quelques amis proches de la famille. Isaac et Thomas avaient respecté ce souhait et s'étaient occupés de l'impression des cartes à envoyer à une vingtaine d'invités. Rosalie avait été touchée qu'Isaac veuille s'en occuper et l'avait remercié d'une chaleureuse accolade suivit de l'habituel baiser sur le front, tandis que Carlos l'avait remercié de le soulager de cette préparation,sachant d'avance que sa femme allait le reprendre sur sa lenteur.Thomas avait ainsi fait appel à la société AnniDéco de la région tandis qu'Isaac s'était empressé de demander les services du traiteur que les Alonzo côtoyaient depuis un bon moment maintenant.Il ne leur restait plus qu'à espérer que la décoration et le buffet plairaient à Rosalie, bien qu'ils aient eu le feu vert de Carlos leur ayant assuré que la décoration était parfaite et ravirait Rosalie.

Le téléphone du jeune homme vibra et il le déverrouilla pour y découvrir un message de Camélia lui rappelant son empressement pour le week-end. Il sourit face à l'enthousiasme de l'Américaine et montra l'écran à Thomas qui secoua la tête, un sourire aux lèvres.

« - Je suis sûr qu'elle va en rêver de ces noces d'or, confia Thomas qui s'était enfin décidé pour un épisode des petits meurtres d'Agatha Christie.

- Elle est heureuse que son séjour tombe début septembre. Tu sais à quel point elle apprécie mamie, dit-il à Thomas qui acquiesça.

- C'est certain. Et Linda ? »

Il avait proposé à la belle rousse de les rejoindre pour la cérémonie, souhaitant ainsi la présenter à ses grands-parents et à Camélia qui avait toujours cette envie dévorante de connaître l'entourage d'Isaac.

« - Elle viendra pas. Sa sœur vient d'accoucher et elle va devoir se rendre à Dijon.

- C'est aussi une bonne nouvelle tiens ! S'exclama Thomas en se tournant vers lui.

- Oui ! J'aimerais moi aussi avoir des neveux et nièces, Thomas ! Confia-t-il en mettant une main sur l'épaule de son meilleur ami. »

Ce dernier pivota la tête et en croisant le regard d'Isaac se mit à rire.

« - Peut-être qu'il faudrait d'abord trouver celle qui deviendra Madame Guerrin et ensuite je pourrais songer à la descendance. Mes parents tiennent aussi à cet ordre, tout comme Rosalie.

- Je le sais bien, dit Isaac en hochant la tête.

- Et je pourrais te retourner la demande, Isaac ! »

Isaac se permit un sourire, le mariage et les enfants n'étaient pas dans ses projets actuels. Il releva la tête et aperçut une Rosalie, vêtue d'un pantalon noir et d'un léger gilet bleu ciel, revenant les bras chargés d'albums photos. Thomas le remarqua à son tour et murmura avant qu'elle ne les rejoigne.

« - Avant qu'elle n'approche, je voulais te dire que j'ai appris hier soir que mon pote a pris des vacances et il s'occupera de notre cas en rentrant. On aura une réponse dans le courant de la semaine prochaine. »

Isaac acquiesça tandis que Rosalie et Carlos s'asseyaient sur les fauteuils en face d'eux. Il avait décidé de ne plus songer à toutes les péripéties qu'il avait connu depuis sa rencontre avec Johanna, par ailleurs cette dernière n'avait plus donné aucun signe de vie. Il supposait donc qu'elle avait arrêté ses manigances suite à la frayeur orchestrée et qu'elle s'évertuait à protéger et cacher le cerveau du complot. Ne souhaitant plus se creuser les méninges avec cette histoire, il attendait avec calme et patience les informations que pourrait leur apporter Sébastien, l'ami hacker de Thomas.

L'heure était venue de célébrer l'union de ses grands-parents, il voulait être serein et heureux. Les règlements viendraient par la suite. Il releva la tête tandis que sa grand-mère posait ses trouvailles sur la table basse. Au regard qu'elle lui offrit, il sut aussitôt que c'étaient ceux de son enfance. Il la questionna et elle lui répondit par un haussement d'épaules.

Un sourire affectueux vint orner le visage angélique de Rosalie.Face à cette vue qui avait bâti toute son enfance un sang chaud se mit à circuler dans ses veines. Il lui apportait un regain d'énergie qu'elle seule pouvait lui offrir. Cette femme aux soyeuses boucles d'ébène ne tenait pas seulement la place d'une grand-mère,mais aussi celle d'une mère et d'une amie. Elle était la figure maternelle de sa vie, le pilier de son équilibre et de son existence.

C'était pour le pétillement de ces yeux azuréens qu'il mettait souvent ses problèmes de côté pour que Mamie ne les soupçonne guère et ne s'inquiète pas à son sujet. Il essayait de les camoufler du mieux qu'il le pouvait jusqu'à ce qu'ils deviennent insupportables. Alors seulement, il lui en faisait part ou elle finissait par les découvrir. Quand à Carlos, ils pouvaient échanger sur tous les sujets de la Terre mais Isaac ne se confiait que rarement à lui, sachant pertinemment que Mamie tâcherait de le mettre au courant.

Le jeune homme se servit en fraises posées sur la table basse et les saupoudra de sucre tandis que Thomas s'emparait d'un album et le posait sur ses genoux. Il l'ouvrit à la première page et tomba sur une photo les représentant lors d'une séance goûter dans la cuisine des Guerrin. Isaac était vêtu d'une chemise à carreaux rouge et bleu et tartinait maladroitement une crêpe tandis que Thomas à ses côtés, habillé d'une salopette en jean remuait un petit fouet dans un énorme saladier quasiment vide. Il secoua la tête en croquant dans le fruit.

« - T'étais vraiment pas doué, Isaac, annonça-t-il en pouffant de rire, désignant de son index les joues d'Isaac recouvertes de chocolat.

- Je me suis amélioré maintenant, n'est-ce pas, mamie ?

- Tout à fait, Isaac tartine proprement maintenant et il m'aide même en cuisine surtout pour les cookies, approuva-t-elle, les yeux rieurs. »

La grand-mère et le petit fils avaient établi un rituel depuis quelques années : faire une fournée de gâteaux au moins deux fois par mois. En plus de la gourmandise qui les définissait tous les deux, c'était un moyen de se retrouver tout en s'amusant. S'il se souvenait bien, ils avaient pris cette habitude durant son année de première et l'avaient perpétuée depuis. Durant les débuts, il assistait à ces préparations seulement parce que cela plaisait à sa grand-mère, puis petit à petit il avait essayé à son tour séduit par cette activité.

« - Sur celle-ci on te voit même avec le tablier et la toque du chef ! S'exclama Thomas. Ce sont des photos à conserver et à montrer au plus vite aux gars de l'équipe !

- T'as pas intérêt, Guerrin. Secret de notre enfance ! Si tu fais quoi que ce soit je montre celle-ci ! Brandit Isaac. »

A la vue de la photographie, Rosalie pouffa de rire tandis que Thomas tendait la nuque pour apercevoir le fruit de la menace. Il écarquilla les yeux lorsqu'il se redécouvrit à ses cinq ans, vêtu d'une petite robe à fleurs bleu, les lèvres roses.

« - Vous avez cette photo chez vous ?! S'écria-t-il, choqué. »

Mamie acquiesça tandis qu'Isaac posait une main sur l'épaule de son ami, à mi-chemin entre la compassion et la moquerie.

« - Depuis quand ? S'aventura-t-il sur ce terrain glissant.

- Depuis assez longtemps, mon petit Thomas. C'est ta mère qui m'a donné une copie, le mit-elle au courant en voyant ses épaules s'affaisser. Rassure-toi, elle ne sortira jamais de l'album, est-ce bien clair, Isaac ?

- Comme de l'eau de roche, Madame. »

Un sourire amusé naquit sur les lèvres de Rosalie tandis qu'elle reportait son regard sur Thomas, un brin désespéré.

« - Te voilà rassuré, Thomas ?

-Assurément, si vous lui ordonnez, cet idiot n'agira pas. »

Thomas se mit à masser sa côte gauche en réponse au coup de coude d'Isaac. Rosalie secoua la tête face au spectacle qui se déroulait sous ses yeux tandis que Carlos couvait les deux jeunes hommes d'un regard attendri. Il leur tendit un album plus récent et Isaac reconnut à la couverture qu'il s'agissait de leur années lycée. Ille récupéra et le mit sur ses genoux. Au fil des pages les souvenirs remontaient en lui, en eux, les rendant nostalgiques.

Il fit défiler les photos d'anniversaire de Thomas pour ses dix-sept ans qu'ils avaient fêté au restaurant indien de la ville. Il revoyait Zach, Dan, Gabriel et Jordan émerveillés devant leur assiette composé de riz aux petit pois, poulet tandori et samosa aux pommes de terre et à la viande hachée. Sur certaines ils brandissaient leur naan au fromage devant l'objectif tandis que sur d'autres ils tenaient leur cuisses de poulet comme des hommes de cavernes. La pensée qui le traversa fut la suivante : ne leur avait-on jamais dit qu'on ne jouait pas avec la nourriture ?Puis il se souvint qu'il avait sans doute dû lui-même les photographier ...

Les suivantes les représentaient au stade, durant des entraînements et rencontres. En tournant les pages, il reconnut de nouveau que mamie l'avait toujours soutenu dans chacune de ses activités et loisirs. Elle avait toujours été présente dans chaque étape de sa vie. Face à toutes ces marques d'affection, il eut envie de la remercier et de lui dire à quel point ça le touchait, à quel point il tenait à elle, encore plus que son papi, encore plus que son père. Il releva sa tête et s'apprêtait à parler lorsqu'il vit qu'elle venait de poser sa tête sur l'épaule de Carlos tout en murmurant des mots, ce dernier ayant entouré ses épaules de son bras. Les marques d'amour en public étant rares, il préféra taire cette soudaine déclaration qui enflait en lui, craignant que par son intervention cet instant de partage et tendresse ne disparaisse. Il baissa la tête et reporta son attention sur les photos.

La prochaine relatait le Carnaval de leur dernière année de prépas.Une moue rieuse se dessina sur ses lèvres en faisant défiler les pages. Certains avaient des déguisements acceptables en passant du militaire aux pirates tandis que d'autres étaient venus déguisé sen panthère rose. Il tourna la page et se retrouva face à une Célia déguisée en blanche neige avec une chevelure or. Elle posait avec sa robe et son serre-tête attitré, une Red Love dans la main droite.

Plongé dans ses pensées, il ne remarqua pas que Thomas s'était mis à regarder son album en délaissant le sien, il avait même tourné la page. Revenant à lui, Isaac découvrit le cliché suivant et ses yeux s'écarquillèrent. Il ne se souvenait pas de ces photos alors qu'il aurait dû douter qu'elles réapparaîtraient. Julianne Davis posait à côté de Célia alias Blanche-Neige, vêtue d'une combinaison en cuir noire assortie à des Doc Martens de la même couleur. Les cheveux relevés en une queue de cheval, les yeux assombris d'un eye-liner épais, elle toisait l'objectif de Rosalie avec cran pour le plus grand plaisir de cette dernière. Isaac était certain que mamie s'était seulement déplacer pour immortaliser Célia et Julianne déguisées. Il ne se rappelait pas de cette prise mais se souvenait très bien de l'instant.

A l'époque, ils étaient ensemble et Julianne lui avait dit la veille du carnaval qu'elle porterait ce déguisement d'aventurière-agent secret. Il avait bien compris que son avis comptait pour la jeune fille et que s'il avait émit un non, elle aurait sans aucun doute refuser de le porter. Il lui avait répondu qu'il s'en moquait et elle avait acquiescé. Le lendemain, elles'était changée à la pause matinale et il l'avait vue revenir avec sa tenue qui lui seyait, mettant en valeur ses courbes marquées et épousant à merveille sa chute de reins.

Elle avait été photographiée sous l'arbre du carré d'herbe qui faisait face à leur bâtiment scientifique. La fermeture éclair de la tenue avait été entièrement remontée et on ne discernait que la partie haute de son décolleté. Elle avait tenu à paraître seulement déguisée pour le souvenir des Alonzo. Mais les filles ne l'avaient pas compris de la sorte et avaient tenu à ce que sur les photos du groupe les clichés soient un peu plus sexy que celui-ci.Nullement gêné, Isaac avait assisté à cette scène assis sur le banc qui se situait à leur gauche. Il avait entendu les refus de Julianne qui avait fini par accepter lorsque Célia lui avait dit de le faire. Elle avait un pouvoir de persuasion considérable sur Julianne. Rebecca avait donc croisé les bretelles du soutien gorge de Julianne pour remonter ses deux monts de chair et les deux bandes fines torsadées étaient maintenant visibles. Puis, elle avait abaissé la fermeture éclair pour qu'on distingue la naissance de sa poitrine. Le résultat avait été radical, Julianne était passée du déguisement à l'agent véritablement sexy.

A cette vue, Isaac avait perdu son souffle et avait été troublé,il s'en souvenait encore, par l'effet qu'elle avait eu sur lui. Il n'avait pas réussi à détourner le regard de sa silhouette, de cet aperçu appétissant de son décolleté et de ses lèvres rouge carmin. Il se souvenait parfaitement de l'enchaînement, Thomas avait alors cru bon de mentionner qu'il fixait Julianne depuis un moment et que ceci aurait pu paraître suspect. Isaac avait haussé les épaules en guise de réponse et n'avait pu réellement détourner le regard que lorsque Julianne s'était retournée vers lui, sentant sans doute les prunelles noires lui brûler la nuque. Croisant les fameux iris mordorés qui le chamboulaient et en y lisant le malaise, il avait tourné la tête vers Thomas. Il avait désiré cacher son trouble à la vue d'une Julianne mal à l'aise elle aussi, dans cette tenue devant celui qui était son petit ami.

Thomas le sortit encore une fois de ses pensées en considérant qu'il était important d'agir :

« - Isaac, on est sur cette photo depuis cinq minutes au moins.Quant tu te sera remis du charme de Juli, est-ce que tu pourras tourner la page ? Questionna-t-il pour installer l'embarras. »

Son grand-père étouffa un rire tandis que Rosalie soufflait un « Carlos arrête » elle-même en train de sourire.

« - Je fixais pas Julianne, j'étais seulement perdu dans mes pensées, expliqua-t-il vaguement. »

Carlos s'esclaffa de plus belle en jetant un coup d'œil au cliché qui reposait sur les genoux de son petit fils. Isaac s'empressa de tourner la page et se raidit lorsqu'il vit qu'il manquait une photo. Le sang afflua à ses oreilles et ces dernières se mirent à chauffer. Avant que Rosalie ne remarque le trouble qui s'était emparé de lui, il passa rapidement au prochain cliché. Il sentit tout de même un regard insistant posé sur lui et en déduisit que Thomas n'avait rien manqué de la scène mais avait tu sa question.

Son ami lui prit l'album des mains et le reposa sur la table pour en mettre un autre sur ses genoux, ouvert à la première page.C'étaient toutes les photos prises lors de l'après-midi barbecue que mamie avait organisé dans leur jardin. Il avait donc invité toute sa bande d'amis et quelques élèves de sa classe. Thomas,Jordan, Dan, Zach et Gabriel figuraient encore sur les photos. Il revoyait son meilleur ami versé les charbons et allumer le barbecue.Plus tard on retrouvait Zach en train de disposer les steak et les saucisses pour les grillades et une Rosalie dressant la table en bois blanc, vêtue de son éternel tablier vert pomme. Il fit défiler les pages qui représentaient la table garnie par les divers plats apportés par les invités. La suivante mettait en scène une Julianne, la tête un peu penchée et un sourire éclatant tenant dans une main un grand bol jaune contenant des cookies et dans l'autre un kouign-amann.

Maintenant qu'il la découvrait sur cette photo, il se rappelait nepas l'avoir invitée tandis que mamie l'avait fait à son insu, ayant convaincu Julianne de venir.

Ils avaient très peu échangé et le jeune homme avait bien compris qu'elle lui en voulait vraiment de l'ignorer. Mais il avait ses raisons pour avoir agi de la sorte. Deux jours plus tôt, Gabriel leur avait annoncé qu'il avait vu une Julianne visiblement séduite par l'attaquant du lycée voisin. Il avait masqué du mieux qu'il avait pu le trouble à la fin des cours et avait continué sur cette lancée lorsqu'il avait retrouvé Julianne dans sa terrasse le samedi. Malgré le fait que la communication n'avait jamais été leur point fort, elle avait perçu qu'il ne s'agissait guère de l'habituel mutisme d'Isaac. Il s'était abstenu de la questionner sur cette découverte

Tous les clichés rejoignaient le fil de ses souvenirs et pensées.Comme il pouvait le constater sur une des photos, elle s'était rapprochée de lui avec son bol jaune dans les mains lorsqu'il s'était éloigné du groupe une canette à la main. Elle lui avait proposé des cookies en lui confiant les avoir préparés pour lui.Il lui avait répondu en la regardant dans les yeux qu'il ne lui avait jamais demandé d'en faire. Il était certain que c'étaient les mots qu'il lui disait au deuxième plan de la photo où on les distinguait l'un face à l'autre tandis qu'au premier plan Zach et Dan faisaient les andouilles comme à leur habitude. A la prise suivante, toujours au second plan, il la quittait tandis qu'elle le regardait s'éloigner.

Sur les autres photos de l'album, on la retrouvait partout, parfois assise avec les filles, parfois debout avec Thomas ou Zach. Isaac figurait lui aussi sur chaque et il remarqua que Julianne ne toisait plus la caméra mais semblait seulement préoccupée par celui qui refusait de lui adresser la parole, en l'occurrence lui. Il l'avait royalement ignorée de l'après-midi et jamais il n'aurait pu imaginer à quel point elle avait l'air inquiète et recherchait son regard. Toute son incompréhension et angoisse étaient visibles sur son visage, tandis que de son côté, il avait essayé de profiter de ce samedi de répit dans la masse de travail qu'il devait fournir chaque semaine, autant à l'école qu'à ses entraînements.

Lorsqu'il arriva aux dernières pages de l'album, Julianne avait arrêté de l'observer fixait maintenant l'objectif toute souriante,entourées des filles présentes. Isaac avait comme l'impression que c'était l'une d'entre elles qui avait saisi l'appareil parce qu'elles seules figuraient sur les clichés.Sur l'avant dernière prise, Isaac était placée à l'extrémité droite, le visage aux traits serrés regardant le sol, suivi d'un Thomas entourant les épaules d'une Julianne amusée offrant un sourire éclatant. Isaac en déduisit qu'elle avait donc réussi à mettre de côté son incompréhension le concernant et qu'elle était parvenue à clore cet après-midi sur une note positive. Sur le cliché final, Thomas s'était déplacé et Julianne s'était retrouvée quasiment collée à Isaac, les traits dorénavant inexpressifs. Lorsque ses yeux se posèrent sur l'Isaac de l'époque, il remarqua que celui-ci ne toisait pas l'objectif comme il aurait dû le faire pour terminer cette journée, mais son visage était légèrement tourné vers celle qui fut autrefois sa petite amie. Au regard qu'il avait porté sur elle, il lut qu'il lui montrait à la fin de la journée qu'il lui en voulait.

Mal à l'aise, il referma l'album et son regard fut attiré par une fine écriture italique au bas de l'ouvrage. Il fronça les sourcils tandis qu'il lisait les mots suivants : Souvenirs Isaac-Julianne. Mamie avait-elle osé ? Oui, elle l'avait définitivement fait.Il comprenait maintenant l'agissement de Thomas en mettant l'ouvrage sur ses genoux. Ce dernier voulait lui transmettre un message en lui faisant revisiter son passé.

Aujourd'hui que devait-il en retenir ? Tout avait toujours été pensé mais rien n'avait été partagé entre lui et Julianne. Chaque pensée négative ou positive avait toujours été enfouie au plus profond d'eux pour éviter qu'elle ne sorte. Et cette habitude née à la naissance de leur couple avait été perpétuée jusqu'à sa mort. S'il n'avait pas revu les photos du barbecue, jamais il n'aurait su que Julianne avait été atteinte par son indifférence, jamais il ne se serait douté qu'elle avait été autant perturbée que lui en apprenant qu'elle s'était laissée séduire par un footballeur de pacotille. Son mutisme n'était basé que sur une futilité que l'on nommait jalousie. Car oui, il avait été jaloux que Julianne aille vers un autre, sourie avec un autre, alors qu'en sa présence elle était toujours muette et distante. Et ces deux traits avaient soudainement caractérisés la jeune fille qui était autrefois vivante et amusante avant qu'elle n'accepte de devenir sa petite-amie. Elle avait changé du jour au lendemain, s'éloignant de lui tout en restant attachée au lien qui les avait liés. Il avait désiré qu'elle reste la même Julianne pleine de vie, mais elle avait complètement changé au cours des deux années passées ensemble.

En réalité leur histoire ne se résumait qu'à deux ou trois mois durant lesquels ils avaient pu se comporter comme un véritable couple, incluant quelques sorties et retrouvailles enflammées. La dernière année d'études avait été un fiasco total entraînant son départ secret en Corée du Sud trois semaines seulement après la fin des cours et qui avait donné lieu à un froid polaire sans précédent.

Il s'était attendu à un mail ou un message sur Facebook de sa part étant donné qu'elle était partie sans le mettre au courant mais il avait constaté avec déception et une pointe de colère qu'il n'avait rien reçu. Face à ce mur de silence glacial et à une indifférence non feinte, il avait décidé de calquer son comportement sur le sien jusqu'à ce que mamie ne l'oblige avec une persuasion sans pareil à accueillir Julianne à son retour. Il aurait dû se douter que cette dernière remercierait son déplacement en lui déclarant qu'elle mettait fin à leur pseudo-relation parce qu'ils n'y gagnaient rien. Il ne s'était guère attendu à une rupture.

C'était idiot, c'était vain. Repenser à leur vécu ne lui apportait rien de bon mis à part une migraine liée aux souvenirs négatifs. Il le savait parfaitement et pourtant cela ne l'avait pas empêché de laisser cette fade aventure s'imposer de nouveau à lui.Depuis qu'il avait réalisé et accepté ce besoin de revoir la brune, il avait décidé de seulement se focaliser sur la période pré-relation. Il n'avait besoin de retenir que cette dernière pour pouvoir la reproduire. S'intéresser au couple inintéressant qu'ils avaient formé, repenser au temps où il avait attendu qu'elle agisse, qu'elle réagisse était inutile en tout point de vue. Ils'était répété maintes et maintes fois qu'il ne devait que se préoccuper de sa situation actuelle avec Julianne, faisant fi de leur vécu. Seule une Julianne présente et dominée importait car la dominante l'effrayait. Tout le reste incluant souvenirs amers et pensées négatives était à balayer.

Malheureusement, il réalisait que malgré tous ses efforts pour faire table rase de son passé avec la jeune fille, celui-ci était ancré en lui. Dès qu'une allusion au vécu était faite il devait constamment se répéter qu'y songer était inutile. Preuve irréfutable de sa faiblesse : ces photos qui l'avaient immédiatement renvoyé quelques années en arrière, le plantant brutalement face à cette ex petite amie. Force était d'avouer qu'il se souvenait de tout, des regards tantôt vides tantôt désespérés,des paroles tues et des espoirs étouffés. Dans sa tête, chaque prise avait pris vie et il s'était retrouvé spectateur et commentateur de l'action.

Même si Thomas avait posé l'ouvrage devant lui, il aurait pu aisément l'ignorer et opter pour un autre de son enfance. Il n'avait que l'embarras du choix entre les vacances avec son meilleur ami en Ardèche, le séjour avec sa mamie en Sicile, mais il avait gardé cet album. Se surprenant lui-même, il avait continué de tourner les pages, n'opposant aucun barrage aux souvenirs qui affluaient en lui au fur et à mesure que les photos défilaient. Il aurait pu stopper ce retour en arrière. Non, il aurait dû, et pourtant il ne l'avait pas fait. Il avait malencontreusement laissé son esprit errer au gré des images qui se présentaient à lui. Avait-il lui-même,inconsciemment, voulu retrouver ces photos ? Avait-il eu besoin,quelque part en lui, de retrouver un morceau de l'ancienne Julianne, une part d'un lointain eux ? Ou s'était-il niaisement laissé entraîner par l'ambiance nostalgique de la soirée ? Il n'en savait rien et ne préférait pas chercher, par peur de craindre et d'être un brin humilié par la vérité.

Symbolique d'un geste nerveux, il massa sa nuque, dans l'espoir de chasser toutes ces pensées de son esprit, étouffer ce trouble et priant pour retrouver un calme véritablement nécessaire. Il fallait qu'il soit plus fort et résistant à l'avenir, martela une voix dans sa tête.

Il récupéra son bol de fraises qu'il avait posé sur la table et relevant la tête, une cuillère dans la bouche, remarqua que ses grands-parents n'étaient plus dans le salon. Seul Thomas était toujours assis à côté de lui et le dévisageait, le plat de fraises sur les genoux.

« - Tu as compris, maintenant ? Questionna le brun en reposant le récipient vide sur la table.

- Quoi donc ? Questionna Isaac en se tournant vers lui.

- Julianne Davis fait partie de ton passé et toutes les photographies d'elle dans ces albums, fit Thomas en désignant les ouvrages posés sur la table basse, sont une preuve irréfutable si tu as encore du mal à l'admettre. »

Isaac pouffa de rire face à la remarque de son meilleur ami.

« - Arrête Isaac, souffla-t-il en secouant la tête. »

Il sonda le visage de ce Thomas qui avait l'air de lui en vouloir. Il plissa les yeux ne comprenant pas ce soudain changement de ton et d'humeur. Qu'avait-il fait ou dit de mal à son encontre ou à celle de Julianne dans les minutes qui venaient de s'écouler ?

« - Tu comprends donc rien ? Déplora-t-il en ancrant son regard dans le sien. »

Alors, Isaac réalisa. Il comprit où Thomas voulait en venir et il reconnut qu'il avait été idiot de ne pas s'y être attendu, alors qu'il avait été habitué à ses anciennes remarques. Dimanche.

« - Thomas, j'étais énervé..., expliqua-t-il en vain

- Est-ce que ça t'autorisait à lui balancé ça ? »

« - T'as jamais rien été pour moi, Davis, à part un jouet bien sûr. »

Thomas aurait dû s'imaginer qu'il répliquerait de la sorte,ramenant la jeune fille à son niveau. C'était la règle qu'il avait instauré et était persuadé qu'elle agissait pareil. Si elle le blessait alors il se devait de lui infliger le même sort. Cela avait toujours fonctionné ainsi entre eux. Isaac ne comprenait donc pas la réaction de son meilleur ami alors qu'il aurait pu lui-même prévoir qu'il réagirait de cette manière.

« - Vous êtes sortis ensemble ! Elle a été ta copine suite à ta demande ! Ces phrases on les utilise avant qu'une relation ne se concrétise pas des années après pour blesser l'autre ! lui reprocha-t-il en vrillant ses yeux aux siens.

- Et pourquoi pas après, hein ? Tu as vu comment elle a réagi ? Rétorqua-t-il. »

Il ne digérait toujours pas le comportement que la jeune fille avait adopté devant les étrangers du stade.

« - Et dans le cas de Julianne, tu n'avais pas à lui dire ça, Isaac, continua-t-il en n'écoutant guère les propos du brun. Tu as vu comment votre histoire a fini ?! Tu imagines l'état dans lequel elle devait être ! S'emporta le brun, visiblement mécontent.

- On en déjà parlé, Thomas, souffla-t-il en se massant le front, leurs discussions lui revenant en mémoire. Et puis tu sais bien que c'est elle qui a mis fin à l'histoire, pas moi, elle devait donc s'en être remise de tout ce bordel.

- Je te parle de la gifle, abruti ! »

La gifle. Il soupira bruyamment. C'était l'acte à ne pas mentionner, le mot à ne pas prononcer.

Il était fatigué, se sentait las de cette longue journée et de cette fin de soirée se révélant émotionnellement éreintante. Il ferma les yeux et rejeta la tête en arrière.

Cet emportement avait entraîné la dégringolade de leur relation.Apportant un changement brutal, une haine virulente et une rancœur profonde. Elle lui en voulait terriblement pour cet acte, il l'avait vu à l'époque dans son regard qu'il l'avait brisée. Encore aujourd'hui il le percevait dans ses grands yeux tristes et le ressentait dans l'atmosphère lorsqu'il se retrouvait à ses côtés.Cette gifle les avait renvoyés aux prémices de leur relation qui n'avait commencé qu'avec des regards noirs enrobés de dégoût et de répliques acerbes destinées à blesser l'autre.

Thomas lui avait dit à l'époque qu'il changeait la jeune fille,l'attirant vers un côté sombre qu'il ne lui connaissait pas. Julianne Davis n'avait jamais été ainsi. Et il lui avait répondu qu'il la tirait peut-être, mais qu'elle se laissait bien faire,ayant l'air d'y prendre plaisir, sinon pourquoi ne se serait-elle pas détournée de lui, l'ignorant tout simplement ? Il l'avait bousculée, avait chamboulé le cours de sa vie en apparaissant et elle s'était raccrochée à lui, plongeant ainsi tous les deux jusqu'à se noyer dans ce tourbillon infernal. Aucun des deux n'avaient pu imaginer ce qu'il s'était produit par la suite : lui qui finissait par s'attacher à elle et elle qui tombait amoureuse. L'unique « je t'aime » de Julianne, balancé tel un cri de désespoir qu'elle ne pouvait plus contenir avant qu'il ne s'envole pour les Etats-Unis, l'avait choqué. Même dans ses rêves les plus fous quoi qu'il ne rêvait jamais de la brune, il n'aurait jamais imaginé cet aveu, ne pensant nullement qu'elle soit aussi atteinte par ses jeux. N'étant pas amoureux d'elle, il n'avait jamais souhaité qu'elle le soit. Il était seulement intéressé par le trouble qu'il faisait naître en elle.

Mais, il fallait avouer qu'il avait été attendri et amusé par cette déclaration de dernière minute et s'était autorisé une dernière étreinte avant de quitter le pays. La suite de leur relation n'avait été que désastre et la gifle venait l'affirmer et le renforcer tout en balayant en un coup de vent leur vécu et laissant à tout jamais des souvenirs amers et des espoirs mort-nés.La jeune fille mettait fin à leur pseudo-couple et lui détruisait tout en adoptant sous le coup de l'émotion un geste douloureux,regrettable.

Il déglutit difficilement, la gorge dorénavant sèche et les nerfs légèrement à bout. Il se sentait faible, mentalement, physiquement, et il n'aimait pas cela. Il n'aimait pas cela du tout.

« - On sait tous que tu ne comptes pas t'excuser, déplora Thomas en se remettant droit, mais tu pourrais au moins éviter de lui rappeler le passé et d'être bas. T'es censé avoir grandi Isaac...Tu peux continuer à jouer mais cesse de te comporter comme un gamin face à Juli. »

Les mots de Thomas le dérangèrent et le piquèrent plus qu'il ne voulait l'admettre. Thomas n'intervenait que très peu dans leurs rapports, considérant que ça ne concernait qu'eux. Isaac lui avait toujours été reconnaissant de demeurer à l'écart de leur relation. Le brun ne s'était exprimé qu'après leur rupture lorsqu'il avait appris pour la gifle.

En dépit du fait que Thomas n'avait pas tort, il refusait de lui donner raison et par dessus-tout il n'appréciait guère qu'on le positionne en fautif face à Julianne. Ces mots et cette place lui déplaisaient fortement lorsqu'ils venaient de son meilleur ami ou de Rosalie. Cette dernière lui avait maintes fois répété que son comportement avait été honteux, guère représentatif de son éducation avant qu'Isaac ne lui intime de ne plus parler de Julianne Davis devant ou avec lui. Rosalie avait été étonnée et sans doute blessée mais il avait grandement besoin de ce silence réparateur,du moins il l'espérait.

C'était un fichu problème d'orgueil, il le savait parfaitement. Il avait été en tort, n'étant pas idiot et inhumain à ce point, mais n'acceptait nullement qu'on le lui rappelle à chaque fois qu'il décidait de répliquer pour une seule raison. Se protéger. Et il ne pouvait le faire qu'en attaquant Julianne sur son passé et la place qu'elle avait espéré, parce que c'étaient les seuls sujets sur lesquels il l'atteignait véritablement, les autres n'étant pas assez importants. Il devait la blesser là ou il y aurait des répercussions car lorsque la souffrance se manifestait, elle se devait d'être partagée. C'était la règle.

Alors, malgré les demandes de mamie et les rappels de Thomas, il n'avouerait pas à Julianne qu'il était en tort et qu'il n'aurait pas dû s'emporter de la sorte. Il aurait pu s'excuser devant n'importe qui, mais jamais devant Julianne Davis, dans aucune autre vie. O grand jamais il n'aurait posé genoux à terre, baissant la tête devant elle afin de lui présenter les excuses qu'elle attendait au fond d'elle, quoi qu'elle proclame à haute voix.

« - Tu avais dit que tu voulais seulement t'amuser avec elle et retrouver ce que vous étiez avant de sortir ensemble, lui rappela Thomas qui avait décidé de l'abattre à coup de photos et sermons,c'est pas en te comportant de la sorte que tu vas conserver celle que tu surnommes ton jouet. Si tu balances ce genre de phrases, tu peux être certain qu'elle ripostera et le jouet t'échappera définitivement des mains, Isaac.

- Elle restera à mes côtés, qu'elle le souhaite ou non. Je la laisserai pas partir, murmura-t-il se persuadant, quelque part,lui-même.

- Ne t'attends pas à ce qu'elle ne riposte pas à tes remarques. Julianne t'as toujours tenu tête dans n'importe quelle situation.

- Elle restera, répéta-t-il un peu plus fort. »

Il ne la laisserait pas partir, plus maintenant. Il désirait qu'elle reste à ses côtés, quoi qu'elle dise, quoi qu'il se passe entre eux, car il en avait besoin. Vraiment.

« - T'es obsédé par elle et effrayé à l'idée qu'elle puisses'éloigner de toi, vieux. Je crois que t'es fichu. »

A entendre Thomas, n'importe qui aurait pu croire qu'Isaac Evans était bon pour un court séjour en asile. Il secoua la tête et émit un léger rire.

« - Qu'est-ce-que tu racontes, Thomas ? Lâcha-t-il, surpris par ses paroles.

Elle t'as ôté toute raison. »

Isaac roula des yeux face au commentaire de son ami. Il n'avait nullement perdu sa raison et il allait le lui montrer en gardant Julianne près de lui, avec ses stratagèmes.

« - Combien de temps est-ce que tu comptes t'amuser ainsi, Isaac ?Jusqu'où allez-vous pouvoir le supporter, parce que je suis certain que dans quelques temps ça va prendre des proportions démesurées.»


Il y avait déjà pensé. Il s'attellerait à garder Julianne à ses côtés tant qu'il aurait besoin d'elle et de sa présence. Lorsque le manque ne se ferait plus ressentir, il s'éloignerait définitivement pour ne plus jamais revenir. Mais combien temps lui faudrait-il pour combler ce manque ? Il n'en savait rien et n'y songeait guère, s'intéressant seulement au moment présent.

« - Face à ton silence, j'imagine que toi-même tu le sais pas. Tues encore plus perdu que tu l'étais déjà à l'époque, vieux !Déplora-t-il comme s'il s'agissait d'un cas irrécupérable. Si je peux te donner un conseil, que je sais que tu n' appliqueras pas,essaye de ne pas être mauvais avec elle, pour changer, quand tu la reverras. »


Sur ces mots, Thomas se leva du canapé et entreprit de débarrasser la table, s'apprêtant à partir. Comprenant que son meilleur ami était déçu, Isaac l'imita en contournant les fauteuils pour déposer les albums sur la grande table en bois

« - Quant à moi, j'espère ne pas la revoir de sitôt, murmura-t-il pour lui-même, étant toujours énervé par le comportement que Julianne avait adopté Dimanche. »

Thomas revenait de la cuisine lorsque la sonnerie retentit. Isaac jeta un coup d'œil à sa montre qui affichait vingt-deux heures cinquante. Qui pouvait bien sonner chez les Alonzo à une heure tardive ?

Il se dirigea vers la porte d'entrée et l'ouvrit pour se figer sur le seuil. Son géniteur, Erwan Evans, se tenait sur le palier vêtu de son uniforme militaire, un sac de sport à la main.

« - Bonsoir, Isaac, salua-t-il en avançant d'un pas pour poser une main sur son épaule. »

Isaac continua de le toiser, les yeux parcourant ses traits similaires aux siens, l'air de se souvenir de leur dernière entrevue. Elle remontait à assez loin, cinq ou six mois plus tôt. Erwan Evans se déplaçait peu alors que sa base ne se trouvait qu'à cinq heures de route.

« - Papa, souffla-t-il en le voyant entrer dans le salon pour saluer Thomas qui l'accueillait avec un sourire auquel son père répondit.»

Il ne devait nullement être surpris par l'arrivée de son père. Une visite, après quelques mois d'absence, pour le renouvellement de vœux de ses beaux-parents était la moindre des choses pour Rosalie et Carlos. Mais le fait était qu'il s'attendait à le voir venir vendredi soir ou le samedi même de la cérémonie, pas avant. Pourquoi tout d'un coup ressentait-il le besoin de passer deux jours de plus avec cette famille qu'il ne côtoyait que peu ?

Isaac entreprit de refermer la porte tandis qu'un vent frais s'infiltrait dans la maison. En rejoignant Erwan et Thomas qui semblaient avoir entamé une discussion, une voix lui souffla qu'il n'avait vu aucune photo de son paternel dans les albums.


Comme je suis heureuse de vous retrouver après ces deux longues semaines de pause et travail acharné pour les partiels en vue. :) J'ai trois autres chapitres d'écrits que je posterai rapidement maintenant.

Comment avez-vous trouvé ce chapitre ? Je reconnais que nous sommes encore dans de l'analyse mais dans cette histoire, ce type de chapitre sont nécessaires autant que l'action pour entrer dans le cerveau de ses personnages torturés xD J'avais envie d'écrire sur tous les sentiments que ressent Isaac lorsqu'on parle de Julianne, quand on la mentionne ou quand il la voit. Ce n'est pas simple du tout. Il s'efforce de penser que seul le présent importe et qu'il n'a qu'à balayer le tout et le tour est joué. Parce que le passé est amer et qu'il en garde un mauvais souvenir. Pourtant tout n'est pas si simple et il va encore en faire les frais. Je souhaitais aussi aborder leur histoire de son pdv dans le sens où il n'avait pas voulu séduire Julianne, qu'il n'avait rien contrôlé dans la suite des événements. Je voulais parler de la rupture à travers ses yeux, exposer ses sentiments, sa frustration et aborder la gifle. Il ne compte pas s'excuser, Thomas le lui rappelle mais il déclare que c'est sous le coup de la colère qu'il a eu ce geste regrettable. Donc il regrette vraiment mais ça ne franchira pas tout de suite les barrières de ses lèvres ... ;) mais ça viendra bientôt.

En somme leur relation n'était que du silence et de l'indifférence mais ils ont tout de même tenu deux ans comme ça, preuve qu'au fond il y avait bien quelque chose à l'époque ;)

Ah oui, j'oubliais mon beau Erwan est de retour ! :*

J'espère qu'il vous aura plu tout de même, les prochains chapitres seront rapidement postés et promettent d'être long et riches en action. ;)

A très vite,

Fidèlement vôtre,

Miss-Key.



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