~~ Chapitre 16 ~~

Bonjour à tous ! Me voici pour le chapitre 16. Pensez à recharger la page avant de lire ce chapitre pour éviter les mots collés ;)

Je vous souhaite une bonne lecture :)

Chapitre Seize.

En ce dimanche ensoleillé, se tenant au pied des escaliers, Isaac Evans s'impatientait dans son salon. Il tapait du bout de sa basket blanche sur les lattes de bois massif, avec l'espoir de voir une Camélia descendre les marches. Il l'avait prévenue depuis une heure du rendez-vous programmé et cela faisait plus d'une vingtaine de minutes que la jeune fille s'était enfermée dans la chambre que Rosalie lui avait attribuée. Dan, Zach et Gabriel avaient convenu que tous les anciens membres de leur équipe du lycée allaient se retrouver au stade à seize heures. Isaac jeta un coup d'œil à sa montre, celle-ci affichait quinze heures cinquante-quatre.

Il était curieux de connaître la cause de l'enfermement de Camélia dans la pièce. Était-elle en train de papoter avec une amie ? Etait-elle en communication avec son père ? S'était-elle tout simplement endormie ? Isaac secoua la tête face à cette hypothèse qui ne tenait définitivement pas la route. Lorsqu'elle s'était levée pour rejoindre l'étage, Isaac l'avait informée qu'ils allaient bientôt quitter la maison.

Un rire s'éleva derrière lui et il se détourna pour dévisager Thomas qui était confortablement assis dans le fauteuil beige aux accoudoirs arrondis, une canette qu'il faisait tournoyer entre ses doigts.

« - Elle en met du temps, l'Américaine, remarqua-t-il en se levant.

- Tu as pas tort. Je me demande bien ce qui la retient depuis quinze minutes. Cette fille est un vrai escargot ...

- Escargot ou pas, c'est un beau spécimen que t'as dans tes filets, Evans, déclara Tomas en répondant au message d'un Zach impatient.

-Elle est pas dans mes filets, mais elle me veut dans les siens,corrigea-t-il.

-Pour ton séjour aux Etats-Unis j'avais compris, mais aujourd'hui qu'est-ce qui t'empêches d'essayer ? Lança-t-il avec une moue moqueuse. »

Question intéressante de la part de Guerrin. Qu'est-ce qui empêchait Isaac d'entamer de nouveau une relation avec Camélia ? Elle était douce et pleine de vie. Ajouté à cela, la demoiselle possédait un sourire éclatant qui ne laissait nul indifférent et un corps ferme qui attirait même les hommes les plus désintéressés par la silhouette féminine. Il aurait pu qualifier Camélia Parkinson de petite amie parfaite tant sur le plan qualitatif que physique et suivant les dires de Zach « C'est avec une belle femme qu'on fait de beaux gosses » il était persuadé d'avoir une belle descendance.

Il pouffa de rire en s'imaginant être le père des enfants de Camélia. Non pas que cette idée le répugnait mais il n'était pas intéressé, aussi belle Camélia soit-elle. Même à ses dix-sept ans, jamais il n'aurait imaginé être à ses côtés deux ou trois ans plus tard. S'il ne se voyait pas avec elle sur une courte durée qu'en serait-il de toute une vie ? Cette petite réflexion le ramena aux prémices de leur amitié et il se souvint des raisons qui les avaient poussées à transformer leur amitié en amitié câline.

Il avait connu Camélia Parkinson, cheffe des pom pom girls, avant même d'intégrer officiellement l'équipe des Black Eagles . Non pas qu'il s'y intéressait, mais c'était la nouvelle qui se répandait comme une traînée de poudre au début de l'année. Toutefois, c'était durant leur premier match, qu'ils avaient perdu, qu'il lui avait accordée l'attention qui lui revenait. Elle avait intercepté Isaac avant qu'il n'entre dans les vestiaires.

Avenante et peu gênée par le fait de bloquer le chemin, elle avait placé une main sur son épaule avant d'entamer son flot de paroles destiné à le débarrasser du poids de la défaite subie, dans leur propre territoire. Tout en accueillant ses encouragements bienveillants, regard ancré dans le sien, il avait déplacé sa main manucurée d'un mouvement d'épaule. Il s'était moqué de sa réaction, mais avait tout de même été surpris de réaliser qu'elle n'avait pas été choquée et n'avait pas non plus demandé ce qui clochait. Sans doute avait-elle récupéré quelques informations concernant le nouveau membre avant de se présenter. Lui signifiant d'un signe de tête qu'il avait compris et acceptait ses encouragements, il l'avait contournée et était rentré dans les locaux.

Le jeune homme avait fini par accepter sa présence et aimer son amitié. Le coach n'avait formulé aucune objection à sa fille quant à ses venues aux entraînements ni à ses intentions. Toutefois, il avait tenu à s'entretenir avec Isaac. Il lui avait avoué savoir ce que ressentait Camélia. Il n'était pas venu l'effrayer, le mettre en garde ou bien l'encourager, seulement imposer la condition suivante : Isaac pouvait avoir la relation qu'il souhaitait avec Camélia, allant du couple officiel aux simples partenaires de sport de chambre - expression du coach - car il avait conscience de leur âge et des désirs qui pouvaient les animer. Néanmoins, il avait la stricte interdiction de blesser Camélia et de lui faire verser ne serait-ce qu'une larme. Il lui laissait quartier libre sur la nature du lien qui les unirait mais s'attendait à un comportement irréprochable de la part du jeune homme sans quoi il connaîtrait la colère de Matthew Parkinson. Isaac avait été tenté de lui révéler que par respect pour son coach, il ne souhaitait pas entamer une quelconque histoire avec sa fille, mais Matthew s'y était clairement opposé. Il leur laissait la possibilité de vivre ce qu'ils désiraient expérimenter, la seule exigence étant l'absence de souffrance.

Face à cette pensée et à la liberté que son coach lui offrait, Isaac lui avait fait la promesse de ne jamais causer de peine à Camélia Parkinson, même s'il ne pourrait lui donner tout ce qu'elle espérait. Il avait acquiescé en lui disant que l'on n'obtenait pas toujours ce que l'on souhaitait dans la vie, mais qu'il attendait de son élève qu'il soit sincère et responsable avec sa fille.

Suite à cet échange, il voyait de plus en plus la brune et ils avaient basculé de simple amis aux amis tactiles. Il aimait la présence de Camélia à ses côtés, la voir l'encourager pendant les entraînements, croiser son regard confiant durant les affrontements. Il aimait sentir sa peau douce et chaude quand ils se retrouvaient seuls dans les vestiaires. Il aimait tout simplement l'affection qu'elle lui portait et le soutien qu'elle lui apportait.

Toujours était-il que tous ces points ne l'avaient pas poussé à entamer une relation officielle avec Camélia. Il lui avait expliqué son choix et elle avait été contrainte de l'accepter. Il avait été surpris et soulagé, il devait le reconnaître, lorsqu'elle avait répondu qu'elle acceptait n'importe quelle relation qu'il lui proposait tant qu'il restait avec elle. A cette révélation, il s'était juré à lui-même qu'il ne ferait jamais de peine à Camélia Parkinson. De ce fait, par respect pour les Parkinson, il n'avait pas voulu imposer son inexpérience amoureuse à la jeune fille, ne désirant nullement qu'elle subisse les frais de son ignorance et incompétence.

Il ne l'avait jamais mise au courant de cette promesse qui le liait à son père, lui assurant que la décision ne le concernait que lui. Au fur et à mesure de l'année, il avait compris de lui-même et de leur vécu, qu'au-delà de cette amitié et tendresse, il ne pouvait rien lui donner de plus. Malgré l'attirance physique de l'époque et qui demeurait encore aujourd'hui, elle n'était pas parvenue à allumer une étincelle d'un autre désir ou l'envie de la garder auprès de lui sous un tout autre titre que celui d'amie.

Voici les raisons qui le retenaient de ne pas entamer de nouveau une relation avec Camélia.

Une pression sur son avant-bras nu le fit ressortir des pensées dans lesquelles il s'était enfoncé. Il releva la tête pour croiser deux iris bleus familiers qui le toisaient avec un éclat d'amusement.

Camélia se tenait en face de lui, Thomas à ses côtés. Elle le regardait avec une moue mi-gênée mi-amusée. Elle était finalement sortie de sa chambre.

« - Allons-y, Isaac, proposa-t-elle en amorçant un pas vers la porte d'entrée. »

Il attrapa son poignet ornée de bracelets et la retint.

« - T'aurais pas oublié quelque chose, Parkinson ?Rappela-t-il en la contournant et se plaçant devant elle. »

A la lueur de ses yeux, il comprit qu'elle avait aussitôt saisi l'objet de son attente.

« - J'ai dit que j'étais désolée pendant que tu rêvais éveillé, lança-t-elle en récupérant le contrôle de son bras. Je cherchais un truc de fille dans mon sac.

-Un truc de fille ?! Et on peut savoir ce que c'était ton truc de fille ? Un mascara ? Un rose à lèvres ?Lâcha-t-il en passant la porte après Camélia et Thomas. »

Il la vit ouvrir la bouche et afficher une mine stupéfaite. Il inséra la clé dans la serrure et la tourna à deux reprises.

« - Vu que tu tiens tant à le savoir, idiot, c'était un tampon !»

Sous le ton et la révélation, il se figea une demi-seconde, la clé toujours imbriquée dans la serrure. Tandis qu'il mettait le trousseau dans la poche avant de son bas de sport gris, Thomas brisa le silence en se mettant à rire.

« - Vous êtes irrécupérables, tous les deux !S'esclaffa-t-il.

-Parle pour Evans, Thomas ! Rétorqua-t-elle en marchant devant eux. »

Isaac la vit s'éloigner à grands pas, vexée. Son ensemble noir et blanc qui ressemblait à ceux des tenniswoman, mettait en valeur sa silhouette élancée et féminine et dévoilait ses jambes interminables. Ses baskets blanches lui conféraient un air de petite fille qu'il se surprit à trouver mignon.

« - Pourquoi est-ce que tu ouvres la marche, Parkinson ? Tu sais même pas où est-ce que se trouve le stade ...

-Mais je sais au moins qu'il faut traverser toute ta ruelle avant !Rétorqua-t-elle en se retournant vers les garçons. »

Face à la vue d'une Camélia partagée entre l'envie de grogner et celle de sourire, Isaac pouffa de rire.

« - Cesse de m'en vouloir, Camy. On devrait déjà être au stade maintenant. En plus de ça, tu sais parfaitement que j'aime pas être en retard ... »

Elle attendit qu'ils la rejoignirent avant de lui répondre.

« - Et toi arrête de m'appeler Camy seulement pour m'amadouer, objecta-t-elle, ses lèvres se retroussant en un coin pendant qu'elle lui prenait le bras. »

Isaac et Camélia étaient ainsi : s'embrouillant un instant et reprenant celui d'après.

Il essaya de se libérer, sans forcer, mais elle affermit sa prise.Alors, il abandonna.

« - Elle te domine, mec, murmura Thomas.

- Tu sais pourquoi je la laisse faire, lui souffla-t-il. »

Le brun acquiesça, au courant de leur vécu et la promesse faîte à Matthew Parkinson. Ils traversèrent les quelques rues qui les séparaient du stade, longeant les pavillons mantais, sous le Ciel d'un bleu clair. Emprunter ce chemin à pied ravivait les souvenirs de cette période. Il se sentait transporter dans le passé. Il se revoyait allant au lycée, tôt le matin, son sac sur le dos, il se revoyait attendant ses amis devant leur salle de classe au moment des pauses. Il se souvenait de ses premiers pas sur le terrain et l'adrénaline parcourant ses veines, de ses premiers touchdowns offerts à l'équipe et la joie qui l'avait animé. C'était sur ces pensées qu'il parvint au stade. Dan, Zach et Gabriel ainsi que d'autres anciens coéquipiers étaient présents. Isaac et Thomas allaient les rejoindre lorsque Camélia se mit à sautiller sur place. Ils s'arrêtèrent et pivotèrent leur visage vers la brune.

« - Julianne ! S'exclama-t-elle. J'espérais te retrouver aujourd'hui ! »

A ce nom, Isaac promena son regard sur la pelouse à la recherche de celle qui le portait. Il finit par la trouver assise à côté deZach.

« - Tu aurais pu mettre ta jalousie de côté et me dire que Julianne serait là, Evans ! reprocha Camélia, un sourire en coin, avant de se rapprocher de la brune.

- J'aurais peut-être dû le savoir moi aussi avant de t'en faire part, non ? Murmura-t-il en voyant Julianne s'approcher de Camélia, visiblement heureuse. »

A ses côtés, Thomas sourit, partageant l'état de Julianne.

« - Et bien, je dirais qu'on vient de faire un saut dans le passé.On retrouve toute la bande et même notre Davis ! »

Isaac acquiesça en analysant les retrouvailles qui se déroulaient sous ses yeux. Camélia embrassa Julianne sur les deux joues avant que cette dernière ne l'entraîne vers les autres. Malgré, la présence de Camélia, ils venaient définitivement de faire un saut dans le temps. Davis le marquait d'autant plus. Il était curieux d'apprendre quel gars avait bien pu la prévenir et l'inviter à ce rendez-vous où ne figuraient que des hommes.

«- C'est Zach. Regarde-le, parce que Davis est là, il est aux anges. D'ailleurs, elle paraît bien se porter maintenant.

- Je me doutais bien que Zach devait être derrière le coup. Mais j'arrive pas à comprendre ce qu'elle fait là .. Elle était pas amie avec les gars de l'équipe que je sache ..

- Tu rigoles, mec ? Davis était amie avec tout le monde et tous les gars te diront que Julianne est une fille géniale. »

Il la vit présenter Camélia aux coéquipiers présents. L'Américaine serra chaleureusement toutes les mains tendues et il l'entendit dire qu'elle était une amie de Julianne et Isaac. Pendant ce temps, Julianne se tenait un peu en retrait, permettant à Camélia de faire la connaissance de chacun. Gabriel et Dan quittèrent Camélia pour s'intéresser de nouveau à la jeune fille.

« - Tout le monde aime Julianne Davis, Isaac. »

Dès qu'ils se rapprochèrent d'elle, Dan fit une blague qui déclencha un fou rire chez Julianne et Gabriel. Elle rit en mettant une main sur l'épaule du jeune homme. Face à cette scène, Isaac se remémora les récents événements et acquiesça aux paroles de Thomas. La jeune fille semblait effectivement mieux se porter que le vendredi dernier où elle s'était rendue à la Seine. La crise avec son coréen s'était-elle terminée sur une note positive ? En détaillant les traits apaisés de Julianne et son visage rayonnant, il devait se rendre à l'évidence. Tae Kim et Julianne s'étaient bel et bien réconciliés. Avait-il fait part de sa rencontre avec Isaac à la jeune fille ? Il était persuadé de le découvrir très prochainement...

« - J'ai raté une étape, mec. Depuis quand Julianne et Camélia sont aussi proches ? Depuis quand elles se connaissent, au fait ? Demanda Thomas, désemparé face à ce qu'il voyait. »

Camélia s'était rapprochée de Julianne et avait posé un bras autour de ses épaules, resserrant le cercle d'amis autour d'elles.

« - Elle se sont vues une seule fois à Saint-Lazare, lui apprit  Isaac en entreprenant de franchir la distance qui le séparait des autres.

- Une ? T'es sûr, Evans ? Elles ont l'air de se connaîtredepuis longtemps ces deux-là !

-Une seule. Peut-être que c'est le charme de Davis qui a fait tourner la tête de Parkinson, proposa-t-il.

-Parce que tu reconnais son charme, maintenant ? lâcha Thomas,un sourire moqueur aux lèvres.

- C'est une expression, enfoiré. »

Ils atteignirent les garde-corps délimitant les tribunes de la pelouse, leurs pieds foulant de nouveau ce gazon qu'ils connaissaient bien. Tout le monde les accueillit avec enthousiasme, serrant les poignes par-ci, accolades viriles par-là. Isaac était tout bonnement ravi de retrouver ses anciens coéquipiers. Lorsque le tour fut venu à Julianne, elle dévisagea la main tendue puis après un regard indifférent pour Isaac et Thomas, elle détourna la tête. Thomas s'étonna de cette réaction tandis que les lèvres d'Isaac se retroussait en un coin.

Il entreprit de discuter avec les membres présents. Le contact avait perduré avec certains, tandis qu'il revoyait d'autres après une longue période. Leur visage et leurs sourires faisaient remonter des souvenirs lointains. Après s'être enquis de la santé et de la situation de tous, la discussion vira rapidement au football américain, lien puissant qui les liait encore aujourd'hui.

Il revivait en quelques secondes l'ascenseur émotionnel qu'avait été le temps passé à s'entraîner sur cette pelouse. Déception, fierté, tristesse, bonheur, passion et dévotion, voici les états d'âme qui définissaient leurs entraînements et leurs matchs. Ils s'étaient entraînés durement, vivant sport, dormant sport et respirant sport durant les cinq années passées au lycée. Ils avaient été une équipe, ils avaient été une famille. Ils avaient tissé des liens fraternels durant les soirées joyeuses après une victoire et celles qui suivaient une défaite. Ils avaient été entraînés, formés pour être une seule même personne. Le cerveau et le corps ne faisaient plus qu'un.

En les écoutant échanger, en voyant leurs traits s'illuminer au fil des mots et souvenirs, Isaac se permit un sourire, le cœur vibrant d'émotions. Il se remémora les titres qu'ils avaient conquis au prix de la sueur et leur mental d'acier. Ils avaient franchi ce qu'il leur paraissait infranchissable et réussi l'impensable pour le lycée de Mantes-la-Jolie. Tout cela était dû aux efforts acharnés de ses coéquipiers et à la volonté de leur entraîneur, qui avait souhaité leur faire partager sa passion pour le ballon ovale.

Il ressentit un léger coup au niveau du bras et pivota sa tête vers un Thomas qui attirait son attention sur une scène. Il suivit la trajectoire de ses yeux et finit par tomber sur une Julianne qui dribblait un Gabriel impressionné. Isaac ne le fut pas. Il avait maintes fois assisté au spectacle qu'était Davis sur un terrain. Elle n'était pas très douée mais elle parvenait à ne pas se ridiculiser. Les bras légèrement écartés, la tête relevée, elle tentait de garder la balle proche d'elle tout en fixant les hanches de Gabriel pour pouvoir anticiper la direction que ce dernier allait prendre pour récupérer le ballon.

« - Elle s'en sort bien ! complimenta Thomas en hochant la tête, visiblement ébahi par les capacités de Julianne.

- Je l'avais déjà vue jouer. Mais je reconnais qu'elle a progressé depuis. »

Thomas quitta le cercle qui ne parlait que du ballon ovale et se rapprocha de ceux qui s'intéressaient au ballon rond. Isaac l'imita et se plaça derrière Julianne, à deux pas de l'endroit où elle se trouvait. Sans nulle gêne, les mains enfoncées dans les poches, il détailla sa tenue. Il remarqua qu'elle avait mis au placard tous ses pantalons moulants et ses sweats à capuche qui avaient fait selon Zach le charme de Julianne au lycée parce qu'elle y apportait sa touche féminine. Elle ne portait que rarement des robes ou des jupes à l'époque, non pas qu'il faisait à l'époque une fixette sur ses habits mais il en gardait des souvenirs tout comme chaque individu remarquait le style vestimentaire des autres au bout d'une certaine période.

Cette fois-ci, elle était vêtue d'une robe bleue marine à pois blancs qui retombait au bas de ses cuisses et qui révélait ses épaules et clavicules. Ses cheveux étaient lâchés mais deux mèches étaient jointes à l'arrière par une petite pince bleue nuit représentant un papillon. Il fit glisser ses yeux et s'attarda sur les jambes galbées de la jeune fille. Il avait toujours aimé regarder ses jolis mollets et la finesse de ses chevilles. Il se remémora cette fois où il l'avait faite tomber sur le carré d'herbe qui encerclait leur bâtiment de prépa. Elle s'était retenue comme elle pouvait pour ne s'étaler de tout son long et avait amorti le choc en agrippant l'herbe. Relevant la tête, le regard fou et une insulte aux lèvres, elle l'avait toisé avec la fureur qui la caractérisait. Amusé, à moitié fasciné par le phénomène Davis qu'il avait en face de lui, il avait posé un genou à terre et avait empoigné ses chevilles dénudées par son jean retroussé. Il l'avait vue se figer puis se reprendre aussitôt et le questionner du regard. Il se souvenait avoir souri comme un idiot devant son front plissé puis il l'avait faite glisser d'un coup vers lui. Elle avait écarquillé les yeux lorsqu'elle avait senti qu'il lui avait caressé la peau des jambes. A vrai dire, ce geste n'avait pas été calculé, il s'était lui-même surpris en promenant ses doigts sur la partie. découverte, comme si son corps avait agi par lui-même. Et avait été encore plus étonné lorsque sa main s'était faufilée dans la chevelure ondulée de Julianne et qu'il avait murmuré, regards liés, un « Trop docile, Davis » avant de déposer un baiser au coin de sa bouche. Puis devant son regard hagard, pris d'une de ses habituelles pulsion il avait capturé ses lèvres.

Embrasser Davis ne l'avait jamais dérangé, au contraire cela lui avait toujours plu, non pas parce qu'il était attiré par elle, l'attirance n'avait rien à avoir là-dedans. Ceci était seulement dû au jeu qui le guettait et l'envie de la soumettre qui le tenaillait tout le temps. Et pour ce faire il aimait utiliser les mots et parfois sa langue pour la dominer totalement. Parce que dans cette position, asservie, Julianne Davis l'était. Elle avait toujours eu cette manie de le repousser en plaçant ses mains sur son torse puis lorsqu'elle n'en pouvait plus, à bout de force ou trop enivrée par l'effet qu'Isaac lui faisait, elle se laissait aller et répondait à l'appel en agrippant ses épaules puis sa nuque et enfin ses cheveux. Et il fallait avouer qu'il aimait cela. Non, il adorait cela. C'était délicieux tout bonnement exaltant. Surprendre Davis était excitant et la placer face à ses désirs était capiteux.

Un mouvement le fit émerger de ses songes, Thomas s'était mis en face d'elle, tandis que Gabriel reculait. Elle se mit à jongler avec la balle, impressionnant d'autant plus le brun qui s'était posté devant elle et qui la toisait, égayé.

« - Douée, dis donc ! Tu aurais pu me le dire à l'époque, Julianne, reprocha Thomas en lui faisant signe de lui passer la balle.

- Je n'étais pas obligée de partager quoi que ce soit avec toi, Guerrin, lui opposa-t-elle calmement, en la lui laissant. »

Thomas la reçut et la bloqua sous la plante de son pied. Puis il releva la tête pour toiser Julianne qui le regardait, détachée.

« - Qu'est-ce qu'il t'arrive, Julianne ? Pourquoi est-ce que tu es distante et cassante ? demanda-t-il.»

Il se rapprocha d'elle, visiblement surpris et sans doute un brin vexé, Isaac n'aurait su le dire. Ce dernier se déplaça pour se mettre à leur hauteur, ses iris noirs ravis couvant la jeune fille. Julianne lui jeta un bref coup d'oeil avant de reporter son attention sur le brun qui lui faisait face, à quelques pas d'elle et la surmontait de deux têtes. Malgré sa taille, Thomas paraissait être dominé par Julianne. Il semblait désemparé par rapport au regard teinté de reproche qu'elle dardait sur lui, en dépit de l'indifférence qu'elle souhaitait afficher.

Il comprit à la lueur de ses yeux bruns qu'elle avait appris pour leur rencontre avec Tae Kim et qu'elle leur en voulait certainement pour l'avoir interpellé.

« - J'ai pas de compte à te rendre, Guerrin, rétorqua-t-elle, l'ambre défiant l'azur.

-Thomas, imposa-t-il d'une voix ferme.

- Guerrin, répliqua-t-elle sans appel, le provoquant.

- Qu'est-ce qu'il t'es arrivé, Juli ? Abandonna-t-il, reconnaissant sa défaite. Je sais que ça fait un moment qu'on s'est pas vu et je suis pas venu prendre de tes nouvelles mais ...

-Ça n'a n'a rien à avoir, le coupa-t-elle. Tu es l'ami d'Evans et pas le mien. Et j'ai bien vu qu'il avait déteint sur toi, Thomas, déplora-t-elle en ignorant toujours Isaac qui se trouvait maintenant à côté d'elle. »

Thomas écarquilla les yeux face aux paroles de Julianne. Il ne semblait pas saisir la pensée de la jeune fille.

« - Je t'arrête tout de suite, Juli. J'ai beau être son ami, je ressemble pas à cet idiot, avoua-t-il en secouant la tête de gauche à droite.

-Permets moi de rire ...

- Si tout ça est lié à notre entrevue avec Kim, c'était l'initiative d'Isaac, pas la mienne. Je le connaissais même pas, se défendit-il en posant une main sur l'épaule dénudée de la jeune fille. »

Isaac vit que Julianne ne repoussa pas l'initiative de son ami. Elle laissa ses pupilles se fondre dans celles de Thomas et sonda son visage avec l'intention de démêler le vrai du faux.

« - Et ta participation ? On est doux avec Davis, hein ? J'ai toujours cherché votre douceur, bande d'idiots finis !Lança-t-elle à son encontre d'une voix où pointait le désespoir.»

Thomas se permit un léger sourire qui détendit ses traits. Puis il posa la main qui reposait sur l'épaule de Julianne, sur la joue de cette dernière. Les sourcils d'Isaac se froncèrent face à cette vue. Depuis quand Thomas était-il aussi proche de Julianne ? De nouveau, elle accepta cette démarche.

« - Solidarité masculine, Juli, tu le sais bien. Je vais pas enfoncer Isaac devant quelqu'un d'autre, avoua-t-il en caressant sa pommette. Mais devant toi, je le fais et tu le sais ça. »

Isaac haussa un sourcil et les dévisagea tous les deux, surpris par les paroles de Thomas. Il le fut d'autant plus lorsque Julianne acquiesça et se permit un sourire. Puis, sans crier gare elle enlaça le brun et l'étreignit avec force, comme si elle avait besoin de sa présence et de son toucher, voulant éradiquer une pensée épineuse ou un souvenir douloureux. Cette scène lui rappela vaguement quelques autres qui s'étaient déroulées au lycée. Thomas fut pris de court par l'initiative de la brune et après un regard surpris pour Isaac, il resserra ses bras autour du dos de Julianne comme si ce contact lui avait aussi manqué.

Isaac se sentit soudain fatigué et de trop devant cette vue pathétique.

« - J'ai eu peur Thomas que les ténèbres qui rongent Isaac t'aient atteint toi aussi, se confia-t-elle en reculant. »

Isaac fut scandalisé par ces propos. Depuis quand était-il aussi noir que le dépeignait Julianne ? Et depuis quand des ténèbres le dévoraient-ils ?

« - Je te demande pardon, Davis ? Lança-t-il en posant sa paume sur son épaule et en l'arrachant à Thomas. »

Elle repoussa sèchement sa main et le foudroya.

« - Oui tu devrais, Evans. Mais j'en ai que faire de ton pardon maintenant, décréta-t-elle d'une voix directe. »

Elle se retourna pour lui faire face et il retrouva sa Julianne du lycée. Regard flamboyant, front plissé, elle était la même. Les pupilles noires d'Isaac furent attirées par le grain de beauté qui reposait fièrement au-dessus, sur le côté gauche, de sa lèvre supérieur et il se demanda si elle le repousserait tout court ou si elle céderait comme avant s'il en venait à l'embrasser seulement pour la faire rager ? Leur dernier baiser dans sa cuisine après qu'elle lui avait fait goûté son riz pimenté, quoi que celui-ci n'en était pas véritablement un, ne lui avait apportait et ne lui prouvait rien. Il avait seulement souhaité se venger et lui faire connaître l'horrible goût salé-piquant qu'il avait eu dans la bouche. Il avait agi sans vraiment réfléchir simplement préoccupé par la volonté de la faire taire en la ramenant à son niveau. Malgré le fait que cette réflexion et cette envie n'avaient véritablement pas lieu d'être au vu de leur relation et des dernières paroles qu'il lui avait adressée, cette question l'amusa franchement.

Il s'attarda sur chacun de ses traits, habitude qu'il avait prise depuis bien longtemps dans l'unique but de la mettre mal à l'aise parce qu'à l'époque, Julianne l'était tout le temps lorsque la distance entre eux s'effaçait. La proximité physique la rendait nerveuse, elle avait toujours ce même regard à la fois un peu perdu et interrogateur pour démêler les intentions d'Isaac. Elle souhaitait le contrer tout en faisant marche arrière, consciemment ou inconsciemment. Et cette nervosité aujourd'hui encore était présente. Il se souvenait de cette scène à la gare de Mantes où il l'avait enjointe à reculer afin que son dos rencontre le mur, pour ainsi la tenir prisonnière entre son corps et la construction. Elle avait agi de la même manière qu'au lycée. Elle avait essayé de lutter puis lorsque leur corps s'étaient retrouvés trop proche, elle avait abandonné et ses yeux s'étaient fermés tout seul, dans l'attente d'une suite. Un acte ou une parole, mais il optait encore aujourd'hui pour la croyance ou l'espoir d'un baiser. Le souvenir de l'agissement de la jeune fille alluma le désir d'exploiter cette thèse de l'attirance physique qu'il pouvait toujours faire naître en elle et qu'il avait assez mis de côté. Après les paroles mises en œuvre suite aux rouages du cerveau, le temps était venu de laisser place à l'expression et à l'écoute du corps, parce que celui de Julianne semblait révéler certaines informations qui intéressaient grandement Isaac Evans. Bientôt, il s'attellerait à étudier de très près ce cas chéri, même s'il pensait avoir toujours de l'influence sur la petite Julianne Davis, mais à l'heure actuelle il ne pouvait en avoir la certitude.

Il permit à ses prunelles gourmandes de se nourrir de cette vue et admit qu'elle était mignonne avec sa frange et sa petite robe bleue. Pas aussi belle que Camélia, mais elle était plaisante à regarder. Il l'avait toujours pensé sans jamais vraiment l'admettre et sans le lui avouer, évidement. Pour rien au monde il n'aurait confié à Davis qu'il la trouvait jolie avec ses grands yeux malicieux et son sourire éclatant, préférant s'évertuer à lui démontrer qu'il la trouvait sans intérêt.

Il laissa ses iris se fondre dans les siens et lut dans son regard un nouveau sentiment, telle une sorte de détermination qu'il ne lui connaissait pas.

Ses yeux mordorés brillaient d'un éclat inhabituel. Il reconnut qu'il éprouvait une envie brûlante de savoir ce qui se cachait derrière ce scintillement. Quelle était la raison qui avait poussé Julianne à ne plus désirer, à ne plus attendre des excuses, qui ne viendraient jamais ? Et quelle était la cause de cette détermination ? Qu'espérait-elle ? Et pourquoi cela semblait-il le concerner ? Par-dessus l'épaule de Julianne, il jeta un coup d'œil à Thomas qui les observait, intrigué et amusé, comme d'habitude. D'un furtif signe de tête, il lui fit comprendre de le laisser avec Davis. Il acquiesça et s'éloigna d'eux. Lorsqu'il se retrouvèrent seuls, Isaac se rapprocha de sa proie favorite.

« - Tu fais bien, Davis, la conseilla-t-il, un sourire narquois retroussant le coin de sa bouche. Dis-moi, comment va Tae Kim depuis samedi ? Il a certainement dû courir te dire qu'il m'avait vu.»

La jeune fille arbora une moue dégoûtée, les sourcils et le nez froncés lui témoignant ainsi tout le ressentiment qu'elle lui portait. Bon sang, qu'il chérissait cette vue ! Ils se dévisagèrent quelques secondes en chien de faïence.

« - Pour ta fausse inquiétude, sache qu'il se porte bien. Et oui, j'ai appris pour votre petite entrevue. Mais tu souhaitais que je l'apprenne. Admets-le Isaac, sinon tu ne m'aurais pas mentionnée, contra-t-elle en croisant ses bras sur sa poitrine. »

Il concéda à Davis qu'elle marquait des points. Elle s'était attendue au fait qu'il allait s'empresser de parler à Tae Kim dès qu'il le croiserait quand elle ne serait pas dans les parages. Elle n'avait pas eu tort. Il l'avait bel et bien fait. Il avait eu envie de voir, de près, à quoi ressemblait ce cher coréen qui semblait compter pour elle. Il était curieux de savoir quels étaient les principes qui animaient Tae Kim et quel était le degré d'affection qu'il portait à Julianne. Et bien sûr, il avait désiré apprendre quelle était la raison du mal qui semblait les affecter et découvrir si il ne les concernait qu'eux. Il avait eu toutes les réponses à ses interrogations en un seul coup. Ce coup d'essai valait un coup de maître, il fallait le reconnaître.

« - Je savais d'avance qu'il allait te le rapporter. Et je t'avoue que je désespérais qu'il te le dise. »

Cet Asiatique s'était dépêché, il en était certain, d'aller se réconcilier avec Julianne pour pouvoir lui faire part des paroles fielleuses d'Isaac. C'était ce qu'il souhaitait et ce coréen était bêtement tombé dans son piège. Le but était de prouver à Julianne après le lui avoir dit qu'elle était toujours son jouet et faire comprendre à son ami qu'il pouvait tenter ce qu'il souhaitait pour effacer son emprise sur Julianne, mais qu'il n'y parviendrait jamais. Il devait admettre qu'il ne pensait pas revoir Tae Kim de sitôt, mais avait été positivement surpris de le retrouver sur les quais de Saint-Lazare le samedi après-midi, après avoir vu Julianne la veille. Le temps l'avait soutenu d'un grand sourire en lui offrant cette possibilité et celle qu'il lui offrait aujourd'hui. Julianne Davis et Isaac Evans se retrouvaient sur leur terrain d'affrontement, avec cette même envie dévorante de torturer l'autre.

« - Tu comprends maintenant, Davis, qu'on est revenu sur notre terre. Et à la lueur de tes yeux, je peux te dire que rien n'a changé.T'es la même Julianne qui a envie de me secouer comme un platane et je suis le même Isaac qui a envie de t'embêter. On n' a pas avancé d'un pas, malgré le temps qui s'est écoulé depuis nos années de prépas. Même la manière dont on a mis fin à notre pseudo-couple n'a pas réussi à nous changer. T'es toujours là en colère et moi amusé.»

La tête légèrement baissée, elle accueillit ses remarques en silence et sembla y réfléchir. Il tenait à lire de la surprise sur ses traits, face aux révélations qu'il venait de lui faire. Il voulait la voir digérer ce qu'il lui avait administré et assister à la réflexion qui se lirait sur son visage. Il souhaitait découvrir sa stupéfaction tandis qu'elle se rendrait compte qu'elle se laissait toujours manipuler par Isaac, qu'il avait toujours une longueur d'avance par rapport à elle et qu'il parvenait toujours à ses fins. Mais il n'y lut rien. Ses yeux n'exprimaient rien tandis que la façade était froide et fermée telle une prison. Il en déduit qu'elle avait camouflé son trouble en affichant une expression indifférente. Ce qu'il avait espéré ne s'était pas produit, mais il devait se rendre à l'évidence. Il aimait voir les choses se compliquer. Et cette Julianne qui ne se laissait guère faire ni ne dévoilait ses émotions lui plaisait.

« - On n'a pas avancé parce que tu souhaites qu'on reste ainsi. Tu ne veux pas que je t'échappe, Isaac. Tu souhaites jouer avec moi et te persuader que tu y arrives encore, énuméra-t-elle, les yeux cachés par sa frange épaisse. »

Il sourit face à cet énoncé. Il était clair qu'il ne souhaitait pas se départir de l'emprise qu'il avait sur Davis et il espérait la garder, encore et encore. Elle releva soudain la tête et reprit la parole.

« - Mais dis-moi, Evans, pourquoi est-ce que tu souhaites qu'on reste ainsi ? Pourquoi est-ce que t'oublies pas ce jeu ? Pourquoi est-ce que tu tournes pas la page après tout ce temps ? »

Des nuages sombres étaient venus obscurcir le voile bleu qui s'étendait au dessus d'eux, emportant ainsi la lumière et les quelques rayons de chaleur que l'astre solaire daignait leur offrir. Un vent frais fit tanguer les hautes branches des arbres qui les encerclaient et balaya le stade faisant frissonner le jeune homme qui se reprit tout de même rapidement.

« - Je ne veux pas me séparer de l'emprise que j'ai sur toi, Davis. Voilà tout. »

Il venait de lui avouer, d'une manière certes déguisée, qu'il ne la laisserait pas partir. Il aimait ce jeu, il aimait la domination qu'il exerçait sur son brave petit jouet. Le but étant de la mettre au courant qu'il n'abandonnerait pas, tout en évitant la vérité. Jamais Julianne Davis ne devait s'imaginer qu'il s'était attaché à elle d'une quelconque manière ou qu'elle avait manqué à Isaac Evans.

« - Et pourquoi donc ? Est-ce qu'à travers ce jeu tu t'es attaché à moi, Isaac ? »

Lui qui ne flanchait jamais, cilla à cet instant. Le temps sembla ralentir autour d'eux comme si ce dernier souhaitait marquer le moment et donner plus de poids aux paroles prononcées. En temps normal, Julianne aurait dû s'emporter, l'insulter de tous les noms, bondir sur lui et le frapper avec ses petits poings parce que ce type de phrase incluant la domination la mettait hors d'elle, la faisant rugir comme une lionne. Elle aurait dû être furieuse et triste à la fois, mais aucunement réagir de la sorte. Comment diable pouvait-elle imaginer cela ? Comment diable pouvait-elle être aussi posée et sereine ? Le pensait-elle depuis un moment ?Ou cette idée venait tout juste de naître dans son esprit ? Il n'aimait pas l'océan calme de ses yeux, il le préférait troublé et agité. Parce qu'ainsi elle était plus facilement manipulable et il pouvait aisément s'amuser avec elle. Tandis que la Julianne, à la fois détachée et intéressée, qui lui faisait face, tentait de le dominer et elle le parvenait avec ce type de propos. Cette domination, il n'en voulait pas. Il n'en voulait plus. Il essaya de reprendre le contrôle de la situation avant qu'il ne le perde, définitivement.

« - Qu'est-ce que ...

- Es-tu revenu parce que je te manquais Isaac ? »

Elle l'attaqua de nouveau, impitoyable avec cette affirmation déguisée en question qui était criante de vérité. Il lui sembla qu'elle venait de lui verser un bac d'eau glacé sur le crâne. Son corps se refroidissait alors que son sang se glaçait dans ses veines. Son cœur se mit à battre à un rythme effréné, les battements devenant douloureux. Ses membres s'alourdirent et il crut pendant une seconde que ses jambes allaient réaliser un mouvement de recul. Il se sentit impuissant. Les mots de Julianne résonnaient en lui, se cognant, rebondissant contre les parois de son cerveau. Comment pouvait-elle songer un instant qu'elle lui avait manqué ? Comment pouvait-elle croire en cette nouvelle idée? Il ne lui avait auparavant montré aucune trace d'attachement ou de quelconque amitié qui laisserait entendre qu'elle aurait pu lui laisser une marque sur lui, en lui. Il en était certain. Elle ne devait pas. Nullement.

Les prunelles ambres semblaient constater les effets du tremblement de terre qu'elle venait de faire naître. Il fallait qu'il se reprenne. Et c'était ce qu'il fit. Il ferma les paupières un instant, laissant la volonté faire son travail et ses traits se firent de nouveau impénétrables.

« - Tu te trompes ...»

Mais le reste de sa phrase fut engloutie par la voix de Thomas qui attirait son attention.

« - Isaac ! Ces gars te demandent. »

Son regard était toujours lié aux prunelles mordorées, puis, lentement il s'arracha à cette contemplation et pivota sa tête vers les tribunes. A côté de Thomas, Zach et Daniel, se tenaient deux hommes. L'un était bâti à l'image d'Isaac, une stature imposante avoisinant le mètre quatre-vingt-cinq tandis que l'autre était moins grand. Tout aurait pu paraître anodin, s'il n'avait pas reçu de la part du petit un sourire un peu joueur.

Voilà Voilà pour le chapitre seize. J'espère qu'il vous aura plu :) Alors ( pour changer hein ;) ) on a toujours un Isaac gamin et amusé face à une Julianne qui parait sûre d'elle et calme. Isaac reste le même, obsédé par le jeu et par une Julianne soumise tandis qu'elle a changé. J'ai essayé d'insérer des souvenirs de leurs années lycée pour voir leur relation du pdv d'Isaac. J'en ajouterai d'autres par la suite.
Lui ne s'en rend pas compte pour l'instant mais la discussion de TK et Julianne a permis à cette dernière d'ouvrir de reprendre du poil de la bête ! Julianne parait inébranlable tandis qu'Isaac est moins sûr de lui tout à coup. Ça fait du bien de le voir comme ça :D
Le chapitre 17 apportera son lot de péripéties et j'essaierai de poster le chapitre 18 rapidement parce que les deux sont liés.
Sur ces mots je vous dis à bientôt,
Fidèlement vôtre,
Miss-Key.


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