~~ Chapitre 13 ~~

Bonjour à toutes ! J'espère que vous vous portez bien, et que vous avez toutes passé une bonne rentrée ^^ Me voici avec le chapitre 13, j'espère que vous l'attendiez. Pardonnez l'attente, Il est arrivé après trois mois, mais mieux vaut tard que jamais, pas vrai ? :p

Je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vraiment qu'il vous plaira ~~

Julianne pianotait rapidement sur les touches de son ordinateur portable, dans son bureau aux couleurs chaudes et à la moquette bordeaux . Elle convenait d'un rendez-vous avec un professeur émérite de l'Université Nationale de Séoul accueilli pour inaugurer le Colloque International France-Corée inaugurant 130 ans de relations entre les deux pays. Des professeurs français et sud-coréens étaient invités d'honneur pour célébrer ses longues années d'amitié et de collaboration dans divers domaines, et de ce fait mettre en relief le rôle capital du monde académique dans le renforcement du lien entre la Corée du Sud et la France.

L'ambassade travaillait conjointement avec des Fondations et Associations franco-coréennes. La jeune brune se stoppa dans sa lancée et fronça les sourcils.Elle venait d'oublier le nom de l'intervenant du Musée Guimet. Un stylo entre les dents, elle se mit à chercher activement parmi les nombreux documents éparpillés sur son bureau en chêne massif. Elle se souvenait avoir vu le nom sur la première page des feuilles assemblées par un trombone rose clair. Un brin affolée, elle regroupa toutes les feuilles, chercha dans ses six tiroirs et en dernier recours, regarda même sous son bureau. Perdue, des mèches rebelles retombant mollement sur son front et son cou, elle s'affaissa contre son fauteuil noir, et soupira de fatigue. Après avoir écrit sa réponse, il fallait qu'elle perde le dossier du Colloque... Elle replaça une mèche de cheveux derrière son oreille droite, et survola le paquet de feuilles qu'elle tenait entre ses doigts. Aucune ne mentionnait le célèbre musée. Soudain, elle se redressa sur son siège, pendant qu'une voix intérieure lui soufflait de regarder derrière son ordinateur. Elle s'exécuta, etc'est avec un grand sourire qu'elle retrouva les papiers amassés par son joli trombone fétiche. Elle s'en empara et lut le nom de l'intervenant : Monsieur Courtois. Isaac Courtois.

Julianne se figea un instant, avant de se reprendre rapidement.Isaac Courtois. Elle ne se souvenait pas avoir lu ce prénom lorsqu'elle l'avait consulté la première fois. D'innombrables pensées fusèrent dans son esprit tel un feu d'artifice, et elle revit des flash d'images tandis que des voix se faisaient entendre. Elle reposa les feuilles sur le plan de travail et appuya fortement ses deux paumes contre ses yeux. Elle ne désirait pas y penser, elle avait passé tout son week-end à jardiner avec son père, s'occupant des digitales pourpres et blanches, refusant de perdre son temps à penser d'un certain homme, qui n'était aucunement courtois.

Malgré ses tentatives de passer outre cette rencontre, à l'image de son Dimanche soir, elle se retrouva plongée, malgré elle, dans les remous de son esprit. Elle revoyait avec précision les yeux de son meilleur ennemi qui la scrutaient avec profondeur, comme si ces deux orbes noires avaient pu décrypter les secrets les plus intimes. Ses mains devinrent moites tandis qu'une boule d'angoisse se formait au creux de son estomac. Elle ouvrit sa bouteille d'eau et but quelques gorgées rafraîchissantes, qui ne parvinrent pas à mettre fin au tourbillon de sentiments contradictoires qui grondaient en elle. Elle sentait de nouveau sa main contre la sienne, la douce et agréable pression de sa paume réconfortante contre ses doigts douloureux. La douce flagrance de bois de gaiac et d'aiguilles de pin chatouillait encore ses narines.

Son image s'imposa à elle, et elle le distinguait parfaitement. A ce moment là, il avait perdu de sa superbe, rangé son air hautain et ce prétentieux sourire en coin qui colorait ses lèvres seulement pour l'endiabler. Il était hésitant, mais une fine lueur de détermination brillait tout de même dans son regard ténébreux. Son toucher était indécis, comme si un affrontement avait lieu en la personne d'Isaac Evans. La laisser telle qu'elle était ou alors réparer ce qu'il avait délibérément fait.

Elle avait bien remarqué qu'il ne comprenait pas l'étendue de son geste, son regard hagard avait attesté du changement qui s'était opéré en lui, et de la perte du contrôle habituel. Il avait d'abord ancré ses iris tourmentés dans les siens, puis les avait fait glisser sur sa main et les avait finalement raccrochés aux siens lorsque sa paume tiède avait rencontré celle de Julianne. Chose surprenante, il lui avait demandé son accord. Il semblait à la jeune fille que c'était une toute première. Evans n'était pas homme à demander avant d'agir, mais à intervenir dès que bon lui semblait. Il s'en était remis à son accord, à son acceptation,après lui avoir « ordonné » de lui montrer sa blessure. S'ajoutait à toute cette affaire un phénomène encore plus surprenant : Isaac Evans, autrement connu sous le nom de Quaterback aux yeux noirs aussi acérés qu'un poignard prêt à servir et à la brutalité gratuite, pouvait faire preuve de douceur et de tendresse.

L'incompréhension et la surprise qui avaient traversé la jeune fille l'avaient indéniablement empêché de réagir et de le repousser. Rendue confuse par ses agissements, sans le vouloir et sans s'en rendre compte, elle lui avait offert sa main et l'avait laissé la toucher. Depuis, la sensation de ce contact fragile et délicat ne voulait plus se départir d'elle.

Elle frotta énergiquement sa paume et le revers de sa main pour faire disparaître cette pression indésirable. Elle secoua la tête, chamboulée, et posa sa tête sur ses bras croisés sur le bois frais. Comment pouvait-elle s'expliquer chez un personnage aussi contradictoire qu'Isaac, l'étincelle de regret qu'elle avait aperçu dans ses yeux ?

« Davis, je voulais pas te faire du mal ... »

Lui qui était si peu enclin à se soucier de la jeune fille et fort peu intéressé par l'impact qu'avait ses mots. Il avait toujours été le premier à frapper et le dernier à regretter. Comment pouvait-elle le croire alors que sa première et ultime excuse avait vu le jour à son retour du Pays du Matin Calme, un an après les faits reprochés. Trois cent soixante-cinq jours avaient été nécessaires afin que l'homme qui faisait, autrefois battre son cœur, daigne présenter de pitoyables excuses. Pourquoi les récentes, si Julianne pouvait qualifier cela d'excuses véritables, s'étaient-elles manifestées après que le mal ait été fait ? Preuve de maturité ? Preuve d'humanité ?

Cette phrase, ces quelques mots se répétaient en une litanie incessante depuis ce week-end dans la boîte crânienne de la jeune fille.

« Davis, je voulais pas te faire du mal ... »

Vraiment ? Parce que tu donnes l'impression de ne vivre que pour cela, Isaac.

Malgré le fait que ces regrets étaient irréfutablement légers en comparaison à la brutalité de son comportement, la brune avait été troublée, touchée par ces simples mots, sans pour autant lui pardonner. Elle désespérait de savoir jusqu'où irait l'apparition, l'évolution des sentiments positifs chez cet être de pierre. Jusqu'à quel point regrettait-il son agissement ? Incluait-il les propos injustes qu'il avait tenu à l'encontre des Kim, et d'elle-même ?

« Davis, je voulais pas te faire du mal ... »

Parlait-il seulement de la main ou se pouvait-il qu'il sous-entende également leur passé tortueux, serpentant entre répliques acerbes et yeux joueurs, en impliquant cette gifle dont elle portait toujours la marque rouge, vive.

Elle releva la tête en poussant un soupir, vaincue. Julianne était actuellement dans l'incapacité totale de se prononcer sur l'homme qui la tourmentait, présent comme absent. Elle se reprit en libérant son esprit de ces toutes ces questions, se redressa sur son siège. Elle défit son chignon, et ses cheveux ondulèrent délicieusement sur ses épaules. Elle écrivit les derniers mots de sa lettre en ajoutant le nom d'Isaac Courtois, puis l'imprima en deux exemplaires. Elle allait se lever de son siège pour aller récupérer ses impressions lorsque la porte s'ouvrit. Elle croisa deux yeux bridés emplis de malice, et automatiquement un tendre sourire vint ourler ses lèvres.

« - Davis, je passais voir ta collègue, lui apprit-il en passant le seuil de la porte, et elle m'a gentiment demandé de te remettre ces feuilles, fit-il en les posant sur ses bureaux.

- Comme c'est adorable, Kim, lui répondit-elle après avoir mis sespapiers dans une chemise noire à l'attention de sa supérieure.Allons-y ? »

Il acquiesça et lui tendit son gilet blanc qu'elle accepta en souriant avant de nouer les deux cordons gris sur sa taille. Ils quittèrent les locaux de l'Ambassade pour rejoindre comme à leur habitude un petit parc situé non loin de la célèbre Gare de Saint Lazare. Il lui offrit un smoothie aux oranges tandis qu'il optait pour un smoothie au lait de coco.

Tandis qu'il était toujours debout, elle s'assit sur un petit banc blanc aux accoudoirs finement arrondis. Comme à son habitude, elle ne pût s'empêcher de jeter un coup d'oeil aux alentours. Cet endroit était un coin de paradis sur Terre. L'astre de feu faisait amoureusement scintiller la surface lisse de l'eau. Les ablettes,vandoises et gardons s'approchaient des enfants amusés devant le miroitement de leurs écailles. Les yeux brillant d'excitation et des sourires émerveillés colorant leur lèvres, ils assistaient, tout joyeux, au spectacle que Mère Nature daignait leur offrir. Le ruissellement de l'eau miroitante, le bruissement des arbres, les branches qui se balançaient mollement de gauche à droite, la stridulation des criquets qui souhaitaient attirer une femelle, les rires des enfants, tout ceci formait le plus beau des tableaux qu'on puisse offrir à la jeune fille, offrant un délicieux aperçu des vacances emplies de joie et de rires. Les fleurs écloses,distillaient leur senteurs exquises lesquelles fusionnaient amoureusement avec celle de l'herbe, pour la plus grande joie de l'odorat. Après un dernier regard pour le petit pont en bois qui rejoignait encore les deux rives, Julianne ancra son regard ambre dans celui de son interlocuteur, qui la toisait avec une tendresse non cachée, imprégnant ses beaux traits.

« - C'est agréable, n'est-ce pas ? Fit-il en portant sa boisson à ses lèvres fines.

- Enormément, fit-elle en s'adossant contre le dossier du banc, êtrecaressé par le soleil et rafraîchit par le vent, c'est un régal.Etre en symbiose avec la Nature, c'est se retrouver soi-même, TaeKim. »

Il se rapprocha d'elle et s'assit à ses côtés. Tout en regardant les chevaux en bois et les calèches du carrousel s'élever aux gré des notes de musique, il parla de sa mère et lui confia l'amitié qu'elle lui avait aussitôt porté. Elle avait apprécié sa douceur, cette joie de vivre qu'elle répandait autour d'elle et cet éternel sourire qui ornait son visage.

« - Tu lui plais beaucoup, Juli, lui avoua-t-il, un sourire ourlant ses lèvres.

- Elle me plait également. Ta maman est une perle unique en son genre. Un puits d'amour et de tendresse, déclara-t-elle en posant une main amicale sur son épaule.»

Il secoua légèrement la tête, tandis qu'un son similaire à un rire s'échappait de ses lèvres.

« - Tu me plais aussi, Julianne, admit-il en passant sa main dans ses cheveux, signe de nervosité.

- Je le sais, lança Julianne, ne le regardant pas. Mon air candide et mon rire de fillette ont eu raison de toi, se permit-elle, les yeux pétillant de gaieté.

- C'est vrai, reconnut-il tandis que le sourire flottait toujours sur ses lèvres. »

Elle se retourna et entreprit d'observer la carpe qui s'était aventurée au bord de l'eau. Deux petits garçons essayaient de plonger leurs doigts dans l'eau fraîche et de toucher le poisson. Ils étaient retenus par leur mères qui tiraient sur leur t-shirt tout en continuant à échanger. Ils essayaient tant bien que mal de se défaire de cette poigne redoutable. La jeune brune, égayée,sourit face à cette scène comique qui se déroulait devant elle.

Une main se posa à son tour, sur son épaule et elle pivota vers son collègue.

« - Je crois que je te plais aussi, Julianne. »

Elle était sur le point de riposter avec moquerie, lorsqu'elle aperçut la lueur de détermination dans ses iris noirs qui la stoppa nette.

« - Je le vois dans ton regard. Dans ce pétillement qui habite tes yeux quand tu me regardes, dans la chaleur des sourires que tu m'offres. »

Au fil des mots qui découlaient de ses lèvres, un poids s'abattit sur les épaules de la jeune fille, l'empêchant de se remettre et de se relever à temps du problème à venir. Les mots la percutaient avec force, lui faisant comprendre la double interprétation possible de son comportement. Elle eut à peine le temps d'intervenir pour lui expliquer qu'il se trompait...

« - Je le vois à ta manière de m'enlacer, cette pression que tu exerces parfois sur mon cou, et parfois sur mon dos, partagea-t-il en ancrant un regard particulièrement doux dans les prunelles de la jeune fille. »

Un étau vint enserrer ses côtes, l'empêchant de respirer comme elle le devait. Les mots de son collègue s'implantaient lentement dans son cœur à l'image d'aiguilles. Elles s'introduisaient légèrement, mais la sensation désagréable persistait. La mise en garde de sa sœur lui revenait à l'esprit et ses mots raisonnaient en elle, bien trop tard. Le regret menaça de sa présence, tandis que les yeux de la jeune fille s'humidifiaient à mesure qu'elle prenait conscience de l'impact de sa naiveté.

« - Tae Kim, je ..., commença-t-elle en levant une main pour la placer sur son épaule.

- Julianne, avant que tu parles, il faut que je te demande quelque chose, la coupa-t-il avec un sourire.

- Non, il faut que tu m'écoutes, c'est important sinon ..., tenta-t-elle vainement en lui prenant la main

- Non, toi écoutes-moi, fit-il en prenant son visage en coupe entre ses mains, la faisant taire automatiquement. Le sourire qui flottait sur ton visage lorsque tu regardais les enfants s'amuser, Juli, ce sourire j'ai envie de le bâtir. J'ai envie d'être celui qui te fait rire, je veux être la cause de ce son si doux et tendre qui sort de ta bouche, ma Julianne. »

Il se mit à caresser ses cheveux avec une langueur étudiée, comme si il souhaitait s'imprégner de son toucher. Comme si ses doigts souhaitaient se souvenir à tout jamais de la peau de la jeune fille. Ses orbes noires lui transmettaient toute l'affection qui sommeillait en lui, et qui s'éveillait aujourd'hui, inondant le jeune homme de bien-être et d'un courage qui lui faisait défaut, auparavant.

Julianne comprit aussitôt que malgré l'intensité des sentiments qui émanait du jeune homme, la flamme qui brûlait en lui était bien plus importante encore. Et cela lui fit mal.

« - J'ai envie de tenter quelque chose, Julianne. Une relation avec toi, parce que j'ai le sentiment que ça pourrait durer. »

Ses yeux avaient pétrifié la jeune fille. Malgré le flot d'émotions qui la traversait, elle était incapable d'aligner deux mots. Ces iris noirs et brillant de tendresse la clouaient surplace. Une main invisible venait d'étouffer ses lèvres, retenant prisonniers les mots qu'elle tentait de former.

« - J'aime toucher tes cheveux. J'aime te voir fronçer les sourcils et voir cette ride se former sur ton front quand tu es soucieuse, admit-il avec un sourire mutin en caressant son front, une adorable fossette naissant au coin de sa joue. J'aime tes yeux,ce chocolat qui fond dans tes pupilles. C'est ma friandise du matin, fit-il en suivant la courbe de ses yeux. Tu es divinement jolie, Julianne, je comprends pourquoi notre collègue Chinois craque pour toi, confia-t-il en lui caressant la pommette brûlante. »

Sa main traça lentement et tendrement les courbes de son visage. Ses doigts glissèrent sur son oreille, se promenèrent sur sa joue, retracèrent sa mâchoire, et remontèrent expirer au bas de sa lèvre inférieure qu'il embrassa de la pulpe de son doigt, déclenchant une série d'agréables frissons. Ses yeux se posèrent sur la bouche de la jeune fille et elle y lut un désir non feint, dorénavant. Il immortalisait le cliché de ses iris brillants. Elle perçut la bouffée d'adrénaline qui grimpait en lui, lui insufflant, sans doute le courage qu'il lui manquait. Il releva la tête et le noir de ses yeux fusionna avec l'ambre de la jeune fille. Elle y lut une envie,un besoin.

« - J'ai envie de t'embrasser, Julianne Davis, confessa-t-il avec un rire nerveux. Depuis un bout de temps, appuya-t-il, son doigt épousant la courbe de sa bouche charnue. »

Quelque chose se brisa en la jeune fille. Elle entendait encore et encore l'écho de ce brisement. Les sanglots enflèrent dans sa poitrine tandis que les larmes venaient perler au coin de ses yeux, qui témoignaient déjà de son trouble.

« - Tu es censée parler, là, Juli, l'informa-t-il face à son mutisme. Dis-moi je-ne-sais-quoi ... »

Ces mots tournoyèrent follement dans sa tête, essayant eux-même de donner un sens à la personne à qui ils étaient destinés. Ils vinrent eux-mêmes réveiller Julianne de son mutisme, et lui rappeler cette faculté humaine de pouvoir répondre. Complètement déboussolée par la triste tournure des événements, elle ne put empêcher ces phrases de s'échapper de ses lèvres lorsqu'elle recouvrit la parole.

« - Je ne peux pas, Tae Kim, souffla-t-elle tandis que ses épaules s'affaissaient.

- Quoi ? Murmura-t-il en se rapprochant d'elle, ses doigts se promenant sur sa joue. Qu'est-ce que tu ne peux pas ? »

Malgré l'affection qui se peignait toujours sur ses beaux traits, Julianne pu déceler un éclair d'inquiétude qui traversa furtivement son regard, l'assombrissant un instant. Son cœur se fissura un peu plus, craignant la suite de cette conversation. Elle posa ses mains sur celles du jeune homme, tentant de la sorte, de lui insuffler le courage qui lui manquera dans les secondes qui suivront.

« - Tae Kim, dit-elle en fermant les yeux un instant,inspirant l'air frais dont son corps avait besoin, et en les rouvrant, tu es quelqu'un d'extraordinaire, un meilleur ami que je rêvais d'avoir mais ...»

Les doigts sous ceux de la jeune fille quittèrent lentement la surface qu'ils caressaient, dissipant la chaleur dont ils étaient à l'origine. Son cœur se serra douloureusement, lorsqu'elle vit Tae. Kim rétablir une distance entre eux.

« - Mais ? Fit-il d'une voix troublée, l'affection s'effaçant petit à petit des traits de son visage.

- Je ne peux pas t'offrir ce que tu veux. Je peux te donner tout ce que tu souhaites sauf cette place que tu espères, lui exprima-t-elle, la voix tremblante, les trémolos se faisant entendre dans son timbre. »

Il attendit qu'elle termine sa phrase, et digéra difficilement ses mots. Il replongea son regard tourmenté dans un autre, angoissé. Il secoua légèrement la tête, se motivant seul.

« - Tu n'as même pas essayé, Julianne. Tu ne peux pas savoir par avance ce que tu peux me donner ou pas, pas au point où on en est. Ce début de relation peut nous amener à toute sorte de situation si on s'en donne vraiment les moyens. Si on croit en nous, asséna-t-il, avec un écho de reproche.

- Je crois en nous, lui certifia-t-elle en lui prenant les mains. Je crois en notre amitié. Mais je suis incapable, à l'heure actuelle de te laisser espérer en un futur nous concernant.

- C'est une question de temps, Julianne ? Répliqua-t-il un peu vivement.

- Non c'est ...

- Parce que je ne comprends pas. Mes sentiments sont visibles depuis ton séjour en Corée. Je n'ai rien tenté là-bas, parce que j'attendais de voir l'évolution de notre relation. Je pensais pas qu'on deviendrait à ce point proche, Juli. Tu es un soleil dans ma vie, un souffle quotidien, indispensable, révéla-t-il en encerclant son visage de ses mains. Je ne veux pas perdre ce souffle, confia-t-il en se rapprochant d'elle et en essuyant la larme qui daignait apparaître.

- Je suis désolée, Tae Kim, je ne peux pas, refusa-t-elle de nouveau, en secouant la tête, tandis qu'une deuxième larme coulait sur sa joue. »

La chaleur de l'astre brûlant s'épuisa autour d'eux, les laissant être imprégnés par la froideur qui découlait d'un refus.

« - Tu ne peux pas ou tu ne veux pas, Julianne ? l'interrogea-t-il un peu durement, tandis que le mal et la colère le gagnaient.

- Je ne peux pas. Je suis désolée, déclara-t-elle en lui prenant la main dans une vaine tentative de maintien de  cette relation qui lui échappait comme une fumée insaisissable. »

Se rendant compte véritablement du refus qui émanait de sa collègue, les doigts du jeune homme glissèrent lentement de l'emprise de Julianne, lui expliquant ainsi sa volonté de ne plus être touché par celle-ci. Avec ce contact qui disparaissait, c'était leur amitié qu'il leur retirait, dorénavant. Un vent frais vint l'envelopper, la faisant frissonner tandis qu'elle ne parvenait plus à croiser le regard de son ami.

« - J'ai compris, Julianne. Soit je suis vraiment un idiot accompli d'avoir attendu aussi longtemps, soit je suis tellement indésirable que tu n'as même pas envie d'essayer quoi que ce soit, balança-t-il dans un rire en se relevant, tandis qu'il se passait une main dans les cheveux. »

Elle se leva à sa suite, essayant de croiser son regard et de lui expliquer qu'il avait tort, que tout ceci n'avait rien à avoir avec lui, mais plutôt avec elle et ses propres soucis. Il récupéra sa veste et esquissa un pas pour s'éloigner d'elle lorsqu'elle le supplia d'une voix tremblante.

« - Tae Kim, ne m'en veux pas, je t'en supplie...

- J'ai voulu ne pas me rappeler de la scène de la gare d'il y aquelques semaines, Julianne, mais je t'ai entendu murmurer son prénom trop de fois, avoua-t-il en se tournant à moitié vers elle, refusant de lui montrer le mal qui venait élire domicile sur ses traits, d'ordinaires apaisés. Est-ce que ce rejet est lié au Evans de la gare ? asséna-t-il, impitoyable, sans le savoir. »

La question eut l'effet d'une gifle. Cet individu, ce monstre, brillait par son absence aussi bien que par sa présence. Même sans être là, il l'était. Un spectre qui la poursuivait. Un venin qui se répandait dans l'air et qui venait saccager chacune de ses relations.

« - Je ne te rejette pas, crois-moi, c'est juste que ... ,commença-t-elle en mettant une main sur son épaule, avec l'espoir de le retenir.

- Juste que quoi ? Lança-t-il en se retournant vers elle, cettefois-ci et la dominant d'une tête et demi. Tu n'as pas envie d'essayer et quoi que ce soit et tu ne nies même pas le fait que ce refus est lié à cet Evans, que tu ne parviens définitivement pas à oublier ! ».

La fin de sa réplique la laissa sans voix. Qu'entendait-il par là ? Pensait-il qu'elle ressentait toujours de l'affection pour lui ? Pensait-il qu'elle essayait de retenir Evans après toutes ces années. Certes, elle ne lui avait pas tout raconté, déclarant seulement que c'était une histoire de haine entre eux, plutôt qu'une histoire d'amour, mais avec les récentes informations qu'il avait eu à la Gare Saint Lazare, il aurait dû comprendre quels étaient les sentiments actuels de Julianne. Elle voulut lui dire qu'il se trompait, qu'elle ne ressentait plus rien, même si une voix intérieure se moquait d'elle au moment même, pour Isaac Evans, mais il ne lui laissa pas le temps, et quitta le parc, sans un regard en arrière.

Les yeux écarquillés de stupeur, elle le vit partir, sa chemise d'un blanc immaculé s'éloignant petit à petit. Les larmes vinrent piquer ses yeux, tandis que sa gorge asséchée demandait à être hydratée. Elle reposa ses yeux sur le banc, sur lequel son ami était assis quelques instants plus tôt, dorénavant vide. Sa boisson étaittoujours posé à côté de la sienne. Malgré la demande de son corps, elle n'y toucha plus et la jeta à la poubelle la plus proche.Autour d'elle, le paysage était le même, les similaires éclats de rire lui parvenaient et le Soleil était toujours aussi généreux et flamboyant. Personne ne semblait faire attention à ce qui venait de se passer. Tous vaquaient à leur occupation. Tandis que la vie souriait aux autres, elle avait décidé de plonger de nouveau la jeune fille dans le puits de la souffrance, en lui ôtant l'amitié de Tae Kim, au profit d'une autre relation.

Assise dans le train, elle serra fortement ses poings, les yeux parcourant la Seine qui déployait toute sa puissance sous eux. La vie était ainsi, décidant du cours qu'allait prendre l'existence de chacun, prenant certains sous son aile bienveillante, et écrasant les autres, une lueur malveillante dans les yeux. Julianne reporta son attention sur ses doigts qu'elle tordait depuis un moment, signe d'une inquiétude atteignant les sommets.

Le Destin s'acharnait sur son sort depuis quelques temps. Il paraissait réellement s'amuser, se délecter du manège qu' était devenue le quotidien de la jeune brune, entre les quelques jours où tout allait pour le mieux et la suite qui se révélait constamment tumultueuse. Si elle y réfléchissait bien, les soucis qui perduraient encore aujourd'hui, avaient commencé depuis cette fameuse année de Première, où elle avait eu le malheur de croiser la route d'un brun aussi insensible et froid que le marbre. Depuis la rencontre du feu et de la glace, cette étincelle de fureur ne l'avait jamais abandonné. Aussi loin qu'elle s'en souvienne, chaque dose de tristesse était liée à cet homme qui n'en avait que faire d'elle. Il la brutalisait lors de sa présence et la rendait folle lors de son absence. Il était partout. Dans les mots des autres, et dans ses maux à elle. Apposé à elle comme une seconde peau.

Elle essuya ses larmes tandis que ses pas la ramenaient vers un endroit situé à l'autre bout de la ville. Elle s'appuya contre la rambarde du pont, qui la séparait du vide, et de cette eau trouble qui ne demandait qu'à recueillir le corps sans vie de la jeune fille. De fines vaguelettes venaient s'échouer au bord des rives. La soirée avançait de plus en plus, et elle restait là, les yeux aussi brillants que la surface de l'eau qui s'embrasait avec les derniers rayons de soleil.

Avec un énième soupir, elle reconnut qu'elle aurait dû parler plus tôt de sa situation à Tae Kim, lui dire qu'elle ne souhaitait que de l'amitié, n'ayant pas le temps, ni l'attention nécessaire à accorder à un futur petit ami. Mais comment pouvait-elle amener ce sujet dans leur conversation, lorsque même l'attirance était dans la subtilité et la délicatesse. Les regards n'avaient jamais été très expressifs, et les touchers encore moins exagérés. Certes, elle percevait une tendresse sans limite chez son collègue, mais comment aurait-elle pu aborder le sujet la première n'étant même pas sûre des intentions de Tae Kim ?

Elle prit sa tête entre ses mains, définitivement perdue. Le message d'excuse qu'elle avait envoyé à Tae Kim, n'avait reçu aucune réponse, malgré le fait que le portable ait annoncé une bonne réception. Elle paniquait depuis plus d'une heure, triturant son téléphone dans ses mains. Elle savait qu'elle était en tort, elle aurait dû mettre cette situation au clair, mais son esprit étant toujours ailleurs, occupé à combattre une certaine personne. Julianne avait cette manie depuis sa tendre enfance, de ne pas étudier l'interprétation de ses dires et de ses agissements. Elle ne mesurait l'étendue de ce qu'elle disait et de ce qu'elle faisait que lorsque le problème était arrivé à maturité.

L'image d'un Tae Kim lui souriant affectueusement avant de l'enlacer se faufila sous ses paupières, et son cœur se serra douloureusement, sentant qu'elle ne ressentirait plus la chaleur du jeune homme de sitôt. Elle avait besoin de sa présence, de ses mots tendres, de la chaleur qui se dégageait de son corps d'homme et qui parvenait à la revigorer derechef. Elle avait besoin de cet ami qui avait su avec rapidité et sincérité trouver le chemin de son cœur et y creuser une place qu'elle ne pourrait donner à personne d'autre. Tout comme elle, il était le deuxième soleil de sa vie, après sa Célia. Il était un souffle, une bouffée d'oxygène qu'elle devait prendre quotidiennement. Elle lui avait longuement expliqué l'importance qu'il avait, et cette place si chère qu'elle lui réservait dans son cœur. La jeune fille s'était encore confondue en excuses, tandis que de chaudes larmes se faisaient une joie de couler. Elle ne voulait gâcher pour rien au monde cette amitié si spéciale qui la liait à son Coréen.

Elle ferma les yeux et laissa son mal perler de nouveau. Tandis que son chagrin diminuait avec l'épuisement de ses glandes lacrymales, elle sentit comme un frôlement de bien-être s'emparer d'elle.

« - Il faut absolument qu'il revienne ! Se promit-elle en serrant ses petits poings et en hochant la tête avec résolution.

- Je suis déjà là, Davis. »

Au son de ce timbre railleur, elle essuya furtivement ses yeux, ne voulant pas offrir à son pire ennemi cette scène qui risquait de bien trop lui plaire. En se retournant elle vit avec horreur, qu'il se portait très bien, élégamment vêtu à son habitude, un léger pull noir épousait langoureusement son torse tandis qu'un jean brut habillait ses jambes. Son épaisse chevelure sombre volait de temps à autre au gré du souffle du vent. Le sourire mutin répondait encore à l'appel et les yeux rieurs étaient de la partie. Ecoeurée, la jeune fille esquissa un mouvement pour s'arracher à cet indésirable spectacle.

Elle tourna les talons et s'en alla, mais il enroula ses doigts froids autour de son poignet et la stoppa dans sa lancée. Son contact la brûla et elle essaya de se défaire, tant bien que mal, de cette emprise.

«- Lâche-moi, bon sang ! »

Elle remua plus fortement son bras, en vain. La ferme volonté du jeune homme se faisait parfaitement ressentir dans sa poigne. Sans prévenir, il la tira en arrière en la retournant et la plaqua contre lui, maintenant le bras droit de la jeune fille en une clé de bras. Lorsqu'elle recouvrit ses sens, elle réalisa, la mine choquée, que son nez était collé aux pectoraux de son interlocuteur. Elle inspira à plein poumon l'agréable odeur fraîche de sauge qui émanait de tout son corps. Sa tête tourna l'espace de deux secondes, puis elle se reprit et elle releva la tête pour croiser deux pupilles brillantes dans la tombée de la nuit.

« - Je peux savoir ce qu'il te prend, Evans ? Siffla-t-elle,hargneuse. Et puis c'est quoi cette position absurde dans laquelle tu me tiens ?!

- Ne sois pas agressive pas, Davis, claqua-t-il. Et cette position, fit-il en s'attardant sur chacun de ses traits, n'a rien d'absurde, au contraire, reprit-il sa lèvre se retroussant en un sourire moqueur, je la trouve un brin physique. »

Les yeux de la jeune fille s'agrandirent à l'entente de ces paroles qui sortaient tout droit de la bouche d'Isaac Evans. Depuis quand se permettait-il de faire ce genre de remarque ? Certes, ce n'était pas ce qu'il y avait de plus obscène sur Terre, mais le physique avait toujours été mis de côté entre eux ... Elle secoua la tête et replongea dans cet océan agité.

« - Lâche-moi, Isaac, ordonna-t-elle calmement. »

Il haussa un sourcil. Elle soupira.

«- S'il-te-plaît. »

Tandis qu'une esquisse de sourire fleurissait sur ses lèvres, sa poigne libéra le poignet fragile.

Elle recula en massant son bras, non pas qu'il y ait eu une quelconque douleur, mais elle souhaitait  effacer la trace de ses doigts. Il comprit son raisonnement et ricana. Elle recroisa les deux trous noirs en guise de yeux, et se demanda ce qu'il pouvait bien faire un samedi soir se promenant comme un chat errant sur les berges du fleuve. La question lui brûla les lèvres et elle la posa à son compagnon de soirée.

« - Non pas que je m'intéresse à ta vie, Isaac, mais je me demande bien ce qu'un jeune homme comme toi fait, un samedi soir, à longer le fleuve de la sorte ? Questionna-t-elle, en vissant un regard peu concerné, au sien. »

Un rictus collé aux lèvres, il se retourna, lentement, vers la rambarde du pont et posa ses bras dessus. Elle le regarda promener ses prunelles sur la fasse lisse de l'eau.

Méfie-toi de l'eau qui dort, Davis.

Sa silhouette athlétique formait un harmonieux ensemble avec la Nature. Ses muscles saillants étaient visibles sous son pull, ses dorsaux adoptaient fièrement la stature du cobra. Cette posture mi-décontractée, mi-séduisante combinée au fleuve qui suivait son chemin, offrait une vue plaisante. Un instant magique à immortaliser.

Julianne se gifla mentalement. Comment de telles pensées pouvaient-elles lui traverser l'esprit dans une telle situation ?

« - Je suis ici, pour les mêmes raisons que toi, chère Davis,divulgua-t-il, le visage tourné vers l'eau. »

Elle se rembrunit face à l'entente de ces mots. Il ne connaissait ni ses raisons, et n'avait aucun droit de l'appeler «chère ».

« - Tu ne connais pas mes raisons ..., attaqua-t-elle, impitoyable.

- Je viens ici pour offrir ma peine à la Seine, en priant le Cielqu'il la laisse couler jusqu'au fond et qu'elle ne parvienne plus jamais à la surface. »

Elle laissa ses mots glisser sur elle. Un mensonge habilement déguisé en vérité. Ou une vérité qui revêtait expertement l'aspect d'une tromperie. Ils se frayèrent un chemin pour atteindre son cœur, dans lequel un écho se fit entendre.

« - Laisse-moi rire, lâcha-t-elle en ricanant. Quel malt'habiterait, Evans ? Et quel mal pourrait bien m'habiter ?.»

Il parut réfléchir quelques secondes, mesurant ou s'amusant du contenu des paroles de Julianne, puis pivota son visage vers celui de la jeune fille, qui l'observait depuis le début.

« - Tu ne me connais pas, Davis, spécifia-t-il, sereinement, le noir croisant l'ambre. Et excuse-moi, mais tes yeux et ton corps entier transpirent ce mal.»

Un rire nerveux s'échappa de ses lèvres. Elle secoua la tête, en signe de dénégation, refusant de se laisser prendre à son jeu, et de lui souffler qu'il avait raison. Avec Isaac Evans, la peine était subie en silence, nul besoin de l'extérioriser pour le plus grand plaisir de l'autre.

Si mal il y avait, lui, ne devait certainement pas le remarquer.

« - Aucun mal ne transpire de je ne sais où, Evans. C'était bien tenté, mais c'est raté, encore une fois.»

Lui ayant répondu comme il le fallait, elle tourna les talons et s'en alla. Au bout de trois pas, un bras s'enroula autour de sa taille et son dos rencontra un torse. Aussitôt, son ventre se contracta, et tous ses muscles se tendirent simultanément. Des doigts froids frôlèrent sa clavicule,la faisant frissonner,remontèrent le long de son cou du côté droit, et allèrent se nicher au creux. Le pouce reposait sur son oreille tandis que les autres plongèrent dans la soyeuse chevelure de Julianne. Une imperceptible pression lui fit tourner la tête vers la gauche et elle croisa les iris de celui qui la retenait prisonnière. Son cœur manqua un battement. La proximité physique n'était pas désirable entre ces deux êtres que rien ne rapprochait.

« - Ton mal est pas seulement visible, Julianne. Il est palpable. »

La main qui retenait la taille de Julianne  remonta et vint se poser sur sa joue gauche, mettant ainsi la brune face au jeune homme. Ses mains encadraient dorénavant son visage, et elle se demandait vivement quelles étaient ses intentions ? Il avait plongé un regard concerné dans celui de la jeune brune. Au fond de ses prunelles, dansait une flamme de tendresse. Cet aperçu lui rappela un ancien souvenir qui torturait son esprit, le matin même. Ses pensées se ravivèrent, la Vie était instable, toujours là à nous surprendre et à nous manipuler tels des pantins.

Il caressa ses pommettes de ses pouces. Le sang afflua rapidement sous cette marque d'affection soudaine, et  colorant légèrement sa peau.  Elle eût envie d' arracher le sourire qui naquit sur ses lèvres à coup de griffures. Le temps était venu d'éclairer ce meilleur ennemi sur le changement qui s'opérait en lui, en surface ou en profondeur.

« - Qu'est-ce qui te prend, Isaac ? lâcha-t-elle. Tu te perds souvent en ce moment ...

- Laisse-moi me perdre, Juli, souffla-t-il en fermant les yeux en s'abaissant vers elle. Et te retrouver, révéla-t-il en les rouvrant et en les ancrant dans l'ambre de la jeune fille. »

Un frisson parcourut l'échine de Julianne, électrisant tout son corps. Une légère brise s'éleva et la glaça. Perturbée, troublée, elle sonda le regard d'Isaac à la recherche de la tromperie et de la vérité. Mais, elle ne décela aucune étincelle, aucune lueur d'espièglerie. Sans prévenir, il effleura de ses doigts le front de Julianne et retraça le chemin d'une ligne imaginaire. Elle plissa les yeux, et le questionna du regard.

« - Tes soucis se traduisent ici, Juli »

Ses doigts redescendirent pour venir palper ses paupières inférieures.

« - Et ton mal découle d'ici. Tes yeux rougis ne trompent personne.Et moi, encore moins que les autres. »

Elle ne cilla pas, et garda ses iris ancrés dans ceux de son interlocuteur, malgré le venin  qui se distillait dans ses veines. Comment pouvait-elle croire ce Charmeur des Dames, et ce Magicien des mots ? Peut-être que son mal était visible, peut-être qu'il était palpable, mais était-il touché par ce qu'il apercevait, se sentait-il concerné par la douleur qui gonflait dans sa poitrine ? ? Si oui, pour quelles raisons ? Si non,pourquoi mentionnait-il le chagrin de Julianne ?

Les sourcils froncés, elle recula d'un pas pour rencontrer le fer du pont.

« - A quoi est-ce que tu joues, Isaac ? cingla-t-elle tandis qu'il se rapprochait d'elle, tel un prédateur encerclant sa proie.

- Je ne joue pas, Julianne, répondit-il calmement.

- Alors qu'est-ce-que tu cherches ? Répliqua-t-elle du tac autac. »

Il brisa la distance qui les séparait et posa ses deux mains depart et d'autre de la jeune fille, la condamnant de nouveau. Ses yeux entamèrent leur traque impitoyable, et elle se retrouva, sans avoir eu le temps d'esquisser une défense, captive de ces orbes noires, qui la dévoraient littéralement.

« - Je cherche juste à comprendre qui a eu le culot de t'arracher ses larmes, chérie ... »

Elle tiqua au dernier mot, mêlant colère et souvenirs, sous fond de restes d'affection. Il y avait une époque, elle aurait tout donné pour entendre cette appellation des lèvres qui étaient à quelques centimètres des siennes. Aujourd'hui celle-ci sonnait comme une insolence.

« - ... Parce que je suis le seul détenteur de cette prérogative,Davis. »

Son sang ne fit qu'un tour, elle leva sa main, prête à le gifler.Mais, agile comme un félin, il intercepta le poignet délicat, et le bloqua contre son pectoral gauche. Il la provoqua du regard, tandis que son pouce caressait dangereusement la naissance de la main où le sang affluait.

« - Tu es exécrable, Evans, et je te déteste ! »

Un rire démoniaque déchira le voile sombre qui s'étendait sur leur tête. Il fit tressaillir la jeune fille.

« - C'est un sentiment mutuel ! plaqua-t-il avec véhémence. »

Elle se délivra de sa domination et le repoussa en plaçant ses mains sur son torse. Il recula, un sourire carnassier aux lèvres.

« - Qu'est-ce que tu cherches à te prouver, au juste ? asséna-t-elle en avançant vers lui, tandis qu'il reculait. Que dès que tu vas t'approcher, je vais tomber dans tes bras ? Que je vais espérer quelque chose ? enchaîna-t-elle en pointant un index rageur sur son torse. Tu te trompes ! Tu te trompes !

- Je cherche à te prouver qu'on n'a pas avancé, Julianne. On est revenu au point de départ, lança-t-il en haussant les épaules face à son regard noir. Notre terrain d'affrontement était, est,et restera à tout jamais le stade de Foot Us. Je te laisse méditerdessus, Davis. »

Alors, verdict ? Je m'en remets à vos commentaires, mesdames ! :) Et pardonnez les fautes de conjugaison et d'orthographe si vous en trouvez ^^

Fidèlement vôtre,

Miss-Key.

PS : pour celles qui ont lu Regarde-moi, une dernière fois, le prologue et les deux chapitres vont bientôt être postés. Je prie pour qu'ils vous plaisent. :)

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