~~ Chapitre 11 ~~

Bonsoir à tous ! Je reviens vers vous avec ce onzième chapitre ( déjà onze chapitres ! :D c'est peu, certes, mais c'est déjà beaucoup pour moi xD ). J'espère qu'il vous plaira ! Sur ce souhait, je vous souhaite une agréable lecture ! ;)


Isaac n'arrivait pas à y croire, Camélia Parkinson était en France, à Mantes-la-Jolie ! C'était tout bonnement incroyable ! Pas le fait que la jeune fille puisse venir en France, non, il savait qu'elle venait d'une famille assez aisée, mais plutôt le fait qu'il l'ait retrouvée ,quatre ans après. Un samedi soir. Encore une fois, Camélia avait su le surprendre.


Il était en train de sortir des cannettes du frigo pour les disposer sur la table où figuraient déjà les divers gâteaux préparés par Mamie, lorsque la sonnerie retentit. Il alla ouvrir et ce fut une Camélia, pétillante, rayonnante, qui l'embrassa sur les deux joues avant de pénétrer dans la demeure des Alonzo. Il n'eut pas le temps de réagir qu'elle s'éloignait déjà. Elle était le genre de femmes qui parvenait à obtenir ce qu'elle voulait sans donner le temps de prévoir, réagir, riposter. Et encore une fois, elle venait de le lui prouver, en conservant cette longueur d'avance.

Il se retourna, la vit poser son sac sur le canapé et balayer le grand salon de ses prunelles bleus, ravie. Son regard passa des divers cadres le représentant, qui ornaient la pièce, à la cheminée en pierre pour finir par s'arrêter sur la pendule murale en acajou qui surplombait l'énorme télévision.


« - Dis-moi, Parkinson, d'où te vient le culot de m'embrasser à chaque fois que tu me vois ?

- Je l'ai toujours eu. Mais peut-être qu'il s'est renforcé avec l'âge, qui sait, ajouta-t-elle avec un sourire. C'est une très jolie maison, Quaterback ! L'allée en pierre est très belle et j'adore votre cheminée. Ce doit être très agréable d'être assis au coin du feu, une tasse de café à la main.

- Tu ne crois pas si bien dire. C'est reposant et ressourçant entouré des siens, confia-t-il en la voyant regarder les plateaux. Sers-toi, c'est pour toi que Mamie les a préparés.»


Il reporta son regard sur la cheminée, et les souvenirs affluèrent d'eux-mêmes, tandis que les mots se formaient tous seuls.


" - Quand j'étais petit, Mamie et Papi me racontaient des histoires autour de la cheminée. Je fixais les flammes tout en imaginant les personnages et en vivant leurs aventures. »


Elle prit le plateau et vint le poser sur la table basse avant de se laisser tomber sur le canapé.


« - Tes grands-parents ont l'air adorables, Isaac. Comment se fait-il que tu sois froid et peu démonstratif ?

- Que veux-tu, il faut de tout pour faire un monde, répondit-il en haussant les épaules, un demi-sourire flottant sur les lèvres. La journée a été rude ?

- Le cabinet est génial, les collègues sympathique, mais le travail est considérable.Mais je ne vais pas me plaindre, je suis à Latham & Watkins tout de même ! ».


Elle prit une part de moelleux au chocolat et la porta à sa bouche. Le jeune homme se mit à regarder sa bouche tandis que ses pensées s'envolaient vers des moelleux d'un grand pâtissier et vers une personne qui prétendait ne pas aimer ça... Comment une femme ne pouvait-elle pas aimer le chocolat ? Isaac Evans avait l'impression que le sexe faible fondait face à un carré de cette drogue douce.


« - N'as-tu pas honte de fixer mes lèvres alors que je te vois le faire ? Lança-t-elle en portant son coca à sa bouche.

- Nullement, Parkinson. J'ai honte de rien.

- Oh vraiment ? Le taquina-t-elle, un brin joueuse.

- Arrête tes bêtises, lâcha-t-il en riant. »


Il prit un cookie aux trois chocolats et mordit avidement dedans. Mamie était une excellente cuisinière et fabuleuse pâtissière. Depuis qu'il était petit, le jeune homme avait toujours eu droit aux plats les plus succulents qui soient, et aux pâtisseries les plus délicieuses. Il se souvenait des après-midi desserts que Mamie organisait quand il était petit. Parfois Thomas se joignait à eux, quand il le pouvait. Il se souvenait de la première fois qu'il avait cassé des œufs dans le saladier, des coquilles s'étaient mélangées à la pâte au citron. La troisième fois, il y était parvenu à casser l'œuf proprement en deux, il se souvenait d'avoir souri bêtement en levant la tête pour croiser le regard empli de fierté de grand-mère. Elle lui avait ébouriffé les cheveux et l'avait tendrement embrassé sur la tempe. Il se souvenait de la première fois où il avait fait sauter une crêpe, il l'avait lancé avec l'espoir qu'elle atterrirait dans le fond de la poêle, mais celle-ci avait malheureusement choisi un tout autre lit, et s'était retrouvé à même le sol de la cuisine. Craignant la réaction de sa mamie, il s'était empressé de s'excuser en se retournant vers elle. Alors qu'il s'attendait à être sermonné, il avait eu la surprise de les voir pouffer de rire face à l'échec de cette première fois.


Ses grands-parents ne l'avaient que très peu grondé durant son enfance. Les éclats de colère chez les Alonzo étaient rares. Aussi loin qu'il s'en souvienne, il ne leur avait jamais causé de soucis ni apporté des problèmes. Il avait toujours été ce garçon à la scolarité irréprochable, que ce soit du tourniquet de la maternelle aux bancs de sa classe préparatoire. Pour rien au monde, il n'aurait embêté ou fait du mal à ses grands-parents. Il savait parfaitement ce qu'il leur devait. Les sentiments négatifs, il les laissait exploser au karaté et pendant les entraînements de Foot Us.


« - Tu as des nouvelles de ton papa ? »


La question le fit sortir de ses songes et il croisa les iris bleus de son invitée. Elle le regardait avec un regard débordant de tendresse. Il but une gorgée de jus d'orange frais avant de répondre.


« - J'ai reçu un message il y a deux jours, mais je ne lui ai pas répondu. J'ai pas eu le temps.

- Isaac, tu devrais ...

- Non, Camélia. On en a déjà parlé et je ne compte pas changer, la coupa-t-il, catégorique.

- Notre discussion date d'il y a quatre ans ! Entre temps tu aurais pu mûrir, changer de tactique ...

- Je n'ai fait aucun effort et lui non plus. Et puis je ne veux pas en parler. Discussion close, énonça-t-il, d'un ton sec. »


Il continua de la regarder et il vit que la jeune fille s'était vexée. Elle avait baissé la tête et avait trouvé un soudain intérêt pour ses chaussures plates. Elle reposa son verre de coca sur la table en verre et s'enfonça dans le canapé en croisant les bras sur sa poitrine. Un silence s'installa et plus les minutes passaient, plus il se faisait lourd. Les paroles de Parkinson Père lui revinrent en mémoire, et il se leva de sa chaise pour s'approcher d'elle.

« - Camélia ...

- Je te boude Isaac, annonça-t-elle en tournant la tête vers la baie vitrée qui donnait sur le jardin fleuri.

- Mais j'ai rien fait Camélia, se défendit-il en levant les mains.

- C'est bien ça le problème Evans ! Tu ne fais rien ! Lança-t-elle en le regardant dans les yeux cette fois-ci.

- Camy, murmura-t-il, en s'asseyant sur l'accoudoir du canapé, d'une voix douce sachant d'avance l'effet qu'aurait ce surnom sur la jeune fille, oublie ce que j'ai dit et le ton que j'ai employé. »



L'effet escompté se manifesta comme par magie. Et il sut à ce moment là, que leur relation reprenait aujourd'hui, là où ils l'avaient arrêtée.

Elle se retourna vers lui et un timide sourire vit le jour sous ses traits fâchés.


« - Je veux un câlin, Quaterback, annonça-t-elle en plongeant ses yeux dans les siens.

- Je ne donne pas de câlin, Parkinson, objecta-t-il en se relevant. »


Elle fut plus rapide que lui, et le tira en arrière par le bras pour le faire tomber sur le canapé, à ses côtés.


« - Et bien tu apprendras à en donner alors! »


Puis elle se blottit contre lui et posa sa tête sur le torse du jeune homme. Surpris, il resta immobile quelques instants, ne voulant pas répondre à cette étreinte forcée. Il n'était pas homme à enlacer facilement et il n'enlaçait pas n'importe qui. Certes, Camélia n'était pas une inconnue, mais il n'était pas celui qui distribuait gratuitement de l'affection à qui en demandait. Les bras de la jeune fille se resserrèrent autour de lui, et il se souvînt d'une de leur étreinte après un match qu'il avait disputé...


« - Tu te souviens de la première fois où tu m'as appelée Camy ?demanda-t-elle en relevant légèrement la tête pour le regarder.

- Non, mentit-il avec demi-sourire en essayant de se dégager doucement de son emprise.

- Menteur, sourit-elle contre sa mâchoire. C'était à ton troisième match de l'année quand tu as ... »


Il l'empêcha de parler en mettant un doigt sur ses lèvres.


« - Oublie, ça ne se produira plus dorénavant, annonça-t-il en la repoussant gentiment.

- Que j'oublie ?! Tu plaisantes, Evans ? C'est un des plus beaux souvenirs que je garde de ton séjour chez moi ..., commença-t-elle en récupérant sa boisson.

- Et bien ça restera un souvenir, alors. Parce que je ne compte pas réitérer ça, Parkinson. »


Elle lui adressa un sourire provocateur, auquel il ne répondit pas, et se contenta de la regarder. L'américaine se mit à raconter ses activités après son départ. Il apprit ainsi qu'elle avait approfondi le français, langue que Parkinson Père mettait un point d'honneur à apprendre à ses enfants. Ainsi, la petite dernière n'avait pas échappé à cette règle d'or dans la famille, ses deux grands-frères la parlant couramment. L'image du paternel, coach réputé de Foot US lui revint en mémoire, et des souvenirs de son année de terminal en Caroline du Nord défilèrent devant ses yeux. Ces derniers brillèrent d'un éclat de fierté, tandis qu'il se souvenait du bonheur qu'il avait éprouvé durant toute cette année, pour avoir été conseillé par un homme tel que Matthew Parkinson.



Comme Isaac, il avait découvert ce sport sur les chaînes de télévision américaines, il l'avait pratiqué à l'université en même temps que ses études d'économie, puis du jour au lendemain, en voyant son fils aîné porter l'uniforme, il avait tout arrêté pour se consacrer à cette passion de jeunesse. Il était retourné en Caroline du Nord pour y retrouver son propre entraîneur et entraîner à son tour les jeunes prodiges de son État. Le jeune homme se rappela avec nostalgie, de l'ardeur dont il faisait preuve pour encourager ses « fistons » comme il le disait si bien. Il mettait un mot d'ordre pour connaître chacun de ses joueurs, les comprendre, pour ainsi mieux travailler leur points faibles. Matthew Parkinson, stratège passionné, allait chercher les faiblesses de ses joueurs pour les éradiquer, et faire de ses fistons, des sportifs talentueux que les autres équipes de foot craignaient d'affronter. Il adaptait sa manière de coacher à chaque joueur pour mieux les motiver. Il savait avec brio comment les impliquer davantage dans le jeu et développer l'esprit d'équipe. Il était parvenu à souder tous les joueurs entre eux, et faire de son équipe une grande famille, avec à la tête, un père stricte, exigeant, mais bienveillant.



Isaac Evans, avait trouvé en cet homme d'envergure, en cet entraîneur dévoué, une figure paternelle qu'il n'avait que peu connu. Son grand-père avait toujours été présent à ses côtés, mais l'attention et l'amour d'un père il les avait reçus aux États-Unis. Il était éternellement reconnaissant au Coach Parkinson de l'affection et de la confiance qu'il avait mise en lui.


Il revint à lui lorsque son invitée lui toucha le bras pour attirer son attention sur un des cookies aux trois chocolats. Il pivota son visage vers elle, et vit qu'elle s'était mis du chocolat sur la joue.


« - Isaac ! Ils sont délicieux ces cookies ! S'exclama-t-elle, la bouche pleine, les yeux pétillants. »


Il la dévisagea un instant, un sourire flottant sur ses lèvres, pas le moins du monde surpris par l'exclamation de sa convive. Les cookies de sa Mamie, étaient délicieux, c'était un fait établi depuis fort longtemps. Il lui tendit le rouleau de sopalin qu'elle accepta avec un petit rire, mi-amusée, mi-gênée. Elle essuya rapidement sa bouche et le rendit à Isaac, qui, après avoir soufflé de fatigue, le reposa sur la table basse. Elle se tourna vers lui, et planta son regard azur dans le sien, noir.


« - Comme je t'avais présenté tous mes amis au pays, je m'attends à ce que tu fasses pareil, lui confia-t-elle en lui prenant la main, et en ignorant le regard qu'il lui jeta. Je veux rencontrer ce fameux Thomas qui a l'air beaucoup plus cool que tu ne le seras jamais, je veux rencontrer tes grands-parents. Peut-être à ce renouvellement de vœux ? Proposa-t-elle elle-même. Tu penses qu'ils voudront que je vienne, Isaac ? Oh comme j'aurais envie de venir et assister à une fête célébrée à la française, avoua-t-elle le regard brillant d'excitation.

- J'en parlerais à Mamie que si tu lâches immédiatement cette main, Camélia, proposa-t-il avec un sourire. Elle la lâcha aussitôt et récupéra sa boisson.

- Je veux aussi revoir cette Julianne Davis. Je l'apprécie déjà cette jolie brune ! Lança-t-elle d'une voix enjouée, laissant présager une future profonde amitié. »


Il la considéra un instant, surpris, par cet engouement si soudain, vis-à-vis de celle qui s'amusait à lui mener la vie dure. Il ne sut s'expliquer si il s'agissait du pouvoir de séduction de Davis qui avait, rapidement et indéniablement, agi sur Camélia, ou bien si c'était elle, qui avait une hâte, non dissimulée, de rencontrer tous ses proches. Il faillit lui rappeler que cette fille n'était ni son amie, ni un membre de son entourage.


« - Davis ? Répéta-t-il en reprenant un cookie dans lequel il croqua rapidement, tandis que la jeune fille acquiesçait. Ce laideron ?

- What ? Qu'est-ce-qu'un laideron, Isaac ? demanda-t-elle en dirigeant la main de son hôte vers sa bouche.

- C'est quelqu'un de moche, fit-il sans aucune gêne en récupérant le peu de cookie qui lui restait.

- Julianne n'est pas ainsi, dit-elle en secouant la tête. Et je suis sûre que tu ne la trouves pas moche. Seulement tu te forces à le penser, peut-être que tu es jaloux de ses jolis traits, proposa-t-elle en voyant son interlocuteur hausser un sourcil interrogateur. Ou bien ses beaux cheveux ? Non, laisse-moi deviner ! Tu es jaloux de ....

- Je ne suis pas jaloux ! Et sûrement pas d'elle, Parkinson ! Répliqua-t-il, l'air un brin dégoûté.»


Comment pouvait-il être jaloux de cette fille ? Isaac Evans n'avait rien à jalouser à Julianne Davis, et encore moins ses cheveux, qui lui avait agressé les yeux au lycée. De plus, les siens n'avaient rien à envier à ceux de la jeune fille. Son cerveau lui imposa aussitôt une image d'elle, le toisant avec moquerie, en tortillant une mèche de cheveux. Il ferma les yeux et l'image se dissipa, rapidement, comme une légère brume.


« - Pourquoi est-ce-que tu étais cassant avec elle, Isaac ? Demanda-t-elle en fixant le cadre accroché au mur, le représentant pour ses dix ans, vêtu d'un costume et d'un nœud papillon.

- On a toujours été cassant. La gentillesse et la douceur, on ne connaît pas, énonça-t-il, sans avoir eu besoin de réfléchir, tant sa réponse transpirait l'évidence.

- Vous n'avez jamais essayé ? »


Il se rétracta face à cette question. Avaient-ils déjà essayé de se parler gentiment ? Peut-être. Peut-être pas. Leurs rapports remontaient au lycée, et cette période était déjà orageuse. La suite des événements ne prouvait qu'une seule chose : entre eux, l'orage n'était jamais loin. Lorsque la première impression que nous avions d'une personne était mauvaise, chercherions-nous à la changer ? Chercherions-nous à voir du bien en elle ? Chercherions-nous à lui faire du bien ? Leur première rencontre s'était soldée par un accrochage, par la suite, c'était une tempête de disputes qui leur était tombée dessus. Alors pourquoi auraient-ils cherché de la douceur, là où ils étaient persuadés de ne jamais jamais en trouver ?


« - Non, répondit-il en regardant, les yeux dans le vague.

- Pourquoi ? »


Pourquoi ? Parce qu'ils en avaient jamais eu besoin de douceur. Leurs altercations, emplies de méchanceté, de colère et de haine, leur suffisaient amplement, jusqu'à une certaine période. Mais celle-ci avait été tellement courte, qu'au final, pour Isaac, elle n'était nullement importante et intéressante. Des souvenirs palpitants l'envahirent de nouveau, et il se retrouva au stade, paré pour jouer, Julianne le toisant méchamment. Cette flamme de colère ne quittait jamais ses grands yeux marrons, les rendant toujours un peu fous, un peu passionnés par cette prétendue haine qu'elle lui vouait depuis le premier regard échangé. Dès qu'elle le voyait, elle ne pouvait s'empêcher de le fixer avec dureté, avec l'espoir de lui faire comprendre l'intensité de ce qu'elle ressentait pour lui, faute de pouvoir le lui déclarer tous les jours.



« - Pourquoi, Isaac ? Répéta-t-elle devant son silence. »


Il revint à lui, tandis qu'un sourire flottait sur ses lèvres.


« - Parce qu'on n'en a jamais eu besoin, je pense. »



* * * *



Tae Kim revenait de la cuisine avec un plateau où étaient disposés quatre verres à eau guinguette. Il les posa sur la table de la salle à manger et tourna la tête vers sa mère, qui était en grande discussion avec sa collègue. Elles parlaient des séries télévisées qui passaient sur la célèbre chaîne de télévisions coréenne KBS. Il était ravi de voir que Julianne avait rapidement conquis sa mère, avec son sourire de petite fille, et ses grands yeux pétillants de bonheur. C'était la troisième fois qu'elle leur rendait visite, et il pouvait assurer que dès leur première rencontre, il n'y avait eu aucun silence chez les Kim. Les conversations allaient bon train, et elles s'enfermaient dans ce monde constitué seulement de deux personnes. Le jeune homme avait rapidement été mis à l'écart, peut-être même dès samedi dernier, mais, il ne s'en offusquait nullement. Il n'était pas homme à s'énerver parce qu'il était ignoré. Il savait se faire discret et rester dans l'ombre pour permettre aux autres de se rapprocher. Ainsi, il préférait se retirer et laisser Julianne profiter du séjour de sa mère.


Son regard glissa de sa génitrice à sa convive, et il se fit doux, tendre. Il observa son profil avec intérêt, et le trouva fort joli. Il caressa de ses yeux, la courbe de sa mâchoire, et s'arrêta sur sa lèvre inférieure qu'il rêvait de tenir entre les siennes. Il remonta à son petit nez fin, et eut envie de déposer un léger baiser. Il sentit son cœur gonfler d'un sentiment similaire à de l'amour tandis que la jeune fille accordait à sa mère un sourire étincelant. Il eut une envie forte de l'embrasser sur ce fameux grain de beauté qu'elle avait sur le coté gauche au-dessus de sa bouche, puis glisser ses lèvres jusqu'à celui qui régnait dans son décolleté, du côté droit.


Il voyait dans les regards de Julianne que ses sentiments étaient partagés. Il le ressentait à la manière qu'elle avait de le regarder quelques secondes en étant sérieuse, ou parfois un peu colère, puis de sourire sans prévenir. A chaque fois, son cœur tombait dans sa poitrine et il avait l'impression d'être totalement dominé par cette fille.


Elle lui faisait tourner la tête, c'était indéniable. Il mit fin à sa contemplation en laissant un échapper un petit rire, puis entreprit de s'approcher du fauteuil de Julianne. Il croisa le regard de sa mère, et il comprit aussitôt qu'elle avait lu en lui, et découvert ses plus profonds secrets. Il se rappela encore une fois que rien n'échappait à Madame Eun-Jung Kim. Gêné, il se massa la nuque, tandis que sa convive tournait la tête, pour lui sourire.


« - Tae Kim! Regarde le hanbok que ta mère m'a offert ! S'exclama-t-elle en se levant et en présentant son costume, d'un gracieux geste de la main.

- Tu es en train de me montrer ta robe, ou faire un pas de danse indienne, la taquina-t-il en la dévisageant, un sourcil haussé.

- Les deux, lança-t-elle en riant.

- Vous êtes ravissante dans ce hanbok, Julianne. Je suis contente de mon choix ! Clama-t-elle les yeux brillants de joie. Ce jeogori blanc cassé, vous servant de veste, avec ce chima, cette longue jupe en tissu doublé, bordeaux, font de vous, une princesse coréenne. Et ce petit norigae doré autour de votre taille, vous apportera santé, protection et bonheur, ma jolie. Il veillera sur vous, lui confia-t-elle en lui prenant les mains.

- Vous êtes adorable Madame, et encore merci pour ce si beau cadeau que vous me faîtes. »


Elle se retourna vers le tenant de l'appartement, et lui sourit de toutes ses dents, fière du costume qu'elle portait, un brin provocatrice.


« - Qu'es penses-tu, mon fils ? Demanda Eun Jung Kim, en mettant un bras autour des épaules de la jeune fille. »


Julianne ancra son regard son regard ambre dans celui du jeune homme. Il la dévisagea, un instant, subjugué par le charme qu'elle dégageait. Coréenne ou non, cet habit lui allait à ravir, et même le coréen le plus traditionaliste aurait été obligé de reconnaître que le costume seyait à la demoiselle. Il ne sut dire si c'était le costume qui embellissait sa convive ou bien si c'était la jeune fille qui rendait à cette robe toute la beauté et la grâce qui lui était dû.


« - Maman, Julianne ne peut pas égaler la splendeur des coréennes habillée ainsi, railla-t-il avec un sourire en coin. »


Elle secoua la tête en souriant.



* * * *


« - Fais attention avec ta robe dans le train, prévint le coréen avec un sourire. La jeune fille haussa un sourcil, interrogateur. Pour ne pas que tu te prennes les pieds dans les pans de ta robe et que tu t'étales au sol comme une crêpe.

- Laisse-moi rire ! Je marche avec élégance pour honorer ce costume du Pays du Matin Calme, lui répondit-elle en le devançant pour se poster la première sur la marche de l'escalator.

- Je n'en doute pas un instant, fit-il en souriant, à son tour. Tu es ravissante, avoua-t-il finalement. Et ce rouge à lèvres te va à merveille.

- N'est-ce-pas ? Je savais que tu le pensais, Tae Kim !

- Le costume ou le rouge à lèvres ? Lança-t-il avec un sourire charmeur.

- Le costume, lâcha-t-elle, en se retournant pour retrouver la terre ferme. »



Il l'accompagna jusqu'au dernier étage de la gare qui donnait sur les différents quais. Ils se dirigèrent vers les derniers lorsque la jeune fille mit une main sur son épaule.


« - Bon, tu peux me laisser ici, Tae Kim. Merci pour cette agréable journée, le remercia-t-elle en lui déposant un baiser sur la joue. »


Julianne l'étreignit avec douceur avant de tourner les talons. Elle souleva les plis de sa robe au niveau des hanches, pour éviter que le bas n'embrasse le sol, peu propre. Elle allait monter la première marche du train lorsqu'elle vit qu'une main lui était tendue. Elle releva la tête jusqu'à croiser deux pupilles noires. Elle baissa la tête pour dévisager cette main avant de monter les marches, ignorant royalement l'aide proposée. Elle opta pour l'étage du dessus et alla choisir un siège. Elle sortit de son sac à mains ses écouteurs et lança la musique tandis que le train démarrait. Le paysage défilait rapidement, les arbres qui se suivaient ne pouvaient plus être distingués.


Elle ferma ses yeux et se laissa bercer par les notes, tandis que les souvenirs affluaient en elle. Elle humait de nouveau les effluves marines, cette douce odeur d'iode qui se dégageait de l'océan, elle sentait de nouveau le sable doux et chaud des plages de Barcelone. Elle revoyait cette belle côte, tous ces corps étendus, bronzant sous l'astre solaire, qui daignait les prendre sous son aile, ardente. Les cris, les rires des enfants, le bruit des vagues qui se fracassaient l'une contre l'autre, elle revivait tout cela. Un souvenir dompta tous les autres, elle se souvenait d'une Victoria qui lui courait après parce qu'elle lui avait piqué sa glace.


Elle se revoyait courir, sentait les grains de sable brûlant se faufiler amoureusement entre ses orteils. Elle faisait voler de la poussière autour d'elle à chaque pas posé, glissant par ci, tombant par là. Elle jetait des coups d'œil furtifs à sa sœur, qui était loin derrière elle, et qui ne cessait de crier son nom et de jurer qu'elle récupérerait sa glace. Elle s'était retournée, une dernière fois, pour lancer à sa sœur qu'elle ne reverrait pas son cornet, quand elle avait rencontré un obstacle. Sa tête la première avait cogné contre une chose dure, plus communément appelée un torse. L'homme était tombé à la renverse, et il avait entraîné la jeune fille dans sa chute, en l'agrippant par la taille. Sa glace s'était pitoyablement écrasée contre les pectoraux du jeune homme, et dans la lancée, avait tâché le débardeur jaune de Julianne. Leurs regards s'étaient croisés une seconde, avant qu'elle ne se rende compte qu'une des mains était placée sur son postérieur. Elle avait prit aussitôt conscience de sa position et de leur proximité physique, puis s'était relevée, légèrement honteuse. Tandis qu'elle regardait les dégâts causés par le chocolat étalé sur son décolleté, l'inconnu s'était, à son tour, remis sur pieds et la toisait, un sourire moqueur aux lèvres.


« - Pas mauvaise ta glace, lança-t-il dans un français parfait en goûtant à la tâche qu'il avait sur le pectoral droit.

- Un Frenchi à Barcelona ? Demanda-t-elle en mettant un joli accent espagnol sur la ville. »


Elle croisa son regard et vit qu'il avait les yeux aussi bleus que l'océan. Elle abaissa son regard et vit que son torse était parsemé de traces de chocolat. Elle releva la tête et s'empressa de s'excuser de sa bêtise...


« - Je suis vraiment désolée, de t'être rentrée dedans. J'essayais d'échapper à ..

- Passons, c'est rien, fit-il d'un geste de la main. Tu as besoin d'aide pour nettoyer ton décolleté, goût chocolat ? Proposa-t-il en s'approchant d'elle, les yeux brillants d'un éclat dangereux. »


Elle avait haussé un sourcil à son encontre, surprise, par l'audace et le culot qui se dégageait de sa personne. Lui faire une telle demande, alors qu'ils ne se connaissaient pas ...

« - Je pense pouvoir me débrouiller, avait-elle répliqué en se détournant et se mettant à marcher.

- Je proposais c'est tout, avait-il expliqué en la rattrapant doucement par le bras.»


Elle s'était arrêtée et lui avait fait face, de nouveau.


" - Tu devrais retirer ton débardeur ...

- Juli, s'était-elle présenté, rapidement.

- Julie, avait-il murmuré avec un sourire étincelant. »


Il était joueur, c'était indéniable. Son audace l'avait surprise, mais elle lui avait également plu. Quelle fille normalement constituée ne serait-elle pas charmée par de telles paroles venant de ce type d'individu, au corps et au visage tentateurs ? Elle s'était dit que la Julianne joueuse, charmeuse se devait de se montrer et de dominer le jeu qu'ils venaient d'installer. Elle avait eu envie de jouer. Et elle avait joué. Elle avait ancré son regard mordoré, brillant de malice, dans l'azur de cet inconnu charmeur. Une lueur amusée dansait dans ses yeux bleus, qui vous appelaient à la noyade. Une fois le contact établi, elle avait souri, un brin tentatrice, puis elle avait lentement soulevé ce débardeur jaune, avec des nuances marrons, sous un regard scrutateur, brûlant. Au fur et à mesure que le tissu laissait entrevoir, avec une lenteur exagérée, de la chair, le regard azur remontait, à la même allure, du nombril de la jeune fille à sa poitrine pour finir par s'arrêter à ses yeux.


« - Joli maillot de bain, avait-il confié après avoir déglutit, tandis que ses yeux pupilles fixaient la bande de tissu marron qui reliait le maillot de bain une pièce, dévoilant ainsi tout le ventre et le dos de la propriétaire.

- Merci, murmura-t-elle d'une voix suave vrillant un regard chaud à celui de son interlocuteur, qui semblait ébahi. Et pour les tâches, on fait comment ? Demanda-t-elle d'une petite voix, une mine coupable.

- Hein ? Quelles tâches ? Avait-il questionné, légèrement incrédule. »


Elle s'était rapprochée de lui et avait posé une main sur son épaule, dure comme la pierre. Aussitôt, il l'imitait, indéniablement, sous le charme. Elle avait alors essuyé avec son haut les tâches qui parsemaient son torse. Il l'avait regardée faire, avec un sourire en coin. Elle allait reculer lorsqu'elle avait remarqué, une trace marron sur sa mâchoire du jeune homme. Elle l'avait fait disparaître du bout de son index, avant de mettre ce dernier dans sa bouche. Face à cette scène, il avait souri de plus belle.


« - Tu aurais pu t'y prendre comme ça pour le torse, aussi, Julie.

- Rêve toujours ...

- Azaria ! »



Elle lui avait souri à son tour, et avait eu envie de lui dire qu'elle adorait ce prénom de l'Ancien Testament ...


« Julianne ! ».


Elle ouvrit aussitôt les yeux, et se retrouva assise sur un siège de train. Plus de sable chaud, plus de soleil brûlant, plus de vagues, et surtout, plus d'Azaria .... Elle releva la tête pour croiser deux pupilles noires, un peu trop familières. Isaac Evans, les cheveux en bataille, un sourire plaqué sur les lèvres qui n'annonçait rien de bon, la dévisageait.




Alors ? Qu'en avez-vous pensé ? J'espère que ce petit chapitre vous aura plu ~~ Nous avons ici une petite opposition pour mettre en valeur le comportement d'Isaac et Julianne quand ils sont avec d'autres personnes : Une Julianne enjouée et ravie, et de l'autre côté un Isaac sympathique et surtout humain ! ;)

La suite arrive très bientôt, les ami(e)s ! <3


Fidèlement vôtre,


Miss-Key.


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