Chapitre Vingt-Neuf

     Alyssa

Le réveil a été tout particulièrement difficile ce matin. Non que la nuit ait été éprouvante mais surtout courte. Avec tout les événements de la veille, je n'ai pas vraiment pu m'accorder une nuit très longue pour compenser à ma fatigue. Les cernes doivent sûrement décorées joliment mon petit minois une fois de plus. Si ça continue, je ne donne pas cher de ma peau avant la fin de ce mois.

Je viens tout juste de sortir de la salle de bain. Nous sommes lundi aujourd'hui et je vais passer toute ma journée en retenue comme convenu la veille. Un programme fort palpitant me direz-vous. Enfin bon, je ne vais pas me plaindre de cette sanction car j'avais cru recevoir bien pire. A cette occasion, j'ai décidé de m'habiller confortablement d'un simple leggins avec un pull large. Cela fera amplement l'affaire. Un peu comme à chaque fois en ce moment. En guise de maquillage, je me suis simplement chargée de mon teint pour ne pas paraître trop cadavérique et de mon éternel camarade le mascara.

Nelly m'attend devant la porte de la chambre. Elle a proposé que nous mangions ensemble ce matin plutôt qu'elle parte directement pour les cours. Je suppose que c'est sa manière à elle de me montrer son soutient pour la dure et longue journée qui m'attend. Surtout face à l'épreuve du réfectoire. J'enfile rapidement ma parka puis prend mon sac dans lequel j'ai glissé quelques affaires nécessaires.

«Ça va aller pour ce matin ?» Me lance Nelly alors que nous arrivons au niveau de la cantine.

«Je pense que te répondre oui serait inutile. Je sais d'avance que je vais me faire remarquer mais qu'importe... Je vais devoir me faire à cette idée. Peut-être que je m'habituerais un jour ?» Soupirais-je avec une once d'ironie.

Aucune réponse ne me parvient. Je suppose que mon amie préfère rester silencieuse afin de ne pas m'enfoncer d'avantage. Et dans un sens, je lui en remercie. Je n'ai pas vraiment envie d'apporter d'avantage la pitié sur mes épaules.

Anxieuse, nous pénétrons enfin dans la cantine. Le bruit habituel est toujours présent. A ma grande surprise, les bruits continuent de fuser malgré mon arrivée. Je ne provoque aucun silence contrairement aux autres fois. Toutefois, je ne met pas bien longtemps à comprendre que la plupart des élèves parlent de moi. Le contraire aurait été trop beau pour y croire. Les regards des Anges ne tardent pas à me le faire comprendre. Tous m'observent avec méfiance. Les Démons quant à eux me sourient avec amusement ou me regardent avec indifférence. Du moins, pour la plupart. Je suppose que tout le monde est au courant ici.

Me donnant un peu de courage, j'inspire profondément puis m'élance dans la salle afin de me servir à manger. Je ne dois pas me laisser abattre. Nelly est derrière moi et nous discutons en tentant de faire abstraction au reste. Je fais en sorte de pouvoir me servir rapidement afin de rejoindre au plus vite notre table. Mon regard contourne la salle avant que je n'aperçoive mes deux autres camarades. Hésitante, je suis finalement Nelly qui m'a devancé pour l'occasion.

«Bonjour...» Lançais-je à leur intention d'une petite voix.

Aucune réponse. Je suppose que le constat est mauvais. Raclant ma gorge, je garde mon regard rivé sur mon plateau. Je perçois néanmoins du coin de l'œil que Nelly bouscule légèrement les deux autres afin qu'ils daignent à me répondre. Toutefois, rien n'y fait.

«Arrêtez de jouer aux gamins vous deux. De une Mélina ça ne te ressemble pas et de deux, Benjamin arrête de tirer cette tête. Tu fais plus idiot qu'autre chose. On sait tous qu'elle a dérapé pas la peine d'en faire toute une histoire.»

Sur le coup, je ne peux m'empêcher de relever discrètement les yeux. La Salamandre est tenu en face de moi, me fixant avec sérieux. Embêtée, je soutiens son regard malgré tout. Je ne suis pas d'humeur à me laisser écraser aujourd'hui. Et ce, même si nous sommes amis. Il faut que je me montre un minimum courageuse autrement je risque de flancher complètement.

«Je sais ce que vous pensez tout les deux de mon comportement de la veille. Je sais que j'ai mal agit. On me l'a bien fait comprendre hier. Mais vous savez quoi ? C'est fait maintenant et je ne peux plus retourner en arrière. Je le regrette déjà assez alors pas la peine de me regarder comme si j'étais une abomination.»

Soupirant sans aucune retenue, je me contente de manger mon plateau repas sans rien ajouter de plus à la conversation. Je ne suis pas d'humeur aujourd'hui et la fatigue ne m'aide en aucun cas à arranger les choses. Un silence pèse lourdement sur notre table tandis que les autres autour continuent leurs activités. Je vous assure que si j'entends encore quelqu'un parler dans mon dos je risque de m'énerver. Je tente de garder mon ouïe la plus fermée possible.

Après plusieurs minutes de silence qui me semblent interminables, je termine enfin le contenu de mon assiette. Je préviens Nelly de mon départ sans pour autant adresser un regard aux autres. Je ne vais pas devoir tarder si je ne veux pas être en retard. Et tandis que je m'apprête à me relever, une main saisie fermement mon poignet.

«Attend... Je enfin on voudrait s'excuser.» Déclare timidement Mélina en me faisant rasseoir par la même occasion.

«Je t'écoute.»

«Je suis désolée. Disons juste que j'ai été surprise en apprenant la nouvelle c'est tout... Je pense que Benjamin et Nelly ont eu le même ressenti que moi. On se fait juste du soucis. Tu ne te rends pas compte mais justement on est là pour te raisonner de temps à autre. Et je pense que tu en as bien besoin en ce moment par rapport aux Démons. On veut juste ton bien comme le ferait des amis.»

Face à l'air altérée de mon amie, je ne peux m'empêcher de relâcher un léger soupire. Pourquoi a-t-il fallu que cette asiatique soit munie d'une paire d'yeux de chaton attristé ? Vaincu, j'hoche mon visage faiblement avant d'ajouter à mon tour :

«Je comprends que mon comportement puisse vous paraître étrange. Je suis désolée de vous avoir inquiété de la sorte. Je vous avais promis de faire plus attention mais je n'ai pas pu tenir ma promesse. Je tenterais de le faire à l'avenir. Pardon aussi.»

Bien que j'essaye de paraître sincère, je sais que je briserais une nouvelle fois cette promesse. C'est au dessus de mes forces et j'en suis consciente. Un faible sourire apparaît sur les lèvres de Mélina tandis que Benjamin acquiesce du visage. Bien qu'il semble d'accord, je le trouve un peu plus froid que mes deux amies. J'essaye de ne pas y prêter trop attention au risque de me torturer l'esprit. Je leur fais rapidement une embrassade avant de me diriger vers la sortie du bâtiment. Il ne faut pas que je tarde.

Je me raidis légèrement en croisant sur mon passage Lucas et sa bande habituelle. Tous me fixent calmement bien que je décèle ce même air chez tous : de la déception. Je retiens au mieux mes émotions et me dirige au plus vite vers mon échappatoire.

Une fois dehors, je m'empresse de prendre une grande bouffée d'air frais. La tension retombe peu à peu de mes épaules. Je jette un rapide regard à l'heure avant de me diriger vers le bâtiment réservé aux Anges. Je suppose que j'aurais mes heures de retenue là-bas.

. . .

Comme je l'avais prédit, mes heures de colle sont belles et bien organisées dans notre bâtiment. Et pour le coup, c'est mon professeur de Bon Sens, prénommé Monsieur Cobb, qui se chargera de me surveiller. Allez donc savoir pourquoi. Je suis visiblement la seule à être collée pour la journée. En même temps, ce doit être une chose assez rare chez nous. J'en doute fortement du côté des Démons par contre.

Sans attendre, je m'installe à une table placée au milieu de la salle. Je ne tiens pas à être trop proche du bureau du professeur au cas où.

«Bien. Je suppose que je n'ai pas besoin de te rappeler le motif de ta venue ici mon enfant.» Déclare l'homme.

«Non, en effet. Ce ne sera pas nécessaire.»

«Je dois t'avouer que cette nouvelle m'a plutôt étonné. J'avais trouvé ton dernier devoir tout particulièrement fascinant. C'est pourquoi, pour que tu puisses remonter dans l'estime de chacun, j'aimerais que tu nous traites une question bien connue des Anges.»

J'haussais un sourcil à sa remarque. Il est vrai que Monsieur Cobb avait été époustouflé de par la qualité de mon dernier devoir. Celui que j'avais été faire en compagnie de Nelly à la bibliothèque. Sachez que j'avais obtenu la note la plus élevée de ma classe. Bien évidement, mon professeur n'avait pu que m'adorer. Je pouvais donc comprendre dans un sens la déception qu'il ressentait en me sachant ici pour une raison particulière. J'avais cette sale impression de décevoir tout le monde dernièrement de toute manière.

«Bien. J'aimerais donc que vous traitiez ce sujet pour aujourd'hui.»

Et tandis que je sortais mes affaires de mon sac, j'entendais un bruit de craie contre le tableau. Je relevais ensuite le visage au même moment où mon professeur se décidait à énoncer son sujet écrit.

«Le Bien peut-il succomber au Mal ?» Énonça-t-il.

Suite à ces mots, je ne pouvais me retenir d'arquer un sourcil. Pourquoi une telle question ? Dans un sens, j'avais cette sale impression d'être indirectement visée par ces reproches. Et cela était loin de m'en plaire.

«Je sais que c'est un sujet qui ne vous plaît pas forcément mais c'est important que vous le traitiez. J'aimerais votre avis sur ce sujet mademoiselle. Je ne vous jugerais pas. Vous pouvez tout aussi bien exposer votre point de vue personnel comme un autre plus scientifique et général. A vous de choisir. Vous êtes libres dans votre démarche. Bien évidement, vous avez toute la journée et vous avez à disposition les livres présents dans cette salle.»

Pour l'occasion, je me sentais presque comme lors de mes cours de langue lorsque j'étais encore au lycée. Heureusement pour moi, avec mon niveau, je n'aurais aucun problème à mettre en marche mon écriture. Le seul soucis était de pouvoir traiter convenablement le sujet. C'était assez vaste. J'avais largement de quoi m'occuper au moins.

Tandis que je réfléchissais déjà à la façon dont j'allais élaborer mon devoir, je remarquais que mon professeur prenait place à son bureau. Et sans trop prêter d'attention à ce qu'il comptait faire de son côté, je me mis au travail. J'essayais tant bien que mal de me donner du baume au cœur.

. . .

Une goutte. Deux. Puis trois. J'ai l'impression que cela n'en finit plus. Aujourd'hui, en ce sombre lundi, la pluie a décidé de s'abattre sur notre Académie. C'est un événement assez rare sachant que le bouclier autour de notre école peut maîtriser le temps. Toutefois, il semblerait que nos dirigeants aient décidé de laisser la nature reprendre son pouvoir ces derniers temps.

Le visage écrasé contre ma main, j'observe cette pluie s'abattre lourdement contre les vitres. Le bruit est palpable. Il brise le silence qui s'est installé dans cette salle depuis ce matin.

Monsieur Cobb est toujours là. Il est avec moi depuis que je suis arrivée ici. Autant vous dire qu'il a du courage. Heureusement pour lui, trouver des occupations ne lui semble pas une tâche difficile. J'ai également pris mon repas du midi ici. Une dame de l'école est venue nous l'amener apparemment. Je dois vous avouer qu'être enfermée dans cette depuis je ne sais combien d'heures est assez oppressant. Ma seule sortie fut pour les toilettes. Autant vous dire que niveau divertissement... On se croirait presque en prison.

«Je reviens mademoiselle Taylor. Je m'absente pour quelques minutes. Continuez.»

«Entendu.»

Sans demander son reste, l'homme sort tranquillement de la salle enfermant la porte derrière lui. Il semble me faire confiance. Après tout, je me suis comportée tout à fait convenablement depuis le début. Mon devoir est bien avancé. Nous sommes actuellement quinze heures et quart. Mon introduction et mon développement composé de trois grandes parties sont écris au propre. Il ne me reste plus qu'à rédiger ma conclusion. Autant vous le dire de suite, je suis plutôt satisfaite de ce que j'ai écris. Je me doute que mes mots ne plairont pas à tout le monde mais j'expose un peu mon idéal à travers cette copie.

N'ayant pas la foi pour écrire, je me décide à prolonger encore ma pause. Je suis seule dans cette salle et j'ignore quand Monsieur Cobb reviendra. Ennuyée, je me balance un peu sur ma chaise en regardant tout autour de moi. La salle est plutôt banale. Du moins, elle est bien propre à l'univers que représente notre camp. Lumineuse et accueillante. Plutôt ironique pour une salle de retenue. D'ailleurs, de nombreuses phrases philosophiques et pleine de bon sens ornent les murs. Sûrement pour nous rappeler que nous sommes les gentils, les bienfaiteurs dans cette histoire. Cette idée m'amuse et me fait doucement rire.

Je ne me suis jamais sentie complètement Ange. Je suis humaine. Je ne suis pas parfaite et c'est ce qui fait que je suis moi et non une pâle copie de tout ces Anges obéissants.

«Quel ennui...» Soupirais-je en balançant mon visage en arrière.

Après avoir passé quelques minutes dans le silence, je me redresse doucement. J'avais presque oublié ! J'ai pris le livre de Martin avec moi ce matin. Malheureusement, je n'ai pas eu l'occasion de pouvoir y jeter mon nez. Cela m'est impossible car Nelly est souvent avec moi dans la chambre et le faire dans la salle de bain serait louche. Je profite donc de l'absence temporaire de mon surveillant pour sortir l'ouvrage de mon sac.

Il est ancien mais est déjà bien moins poussiéreux que l'autre tombé du ciel. Je remarque un petit symbole gravé sur le côté du livre le gardant fermé. C'est étrange. Il ne m'est pas étranger. Je l'ai déjà vu mais j'ignore où. Curieuse et précautionneuse, je dépose doucement un doigt pour effleurer le motif du doigt. Et sans comprendre, un bruit se fait entendre. L'attache se détache d'elle-même.

Sans trop comprendre ce qui vient de se passer, je l'ouvre doucement et me jette dans sa lecture. Il faut bien le reconnaître, la compréhension est difficile. Moi-même ayant fait une section littéraire, je ne trouve pas toujours évident de comprendre les mots qui y sont écrits. Bien heureusement, le décryptage reste encore accessible.Le langage me semble tellement ancien que je me demande si des êtres de notre peuple le parlent encore.

Plongée dans ma lecture, je relève vivement mon visage à l'entente de bruits de pas. Cobb ! Il est déjà de retour ! Immédiatement, je referme le livre puis le range rapidement dans mon sac. Je me repositionne correctement sur ma chaise puis fait mine de travailler pile au moment où celui-ci rentre à nouveau dans la salle.

«Je vois que tu travailles toujours. Où en es-tu ma chère enfant ?» Déclara l'homme en s'approchant de ma table.

«J'ai pratiquement fini monsieur. Il ne me reste plus que ma conclusion et ma relecture et je pourrais vous rendre mon devoir.»

«Je vois, parfait. Je constate que tu as écris beaucoup. Le sujet t'aurait-il donc inspiré ?» Il feuilleta les nombreuses feuilles de rédaction.

«Disons que j'attends de recevoir votre avis à propos de cet écrit.»

«J'en attends tout autant mademoiselle. Sur ce, je vous laisse finir. Votre retenue sera finie pour seize heure. Vous avez encore le temps.»

Comme simple signe de réponse, je me contentais d'hocher positivement mon visage. Pour sa part, l'homme repartait tranquillement à son bureau reprendre ses occupations.

Le temps passait relativement vite. Et comme prévu, j'eus largement le temps de terminer ma conclusion et ma relecture. Puis, lorsque l'heure de fin sonna enfin dans la salle, je me levais calmement de mon bureau. J'enfilais mon manteau puis mon sac avant d'approcher du bureau. Je rendais ainsi toutes mes feuilles à Monsieur Cobb.

«J'attends avec impatience de pouvoir lire ce que vous m'avez écrit mademoiselle Taylor. La prochaine fois que vous me rendrez un devoir, j'espère que les circonstances en seront différentes.»

«Comptez sur moi monsieur.»

«Je l'espère. Vous pouvez y aller désormais. Bonne fin de journée. Et surtout, faites attention à vous jeune fille.»

«A vous aussi. Ne vous en faites pas pour moi.» Répondis-je en comprenant le sens de ses mots.

Sans attendre une minute de plus, je m'empresse de sortir de cette maudite salle. Enfin ! J'inspire un grand coup, soulagée de pouvoir enfin respirer un nouvel air. Il semble pleuvoir encore dehors. Tant pis. Je me précipite vers la porte d'entrée du bâtiment et enfile ma capuche avant de sortir. Nous sommes actuellement seize heures. Les cours doivent être fini pour la plupart. Comme je n'ai pas grand chose à faire du reste de ma journée je me décide à aller dans ma chambre.

. . .

Nelly ne semble pas être encore de retour. La pièce est vide. J'essaye de me remémorer au mieux son emploi du temps dans mon esprit. Toutefois, c'est peine perdue. Soupirant de fatigue, je me souviens d'un détail. Organisée comme elle est, Nelly a dû sans doute noter tout son emploi du temps de la semaine sur son bureau. C'est avec méfiance que je m'approche de cette partie de la chambre. Après quelques minutes de recherche, je distingue un papier accrocher contre le mur. Bingo ! Et de ce que je peux en lire, ma sorcière ne sera pas de retour avant dix-huit heures environ. Cela me laisse largement le temps pour commencer ce que j'ai à faire !

Je me précipitais rapidement sur mon lit en sortant au passage le livre caché sous mon matelas. Par la même occasion, je prenais soin de prendre l'autre livre donné par Martin. Avec un peu de chance, j'aurais sûrement le temps de décrire quelques lignes voir pages de cet étrange livre. Enfin bon, il ne faut pas trop rêver non plus à ce sujet.

Tout le nécessaire était disposé sur mon lit : livres, feuilles, crayons et autres instruments en tout genre. J'avais besoin de m'organiser convenablement. Comme tout à l'heure, le livre de traduction s'était ouvert au passage de ma main sur le symbole. Un drôle de mécanisme ma foi. Les sourcils froncés, je relisais à de nombreuses reprises les nombreuses lignes. Faire la traduction d'un livre n'était pas chose évidente. D'autant plus lorsqu'il s'agissait d'un livre ancien appartenant au langage des Anciens.

«Bon sang...» Relâchais-je en mordillant mon stylo entre mes dents tout en me frottant un œil avec ma main. La frustration me gagnait peu à peu.

Mes yeux commençaient réellement à fatiguer sous le nombre incalculable de lettres et de mots qui défilaient sous mes yeux depuis plus d'une heure. Je n'avais fais que travailler de ma journée et les effets commençaient à se faire ressentir peu à peu dans mon organisme. Baillant longuement, je me donnais quelques petites claques sur mes joues. Juste histoire de me réveiller et de me donner un peu plus d'énergie.

Ce ne fut finalement qu'au bout d'une heure et demie de travail que je réussis enfin à traduire plus d'une page. J'étais tout particulièrement fière de moi. Plutôt que de tout écrire, j'avais préféré en apprendre directement le langage et ne prendre que quelques notes. Laisser une trace écrite de ma découverte me semblait peu sûr. N'allez pas me demander pourquoi mais j'avais l'intime conviction que toute cette histoire devait rester secrète aux yeux de tous hormis moi. Bien heureusement, j'avais une mémoire assez visuelle et rapide. Cela m'aidait ainsi à apprendre et retenir rapidement les choses. Un grand avantage pour les études de Lettres.

Satisfaite de moi-même, je posais le livre sur mes genoux afin de commencer à faire ma traduction. Mon doigt suivait peu à peu les lignes en même temps que je décrivais cette mystérieuse langue si ancienne de nos jours...


«Oh vous, êtres surnaturels, ayant réussi à trouver ce livre, des règles vous seront imposées afin de contribuer à la bonne protection de cette relique venue de vos Ancêtres. Notre confiance vous a été accordé de par le fait que vous êtes à l'heure actuelle entrain de lire nos écrits.

Certaines choses se doivent d'être gardées. Les Secrets. Seuls Démons, Anges et autres créatures surnaturelles méritantes seront dans le droit d'en connaître le contenu. Les Hommes ne doivent pas apprendre la vérité sur notre histoire. Notre devoir est de les en protéger. Gardez cela en tête. La Vérité. Un mot dont vous ne devrez pas douter au fur et à mesure de votre lecture. Vous avez été choisi. Lisez-nous. Apprenez-nous. Vous découvrirez de nombreuses causes ayant amené nos Peuples à se battre. En devenant le détenteur de cet ouvrage, vous en deviendrez le maître. A vous de faire bon usage de ce qui est désormais vôtre. Acceptez cette condition et nos secrets vous seront ainsi révélés.»


J'haussais un sourcil à la fin de la lecture de cette première page. Pourquoi les Anciens adressaient-ils un tel message à notre égard ? Était-il aussi précieux pour que les Hommes soient refusés à en découvrir l'existence ? Étrange. Me préparant déjà à cette éventualité, j'acceptais plus ou moins les termes de ce contrat. Et sans trop comprendre, j'énonçais à voix haute :

«Je l'accepte.»

Soudainement, une lumière brûlante se dégagea de la couverture et de cette page. Surprise, je le gardais néanmoins en main. Au bout de quelques secondes, ce jet de lumière disparu progressivement. Je me décidais à jeter un rapide coup d'œil sur la couverture avant de découvrir avec étonnement que mon nom recouvrait désormais une partie de la couverture autrefois vierge. Une plume d'ange décorait également l'inscription. Intriguée, je discernais au passage que mon nom était également inscrit sous le paragraphe que j'avais précédemment traduit.

Le pouvoir des Anciens était vraiment incroyable. Il traversait même le temps. Étais-je réellement devenue le nouveau maître de ce livre ?

Fascinée par cette découverte, je me replongeais rapidement dans ma lecture. Je tournais ainsi la page afin de poursuivre mon travail. J'étais fascinée et captivée.


«Les Anges. Les Démons. Nos deux peuples ont été amenés pendant de longs siècles à combattre les uns contre les autres. Cette idée nous a toujours amené désespoir et tristesse. Les pertes ont été lourdes pour chacun de nous. Les origines d'un tel conflit sont lointaines et difficiles. Il nous est nous-même complexe de pouvoir toutes les énoncer. Tout ce que nous pouvons dire c'est que tout remonte à l'époque où Dieu créa notre Monde. La gouvernance de ce Monde était paisible. Notre Père était aidé de ces fils : les Archanges. Cet équilibre, nous y avions cru. Jusqu'à cet événement regrettable. Depuis, tout n'est plus que Chaos. Nous n'évoquerons pas cette histoire de suite... Les sources nous manquent tout comme le temps. Nous comptons sur les générations futures pour apporter des réponses à nos enfants. Nous croyons en le futur et en une génération nouvelle.

La guerre a toujours fait rage entre nos deux camps. L'un proclamait le Bien tandis que l'autre le Mal. L'équilibre était perdu de par cette différence d'esprit.

De nombreuses armes ont été recherchées dans le but d'éliminer le camp ennemi. Tout était permis. Il n'y avait aucune limite. Le sang a souillé nos âmes pour que nous puissions revêtir des armures pour défendre nos idéaux. Les Armes Sacrées faisaient partis de ces objets précieux visant à apporter victoire. Tous ce sont jetés à leur recherche. Néanmoins, la quête n'a jamais été facile. D'autant plus lorsque notre Père a décidé de les cacher de lui-même. Elles sont enfermées. Dans un lieu que même nous ignorons.

Afin de combler une telle perte, de nouvelles quêtes sont apparues. Parmi elles, l'une s'est particulièrement détachée. Face à cette nouvelle, nos peuples se sont battus et entre-tués. Il le voulait. Cet espoir qui les mènerait chacun à la victoire. Toutefois, la quête était difficile. Périlleuse. Nous ignorons même si à cette époque encore, la chose a pu être accomplie... Autrement, tout serait fini. La bataille. Tout. Mais à quel prix ? Laissez-nous donc vous comptez cette quête...»


Totalement absorbée par ma lecture, je sursautais légèrement en entendant du mouvement se faire au niveau du couloir. Concentrant mes sens, je ne tardais pas à reconnaître la voix de Mélina et Nelly. Je regardais l'heure. Dix huit heures. Je n'avais nullement vu le temps passé. Soudainement angoissée, je renfermais vivement le livre et rangeais tout le bazar étalé sur mon lit. J'avais l'air d'un vraie déjantée pour le coup.

Je m'interceptais en faisant mine de rien lorsque mes deux amies pénétrèrent dans la chambre. Faisant preuve de mes talents d'actrice, je me contentais de leur adresser un petit sourire. J'espérais ne pas paraître trop nerveuse. Au passage, ma respiration essayait peu à peu de reprendre un rythme normal. Les deux Sorcières me regardèrent avec intrigue.

«Tout va bien Alyssa ?» M'interrogea Nelly.

«Ouais, disons que je suis juste un peu fatiguée par ma retenue mais ce n'est rien !» La rassurais-je d'un sourire.

«Alors c'était comment ? Qui est-ce qui t'a surveillé ?» Demanda Mélina en s'asseyant sur le lit de son amie. Elle semblait déjà moins sur la réserve que ce matin.

«Monsieur Cobb. J'ai eu un devoir à faire.»

«Sérieusement ? Quelle horreur je déteste faire des trucs comme ça !» S'exclama l'asiatique en grimaçant une mine de dégoût.

«Tu dis ça juste parce que tu n'y arrives pas c'est tout. Je suis sûre que tu vas avoir une bonne note encore. Ou du moins une appréciation.»

«Je l'espère vu tout le travail que j'ai fournis ! Votre journée s'est bien passée sinon ?»

«Rien de bien extraordinaire. Hormis peut-être le fait que ton prénom sort de la bouche de presque tout le monde.» Répond Nelly.

«Le contraire m'aurait étonné je dois t'avouer.»

Agacée, je m'affale sur mon lit en lâchant un profond soupire. Je sens mon matelas s'alourdir un peu et je relève le visage pour apercevoir Mélina assise au bord de mon lit. Elle semble encore un peu embêtée pour son comportement de ce matin mais je la rassure d'un sourire.

«Et si on se faisait une soirée entre filles toutes les trois ce soir ?Je pense que l'on a toutes besoin de se changer un peu les idées, non ?»

Un large sourire ne tarde pas à se former sur mes lèvres et celles de la petite asiatique suite aux paroles de Nelly. Nous ne perdons pas une seconde de plus et profitons de cette soirée pour pouvoir nous reposer et relâcher la pression. Je dois bien avouer que cela me fait un bien fou. Et ce, malgré le fait que mes pensées voguent aux mots découverts dans ce livre. Une quête pouvant anéantir la guerre entre Ange et Démon ? Il ne faut pas. Ma curiosité ne doit pas s'éveiller à nouveau. Pas maintenant. Non, jamais.

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Bonjour mes chatons ! Voici enfin le chapitre Vingt-Neuf ! Bon, je sais, l'action n'est décidément pas au rendez-vous ces derniers temps... Je sais que c'est ennuyant mais c'est nécessaire au développement de l'histoire. Mais nous en faites pas ! J'ai prévu beaucoup d'action et de révélations dans les prochains chapitres à venir. Et j'espère que vous n'en serez pas déçus ! Comme vous avez pu le constater, le chapitre se base principalement sur la découverte de ce livre et de ce qu'il en contient. Une quête ? Qu'en pensez-vous ? Avez-vous des idées ? Ou même des hypothèses sur d'autres points de l'histoire ? Je vous écoute !

J'espère que vous avez tous passé de Bonnes Fêtes en compagnie de votre famille et de tout ceux que vous aimé. Et niveau cadeaux ? Qu'avez-vous eu ? Dites-moi tout je suis curieuse nyhéhé !

On se retrouve mercredi pour le prochain chapitre juste avant la Nouvelle Année ! Sur ce, je vous fais d'énorme bisous et encore merci pour tout ceux qui me lisent. Je vous aimes fort ! ♥



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