Chapitre Trois
Alyssa
Je n'avais pas tardé à rentrer chez moi après avoir quitté Vanessa. Ma mère était là et mon frère était encore à sa place habituelle à jouer aux jeux vidéos. J'avais encore un peu de temps devant moi avant ce soir. Et pour le coup, je me décidais à aller me poser sur mon canapé. Rien de mieux que de glander pendant quelques minutes parfois. D'ailleurs, ma mère avait prit la fâcheuse habitude de m'appeler «son petite phoque» dans ce genre de moment. Sexy, non ? La tête calée dans un oreiller, je regardais en même temps une bonne vieille série télévisée.
«Alors cet exposé il avance mon petit phoque ?» Déclarait ma mère en pénétrant dans la pièce, le sourire aux lèvres.
«Hum ouais ça avance tranquillement. On a de bonnes bases donc je pense que ça devrait aller vite. D'ailleurs, Vanessa m'invite à sortir ce soir donc je serais de retour assez tard.»
«Oh je vois. Faites attention surtout hein. Je ne suis pas vraiment contre le fait que tu puisses sortir mais n'en abuses pas trop. On ne sait jamais trop ce qui traîne dehors.» Lâchait-elle d'un air plus sérieux.
«Oui maman. Promis je ferais attention.» Lui assurais-je d'un sourire pour la rassurer.
Les heures défilaient finalement jusqu'au moment du repas. Pour l'occasion, ma mère avait jugé bon de ne pas faire quelque chose de trop bourratif. Juste histoire que je ne mette pas à vomir sur la piste de danse. Oui, ma mère était bourrée de bonnes intentions à toujours penser à nous et je l'en remerciais sincèrement. Il était un peu plus de huit heures. Je devais me préparer. Je passais donc par la case salle de bain afin de me donner un petit coup de frais. Ceci fait, j'allais dans ma chambre.
«Bon qu'est-ce que je vais bien pouvoir me mettre...?» Lançais-je à moi-même en restant plantée devant mon armoire.
La question existentielle de certaines filles me direz-vous. Au final, j'optais pour une robe bustier un peu moulante mais sans plus de couleur noire. Le tout accompagné d'une classique paire d'escarpins accordée à la tenue. Ce soir-là, je n'avais nullement envie de draguer. Comme toujours en faite. Après tout, faire de l'œil aux garçons ça n'avait jamais été ma tasse de thé. Les relations amoureuses et moi, ça ne s'accordaient absolument pas. Très franchement, lorsque quelqu'un jetait son dévolu sur moi, il pouvait être sûr d'avance que rien ne se passerait. Je n'aimais pas l'amour. Enfin disons que je n'y croyais plus tellement depuis le divorce de mes parents. Enfin qu'importe. Je laissais pour l'occasion mes cheveux bruns descendre en une fine cascade dans mon dos. Résultat cent pour-cent naturel ! Et niveau maquillage, j'optais pour quelque chose de tout aussi simple avec du mascara, de l'eye liner et un rouge à lèvre légèrement foncé.
«Alyssa ! Vanessa est arrivée !» Criait ma mère par delà le salon pour que je puisse l'entendre.
Je me dépêchais donc en jetant un rapide coup d'œil à mon miroir avant de rejoindre les deux jeunes femmes en bas. Vanessa était tout aussi jolie. On voyait déjà qu'elle avait sorti le grand jeu pour l'opération «Repérage de canons» de ce soir. Elle avait en effet revêtu une robe bordeaux mettant joliment son corps en valeur accompagnée d'une jolie paire de talons noire. Elle avait également prit soin de prendre une petite veste au cas où. Chose que je ferais également. Ses cheveux étaient relâchés à l'exception de deux petites mèches nouées à l'arrière de sa tête.
Elle semblait réellement ravie de voir que moi aussi j'avais fait des efforts malgré mon enthousiasme peu présent à la base. Mes yeux se posèrent ensuite sur ma mère. Elle avait beau m'avoir donné l'autorisation, je sentais bien qu'elle n'était pas bien rassurée de voir deux jeunes filles, dont une encore mineure et l'autre fraîchement majeure, sortir en boîte.
«Bon les filles, je vous fais confiance. Pas de drogue ou encore de plan douteux surtout hein ! Et on abuse pas de l'alcool. Vous y allez seulement pour vous amusez mais sainement. Et ne rentrez pas trop tard. Je me suis bien faite comprendre ?» Déclarait ma mère sur un ton plus que sérieux. Elle était inquiète, je le savais.
«Ne vous en faites pas madame Taylor on fera attention !» Assurait ma blonde en souriant grandement. Histoire de rassurer ma mère.
Comme je n'avais rien à redire, je me contentais de hocher mon visage.J'enfilais ensuite rapidement ma veste. Nous étions quand même en Janvier et il faisait froid. Alors traîner en robe n'était pas une des meilleures options. Mais tant pis. On se réchaufferait bien assez vite. Je montais alors dans le véhicule de Vanessa qui se mettait à rouler vers la boîte de nuit. La voilà qui me racontait déjà qu'elle espérait trouver de quoi la satisfaire ce soir pour se remettre de sa déception de tout à l'heure. Je levais les yeux au ciel en riant un peu rien qu'à l'entendre me raconter ses fantasmes et je ne sais quoi.
Nous arrivions finalement à l'endroit prévu. La fête battait déjà de son plein et il y faisait terriblement chaud. C'était plutôt pratique en hiver pour se réchauffer. Gardant bien ma veste sur moi, je me frayais un chemin jusqu'au bar avec Vanessa. La jeune femme décidait de nous commander deux simples bières pour commencer. Bon sang, il y avait un de ces mondes. J'avais presque l'impression de paraître tâche parmi tout ces jeunes transis.
«Hey détends-toi un peu. On est ici pour profiter ce soir. Alors tu as le droit de te décoincer histoire de draguer un peu.» Me lançait mon amie en me donnant un coup de coude tandis qu'elle prenait une gorgée de sa boisson.
«Tu sais bien que la drague et moi ce n'est pas trop ça. Je vais plutôt rester ici à te regarder à l'œuvre.» Je riais un peu.
La soirée passait tout en douceur. Et bien qu'au début je n'avais pas vraiment eu envie d'y aller, j'étais sur la piste de danse à me déhancher au rythme de la musique en compagnie de mon amie. Elle m'abandonnait au bout d'un certain temps après avoir fait une intéressante rencontre. Contente pour elle, je me décidais à aller me poser sur un des petits canapés mis à disposition. Un verre à la main, je regardais un peu toute la foule en délire devant moi. Au final, tout se passait bien. Mieux que je l'espérais en tout cas.
«Salut.»
«Euh salut.» Répondis-je à l'inconnu en relevant mes yeux sur sa personne. C'était un garçon d'environ la vingtaine, plutôt grand,des cheveux blonds et des yeux verts. Charmant certes.
«Tu es seule ?» Me disait-il en venant place à côté de moi, un petit sourire aux lèvres.
«Hum oui plus ou moins. Enfin que je pense que ça se voit, non ?» Répondis-je sur un ton légèrement sarcastique bien que je ne le voulais pas vraiment.
«Ah ah c'est vrai. Je suppose que ça ne te dérange pas vraiment si je te tiens compagnie dans ce cas ?»
Aucune réponse. Je le voyais se rapprocher progressivement de moi à une allure tout à fait discrète. Non mais je rêve où il essaye de me draguer ? Je fronçais discrètement les sourcils en l'observant du coin de l'œil. Il ne m'inspirait pas vraiment confiance avec son sourire enjôleur.
«Tu t'appelles comment dis-moi ?»
«Alyssa.» Répondis-je simplement. Je n'avais pas vraiment envie de lui parler plus que ça. Mes yeux cherchaient surtout à trouver Vanessa dans les parages.
«C'est très joli. Moi c'est Maxime mais tu peux m'appeler Max ma beauté.» Son sourire s'élargit à ses mots.
Mon corps se crispait en une seconde lorsque je sentis sa main venir à la rencontre de la peau de ma cuisse. Il attendait de recevoir une baffe ou une visite gratuite chez le vétérinaire pour se faire castrer ou ça se passe comment ?
«Euh je peux savoir ce que tu fais là ?» Lui lançais-je en essayant de le repousser d'un petit mouvement tout en fronçant les sourcils.
«Ça ne se voit pas ? Je te tiens compagnie à ma façon. Ce serait dommage de laisser une aussi jolie fille toute seule...» Sa main resserrait soudainement son étreinte sur ma cuisse. Berk. C'était écœurant.
Mes yeux s'arrondirent comme des soucoupes lorsque je le voyais approcher son visage du mien. Rapide celui-là. Je ne réfléchissais même pas une seconde. Le contenu de mon verre venait de se plaquer littéralement contre son visage. Hop, douche gratuite merci. Et au vue de son expression, il n'avait pas du tout aimé mon geste. Je me pinçais la lèvre et me redressais vivement. Trop tard, il avait attrapé mon bras.
«Putain mais t'es complètement conne ?!» Grogna-t-il en me fixant d'un air agacé, serrant mon poignet.
«Pardon? Mais tu t'es vu ? Je n'embrasse pas les faces de macaque pédo' pervers comme toi !» Lui lançais-je en me débattant. Je n'étais pas d'un tempérament agressif normalement mais il ne fallait pas trop me chercher non plus.
«T'as dis quoi là ?! Tu vas te calmer de suite ma jolie !» Il haussait un peu plus le ton en venant me flanquer une baffe monumentale en pleine mâchoire.
Bordel ça faisait un mal de chien ! Moi qui n'aimait pas attirer l'attention c'était foutu. Voilà que la plupart des gens s'étaient retournés vers nous. De vrais bêtes de foires. Je le fixais alors sérieusement crachant un peu le sang qui s'était installé dans ma gorge. Non mais pour qui il se prenait à la fin celui-là ?! Il frappe les femmes en plus de ça ?! N'en pouvant plus d'attendre, je balançais violemment mon genoux en direction de son bassin. Bam ! Adieux bijoux de famille. Il se tordait alors de douleur en me relâchant sur le coup. J'en profitais alors pour essayer de sortir de cet endroit comme une dérangée mentale. Tant pis pour Vanessa. Je lui enverrais un message demain matin.
Je me frayais donc un chemin parmi la foule tandis que j'entendais ce psychopathe jurer derrière moi. Au vue de son regard meurtrier, j'allais regretter bien plus vite que prévu mon geste. Tant pis pour lui. Il n'avait pas qu'à me taper de la sorte aussi. Ma respiration était saccadée et tout mes sens étaient en alerte. Il m'était rarement arrivé d'être aussi paniquée. Ma vision était trouble et j'avais terriblement chaud. Merde, je crois que j'ai trop abusé sur l'alcool ce soir. Ma mère allait m'en faire baver. Mais qu'importe. J'avais bien mieux à penser pour le moment.
«Poussez-vous bordel !» Lançais-je d'un air hargneux à de nombreuses reprises sur toute personne se trouvant sur mon chemin.
Et d'un coup, alors que je ne prêtais pas assez attention devant moi, je me heurtais en plein contre quelque chose de dur. Punaise, ça faisait vachement mal ! Ce déjanté allait me rattraper. J'étais foutue. Avais-je été assez idiote pour foncer dans un mur et m'écraser comme une mouche pour signer ma perte ? Non. Impossible. Je venais de me heurter à quelque chose qui sentait délicieusement bon. Et de ce que je savais, les murs n'avaient pas d'odeur. J'aurais voulu comprendre ce qui venait de se passer mais ma tête n'en était pas de cet avis. Je m'écroulais alors en perdant soudainement toute force. Et bien qu'à première vue j'aurais pensé toucher le sol, une sensation bien plus agréable m'entoura. Ce n'était pas quelque chose de dur et froid qui me tenait. Non. Cette odeur englobait toute ma personne tout comme sa chaleur.
«Ça suffit, laisses la tranquille ou ce sera à nous de se charger personnellement de ton cas. Et crois-moi, ce sera bien pire que ce que tu as pu ressentir jusqu'à maintenant.»
C'était une voix grave et sérieuse qui venait à l'instant de s'éveiller. Je ne la connaissais pas mais dans tout les cas cette personne venait de me venir en aide. J'aurais voulu le remercier mais rien. Le vide total. Je venais tout juste de perdre connaissance...
...
Je ne savais pas quelle heure il était mais dans tout les cas une chose était sûre : j'étais chez moi. Enfin je crois. Un vilain mal de crâne me hissait hors de ma rêverie. Ça faisait un mal de chien ! Je jetais un rapide coup d'œil autour de moi avant de remarquer l'écran de mon téléphone allumé. Le prenant en main, j'apercevais une bonne dizaine de messages tous du même destinataire : Vanessa. Je remarquais par la même occasion qu'il était quatorze heures.
Vanessa, à 00h50 : Alyssa ? T'es où là ? Désolé j'étais occupé avec quelqu'un mais je vais tout te raconter promis ! On se rejoint maintenant d'accord ?
Vanessa, à 01h00 : T'es où bon sang je te cherche depuis dix minutes dans la boîte de nuit ?! Tu m'inquiètes !
Vanessa, à 01h04 : C'est quoi ce bordel ?! J'ai entendu du barman que tu t'étais battue avec un garçon tout à l'heure ! Tout va bien ?! Rappelles-moi je t'en pris je m'inquiète !
Et tout les autres messages étaient plus ou moins les mêmes. J'avais presque oublié. C'était vrai. Je m'étais à moitié battue hier. Enfin se battre est un bien grand mot. Disons plutôt que je m'étais défendue contre un pervers sexuel et que j'avais fini par m'évanouir pour on ne sait quelle raison. Habituellement, je l'aurais directement rappelé pour la rassurer mais cette fois-ci je n'en avais pas envie. Ma tête me faisait bien trop mal pour que j'ai le courage d'entamer une conversation explicative avec elle. Je grognais alors un peu en me redressant de mon lit en douceur. Mon corps tanguait légèrement de droite à gauche, ne manquant pas de me donner le tournis. Je me décidais finalement à me diriger vers la salle de bain en longeant les murs. J'ouvrais le premier placard devant moi et me saisissait d'aspirine afin d'apaiser un peu ma douleur. Ceci fait, je jetais un rapide regard en direction du miroir.
«Oh putain...»
Ce fut la seule chose qui eut le temps de sortir d'entre mes lèvres. J'étais affreuse. Mes cheveux partaient dans tout les sens et mon maquillage avait coulé sous mes yeux et le reste de mon visage. Ne parlons pas de l'hématome située vers ma mâchoire. Je n'osais même pas y toucher rien qu'en repensant à la sensation que cela m'avait produite hier. Je grimaçais alors vivement. Si je pouvais le retrouver celui-là je lui ferais la peau. Mais en y repensant, lui aussi avait pas mal souffert. Je relâchais alors un petit rire rien qu'à revoir sa tête lorsque j'avais pulvérisé ses bijoux avec mon genoux. Oui, je paraissais sadique pour le coup mais il méritait.
Je me décidais finalement à prendre une douche bien chaude histoire de me changer les idées et de me donner une meilleure tête. Ceci fait, je me décidais simplement à enfiler un leggings avec un bon pull bien ample et chaud. Je n'avais pas envie de faire d'effort après ma dure soirée. Je rejoignais ensuite mes cheveux en un gros chignon fouillis puis descendais les marches. Et alors que j'allais me diriger vers le salon, je me stoppais immédiatement. Ma mère était en pleine conversation. Mais avec qui ? Mon frère était sûrement de sorti avec des amis aujourd'hui. Et elle n'était certainement pas folle pour pouvoir parler toute seule. Curieuse, je me cachais derrière un mur en écoutant discrètement.
«Je suppose que je dois vous remerciez pour hier... Bien que je pense qu'à la base vous n'étiez pas venue pour la sauver et la laisser tranquille ensuite. Qu'est-ce que vous voulez faire de ma fille ?» Disait ma mère d'un petit air suspicieux.
Elle parlait de quoi là ? Et à qui surtout ? Je mourrais d'envie de sortir de ma cachette mais je me forçais à ne pas le faire. Si je sortais maintenant, on ferait tout pour me cacher la vérité. J'en étais sûre.
«On ne lui veut rien de mal et vous devriez le savoir Émilie. C'est lui qui demande à la recevoir dans son établissement.» Déclarait calmement une voix féminine.
«Ce sera bien plus sûre pour elle. Il ne se passe peut-être rien pour le moment mais tôt ou tard, des gens en auront après elle. Il faut qu'elle apprenne la vérité pour se défendre.»
Cette voix. Je la connaissais ou du moins je l'avais déjà entendu. Je me creusais alors le crâne du mieux que je le pouvais. Où est-ce que je l'avais déjà entendu ?
«Je suis contre. Elle ne pourra pas le supporter. C'est bien trop pour elle. Je veux qu'elle vive une vie normale. Elle a déjà tracé son avenir. Je sais que ce sont ces ordres mais je ne peux pas...» Lâchait une fois de plus ma génitrice sur un ton relativement triste.
«Émilie, nous savons que c'est difficile pour vous mais il aimerait réellement qu'Alyssa intègre l'Académie. Elle est ce qu'elle est et malheureusement vous ne pourrez pas la cacher éternellement. Il vous a laissé suffisamment de temps pour que vous puissiez vivre toutes les deux un maximum de temps. Malheureusement il est ce qu'il en est. Les choses se compliquent chaque jour et vous le savez.» Répondit la voix féminine d'une voix tout aussi posée mais qui avait pour but de se faire convaincante.
«Notre père a pardonné l'erreur que vous aviez faite par le passé mais il compte également sur vous pour vous racheter. Vous avez en partie perdu votre grâce mais votre fille non étant donné que tout a été enfouie au plus profond d'elle.» Renchérit cette voix familière.
Académie? Grâce perdue ? Mais de quoi est-ce qu'ils pouvaient bien parler ? Et puis cette voix, je n'arrivais toujours pas à me souvenir où je l'avais entendu ! Je n'y comprenais strictement rien. Et pour tout dire, cela commençait sérieusement à m'agacer. Mon mal de crâne reprenait de plus belle face à tout cela. J'en avais marre.Qu'est-ce qu'on me cachait cette fois-ci ?
«Je suis contre. S'il veut quelqu'un, ce sera moi. Je ne peux pas la laisser aller là-bas !» Dis ma mère en haussant un peu le ton.
«Est-ce quelqu'un peut m'expliquer ce qui se passe ici ?»
J'avais lâché ça comme une bombe au vue du visage blanchi de ma mère. Je me tenais devant l'encadrement du salon à regarder les trois personnes présentes dans mon salon. Et c'est alors que je les voyais. Mais qu'est-ce qu'ils faisaient là eux ?!
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