Chapitre Trente-Neuf
Alyssa
Le trajet en voiture ne m'a jamais paru aussi rapide. A vrai dire, j'ai prononcé ces mots à la va vite. Sur le coup de l'impulsion.Toutefois, ces quelques minutes enfermée dans cet habitacle ont eu le temps de me laisser réfléchir. Était-ce vraiment le bon choix que de foncer la tête baissée ? Je l'ignore. Néanmoins, je ne peux plus faire marche arrière. C'est bien trop tard désormais. Je tente de récupérer mon courage qui s'est peu à peu échappé. La main de Vanessa n'a pas lâché la mienne depuis que nous sommes sorties du cimetière. Je la sens serrer la mienne au fur et à mesure que nous approchons.
«Nous sommes arrivés mesdemoiselles.» Déclare le chauffeur.
L'air se bloque un peu dans mes poumons. Je suis obligée de réprimer un long soupire pour pouvoir faire descendre la pression. Pendant ce temps, Vanessa règle le trajet avant de me faire signe de la suivre. D'un pas mal assuré, je m'extirpe hors du véhicule. Mes jambes sont flageolantes et ma blonde se charge de prendre nos quelques sacs dans le coffre.
La voiture s'éloigne et nous sommes désormais livrées à cette maison. Ils sont une fois de plus là, le véhicule toujours en place. Une main s'abat vivement sur mon dos, faisant à nouveau circuler l'air dans mon corps. Si bien que j'en perds légèrement l'équilibre.
«Allez courage ! Tu ne peux plus reculer maintenant que nous y sommes !»
A vrai dire, j'aimerais plutôt fuir en prenant mes jambes à mon cou mais repousser éternellement la situation ne servira à rien. Il faut que je grandisse un peu et commencer par affronter ma mère est un parfait début à mon sens.
Chancelante, j'inspire un grand coup et m'élance vers la porte. Je la fixe pendant de longues secondes avant que mon doigt ne s'écrase contre la sonnerie. Le bruit retentit dans l'intérieur de la maison et un silence s'abat par la suite. Ces courtes secondes me paraissent être une éternité. Soudainement, des bruits de pas se font entendre. Je les reconnaîtrais entre mille. Vous connaissez sans doute ce fait déclarant que l'on peut reconnaître les pas d'un membre de sa famille parmi tant d'autre ? Je suis très clairement entrain de confirmer la règle.
Ma gorge s'assèche et je suis obligée de la racler pour trouver un semblant de salive.
Doucement, la porte s'ouvre. Mon cœur bat plus vite. Vanessa est derrière moi, silencieuse comme il m'est rarement donné l'occasion de l'entendre. Son visage apparaît dans l'encadrement et je devine la surprise dans ses traits. Elle n'a pas changé, gardant cette jeunesse éternelle que les Cieux lui ont donné. Sa main se porte à sa bouche avant que des larmes ne se forment au coin de ses yeux. Cette vision me serre le cœur.
«Alyssa... C'est vraiment toi ?» Bégaie-t-elle d'une voix émue.
«Je suis de retour maman.»
Encore une fois, c'est tout ce qui me sort par la tête. A croire que toutes les choses que je dis en retrouvant mes parents sont totalement dénuées de sens. Néanmoins, ma mère ne prête guère attention à ce vulgaire détail. Ses bras m'entourent et je sens ses larmes glisser le long de mon cou où sa tête vient de s'enfouir. Le contact est difficile. Dans un sens, je suis encore vexée de par ce que j'ai pu apercevoir mais voir ma mère ainsi émue de par nos retrouvailles ne peut me laisser de glace. Mes mains se placent doucement dans son dos que je caresse lentement. Mes paupières se ferment et je profite à nouveau de cette chaleur que je n'avais plus eu pour habitude de goûter.
Une mère. C'est toute votre vie. Il suffit d'un sourire ou d'une larme pour tout chambouler chez un enfant.
Les minutes passent et je sens que les hoquets de ma mère viennent à se calmer progressivement. Une fois de plus, j'ai l'impression que nos rôles s'échangent. Me voilà entrain de réconforter ma mère pleurant comme une enfant sur mon épaule. Et je prend bien compte de l'émotion de la scène à la vue des yeux brillants de Vanessa. Très vite, ma mère se sèche les larmes et dépose son attention sur mon amie.
«Oh Vanessa je ne t'avais pas vu mon enfant !»
«Il n'y a aucun mal Émilie. Je ne voulais certainement pas vous déranger durant vos retrouvailles mère-fille.» Sourit-elle.
«Entrez donc. Il fait froid dehors.»
Sans se faire prier, nous entrons rapidement dans la maison. A nouveau, un profond sentiment de nostalgie m'envahit. Tout est comme lorsque je suis partie. Tout. Rien n'a changé. Je remarque même une ancienne photographie de ma mère et moi peu de temps après que je sois née. Un léger sourire se forme au coin de mes lèvres tandis que nous avançons jusqu'au salon. Ma mère décide de s'éclipser à la cuisine pour nous préparer quelque chose de chaud à boire tandis que je prend place sur le canapé.
«Tu n'as pas intérêt à te dégonfler.» Me lance Vanessa en croisant les jambes.
Je lui lance simplement un regard confiant, prouvant ainsi que je ne compte pas me dégonfler comme elle dit si bien. La balance ne cesse de bouger depuis tout à l'heure mais j'ai enfin fais mon choix. Et cela n'a fait que se confirmer après ces brèves retrouvailles bien trop émotives à mon goût. Encore une chance que je ne me sois pas laissée submerger par les sanglots à mon tour.
Ma blonde n'ajoute rien et regarde ma mère revenir vers nous avec un plateau dans les mains. Ses mains sont légèrement tremblantes. Signe qu'elle n'a pas dû encore se remettre du choc émotionnel que mon retour lui a procuré. Je décide de lui prendre le plateau des mains pour le déposer sur la table basse.
«Fais attention maman. Tu risques de te brûler.»
«Merci ma chérie.»
Je lui fais grâce d'un simple hochement de tête avant qu'elle ne prenne place à son tour. Un silence s'abat dans la pièce. C'est assez déstabilisant et nous ne manquons pas de le percevoir toutes les trois. Du coin de l'œil, je perçois Vanessa m'envoyer plusieurs messages et signaux ayant tous la même et unique signification : parler. Mes mains glissent doucement le long de mes cuisses, signe nerveux.
«Steve n'est pas là ?» Demandais-je finalement au bout de quelques minutes.
«Si si il est là haut. Suis-je bête ! Tu veux peut-être que j'aille chercher ? Il sera ravi de te savoir ici.» S'empressa-t-elle de répondre.
«Non non ne te dérange pas. Laisse-le là-haut. J'irais le voir plus tard.»
Ma mère s'interrompt en plein mouvement. Elle qui était déjà à moitié redressée et prête à monter à l'étage, je la vois bien assez vite se rasseoir. Son visage semble soucieux. Elle doit sûrement se douter de quelque chose.
«Je vais vous laisser parler entre vous. Steve n'a pas changé de chambre, n'est-ce pas ? On se rejoint tout à l'heure.»
Doucement, ma blonde se lève et saisit précautionneusement sa tasse entre ses doigts fins et manucurés. Elle salue ma mère et se dirige vers la sortie. Juste avant de franchir la limite, elle se tourne vers moi et me lance un large sourire en levant son pouce en l'air pour me souhaiter bonne chance. Je lui répond par un sourire reconnaissant en la laissant disparaître dans l'encadrement de la porte.
Il n'y a plus que elle et moi. Sans trop de grande surprise, l'ambiance s'alourdit à nouveau. Autant vous avouer que la situation est assez étrange.
«Que s'est-il passé ma chérie ? Pourquoi n'es-tu plus à l'Académie ? Depuis combien de temps es-tu de retour ici ?»
Je suis premièrement bousculée par tant de question de sa part. Il n'y a pas de doute à se faire : elle est inquiète. Et la légère ride qui se forme sur son front ne fait que confirmer mes suppositions. Prenant à mon tour ma tasse en main, je souffle doucement sur son contenu et en avale quelques gorgées. Mes paupières se ferment et je prends quelques instants pour réfléchir. Je recouvre à nouveau la vue et dépose mes iris sur le liquide reflétant mon visage.
«Ils ne t'ont pas appelé pour te prévenir ?»
Dans un sens, je suis moi-même étonnée de voir ma mère aussi perdue. L'Académie n'aurait-elle vraiment rien dit à ma mère ? N'appellent-ils pas les parents dans ce genre de situation ? A moins que ce ne soit la première fois que l'un de leurs élèves ne s'échappent de leur enceinte ? J'en doute. Je vois ma mère tressaillir légèrement suite à mes mots. La panique ne fait que s'accentuer sur son visage.
Alors, plutôt que de la laisser comme ça encore longtemps, je me décide à lui avouer la vérité. Je ne veux pas passer par quatre chemins.
«Je me suis enfuie de l'Académie.»
Ses yeux grossissent grossièrement tandis que sa bouche s'entrouvre. Ses mains sont crispées tout comme le reste de son corps. Visiblement, mon acte ne semble pas être bien reçu de sa part. Et dans un sens, je ne peux pas vraiment lui en vouloir pour ça. N'importe quel parent aurait réagi de la sorte en apprenant la fugue de son enfant.
«E-enfuie ? Mais pourquoi donc ?» Bafouille-t-elle.
«Je sais maman. Je sais la vérité. Tu te souviens de Martin ? Le directorat de l'Académie faisait des recherches sur papa. Je n'étais censée rien apprendre mais j'ai tout entendu. Tu m'as répété un bon nombre de fois que la curiosité était un vilain défaut et ce défaut m'a bien joué des tours. Je sais tout. Papa était un Démon.»
Son visage pâlit à mesure que mes mots m'échappent. Une multitude d'émotions traversent son visage au même moment. Ce n'est que lorsque je finis enfin de parler qu'elle passe une main soucieuse sur son front. Ses deux mains rejoignent les côtés de sa tête sur laquelle elle tire quelques mèches de sa crinière blonde. Ses yeux fixent le sol. Elle ne sait plus quoi dire, accablée par ce que je viens de lui annoncer.
«Regardes moi maman. Je t'en pris.»
Sa réponse n'est pas immédiate. Il lui faut un certain temps avant que je ne la vois recroiser mon regard. Ses yeux noisettes me fixent avec tristesse et désolation. Elle s'en veut. Elle ne me dit rien mais il suffit que je la regarde pour comprendre à quel point ce mensonge la ronge de l'intérieur. Elle pourrait craquer à tout moment, aussi sensible soit-elle. Pourtant, elle se fait violence à ne pas le faire. Son cœur persiste à rester fort et assumer la situation.
«Je ne veux pas d'excuses ou quoi que ce soit. J'ai déjà assez de mal à supporter cette nouvelle alors la pitié sera à bannir pendant cette conversation. Tout ce que je veux savoir et entendre c'est que tu m'expliques tout. Tout depuis votre rencontre. S'il te plaît. J'ai besoin de savoir. Fais-le pour moi maman.»
Bien que je ne puisse pas me voir, je sais que mes yeux sont implorants. Sa lèvre se retrouve rapidement coincée entre ses dents. Elle hésite. Ses doigts jouent nerveusement ensemble. Et pourtant, je n'ajoute rien. Je me contente de la regarder dans l'attente d'une quelconque réponse. Positive ou négative. Elle déterminera ce qu'il adviendra de l'équilibre de notre famille.
«C'est entendu. Je vais tout te raconter. Mais avant tout, ne m'interromps pas. J'ai besoin que tu me comprennes bien que tu auras certainement du mal.»
Comme simple réponse, je me contente d'hocher positivement mon visage. Ma mère acquiesce à son tour et ferme ses paupières avant de commencer son récit.
FLASH-BACK EMILIE
Mes yeux ont croisé les siens un nombre incalculable de fois.
Je suis descendue dans ce bas monde dans le simple but d'accomplir ma mission. La toute première qui m'ait été donnée d'accomplir en tant que nouvelle recrue. Les Hautes Sphères nous avaient bien évidement prévenu. La possible rencontre avec des Démons était inévitable. Toutefois, je ne m'attendais pas à tomber sur eux aussi tôt...
Ce jour-là, j'étais partie en éclairage. La plupart de mes camarades se relayaient la tâche et c'était aujourd'hui à mon tour. C'est ainsi avec enthousiasme que je m'élançais dans les airs avant d'atterrir quelques longues minutes plus tard sur un sol rocailleux. La montagne. Tout me paraissait si beau d'ici. La Terre avait pour don d'être peuplé d'un million de paysage tous aussi magnifiques les uns comme les autres. Les yeux clos et les pieds au bord du vide, j'élançais mes bras derrière moi en inspirant fortement. Ce doux sentiment de plénitude m'envahit entièrement.
Toutefois, ce calme fut soudainement interrompu. Quelque chose venait de se heurter à ma tête. Ce n'était pas bien gros mais cela avait suffit à me retirer de mon halo de tranquillité. Je tournais ma tête et tombais sur lui. Un sourire espiègle au visage. Une tignasse brune. Une mâchoire carrée entourée d'un barbe naissante. Des lèvres charnues et un visage armé de deux émeraude en guise d'iris. Hypnotisée. Je l'étais par la beauté du visage de cette créature. Tout comme avec toute autre créature mystique en ces lieux.
Je perdis néanmoins mon attention sur son physique en voyant l'objet du crime sauter dans sa main. Un caillou.
«Pas trop mal mon Ange ?» Lança-t-il d'un ton rieur.
«Je peux savoir ce qu'il y a de drôle à me lancer une pierre dessus ?»
«Pour tout te dire, j'avais un minimum d'espoir en ce caillou. J'aurais espéré qu'il te fasse dériver dans le vide mais manque de chance ça n'a pas marché. Je penserais à directement fissurer la roche la prochaine fois.»
Caractère typique d'un Démon. Je n'étais même pas étonnée de sa répartie. La situation l'amusait plus qu'autre chose. On m'avait toujours appris à me méfier d'eux. Il s'agissait de créatures perfides et manipulatrices qui n'hésitaient pas à corrompre nos rangs ou les enfants de notre Père tout puissant.
Première rencontre. Première bataille.
FIN FLASH-BACK EMILIE
«Alors Martin avait raison... Ce jour où tu es revenue blessée à l'Académie. C'était parce que tu avais affronté papa ?»
Bien qu'elle me l'avait demandé, je n'avais pu m'empêcher de l'interrompre à ce moment-là. A mes yeux, il semblait difficile d'imaginer une tournure des choses autre que le conflit. Comment avaient-ils donc fait pour s'éprendre l'un de l'autre ? Après tout, ils semblaient tout à fait attachés aux racines de leur patrie respectives à ce moment-là. Comment tout avait pu changer à ce point ?
Les iris de ma mère demeurèrent cachés derrière ses paupières tandis qu'elle sirotait une brève gorgée de son thé. Le liquide coula dans sa gorge avant qu'elle ne hoche simplement son visage comme signe de réponse positive.
«Oui, il ne t'a pas menti. Je suppose qu'il l'a deviné de lui-mêmes sachant que je ne lui avais jamais parlé de cet affrontement. Ton père et moi ne nous apprécions pas au début. Nous étions bien trop rattachés aux sentiments de nos fratries. Ils parlaient avant nous et nous nous devions de les écouter aveuglément.»
Elle inspire doucement, reprenant peu à peu le fil de ses souvenirs après mon interruption.
FLASH-BACK EMILIE
Depuis ce dernier échange de force, les Anges n'ont cessé de me recommander d'être prudente à l'avenir. Il semblerait que malgré nos guérisons avancées, mon corps subissent encore quelques petits désagréments. Ce satané Démon n'a pas hésité à user de ses pouvoirs et de sa ruse pour me surprendre et me prendre au dépourvu. Néanmoins, je ne reste pas déçue de moi-même. Après tout, j'ai tout autant réussi à lui infliger des dégâts. Un Chevalier Noir. C'était bel et bien la première fois que je venais à en rencontrer un ma parole... Et malheureusement, quelque chose au fond de moi m'intimait que ce ne serait pas la dernière.
De nouveau en mission, j'avais préféré rester sur mes gardes cette fois-ci. Ne sait-on jamais. J'estimais rares les chances de pouvoir le recroiser mais les Démons avaient la fâcheuses manies de ne jamais rester sur leur faim. Tout comme le destin. En tant qu'Ange, j'avais pu étudier à quel point celui-ci aimait se jouer de nous. Et visiblement, cela n'avait pas manqué. Le destin avait effectivement décidé de se jouer de moi en amenant ce Démon sur mon chemin à de nombreuses reprises. Et toutes ces rencontres n'avaient fait qu'aboutir à des combats désastreux. Ange et Démon. Leurs affrontements demeuraient toujours un grand phénomène à observer. D'autant plus lorsqu'il s'agissait de deux rangs assez élevés dans la hiérarchie.
. . .
En plein travail, j'arpentais les paysages à sa recherche. Il fallait absolument que je le trouve. Après tout, c'était bel et bien pour cette raison que je m'étais rendue sur cette planète. Le trouver avant l'ennemi. Coûte que coûte. Conservant un calme à toute épreuve, j'inspirais un bon coup avant de m'aventurer dans une crevasse des plus douteuses. De ce que l'on avait pu m'apprendre, j'avais de fortes chances de trouver ma quête en ces lieux. Je l'espérais de tout cœur.
Mes pieds me guidèrent avec prudence en ces lieux refoulés de la mémoire des Hommes. Ce genre de chose ne pouvaient entrer en leur possession. Tout cela était bien trop dangereux. C'est pourquoi, pour pallier à ce problème, les reliques avaient elles-même instauré une barrière de protection dans un périmètre de sécurité. Ainsi, seuls Ange ou Démon pouvaient s'octroyer leurs pouvoirs. C'était un fait jugé parfois inconscient mais il en était ainsi. Et nous ne pouvions en aucun cas remettre en cause la volonté de notre Père. Si ce n'est peut-être ces Démons.
La recherche n'avait rien mené de très préoccupant pour le moment. Et ce n'était pas ce qui pouvait m'amuser. Loin de là. Émettant un faible soupire, je m'enfonçais encore plus parmi ces roches étroites et humides.
«Décidément c'est encore un coup de ce foutu destin.»
Mon corps se crispait soudainement. Cette voix. Mesquine et à la fois dure. Je ne la connaissais que trop bien ces derniers temps. D'un pas agile, je me retourne vers lui, prête à dégainer armes et pouvoirs à n'importe quel moment.
«Calmes-toi un peu mon Ange. Je tiens juste à souligner que j'étais présent bien avant toi. Bizarrement, te voir ici n'est pas si surprenant que ça. J'aurais presque l'impression que tu me suis tu sais.» Un faible ricanement s'échappa d'entre ses lèvres charnues.
«Comment as-tu fais pour être au courant ? Ce lieu était en possession de l'information des Anges...»
«Allons allons. Ne sois pas si étonnée. Les Démons aiment fouiller dans des endroits qui ne leurs sont pas forcément autorisés. Alors forcément, il n'a pas été si difficile de trouver vos informations sur cette mystérieuse crevasse.»
«Tu as raison. Étrangement, je ne suis pas tellement étonnée par tes mots. C'est bien pour cela que l'on vous appelle Démons. Des êtres bien trop faibles d'esprit pour pouvoir chercher d'eux-même. Obligés d'aller voir ailleurs pour accomplir leur but. C'est une façon de faire qui vous correspond assez bien mais qui n'est pas fière.»
«Oh oh serais-tu entrain de t'énerver mon petit Ange ? Allons bon pas la peine de sortir les griffes tu sais.»
Une fois de plus, le Démon venait à ricaner. Visiblement, me mettre sur les nerfs devenait l'une de ses activités favorites. Comme si j'allais lui accorder ce doux plaisir. Levant les yeux au ciel, j'inspectais rapidement les lieux du regard. S'il se comportait d'une manière aussi désinvolte, c'est sûrement parce que rien n'avait su attiser sa curiosité en ces lieux. Autrement dit, il n'y avait là rien d'intéressant.
«Tu n'as rien trouvé je suppose ?» Demandais-je en faisant balader mon regard autour de moi.
«Bingo. Tu supposes bien. Non, il n'y a rien ici malheureusement. Autrement, je me serais amusé à te réduire en miette sur le champ. Je ne suis pas très prêteur.»
Je décide de ne pas répondre à son attaque. Me mêler à son jeu de provocation ne servirait certainement à rien. Inspirant un grand coup, je me dirige en direction de la sortie. Sans trop grande surprise, j'entends des pas derrière moi. Visiblement, il semble s'être décidé à me suivre. C'est avec un certain étonnement que je constate que le chemin se fait dans le plus grand des silences et sans aucune entrave. Aucun de nous ne parle. C'est un sentiment assez oppressant qui envahit ma gorge.
Au fur et à mesure que j'avance, j'entends du bruit provenir de la sortie. Intriguée, je m'approche d'avantage jusqu'à distinguer le halo de lumière. Nous y sommes. Je vais enfin pouvoir quitter cet endroit.
Tandis que je m'élance vivement vers la sortie, une main s'empare fermement de mon bras avant de me repousser en arrière. J'émets un léger hoquet de surprise. Un éclair traverse mon champ de vision avant que je ne tombe au sol tandis qu'il s'écrase violemment devant nous dans un bruit assourdissant et une lumière éblouissante.
«Tu devrais faire un peu plus attention si tu ne veux pas te transformer en poulet grillé. Je ne te savais pas avec des envies suicidaires.»
Le Démon relâche mon bras tandis que ses yeux parcoure la situation dehors. Hébétée, je me remet difficilement du choc. Aurais-je rêvé ou cet homme supposé être mon ennemi vient tout juste de me sauver d'une blessure des plus douloureuses possible ? Raclant durement ma gorge, je me hisse sur mes deux jambes en dépoussiérant mon bas.
«Tu savais que ça arriverait ?» Demandais-je en faisant un signe de tête vers dehors.
«Disons que j'avais plus ou moins prévu qu'une tempête s'annoncerait dans la journée. Je prévoyais de rester sagement ici mais il a fallu que tu fourres ton nez ici.»
«Nous ne pourrons pas sortir avant la fin de la tempête. Les Anges et les Démons ne peuvent lutter contre la volonté toute puissante de la nature.»
«Quel ennui... Je suppose que je vais devoir me retenir de ne pas t'étriper et attendre sagement que tout se calme.» Soupira-t-il lourdement.
Sans plus attendre, le Démon entreprit de se prévoir de quoi se tenir chaud pour le temps que nous resterions ici. L'observant attentivement, je le vis s'abaisser pour ramasser quelques branches égarées au sol. Ses yeux verts croisèrent les miens avant qu'il ne fronce légèrement ses sourcils broussailleux. Soucieuse de son comportement, je me contentais de rester immobile et silencieuse. Mes yeux parlaient pour moi.
«Tu comptes continuer à te tourner les pouces ou ça se passe comment ? Crois-moi, je ne vais pas faire tout le boulot. Je me serais bien amusé à me livrer une fois de plus à un de nos combats mais pas pour aujourd'hui. Alors si mademoiselle l'Ange veut bien se le permettre, bouges un peu et cherches du bois.»
«Je ne suis pas à tes ordres.» Grognais-je légèrement.
Ma réponse ne sembla pas lui accorder la moindre réaction. Totalement neutre, il se remit à la recherche de quoi faire tenir un feu. Bizarrement, il avait décidé de revêtir un air plus sérieux.
Comme je n'avais visiblement pas le choix, je me décidais à en faire de même. J'arpentais ainsi la crevasse à la recherche d'un quelconque morceau de bois. Après plusieurs minutes de recherche, nous nous rejoignîmes pour tout rassembler. Les branches au sol, il utilisa ses pouvoirs afin de faire flamber au plus vite tout cela. Au bout de seulement quelques secondes, un feu crépitait dans la grotte. La vision nous était bien plus accessible et l'air était bien moins froid.
Prudente, je m'installais vers un coin, assez proche pour pouvoir me réchauffer. Le Démon en fit de même. Nous nous observâmes quelques instants, silencieux et attentifs au moindre mouvement de l'autre. Il était plutôt mal tombé que nous soyons dans une telle situation. Je soupirais longuement avant de rabattre mes jambes vers moi et enfoncer mon visage dans mes bras.
Plusieurs minutes passèrent sans que rien ne se passe. L'orage continuait de déferler dehors et je me laissais presque bercée par le bruit apaisant des gouttes s'écrasant au sol. Mon corps venait à entrer en contact avec tout élément m'entourant. Détendue et apaisée. Voilà comment je me sentais après m'être connectée à ce monde.
Toutefois, un mouvement de la part du Démon me fit relever la tête. Je fus surprise de le voir contempler quelque chose entre ses doigts. Une pierre. Telle un rubis. D'un rouge éclatant et d'une beauté sans égal. Ne m'ayant visiblement pas remarqué au premier abord, il fit rouler la pierre entre ses doigts avant de la porter devant ses yeux. Il l'observait attentivement avant de la renfermer au creux de sa paume.
«Hey petit Ange.» Dit-il soudainement en brisant le silence.
J'haussais un sourcil en remarquant que ses yeux venaient de se relever vers moi. Perçant mon âme, ses yeux verdâtres m'observaient avec attention. Troublée, je soutenais néanmoins son regard avec le peu de force et de détermination qu'il pouvait me rester sous la main.
«On a combattu un bon nombre de fois l'un contre l'autre mais pourtant, un détail m'échappe.»
«Quoi donc ?» Demandais-je en haussant un sourcil.
«Ton nom. J'ignore comment tu te prénommes. Tu t'appelles comment ?»
Je restais presque éberluée par sa question. Sérieusement ? Ce Démon venait de me demander mon prénom comme si nous n'étions pas les pires ennemis du monde. Était-ce l'ambiance anormale de cette grotte qui le rendait ainsi ? Je l'ignorais et cela venait à m'intriguer sérieusement. Perturbée, j'approchais doucement mes mains du feu afin de me réchauffer d'avantage. Je fixais quelques secondes la couleur orangée et l'éventail de couleurs chaudes qui s'échappaient de cette source de chaleur avant de le regarder à nouveau.
«Emilie. Je m'appelle Emilie. Et toi, Démon, comment t'appelles-tu ?»
Un fin rictus se forma sur ses lèvres à l'entente de mes mots. Sa tête se déposa lentement contre le mur placé derrière lui avant qu'il ne ferme brièvement ses paupières. Il reprit possession de sa vision et ancra ses iris dans les miens.
«Emilie ? C'est un joli prénom. Peu commun pour un Ange par contre mais c'est sûrement ce qui doit rendre unique certain de vous de ce que je sais. Je m'appelle Victor. Je te conseille de ne jamais oublier ce prénom. Il te servira le jour où nous prendrons possession de votre monde.»
«C'est ce que nous verrons.»
Une fois de plus, ses lèvres s'étirèrent lentement afin de laisser découvrir ses dents parfaitement alignées et blanchies. Étrangement, un sentiment de malaise me prit. Nos regards fixement ancrés l'un dans l'autre, je dus me faire souffrance pour ne pas résister à l'envie de l'attaquer pour lui faire disparaître cet air moqueur de son visage. Pas de provocation. Du calme Emilie.
A cette époque encore, j'ignorais totalement que cet homme causerait ma perte.
FIN FLASH-BACK EMILIE
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Bonjour bonjour les chatons ! On se retrouve pour le chapitre Trente-Neuf qui est également la première partie des souvenirs de notre chère Emilie. Elle a décidé de livrer une partie de ses souvenirs afin de faire comprendre à sa fille la situation. Et comme on pouvait s'y attendre, ses parents étaient loin de s'entendre au début ! Pour ceux qui se le demandent, l'image est la photographie de Emilie et Alyssa que l'héroïne aperçoit en arrivant chez elle. Emilie est vraiment une belle femme n'est-ce pas ?
Désolée si la qualité du chapitre en est peut-être moindre comparé aux autres. Je n'en suis moi-même pas très satisfaite mais je n'ai pas eu beaucoup de temps à me consacrer à son écriture étant donnée que j'étais malade ces derniers jours. J'espère quand même qu'ils vous conviendra ! Nous venons de franchir le pas des 7K vues et nous approchons peu à peu du 1K de votes ! Merci encore à vous pour votre soutient !! On se retrouve samedi pour la seconde partie. Bisouuus à vous ♥
PS : Ayant été taguée par cette vilaine TeenWolfeuse_pll nyhéhé, vous pourrez retrouver mes réponses à ses questions sur mon profil ♪
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