Chapitre Soixante-Quinze
Alyssa
«Tu es sûre que ça va aller pour aujourd'hui ? Je peux toujours demander à Martin de te laisser ta journée au cas où. On n'arrête pas en ce moment. Tu as encore besoin de repos selon moi.»
«Nelly, ça va faire plus d'une semaine maintenant. Tu devrais savoir que plus rien ne s'est reproduit depuis. Je vais très bien pas la peine de me laisser cloîtrer dans cette chambre.» Riais-je.
«Je le sais bien mais je préfère rester sur mes gardes. On ne sait jamais à quoi se préparer ici et tu pourrais très bien faire à nouveau une crise. Toi-même tu n'as aucune idée de quand cela peut se reproduire.» Bougonne-t-elle.
Un faible sourire naît sur mes lèvres tandis que je remarque les sourcils de ma camarade se froncer. Les poings sur les hanches, sa posture me ferait presque penser à celle d'une mère mécontente. Toutefois, je résiste, bien plus amusée par la situation qu'autre chose.
Depuis les derniers incidents quant à mon malaise, Nelly est d'autant plus protectrice qu'avant. Il faut bien avouer qu'elle l'était déjà auparavant mais les choses sont bien pires désormais. J'ai bien conscience du fait que tout cela l'ait assez chamboulé mais je ne tiens pas à ce qu'elle me considère comme faible. C'est pourquoi, je préfère adopter cette facette décontractée face à elle. Je ne veux pas l'inquiéter d'avantage. Et puis, de toute évidence, je me sens relativement bien aujourd'hui.
«Allez, rassures-toi voyons je vais très bien. Tellement bien que je pourrais même me faire une séance intensive d'entraînement avec Lindsay et Keith ! Quel dommage qu'ils ne soient pas disponibles.» Plaisantais-je.
«Je dirais plutôt que c'est une chance. Tu n'aurais certainement pas tenu le coup petite tête.»
«J'apprécie le surnom ma chère. En plus de ça, Mélina, Benjamin et Martin nous attendent déjà tous là-bas. Ce serait bien impoli de notre part de ne pas y aller pour ce genre d'excuses.»
«Je suis pourtant persuadée qu'ils comprendraient la chose vu les circonstance et tu le sais tout autant que moi.»
«J'apprécie réellement que tu t'inquiètes pour moi à ce point mais je ne suis pas en sucre je te rappelle Nelly. Il me semble te l'avoir déjà assez prouvé par le passé. Et puis, vous êtes tous là donc je n'ai pas de soucis à me faire. Allez dépêches-toi maintenant avant que je ne t'y tire par la peau des fesses. Et crois-moi, j'en suis tout à fait capable.»
Je replace rapidement la hanse de mon sac sur mon épaule tandis que ma Sorcière émet un soupire, vaincue. Elle ne m'aura certainement pas à ce jeu. Je ne veux pas rester enfermée ici. Autant m'attacher à mon lit sinon. Je me retiens donc de rire puis prend rapidement route en dehors de notre bâtiment une fois prêtes. Nous avons assez perdu de temps comme ça.
Une dizaine de minutes plus tard, nous sommes désormais dans la bibliothèque. Je salue d'un signe respectueux la bibliothécaire avant de poursuivre ma route. Comme prévu, depuis les événements et mes révélations de la semaine dernière, Nelly, Benjamin et Mélina ont décidé de me venir en aide quant aux recherches sur mes deux ouvrages. Et je dois bien reconnaître que les résultats sont bien plus fructueux à cinq.
«Ah vous voilà enfin on commençait à s'inquiéter dis donc !» S'exclame Mélina une fois que nous poussons la porte menant à la salle secrète.
«Désolée du retard, on discutait. Résultat, on a pas vu l'heure passée. J'espère que vous ne nous avez pas attendu trop longtemps» Répondis-je.
«Ah, les femmes et leur discussion décidément..»
«Tu peux répéter Benjamin ? Je crois avoir mal entendu pour le coup.»
En une fraction de seconde, mes deux camarades et moi lançons un regard mauvais à l'égard de Benjamin qui se tait de suite. La Salamandre se défend immédiatement en levant les mains en l'air tandis qu'un rire moqueur s'échappe d'entre ses lèvres. Je décide de ne rien ajouter d'avantage, plus amusée qu'autre chose intérieurement, puis prend place. Martin nous salue bien évidemment. Il doit sans doute être ravi par cette compagnie que nous lui apportons ces derniers jours. Cela lui change de ses journées monotones avec la bonne humeur et les bêtises de Mélina.
«Bref passons. Maintenant que nous sommes tous-là, au boulot. Ne perdons pas plus de temps.» Déclarais-je.
«Oui chef !» S'exclament-ils en chœur.
Sans attendre une seconde de plus, je sors les deux livres de mon sac puis les dépose lourdement sur la table. Comme d'habitude, le livre mystique demande une fois de plus mon identité pour s'ouvrir. J'effectue ainsi le processus sous le regard toujours aussi curieux et impressionnés de mes amis. A croire qu'ils ne s'y habitueront pas de suite. Une fois ouvert, nous ne tardons pas à nous plonger de nouveau dans notre tâche devenue presque quotidienne.
Les minutes s'écoulent et les feuilles auparavant vierges se remplissent progressivement de multiples traductions. Je dois bien reconnaître qu'en seulement quelques jours nous avons réussi à traduire un bon nombre de page. Et plus nous avançons, plus j'ai cette intime conviction que nous trouverons des informations importantes. Du moins, c'est ce que j'espère secrètement.
«C'est quand même extraordinaire que de tels livres se soient retrouvés entre tes mains. Habituellement ce genre de lecture est réservé aux supérieurs de cette Académie. Surtout vu les conditions dans lesquelles tu es tombée dessus.» Se questionne Benjamin.
«Pfiou ! Arrête, j'aurais presque l'impression d'être en pleine infraction à t'entendre dire ça.»
«Comme si cela te dérangeait vraiment. Ne joues pas trop à l'innocente avec nous Mélina. On sait tous très bien que tu adores jouer au détective comme ça.»
La jeune asiatique mime une grimace à l'égard de sa camarade sous le regard amusé du vieil homme. Déposant calmement mon stylo, je fais calmement craquer mes doigts en fermant brièvement mes yeux.
«Je le pensais également au début mais j'ai fini par abandonner l'idée de trouver des réponses à ce sujet. De toute évidence, il y a bien trop de choses étranges qui se produisent depuis que je suis ici. Autant se faire une raison.»
«Chaque génération possède toujours des éléments spéciaux vous savez. Ce n'est pas si étonnant dans le fond qu'il puisse t'arriver de telles choses.»
«Qu'est-ce que tu veux dire par-là Martin ?» Demandais-je.
«Depuis tout le temps que je suis ici avec ma femme, j'ai eu l'occasion de voir un bon nombre d'élèves défiler dans ces couloirs. Et croyez-en mon expérience, tous avaient plus ou moins des caractéristiques différentes. Ce qui inclus par conséquent le fait que certain étaient plus spéciaux que d'autres. Tu en fais sûrement partie Alyssa. J'en suis même sûr à bien y réfléchir.»
«Tu te trompes. A mon goût, j'ai bien assez de choses spéciales en moi. Non seulement le fait d'être née de parents Ange et Démon mais en plus d'avoir mon propre cousin dans le camp ennemi. Tout cela me suffit amplement. Je n'ai pas besoin de plus.»
«Malheureusement, nous n'avons pas de contrôle sur ce genre de choses. Nous ne choisissons pas nos origines.»
Un faible soupire m'échappe. Il a raison et cette idée irait presque jusqu'à m'en rendre malade. Nous n'avons aucun choix sur nos origines, elles choisissent pour nous. Agacée à cette pensée, je noue rapidement mes cheveux en un chignon avant de reprendre mon stylo. Stylo que je ne tarde pas à faire taper contre mon tas de feuille. Je ne veux pas avoir à penser à tout ça. Je ne suis pas spéciale. Je ne veux pas. M'adapter à cette nouvelle vie a déjà été assez éprouvante. Je ne tiens pas à affronter de nouvelles révélations qui risqueraient de briser mon semblant d'équilibre.
«Et si on faisait un petit point sur tout ce que nous avons réussi à traduire jusqu'à maintenant dites-moi ?»
«Bonne idée. Après tout ce qu'on a fait, on risque bien de trouver des informations croustillantes, non ?»
«Il y a intérêt ! Je ne passe pas mes après-midi ici pour du temps perdu quand même !» S'exclame de nouveau la plus jeune d'un air râleur.
«Laissez-moi m'en charger pour cette fois.»
N'ayant rien pour le contredire, Martin se saisit calmement des nombreuses feuilles étalées. Il enfile ses lunettes sur son nez puis se met à détailler attentivement chacune de nos notes. Inconsciemment, je remarque que je suis le mouvement de ses yeux depuis plusieurs secondes déjà. Il semblerait que je sois plus anxieuse que prévu face à ce suspens. Pitié, faites que nous tombions sur quelque chose de croustillant là-dedans.
Après ce qui me semble être une éternité, Martin relève finalement son visage. Un air soucieux trône sur son visage et je le vois passer une main sur son menton pour caresser sa barbe. Bizarrement, cela ne m'annonce rien de bon.
«Que se passe-t-il ? Vous n'avez rien trouvé d'intéressant ?» Demande finalement Benjamin.
«Je ne dirais pas vraiment ça. Bien au contraire... Disons juste que certains passages me paraissent assez étranges. Je pense qu'il faudrait approfondir nos recherches avant de nous jeter à l'aveugle là-dessus.»
«Qu'insinues-tu par étrange au juste Martin ? Ce livre est fiable j'en suis sûre et certaine. Dis-nous ce que tu as trouvé.»
«J'ignore si c'est entièrement une bonne idée tout compte fait Alyssa. L'un des passages que nous avons réussi à traduire parle une fois de plus de ces objets sacrés. A croire que c'est une réelle obsession pour eux.»
«Et ? Nous en avons déjà entendu vaguement parler, non ?» S'impatiente Nelly.
«C'est vrai mais jusqu'à maintenant, je suis sûr et certain que les informations restaient limitées auprès des élèves. Du moins, c'est ce que j'ai toujours vu dans vos manuels. Question de sécurité sûrement. Toutefois, ce qui est dit dans ces pages nous en dit bien plus qu'il ne le faudrait.»
Presque suspendue à ses lèvres, j'attends que l'homme développe sa théorie. A l'entendre dire, j'ai l'impression que quelque chose risque de me déplaire. Néanmoins, je veux en savoir d'avantage. Cette foutue curiosité reprend le dessus.
«Il semblerait que ces objets sacrés ne soient pas toujours des objets. D'où le nom de relique qu'on leur attribue également. Ils peuvent prendre plusieurs formes. Et même être vivants de ce que je viens de voir.»
«Je ne comprend pas où tu veux en venir au juste Martin. Vivants comment ça ?»
«Ce n'est pas le plus pertinent dans tout ça. Il est dit dans l'un des passages que chaque lieu sacré recèle en son sein une de ces reliques pour se protéger de toute menace. Comme vous le savez tous, les Anges comme les Démons sont à la recherche de ces armes depuis des millénaires. Et il semblerait que cette Académie même en possédait une à une certaine époque.»
«Possédait ? Pourquoi parles-tu au passé ?»
«Tout simplement parce que cette relique a été dérobé il y a bien longtemps de ça. Et l'identité de son voleur risque de te déplaire à mon avis...»
«Développes. J'ai encore du mal à te suivre complètement pour le coup.»
«De ce que j'ai pu lire, le voleur descendait d'une longue et grande lignée de Chevalier Noir. On raconte qu'il n'était qu'un simple élève à l'époque mais qu'il a réussi à dérober cet objet sans grand mal pour le rapporter à son maître et ainsi obtenir gloire et respect de son peuple. Il s'agissait du collier de la déesse Freyja. On raconte que sa possession permet de favoriser la victoire de son détendeur. Il s'agissait de l'un de tes ancêtres Alyssa.»
«L'un de mes ancêtres ? Comment ça ? C'est tout bonnement impossible. Je ne connais rien de ces personnes. Mes parents ne m'ont jamais parlé d'eux. Tu dois sûrement faire erreur.»
Sans même m'en être rendu compte, je suis désormais debout avec le point écrasé contre la table. Mes camarades me fixent avec de grands yeux tandis que Martin m'accorde un air désolé. Je serre les mâchoires puis me rassoie non sans un regard agacé. Le vieil homme me tend alors la feuille sur quoi il semble être écrit cette fameuse vérité.
«Regarde par toi-même.»
Je ne perd pas une seule seconde pour chercher ce passage en question. Et au fur et à mesure que je poursuis ma lecture, je sens que mes muscles me lâchent peu à peu. Je tremble. Les lignes devant mes yeux ne sont plus très claires. Il a raison. Ce nom. Il s'agit de la lignée de mon père, de Maxence, de moi. Je fais partie d'une lignée de voleur. Sonnée, je repose le tout.
Personne n'ose parler, sûrement tout autant sonné que moi par cette nouvelle. Je ne sais pas comment réagir. A vrai dire, il fallait bien que je m'attende à ce genre de révélation. Je descend tout droit d'une des lignées les plus effroyables de Démon. Et ce n'est pas parce que mon père a échappé à toutes ces horreurs que ses ancêtres en ont fait de même. J'en ai la preuve même aujourd'hui.
«Ne te préoccupes pas de ce détail. Tu sais, dans le fond, ce n'est pas si important.» Intervient Nelly.
«Pas si important ? Est-ce que je dois te rappeler que je descend tout droit d'une famille de Démon qui a volé l'une de ces fameuses reliques ?»
«Justement. Tu n'es en aucun cas concernée dans toute cette histoire. Ce n'est pas toi qui a agi ainsi et tu n'es pas un Démon. Du moins, tu n'as pas choisi cette voie. Tout cela appartient au passé.»
«Je sais mais c'est juste que... Parfois, j'oublie à quel point du sang de monstre coule dans mes veines. J'ignorais que j'étais reliée à ce point à ce lieu. C'est d'ailleurs plutôt étonnant que ma tête se retrouve à la tête de ce lieu vu notre histoire...»
Un faible soupire m'échappe et mes muscles se détendent mollement. L'énergie me manque. Qui sait ? Je suis sûre que ce n'est pas le pire crime qu'ait commit ma famille. Je sais très bien que bien trop de sang a coulé sur les mains de ces gens. Et même sang de tueur coule dans mes veines. Je dois arrêter de me voiler la face.
Prions pour que je ne devienne jamais ainsi. Pitié.
Perdue dans mes pensées, je reprend soudainement conscience en sentant la main de ma colocataire se déposer sur mes épaules. Celle-ci m'adresse un faible sourire tandis que je remarque du coin de l'œil que tout le monde s'est désormais levé.
«Allons prendre un peu l'air, d'accord ? On en a assez apprit pour aujourd'hui je pense alors allons nous prendre quelque chose à boire. Martin est d'accord.»
«Hum d'accord. Je suppose que ça ne nous fera pas de mal.» Fis-je d'un air légèrement aigri.
«Parfait.»
Je n'oppose aucune résistance et range rapidement mes affaires dans mon sac. Martin ne tarde pas à s'approcher de moi, la pile de feuille dans ses mains. Je comprend bien assez vite qu'il souhaite que j'explore la suite de moi-même. Peut-être trouverais-je d'autres délits de ma famille ? Cette idée ne m'enchante guère mais je n'ai pas vraiment le choix.
Une fois entièrement prêts, nous saluons une dernière fois le vieil homme avant de sortir de la bibliothèque. Benjamin s'est gentiment proposé pour nous chercher des boissons. Assise sur un banc à l'extérieur, je fixe désormais un point imaginaire dans le vide.
«Hé, n'y penses pas trop on t'a dit. Au fond ce n'est pas si grave comme nouvelle. Les Anges et les Démons ont toujours cherché à voler ces reliques. Une de plus ou de moins qu'est-ce que ça change hein ? Ça remonte à tellement longtemps que je suis sûre qu'on a eu le temps de leur en piquer entre temps !»
«Je crois que pour le coup, tu ferais mieux de te taire Mélina. Tu ne fais que renfoncer le couteau dans la plaie.»
«J'essayais simplement d'aider roh ! Excusez-moi de ne pas savoir réconforter convenablement les gens hein.»
Un faible sourire transparaît sur mes lèvres lorsque je réalise que les deux Sorcières recommencent à se chamailler de plus belle. Benjamin arrive bien évidemment au même moment, les bras chargés de canettes. Après avoir fait le service, il se met devant moi sans trop se soucier des deux autres.
«L'un de mes ancêtres avait également volé une de ces reliques tu sais.»
A ces mots, Nelly et Mélina cessent de parler. Nos regards se dirigent vers cette même personne tandis qu'il ouvre sa canette d'un mouvement habile pour en boire une première gorgée. Je ne peux m'empêcher de lui faire de gros yeux, interdite. J'ignore réellement si c'est une plaisanterie de mauvais goût pour me remonter le moral ou la vérité.
Un rire ne manque pas de s'échapper de sa gorge en nous voyant réagir de la sorte.
«Je ne mens pas. C'était mon arrière grand-père. Je ne me souviens plus vraiment de ce dont il s'agissait mais il me racontait toujours ces exploits. Dont cette fois où il avait réussi à s'introduire dans les quartiers d'un groupe de Démon et leur dérober la relique. Apparemment, ils étaient fous de rage ce jour-là mais mon grand-père c'était fait une joie à le faire.»
«Vraiment ?»
«Oui vraiment. Ce que j'essaye de te faire comprendre c'est que de toute évidence, nos générations sont formées pour ça. Nous battre, protéger les nôtres et les humains. Et pour cela, on peut dire que ces reliques sont d'une aide précieuse. Il n'y a aucun mal à ce que l'un de tes ancêtres aient agi de la sorte. Bien que ce soit pour le camp ennemi. C'est dans l'ordre des choses. Ça ne sert à rien de dramatiser pour toutes ces histoires tu sais. Tu as le pouvoir de changer les choses aujourd'hui.»
Le rouquin s'approche prudemment avant de passer soudainement une main dans mes cheveux. Prise au piège, je grommelle vivement alors qu'il rit de bon cœur tout en ébouriffant mes cheveux dans tout les sens. Il se recule de quelques pas pour admirer le résultat de sa bêtise tout en continuant de rire. Super, mon pauvre chignon est réduit en miette.
«J'espère que tu es content de toi.» Grognais-je en tentant d'arranger la chose.
«Oh que oui crois-moi ! Plus sérieusement, tu es forte Alyssa. Nous le savons tous ici et tu le sais plus que quiconque. Ce n'est pas ce genre de nouvelle qui va te mettre directement hors d'état de nuire. Alors maintenant, on va continuer sur notre lancée. C'est compris ?»
Bien que j'aimerais me retenir, je ne peux m'empêcher de sourire à ces mots. C'est incroyable de se dire que les paroles de Benjamin ont un tel impact sur ma personne. Il a sans doute raison. Je n'ai pas le temps de me morfondre pour une telle chose. Tout cela appartient au passé.
«Plus que compris même chef. Mais en contrepartie, tu me dois quelque chose.»
«Ah oui ? Et en quel honneur dis-moi ? Quoi que je suis curieux de savoir ce que tu as à me demander en échange. Ce doit-être important vu que ce n'est pas ton genre habituellement.»
«Tout simplement parce que j'en ai envie. Je veux que tu m'accordes un combat. Puisque Lindsay et Keith sont indisponibles pour le moment, la tâche te revient de me servir de punching ball.»
Je devine rapidement au sourire farceur de la Salamandre que ma proposition lui convient tout à fait. Le contraire m'aurait étonné. Ravie, je vide le reste de ma canette avant de me redresser et de me mettre en position. Mes nerfs ont bien besoin d'être détendu ces derniers temps et le mieux à faire pour moi est de taper.
[...]
«C'est pas juste tu triches franchement !» Grognais-je.
«Tu plaisantes ? Il me semblait m'être battu à la loyale pourtant. Regarde, Mélina et Nelly le confirment en plus. Ne sois pas mauvaise voyons.»
«Traîtresses.»
Le visage à moitié plaqué au sol comme le reste de mon corps, je tente tant bien que mal de me débattre. Par je ne sais quel moyen, Benjamin a réussi à me prendre par surprise alors que j'avais le dessus sur lui. Résultat, le voilà par dessus moi à maintenir fermement mes poignets contre mon dos.
Bon, je dois bien le reconnaître que le rouquin en a bavé tout autant que moi. Je n'y suis pas allée à fond mais assez pour pouvoir me défouler.
Je suppose que cela doit faire environ une bonne demie-heure que nous sommes entrain de chahuter dehors. Mélina et Nelly n'ont pas loupé une miette du spectacle, s'amusant à nous encourager quand l'autre venait à prendre le dessus et vice versa. Comme prévu, me dépenser de la sorte m'a fait le plus grand bien. Cogner contre quelque chose m'était indispensable et Benjamin a été le meilleur des partenaires pour l'occasion.
«Tu te rends mademoiselle ou tu t'entêtes à vouloir continuer ainsi ?»
«C'est bon, j'abandonne. Tu as gagné pour cette fois mais seulement parce que je n'avais pas la bonne tenue. Autrement, tu n'aurais pas fait long feu.»
«J'apprécie ton raisonnement plus qu'original pour le coup. Nous verrons ça une prochaine fois.»
Un soupire de soulagement m'échappe au moment où je sens enfin sa prise se défaire. Je saisis rapidement sa main puis me relève à mon tour, complètement essoufflée. Nous échangeons alors un large sourire, satisfaits.
«Et bien, vous avez l'air de bien vous amuser par-ici tous les quatre.»
Alors que je bois une gorgée d'eau, cette voix familière attire directement mon attention. Je tourne mon visage et tombe directement sur les silhouettes de mon délégué ainsi que de ses deux assistants. Lindsay s'approche doucement de moi en souriant comme à son habitude.
«J'avais besoin de me défouler et comme vous semblez assez occupés ces derniers temps, je me suis dis que Benjamin serait un bon substitut pour l'occasion.»
«J'apprécie l'estime que tu as de moi dis donc.» Lance Benjamin en partant s'asseoir ce qui ne manque pas de me faire rire.
«Je suis désolée. J'aurais aimé pouvoir passer du temps avec toi mais nous sommes assez débordés ces dernières semaines.»
«Qu'importe. Il serait difficile de vous en vouloir après tout. J'oublie parfois que mes Anges-Gardiens ont des rôles assez importants.»
«Promis, une fois que tout sera fini, je me chargerais personnellement de t'entraîner. Crois-moi, tu deviendras une véritable guerrière à mes côtés !»
«Permets-moi d'en douter Keith. Tu risques surtout de me mettre en miette avec ta force surhumaine.»
Un air amusé transparaît sur les visages de mes deux aînés. Néanmoins, je suis rapidement happée par une autre personne. Difficile de faire comme s'il n'était pas là. Malheureusement, nous n'avons pas eu une seule seconde pour nous voir depuis la dernière fois. Il ne doit sûrement pas savoir pour ma dernière crise au passage. Tant mieux. Je ne veux pas l'inquiéter avec tout le boulot qu'il a à faire.
Je ne lâche pas du regard pendant plusieurs secondes. S'il n'y avait que nous, je me serais déjà jetée dans ses bras depuis longtemps. Toutefois, cela est impossible. Ils ignorent tous la vérité. C'est pourquoi, je me dois de jouer le jeu malgré moi. Plus facile à dire qu'à faire.
«Je vois que tu as eu l'occasion de t'améliorer niveau corps à corps.»
Sa voix me secoue légèrement et je me fais violence pour ne pas paraître suspecte. Mimant un faible sourire, j'hoche doucement mon visage alors qu'il s'approche de moi. Les deux Élémentaires sont visiblement partis voir mes camarades histoire de parler un peu. Parler seuls à seuls de la sorte ne risque certainement pas de m'aider à garder mon sang-froid.
«Pas vraiment à vrai dire. Difficile de se mettre à fond dans un combat contre un ami mais merci du compliment.»
Aucune réponse ne me parvient et mon cerveau manque cruellement de discussion. Comme je le craignais, il devient de plus en plus difficile pour moi d'agir comme si de rien n'était face à lui. Un faible courant électrique me transperce au moment où je sens le bout de ses doigts saisir discrètement ma main. Surprise, je lève les yeux vers lui et remarque qu'il observe attentivement notre petit groupe d'ami.
Ses yeux se reposent finalement sur moi et je remarque immédiatement que son regard vient de s'adoucir.
«Pardonnes-moi, je n'ai pas eu le temps de te voir ces derniers temps. Je suis plus que débordé à cause de plusieurs histoires. Crois-moi, si je le pouvais, je passerais plus souvent te voir mais je n'en ai pas l'occasion.»
Télépathie, une fois de plus. J'aimerais tellement pouvoir en faire de même mais cette capacité m'est encore inaccessible. Il faudra vraiment que je pense à demander conseil à Mila la prochaine fois. Je décide finalement de lui répondre par un faible mouvement de la tête, souriant par la même occasion afin de le rassurer. Mon Ange semble me comprendre mieux que prévu puisque sa voix retentit à nouveau dans ma tête.
«J'apprécie réellement que tu me fasses confiance à ce point Alyssa. Notre promesse tient toujours. Je te dirais tout en temps voulu. En attendant, continue simplement de profiter de tes amis d'accord ? Je ne veux pas que t'inquiètes. Je prendrais le relais en temps voulu. Une fois que toutes ces histoires seront finies, je serais entièrement là pour toi.»
Cet homme va finir par me rendre dingue à me parler de la sorte. J'apprécie vraiment le fait de savoir que Lucas se sent aussi concernée par mon avis. Lui qui est si studieux et sérieux dans son travail d'habitude. Il faut croire que j'ai bien eu raison de lui faire confiance. De toute évidence, je n'ai pas vraiment mon mot à dire. Je possède également des secrets à son égard.
«Tiens tiens mais quel beau rassemblement que nous avons là.»
En parlant du loup. En voilà un justement. Sa voix, bien trop familière à mon goût, me sort immédiatement de ma rêverie. Le contact autrefois réconfortant des doigts de Lucas sur les miens vient de se briser. Le petit groupe auprès de nous à d'ailleurs cesser toute parole.
Un sourire carnassier au visage, Maxence s'avance vers nous. Je devine rapidement ses intentions lorsque son regard reste tout particulièrement insistant sur moi. Il me veut encore quelque chose. Sans grande surprise, je sens mon Ange se tendre à mes côtés. Leur haine est toujours aussi présente. Nelly et les autres accourent auprès de nous et l'ambiance ne fait que prendre en tension.
«Qu'est-ce que tu nous veux ? Tu nous suis maintenant ?» Déclare Lucas.
«Oh crois-moi, j'en ai déjà assez de voir ta tête tout les jours ces derniers temps. Je ne suis pas là pour toi mais pour ma très chère cousine.»
«Moi ?» Demandais-je.
«Et je peux savoir ce que tu lui veux au juste ? Tu peux très bien lui parler ainsi devant nous.»
«Quelque chose qui ne te regarde sûrement pas. Maintenant, si tu me permets, j'aimerais qu'elle me suive. Enfin, dans le fond, ton avis je m'en fiche et tu le sais. Bouge de là.»
Bien décidé à ne pas se laisser faire, le brun se poste face à moi au moment où le Démon comptait s'approcher d'avantage de moi. Lindsay et Keith se chargent de me garder auprès d'eux au cas où une bagarre exploserait entre ces deux-là. Quant à mes trois amis, j'ai l'impression qu'ils sont complètement dépassés par les événements.
Maxence ne lâche pas l'affaire. Il semble toujours aussi désinvolte qu'à son habitude.
«Allons bon, vous croyez vraiment que vous pouvez m'arrêter ? Je sais qu'il s'agit là de votre petite protégée mais on possède le même sang. Il sera difficile pour vous de toujours la protéger de moi. Je ne lui veux aucun mal. Au contraire, je dois lui parler de quelque chose qui l'intéressera sûrement.»
«Va te faire voir.»
Le ton sec de Lucas est sans appel. Il ne compte pas lâcher l'affaire je le sais bien. Pourtant, au regard que me lance mon cousin, je devine qu'il est sincère. C'est alors qu'un élément me percute l'esprit. Serait-il possible que...? La seule raison pour laquelle Maxence irait me parler depuis la dernière fois ne peut être que pour ça. J'en suis persuadée.
Un nouveau se rictus se dessine sur les lèvres du Démon au moment où il remarque que je vois enfin où il veut en venir.
Je décide d'inspirer un grand coup pour me donner du courage puis m'avance doucement. Je contourne rapidement le corps de mon délégué sous le regard médusé de tous.
«C'est bon. Il ne me fera aucun mal ne vous en faites pas. Je n'en ai pas pour bien longtemps.»
«Alyssa tu es sûre que...»
«Fais-moi confiance Nelly.»
La Sorcière n'ajoute rien, se contentant de me regarder faire. Et tandis que j'avance doucement vers mon cousin, je sens une main saisir fermement mon poignet. Inutile de me retourner, je sais déjà de qui il s'agit. Maxence ne loupe pas une miette du spectacle donné devant mes camarades. Bien sûr, il sait tout de notre relation contrairement à eux..
«Qu'est-ce qui te prend ? Ne le suis pas. Je ne veux pas que tu te retrouves seule avec ce Démon. Qui sait ce qu'il pourrait te faire.»
«Tout ira bien.» Lui assurais-je.
Ma main se dépose sur la sienne et je l'oblige à me relâcher. Chose qu'il accomplit à contre cœur. Un faible sourire transparaît sur mes lèvres mais je devine à son air renfrogné que ce que je viens de faire lui déplaît fortement. Et c'est donc sans plus attendre que je suis le Démon.
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Fini ! Désolé pour le retard je n'ai pas vraiment eu le temps d'écrire cette semaine avec les cours. Bref, j'espère que le chapitre vous aura plu. J'attends vos avis avec impatiente. Je vous laisse les chatons et on se dit à la semaine prochaine normalement ! ♥
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