Chapitre Soixante-Quatorze

    Alyssa

Un cris sourd s'échappe à nouveau de ma gorge tandis que je manque de plus en plus d'air. Je suffoque. Ma main comprime fermement le pendentif illuminé contre ma poitrine. Je souffre terriblement. Cette douleur en est presque insoutenable et risque de me faire perdre connaissance à tout moment. J'ai l'impression que des pierres tapent sans cesse contre mon cerveau et tentent de faire pression sur celui-ci pour le faire exploser à tout moment. C'est comme si quelque chose forçait tant bien que mal son entrée en moi. J'ai beau essayé, cela me semble impossible de résister.

«Alyssa ! Alyssa ! Oh mon dieu vite appelez quelqu'un il faut faire quelque chose !»

«Martin reste auprès d'elle au cas où. Mélina fait vite je t'en pris elle ne va pas tenir bien longtemps à ce rythme là !»

«Reste avec nous je t'en pris. Tiens bon !»

De faibles échos de voix me parviennent au loin mais je ne réussis pas à me focaliser dessus. Mes paupières sont bien trop lourdes pour que je puisse prendre conscience de qui m'entoure en ce moment. Je me sens de plus en plus faible. Je sens mes forces me quitter peu à peu alors qu'il me semble entendre mon prénom à de nombreuses reprises.

Ce n'est que lorsque je succombe de nouveaux à la noirceur de mon esprit que je comprend que mon corps vient de m'abandonner une fois de plus.

Une branche craque sous ma chaussure et je relève immédiatement mon pied. Piégée dans cette pénombre, j'avance inconsciemment vers le seul point de lumière qui émane au loin. Où suis-je ? J'ignore réellement pourquoi mais je la pourchasse désespérément en tentant tant bien que mal de m'y accrocher. Des murmures retentissent autour de moi. Je prend peur. Ils murmurent mon prénom et tout un tas d'autres choses que je ne perçois pas exactement. J'ai l'impression de devenir complètement folle au fur et à mesure que j'avance.

«Montrez-vous ! Je sais que vous êtes là !»

A peine ai-je hurlé ces mots qu'une silhouette se dessine devant moi. Je me stoppe brutalement dans ma course afin de ne pas lui rentrer dedans puis la détaille silencieusement. Je la reconnais. Elle est identique à celle qui appartenait à la voix de la dernière fois. Elle me semble humaine mais je n'en suis pas sûre. Tout n'est qu'une couverture, une image pour m'apparaître plus ou moins de manière physique. Sûrement pour me rassurer.

«C'est vous qui m'avez amené ici à nouveau n'est-ce pas ?» Demandais-je.

Aucune réponse ne me parvient sur le coup. Je perds patience. Mes nerfs peuvent me faire perdre contrôle à tout moment. Je tente tant bien que mal de garder mon calme. Ma main s'élève dans l'air et la silhouette se recule instinctivement. Comme si elle avait prédit que je comptais la toucher.

«Répondez-moi.» Implorais-je.

«Je suis désolée pour toute cette douleur... Pardonne-moi. Mes manifestations me sont encore difficiles à gérer. J'aimerais pouvoir cesser ces crises mais je n'ai pas le temps pour ça. Pas aujourd'hui.»

«Pourquoi essayez-vous de vous adresser à moi de cette façon ? Je ne comprend pas. J'ignore complètement qui vous êtes ou encore pourquoi nous sommes ici.»

«Nous n'avons pas assez de temps pour toutes ces explications Alyssa. Il faut que tu te caches pour le moment. Ils ne doivent pas nous trouver.»

«Nous ? De quoi voulez-vous parler à la fin avec cette histoire ? Qui sont-ils au juste ?»

Le ton de ma voix s'élève, trahissant mon impatience et ma confusion. Je suis totalement perdue. C'est la seconde fois que j'ai l'occasion de parler avec cette mystérieuse voix et pourtant, les choses me paraissent toujours aussi floues. Elle ne cesse de me mettre en garde mais j'ignore réellement contre quoi. Tendue, je lui fais face en attendant qu'elle daigne à me donner une réponse valable.

«Ils seront bientôt là. Je le sens. Ne les laisse pas nous trouver Alyssa autrement ils feront tout pour nous séparer et pour nous faire souffrir. Tu ne dois pas les laisser faire. Sous aucun prétexte. Il en va de ta propre vie.»

«Qui êtes-vous à la fin ? Pourquoi prendre cette apparence dans mon inconscient ? Je ne peux pas vous faire entièrement confiance si j'ignore votre identité.»

«Je ne peux actuellement me manifester sous ma réelle forme devant toi. Pas maintenant. Je sais que tu ne te souviens pas de tout mais je te connais sans doute mieux que quiconque. J'ai toujours été là. Tu me connais tout comme je te connais. C'est pourquoi je ne te ferais jamais de mal.»

«Que...»

«Trouve ta mère Alyssa. Elle seule pourra t'aider pour te protéger de ces gens. Elle sait la vérité. J'en suis persuadée.»

«Ma mère ? Enfin c'est impossible. Je suis enfermée dans cette Académie. Je ne peux pas sortir d'ici pour aller la voir et même si je le voulais, on ne me laisserait pas y aller sans raison valable. Je ne veux pas lui attirer d'ennuis.»

«Tu trouveras une solution. Dès que tu en auras l'occasion. Pars la retrouver. C'est vital. Fais-moi confiance je t'en pris. Des secrets persistent encore et seule elle pourra t'apprendre l'entière vérité...»

«Attendez, je ne comprend pas bien ce que vous voulez dire par là. Je pensais tout connaître de nos secrets de famille.»

«Certaines choses ne peuvent pas toujours être dites mais il est temps que tu saches. Dépêches-toi je t'en pris... C'est tout ce que je te demande pour le moment. Je te le promets, tu sauras tout en temps voulu. Et à ce moment-là, peut-être que nous nous rencontrerons.»

«Attendez !» M'écriais-je.

J'ai beau essayer, ma voix semble se perdre dans la pénombre de la nature autour de moi. Ma main frôle en vain la silhouette brillante de la voix tandis qu'elle s'évapore soudainement dans l'air. Spectatrice, j'observe la scène sans pouvoir agir.

Un nouveau maux de tête me saisit soudainement tandis que je me sens reprendre conscience. Perdue, je tâtonne du bout des doigts ce sur quoi je semble être allongée. Plusieurs murmures se manifestent autour de moi et j'ouvre finalement les yeux en reconnaissant par la même occasion ma propre chambre. Comment suis-je donc arrivée jusqu'ici ? Les voix ont toutes cessé subitement. Les visages de mes camarades m'apparaissent et je reconnais à leur expression qu'ils semblent inquiets, rassurés et à la fois perplexes. Quant à moi, je suis complètement perdue.

L'une de mes mains se posent rapidement contre mon crâne tandis qu'un léger grognement m'échappe. La douleur a eu le temps de diminuer mais je la ressens encore faiblement. Je reprend peu à peu conscience de ce qui vient de se passer. Mes douleurs, ma perte de connaissance et de nouveau cette discussion étrange.

«Alyssa, mon enfant. Te voilà enfin de retour parmi nous. Si tu savais comme je suis ravi de te voir à nouveau.»

«Martin...» Murmurais-je difficilement à cause de ma gorge étrangement sèche.

«Tout va bien maintenant. Tu es en lieu sûr. Ne t'agite pas de trop, d'accord ? Tiens voilà de quoi boire. Tu en as bien besoin. Doucement.»

J'accepte volontiers l'aide du vieil homme pour me redresser de mon lit le temps que les forces retrouvent mon corps. Assise, je saisis prudemment le verre d'eau et l'engloutit d'une traite. J'en avais bien besoin.

Un lourd silence pèse étrangement dans la pièce et je suis avant tout inquiète par les expressions de mes trois camarades. L'ambiance m'est étrange. Même Mélina semble mal à l'aise et ne cesse de jeter des œillades à ses deux compères qui me fixent attentivement depuis tout à l'heure.

«Tu peux nous expliquer au juste ce qui s'est passé tout à l'heure dans cette bibliothèque ?»

«Nelly, ne la brusque pas voyons. Tu vois bien qu'elle vient tout juste de se réveiller. Elle ne se souvient sûrement pas de tout.» La réprimande Benjamin d'un air embêté.

«Ne joues pas à ça avec moi Benjamin. Je sais très bien que tu penses comme moi. Cette crise n'était pas normale. Tout comme la lumière que produisait son collier à ce moment-là. Je sais que tu as encore des secrets à notre égard Alyssa mais tu ne pourras pas nous cacher éternellement la vérité. Pas après ce qui vient de se passer.»

«Nelly je-»

«Je t'en pris ne me dis pas que ce n'est rien d'important. Tu n'imagines pas la peur que j'ai eu en te découvrant entrain de te tordre de douleur au sol ! Nous avons essayé de te calmer mais rien ne marchait jusqu'à ce que tu t'arrêtes par toi-même en t'évanouissant face à la douleur. Dis-moi la vérité maintenant. Je ne veux pas qu'il y ait ce genre de mensonge entre nous. Pas quand tu te retrouves ainsi en danger. Tu connais mes secrets, je veux connaître les tiens.»

Mon souffle se coupe pendant quelques secondes dans mes poumons. Nelly me fixe sérieusement et je peux sentir les trois autres paires d'yeux en faire de même. Je suis comme prise au piège. Dans le fond, je ne peux pas vraiment leur en vouloir. Je suis persuadée que j'aurais agi de la même manière à leur place.

Immédiatement, je cherche le regard de Martin afin de pouvoir m'épauler. Bien qu'il ne sache pas tout, il sait certaines choses. Du moins, plus que mes camarades. Le vieil homme m'accorde un faible hochement de tête et je décide de m'abandonner à tout mensonge. Persister à cacher la vérité ne servira à rien vu les circonstances. Et de toute évidence, je n'ai pas les forces nécessaires pour leur mentir à nouveau.

«Pour être tout à fait honnête, j'ignore moi-même ce qui m'arrive Nelly. Trop de choses se passent ces derniers temps et j'ai encore du mal à y clairement mettre un mot dessus.»

S'attendant sûrement à une suite sur mon discours, tous restent silencieux. Je décide d'enchaîner en sortant précautionneusement les deux livres cachés sous mon matelas. Quitte à commencer par quelque chose, autant passer par-là. Martin me regarde attentivement alors que ma main caresse doucement la couverture de l'un des deux. J'ai besoin de trouver clairement mes mots afin qu'ils puissent comprendre la situation sans me prendre pour folle.

«Mais si tu veux tout savoir... Bien je vais tout te dire. Ces livres, je les ai trouvé il y a de ça quelques temps après mon arrivée ici. J'ignore réellement pourquoi mais ils sont entrés en ma possession et je me suis dis qu'il serait préférable que je les garde cachés de tous. Dont vous par ailleurs. Jusqu'à aujourd'hui, seul Martin connaissait leur existence. Ce qui explique par ailleurs je sois souvent venue lui rendre visite. Ils me permettent entre autre de mieux comprendre le monde dans lequel je vis.»

«Pourquoi les avoir caché alors ? Que racontent-ils au juste ? Je ne comprend pas.»

«C'est justement ce que nous essayons de comprendre. L'un des deux est écrit dans un langage ancien c'est pourquoi nous prenons du temps à les traduire. Il explique en partie l'histoire de notre monde et les origines de nos peuples.»

Mes mains conservent les deux ouvrages contre moi. Je sens parfaitement le regard de mes trois camarades de classe pesés sur ma personne. Ils ne doivent sûrement pas comprendre. Moi-même, j'ai du mal à me comprendre à cet instant. Et pourtant, je sais que je ne peux révéler l'existence de ces livres à tous. Autrement, l'un d'entre eux ne seraient pas scellés à mon nom aujourd'hui.

Alors que le silence reprend place, je décide de l'interrompre de nouveau.

«Je dois vous dire autre chose que seul Lucas avait connaissance jusqu'à aujourd'hui. Je tenais à ce qu'il garde cette histoire pour lui afin de ne pas vous inquiéter mais maintenant que vous m'avez vu, il sera difficile de faire comme si de rien n'était. Ce n'est pas la première crise à laquelle j'ai fais face.»

«Qu'est-ce que tu veux dire par-là ?» Me demande Benjamin.

«C'est la seconde fois que ça m'arrive. La première a eu lieu il y a quelques jours devant la bibliothèque. J'ignore pourquoi et comment mais c'est comme si quelqu'un avait essayé de s'immiscer dans mon esprit jusqu'à ce que je perde connaissance. Et c'est finalement à ce moment-là qu'elle vient à moi. Ou plutôt qu'elle me laisse venir jusqu'à elle.»

«Elle ?» Demandèrent-ils tous d'une même voix.

«Cette voix. J'ignore à quoi elle ressemble réellement puisqu'elle prend la forme d'un halo de lumière. Un peu comme une sorte de spectre. Et à chaque fois que j'essaye de comprendre qui elle est, elle m'en empêche.»

Encore un peu bousculée, je passe une main humide sur mon front légèrement chaud. J'inspire légèrement afin de me donner des forces pour la suite des choses. Tout les quatre m'observent attentivement et je peux lire comme un sentiment d'incompréhension sur leur visage. Ils doivent très certainement me prendre pour parano à l'heure qu'il est. Qu'importe. S'ils souhaitent la vérité, ils l'auront telle que la connais.

«Et qu'est-ce que souhaite cette voix au juste ?»

«Je l'ignore encore. Elle souhaite simplement rester cachée de personnes qui en ont après elle. Elle a peur de quelque chose ou plutôt de quelqu'un. Selon elle, il faut que j'aille retrouver ma mère. Elle seule pourra m'apporter réponses et vérités à ce sujet.»

«Vous ne trouvez pas tous cette histoire un peu étrange ?»

Interrompus et à la fois interloqués par cette remarque, nos visages se tournent tous en la même direction. La petite sorcière tenue debout à côté de mon lit fixe droit devant elle d'un air pensif. Et comme à chaque fois, je ne peux m'empêcher d'être surprise de la voir aussi sérieuse.

«Qu'est-ce que tu veux dire par-là Mélina ?» Demande Nelly.

«Je ne sais pas., je me pose simplement cette question. Cette histoire de voix et le fait de vouloir rester cacher de quelqu'un... Si elle ne peut se manifester qu'à travers ton inconscient, c'est sûrement qu'elle doit être en toi. Mais dans ce cas, pourquoi est-elle là et depuis quand ? Je ne sais pas si tu dois lui faire confiance. On ne sait jamais ce que cela pourrait être en vérité.»

«Tu penses que quelque chose essaye de la manipuler de l'intérieur pour mieux berner les autres ?» Fait remarquer à son tour Benjamin.

«C'est une hypothèse oui. J'ai l'impression que beaucoup en ont après Alyssa dans cette Académie. Ils pourraient très bien créer à nouveau une fugue de sa part afin d'affaiblir le système. Je doute que Mara soit la responsable mais sachant qu'elle a utilisé Nisha la dernière fois, elle est capable de tout.»

«Tu as raison. Nous devrions sûrement nous méfier à propos de toutes ces histoires...»

D'une oreille distraite, j'écoute mes amis échanger entre eux tandis que Martin reste un peu plus en retrait. De mon côté, mes yeux restent accrochés sur ces deux livres posés sur mes cuisses. Je sens le lit s'affaisser à côté de moi et ce n'est que lorsque j'aperçois la main de Martin sur mon bras que je comprend qu'il s'agit de lui. Je lève doucement la tête en sa direction et répond au faible sourire qu'il m'accorde.

Il me croit. Comme depuis la toute première fois. Je le sais et cela suffit à me réconforter. Je ne peux pas blâmer les autres de ne pas me croire entièrement. Ils s'inquiètent également.

«C'est faux. Je sais que cette voix ne me voulait pas de mal. C'est comme si elle m'était familière. Je suis sûre de l'avoir déjà entendu. Je lui fais confiance.»

J'hésite pendant de courtes secondes à regretter mes paroles et pourtant, j'abandonne rapidement cette idée. Mon regard soutient fermement celui de mes trois camarades tandis qu'ils m'observent chacun d'un air quelque peu surprit. Néanmoins, je ne lâche pas prise et continu de tenir bon. Ils doivent me faire confiance et me croire.

«Tu es vraiment sûre de toi ?» M'interroge Nelly.

«Sûre et certaine. Et même si elle demeure belle et bien en moi, je suis persuadée qu'elle ne me veut aucun mal. Je n'ai jamais ressenti la moindre animosité de sa part lors de nos rencontres. Elle veut juste notre bien. Et si ce qu'elle dit est vrai, dans ce cas je trouverais bien un moyen d'avoir des réponses auprès de ma mère. Maintenant vous savez la vérité.»

«Et ce collier ? Sais-tu pourquoi il brillait autant ?»

A l'entente de ces propos, je baisse mon visage de manière à regarder le pendentif au creux de ma poitrine. Mes doigts glissent doucement contre sa pierre et je ferme brièvement mes paupières.

«Je l'ignore mais c'est un cadeau de mon père et j'y tiens. Cette lumière n'apparaît pas pour la première fois. Et à chaque fois, c'est comme si elle essayait de me protéger. Je pense qu'il n'y a pas vraiment à s'inquiéter à ce sujet. C'est comme si mon père tentait encore de me protéger à travers celle-ci.»

Instinctivement, je soulève l'une de mes mains en ouvrant ma paume. Mon attention se fixe dessus pendant quelques instants avant que je ne distingue une lumière orangée s'y former. Aucune flamme n'en sort et pourtant, je sens très bien cette chaleur singulière et réconfortante s'y installer.

Ce n'est lorsque j'aperçois trois mains se déposer sur la mienne que je sors de mes pensées. Les trois visages de mes camarades sont désormais souriants et je sens encore la main de Martin sur mon bras.

«Très bien. Je suppose que nous n'avons pas d'autres choix que de te croire et de te faire confiance pour le moment.»

«Je ne peux rien t'assurer Nelly. Crois-moi j'aimerais mais c'est impossible à l'heure actuelle. J'ignore quand cette voix peut faire surface à nouveau mais ne t'en fait pas trop pour moi, d'accord ?»

«Plus facile à dire qu'à faire. Je m'inquiéterais toujours pour toi. Tu es mon amie. J'aimerais me rendre utile pour le coup mais je suppose que je ne peux rien faire pour t'aider.»

«Ne dis pas ça voyons. Tu m'es d'une grande aide et tu le sais. Tout comme vous tous. Mais si cela te tient autant à cœur, tu peux toujours m'aider à trouver d'avantage de choses sur ces livres. Je serais ravie de travailler avec toi là-dessus.»

«Nous aussi on veut t'aider !»

Un faible rire s'échappe d'entre mes lèvres au moment où je remarque Benjamin et Mélina lever leur main en l'air. Nelly acquiesce à son tour et je ne peux m'empêcher de sentir un poids se retirer de mes épaules. 

Sans prévenir, Martin se redresse doucement avant de s'éloigner discrètement vers la porte. Bien évidemment, je le suis du regard jusqu'à ce qu'il entrouvre la porte et me murmure quelques paroles. J'acquiesce silencieusement en lui rendant son sourire avant qu'il ne disparaisse entièrement dans la plus grande des discrétion.

Une fois l'homme sorti, je reporte immédiatement attention sur mes amis. Mon autre main se dépose sur la leur et je tente de leur transmettre un peu de ma chaleur. Mes sentiments.

«Je suis désolée de vous avoir caché tout ceci depuis tant de temps. J'aurais aimé vous dire tout plus tôt mais tout s'enchaîne à une allure folle ces derniers temps que je ne savais plus vraiment comment penser. J'ai voulu vous protéger de toutes ces histoires mais il semblerait que les choses en soient autrement.»

«Ne t'excuses plus. Je sais que tu as fais tout ça pour notre bien. Je suis désolée aussi de m'être énervée sur toi tout à l'heure alors que tu venais tout juste de reprendre conscience. J'étais tellement inquiète après t'avoir vu dans un tel état que les nerfs ont prit le dessus. Je suis soulagée de voir que tu vas bien. Compte sur moi pour t'aider.»

«Ne t'excuses pas pour tout ça Nelly. C'est déjà pardonné. Nous avons tous des secrets après tout.»

Sans que je n'ai le temps de réagir, les deux bras de ma Sorcière sont désormais scellés autour de moi. Un sourire transparaît sur mes lèvres alors que je me laisse bercer par son embrassade. Nous restons ainsi quelques instants avant qu'elle ne me relâche.

«Bien. Sur ce nous allons vous laisser je pense, n'est-ce pas Mélina ? Tu as encore besoin de repos Alyssa. N'hésites pas à nous prévenir en cas de besoin Nelly.»

La Sorcière hoche doucement son visage à ces mots. Benjamin ne tarde pas à s'approcher de moi avant de déposer un bref baiser sur mon front suivi de Mélina qui m'adresse pour sa part un baiser sur la joue. Après m'être assurée que les deux soient bel et biens sortis, je décide de remettre les deux ouvrages à leur place avant de me remettre correctement sous mes draps.

«Dors un peu. Je vais rester là travailler de toute manière. Tu as vécu assez de choses pour aujourd'hui.»

Il ne me suffit pas d'un instant de plus pour sombrer dans un sommeil réparateur.

     Benjamin

A peine ai-je refermé la porte qu'un bref soupire s'échappe d'entre mes lèvres. Ma main retombe mollement le long de mon corps et je jette un bref coup d'œil à la petite Sorcière tenue à côté de moi. Étrangement, elle reste tout aussi calme que tout à l'heure. Il faut dire que les événements de cet après-midi ont su nous chambouler dans tout les sens du terme. Je préfère ne pas y repenser à nouveau.

Je lance plusieurs regards autour de moi afin de m'assurer que personne ne traîne dans les couloirs. Il serait plutôt mal vu de me voir à cet étage normalement réservé aux filles. Encore une chance que nous n'avons croisé personne en amenant Alyssa ici. Autrement, je ne donne pas cher de notre peau et des nouvelles dans l'Académie.

«Tu veux que je te raccompagne à ta chambre ?» Proposais-je.

«Non ça va je vais me débrouiller seule ne t'en fait pas.»

«Hé Mélina. Ne tires pas cette tête. Ça ne te ressemble pas tu sais ? Alyssa va bien tu n'as plus à t'inquiéter maintenant.»

Un faible sourire transparaît sur mes lèvres alors que je pose une de mes mains dans les cheveux de l'asiatique pour les lui ébouriffer gentiment. Celle-ci grommelle immédiatement en tentant de se défaire de mon emprise. Je finis par rire, amusé et rassuré de la voir réagir malgré tout.

«Je sais bien c'est juste que... j'ai eu peur tout à l'heure. Je me suis sentie tellement impuissante de la voir souffrir autant sans pouvoir rien faire.» Bougonne-t-elle.

«Je te comprend. J'ai ressenti la même et je la ressens encore mais Alyssa nous a assuré qu'elle-même ne pouvait rien y faire. C'est dur à reconnaître. Ne te tracasses pas trop avec ça. Je suis sûr qu'elle ne veut pas nous voir réagir de la sorte. Tu ne dois pas changer ton comportement pour ça.»

«Parfois je me dis que j'en fais peut-être un peu trop. Tu sais, à sourire et à faire l'idiote constamment comme ça en toutes circonstances. Je me suis toujours dis qu'il valait mieux que je reste comme ça pour Nelly. Pour nous. Histoire que l'on puisse continuer à avancer de manière positive. Mais maintenant que je vois tout ce qui nous arrive, je me dis que rester ainsi devient de plus en plus difficile. C'est à croire que le sort s'acharne contre nous...»

Silencieux, je ne la lâche pas du regard. Ses poings se serrent et je peux voir son corps trembler peu à peu. Je sais très bien ce qu'elle ressent et qu'elle se retient de ne pas craquer devant moi. Sourire en toute circonstance n'est jamais facile. Mélina n'est peut-être pas la plus puissante de cette Académie niveau force mais je suis parfaitement conscient qu'émotionnellement elle est sans doute l'une des plus forte.

Sans rien ajouter, je glisse calmement l'une de mes mains sur sa joue afin de la tirailler faiblement. Un sourire attendrit prend place sur mes lèvres alors que je me met à son niveau.

«Tu as tort de penser comme ça. C'est vrai, tu as tendance à sourire et être joyeuse en toutes circonstances et alors ? C'est justement ce qui nous fait garder le morale. Si jamais tu venais à perdre ton sourire, ta raison d'avancer, comment est-ce que l'on ferait nous hein ? Je suis sûr que Nelly et Alyssa te sont redevables de toujours être là pour leur remonter le moral. Tu nous aides à oublier tous ces problèmes. Alors cesses de penser comme ça veux-tu ?» Dis-je en lui tiraillant la joue.

«Aïe aïe ! Benjamin tu me fais mal là tu sais !» S'exclame-t-elle.

«Je ne te relâcherais qu'à condition que tu ne me dises plus jamais de telles bêtises, d'accord ? Je veux que tu restes cette petite Sorcière qui ne cesse de nous faire rire.»

«Hum oui d'accord ! Promis je ne dirais plus jamais ça mais s'il te plaît lâches-moi bon sang tu me fais un mal de chien ! Je vais te transformer en kiwi si ça continu crois-moi !»

Un rire s'échappe immédiatement de ma gorge à cette menace et la Sorcière en profite pour se défaire de ma prise. Quelques murmures lui échappent, certainement des insultes, mais je n'y prête guère attention tant je suis amusé. Ce n'est que lorsqu'elle décide de s'éloigner pour rejoindre sa chambre que je me calme. Je sais d'avance que mes paroles ont su faire leur effet.

Mes mains se glissent dans mes poches et je lâche un faible soupire en la regardant disparaître. Décidément, m'occuper de ces trois jeunes femmes n'est pas toujours facile. A croire que le rôle de grand frère n'est pas une tâche des plus évidentes.

Sans attendre une seconde de plus, je prend rapidement chemin vers les escaliers. J'ignore quelle heure nous sommes mais il vaudrait mieux que je rejoigne ma chambre au plus vite. Je suis bien trop fatigué pour aller m'amuser dehors.

A mesure que je descend les marches, plusieurs voix se prêtent à mon ouïe. Il me semble les reconnaître mais je n'en suis pas bien sûr. Arrivé en bas, je suis assez surpris de constater qu'il s'agit finalement de mon délégué ainsi que ses deux éternels compères. Les trois me remarquent de suite et cessent toute conversation.

«Bonjour.» Dis-je poliment.

«Tu faisais un tour par là-haut dis-moi Benjamin ? Ce n'est pas l'étage des filles normalement ?» Me demande calmement Lindsay.

Et mince. Cela me semblait bien trop facile jusqu'à maintenant. Il a fallu que je tombe sur les personnes avec qui trouver une excuse serait le plus difficile. Encore une chance que je ne tombe sur eux qu'à ce moment. Tentant de prendre un air naturel, je viens rapidement passer une main dans mes cheveux en émettant un petit rire.

«Pas vraiment. Je venais juste raccompagner Mélina. Rien à signaler autrement chef.»

«Oh ? Je vois cela est charmant de ta part dans ce cas. Je te remercie.»

«Tu n'étais pas avec Nelly et Alyssa également ? Il me semble vous avoir vu vous diriger vers la bibliothèque en début de journée.»

Pourquoi faut-il que ce Sylphe en rajoute une couche ? J'ai constamment l'impression d'être observé dans ce lieu décidément. Gardant mon sang-froid, je répond à nouveau avec le plus de calme possible. Mieux vaut-il avoir de bons talents d'acteur avec ces trois-là.

«Oui nous sommes venus aider Alyssa pour ranger la bibliothèque cet après-midi.»

«C'est une bonne initiative de venir aider ce cher Martin dans tout les cas. L'âge ne l'aide pas toujours je peux comprendre. Il doit vous en être bien redevable.»

«Je suis d'accord avec vous. Et puis, ça nous fait plaisir.»

«Hum je devrais peut-être penser à aller voir Alyssa d'ailleurs. J'aimerais aller lui parler au sujet de nos entraînements à venir.»

La phrase de la Naïade me fait directement réagir. Crispé pendant de courtes secondes, je cherche rapidement une solution ou du moins une excuse valable. Il serait bien trop risqué qu'elle vienne lui rendre visite maintenant. Alyssa a bien été clair sur le sujet. On ne doit pas ébruiter la chose et si elle souhaite en parler à ses gardiens, ce sera de vive voix.

«Hum je pense que vous devriez passer un peu plus tard. Alyssa est assez fatiguée et il me semble qu'elle est partie dormir.»

«Déjà ? Et bien elle devait être vraiment fatiguée pour partir se reposer aussi tôt en pleine journée.»

«Oui c'est ce que je me suis dis mais cela peut-être compréhensible vu la tonne de livres qu'elle a à ranger.» M'excusais-je.

«Je vois. Bien je te remercie dans ce cas de m'avoir prévenu Benjamin. Je passerais sûrement la voir une autre fois.»

Rassuré, je décide de faire un bref mouvement de tête comme signe de salutation à mes trois supérieurs. Mieux vaut-il que je cesse toutes conversations avec eux. Par ailleurs, il semblerait que je m'en sois tiré mieux que prévu pour l'occasion.

Sans attendre une seconde de plus, je décide de prendre congé vers ma chambre. Néanmoins, au moment où je commence à marcher, le regard de l'Ange supérieur attire directement mon attention. Ses prunelles bleues me fixent avec attention et j'ai comme l'impression qu'il peut lire en moi comme dans un livre ouvert. J'ignore pourquoi mais il semblerait qu'il soit le seul à ne pas m'avoir entièrement cru.

Lucas. Cet homme m'a toujours paru étrange depuis que je suis arrivé ici. Froid et distant, il avait toujours cherché à agir pour notre bien dans l'ombre. Et pourtant, à ce jour, je ne peux plus penser à lui de la même manière. Il a changé auprès d'elle.

Je sais. Je le vois à ses yeux. A leurs yeux. Notamment ce soir-là. Lors de ce bal après que les lumières soient revenues. Leurs attitudes ont changé. Elle ne m'a peut-être rien dit à ce sujet mais je ne suis pas aveugle. Je le sais Alyssa. Tu l'aimes et lui aussi.

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Voilààààà chapitre fini ! Pfiou dans les temps comme on dit ! Je vous souhaite une bonne lecture. Pour tout ceux qui s'inquiétaient pour notre Alyssa, voilà de ces nouvelles. Et en bonus, un pdv de Benjamin parce que j'adore tellement ce personnage. Dites-moi ce que vous en avez pensé les chatons. Gros bisous je pars me coucher et bonne semaine ♥

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