Chapitre Soixante-Neuf

      Alyssa

«Alyssa ! Tiens un nouveau chariot ma grande.»

«Encore ? Allons bon Martin comment se fait-il qu'il y ait autant de livres à ranger alors que tu y passes des journées entières ?! Même avec mon aide j'ai l'impression que le travail ne réduit pas.» M'exclamais-je.

Un rire s'échappe de la part du vieil homme tandis que je le vois approcher un nouveau chariot rempli de livres en tout genre. Je m'empresse de descendre de mon échelle afin de prendre le relais et ne pas le laisser s'épuiser d'avantage avec cette charge. Il n'y jamais de fin à tout ce tris décidément.

J'ai beau rechigner de la sorte, au fond, travailler ainsi m'est loin d'être désagréable je dois bien le reconnaître. Cela me rappelle en quelques sortes mes après-midi passées à la bibliothèque au lycée. Une époque qui me semble bien lointaine désormais.

«Peut-être parce que nous sommes dans un endroit magique ici. Nous n'allons pas nous plaindre d'avoir autant de ressources et d'élèves curieux. Cette bibliothèque a constamment besoin de rangement. Tu t'y feras bien assez vite.»

«Je comprend mieux pourquoi tu es autant fatigué. Je vais vieillir avant l'heure si tout cela continu.» Grommelais-je en étirant mes muscles.

«C'est bien pour ça que je te suis reconnaissant de m'avoir proposé ton aide. Merci de prendre sur ton temps pour nous aider ma femme et moi. Vraiment. Crois-moi, si je le pouvais, je t'accorderais même un salaire mais nous ne proposons pas ça.»

«Dois-je te rappeler que je suis celle qui a proposé ce boulot sur mon temps libre ? Pas la peine de me remercier. Ça me fait plus que plaisir de passer du temps avec toi ici.»

Voilà environ une semaine que je passe la plupart de mes après-midis dans cette immense bibliothèque à trier, ranger et découvrir de nouveaux ouvrages. Je dois bien reconnaître que la tâche n'était pas évidente au début. Les allées semblent toutes plus interminables les unes que les autres et s'y perdre en deviendrait presque un jeu d'enfant. Heureusement pour moi, j'ai su m'adapter plus vite que prévu à la tâche. Il faut également reconnaître que l'arrêt des cours en est également pour beaucoup. Autrement, je ne crois pas que j'aurais pu tenir le coup.

Nelly semblait au premier abord assez surprise quant à ma décision. Et pour cause, j'avais décidé de l'en informé seulement la veille de mon premier jour. La raison ? Il n'y en avait pas vraiment. Et puis, il n'y avait pas vraiment de quoi s'inquiéter. Je ne voulais pas passer mes vacances à ne rien faire et travailler de la sorte me semblait être une bonne option. Bien évidement, je n'en oubliais pas pour autant de voir régulièrement mes amis durant mes pauses ou jours de repos.

Du côté de Lucas, nous voir semblait assez difficile. Pour une raison que j'ignore encore, l'ambiance a subitement changé du tout ou tout dans l'Académie. Comment dire... Les choses sont encore plus pesantes qu'à l'habitude. Comme si cela ne suffisait pas déjà assez. Certains élèves de dernières années, dont Anna en l'occurrence, répondent inconnu au bataillon. Et malgré mon envie d'en apprendre d'avantage, Lindsay et Keith m'ont averti de ne pas m'inquiéter à ce propos. Des affaires secrètes comme qui dirait. Toujours est-il qu'avec ces histoires-là, je ne peux plus voir mon délégué autant que je le voudrais.

Un soupire m'échappe à cette pensée tandis que je traîne lourdement le chariot derrière moi en direction d'une nouvelle allée.

«Que me vaut ce grand soupire voyons ? Déjà fatiguée ? Je peux t'accorder une pause si c'est trop dur tu sais. Nous ne sommes pas pressés.»

«Oh rien Martin ne t'en fait pas. Ne t'en fait pas pour moi ça va aller je vais finir ce que j'ai à faire.»

«Pourquoi est-ce que j'ai encore cette impression que tu me caches quelque chose dans ce cas jeune fille ?» Lança-t-il d'un air dubitatif.

«Je suis aussi facile à lire que ça ? J'ai l'impression que quoi que je fasse on arrivera toujours à deviner lorsque je mens. Je suis comme un livre ouvert on dirait.» Rigolais-je ironiquement.

«Sûrement parce que je te connais bien Alyssa. J'ai beau être un simple humain dans cette Académie de fou, je suis encore loin d'être aveugle.»

Un faible sourire apparaît sur mes lèvres à sa remarque. Sortie de cette allée interminable, je décide de m'affaler lourdement sur une chaise voisine en balançant mon visage en arrière. Pour tout dire, Martin ne sait encore rien à propos de Lucas et moi. Comme tout les autres d'ailleurs. En plus de ça, je crois qu'il n'irait jamais soupçonner une telle chose relation entre nous deux. Rares sont les fois où il aurait pu nous apercevoir ensemble après tout. Je relève doucement ma tête en sentant sa main prendre appui sur mon épaule. Un air compatissant prend place sur son visage alors qu'il me sourit sincèrement.

«Tu me fais souvent penser à ta mère tu sais.»

«Vraiment ? Pourquoi cette comparaison tout d'un coup ?» Demandais-je, intriguée.

«A chaque fois que je la voyais, elle essayait de faire comme si de rien n'était. Je suppose que c'était pour ne pas m'inquiéter bien que je la démasquais toujours. Elle n'en était pas toujours ravie crois-moi. Sur ce point-là, parmi d'autre, vous vous ressemblez.» Rigola-t-il.

«Et malgré tout elle t'en parlait ?»

J'observe d'un œil attentif le vieil homme s'installer prudemment à son tour sur une chaise. Un air nostalgique au visage, il me semble le voir réfléchir quelques instants. Les souvenirs doivent sûrement lui revenir en mémoire et je ne peux m'empêcher d'être curieuse à cette pensée. Martin est sûrement l'une des rares personnes à pouvoir me raconter des choses vraies au sujet de mes parents et tout particulièrement ma mère.

«Je suppose que je faisais parti des rares personnes auxquelles elle accordait facilement une confiance presque aveugle. Après tout, je suis le seul ici à qui elle a confié sa grossesse. Je suppose que tu sais déjà que je la considérais comme ma propre fille tout comme elle me voyait comme un père.»

«C'est vrai. Je suis sûre qu'elle serait tellement ravie à l'idée de te revoir après tout ce temps... Dis-moi Martin, toi qui les a connu tout les deux, comment étaient-ils ? Je veux dire, mes parents. Quelle impression donnaient-ils ici ?»

«Que veux-tu dire par-là ?»

«J'aimerais juste en apprendre un peu plus à leur sujet. Je n'ai que très peu de souvenirs au sujet de mon père. Pour tout te dire, tous étaient assez mauvais mais... Depuis que j'ai revu maman après ma fugue, mon image à son sujet a changé. J'aimerais savoir comment il était. Quelle image il donnait devant tout le monde et devant ma mère.»

Mes dents viennent nerveusement à mordiller ma lèvre inférieure tandis que j'observe attentivement mon interlocuteur. Malgré ces quelques souvenirs désagréables, je ne peux m'empêcher de me dire qu'au fond, mon père m'aimait et que je n'ai pas su lui rendre proprement cet amour. Cette pierre reposant également au creux de mon cœur en est la preuve. J'ai parfois même l'impression de le sentir auprès de moi, tout près. Comme s'il essayait constamment de me prouver qu'il garde un œil sur moi.

«Je ne connaissais pas vraiment ton père à vrai dire. Du moins, le peu que j'en savais était à l'époque où il était encore un Démon et je n'ai jamais eu l'occasion de vraiment m'entretenir personnellement avec lui. Néanmoins, lorsque ta mère m'en parlait, je voyais bien qu'il n'était pas celui qu'il voulait se faire prétendre. Je suppose que sa place lui imposait d'être ainsi. Il assumait ses responsabilités pour le bien de sa communauté. C'est ta mère qui l'a changé. Je n'ai plus eu de nouvelles d'eux par la suite après leur départ de l'Académie. Si ce n'est à l'annonce malheureuse de sa mort.»

«Maman a été tout autant chamboulée à cette nouvelle... Je m'en souviens encore comme si c'était hier tellement elle pleurait ce jour-là. Steve aussi. Quant à moi, je ne sais plus. C'était bien trop étrange de se dire que tout était réel. Maintenant que j'y repense, je ne savais pas qu'un Démon pouvait mourir d'une telle maladie.»

«Ton père a abandonné ses pouvoirs et sa nature de Démon pour pouvoir vivre avec ta mère. Il a renié tout ça pour vous trois... Et sans ce pouvoir, il a dû devenir bien plus fragile et la maladie l'a emporté. C'est la seule explication qui me semble assez plausible bien que je ne m'y connaisse pas très bien à ce sujet.»

«Je trouve tout cela assez triste de se dire qu'au final, tout cet amour ne se sera conclu que par un divorce. Je n'ai jamais compris réellement les raisons de cette séparation. En fait, je crois bien que c'était surtout parce que je ne voulais pas m'en préoccuper. J'avais toujours eu peur de lui alors à quoi bon me poser des questions maintenant qu'il était parti ?»

«Et maintenant, qu'en penses-tu ?»

«Aujourd'hui je pense que j'ai été idiote de penser de la sorte mais que je n'aurais pas pu changer la situation. Après tout, on ne peut retenir deux êtres à rester ensemble s'ils ne s'aiment plus. J'espère juste que là où il est, il se porte bien.»

«Tu as raison. Je suis sûr qu'il garde précieusement un œil sur toi de là où il est. Il doit sûrement être soulagé de savoir que tu n'as plus peur de lui et que tu l'acceptes enfin.»

«C'est un peu tard mais mieux vaut tard que jamais.» 

Nous échangeons un regard entendu avant de nous redresser de notre chaise. C'est ce que j'aime tant chez Martin : sa manière d'être autant à l'écoute et d'être aussi sincère avec moi. Contrairement aux autres, il ne cherche pas à jouer rôle. Il est simplement lui-même. J'ignore pourquoi mais je ne peux m'empêcher d'avoir comme une image paternelle à son égard. Sûrement parce qu'il est ce qui me rapproche le plus à mon ancienne vie. Celle que j'avais lorsque j'ignorais tout de ma réelle existence. Il me permet de garder plus ou moins les pieds sur terre.

«Allez va me terminer ce chariot et je te laisse le reste de ta journée. Tu en as assez fait pour aujourd'hui. Profite un peu de tes vacances.»

«Tu en es sûr ? Cela ne me dérange pas de rester un peu tu sais.»

«Puisque je te dis que tu peux y aller. Files maintenant et n'oublies pas de me ramener ton livre demain histoire qu'on bosse un peu là-dessus.»

«Compris chef !»

Je le gratifie d'un rapide baiser sur la joue avant de filer à mon rayon tandis que je peux entendre son rire résonner derrière moi. Je constate que malgré tout, il n'en oublie pas notre compromis. Bien que de mon côté, j'espère pouvoir trouver également des réponses aux questions que je me pose actuellement.

[...]

Sans raison particulière, voilà que je met à courir en plein dans les couloirs. Je viens tout juste de terminer mon service à la bibliothèque et je n'ai plus qu'une envie : celle de retrouver mes amis. J'ai besoin de me divertir. Sachant pertinemment où ils se trouvent à cette heure-ci, je me dirige à grande enjambée en direction du jardin. Et comme prévu, je les distingue assied dans l'herbe à discuter aisément.

Je leur accorde quelques grands signes jusqu'à ce qu'ils me remarquent à leur tour.

«Bien travaillé ?» Me lance ma colocataire alors que je prend place avec eux.

«Assez épuisant mais je tiens le rythme.»

«J'ai encore du mal à comprendre pourquoi tu t'es proposée à travailler là-bas alors que nous sommes en pleines vacances ! Tu es sûre que tout tourne bien rond dans ta tête ? Tu as dû te prendre un coup je pense.» S'exclame Mélina.

«Martin avait besoin de mon aide et puis ça me fait plaisir de passer du temps avec lui comme j'en avais rarement eu l'occasion jusque là.»

«Je dois bien reconnaître que c'est une personne bien. Il est l'un es rares à avoir une aussi bonne réputation ici chez les deux partis. Moi qui ait rarement pu côtoyer des humains, il est en tout cas quelqu'un de très agréable.»

Souriant au premier abord, je ne peux m'empêcher de relever un sourcil aux dernières paroles de Benjamin. Celui-ci me scrute à son tour, cherchant sans doute à comprendre pourquoi je le regarde ainsi sans raisons particulières. Mes jambes s'étendent pleinement sur l'herbe alors que je prend appui à l'aide de mes mains derrière moi.

«Tu n'as jamais côtoyé d'humain avant d'entrer ici ? Sérieusement ?»

«Non. Je vivais avant avec ma famille et d'autres de mon espèce dans un coin éloigné de toute espèce humaine. Comme la plupart des élémentaires ou autres créatures d'ailleurs.»

«Vraiment ? Même vous Mélina et Nelly ?»

«Nous avons toujours évité d'entrer en contact avec des humains afin de pouvoir vivre pleinement libres. C'était interdit d'aller en rencontrer.»

«Je croyais que... Enfin je pensais que vous en aviez déjà côtoyé au moins quelques-uns auparavant. Après tout, il est plutôt facile d'en croiser peu importe l'endroit.»

Un air surprit et intrigué doit probablement trôner sur mon visage à l'heure actuelle. Je trouve cela assez étonnant de se dire que les humains et les êtres surnaturels comme nous puissent vivre dans un même monde sans pour autant entrer en contact. Avec nos technologies actuelles, je me demande comment il est possible que nous n'ayons encore jamais parlé de ce genre de phénomène surnaturel dans nos journaux quotidiens. A croire que la magie vaincra toujours l'intelligence de notre race. Plutôt étonnant que ma mère ait d'ailleurs décidé de nous intégrer à cette communauté. A croire qu'elle était prête à tout pour se cacher après sa chute.

«Nous évitons au maximum d'entrer en contact avec les humains. C'est une question de sécurité pour nos deux peuples. Si jamais nous venions à entrer en contact avec eux, nos secrets seraient mis en danger. Imagines-tu une seule seconde si on apprenait notre existence ? On se mettrait sans doute à notre chasse pour pouvoir nous expérimenter sous toutes les formes. Et en retour, nous nous mettrions à les attaquer. Ne te sens pas agressée mais les Hommes ont cette mauvaise tendance à vouloir connaître tout de ce qui leur est inconnu.» Déclare Nelly le plus sérieusement possible.

«Nos parents nous ont appris ces règles le plus tôt possible afin que nous ne puissions pas chercher à entrer en contact avec eux. Quitte à nous faire peur parfois.» Ajoute à son tour Benjamin.

Malgré leurs propos quelque peu crus, je ne peux m'empêcher d'être d'accord avec eux. Je sais très bien à quel point la cruauté et la curiosité des Hommes peuvent atteindre des paliers presque inimaginables. C'est bien pour cela qu'ils oscillent constamment entre le côté Ange et Démon en eux. Ils sont imprévisibles. Tout comme moi.

Je décide de couper court à la conversation, n'ayant de toute évidence plus rien à dire à ce sujet. Je décide de me laisser tomber complètement contre l'herbe fraîche. Mes paupières se ferment instantanément tandis que j'inspire profondément. Le vide dans mon esprit se forme et je me concentre uniquement sur les sons autour de moi. Mon ouïe se développe plus vite que prévu et je ne tarde pas à entendre le moindre bruit autour de moi.

Les battements de cœur de mes trois amis, les quelques conversations au loin, le bruit du vent frottant contre les arbres, l'eau qui coule dans la fontaine... Tout ces bruits se mélangent et ne forment plus qu'une seule et même harmonie. Un sourire se forme sur mes lèvres au moment où il me semble entendre les murmures des arbres. Un autre de mes sens vient de se débloquer.

J'ignore comment et pourquoi mais je reste ainsi pendant de longues minutes à profiter seulement de ce moment de bien-être. C'est en entendant finalement un mouvement à côté de moi que je décide de rouvrir les yeux. Mes trois camarades sont désormais eux aussi allongés au sol, les yeux rivés au ciel alors que nous semblons former comme une sorte de cercle avec nos têtes. Curieuse, je décide d'en faire de même et remarque les quelques nuages défilant dans le ciel bleu.

«Tu te plais ici, dis-moi ?»

La voix de Mélina me brusque quelque peu et je relève la tête. Allongée auprès de moi, je peux percevoir dans son regard un certain éclat peu commun. Elle semble comme redouter ma réponse. Étrange. Nelly et Benjamin ont désormais clos leurs paupières, nous écoutant simplement. Attendrie, je me met discrètement à sourire avant de reporter attention au dessus de moi.

«Bien sûr que je me plais ici. C'est différent de ma vie d'avant c'est vrai je dois bien le reconnaître. Elle me manque même parfois, plus que je ne le devrais mais je suis aussi heureuse ici. Grâce à vous tous. C'est en quelque sorte normal de rester accrocher à ses origines. Je pense que pour vous aussi ça doit être la même chose.»

«Si tu avais pu ne pas venir ici, tu l'aurais fais ? Je veux dire, tu n'aurais jamais eu à traverser tout ces problèmes ou même à quitter ta famille. Tu n'aurais pas découvert tout ces secrets sur ta famille et tu aurais pu continuer à vivre normalement. Dans notre cas c'est différent, nous savons tout cela depuis notre naissance mais toi non.»

«Vivre normalement ? C'est étrange que tu me dises ça car maintenant que j'y pense, je me dis que avoir une vie normale n'a pas vraiment de sens. Qu'est-ce que ça veut dire au final ? Nous avons tous des vies différentes. Il n'y a pas de généralité à ça. Même si je l'aurais voulu, ma vraie nature m'aurait rattrapé un jour ou l'autre. Au début, j'ai intégré cette Académie dans le but de protéger ceux que j'aime mais aujourd'hui, c'est un peu plus différent. Je ne pensais pas à moi mais maintenant si. J'essaye de prendre un peu plus mes responsabilités à cœur. Même si c'est encore compliqué pour moi. Au final, m'être retrouvée ici était simplement une question de destin.»

Un faible sourire étire mes lèvres alors que mes doigts saisissent doucement l'herbe. Le silence tombe durant quelques instants et seuls les bruits de nos respirations et de la nature résonnent. J'entends à côté de moi la petite Sorcière se redresser légèrement de façon à être assise.

«Le destin hein ? C'est une drôle de chose au fond.»

«Je suis d'accord mais nous n'avons que ça à nous raccrocher en tant qu'explications.» Soufflais-je en me redressant à mon tour.

«Et si vous arrêtiez de parler de choses aussi déprimantes ? Sérieusement, ça ne te ressemble pas Mélina. Quant à toi Alyssa, tu vas finir par nous faire une dépression à force.» Lance Nelly en baillant faiblement.

«On se fait une partie ?»

Un éclair d'amusement et d'excitation passe immédiatement dans le regard de l'asiatique avant qu'elle ne bondisse joyeusement sur ses deux jambes. Benjamin rigole immédiatement en se mettant à son tour debout. Et sous notre regard, ils commencent à se battre plus ou moins physiquement l'un contre l'autre. J'observe calmement la scène d'un air amusé devant cette ambiance bonne enfant.

«Je suis contente que tu sois venue ici.»

Ma tête pivote légèrement à ma droite alors que Nelly continue de regarder les deux combattre joyeusement. Je ne peux m'empêcher de hausser un sourcil, croyant avoir mal entendu.

«Je suis réellement contente que tu sois ici Alyssa ou même que tu sois revenue après ta fugue.»

Ne sachant que dire, je décide simplement de déposer une main sur la sienne en la remerciant d'un sourire. Elle n'a pas besoin de réponse, je le sais. Nelly et moi avons eu le temps de partager tellement de choses que j'ai encore du mal à croire que j'ai pu autant m'attacher à elle en si peu de temps.

Je suis néanmoins rapidement sortie de mes pensées en sentant une flamme nous traverser de peu pour rejoindre la fontaine au loin. Les yeux ronds, je me tourne brusquement vers Benjamin tandis que celui-ci nous accorde un regard désolé en joignant ses mains devant lui. Mélina profite de l'occasion pour lui grimper sur le dos en entourant son cou de ses deux petits bras.

«Désolé, ça m'a glissé des mains !»

«Comme si on allait te croire. Oh une boule de feu qui s'échappe d'une main ! Il y a meilleur comme moyen pour pouvoir attirer notre attention tu sais. Tu l'auras cherché mon grand...»

Je lance un petit sourire en coin à mon ami avant de me relever rapidement. Semblant comprendre le message, Nelly se lève à son tour et nous nous joignons leur jeu sous nos éclats de rire.

[...]

Complètement essoufflée, je m'accorde quelques secondes de repos tout en engloutissant plusieurs gorgées d'eau. J'ignore combien de temps nous sommes restés là à combattre les uns contre les autres mais je peux vous assurer que je suis complètement exténuée à l'heure actuelle. Nelly et Mélina travaillent de nouveau leur magie de leur côté tandis que Benjamin est assis à côté de moi, reprenant également ses esprits.

«Tes flammes se sont améliorées depuis la dernière fois j'ai l'impression.»

«C'est possible d'améliorer ces flammes selon toi ? Tu viens de m'apprendre quelque chose tu sais.»

«Le contrôle de notre pouvoir est toujours personnel, tout comme la forme que prend notre feu. En général, on considère que le pouvoir vient de nos origines mais ce n'est pas entièrement vrai. Tout le monde peut l'améliorer avec de la volonté. C'est par exemple ton cas, tu peux l'améliorer à ta guise par tes efforts.»

«De mes origines ? Ma mère ne contrôle pas le feu de ce que je sais et mon père ne le devait pas non plus vu son rang de Chevalier Noir. Comment est-ce possible alors ?»

«Maintenant que tu le dis, c'est assez étonnant. Tu as dû apprendre à développer cet élément de toi-même. C'est assez rare mais pas impossible. Tout dépend de la personne et de ses aptitudes. Ne t'en fait pas pour ça tu n'es pas la seule.»

Prenant quelques secondes pour réfléchir, je ne peux m'empêcher d'être tout de même assez intriguée quant à cette remarque. C'est vrai. Pourquoi puis-je contrôler le feu si mes parents n'avaient pas cette aptitude ? De ce que je sais, mon père avait sûrement des pouvoirs qui se rapprochaient de ceux de Maxence. Quant à ma mère, sa position dans les Cieux devaient lui accorder un autre genre de pouvoir. Dans ce cas, pourquoi en ai-je hérité ? Cela remonte-t-il plus loin dans mes origines ?

«Dis-moi, en quoi la puissance de nos flammes varient-elles Benjamin ?»

«Hum de pas mal de facteurs. Comme je te l'ai dis, tout est une question de volonté. La puissance peut se manifester par la taille de tes flammes, leur vitesse, leur densité ou bien leur température.»

«Leur température ?»

«C'est quelque chose que l'on apprend normalement lors de nos années supérieures mais oui on peut plus ou moins contrôler la température de notre feu. Le rouge et l'orangé sont les moins chaudes. La flamme la plus pure étant celle de couleur blanche. Maîtriser ce type de flammes est très compliqué et demande beaucoup de pouvoir et de maîtrise. Généralement, on essaye d'atteindre le niveau jusqu'aux flammes bleues voir magenta pour les plus avisés.»

«Vraiment ? Tu sais produire ce genre de flammes dis-moi ?»

«Disons que pour le moment, je m'arrête jusqu'aux flammes jaunes. J'essaye actuellement d'apprendre pour les vertes mais c'est assez complexes. Ça se fait plus ou moins petit à petit.»

«Tu veux bien me les montrer ?»

Légèrement surprit de ma demande, Benjamin m'observe quelques secondes avant d'hocher son visage. Il semble prendre quelques instants à se concentrer avant qu'une petite flamme ne naisse dans sa main. Elle grandit peu à peu et je peux voir sa couleur changer peu à peu pour une couleur bien plus jaune et brillante.

Hypnotisée, je l'observe avec admiration.

«J'aurais dû m'intéresser aux sciences pour apprendre ça dis donc. C'est magnifique.»

«Tu apprendras sûrement à en faire toi aussi. C'est dans notre formation de toute évidence. Un peu de patience.»

«Hum je ne sais pas trop si j'arriverais à une telle chose. Contrôler taille et densité ça me va encore mais la température me semble être quelque chose de compliqué.»

Un rire s'échappe de la gorge de la Salamandre avant qu'il ne referme subitement sa main pour écraser ce feu. Nous rions de bon cœur tout les deux avant que je ne m'interrompe soudainement. Quelque chose. Il est par-là, je le sens. Sa présence ne m'est pas inconnue. Je décide de me redresser doucement sous le regard interrogateur de mon ami.

«Je reviens, je n'en ai pas pour longtemps, d'accord ?»

Benjamin me répond d'un air quelque peu dubitatif mais je n'y prête pas plus attention. M'excusant, je pars rapidement à sa recherche. Je peux déjà entendre quelques échos de sa voix.

Le regard jeté partout autour de moi, je ralentis soudainement la course en l'apercevant au loin. Mes yeux s'écarquillent faiblement lorsque je l'aperçois en compagnie de quelqu'un que je n'aurais jamais soupçonné jusqu'à maintenant : mon cousin. Sérieusement ? Suis-je entrain de divaguer ? Ils sont tout deux entrain de discuter. Et bien le regard haineux qu'ils se lancent l'un envers l'autre, ils ne sont pas entrain d'essayer de s'entre tuer.

J'aimerais pouvoir me cacher mais trop tard. Les yeux noirs de Maxence m'ont déjà dans leur viseur. Je reste immobile jusqu'à ce que Lucas décide de suivre le mouvement, visiblement surprit par ma présence.

«Alyssa ? Qu'est-ce que tu fais ici ?»

Aucune réponse ne réussit à franchir la barrière de mes lèvres. Les questions me bousculent à nouveau l'esprit. De une, que font-ils tout les deux à parler ainsi alors qu'ils ne peuvent pas s'encadrer ? De deux, pourquoi ai-je soudainement l'impression que ma présence n'est nullement souhaitée de la part de mon soi-disant petit ami ? Quelque chose ne tourne pas rond.

«Tiens tiens mais quelle bonne surprise que nous avons là. Ma très chère cousine, cela fait depuis un moment que je n'avais pas eu le plaisir de te voir dans les parages.»

«Garde tes sarcasmes pour toi veux-tu. Si je le pouvais, je me passerais de ta présence pour toujours.»

«Et bien je vois que tu sors les griffes chaton maintenant. Un petit Ange rebelle quelle bonne nouvelle tiens.»

«Arrête laisse la tranquille.»

Le Démon tourne lentement son visage. L'air dur, les deux hommes s'observent longuement sans rien dire. Toutefois, contrairement à ce dont je m'attendais, rien ne se passe. Ils se contentent de rester silencieux. Comme si un message venait de se transmettre entre eux sans que je ne le sache. Je viens de rêver ou ils ne cherchent pas à se disputer d'avantage ? Choquée, je cligne plusieurs fois des paupières en tentant de fermer ma bouche.

«Qu'importe. Dans tout les cas, tu devrais essayer de te faire plus discrète la prochaine fois ma chère. Tu n'es pas la seule à avoir une bonne ouïe ici ou même d'autres sens plus développés que la normale.»

«Qu'est-ce que tu veux dire par-là Maxence ?»

«Ce que je veux dire c'est que certaine personne peuvent voir dans le noir. Très bien même. Si tu savais toutes les choses intéressantes que l'on peut y avoir. Nombreux seraient surpris.»

L'information monte progressivement jusqu'à mon cerveau et je ne peux m'empêcher de retrouver à nouveau une tête des plus mémorables. Un rictus se forme sur les lèvres de mon cousin tandis qu'il me dépasse pour reprendre sa route. Lucas semble tout autant dépité que moi. Il sait. Mon cousin sait la vérité à notre propos. J'ignore réellement s'il s'agit d'une bonne chose ou non.

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Fini ! Alors, qu'en avez-vous pensé ? Je sais la publication est assez tardive mais je suis dans les temps huhu. Des avis sur ce chapitre ? L'action retombe un peu je l'avoue pour celui-ci mais je ne peux pas enchaîner action sur action. Promis, il va y en avoir bientôt. En attendant, nos deux amoureux sont de beaux draps. Il semblerait que Maxence soit au courant pour eux. Pensez-vous qu'ils soient le seul d'ailleurs ? Les nouvelles risquent d'aller de bon train dans l'Académie...~ Bisous mes chatons ! ♥

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