Alyssa

Ma respiration s'accélère soudainement alors que j'ouvre brutalement mes yeux en revenant à la réalité. La douleur dans mon crâne persiste et je ne peux m'empêcher de serrer mon emprise sur ma crinière brune. Assise au sol et recroquevillée sur moi-même, quelques spasmes traversent mon corps et je me dois de prendre de prendre secondes pour retrouver un minimum de calme. Mes yeux ne cessent de fixer le sol alors que plusieurs sueurs froides glissent le long de mon dos. Qu'est-ce qui vient de se passer au juste ? Était-ce simplement le fruit de mon imagination ? Les dents serrées, je porte une main à mon cœur battant à tout rompre. Un sentiment désagréable ne cesse de me hanter.

Tandis que je suis complètement obnubilée par mon propre état, une main vient à me surprendre en se posant contre mon dos. Je ne peux alors m'empêcher de sursauter vivement à ce contact en manquant de griffer la personne derrière moi. Je ne veux pas que l'on me touche. Pas dans cet état de faiblesse. Je suis d'autant plus terrifiée lorsque je sens cet inconnu me retourner brusquement en me tenant par les épaules.

«Lâche-moi ! Dégage !» Grognais-je en me débattant avec hargne.

Je n'accorde même pas un regard à la personne face à moi. Mes yeux restent fermement clos et je ne cesse de bouger dans tout les sens. J'ai beau essayer, son emprise est bien trop forte. Je peine à bouger et mes douleurs ne m'aident en rien à résister d'avantage.

«Alyssa ! Alyssa calmes-toi ce n'est que moi. Hé, regardes-moi !... Du calme, je ne te veux aucun mal.»

Mon corps se fige à l'entente de sa voix et je m'accorde quelques instants pour l'observer. Le souffle court, j'hésite tout à coup à me dire si la vision de Lucas face à moi et bien réelle ou non. Peut-être suis-je encore en pleine illusion ? Pourtant, en sentant ses bras m'entourer et me loger contre lui, je ne peux m'empêcher de relâcher la pression. Tout est bien réel cette fois-ci. Il n'y a aucun doute.

Mon corps se détend peu à peu alors que je sens quelque chose d'humide rouler sur mes joues. Je m'agrippe sans réaliser à sa chemise en m'abandonnant quelques instants à mes émotions. Je n'ai plus la force pour me contenir, bien trop chamboulée. La main bienveillante de mon délégué frotte doucement mon dos tandis que j'entends sa voix au creux de mon oreille me rassurer tant bien que mal. Les sanglots m'échappent et je m'abandonne complètement à sa personne pour ces quelques instants.

«Ça va aller. Je suis là maintenant... C'est fini.»

[. . .]

«Tiens, prends ça. Ça te fera du bien.»

J'accorde un faible hochement de tête à Lucas tandis qu'il me donne une tasse de thé fumante. Mes mains encerclent la porcelaine chaude et je m'apaise à ce contact. Prenant ensuite place à côté de moi, je peux déjà sentir son regard planant sur ma personne. Il se fait encore du soucis. Je le sais. Pas si étonnant après tout vu l'état pitoyable dans lequel il m'a retrouvé tout à l'heure. Et bien qu'il ne m'ait pas encore demandé la raison de ma réaction, je sais que cela ne saurait tarder. 

Nous sommes actuellement dans son bureau. Selon lui, il était mieux de m'amener ici afin que je puisse me calmer convenablement. Je n'ai fait preuve d'aucune opposition quant à sa proposition. Vu mon humeur, je n'avais pas la force de refuser. Bien heureusement, nous n'avons croisé personne dans les couloirs. Tout le monde semble profiter du beau temps dehors aujourd'hui. Et puis, je n'aurais pas forcément apprécié l'idée qu'une rumeur se répande à mon sujet concernant cette mystérieuse crise. J'ai moi-même du mal à y trouver une explication convenable.

«Est-ce que tu vas mieux ?» Me souffle sa voix d'un air soucieux.

«Un peu mieux oui ne t'en fait pas. Merci de t'être occupé de moi tout à l'heure. Tu devais sûrement être occupé vu tout les papiers sur ton bureau.» Lançais-je en souriant faiblement.

«Tu as eu de la chance que je sois passé dans le coin et que personne ne t'ait trouvé avant. Tu étais complètement effondrée au sol. Je dois reconnaître que j'ai eu du mal à te reconnaître sur le coup.»

«J'ignore moi-même ce qui est arrivé pour tout te dire. J'ai eu soudainement des douleurs et puis...»

«Et puis ?» Insiste-t-il.

«Et puis le noir complet. J'ai perdu connaissance d'un coup avant de me réveiller de nouveau en pleine panique.»

Dire juste ce point de détail est largement suffisant. Je n'ai pas à argumenter d'avantage. Pas avec lui. Le connaissant, je sais d'avance que si je lui avoue la vérité, il voudra s'impliquer à son tour. Il est ainsi. Non parce qu'il m'aime mais avant tout parce que c'est dans sa nature de venir en aide aux autres. Le problème étant qu'à chaque fois qu'une chose pareille m'arrive, quelqu'un souffre en voulant me sauver. J'en ai assez. Je ne dirais rien pour cette fois à propos de cette rencontre. Pardonne-moi Lucas.

Ses yeux me scrutent pendant quelques secondes et je tente tant bien que mal de rester convaincante. Je dois faire semblant de ne pas en savoir plus. Un faible soupire lui échappe et je le vois nouer ses mains ensemble après déposé ses coudes contre ses cuisses. Son dos est légèrement voûté et je le vois fixer dans le vide pendant quelques instants. Bien évidement, il ne me croit pas entièrement. Cela aurait été bien trop beau pour être vrai.

«J'ai croisé Zack sur mon chemin avant de te trouver. Il semblait étrange. Du moins, plus qu'à l'habitude selon moi. Quelque chose s'est passé avec lui, n'est-ce pas ?»

Je suis à nouveau brusquée par sa question. Zack ? J'en avais presque oublié notre conversation avec tout ça. Mes mâchoires se serrent tout comme mes doigts autour de ma tasse brûlante. L'Ange à côté de moi m'observe attentivement, attendant certainement que je lui donne une réponse plus explicite que les précédentes.

«Je lui ai parlé c'est vrai. Toutefois, ce n'est pas de sa faute. J'ai commencé à ressentir cette douleur seulement à la fin de notre conversation. Il était déjà ailleurs lorsque je suis partie me réfugier dans un endroit à l'abri de tout regard.» Fis-je simplement.

«Tu es sûre de toi quand tu dis que ce n'était pas de sa faute ? Je ne vois pas comment tu aurais pu être dans un tel état autrement. Mara n'est certainement pas impliqué dans cette histoire. Elle ne peut plus t'atteindre en toute logique.»

«Je te l'assure Lucas. Ce n'est pas de sa faute.» Murmurais-je.

«Dans ce cas, pourquoi est-ce que j'ai l'impression que tu essayes en quelque sorte de le protéger de quelque chose depuis le début. Y a-t-il une raison pour laquelle je devrais m'inquiéter à votre sujet ?»

«Tu es jaloux ?» Fis-je en riant faussement.

Mon cerveau regrette immédiatement mes paroles et je me retiens de ne pas me mordre la langue. C'est la première chose qui me soit venue à l'esprit. J'ignore réellement pourquoi mais c'était totalement idiot. Je voulais simplement éviter d'approfondir la chose. J'ai réellement la sensation d'assister à mon propre interrogatoire. Honteuse, je tourne lentement mon attention vers celui à côté de moi. Je ne suis pas si surprise de voir ses traits quelque peu durcis. Ma plaisanterie n'a pas fait le bon effet.

«Je ne suis pas jaloux de lui et je n'ai aucune raison de l'être. Je m'inquiète simplement pour toi. Ne confonds pas les choses Alyssa je t'en pris.»

«Je sais. C'était complètement idiot de ma part comme remarque...»

«Qu'est-ce qui se passe à la fin ? Tu n'es pas dans ton état normal et essayer de me le cacher n'arrangera certainement pas la chose. Tu peux me faire confiance, tu le sais ? Je pourrais très bien te forcer à m'avouer la vérité avec mes pouvoirs et pourtant je ne le fais pas. Je veux que ce soit toi et toi seule qui me le dise si jamais tu me caches quelque chose. On doit se faire confiance mutuellement maintenant.»

Le bleu de ses yeux me transcende à nouveau et je dois me faire souffrance pour ne pas rougir devant tant de sincérité de sa part. Sa main attrape doucement l'une des miennes alors que je sens nos doigts s'entrelacer. Observant longuement la scène, je finis par craquer. Quelle faible. Cet homme aura ma peau un jour à force de jouer ainsi avec mes sentiments. Pourtant, ce sentiment de sécurité qu'il me procure m'est loin d'être désagréable au fond. J'en ai besoin. Je le sais. Il est l'un des seuls à pouvoir me l'offrir ici.

«Je le défends simplement parce que je suis celle qui ait engagé la conversation avec lui. C'est moi qui l'ait plus ou moins provoquer. Je le soupçonnais d'une manière ou d'une autre de m'avoir accordé trop facilement la victoire durant notre duel si tu veux tout savoir.»

«Que veux-tu dire par-là ? Ce n'était pas une véritable victoire selon toi ?»

«C'est ce que je pense. J'y repense constamment depuis mais... Zack n'était pas dans son état normal ce jour-là. Il semblait changer constamment d'avis. J'avais comme l'impression qu'il semblait déçu de moi pendant un temps et puis... Il a annoncé que nous ne serions plus que des ennemis désormais ce qui me semblait normal. Pourtant, je n'arrive pas à comprendre ce regard qu'il avait lorsque je l'ai attaqué. Il semblait résigné. Comme si il ne pouvait pas bouger alors qu'il aurait très bien pu me parer comme les autres fois. Cela me semblait bien trop simple.»

«Et donc tu penses que-»

«Je pense que Maxence y est pour quelque chose. Je sais que je n'ai pas à penser ainsi mais je sais que Zack n'est pas comme ça. C'est un Démon c'est vrai mais il n'est pas entièrement mauvais. Je le sens au fond de moi.» Le coupais-je.

Un silence plane pendant quelques instants et je redoute que mes aveux puissent être mal interprétés par Lucas. Après tout, il est un Ange, un vrai. Pas quelqu'un comme moi qui partage le sang de deux créatures ennemis en son corps. Contrairement à moi, il ne subit pas ce déchirement constant à l'idée de trahir l'autre camp. Non. Il n'en possède qu'un seul auquel sa fidélité est sans limite. Je ne veux pas que son regard sur moi ne change et qu'il me voit telle une traîtresse. Cette idée m'est insupportable. Je ne veux pas qu'il me déteste comme les autres.

«Maxence serait le mieux placé pour avoir un rôle dans toute cette histoire c'est vrai. Zack est l'un de ses plus proches sbires donc il semble normal qu'il n'y aurait qu'à lui qu'il pourrait obéir à un tel ordre. Ce Démon a toujours des idées en tête...»

Mes paupières ne peuvent s'empêcher de cligner à plusieurs reprises tandis que je l'écoute d'une oreille distraite. J'hésiterais presque à me pincer pour m'en rendre bien compte. Surprise, je bafouille quelques paroles incompréhensibles avant d'essayer de reprendre un minimum de sérieux.

«Tu n'es pas énervé contre moi ?... J'ai l'impression d'être quelqu'un qui change constamment d'avis. Vous ne devriez pas me faire autant confiance. Comme me l'a dit Zack, je serais toujours partagé entre les deux camps à cause de mes parents... Ce n'est pas une bonne chose pour toi d'être tombé amoureux de quelqu'un de Sangs-Mêlés. Je ne veux pas te corrompre Lucas et entacher ta réputation. Je ne veux pas t'entraîner dans mes Abysses.»

«Ne sois pas idiote Alyssa. Pourquoi le serais-je ? Je te l'ai déjà dis, j'aime étrangement cet aspect de ta personnalité. Je n'ai pas peur de cette façon que tu as de voir au delà des races bien que je n'en serais pas capable. Je respecte et accepte cette partie de toi. Cesses de t'apitoyer constamment sur ton sort. Tu n'es pas quelqu'un de mauvais alors je n'ai rien à craindre.»

«Tu n'en sais rien. Du sang de Démon coule dans mes veines. J'ai l'impression que tu oublies un peu trop ce détail pourtant important ! Je pourrais très bien basculer à tout moment dans le côté obscur. Je pourrais me joindre aux forces de Maxence et te tourner le dos. Tu ne sais rien de tout ça. Tout peut arriver.»

«Si une telle chose venait à arriver, dans ce cas je te ramènerais auprès de moi. Il me semble te l'avoir déjà dis mais je te protégerais. Je compte bien tenir ma promesse à ce sujet. Arrête de t'inquiéter autant pour moi. Je saurais me débrouiller même contre toi. Tu n'es pas seule. Tes amis seront là aussi pour m'aider si jamais.»

Un faible sourire prend place sur ses lèvres tandis que je sens la pression sur ma main se renforcer légèrement. J'ignore quoi dire pour l'occasion. Peut-être n'y a-t-il rien à ajouter tout simplement. Pourtant, je ne peux m'empêcher d'être rassurée à la simple éventualité de savoir que j'aurais toujours des personnes sur qui compter. Un sourire prend à son tour place sur mes lèvres alors que je m'accorde à déposer ma tête contre son épaule. Je sens à son tour sa tête prendre place au dessus de la mienne après que ses lèvres aient embrassé mon front.

«Merci. Merci d'être là.» Murmurais-je.

Je n'ai pas forcément besoin d'entendre une réponse de sa part. La conversation que nous avons eu auparavant suffit à me rassurer. Je ferme doucement mes paupières, bercée par les caresses de son pouce sur ma main.

J'ignore combien de temps nous restons ainsi, collés l'un à l'autre dans ce silence apaisant. Ce n'est que lorsque j'entends quelqu'un toquer à la porte que mes paupières se rouvrent. Un peu déçue, je laisse Lucas se redresser doucement en me rassurant d'un faible sourire. La porte s'ouvre doucement et je découvre sans trop grande surprise Mila, toujours fidèle à elle-même avec sa lumière éclatante.

«Oh tu es là Alyssa bonjour. Pardonnez-moi, vous étiez occupés tout les deux ?» Demanda calmement l'Ange, le sourire aux lèvres.

«Non ne t'en fait pas. J'ai croisé Alyssa en chemin et comme elle ne se sentait pas très bien je l'ai amené ici. Ce n'était pas nécessaire d'aller voir l'infirmière.» S'excusa son partenaire.

«J'espère que tu vas mieux dans ce cas. Excuses-moi de te déranger Lucas mais je devais venir te parler d'un dossier assez important.»

«Hum oui bien sûr.»

Observant silencieusement la scène, je me rend bien assez vite compte que le liquide de ma tasse est désormais froid. Et tandis que la blonde pénètre dans la salle, je me décide à me redresser doucement de ma place. Je n'ai plus ma place ici à partir de ce moment.

«Je vais vous laisser alors. Encore merci Lucas de t'être occupée de moi. Au revoir Mila.»

Je leur accorde à tour de rôle un faible mouvement de tête comme signe de salutation avant de prendre congé. Le regard des deux délégués semblent me suivre dans mon dos jusqu'à ce que la porte se referme derrière moi. Inspirant un grand coup en me donnant une faible tape sur les joues, je reprend rapidement route pour essayer de retrouver mes amis. Bien évidement, je ne peux m'empêcher de retenir un faible sourire en repensant aux événements derniers. Et ce, bien que mes doutes persistent encore.

     Lucas

Je n'ai nullement le temps de lui accorder quelques paroles que la voilà déjà partie. La porte claque doucement à son départ et me voilà seul en compagnie de Mila. Un sourire prend à nouveau place sur ses lèvres et je devine à son regard qu'elle se retient de rire. Allez donc savoir pourquoi. Mimant l'indifférence, je prend place à mon bureau avec elle debout face à moi.

«Je ne te savais pas cachottier maintenant. Tu as de la chance qu'il ne s'agissait que de moi pour l'occasion.» Me taquine-t-elle.

«Je ne vois pas de quoi tu parles Mila. N'étais-tu pas venue avant tout pour une histoire de dossier d'ailleurs ?»

«Allons bon, cette histoire peut bien attendre quelques minutes. Nous nous connaissons depuis tellement longtemps que tu devrais savoir que me mentir est presque impossible. Non seulement grâce à notre sens mais aussi par ton comportement. Tu es comme un petit frère pour moi. J'ai un radar.»

Un faible soupire m'échappe alors que je tente de mettre un peu d'ordre sur mon bureau. C'est le seul moyen d'éviter cette discussion. Malgré mon regard accroché sur ma paperasse, je ne peux m'empêcher de sentir le regard persistant de ma partenaire sur moi. Finalement légèrement agacé, je décide de la regarder de nouveau. Je ne suis nullement surprit de la voir me fixer avec un large sourire. Elle a sa petite idée en tête. Démasqué ? Très certainement. Il m'est presque impossible de lui cacher quelque chose. Manque de chance pour moi.

«Tu ferais presque peur à me regarder comme ça tu sais. Chose peu habituelle d'ailleurs.» Fis-je remarquer.

«Je n'y peux rien. Tu joues trop au cachottier avec moi ces derniers temps. Je me rend que c'est pour une bonne raison finalement. Bien qu'aux premiers abords je ne l'aurais pas soupçonné avec elle. Au final, tout prend son sens maintenant.» Sourit-elle.

«Mila, travaillons d'accord ?»

Mon attention se replonge tant bien que mal sur mon bureau. J'entends la blonde prendre place face à moi en prenant une pile de son côté, visiblement résignée. Nous nous mettons ainsi rapidement au travail.

Le silence tombe pendant cinq bonnes minutes avant que je ne vois sa main glisser sur la mienne. Intrigué par contact soudain, je ne bouge pas d'un poil et me contente de lui lancer un regard interrogateur.

«Je suis contente pour toi.»

«Mila je-»

«Chut, ne me coupes pas. Je suis vraiment contente pour toi. Tu le mérites tu sais depuis tout ce temps ? T'accorder ce genre de sentiment est une bonne chose. Je ne dirais rien alors tu peux te rassurer. Ne la perds pas surtout.»

«Je sais. Ne t'en fait pas pour ça.» Lui assurais-je.

Un sourire fleurit finalement sur mes lèvres alors que je la sens exercer une faible pression sur ma main en retour. Nier ne me servira à rien avec elle. Plutôt que de le dire de vive-voix, je préfère rester dans ses sous-entendus. Mila le sait très bien.

«Tu devrais te l'accorder également. Avec le grand nombre de prétendants qui te tourne autour, tu trouveras forcément chaussure à ton pied. Tu le mérites tout autant Mila.» Fis-je remarquer.

«Ne racontes pas de bêtises voyons. Je n'ai pas le temps de m'accorder ce genre de choses. Il faut bien que l'un d'entre nous se sacrifie. Et puis, je n'ai pas vraiment d'intérêt pour l'amour. Je veux me rendre le plus utile possible le temps que je suis là. Après mon départ, j'y réfléchirais peut-être plus sérieusement. Après tout, c'est ce que mes parents souhaitent.»

«Ils n'ont plus envoyé plus de prétendant depuis la dernière fois ?»

«Non, je pense que nos derniers échanges ont suffi à leur faire comprendre que je voulais me consacrer à mon travail pour le moment. Je n'ai pas le temps ni l'esprit à penser à ce genre de chose.»

«Dis-moi Mila... Tu repenses encore à lui, n'est-ce pas ?»

Ma gorge s'assèche soudainement tandis qu'un air grave prend place sur mon visage. Me souvenir de cela m'est insupportable et pourtant je ne peux l'oublier. Cette période de sa vie. Elle me hantera toute ma vie et ne fera qu'animer d'avantage ma haine à son égard.

Je la sens se tendre quelques secondes à ma remarque. Un air peinée prend place sur ses lèvres avant d'être rapidement remplacé par un sourire. Faux de toute évidence.

«Je ne vois pas de quoi tu parles.» Ment-elle.

«Ne me mens pas. Tu sais très bien de quoi je veux parler. Dis-moi que tu l'as bel et bien oublié.»

Je la vois inspirer doucement tandis que son stylo se pose sur la table. Ses yeux me fixent avec insistance pendant quelques secondes et je constate qu'elle se force une fois de plus à garder la tête haute.

«Toute cette histoire appartient désormais au passé Lucas. Nous nous étions promis de ne plus jamais en parler. Cette histoire ne concerne que nous et personne d'autre. Ne remuons pas le couteau dans la plaie. Une telle chose ne se reproduira plus. Je ne ferais pas la même erreur. Je te l'ai assuré. Tu n'as pas à t'inquiéter pour moi.»

«Mila... Tu ne peux pas oublier ce qui s'est passé, je le sais. Ce qu'il t'a fait. Il mérite plus que la mort pour t'avoir fait subir ça.» Fis-je d'un ton ferme en serrant mon emprise sur mon stylo.

«Lucas. Je t'en pris. Oublions tout ça. Cela remonte à tellement d'années maintenant... Oublie cette rancœur. Il n'en vaut pas la peine.»

Malgré ses paroles, je ne peux m'empêcher de rester amer. La voir garder son sourire à toute épreuve me ferait presque de la peine. D'aussi loin que je me souvienne, Mila n'a jamais éprouvé le moindre sentiment négatif. Si ce n'est lors de cette période. Je ne l'avais jamais vu si... différente. Oui, il l'avait changé. Détruite. En tout. Heureusement, je suis en quelque sorte rassuré de voir qu'il ne s'agissait que d'une passe. Autrement, je l'aurais exterminé de mes propres mains sur le champ. Quoi que, cette idée reste encore dans mes plans.

Un frisson désagréable traverse mon corps pendant quelques instants avant que je décide de couper court à cette conversation. Comme Mila l'a évoqué, parler à nouveau de ce genre de souvenirs ne servira à rien. Le plus important est d'avancer pour le moment. Je n'ai pas d'autre choix que de me plier à cette volonté.

«Au fait, je me suis entretenue avec ton oncle il y a de ça peu. Selon lui et Madame Knight, quelque chose serait entrain de se préparer dehors.» Lâche-t-elle d'un ton soudainement plus grave.

«Quelque chose ?»

«Nous ignorons encore clairement de quoi il s'agit mais nous avons remarqué une activité assez étrange dernièrement derrière nos barrières. Et ce, notamment depuis qu'Alyssa a réussi à y créer une brèche. Il semblerait que certains aient eu de cette nouvelle. Nous ignorons encore clairement leurs intentions mais nous savons qu'ils sont là.»

«Tu es sûr qu'il ne s'agit pas que de simples promeneurs ? Ce ne serait pas la première fois après tout.»

«Je redoute le fait que ce soit bien plus grave. Les humains ne peuvent pas nous trouver. Du moins, pas d'aussi près. La barrière et le périmètre autour leur en empêche. Seuls des créatures telles que nous peuvent la percevoir clairement.»

«Quelle serait l'explication la plus plausible selon toi dans ce cas ? Nous n'avons jamais subi d'attaques jusqu'à ce jour, pourquoi une telle chose se produirait maintenant ?»

«Je l'ignore Lucas. Toujours est-il que des choses étranges se produisent dans le monde extérieur. Regarde ce dont je voulais te parler tout à l'heure.»

Sans trop comprendre, je l'observe sortir calmement quelque chose de l'un de ses dossiers. J'y reconnais assez vite plusieurs journaux qu'elle me tend par la suite. Intrigué, je les saisis avant de les feuilleter brièvement. Toutefois, un détail me saute directement aux yeux. «Une énième mystérieuse attaque dans un village voisin.», «Vision d'horreur : Une prostituée retrouvée morte avec des traces de morsures dans sa nuque.», «Effraction en pleine nuit dans un lieu saint. Disparition de nombreux ouvrages.», «Disparitions répétitives.» etc.

Mes sourcils se froncent tandis que j'enchaîne au fur et à mesure les gros titres. Tous plus étranges les uns que les autres. Déposant finalement le tout face à moi, je croise à nouveau le regard soucieux de mon amie.

«A première vue, il ne s'agit pas d'attaque de la part d'humain. Néanmoins, je suis étonnée de voir que les Démons ne pourraient pas être les seuls responsables.»

«C'est ce que je soupçonnais également. Les Démons ne peuvent pas entrer dans nos lieux saints. Seuls les êtres aux âmes pures le peuvent. La question est donc de savoir pourquoi ?»

«Tu as essayé de joindre tes parents ou quelqu'un extérieur à l'Académie ?»

«Mes parents semblent être partis en mission pour le moment. Nous avons essayé de joindre également les Hautes Sphères mais celles-ci restent étrangement silencieuses pour le moment. Ton oncle essaye de creuser un peu la chose mais la tâche reste difficile. Nous devions nous méfier Lucas. J'ai un mauvais pressentiment.»

Un faible soupire m'échappe. Passant une main lourde dans ma crinière brune, je m'enfonce un peu plus dans mon siège avant de jeter un regard au plafond. L'Académie n'a jamais subi d'attaques jusqu'aujourd'hui. La raison en était d'ailleurs plutôt simple. Ce lieu réunissant les deux camps, il était plus simple de concilier chacun à ne pas enfreindre les lois. Dans ce cas, pourquoi les choses semblent-elles différentes aujourd'hui ? Quel est cet élément qui a su faire balancer notre équilibre ?

Perdu dans ma réflexion, je me redresse subitement. Mes pas me guident jusque devant ma fenêtre donnant vision sur une partie de notre jardin. Un faible sourire naît sur mes lèvres lorsque je l'aperçois rire en compagnie de ses amis. Je reprend toutefois assez vite mon sérieux devant la situation à laquelle je suis confronté.

«Il faut que nous menions notre enquête. On ne peut se permettre de recevoir une attaque de la part d'un quelconque clan ennemi. Nous n'avons jamais eu à faire face à ce genre de situation et nous serions peu à savoir réagir.»

«Que proposes-tu dans ce cas ? Nous n'avons aucune information si ce n'est cette presse humaine. Enquêter nous sera difficile vu la situation.»

«Tu sais très bien ce qu'il nous reste à faire. Si nous ne pouvons recevoir nos informations directement de l'intérieur, il faudra que certains aillent les chercher pour nous.»

«Ne me dis pas que tu...»

«Si. Nous enverrons d'ici peu nos meilleures recrues pour partir enquêter. J'aurais aimé participer à ce projet mais notre absence risquerait d'éveiller des soupçons. C'est pourquoi, nous nous chargerons simplement d'envoyer nos recrues les plus fidèles. Les Démons seront de la partie bien évidement. Bien que l'idée de travailler avec eux ne m'enchante point, nous sommes dans le même bateau. Nous nous allierons juste pour cette fois.»

«J'ignore si cette requête sera réalisable Lucas.»

«Ne t'en fait pas pour ça. Je m'en charge. Contentes-toi de prévenir mon oncle quant au fait que je souhaite m'entretenir avec lui, nos plus fidèles espions ainsi que les Démons. Si quelque chose se passe réellement. Nous devons nous y préparer le plus vite possible.»

J'ai seulement le temps de distinguer du coin de l'œil Mila hocher son visage avant qu'elle ne prenne fuite. Mon corps se voûte légèrement et je ne peux m'empêcher de reporter mon attention en sa direction. La voir ainsi sourire et rire m'apaise. Cette promesse tourne à nouveau dans mon esprit. Je la protégerais. Quoi qu'il en coûte. Elle est très certainement une de leur cible. Je le sais à la lueur qui gravite dans son âme. Précieuse, elle repose encore en paix.

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Coucou mes chatons ! Je tenais à m'excuser pour mon retard quant à ce chapitre. Comme vous devez vous en douter, la rentrée en fac est assez dure à gérer et malheureusement le syndrome de la page blanche a été une grosse maladie ces derniers temps. Heureusement, j'ai réussi à le finir pour ce soir ! Sachant l'avancement de l'histoire, j'ai décidé d'introduire un peu plus la nouvelle intrigue. Et oui, maintenant que les tournois sont terminés et que la première année également, de nouvelles choses vont arriver. Et croyez-moi, ces vacances ne seront pas de tout repos... Bisous bisous je vous aime ♥