Chapitre Soixante-Et-Onze

     Alyssa

Assise au bord de mon lit, je suis entrain de regarder bêtement dans le vide depuis plusieurs minutes maintenant. Les paroles de Maxence tournent encore dans mon esprit tandis que je me visualise une fois de plus la scène. Quelle idiote. Comment ai-je pu accepter une telle offre de sa part sans prendre le temps d'y réfléchir convenablement ? Il semblerait que ma capacité à raisonner clairement en toutes circonstances ne soient pas encore au point. Un peu plus et j'irais volontiers me frapper la tête contre le mur mais les risques de passer pour folle ou louche devant ma colocataire sont assez élevés.

Toutefois, je ne peux m'empêcher d'être au moins rassurée de savoir que j'aurais des nouvelles de la part de Vanessa et ma famille. Ces histoires sont bien trop étranges pour être les manigances de simples humains comme l'a relevé ma meilleure amie. Si Maxence tient autant à ce compromis, il n'y fera pas entrave. J'en suis sûre. Démon ou non. 

Je relève finalement l'attention en entendant quelqu'un frapper à plusieurs reprises contre la porte. Au même moment, Nelly sort de la salle de bain, seulement vêtue de son peignoir et d'une serviette sur les cheveux. J'ai pour ma part troquée ma tenue du jour pour quelque chose de bien plus confortable.

«Qui ça peut-être à une heure aussi tardive ? C'est assez rare que quelqu'un vienne nous voir.» Me demande-t-elle en haussant un sourcil.

«On va le savoir de suite.»

Ni une ni deux, je me lève ouvrir la porte pour y découvrir le visage rayonnant de notre chère déléguée. Mon cerveau met quelques instants à comprendre la raison de sa présence ici. C'est vrai ! Un peu plus et j'aurais oublié que je devais rejoindre Lucas ce soir avec toutes ces histoires. Autrement, sans cette raison, je crois que je me serais sérieusement inquiétée à l'idée de la savoir ici. Je l'invite donc à entrer calmement, jouant tant bien que mal le jeu.

«Mila ? Il y a un quelconque problème que vous veniez nous voir ici à cette heure dites-moi ?» S'interrogea Nelly.

«Je suis désolée de vous déranger toutes les deux. A vrai dire, j'aurais aimé m'entretenir avec Alyssa dans mon bureau dans la mesure du possible.»

«Maintenant ? J'ai fais quelque chose de mal ?» Demandais-je en jouant la comédie.

«Oh non rassures-toi. Je tenais juste à te parler de quelques détails importants. Il semblerait qu'en vérifiant à nouveau ton dossier, quelques informations aient besoin d'être mises à jour. Cela risque de prendre un petit moment donc tu ne seras certainement pas de retour de suite. Je suis désolée de t'importuner à cette heure mais c'est assez urgent et je n'aimerais pas mettre mes supérieurs dans l'embarras.»

«Hum oui bien sûr je comprend. Il n'y a pas de problème.»

Un sourire satisfait naît immédiatement sur les lèvres de la jolie blonde. A ce que je vois, elle a parfaitement préparé son coup et jouer la comédie face à ma colocataire semble l'amuser plus qu'autre chose. Pas si honnête que ça il semblerait comme Ange. Nelly nous observe à tour de rôle, visiblement quelque peu dubitative face à cette demande. Toutefois, elle se laisse rapidement convaincre. Difficile de douter de Mila après tout. 

«Ne m'attends pas pour le retour. J'ai mes clés de toute façon.» La prévins-je.

«Aucun soucis. Je serais sûrement déjà couchée de toute manière si jamais tu reviens trop tard.»

Je me contente d'hocher positivement mon visage en la saluant d'un faible mouvement de la main. Puis, sortant de ma chambre aux côtés de la jeune femme, nous prenons assez rapidement route hors du bâtiment. L'une comme l'autre, nous faisons mine de rien. Mieux vaut-il faire profil bas par ici. La situation est déjà bien assez étrange comme ça.

Le silence plane et je n'oserais pour rien au monde le rompre. J'apprécie Mila, c'est vrai. Qui ne le ferait pas ? Toutefois, me dire qu'elle sait à propos de Lucas et moi est assez étrange. Bien qu'ils se considèrent comme frère et sœur depuis toujours, je ne peux m'empêcher de me dire qu'un jour l'un a su éprouvé une certaine attirance pour l'autre. D'autant plus que l'ensemble de l'Académie les considère comme le couple phare des lieux. De quoi me mettre dans l'embarras dans ce pseudo triangle amoureux.

Une fois engouffrée dans le vent de la nuit, je ne peux m'empêcher d'enfoncer ma tête entre mes épaules en soufflant un peu. J'aurais dû penser à me prendre un manteau tiens. La cour est déserte et je suppose que tout le monde est déjà dans sa chambre à se reposer. Du moins, c'est ce qu'il me semble être le cas du côté de notre dortoir. En regardant plus loin, je remarque très bien les nombreuses lumières du dortoir des Démons. Ils doivent très certainement être entrain de faire les abrutis ensemble ou à préparer un mauvais coup.

«Tu peux te détendre Alyssa. Je ne te ferais rien tu sais ? Et nous avons peu de chance de nous faire voir.»

Mon visage se redresse immédiatement au moment où j'entends sa voix résonner dans ma tête. Intriguée, je tourne mon visage en sa direction tandis qu'elle regarde devant elle en souriant légèrement comme si de rien n'était.

«Comment faites-vous ça ?»

«Télépathie. N'ai pas peur. Je préfère l'utiliser au cas où certaines oreilles indiscrètes pourraient essayer de nous entendre. Nous utilisons régulièrement ce processus pour éviter ce genre de problème.»

«Oh je vois. Malheureusement, je ne sais pas encore utiliser ce pouvoir vous savez donc il risque d'être assez difficile de communiquer.»

«Ce n'est pas une question de savoir l'utiliser ou non. Tout les Anges sont plus ou moins reliés à une sorte de canal pour se parler. Tu as juste à focaliser ton esprit au mien pour pouvoir me parler.»

«A vous entendre, on croirait que c'est une chose innée chez nous tous. Pourtant, je n'ai jamais eu l'occasion de l'utiliser.»

«Ça l'est mais disons qu'il y a plusieurs variantes. Les Anges ont tous cette possibilité de pouvoir parler entre eux par la pensée mais lorsque le lien est plus fort entre deux personnes, on peut arriver à transmettre des émotions, des souvenirs. Tu dis ne pas savoir comment l'utiliser car tu n'as pas encore essayer mais tu le peux. Et sans effort.»

«Je trouve cela assez effrayant dans un sens de s'immiscer comme ça dans l'esprit de quelqu'un tout de même... En attendant, à vous répondre ainsi dans le vide, on doit sûrement me prendre pour folle.»

Un léger rire s'échappe d'entre ses lèvres et je ne peux m'empêcher d'être surprise à la voir aussi détendue et détachée en ma présence. Ce doit bien être une des rares fois où je me retrouve seule à seule avec Mila et la voilà entrain de rire à mes remarques. Ce sentiment de mal-être continu de me poursuivre mais je ne peux m'empêcher d'être en quelque sorte rassurée par cette aura qui émane d'elle. Il n'y a pas à dire, cette image de grande soeur transparaît à chaque fois qu'on l'observe.

«Vous ne vous méfiez pas de moi ? Enfin je veux dire à propos de... Vous savez très bien de quoi je veux parler... Ce doit être assez étrange pour vous.»

Embêtée, je lui lance un bref regard en coin avant de constater qu'un air surprit trône sur son visage. Visiblement, elle ne semble pas vraiment comprendre ma remarque. Je me passe doucement les mains sur mes bras dans le but de me réchauffer à mesure que nous approchons l'arrière du bâtiment principal.

«Pourquoi le serais-je voyons ? Alyssa, rassures-toi. Je n'ai rien contre toi au sujet de cette nouvelle. Je sais que beaucoup ici pense que Lucas et moi sommes ensembles mais c'est faux et tu le sais tout autant que moi. Nous avons toujours eu une relation assez spéciale mais il n'y a là rien de romantique. Il est comme un frère pour moi et le savoir avec quelqu'un me fait plaisir. Il en a vraiment besoin tu sais ?»

«C'est drôle, ce n'est pas la première fois que quelqu'un me dit ça.» Lâchais-je.

«Justement, c'est parce que c'est la vérité. Je te le confis alors promets-moi d'en prendre soin. Il n'en a pas l'air mais il est bien plus maladroit que tu ne peux le croire. Son rôle de délégué autoritaire et distant n'est qu'une carapace de ce qu'il est vraiment. Il n'hésitera jamais à se sacrifier pour ceux qu'il aime. Il préfère jouer dans l'ombre des autres pour les garder sain et sauf.»

«Je sais Mila.»

Nous échangeons un bref regard entendu et je me met de nouveau à observer devant moi une fois arrivées devant cette grande porte. Par je ne sais quel moyen, Mila réussit à l'ouvrir sans grand mal et l'ouvre doucement. Elle me fait rapidement signe d'entrer la première et je m'aventure de quelques pas dans ce couloir sombre. La porte se referme derrière nous et je suis rapidement rassurée lorsque les lumières commencent à s'allumer sur notre passage. L'ambiance me paraissait un peu trop lugubre.

«Je vais t'amener à sa chambre. Ce sera bien plus sûr que son bureau. Ne t'inquiète pas quant aux autres, je me chargerais de tout. Ils ne seront au courant de rien. Quant à Nelly, je l'informerais avec une excuse.»

«Vous êtes vraiment sûre que cela ne vous dérange pas ? Vous en faites beaucoup pour nous quand même.»

«Ne t'en fait pas pour moi. Contente-toi de profiter et de relâcher la pression. Vous en avez tout les deux besoins.»

«Entendu.»

Sans chercher à discuter d'avantage, je la suis à l'aveuglette parmi ces nombreux couloirs qui ressembleraient presque à un labyrinthe. A bien y repenser, un détail me frappe soudainement l'esprit telle une grande claque. Sa chambre ? Sérieusement ? Ma gorge s'assèche et je tente tant bien de me racler le peu de salive qu'il me reste. Ce n'est que lorsque ma camarade s'arrête devant une porte que je comprend que nous sommes enfin arrivées. Comme quoi, je n'ai même pas eu l'occasion de réaliser pleinement la chose. Je la laisse toquer trois coups à celle-ci avant qu'elle ne me lance un regard complice.

«Tu peux entrer c'est ouvert mais pense à bien refermer derrière toi. Il doit sûrement être sous la douche pour le moment donc ne t'en fait pas. Il est informé de ta venue de toute évidence. Passes une bonne soirée.»

«Attendez, vous n'entrez pas avec moi ?»

«Non, j'ai encore pas mal de boulot à faire à cette heure-ci donc je te laisse seul avec lui. Et puis, c'était bien le but premier après tout non que vous soyez seuls ? A bientôt Alyssa. Oh et une dernière chose, tutoies-moi. Je n'aime pas vraiment que l'on me vouvoie. C'est bien trop correct à mon goût.»

«Merci, à bientôt Mila. Bon courage.»

Nous échangeons un dernier regard avant qu'elle ne décide de reprendre rapidement route vers son bureau. Bien que j'aimerais prendre mon temps, je préfère rentrer rapidement  dans sa chambre. Il ne manquerait plus que l'on vienne à me surprendre dans un tel endroit. Je n'ose imaginer le scandale que cela pourrait provoquer.

Veillant à bien fermer la porte à clé derrière moi, je ne peux m'empêcher d'être surprise en découvrant les lieux après m'être retournée. Ainsi, voici la pièce dans laquelle Lucas vit la plupart du temps hors de son bureau. Mes yeux parcourent son ensemble vaguement. Tout est assez classique malgré le luxe du décor. Mon oreille se tend et j'entends clairement l'eau couler signe qu'il se lave bel et bien. Ne sachant que faire, je décide de visiter un peu. Rester là à ne rien faire risque de me rendre à nouveau nerveuse.

Mon regard s'attarde brièvement vers sa bibliothèque et je ne manque pas d'observer attentivement les nombreux livres qui inondent ses étagères. A ce que je vois, nous avons cette passion commune pour la lecture. Un livre en particulier semble attirer mon attention et je ne peux m'empêcher de l'attraper pour en découvrir son contenu.

La couverture est blanche, décorée de quelques branches de laurier dorée. Mes doigts caressent doucement les premières pages et je ne tarde pas à comprendre qu'il s'agit en réalité d'un album photo. Je regrette immédiatement mon geste, me disant certainement que je ne devrais pas regarder son contenu.

«Tu as l'œil pour trouver les objets précieux à ce que je vois.»

Un sursaut me prend tandis que mon corps entier se crispe à sentir sa présence aussi proche de moi. Je ne l'avais même pas entendu couper l'eau pour me rejoindre. Mal à l'aise d'être prise ainsi sur le fait, je racle ma gorge tout en gardant ma position. Mes mains referment lentement l'album alors que je reprend peu à peu contenance.

«Je n'aurais pas dû fouiller de la sorte dans ta chambre. Pardon c'était déplacé de ma part Lucas.»

«Tu peux le regarder. Ça ne me dérange pas tu sais. Tu voulais en découvrir plus à mon sujet, disons que c'est une bonne occasion pour.»

Sa réponse met quelques instants à parvenir correctement jusqu'à mon cerveau et cette fois-ci, mon corps se tourne afin de lui faire face. J'essaye tant bien que mal de faire abstraction de sa proximité et du fait que ses cheveux soient encore humides pour oser le regarder dans les yeux. C'est bien la première fois que je le vois dans des vêtements aussi décontractés et loin de cette image studieuse. Mes joues semblent avoir pris en couleur mais j'oublie à nouveau ce détail. Respire Alyssa.

«Vraiment ?» Demandais-je, interloquée.

Comme seule réponse, Lucas part s'asseoir sur son canapé. Il tapote ensuite la place à côté et je ne tarde pas à comprendre le message. Je prend rapidement place à côté de lui et le laisse se saisir de l'album. Ses doigts ne tardent pas à faire défiler doucement les pages et je me concentre immédiatement à l'écouter me décrire quelques passages de sa vie à travers les images. Des photos de lui plus jeune aux côtés de Mila, Keith et Lindsay défilent et je me surprend à prendre un air attendri en les voyant ainsi.

«Vous étiez vraiment jeunes sur celle-ci.»

«C'était l'époque où nous venions seulement d'arriver à l'Académie. Nous nous sommes très vite entendus tout les quatre et disons que l'on ne s'est plus lâchés par la suite.»

Je continue d'observer les nombreuses photos sous les commentaires de Lucas. Au fur et à mesure que les pages défilent, je peux voir l'évolution de son parcours au sien de cette Académie. Mon attention est toutefois attirée vers une photo en particulier sur laquelle il n'y fait aucun commentaire, l'observant longuement d'un air pensif.

«Ce sont tes parents ?» Demandais-je timidement.

«Oui, ce sont eux avec mon oncle.»

Face à son manque de commentaire, je décide de ne pas insister d'avantage et de me concentrer simplement sur le cliché. Lucas doit sûrement avoir tout au plus de cinq ans là dessus. Ses yeux bleus brillent de malice tandis qu'il sourit grandement dans les bras de sa mère aux côtés de son père et de son oncle. Tous sont vêtus élégamment et je ne peux m'empêcher d'être attendrie par l'image enfantine qui reflète Lucas là dessus. En les voyant ainsi tous ensemble, je comprend d'avantage d'où il tient sa beauté et cette aura si particulière. Ses parents sont spéciaux. Il suffit de les voir pour le comprendre.

«Ta mère est une femme magnifique. Tu ressembles beaucoup à ton père également à ce que je vois.»

Lucas ne répond rien. Son attention reste agrippée à cette photo. Il n'ose pas tourner les autres pages et je devine assez vite que les autres clichés doivent sûrement être ceux de sa famille. Apparemment, il y a quelque chose que je ne sais pas encore à leur sujet. 

Face à ce silence plutôt encombrant, je décide finalement de lui prendre l'album des mains pour le refermer et le déposer sur la table basse. Mes mains saisissent les siennes et je lui adresse un faible sourire. A bien l'observer, je comprend mieux ce que voulait me dire Mila tout à l'heure. La fatigue se lit sur son visage rien que par la présence de ses cernes tandis que sa barbe semble avoir légèrement plus poussée qu'à l'habitude.

«Tu ne peux toujours rien me dire au sujet de toutes ces histoires qui se passent en ce moment dans l'Académie ?»

«Alyssa... Je te l'ai déjà dis. Pas maintenant.»

«Je sais. Je voulais juste savoir si tu pouvais m'en dire un peu plus mais je comprend. Toutefois, tu as besoin de repos, c'est indéniable. Je comprend ton rôle de délégué mais tu ne peux pas toujours tout porter sur tes épaules. Regarde-toi, tu es constamment fatigué.»

«Je ne peux rien y faire et tu le sais. C'est mon rôle. Je dois faire quelques sacrifices sur mon propre bien-être pour le bien de tous.»

«Je sais. C'est pour ça que je te dis que parfois, il est bon de se laisser un peu aller. Il n'y a pas de mal à relâcher la pression de temps à autre. C'est bien pour ça que tu as voulu que je vienne ce soir non ? Histoire que l'on passe un peu de temps ensemble malgré nos emplois du temps assez compliqués. Tu peux te reposer, il n'y a que moi ici.»

«C'est vrai. Je te l'accorde mais c'est juste que... Il y a tellement de choses à gérer à la fois entre ces histoires étranges et le fait que nous devons préparer le départ des troisièmes années. Sans compter les histoires internes avec les élèves. J'ai l'impression qu'à la moindre occasion où je peux me permettre de lever le pied, les conséquences en seront désastreuses.»

«Tu réfléchis trop. Détends-toi simplement. Ça te fera le plus grand bien.»

Un léger sourire traverse mes lèvres tandis que je relâche l'une de ses mains pour caresser ses cheveux. Ses paupières se ferment et je le vois soupirer légèrement en voûtant son dos. Ma main passe doucement de ses cheveux à sa joue pour enfin atterrir dans son dos. Sans chercher à trop forcer, je l'attire doucement à moi avant d'entourer mes bras autour de lui. Je suis en soi assez étonnée de le voir si docile devant mes gestes. Un peu plus et j'irais presque également à me surprendre moi-même à être aussi tactile avec un garçon.

«Je crois que je me ferais tuer au moins trois fois par tes groupies si jamais on venait à me surprendre ici tu sais.» Plaisantais-je à voix basse pour détendre l'ambiance.

«Tu peux te rassurer à ce propos. Personne n'a accès à ces lieux à part les délégués, les professeurs ainsi que les directeurs. Et comme cette partie du bâtiment m'est plus ou moins réservée on ne risque pas d'être dérangé.»

«Je suppose que c'est une bonne nouvelle. De toute évidence, je me serais fait une joie de leur brûler les cheveux dans le pire des cas.»

«Ce n'est pas vraiment un raisonnement digne d'un Ange tu sais.»

«Tout comme le fait de me renverser du café dessus. Il faut croire que depuis cette fois-ci, ces groupies ne sont plus revenues m'embêter. Bien que je ne doute pas du fait qu'elles doivent cracher dans mon dos à la moindre occasion.»

«Vous, les femmes décidément.»

«Ne me fais pas de commentaires sexistes voyons. Tu ne sais pas à quel point certaines peuvent être cruelles.»

«Jamais je n'oserais une telle chose.» Plaisante-t-il.

Je ne me retiens pas pour lever les yeux au ciel en retenant un petit grognement mécontent à sa remarque. Gardant un bras autour de lui, j'effleure doucement ses quelques mèches tombant sur son front tandis qu'il semble comme dormir contre moi à présent. Un faible bâillement m'échappe involontairement. La fatigue commence à me prendre également mais je préfère ne pas m'endormir. Pas pour le moment. Ces occasions sont bien trop rares pour que je puisse m'endormir bêtement.

«J'ai un peu parlé avec Mila sur le chemin avant de venir ici.» Déclarais-je pour briser de nouveau le silence.

«Oh vraiment ? Et ça s'est bien passé dis-moi ?»

«Disons que je voulais simplement m'assurer qu'il n'y avait aucun malentendu entre nous. Comme elle sait à propos de notre relation à toi et moi, je voulais m'expliquer avec elle et lui faire part de mon ressenti sur le sujet. »

«Et je suppose donc que tu as très vite compris qu'il n'y avait aucune inquiétude à se faire à son sujet n'est-ce pas ?»

«Tu devines très bien. Je sais que c'est un peu idiot mais je voulais absolument me rassurer à ce niveau. J'ai toujours cru qu'il y avait quelque chose entre vous depuis le début alors le fait de savoir que tu puisses t'intéresser à moi me donne toujours une impression étrange devant elle. Un peu comme si je lui avais pris son rôle.»

«Tu ne devrais pas penser de la sorte pourtant. Mila n'a jamais été intéressé par moi ou par l'amour en général. Et puis, c'est toi que j'ai choisi pour être avec moi ce soir.»

«Je sais mais pourquoi les Anges tels que vous se refusent-ils à ce point à l'amour ?»

«Ce n'est pas une question de se le refuser entièrement mais plutôt de garder la tête froide et concentrée sur nos objectifs lors de temps fatidiques. L'amour représente souvent une faiblesse. Beaucoup préfèrent s'accorder une vie amoureuse dans des temps de paix.»

«Je suis une de tes faiblesses alors si je comprends bien ?»

Le jeune Ange rouvre doucement ses paupières à mes paroles. Se redressant lentement par la même occasion, il m'adresse un léger sourire alors que sa main recouvre ma joue dans un geste tendre. Nos regards se croisent et je me plonge à nouveau dans la mer brut et sauvage que m'inspire cette couleur si singulière.

«C'est vrai, tu l'es devenue mais je ne le regrette pas. Avoir des faiblesses n'a pas seulement un sens négatif dans le fond. Cela nous incite avant tout à devenir plus fort pour palier à ces faiblesses.»

Un sourire transparaît sur mes lèvres tandis que je l'écoute attentivement me parler. Il a toujours le mot juste. Complètement plongée dans cette bulle qui n'appartient plus qu'à nous à cet instant, je poursuis :

«Mila devrait s'accorder également ce genre de faiblesses de temps en temps. C'est une fille bien. Tout le monde le sait ici. Elle le mérite tout autant que toi. Vous faites bien plus pour nous que n'importe qui. Vous ne méritez pas un tel fardeau qui est de vivre seul.»

«Je le sais. Malheureusement, certains événements font que parfois, les gens renoncent à ce genre de bonheur. Il faut savoir faire le bon choix quant à cette faiblesse.»

Subitement intriguée, je fronce légèrement les sourcils. Sa phrase reste en suspend dans l'air et je le vois prendre un air grave pendant de courtes secondes. Le silence reprend et sa main retombe finalement le long de son corps avant qu'il ne jette un bref regard à la pendule accrochée au mur. Je l'imite et remarque qu'une heure s'est déjà écoulée. Nelly doit certainement se poser des questions et je doute qu'elle irait m'imaginer à l'heure actuelle dans la chambre de notre cher délégué. A moins qu'elle ne se soit tout simplement endormie.

Néanmoins, ce détail s'éloigne rapidement de mon esprit. Me retrouver ainsi avec lui m'apporte bien plus de réconfort qu'avec n'importe qui pour le moment. Tout entre nous est encore bien trop frais, trop jeune. Nous avons besoin de laisser les choses mûrir peu à peu. Je ne veux pas me lancer directement dans ce grand vide. Non. Il le sait et est comme moi. Tout cela est nouveau pour nous. C'est pourquoi, je sais à quel point il fait en sorte pour que les choses se déroulent bien.

Mes yeux le scrutent pendant de longues secondes durant lesquelles je le vois regarder droit devant lui, l'air absent. Sa beauté ne cessera jamais de m'impressionner. La puissance de son regard ou de son aura également. Le souvenir des tournois me revient subitement en mémoire et je remémore la vue de son allure guerrière à ce moment où il combattait mon cousin. Il s'agissait bien de la première fois que j'apercevais ses grandes ailes fières trôner dans son dos.

«A quoi penses-tu ?»

Sa remarque me surprend quelque peu. Visiblement, je me suis également perdue dans mes pensées jusqu'à en oublier complètement qu'il me regardait à mon tour. Embêtée, je garde néanmoins mon calme.

«Je me souvenais simplement des tournois et de ton combat contre Maxence. Tes ailes sont vraiment magnifiques. J'ai l'impression qu'elles sont tellement différentes des miennes.»

«Tu aimerais les revoir ?»

Prise de court, je cligne plusieurs fois des paupières devant sa demande. J'ai beau essayer de chercher une once d'amusement dans sa voix, je n'en trouve pas. Il est tout à fait sérieux. Ses prunelles me scrutent pendant de longues secondes où je reste sans réponse.

Puis, timidement, je me décide à hocher faiblement mon visage. Lucas se redresse donc du canapé et retire sans prévenir son t-shirt. Premièrement intimidée par la vue de son torse nue et parfaitement taillé, je suis rapidement happée par une toute autre vision au moment où deux grandes ailes blanches jaillissent hors de son dos. Elles semblent s'agiter quelques instants avant de se calmer et reposer sur son dos.

«Tu peux t'approcher. Ne t'en fait pas elles ne feront pas de gestes brusques.»

Je n'hésite pas une seule seconde pour m'approcher et les détailler de plus près. Elles ont beau paraître identiques aux nôtres, celles de Lucas me paraissent spéciales. La blancheur et la clarté de leurs plumes ressembleraient presque à des millions de diamants. Ma main les caresse avec précaution et je ne peux m'empêcher de sourire faiblement en le voyant frémir à mon contact.

«Elles sont magnifiques... On dirait des millions de petits diamants qui se reflètent à travers les rayons de la lumière.»

Le jeune homme reste muet, se contentant sûrement de me laisser l'observer dans cette intimité particulière. Je reste donc ainsi à l'admirer pendant de longues secondes avant de me poster à nouveau face à lui, un doux sourire aux lèvres. 

«Les Anges tels que toi ne devraient jamais avoir honte de leurs ailes. Tout comme tout les autres.»

Je me sens soudainement comme transpercer par l'intensité de son regard. Ma phrase semble avoir produit comme une réaction en lui. Comme par magie, ses ailes se recroquevillent dans son dos avant de disparaître. Seulement torse nu face à moi, je continu de l'admirer. Son visage s'abaisse à nouveau en ma direction et je ne bouge pas d'un poil au moment où je le vois s'approcher peu à peu. Mes yeux se ferment simplement et je sens au même moment ses lèvres fondre contre les miennes. Rapidement, mes mains glissent sur sa peau et je me perd à ce contact.

Sans savoir réellement pourquoi ni comment, je me suis retrouvée quelques instants après dans son lit. Désormais couchée dans ses bras et habillée simplement de mon sweat et de mon leggings, je garde les yeux clos en me délectant de son odeur et de ses caresses sur ma nuque. Contrairement à ce que j'aurais pu penser, la situation ne me semble nullement étrange. Elle en serait presque naturelle. Il semblerait qu'il ait retenu bien mieux que prévu ma demande pour me séduire.

«Tu es sûr que c'est une bonne idée de me laisser dormir ici pour cette nuit ? Je ne veux pas t'attirer de problème pour demain.»

«Personne ne le saura et je trouverais bien un moyen pour te laisser repartie. Mila est dans le coup de toute évidence. Contente-toi de te reposer maintenant, d'accord ? Tu as besoin de sommeil.»

«D'accord. Reposes-toi aussi. Tu en as tout autant besoin. Bonne nuit.»

«Promis. Bonne nuit.»

Sans me poser d'avantage de question, je souffle doucement de bien être et me laisse rapidement emportée au royaume des rêves sous cette sensation nouvelle.

     Lucas

Dans un sens, cette sensation est assez étrange. Étrange mais douce. La sentir ainsi dans mes bras à dormir aussi paisiblement est loin de m'être désagréable. Le sommeil l'a emporté il y a maintenant de ça plusieurs minutes et pourtant, je suis encore éveillé à la regarder bêtement. Mes doigts continuent de caresser doucement sa nuque. Comment ai-je pu me retrouver dans une telle situation ? Cette fille a un pouvoir étrange sur moi. Pourquoi les choses me paraissent-elles toujours décuplées en intensité quand il s'agit d'elle ?

Je n'ai même pas réfléchi tout à l'heure. Lorsque mes lèvres ont quitté les siennes après quelques instants, je lui ai demandé de dormir ici. A mon sens, c'était complètement insensé. Je savais très bien qu'elle en attendait encore beaucoup de ma part pour faire mes preuves. Et pourtant, je ne me suis pas retenu et je me suis jeté à l'eau. Je voulais vraiment qu'elle reste ici ce soir avec moi plutôt qu'elle parte. La situation actuelle est bien trop dangereuse pour que je me puisse me permettre de gâcher la moindre occasion. A ma grande surprise, elle a accepté.

Mes lèvres s'écrasent lentement contre son front et je la vois sourire dans son sommeil à ce contact. Je me met alors à sourire à mon tour comme l'aurait fait un enfant ravi pour un rien. Un peu plus et je vais finir par perdre toute force de caractère à ses côtés.

Perdu dans mon admiration et ce moment de bien-être, je suis néanmoins brusqué lorsque la pierre autour de son cou se met soudainement à briller. Inquiet, je jette rapidement un regard à Alyssa. Elle dort toujours aussi profondément et ne semble nullement remarquer ce détail. Je décide alors de glisser lentement l'un de mes doigts sur cette pierre afin de voir si une quelconque chose cloche. Immédiatement, un courant me traverse au moment où je la touche.

«Qu'est-ce que...»

Je n'ai nullement le temps de murmurer autre chose que la lumière s'intensifie fortement avant de s'éteindre brusquement. Je tente alors de reprendre mes esprits tandis que cette sensation d'énergie défile dans ma tête. Étrange. J'avais déjà des doutes à ce propos mais il semblerait que ce collier laissé par son père renferme quelques secrets bien gardés.

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Bonsoir mes chats ! Yes I know I'm late mais mieux vaut tard que jamais hein ! Bon, j'espère que la lecture vous aura plu. Pour l'occasion, le chapitre est plus centré sur notre nouveau petit couple. Et oui, après les avoir autant attendu, il faut bien que j'inclue quelques scènes romantiques. Et disons cela prépare peu à peu la tempête que va subir notre héroïne dans quelques chapitres... Je vous donne l'eau à la bouche non ? Mouahah préparez-vous je n'en ai pas encore fini avec cette histoire !

Kiss les chou, je vous aime et encore merci pour tout ce soutient que vous m'apportez constamment. Je n'ai jamais reçu jusque là de commentaires négatifs ou insultants et je vous en remercie grandement vous êtes des amours, les meilleurs oui oui ♥ On se retrouve le weekend prochain normalement ! 

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