Chapitre Quatre-Vingt-Six

     Lindsay

Les poumons brûlants et la gorge sèche, je tente tant bien que mal de retenir mon souffle. Il ne faut faire aucun bruit. Autrement, nous risquons de nous faire prendre à tout moment. Il ne faut surtout pas. Autrement, tous nos efforts seront réduits à néant en seulement l'espace de quelques secondes. Je lance un bref regard à l'attention de mes camarades de voyage. Ils semblent tout aussi tendus et cela est tout à fait compréhensibles vu la situation.

Par le plus grand des hasards et la plus grande des chances, nous avons réussi à tomber sur ce qui paraît être un repère pour des rassemblements et des lignes de commandement d'un groupe de Démons. Une réunion semble d'ailleurs s'y tenir et nous peinons à essayer de déchiffrer ce qu'ils sont entrain de raconter. Le risque est présent à tout moment. Nous n'avons pas encore été repérés dans les parages mais il ne s'agit que d'une question de temps. Des minutes ? Des secondes ? Je l'ignore.

Toujours est-il que nous devons essayer par dessus tout d'obtenir des informations au sujet de leurs plans. Il s'agit après tout de la principale raison de notre venue ici.

«Toujours aucune nouvelle à propos de la fille ? Vous ne l'avez vu nul part ?»

«Rien en vue. Il semblerait que cette petite maligne ait réussi à nous semer depuis sa fugue hors de l'Académie. Nous n'avons pu récolter aucune information de la part des Démons présents lors de l'attaque. Leur procès avec les Hautes et Basses Sphères dure plus longtemps que prévu. A croire que cette annonce a retourné les esprits tout le monde.»

«Vous savez tout autant que moi qu'une nouvelle pareille ne peut qu'affoler les foules. Savoir que le Phénix dort en cette fille est un élément capital. Nous récupérons la fille, nous récupérons par la même occasion la relique. Et ainsi, nous pourrons porter une attaque fatale au camp ennemi.»

Je peine à retenir mon calme rien qu'à l'entente de leurs paroles. Benjamin et Mélina semblent également de cet avis au vue du regard inquiet qu'ils viennent de se lancer. Quant à Maxence et Hugo, nous ne pouvons pas vraiment leur en vouloir. Il s'agit là de membres de leur camp. Et bien que l'entente ne soit pas toujours aussi évidente que chez les Anges, je ne doute pas du fait qu'ils préfèrent largement voir les Démons gagner que l'inverse. Il en va de ce raisonnement pour tous. C'est un fait et il faut être réaliste.

Bien que ce raisonnement de ma part puisse paraître parfois étonnant pour certains, je sais très bien que cela est juste. Nous avons chacun nos camps, nos idéaux, nos règles. Nous ne pouvons pas toujours nous comparer entre nous bien que cela soit bien souvent sujet de discorde.

«Mais que ferons-nous une fois la fille entre nos mains ? Vous devez bien savoir qu'elle n'acceptera pas de collaborer avec nous. Souvenez-vous de ce qu'elle a fait à la Marilith. Elle pourrait tout aussi bien se retourner contre nous. Loin de là l'envie de terminer complètement grillé.»

«Ne vous en faites pas pour ce détail. Il ne s'agit que d'une question de timing. Cette fille est actuellement instable. Elle vient également d'apprendre ce secret. Tout le monde le sait et peut donc en profiter à son avantage pour pouvoir la manipuler. Il y aura bien à un moment où elle baissera sa garde et à ce moment-là quelqu'un la trouvera.»

«Et ensuite ?»

«Ensuite ? Nous l'amènerons en Enfer. Ils sauront quoi faire d'elle là-bas. Nous pourrons trouver un moyen de la convaincre de mettre ses pouvoirs à notre service. Et si jamais nos méthodes ne suffisent pas à la faire basculer de notre côté... Alors nous trouverons un moyen de la séparer de cette relique. Une fois séparées, cette fille ne nous sera plus d'aucune utilité et nous pourrons disposer alors entièrement de ce pouvoir. Il n'y aura plus ce soucis d'avoir sa contribution ou non.»

Pour l'occasion, il ne m'est nullement difficile de retenir ma respiration. Les paroles que je viens d'entendre suffisent à me paralyser sur place. La séparer de cette relique ? Au vu de leur manière d'en parler, je doute qu'ils comptent la laisser en vie ou même y aller en douceur. Ces Démons seraient prêt à tout les stratagèmes possibles pour pouvoir obtenir ce pouvoir si précieux entre leurs mains.

Cette simple idée suffit à me terrifier. Ce sont des monstres. Mélina semble tout aussi paralysée par la peur alors que Benjamin peine à rester tranquille sur place. Si tout cela continu, je sens qu'il ne pourra pas rester calme bien longtemps. Nous sommes tous horrifiés et à la fois énervés par cette nouvelle.

«Benjamin... Calmes-toi. Nous ne pouvons pas agir pour le moment.» Murmurais-je en posant une main sur son bras.

La Salamandre ne semble pas vraiment vouloir m'écouter et dans un sens, je ne peux pas vraiment lui en vouloir. J'aimerais tout autant me jeter sur eux pour pouvoir les mettre hors état de nuire mais nous ne sommes pas assez. Notre situation est déjà bien assez risquée pour que nous puissions nous permettre de l'aggraver. Nous serons plus bien utiles à Alyssa en restant en vie et en liberté.

«J'ai entendu dire que l'une de nos équipes s'était rendue dans sa ville natale. Avec un peu de chance, elle s'y trouvera là-bas pour essayer de retrouver sa mère.»

«Ce serait tout à fait logique effectivement. Peut-être devrions-nous penser à prendre sa famille en otage. Elle n'aura certainement pas d'autres choix que de venir à tout et cela ne fera que nous faciliter la tâche. Nous n'avons pas beaucoup de temps. Les Anges peuvent tout aussi bien tomber sur elle à n'importe quel moment. Il ne faut pas qu'ils l'aient avant nous. C'est hors de question.»

«Qui sait si elle acceptera tout autant de se joindre à eux ? Après tout, je suis persuadé qu'ils cherchent à faire la même chose. Peut-être pas avec les mêmes méthodes mais l'intention y est la même. Son pouvoir est bien trop précieux pour que nous puissions le laisser entre ses mains. Envoyez d'avantage de troupes aux alentours de chez elle. Elle n'a pas pu bien partir loin avec ses petits camarades.»

Mes sourcils se froncent et mes pensées vont directement envers eux. Au vu des informations reçues, il ne s'agit plus que d'une question de temps avant qu'Alyssa et les autres ne soient retrouvés dans son village natal. Il ne faut pas qu'ils lui mettent la main dessus. Ils doivent repartir au plus vite. Une boule désagréable se forment dans ma gorge à cette pensée et je décide de faire signe à mes camarades.

Nous devons partir maintenant. Non seulement pour retrouver Alyssa et la prévenir de leurs plans mais également pour nous sauver nous-mêmes. Il faut trouver une solution. Autrement, sa vie ne sera plus que fugue et traque.

Avec hâte et discrétion, nous commençons à marcher sur nos pas en essayant au maximum de ne pas nous faire repérer par un quelconque Démon.

«Attendez ! Il y a quelqu'un j'ai entendu du bruit là-bas !»

Un grognement sourd s'échappe d'entre mes lèvres au moment où j'entends un Démon pointer son doigt en notre direction. Je ne cherche même pas à réfléchir que je m'élance rapidement hors de leur portée. Toutefois, un cris de surprise de la part de Mélina me fait soudainement ralentir. Il me suffit de tourner les yeux pour voir qu'un Démon vient tout juste de la saisir par la nuque à pleine main.

«Lâchez-la !» S'exclame Benjamin, furieux.

«Pas avant que vous ne nous ayez dis votre identité et les raisons pour lesquelles vous nous espionniez. A votre place, je ferais vite avant que la nuque de votre amie ne soit complètement en morceau.»

Mes mâchoires se serrent alors que j'observe avec impuissance la pauvre Sorcière tenter de se débattre de l'emprise de son ravisseur. Je ne tente plus aucun mouvement et je tente de trouver une solution. Du calme. Agir sans réfléchir ne nous sera strictement d'aucune aide. Mieux vaut-il se montrer coopératif avec eux.

Je suis toutefois happée rapidement hors de mes pensées en voyant le Démon me dépasser et faire un pas en leur direction. Ses confrères se mettent immédiatement à grogner, nous menaçant d'avantage en faisant souffrir Mélina. Elle peine de plus en plus à respirer. Pourtant, Maxence ne fléchit pas et continue d'avancer jusqu'à s'arrêter en face de l'un d'eux. Je retiens mon souffle, craignant à tout instant le pire. J'ignore si nous devons réellement lui faire confiance.

«Recules gamin ! Ne t'approches pas plus ou je n'hésiterais pas à la tuer !»

«Gamin ? Allons allons... Nous sommes du même camp vous savez. Pas besoin de vous montrer aussi menaçant avec moi. Surtout en essayant de me prendre par les sentiments avec une pauvre petite Sorcière de pacotille. Cela n'a rien de distrayant.»

«Qui es-tu ? Dis-le nous tout de suite je te dis !»

«Bien, puisque vous insistez. Je suppose que cette petite démonstration suffira à vous le faire comprendre.»

J'ignore réellement par quel moyen mais il semble que le Démon ait réussi à se faire comprendre auprès d'eux. Du moins, c'est ce que je peux constater à en juger par l'expression désormais présente sur leurs visages. A croire que Maxence sait se montrer très persuasif quand il le faut. Dans tout les cas, il semblerait que notre cher délégué des Démons soit bien plus connu qu'il n'y paraît dans le monde extérieur. Merci maman sans doute.

«Abomination... Que fait donc un Chevalier Noir ici ? Tu me sembles bien trop jeune pour faire parti de nos troupes et qui plus est tu es en compagnie d'ennemis. Qu'est-ce que tout cela veut dire ? Explique-toi.»

«Vous cherchez réellement à me mettre en rogne vous avec toutes vos questions à la con. Pas besoin de me rappeler que je suis obligé de me coltiner ces trois-là mais voyez-vous... Je suis ici pour récupérer des informations et celles que je viens d'entendre me paraissent très intéressantes. C'est pourquoi, je tiens à vous remercier de votre aide.» Lance-t-il d'un air narquois.

«Espèce de petit- Attrapez-les ! Ils doivent sûrement être des alliés de cette fille ou des Anges ! Il ne faut surtout pas que nos plans soient connus de tous !»

«Ah quelle déception que vous m'apportez là... Vous ne faites décidément pas honneur à notre image idiots de Démons.»

Il est fou. Complètement. Je ne vois que ce genre d'explication pour essayer de comprendre un minimum son comportement actuel. A moins qu'il ne veuille tous nous enfermer pour je ne sais quelle raison. Toujours est-il que je ne suis pas vraiment rassurée par ce qu'il vient de provoquer. Mélina commence petit à petit à suffoquer et énerver ces Démons n'arrangera en rien notre situation. S'ils continuent, elle risque réellement de se briser.

Ce n'est que lorsque l'un d'eux porte le premier coup que je décide de réagir en tentant de m'interposer. Néanmoins, Hugo me stoppe rapidement dans mon élan et j'aperçois Maxence prendre le relais. Sa main saisit fermement le bras de notre adversaire et en un quart de seconde, une explosion retentit violemment. Aveuglée, je me met à toussoter en sentant cette épaisse fumée noire envahir la pièce.

«Bougez-vous bordel !»

Un râle se fait entendre et j'entrevois Mélina se mettre vivement à courir tout en tenant sa gorge. Ni une ni deux, je me met à leur poursuite. C'est notre chance. Hugo reprend rapidement forme animale tandis que Benjamin n'hésite même pas à faire brûler les lieux. Avec un peu de chance, les flammes et la fumée sauront les retenir et les ralentir suffisamment longtemps.

«Attrapez-les tous les cinq ! C'est un ordre ! Tuez-les même s'il le faut mais ne les laissez pas s'enfuir !» Vocifère l'un de nos ennemis.

Nos ennemis ne tardent pas à se mettre à notre poursuite et je peux déjà les entendre hurler de colère. Il faut que nous trouvons un moyen de nous sortir de cette situation et au plus vite. Si seulement nous pouvions voler comme Keith ou encore les Anges. Tout serait peut-être bien plus pratique. Malheureusement, cette capacité ne nous est nullement accordé. J'essaye tant bien que mal de porter aide à notre Sorcière amochée tandis que les trois autres se chargent de ralentir nos assaillants. Les attaques font rage et je commence réellement à douter de notre sort.

J'ai l'impression que mes enjambées se font de plus en plus larges. Je suis à bout de souffle et je risque à tout moment de trébucher sur une branche au sol. Ils sont toujours derrière nous, nous rattrapant peu à peu. Il aurait été bien trop beau qu'ils nous laissent ainsi nous en sortir aussi facilement après tout.

«Là-bas tout droit ! Il y a une sorte de ravin de plusieurs mètres. Avec un peu de chance si on arrive à le traverser ils ne pourront pas nous suivre !» S'exclame Hugo.

«Tu es complètement cinglé on ne peut pas sauter aussi loin ! Nous ne sommes pas tous aussi agiles que toi.» Répond à son tour Benjamin.

«Tu n'as qu'à proposer une meilleure idée dans ce cas !» Grogne le loup en retour.

Il semblerait que nous n'ayons pas tellement le choix car à mesure que nous avançons, l'issue se dessine très clairement. L'idée de me jeter à moitié dans le vide ne me rassure guère étant donnée de la distance qui sépare les yeux bouts de terre. J'ignore réellement si nous pouvons réussir. Je lance un regard inquiet à l'égard de la petite asiatique qui semble tout aussi terrorisée. Mes paupières se ferment et c'est alors que j'essaye tant bien que mal de trouver une solution. Il doit forcément y avoir un autre moyen.

Le vide se fait dans mon esprit et je me concentre. Réfléchis Lindsay. Ce n'est finalement que lorsque j'entends un bruit au loin que je trouve la solution. Un nouveau plan se dessine. Bien que cela puisse paraître plus fou que celui d'Hugo, il nous fait essayer. C'est notre seule chance.

«Suivez-moi !» Hurlais-je.

Sans rien ajouter de plus, j'attrape fermement la main de Mélina et me lance dans le vide sous le regard terrifié de mes trois camarades. Un cris strident s'échappe d'entre les lèvres de la Sorcière et je sens mon corps chuter dans le vide. La peur me prend aux tripes mais je reprend bien assez vite mes esprits en voyant que mes camarades m'ont à leur tour suivi. Aussi fou cela puisse-t-il paraître. Il semblerait qu'ils aient compris mon plan.

En un tour de main, j'use rapidement de l'eau situé dans la rivière au fond de ce ravin pour notre chute. Une large bulle d'eau vient à nous entourer et je prend bien évidemment gare à leur laisser de quoi respirer contrairement à moi. Nous tombons finalement dans la rivière et celle-ci se brise au même moment. La chute est ainsi bien plus amortie et je remonte rapidement à la surface pour reprendre mon souffle. Immédiatement, je lève les yeux et remarque que nos ennemis sont partis, nous pensant sûrement morts après être tombés de plusieurs mètres.

«Mon dieu Lindsay je ne te savais pas suicidaire à ce point ! Tu es complètement folle.» S'exclame Mélina, sans doute bien trop sonnée.

«C'était le seul moyen si tu veux mon avis. Nous n'aurions pas pu tous sauter ce ravin. Allez, retournons au bord. Le courant se fait fort par ici.»

Un profond soupire de soulagement s'échappe d'entre mes lèvres au moment où nous sommes enfin sur la terre ferme hors de toutes attaques. Du moins, pour le moment. Mes paupières se ferment quelques instants afin que je puisse reprendre mon calme. Toutes ces émotions ne sont pas forcément toujours bonnes à encaisser d'un coup. Moi qui était habituée à un quotidien relativement calme à l'Académie.

Le silence règne en roi. Personne n'ose parler pour le moment. Seul le bruit de nos respirations transpercent ce calme plat. Les informations que nous avons entendu tout à l'heure tournent encore dans nos esprits à tous. Difficile d'en faire abstraction. J'en suis torturée rien qu'à l'idée de savoir ce qu'Alyssa pourrait endurer. Une chance que Lucas ne soit pas venu à nos côtés pour demeurer auprès d'elle. Je doute qu'il aurait laissé la vie sauve à tous ces Démons.

«Il faut que nous allions la rejoindre maintenant. Elle ne sera pas en sécurité là-bas. Du moins, plus pour très longtemps maintenant. Ils savent très bien qu'elle retournera voir sa mère pour des explications.»

Mes paroles suffisent à nous mettre tous d'accord. Il s'agit d'une évidence.Même Maxence semble être de la partie, sûrement peu d'accord à l'idée de laisser sa proie aux mains des autres.

Ainsi prête à me remettre en route, j'essore rapidement mes cheveux avant qu'une mystérieuse forme luisante dans le ciel n'apparaisse. Médusée par celle-ci, je l'observe atterrir jusqu'à Mélina. Elle s'en saisit prudemment et y découvre un morceau de papier qu'elle s'empresse de lire.

«Qu'est-ce que c'est ?» Demandais-je.

Son regard s'attarde encore quelques instants sur le message inscrit avant qu'elle ne nous regarde. Un air grave prend place sur son visage et je sais d'avance que je ne vais pas aimer ce qu'elle s'apprête à nous dire.

«Un message de la part de Nelly. Il semblerait que nous devions les retrouver au plus vite. Alyssa a disparu et elle s'est fait enlevée par des Vampires.»

Cette nouvelle résonne comme un coup de massue en moi. La peur, l'angoisse, l'appréhension... Une multitude de sentiments s'enchaîne et je ne peux que me laisser gagner par la hâte de les rejoindre. Les Vampires sont bien trop dangereux et imprévisibles pour que nous puissions courir le risque de la laisser avec eux. Je me redresse rapidement et leur accorde un regard plus que sérieux.

«Allons-y. Retrouvons Alyssa.»

     Alyssa

«Tu es bien plus coriace que je ne le pensais. Toujours pas décidé à nous montrer un peu de tes flammes ou même autre chose ? Qu'est-ce que tu peux être égoïste princesse.»

Au bord de l'évanouissement, j'essaye tant bien que mal de ne pas succomber aux tentations que m'envoie mon esprit. La douleur est immense et les traces de coups et de blessures sur mon corps en sont la preuve. Ces vampires n'y sont pas allés de mains mortes. J'ignore combien de temps tout ce spectacle a duré. Une heure peut-être ? Voir plus. Je ne sais même plus et je ne peux même pas y penser correctement tant j'ai mal.

Le simple fait de voir leurs crocs s'enfoncer dans ma chaire pour goûter encore et encore mon sang suffit à m'écœurer. J'ai essayé au début de résister et de ne pas leur montrer mes faiblesses mais la douleur a rapidement reprit le dessus et mes cris ont déchiré la pièce à de nombreuses reprises. J'ai bien cru que j'allais y passer jusqu'à ce que leur maître ne leur ordonne d'arrêter. Ils sont alors partis et me voilà maintenant enchaîné face à lui et à sa merci.

«Tu es bien courageuse dans tous les cas. La plupart des gens aurait déjà craqué ou serait mort mais pas toi. Tu es robuste. Il faut avouer en même temps que notre but n'est pas de mettre fin à ta vie. C'est tout le contraire pour le coup. Nous avons bien trop besoin de toi, ou plutôt de ce qu'il y a en toi. Tu es précieuse.»

Mes paupières se font de plus en plus lourdes. Il ne faut pas que je m'endorme. J'aimerais tout autant qu'ils continuent à me frapper afin de me garder éveiller que de rester seule avec lui. La lueur mesquine et envieuse dans son regard ne cesse de me provoquer des frissons depuis le début. Si par malheur je venais à m'endormir, je crains qu'il n'hésiterait même pas à jouer de toutes les manières possibles avec ma dépouille.

«J'ai eu le temps d'en apprendre un peu sur toi princesse. Il faut dire que tu es tellement connue depuis ta fugue de l'Académie. Je me demande encore pourquoi tu es devenue un Ange. C'est vrai, le fait de faire parti du camp des méchants est tellement plus avantageux. Pas de règles, pas d'attache. Nous vivons tel que nous le voulons. Malheureusement tu as été bien trop idiote pour choisir celui des petits oisillons tout gentils qui pensent faire constamment le bien. Tu avais le choix pourtant mais tu as fais le mauvais. Nous faisons tous des erreurs.»

Je me retiens de ne pas vomir à tout moment au moment où ses doigts glissent sous mon menton afin de me relever le visage. Ses yeux luisent désormais d'une teinte rougeâtre et ses crocs se sont allongés. La peur de le voir me mordre me saisit à nouveau mais je la garde en moi. Ce type de personne aime simplement voir la peur sur le visage de ces victimes. Il ne s'agit là que d'un pervers rien de plus. Sois forte Alyssa. Encore un peu.

«Tu serais tellement plus heureuse si tu étais avec nous. Je pourrais même t'accueillir tu sais. Avoir une princesse telle que toi à ses côtés ne pourrait être pas mieux. Mais pour cela... Il faudrait que je me charge d'un détail. Un détail très important et dérangeant.»

Mes sourcils se froncent à ses paroles et j'essaye de le comprendre. Je retiens soudainement mon souffle au moment où ses ongles pointus s'enfoncent dans ma cuisse. La douleur se lance à nouveau et je le soupçonne d'avoir déposé quelques gouttes de poison dessus. Le liquide s'engouffre rapidement dans mon corps et un sentiment désagréable me saisie. Je suis obligée de me pincer la lèvre à sang pour surmonter la douleur. Et sans avoir le temps de me maîtriser, mes ailes jaillissent hors de mon dos en s'agitant vivement. Je peux par ailleurs sentir l'éclat dans mes yeux se réveiller.

«Les Anges ont un métabolisme tellement fascinant. Vous pouvez plus rapidement parer les poisons sous votre forme Angélique. C'est un moyen automatique de se protéger contre certaines attaques organiques nocives. Ce sont de belles ailes blanches que tu as là dis donc. Malheureusement elles ne sont pas vraiment adaptées pour quelqu'un qui compte venir en Enfers...»

Mon cerveau connecte peu à peu les informations et un sentiment de frayeur me saisit entièrement au moment où je saisis là où il veut précisément en venir. Ma respiration s'accélère automatiquement alors qu'il me contourne d'une démarche presque féline. Un sourire sadique orne ses lèvres lorsqu'il comprend que je sais. Je m'agite immédiatement, complètement horrifiée par ce qu'il s'apprête à me faire.

«Laisse-moi m'en charger pour toi.»

Sa main glisse lentement de mon plume et je tremble d'avantage. Un premier hurlement s'échappe d'entre mes lèvres lorsqu'il m'arrache violemment l'une de mes premières plumes. La sensation en est horrible. Il poursuit rapidement sa torture, arrachant d'une main épaisse et brutale mes plumes une par une. Les larmes me montent aux yeux et je l'implore d'arrêter. La douleur est insoutenable, comme si l'on m'enfonçait à chaque fois un pieu profondément en plein cœur.

«Tout cela ira vite ne t'en fait pas ma princesse. Il ne s'agit que d'un petit détail qui sera très vite réglé.»

Mes cris résonnent à nouveau dans la pièce à mesure que je le sens faire. Mes larmes s'échouent au sol tout comme mes plumes blanches désormais tâchées de mon propre sang. Ma tête tourne de plus en plus une nausée me prend. C'est horrible. Je ne vais plus tenir bien longtemps si tout cela continu. C'est comme si mon âme se déchirait petit à petit en plusieurs fragments. Un dernier hurlement s'échappe furieusement d'entre mes lèvres avant que je ne perde toutes mes forces pour sombrer dans l'inconscient.

     Vampire

Un sourire de satisfaction se dessine sur mes lèvres au moment où ses hurlements cessent soudainement de résonner dans la pièce. Les murs cessent alors de trembler et je laisse tomber au sol la plume dernière arrachée afin de retourner devant elle. Le spectacle n'en est que meilleur vu sous cet angle. La voir ainsi enchaînée avec son pelage blanc désormais tâché de son propre sang et en partie nu est un véritable délice. Mes doigts glissent lentement le long de ses lèvres afin de recueillir en ma bouche ce précieux sang.

«Tu es tellement sublime ainsi princesse. Je pourrais m'amuser ainsi pendant des heures mais je suppose que Belle au bois dormant a besoin de son précieux repos.» 

«Il est temps de l'amener. Ils la demandent.»

Un grognement de mécontentement m'échappe en entendant l'un de mes hommes m'avertir. Ils semblent tout aussi pressés de la recueillir visiblement. Cela peut se comprendre. Je ne répond rien et défait ses chaînes en l'attrapant ensuite dans mes bras. Si seulement nous l'avions gardé secrète plus longtemps. Je suis sûr que nous aurions pu nous amuser encore et encore. 

Je décide toutefois de ne pas perdre plus de temps et par rejoindre mes hommes déjà prêts. Ceux-ci m'attendent, observant attentivement le corps inerte de l'Ange dans mes bras. Mon air sévère suffit à leur faire ne pas poser de question. Ils ont eu tout autant le droit de s'amuser après tout.

«Allons-y.»

Un symbole apparaît soudainement au sol et une lumière rouge en jaillit. Je ne bouge pas d'un poil, la laissant m'absorber progressivement. Quelques instants plus tard, je me retrouve finalement là-bas. L'odeur de souffre et de la mort envahit mes narines et me ravi toujours autant. C'est si bon d'être chez soi. Je lève les yeux en direction quelques gardes disposés devant la porte tandis qu'ils détaillent attentivement la fille tenue dans mes bras. Je reconnais alors l'un de nos supérieurs, nous ayant sûrement attendus. Il observe tout particulièrement la jeune fille.

«Que lui est-il arrivé ? Pourquoi est-elle couverte de blessure et inconsciente ?» Demande-t-il sévèrement.

«Nous nous sommes un peu amusés avant de vous l'amener. Elle possède un caractère assez difficile et la contrôler n'a pas été évident vous savez. Je suppose que la recevoir en tant qu'Ange n'aurait pas été de bonne augure. C'est pourquoi, je me suis dis que la recevoir sous un tout autre jour autant été bien mieux. Vous verrez par vous même.»

«Cette fille est bien trop importante pour que vous puissiez vous amusez à votre guise Vampires. Il nous la faut dans le meilleur état possible.»

«Ne vous en faites pas. Nous n'avons nullement atteint le Phénix si c'est cela qui vous inquiète. Son âme a seulement été légèrement blessée. Elle n'en sera que plus facile à berner à son réveil. Vous pouvez en être sûr.»

«Nous savons très bien quoi faire d'elle. Il n'y avait pas besoin de votre aide pour cela. Nous n'avons nullement besoin d'entendre vos jérémiades. Maintenant laissez-la nous. Vous pouvez disposer. Vous ne nous êtes plus d'aucune utilité.»

Mes dents se serrent et j'essaye de garder mon calme. Discuter avec ces hommes ou essayer de se donner raison ne me servira à rien. Ils sont bien trop puissants pour que je puisse riposter à l'heure actuelle. C'est donc à contre cœur que je leur laisse l'Ange pour disparaître et retourner à mes affaires. Peut-être nous reverrons-nous princesse.

     Alyssa

Mes paupières peinent à s'ouvrir et j'ai l'impression d'avoir le corps en miette. Je n'ose même pas bouger par peur de me briser à tout moment. Où suis-je ? Suis-je encore entre les mains de ces saletés de Vampires ou suis-je morte ? A choisir, la seconde option me serait bien plus raisonnable. J'ouvre finalement mes yeux après de longues secondes d'hésitation et découvre une pièce semblable à une chambre. Totalement perdue, j'observe attentivement autour de moi afin de comprendre pourquoi est-ce que je me trouve dans un endroit pareil.

Pourtant, je suis rapidement reprise par une douleur insoutenable au niveau de ma colonne vertébrale. Une petite grimace de douleur m'échappe et j'essaye de me relever. Mes jambes sont tremblantes et tellement faibles que je suis forcée de me tenir au mur afin de marcher en direction d'une coiffeuse disposée plus loin. Il faut que je me vois.

«Mon dieu...»

Une vision d'horreur s'offre à moi au moment où j'aperçois mon reflet dans le miroir. Ma main se porte à ma bouche tandis que mes yeux s'embuent rapidement de larmes. Mon corps n'est plus le même. Je ne me reconnais pas. Morsures, blessures et hématomes décorent presque chaque parcelle de ma peau. Quant à mes ailes, celles-ci sont complètement tâchées alors que plusieurs plumes manquent par endroit. C'est tout bonnement horrible.

Plusieurs hoquets m'échappent et je me laisse glisser au sol. Les larmes glissent le long de mes joues alors que les souvenirs me reviennent brutalement en pleine figure. Ils n'ont eu aucun scrupule à me mettre plus bas que terre en me torturant de la sorte. Mon âme a été profondément touchée et je le sais. Il me suffit de sentir la douleur perçante dans mon cœur pour le savoir.

«Je les déteste... Je les déteste... Je- Je vais les tuer jusqu'au dernier !» Grognais-je de hargne.

Mes poings commencent à s'abattre violemment contre le sol et je ne prête même plus attention aux signaux d'alarmes que m'envoient mon corps. Je pourrais très bien lâcher prise à tout moment et pourtant je ne veux pas. La colère est bien trop présente pour que je la laisse enfouie en moi. Il faut qu'elle s'échappe. Mes poings continuent de frapper le sol tandis que je met à hurler mon mécontentement pendant de longues minutes. Je dois sûrement ressembler à une hystérique. Un sentiment de brûlure m'envahit alors et j'aperçois du sang couvrir le sol. Je n'avais même pas remarqué que mes poings venaient tout juste de se blesser à sang.

Tremblante comme une feuille, je porte mes deux mains devant moi et regarde les dégâts. Mon souffle s'accélère et j'ai l'impression de perdre la tête. Je suis complètement folle tel un animal sauvage. Une multitude de pensées meurtrières envahissent mon esprit. Je veux me venger. 

Un sursaut me prend par surprise au moment où j'entends la porte s'ouvrir. La figure d'une femme m'apparaît alors et je frissonne immédiatement. Ses cheveux longs et d'une couleur de feu contrastent parfaitement avec sa peau légèrement halée et ses yeux bruns. Sa beauté est pure et froide et je suis complètement figée sur place face à cette aura puissante. Elle n'est pas ordinaire, je le sens. Son regard se dépose automatiquement sur moi et je la vois s'avancer d'une démarche assurée.

«Allons bon, que fais-tu au sol ? Pauvre enfant. Regarde-toi donc...»

Un frisson parcoure ma peau lorsque ses doigts longs et manucurés se déposent contre mon épaule. Son regard me parcoure dans mon ensemble et elle semble s'attarder quelques secondes sur mes ailes avant de me regarder de nouveau. Il ne s'agissait peut-être que de secondes mais j'ai très bien pu voir le dégoût passer dans son regard à ce moment-là. Pourtant, je n'en dis rien, me contentant de l'observer.

«Lève-toi. Ne reste pas là au sol. Il ne s'agit pas d'une place pour quelqu'un comme toi.»

La douleur est toujours présente et pourtant je me redresse contre ma volonté. Les larmes coulent encore mais se sèchent immédiatement. Ce n'est qu'en me redressant que je remarque qu'une autre femme est postée devant l'entrée de la pièce. Néanmoins, elle n'est pas pareille. La femme à côté de moi porte une longue robe rouge avec plusieurs bijoux en guise d'accessoires tandis que celle-ci ressemble d'avantage à une sorte de servante. Où suis-je donc tombée à la fin ?

«Suis-moi. Nous allons nous occuper de toi maintenant. Il faut tu sois présentable. Toutes ces marques de blessures et de sang sur ton corps ne sont pas assez dignes pour que tu puisses les rencontrer de suite.»

«Les ?» Osais-je.

«Ne t'avises pas de poser de questions pour l'instant. Tu le sauras bien assez vite.» Rétorque-t-elle d'un ton sec.

Bousculée, je n'ose rien répondre et me contente d'hocher faiblement mon visage. Je me laisse ainsi guider dans un long couloir. Les lieux sont sombres et une odeur désagréable y règne. Je ne saurais la décrire. Le regard baissé, je lance discrètement un regard sur la femme à mes côtés. Elle marche la tête haute, l'allure fière et sûre d'elle-même et j'en suis presque subjuguée. Qui que ce soit, je suis sûre d'une chose : mieux vaut-il ne tenter aucune provocation.

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Heyy les chatoooons ! Wow je suis en retard dis donc... Je sais et pour le coup je dois avouer que je n'ai pas d'excuses. J'ai tout simplement voulu souffler pendant ma semaine de vacance sachant que je n'en avais qu'une. Ne m'en voulez pas trop. J'espère que le chapitre saura me faire pardonner ! J'attends vos avis avec impatience ! Quant à la publication pour les prochaines semaines, je dois être honnête avec vous. Je ne sais pas si je serais toujours régulière. J'ai plus de cours qu'avant à partir de cette rentrée et je dois faire de mon mieux pour obtenir mon S2 afin de ne pas passer aux rattrapages. Donc j'espère que vous comprendrez si parfois je suis lente dans mes publications et que je manque des semaines. Je n'abandonnerais pas mon histoire bien sûr mais il y a aura des retards c'est sûr. Je vous fais d'énormes poutous et je pars de suite dormir après avoir enfin fini le chapitre ! ♥

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